L. 29.  >
À Claude II Belin,
le 13 mai 1636

Monsieur, [a][1]

Il y a longtemps que je vous dois réponse à la vôtre datée du 22e d’avril. Je suis bien aise que vous ayez pris résolution pour votre contentement touchant votre syndicat. [2][3] J’en ai parlé, depuis que je vous en ai écrit, au père Cousinot, [4] lequel m’en a dit la même chose que je vous avais mandée. On vend ici deux volumes des lettres de Balzac [5] toutes nouvelles, lesquelles ne sont pas beaucoup prisées. On a fait contre icelles une lettre latine in‑4o que je vous envoie, que plusieurs trouvent fort bien faite. L’auteur en est M. de Bourbon, [6] père de l’Oratoire [7] et chanoine de Langres, [1][8] autrefois professeur du roi en cette ville ; lui-même m’a donné celle que je vous envoie. [2] Il y a ici un nouveau Mercure [9] in‑8o, qui est le 19e tome, contenant l’année 1633 ; on travaille au 20e tome. [3] On attend ici à recevoir des nouvelles de l’armée navale, de laquelle M. le comte d’Harcourt [10][11] est lieutenant général, [4] et M. l’archevêque de Bordeaux, chef du Conseil. [5][12][13] On dit que M. le Prince [14] s’en va dans la Franche-Comté, [15] à cause qu’ils ont rompu la neutralité qu’ils avaient promise au roi [16] d’entretenir également. [6] On envoie force troupes en Italie, et le marquis de Canizy, [17] qui était maître de camp en la Valteline, [18] s’y en va avec sept ou huit mille hommes. Les Espagnols y ont assiégé Plaisance, [19] et la pressent de si près que l’on a bien peur qu’elle ne se rende avant qu’elle puisse être secourue par les nôtres. [7] On tient que les Hollandais recouvreront cette semaine leur fort de Schenk, [20] et que les Espagnols ne le peuvent plus garder. [8] Il y a eu du bruit vers la ville de Liège [21] et les Espagnols irrités ont menacé de l’assiéger, et de tout mettre à feu et à sang, pour quelque refus qu’on leur a fait. J’ai ici vu un livret nouveau de Du Moulin [22] intitulé Hyperapistês, sive defensor veritatis, qui est une impression de Genève ; il est fort bien fait, et en bons termes, contre un jésuite romain [23] qui avait écrit contre lui pour le sieur Balzac. [9] On imprime à Lyon un livre de mineralibus fait par un jésuite, [10][24] chez un libraire nommé Prost, [25] in‑fo. On parle ici d’un voyage < du roi > de Dijon, [26] ou de Lyon. Je vous baise bien humblement les mains et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 13e de mai 1636.


a.

Ms BnF no 9358, fo 35 ; Triaire no xxix (pages 103‑105).

1.

Langres (Haute-Marne) en Champagne, à la source de la Marne, se situe à 70 kilomètres de Dijon. Évêché suffragant de Lyon, dont le titulaire était seigneur temporel, duc et pair du royaume.

L’Oratoire est le nom abrégé de la Congrégation des prêtres de l’Oratoire de Jésus (Congregatio presbyterorum Oratorii Domini Jesu) ; Dictionnaire de Trévoux :

« La Congrégation des prêtres de l’Oratoire qui sont en France a été établie sur le modèle de celle de Rome, qui a été instituée par saint Philippe Néri, Florentin, {a} sous le titre de l’Oratoire de sainte Marie en la Valicelle. Ce saint homme, qui mourut à Rome en 1595, âgé de 80 ans, disait souvent que Dieu était l’auteur de cette Congrégation de prêtres séculiers, et non pas lui. […] Il y a néanmoins cette différence entre la Congrégation des pères de l’Oratoire de Rome et celle de France, que la première n’a été établie que pour la seule maison de Rome, sans se charger du gouvernement d’aucune autre maison, au lieu que celle de France renferme en elle-même un grand nombre de maisons qui dépendent d’un chef, lequel prend la qualité de supérieur général et gouverne avec trois assistants toute cette Congrégation. Saint Philippe Néri, pour empêcher la confusion que le grand nombre des maisons apporte ordinairement dans les congrégations, voulut que la sienne fût dans une seule maison, qu’on pourrait néanmoins former dans les autres villes des congrégations semblables à celle de Rome, mais qu’alors elles n’y seraient point annéxées pour faire un seul corps. C’est pourquoi les maisons de l’Oratoire de saint Philippe Néri, qui se trouvent tant en Italie qu’en Flandre, sont toutes indépendantes les unes des autres.

