[Ms BIU Santé no 2007, fo 105 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Christiaen Utenbogard, à Utrecht.
Très distingué Monsieur, [a][1]
J’ai rencontré aujourd’hui un ancien licencié de médecine de notre Faculté, [2] curieux de botanique, zélé et intelligent. Il me remerciait pour l’obtention de son doctorat ; [3] en retour, je lui ai demandé quelque faveur touchant à ses travaux botaniques et il ne me l’a pas refusée. [1][4] Et même bien plus, il m’a offert et donné quelques graines ou semences d’herba sensitiva Melitensis qu’il avait dans sa sacoche et qui diffère de l’autre qu’on appelle communément mimosa. [2][5] Je n’en ai certes pas beaucoup, mais vous en enverrai et désire que ce soit gratuitement. Il dit qu’il faut aussitôt les mettre en terre : bonne terre, et bien fumée, telle qu’est celle des melons ; et quand elle sera un peu levée hors de terre, il faudra la mettre dans un pot et la colloquer au grand soleil ; en plein midi, elle se ramasse en elle-même et retire toutes ses feuilles en dedans. [3] Il a aussi promis qu’il me donnera des graines de Geranium noctu olens ; [4][6] je vous les enverrai quand je les aurai. Vale et aimez-moi. Je salue M. Marten Schoock. [7]
Votre Guy Patin de tout cœur.
De Paris, ce mercredi 26e d’avril 1662 ; jour anniversaire de la mort de Jean Fernel, il y a 104 ans. [8]