Dans le souvenir que je conserve de votre amitié et de la part que vous m’avez témoigné de prendre en ce qui est de moi, je vous offre des témoins de l’emploi que je veux prendre à la profession que vous faites jusqu’ici de la médecine corporelle. Je serai bien aise d’en savoir votre avis, et si ce labeur est dans votre approbation, [1] je vous prierai de le faire connaître à ceux des libraires de Paris pour lesquels vous avez estime et amitié, afin qu’il opère ce que je souhaite, qui est d’acquérir le salut aussi bien que la santé par la voie de la médecine, avec l’aide des confesseurs et des prédicateurs non seulement, mais encore et particulièrement celle des médecins pieux et craignant Dieu. J’ai tant plus d’inclination à vous découvrir particulièrement mon dessein que je sais que vous êtes des plus remarquables en ce nombre, et qu’aussi bien que moi, vous êtes dans un âge auquel un homme consommé dans la plus véritable philosophie, qui est celle d’un savant chrétien, peut s’assurer par la foi et par la raison que la bonne disposition du corps n’étant que temporelle, il ne faut pas perdre l’occasion de lui faire succéder la béatitude de l’âme, qui est tout ce que nous pouvons souhaiter après la résolution de l’εντελεχειε. [2][3] Je vous souhaite l’une et l’autre comme à moi-même, puisque je suis de cœur, Monsieur, votre très humble et très attentionné serviteur,
Meyssonnier.
À Lyon, ce 1er août 1657.
Je vous prie de le faire voir à M. Puget, libraire, [3][4] et lui donner la première feuille de celui-ci toute crue, lui en ouvrant la connaissance. [4]