[Ms BIU Santé no 2007, fo 157 ro | LAT | IMG]
Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine à Francfort.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Je vous ai récemment écrit en vous envoyant le portrait de M. René Moreau, [2] docteur en médecine de Paris et professeur royal ; je vous réécris pourtant à l’intention de votre graveur, pour que vous acceptiez deux autres portraits : [1] l’un est celui de Gabriel Naudé, [3] excellent homme de Paris, docteur en médecine de Padoue et bibliothécaire du cardinal Mazarin, [4] qui mourut en 1653 ; l’autre est celui de M. Jacques Mentel, docteur en médecine de Paris, qui vit encore, âgé de 64 ans. [5] Tous deux ont été de très doctes personnages : Gabriel Naudé a écrit beaucoup d’ouvrages, que possèdent et lisent les savants ; les érudits attendent de Jacques Mentel une nouvelle édition du Celse, [6] avec des notes critiques et des commentaires variés tirés de divers manuscrits. [2] On parle ici des ravages que font les Turcs en Hongrie, et on dit que la très grande armée de ce tyran menace de ruine la famille d’Autriche, qui est à Vienne ; Dieu veuille écarter ce malheur et repousser cette engeance ottomane loin des États chrétiens et de notre voisinage. [3][7][8] Nicolas Fouquet, [9] jadis notre surintendant des finances, est toujours enfermé dans les prisons du roi. [10] Nous n’avons aucune nouvelle du pape [11] ni de la république des lettres. Je salue monsieur votre père, [12] ce vénérable vieillard, ainsi que MM. les très distingués < Johann > Peter Lotich [13] et Johann Daniel Horst. [14] Notre Hollierus n’est pas encore achevé. [4][15] Souvenez-vous de moi si des thèses de médecine ou d’autres disputations académiques vous tombent sous la main. [16] Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer.
De Paris, le 28e de septembre 1663.
Vôtre de tout cœur, Guy Patin.