Pierre de Bérulle, {b} Parisien, qui fut depuis cardinal, est le premier instituteur des prêtres de l’Oratoire de France. Il établit sa Congrégation à Paris en 1611 sous l’autorité de son évêque, et il obtint pour cela des lettres du Roi Louis xiii datées du mois de décembre 1611. Il en obtint aussi de la reine alors régente, {c} datée du 2 janvier 1612. Ces lettres furent enregistrées au Parlement de Paris, le 4 décembre 1612 avec cette clause : “À la charge de rapporter dans trois mois le consentement de l’évêque, auquel ils demeureront sujets. ” M. de Bérulle, qui avait dessein de répandre sa Congrégation dans toute la France, et même dans les autres royaumes, obtint à cet effet une bulle du pape Paul v en 1613. Après cette bulle, elle s’étendit en peu de temps dans plusieurs villes du royaume. Il y en eut néanmoins quelques-uns qui s’opposèrent à ce nouvel établissement de prêtres séculiers vivant en société. Lorsqu’il fut question de vérifier les lettres du roi dans le parlement de Normandie, les curés de Rouen présentèrent une requête d’opposition […] ; ce qui obligea les pères de l’Oratoire de faire cette déclaration : qu’ils n’étaient point religieux, mais seulement prêtres associés ensemble ; qu’ils étaient dans l’ordre de la hiérarchie de l’Église, dépendant immédiatement des évêques, et ne travaillant que par eux, que sous eux et pour eux. Le premier collége que cette Congrégation ait établi en France, est celui de la ville de Dieppe. »


  1. V. note [44] du Naudæana 3.

  2. V. note [10], lettre 205.

  3. Marie de Médicis.

2.

Nicolas Bourbon, Nicolaus Borbonius Baralbulanus, natif de Bar-sur-Aube (v. note [31], lettre 390), en 1574, mort à Paris 7 août 1644, était dit le Jeune, pour le distinguer de son grand-oncle de même nom (v. note [38] du Borboniana 10 manuscrit), avait professé la rhétorique dans plusieurs collèges de Paris, puis la langue grecque au Collège royal (de 1611 à 1620 ; v. notule {a}, note [a] de l’Introduction au Borboniana manuscrit). Bourbon était ensuite entré à l’Oratoire en 1620 pour devenir chanoine de Langres en 1625, et être élu membre de l’Académie française en 1637, par l’influence de Richelieu qui l’aurait préféré à Pierre Corneille (selon Paul Pellisson-Fontanier, v. note [2], lettre 329).

Guy Patin appelait Bourbon « mon bon maître et mon bon ami jusqu’à la mort », car il avait été son professeur de philosophie et de science scolastique quand il étudiait au Collège de Boncourt (1617-1619) pour obtenir sa maîtrise ès arts (Vuilhorgne, page 34).

À l’Oratoire, Nicolas Bourbon réunissait une petite académie littéraire, où de beaux esprits devisaient librement sur quantité de sujets et de gens. Notre édition en donne un ample écho avec la transcription en onze parties du Borboniana manuscrit, riche recueil des entretiens que Patin a eus avec Bourbon en 1638. Ce texte et ses abondantes notes procurent maints renseignements sur les personnages et les faits historiques du temps (tout particulièrement la seonde moitié du xvie s.), et sur une source où Patin a souvent puisé pour orner sa correspondance. La version fort mutilée qui en a été imprimée en 1751 (v. note [17] de l’Introduction aux ana de Guy Patin) est à oublier car elle n’en donne qu’une pâle idée.

