Je sais bien que vous avez toute occasion de vous plaindre de ma négligence. J’espère néanmoins en obtenir pardon de vous quand vous considérerez que je n’ai rien de nouveau digne de vous être mandé, puisqu’il n’y a rien de deçà qui vous vaille ; joint que l’on m’a donné en nos Écoles une charge cette année d’examinateur [2][3] qui m’empêche bien, et de laquelle je ne serai dépêtré qu’à Pâques. [1] Tant de gens me viennent voir et courtiser que j’en suis étourdi, vu que je ne veux faire à aucun autre faveur que celle qu’il méritera. Multa nihilominus sibi deberi putat officiosissima natio candidatorum, [2] comme les appelle Cicéron. [4][5] Je me réjouis, en attendant mieux, de ce que les loyolites [6] ne sont pas les plus forts in gente vestra. [3] S’ils n’y peuvent mettre pied ni aile, je louerai tout ensemble votre courage et votre honneur, et dirai a Domino factum est istud. [4][7] On nous assure ici que Jean de Werth [8] a été pris prisonnier par le duc de Weimar. [5][9] Il semble que cette prise nous soit aussi avantageuse que si c’était le duc de Hongrie. [6] Je suis du même avis que le poète qui a fait les vers suivants : [10][11]
Cum Ianum veterem clausum tenuere Quirites,
Florentis signum pacis ubique fuit :
Nulla salus bello, pax toto poscitur orbe,
Nos Ianum viridem clausimus ? ecquid erit ? [7]
Je prie Dieu qu’il nous donne une bonne paix. On espère toujours bien de la grossesse de la reine. [8][12][13][14][15] La paix et un dauphin, [16][17] ou un dauphin et la paix seraient les bienvenus. [9] Après ces souhaits en général, je n’en puis faire d’autres que pour votre conservation et celle des vôtres, auxquels tous je baise les mains, et à vous particulièrement, < moi > qui désire être toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Patin.
De Paris, ce 10e de mars 1638.
1. |
Les examinateurs de la Faculté de médecine de Paris étaient les docteurs régents chargés, tous les deux ans, de procéder à l’examen des candidats au baccalauréat (v. note [2], lettre 39). Statuta F.M.P., art. lxiii, pages 63‑64 :
Guy Patin avait donc été élu examinateur le samedi 30 janvier 1638, comme l’un des deux jeunes. Les épreuves du baccalauréat avaient lieu pendant l’avant-dernière semaine du carême. |