L. 84.  >
À Claude II Belin,
le 2 juin 1643

Monsieur, [a][1]

J’ai reçu votre dernière et pour réponse à icelle, je vous dirai que madame votre sœur [2] est guérie de sa fièvre. La dernière fois que je l’ai vue et que je pris congé d’elle, elle me conta beaucoup de disgrâces qu’elle a reçues en son ménage pour les débauches de son mari ; mais de toutes ces plaintes féminines je n’en fais ni mise, ni compte ; [1][3] je lui ai rendu ce que je pouvais de service de mon métier et lui ai offert ce que je pourrais en autre occasion. M. Tartel [4] m’a promis de venir prendre céans dans quelques jours le petit paquet auquel rien ne manque sinon le livre de M. Du Val, [5] qui ne sera jamais qu’à peine parfait parce que ce bonhomme (qui non procul abest a delirio[2] y change ou ajoute de jour en jour quelque chose. Je ne sais si je pourrai avoir une Apologie de l’Université [6][7] pour vous car je n’en ai pas moi-même, et n’en pouvons avoir qu’à peine à cause qu’on ne les vend pas et que c’est le recteur [8] qui les donne, et à qui tant de gens en demandent qu’il en a distribué plus de 6 000 ; j’y ferai tout ce que je pourrai. On a dit ici le bruit que les jésuites [9] ont fait à La Flèche. [3][10][11] Je crois que vous êtes pleinement informé de la bataille qu’a donnée à Rocroi [12] M. le duc d’Enghien [13] et de la victoire qu’il a obtenue sur les Espagnols ; on en a ici chanté le Te Deum[14] Les Flamands et les Espagnols naturels qui sont dans le pays sont en grand tumulte les uns contre les autres pour la perte de cette bataille. [4] La plupart de ceux qui avaient été emprisonnés ou exilés par l’Éminence [15] commencent à revenir. Le président Le Coigneux [16] est ici. [5] On est allé au-devant de M. d’Elbeuf. [17] Le garde des sceaux de Châteauneuf [18] a permission de se retirer en telle de ses maisons des champs qu’il voudra, après une prison de 10 ans passés. [6] Mme de Brassac, [19] qui avait été mise près de la reine [20] par le cardinal, fut hier disgraciée et renvoyée en son pays de Poitou. [7] Mme de Hautefort [21][22] est de retour. [8] On parle ici du mariage de M. de Nemours, [23] âgé de 19 ans, avec la fille [24][25] de M. de Vendôme, [26] laquelle en a 25 passés. [9] Un président de Toulouse [10][27] nous a envoyé ici quantité d’un livre latin qu’il a fait in‑fo, lequel contient l’histoire du roi Louis xiii [28] ab anno 1610 ad annum 1629 ; [11] mais ce n’est pas fort grand’chose, joint qu’il est tout à la louange du cardinal défunt, lequel il loue partout où il peut. Cet auteur s’appelle le président de Gramond. [29] Je vous baise les mains, à Mme Belin, Messieurs vos frères et à M. Sorel, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 2d de juin 1643.


a.

Ms BnF no 9358, fo 78 ; Triaire no lxxxvi (pages 295‑297) ; Reveillé-Parise, no lxiv (tome i, pages 101‑103).

1.

« N’en faire ni mise, ni recette ou ni mise, ni compte, n’en tenir compte » (Littré DLF, qui cite comme exemple cette phrase de Guy Patin).

2.

« qui n’est pas très loin de délirer ».

V. notes : [10], lettre 73, pour l’ouvrage de Guillaume Du Val sur les saints médecins ; et [12], lettre 79, et [28], lettre 97, pour les Apologies de l’Université de Godefroi Hermant.

Les Tartel étaient une dynastie de notaires de Troyes, fondée en 1561 par Balthazar Tartel ; celui qui était alors en activité se prénommait Laurent.

3.

La Flèche, au cœur du Maine angevin (Sarthe), à mi-chemin entre Le Mans et Angers, possédait depuis 1604 un Collège royal que le roi Henri iv avait confié aux jésuites. Accueillant plus d’un millier d’élèves, c’était, après celui de Clermont à Paris, le plus important collège jésuite du royaume. Il devint en 1808 le Prytanée national militaire, transféré depuis Saint-Cyr.

Dans l’édit de fondation du Collège, Henri iv avait souhaité que son cœur et celui de son épouse, Marie de Médicis, y fussent conservés après leur mort. Le 28 mars 1643, en la basilique Saint-Denis (v. note [27], lettre 166) où il reposait (v. note [14], lettre 65), on ouvrit le cercueil de la défunte reine pour y prélever le sien et le remettre au P. Louis Le Mairat, supérieur de la maison professe de Paris. Le dimanche de Quasimodo, 12 avril, la précieuse relique était arrivée à La Flèche pour être déposée en grande cérémonie dans l’église du Collège. Malheureusement, il intervint une querelle de préséances entre, d’un côté, les édiles municipaux et le clergé de la paroisse, et de l’autre, les jésuites du Collège et leurs nombreux confrères qui avaient accompagné le cœur depuis Paris. Une plume anonyme publia là-dessus un Récit véritable de ce qui s’est passé en la ville et Collège de La Flèche à la réception du cœur de la défunte reine Marie de Médicis, mère du roi (sans lieu ni nom, 1643, in‑8o).