Les poésies latines de Bourbon ont été réunies dans ses Opera omnia… [Œuvres complètes…] (Paris, 1654, v. note [22] du Borboniana 1 manuscrit, avec une épigramme à la gloire de Patin et de Jean Fernel).

Les trois lettres latines (et non pas une seule) de Bourbon contre celles de Balzac (v. note [7], lettre 25) portent le titre d’Apologeticæ commentationes ad Phyllarchum [Réflexions apologétiques contre Phyllarque] (Paris, Robert Sara, 1636, in‑4o) ; le maître y réprimandait son ancien disciple.

3.

V. note [2], lettre 22.

4.

Henri de Lorraine-Elbeuf, comte d’Harcourt (1601-1666), second fils de Charles ier, duc d’Elbeuf, avait le surnom de Cadet la Perle, parce qu’il portait une perle à l’oreille. Il avait fait ses premières armes à la bataille de Prague (1620), puis s’était distingué aux sièges de Saint-Jean-d’Angély, de Montauban et de La Rochelle, et à l’attaque du Pas de Suse. En 1636, lieutenant général des mers du Levant, il combattait contre les Espagnols en Méditerranée ; il leur reprit Orizani en Sardaigne, et les îles du Lérins, Sainte-Marguerite et Saint-Honorat. Guy Patin a évoqué au fil de sa correspondance la suite des aventures du comte d’Harcourt au service de la Couronne, puis contre elle durant la Fronde des princes. Il finit, comme tous les nobles rebelles de ce temps, en faisant sa paix avec la cour, et reçut le gouvernement de l’Anjou. Il mourut dans l’abbaye de Royaumont d’une attaque d’apoplexie (G.D.U. xixe s.).

5.

Depuis 1629, l’archevêque de Bordeaux était Henri d’Escoubleau de Sourdis (Bordeaux 1593-Auteuil 18 juin 1645). Il était fils de François i (v. notule {a}, note [37] du Patiniana I‑3), et frère cadet de François ii d’Escoubleau (le cardinal de Sourdis, v. notes [27] du Borboniana 2 manuscrit) et de Charles (v. note [11], lettre 61). La vie de Henri se partagea entre les armes et les dignités ecclésiastiques.

Entré jeune dans les ordres, il avait reçu de riches bénéfices et été sacré en 1623 évêque de Maillezais (v. note [23] du Borboniana 2 manuscrit). Pendant quelque temps, Richelieu avait chargé Sourdis de gouverner sa Maison, puis il avait suivi Louis xiii et le cardinal au siège de La Rochelle (1628, v. note [27], lettre 183) avec, dans ses attributions militaires, la direction des vivres et l’intendance de l’Artillerie.

Après la mort de son frère, il lui avait succédé comme archevêque de Bordeaux (1629). En 1633, il avait accompagné le roi dans la campagne de Piémont, été chargé d’extirper l’hérésie dans la vallée de Pragelle et était devenu commandeur de l’Ordre du Saint-Esprit. Dès lors, Sourdis était entré en querelle avec le duc d’Épernon (v. note [12], lettre 76), gouverneur de Bordeaux, allant jusqu’à prononcer son excommunication. Soutenu par Richelieu, l’archevêque vint à bout de son rival ; le duc d’Épernon reçut l’ordre de se retirer dans son château de Plassac. Toutefois, après le mariage du fils d’Épernon, le duc de La Valette, avec une nièce de Richelieu (v. note [13], lettre 18), le cardinal arrangea l’affaire et le gouverneur de la Guyenne consentit, malgré son orgueil, à faire quelques actes de soumission chrétienne.

