L. latine 386.  >
À Werner Rolfinck,
le 17 décembre 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 202 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Werner Rolfinck, docteur en médecine à Iéna.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Pour répondre brièvement à votre dernière, je pense que tout ce que je vous ai envoyé en deux fois par notre ami M. Volckamer [2] vous est enfin parvenu, en espérant que vous en avez été satisfait. Ce qu’on appelle la Chirurgie de Paul d’Égine, écrite en français par Jacques Daléchamps, [3][4] publiée à Paris, avec les annotations de Simon Piètre, [5] éminent médecin de Paris et remarquable professeur royal, ne se trouve plus nulle part ; [1] si par hasard elle me tombe sous la main, je l’achèterai pour vous. Piètre est mort en 1618, c’est de lui que notre Riolan a honoré la mémoire dans la préface de son Encheiridium anatomicum et pathologicum, in‑8o[6] ainsi que dans son Anthropographia, page 593. [2][7] Un savant et noble jeune homme, du nom de Joachim Elsner, natif de Breslau, séjourne ici ; [8] il lui arrive même de prendre place parmi mes auditeurs ; [9] il vous salue bien bas et me conte merveilles à votre propos, avec affection et reconnaissance. Voilà ce que je lui ai récemment promis de vous écrire de sa part, tandis qu’il s’apprêtait à adresser une lettre au très distingué M. Jakob Sachs, [10] médecin de Breslau, qui a publié son Ampelographia voici trois ans, ouvrage fort travaillé et débordant de vaste érudition. [3] Je vous sais gré de me promettre quelques nouveautés, Dieu fasse qu’elles me parviennent sûrement et rapidement, en particulier les disputations médicales. [11] Je fais grand cas de votre compatriote M. Meibomius, [12] professeur à Helmstedt : [13] c’est un jeune homme intelligent et d’excellentes mœurs, doté d’une science immense. Je me réjouis d’autant plus de le connaître qu’il me semble que vous aussi l’appréciiez hautement. Je reçois de bon cœur les louanges que, par votre bienveillance, vous répandez avec prodigalité sur mon compte et sur celui du Collège royal, mais je ne m’y reconnais pas ; je souhaite néanmoins pouvoir un jour vraiment les mériter de vous et de tous les gens aussi honnêtes que vous, et qu’à tort ou à raison, la postérité porte un jugement tout aussi flatteur sur moi. [14] On dit que nos affaires sont arrangées, notre roi, [15] a conclu un pacte d’alliance avec le roi d’Angleterre et son Parlement ; [16][17][18] Dieu fasse que ce soit vrai, pour le bien de l’Angleterre, de l’Allemagne et de la France tout entières. Je n’ai cure de la Maison d’Autriche, de l’Espagne, ni du peuple romain, ni même du Jupiter capitolin : [19][20] Dieu prendra personnellement soin d’eux. Vale, très éminent Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites.

De Paris, le 17e de décembre 1665.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Werner Rolfinck, le 17 décembre 1665

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(Consulté le 28/03/2024)

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