Après s’être beaucoup querellé, on finit par s’accorder et le cœur, tenu par le P. Le Mairat, arriva devant la porte de l’église des jésuites sous un poêle tenu par Messieurs de la Ville. Il y eut une fausse manœuvre où le poêle s’accrocha au linteau de la porte (Henri Fouqueray, chapitre xv, Derniers jours des trois puissants protecteurs [1641-1643], pages 445‑447, citant le Récit véritable…) :

« la pante {a} et la frange se trouvèrent quelque peu décousues et quelques rubans rompus. Ceux qui ne cherchaient que sujet de querelle s’écrièrent que le poêle était déchiré et sans considérer davantage comme il en allait, Monsieur le maire s’emporta à crier plusieurs fois qu’il s’en plaindrait au roi, présentant les poings au visage dudit recteur ; {b} lequel sans s’émouvoir lui demanda ce qu’il voulait faire et de quoi il se plaignait. Le menu peuple entendant la clameur de leur chef fit incontinent une grande rumeur ; et les uns criant que l’on rompait le poêle, les autres que l’on dérobait le cœur de la reine, on se jette sur ces pauvres religieux, on leur porte le pistolet à la gorge, on déchire leur surplis, on les pousse, on en fouille quelques-uns honteusement, leur imputant d’avoir caché le cœur en leurs chausses, {c} on les frappe à coups de poing, on les outrage d’injures […]. Cependant les autres s’écriaient dans la rue que l’on tuait les habitants dans l’église, dont plusieurs y entrèrent avec leurs armes, piques et mousquets. Et si un capitaine mieux avisé que les autres n’eût mis la pique au travers de la porte, menaçant le premier qui entrerait, il eût été répandu beaucoup de sang, vu la furie du peuple échauffé et armé. » {c}


  1. Toile.

  2. Du Collège.

  3. V. note [36], lettre 309.

  4. Enfin, le calme revint et la cérémonie put reprendre son cours sans plus d’accidents.

4.

Les « Espagnols naturels » étaient les natifs d’Espagne qui occupaient les Flandres (Pays-Bas espagnols) depuis 1555 (abdication de Charles Quint).

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, pages 58‑59, 27 mai 1643) :

« Ce jour l’on publia la relation de la bataille de Rocroi, qui est merveilleuse dans ses circonstances ; je l’ai gardée. {a} Néanmoins, la vérité ou la médisance dit que le duc d’Enghien voulut le combat contre le sentiment du maréchal de l’Hospital, qui fit ses protestations, et des anciens maréchaux de camp, qui jugeaient la conséquence et le péril de la France en perdant la bataille ; et que, dans le combat, son aile avait plié et lui-même s’en était fui d’abord ; mais que Gassion, {b} à qui l’on attribue le gain de la bataille, ayant poussé les ennemis devant lui, rallia les fuyards et fit revenir le duc d’Enghien, auquel ayant dit qu’il allât attaquer un escadron {c} en tête, {d} lui s’en alla avec deux mille chevaux et ayant renversé tout ce qui se présenta à lui, il vint prendre par derrière le même escadron qui fut rompu, et là fut la grande tuerie. Que cela soit vrai ou faux, je m’en rapporte < aux gens de métier >. Il est certain que le duc d’Enghien a demandé pour Gassion un bâton de maréchal de France à la reine ; ce qu’il a obtenu sans envie, {e} ayant si bien servi depuis longtemps. Ce qu’il faut dire de ce combat, c’est que Dieu a combattu pour nous. »


  1. Relation de la bataille donnée par M. le duc d’Enghien pour le secours de Rocroi, le 19 mai 1643 (Paris, S. Cramoisy, 1643, in‑4o).

  2. V. note [6], lettre 31.

  3. Espagnol.

  4. Par le devant.

  5. Jalousie.

5.

Jacques i Le Coigneux (1588-1651), seigneur de Lierville et de Bachaumont, avait été reçu conseiller au Parlement de Paris en 1611, puis président aux Requêtes du Palais en 1616 et président en la Chambre des comptes en 1619. La protection de Gaston d’Orléans, dont il était chancelier, lui avait valu de devenir président à mortier en 1630. Il avait accompagné Monsieur à Bruxelles avant de passer en Angleterre avec la reine mère Marie de Médicis. Après la mort de Richelieu, il pouvait en effet revenir en France. Ayant déjà une propriété à Saint-Cloud, il s’avisa, vers 1645, de s’installer au faubourg Saint-Germain, dans une grande maison au bout du Pré-aux-Clercs (v. note [1] des Affaires de l’Université en 1650-1651, dans les Commentaires de la Faculté ; R. et S. Pillorget, Triaire et Popoff, no 83). Tallemant des Réaux lui a consacré une historiette (tome ii, pages 7‑16), ainsi qu’à son fils, Jacques ii (v. note [1], lettre 317).