Sourdis venait alors d’être nommé directeur du matériel de l’armée et chef des Conseils du roi en l’armée navale auprès du comte d’Harcourt. Il fit preuve dans ces fonctions, peu compatibles avec sa dignité ecclésiastique, de courage et d’habileté, chassa les Espagnols des îles Sainte-Marguerite, les battit à Gattari, mais éprouva quelques revers qui le firent disgracier. On commença même contre lui une instruction, qui fut abandonnée après la mort de Richelieu (1642). À partir de cette époque, l’« archevêque marin » assagi se retira à Bordeaux qu’il ne quitta guère que pour aller présider à Paris l’Assemblée du Clergé de France (G.D.U. xixe s.).

6.

La Bourgogne était alors coupée en deux parties : l’ouest formait le duché de Bourgogne, qui était français, et l’est, le ou la comté libre de Bourgogne ou Franche-Comté, qui appartenait à l’Espagne depuis Charles Quint. Formée des actuels départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône, et du Territoire de Belfort, elle ne fut rattachée à la France qu’au traité de Nimègue, en 1679.

Le cardinal-infant était en train de rassembler dans le Hainaut une armée d’une quarantaine de milliers d’hommes sous le commandement du prince Thomas de Savoie. Pour faire diversion et retarder l’avancée espagnole au nord, le prince de Condé fut chargé de mener une attaque en direction de la Franche-Comté. Condé, ayant sous ses ordres le maréchal de La Meilleraye, grand maître de l’Artillerie, et les meilleurs officiers de l’armée, parmi lesquels Gassion, vint mettre le siège devant Dole au début de mai 1636, sans venir cependant à bout de la résistance de la garnison (Bogdan, pages 187‑188).

7.

René de Carbonnel, sieur et baron du Homet et Coursy, marquis de Canizy, était gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, lieutenant du roi au bailliage du Cotentin (Triaire).

Au nord de l’Italie, la Valteline est une étroite vallée alpine,qui s’étend du col de Stelvio au nord-est jusqu’au lac de Côme au sud-ouest. L’Histoire de la Valteline et Grisons (Genève, 1632, v. note [60] du Borboniana 10 manuscrit) en donne cette description (pages 3‑4) :

« Par le commun langage, quoiqu’abusivement, en prenant une partie pour le tout, la plupart des étrangers, moins informés de l’état de ce pays-là, voulant parler de la généralité du pays des Grisons, {a} l’appellent la Valteline. Et de fait, c’est une très belle et digne partie du pays sujet aux seigneurs Grisons, car cette Valteline est une des plus agréables et délicieuses vallées que les yeux de l’homme puissent voir dans l’Europe. Elle est située entre deux hautes montagnes. Elle est abondante en vins forts et généreux, qui se transportent bien loin, fertile en excellents fruits, blés et pâturages, traversée de belles rivières. Elle contient environ dix lieues d’Allemagne {b} en longueur. Sa largeur est inégale. Elle a son nom du lieu et commune de Tel. {c} Elle est frontière, du côté d’orient, à d’autres vallées des Grisons et aux terres du comté de Tyrol ; de midi, aux terres des Vénitiens ; de l’occident, aux habitants du lac de Côme, le plus grand d’Italie ; et de septentrion, de Posciave, de l’Engadine et de Pregaille. {d} Pour la commodité, elle est du diocèse de l’évêque de Côme, quoique sous la juridiction des Grisons. La nécessité et commodite du passage par icelle pour traverser de l’Allemagne en Italie, et d’Italie en Allemagne, l’a rendue de tout temps fort considérable, et la fait être un sujet et argument de jalousie entre les princes, et voisins et lointains. »


  1. V. note [28], lettre 240.

  2. La lieue d’Allemagne était d’un tiers plus longue que celle de France : 10 lieues germaniques équivalent donc à une soixantaine de nos kilomètres.

  3. La ville de Teglio.

  4. Ville de Poschiavo, et vallées d’Engadine et de Bregaglia.


La Valteline était alors une possession de la République (futur canton suisse) des Grisons, mais les Espagnols la lui disputaient âprement car c’était un verrou stratégique sur la route qui les conduisait du Milanais aux Pays-Bas (Camino Español). La France s’était déjà emparée de la Valteline en 1624 et l’avait rendue aux Grisons en 1626. En guerre contre l’Espagne, elle ne pouvait alors faire autrement que de s’en préoccuper à nouveau. En mars 1635, la Valteline avait été occupée par les armées françaises, placées sous les ordres du duc de Rohan (v. note [16], lettre 34), alliées aux troupes des Grisons ; les Espagnols s’acharnaient à en chasser leurs ennemis.

Plaisance (Piacenza), ville forte située sur la rive droite du Pô, à 70 kilomètres au sud-est de Milan, appartenait alors au duché de Parme.

8.

V. note [9], lettre 24, pour Le fort de Schenk (aujourd’hui Schenkenschanz, faubourg de Clèves en Westphalie) était une place stratégique de grande importance bâtie sur une presqu’île du Rhin, à sa jonction avec le Wahal, sur la frontière entre l’Allemagne et les Provinces-Unies. Les Espagnols avaient occupé la forteresse en 1635. Les Hollandais, menés par le prince d’Orange, Frédéric Henri de Nassau (v. note [8], lettre 66), la leur reprirent le 10 mai 1636 à l’issue d’un siège acharné de huit mois.

9.

Pierre i Du Moulin (Buhy, Val-d’Oise, 1568-Sedan 1658), élevé dans la religion protestante, avait été sauvé par une servante lors du massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572, v. note [30], lettre 211) ; il avait mené ses études à Sedan puis en Angleterre. À 24 ans, il avait été nommé professeur de philosophie à Leyde et sept ans après, en 1590, pasteur à Charenton (v. note [18], lettre 146) où il prit rapidement rang parmi les plus savants théologiens de l’Église protestante. En 1615, le roi Jacques ier d’Angleterre l’avait fait venir pour tenter de fédérer les différentes communions protestantes de son pays, mais Du Moulin, faute de souplesse, avait échoué. Devenu professeur de théologie à l’Académie de Sedan, il aurait voulu revenir à Charenton, mais Louis xiii lui interdit d’y remettre les pieds jusqu’en 1625. Il avait quitté Paris en 1628 pour se rendre à La Haye, puis revenir à Sedan, où il mourut âgé de 90 ans. Ardent défenseur du calvinisme le plus orthodoxe, Du Moulin mit une particulière énergie à condamner les arminiens (v. note [7], lettre 100) (G.D.U. xixe s.).

Parmi les nombreux ouvrages qu’il a publiés, Guy Patin, fort amateur de théologie protestante, citait ici le :

Petri Molinæi Hyperaspistes, sive Defensor Veritatis adversus calumnias et opprobia ingesta in veram religionem a Sylvestro Petrasancta, Iesuita Romano. Opus in tres libros digestum, quibus maxima pars controversiarum inter nos et Ecclesiam Romanam excutitur, et aperitur mysterium iniquitatis.

[Hyperapistes {a} ou le Défenseur de la vérité contre les calomnies et les infamies proférées par Silvestro Petrasancta, {b} jésuite romain. Ouvrage divisé en trois livres qui dissipe la plus grande partie des controverses existant entre nous et l’Église romaine, et qui découvre le secret de l’iniquité]. {c}


  1. Le Protecteur, Υπερασπιστης : peut-être (à un p près) une anagramme ironique du mot « hyperpapiste » ?

  2. Silvestro Petrasancta (Rome 1590- ibid. 1647), jésuite polémiste et héraldiste, avait publié les :

    Notæ in epistolam Petri Molinæi ad Balzacum, cum Responsione ad Hæreses, errores et calumnias eius, ac Vindiciis Urbis Romæ et Pontificis Romani.

    [Notes sur la lettre de Pierre Du Moulin à Balzac, avec réponse contre ses hérésies, ses erreurs et ses calomnies, et ses attaques de Rome et du pape]. {i}

    1. Anvers, Baltazarus Moretus, 1634, in‑8o.
  • Genève, Jacques Chouët, 1636, in‑8o

  • 10.
    Mineralogia, sive naturalis philosophiæ thesauri, in quibus metallicæ concretionis medicatorumque fossilium miracula, terrarum pretium, colorum et pigmentorum apparatus, concretorum succorum virtus, lapidum atque gemmarum dignitas continentur. Hos publici iuris fecit R.P. Bernadus Cæsius Mutinensis, e Societate Iesu. Proderit hæc pretiosa supellex non Philosophiæ modo, ac Medicinæ, verum etiam sacræ et humanioris literaturæ studiosis.

    [Minéralogie ou trésors de l’histoire naturelle, qui embrassent les miracles de la matière métallique et des remèdes qu’on extrait de la terre, la valeur des sols, l’apparat des couleurs et des pigments, la vertu des sucs solidifiés, la majestueuse beauté des pierres précieuses et des gemmes. Le R.P. Bernardus Cæsius, jésuite natif de Modène, {a} les a mis au jour. Ce précieux bagage sera utile à ceux qui étudient non seulement la philosophie et la médecine, mais aussi la littérature sacrée et profane]. {b}


    1. Bernardo Cesi (1581-1630) a enseigné à Modène et à Parme.

    2. Lyon, Jacques et Pierre Prost, 1636, in‑fo.

    La section xi du livre ii, chapitre iv (pages 219‑228), est intitulée An, et quos medicos usus præstet stibium ? [L’antimoine a-t-il des emplois médicaus, et lesquels ?]. C’est une analyse fort documenté, méticuleuse et prudente de la question, avec cette conclusion :

    Medico, utramque partem probabilem existimanti, stibium scilicet esse medicamentum, et lethale, et salubre, roganti autem quid sibi tuto in conscientiæ foro liceat, quid consilii det peritus Theologus ? Saryus lib. i. Clavis regiæ, cap. 10. generatim disserens de opinione, quam sequi debeant Medici in præscribendis medicamentis, optime ait, si alia adsint remedia et faciliora, et citra opinionem salutifera, esse illa, incertis omissis, præeligenda ; porro Medicum, si secus faciat, et reum homicidii futurum, et charitatis legis satis minus facturum ; si autem omnia sint incerta, cum hoc peccaturum, sequendo opinionem, quam probabiliter duxerit salutarem.

    [Que conseillerait un théologien aguerri à un médecin qui, ayant pesé le pour et le contre quant à l’effet à la fois léthal et salutaire de l’antimoine, lui demanderait ce qu’il lui est permis de décider sûrement en toute conscience ? Dissertant de manière générale sur l’opinion que les médecins doivent suivre dans la prescription des médicaments, Sayrus, au livre i, chapitre 10, de sa Clavis regiæ, {a} dit excellemment que s’il existe d’autres remèdes à la fois plus anodins et indiscutablement plus salutaires, ce sont eux qu’il doit choisir en premier, en délaissant ceux dont il doute ; il ajoute qu’en agissant autrement, ils s’exposeront à l’accusation d’homicide, et auront du moins enfreint la loi de bienfaisance ; mais si tous les médicaments sont douteux, à défaut de pouvoir suivre cet avis est en défaut, ils doivent suivre celle qui est probablement salvatrice]. {b}


    1. Gregorius Sayrus (Gregory Sayer, 1560-1602), théologien bénédictin anglais, est auteur d’un épais traité de casuistique intitulé Clavis regia [La Clé royale] (4e édition à Venise, 1615). Cesi citait un chapitre de la première partie de son Compendium (Venise, Io. Baptista Ciottus, 1621, in‑8o), intitulé De Medicis, quam opinionem sequi teneantur in præscribendis medicamentis [Quelle opinion les médecins doivent-ils suivre dans la prescription des médicaments ?] (pages 14‑15).

    2. Cette critique jésuitique de l’antimoine ne dut pas exagérément chauffer la bile de Guy Patin.


    Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 13 mai 1636

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    (Consulté le 25/04/2024)

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