6.

V. note [1], lettre 16, pour l’exil du marquis de Châteauneuf à Angoulême en 1633. La cabale du duc de Beaufort (v. note [14], lettre 93) le désignait alors ouvertement pour reprendre les sceaux au Chancelier Séguier. Ayant échoué dans ce dessein, Châteauneuf rentra dans sa maison de Montrouge (v. note [36], lettre 86) et attendit les événements (Triaire).

7.

Catherine de Sainte-Maure (1587-1648), fille du baron de Montausier, était l’épouse de Jean de Gallard de Béarn, sieur de Brassac (v. note [7], lettre 120).

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome ii, pages 185‑186) :

« Mme de Brassac était une personne fort douce, modeste, et qui semblait aller son grand chemin ; cependant elle savait le latin, qu’elle avait appris en le voyant apprendre à ses frères. Il est vrai qu’à l’exemple de son mari, elle n’avait rien lu de ce qu’il y a de beau en cette langue, mais s’était amusée à la théologie et un peu aux mathématiques ; on dit qu’elle entendait assez bien Euclide. Elle ne songeait guère qu’à rêver et à méditer, et avait si peu l’esprit à la cour qu’elle ne s’était corrigée ni de l’accent landore, {a} ni des mauvais mots de la province. J’ai dit ailleurs comme Mme de Sénecey fut chassée. {b} Le cardinal jeta les yeux sur Mme de Brassac ; je veux croire que le P. Joseph n’y nuisit pas. Elle dit au cardinal qu’elle se sentait plus propre à une vie retirée qu’à la vie de la cour ; qu’il en trouverait d’autres à qui cette charge conviendrait mieux et qu’au reste, elle ne pouvait lui faire espérer de lui rendre auprès de la reine tous les services qu’il pourrait peut-être prétendre d’elle. Cela n’y fit rien : la voilà dame d’honneur. Elle s’y comporta si bien qu’elle contenta la reine et le cardinal, quoique l’Évangile dise que nul ne peut servir à deux maîtres. La reine s’en louait à tout le monde, et ce n’était pas peu pour une personne qui avait été mise auprès d’elle de la main de son ennemi. Si Mme de Brassac entra dans cette charge sans grande joie, elle en sortit aussi sans grande tristesse. Le roi mort, on fit revenir tous les exilés, durant le règne de peu de jours de M. de Beauvais. {c} Mme de Sénecey fit plus de bruit que tous les autres ensemble. Elle avait été assez adroite pour faire voir à la reine que ç’avait été pour l’amour d’elle qu’on l’avait chassée, et c’était pour l’intrigue de La Fayette. {d} On lui destine la place de Mme de Lansac, {e} gouvernante du roi ; mais elle, qui connaissait bien à qui elle avait affaire, dit qu’elle ne reviendrait point si on ne la rétablissait dans sa charge. La reine disait : “ Mais je suis la plus satisfaite du monde de Mme de Brassac ; le moyen de la chasser ? Cependant Mme de Sénecey ne veut pas revenir autrement. ” Elle se résolut donc de donner congé à Mme de Brassac en lui disant qu’elle était très contente d’elle, mais que Mme de Sénecey le voulait. Voilà Mme de Sénecey en la place et de Mme de Brassac et de Mme de Lansac. Mme de Brassac se retire avec son mari, qui était encore surintendant de la Maison de la reine. Il mourut un an ou deux après et elle ne lui survécut guère. »


  1. Traînant.

  2. Marie-Catherine de La Rochefoucauld-Randan, marquise de Sénecey, que Richelieu avait chassée de l’entourage de la reine, Anne d’Autriche, en 1637.

  3. Augustin Potier, évêque de Beauvais (v. note [6], lettre 83).

  4. Louise-Angélique Motier de La Fayette, une autre des dames d’honneur que Richelieu plaçait auprès d’Anne d’Autriche pour surveiller ses faits et gestes.

  5. V. note [7], lettre 85.

8.

Marie de Hautefort, duchesse de Schomberg (1616-1691) avait été l’une des rares favorites de Louis xiii. Tôt orpheline, elle avait été élevée par sa grand-mère, Mme de La Flotte-Hauterive qui mena la jeune Marie à Paris où elle fut attachée au service de la reine mère, Marie de Médicis (1628). Louis xiii l’avait remarquée pour sa candeur et sa grâce, et l’avait attachée en 1630 à la reine Anne d’Autriche afin de la voir souvent et engager avec elle une liaison qu’on a dite platonique, sous l’œil bienveillant de Richelieu. Soumise à la concurrence de Mlle de La Fayette, la faveur de Mlle de Hautefort n’avait pas duré. Elle s’était alors résolument rangée du côté d’Anne d’Autriche, l’assistant dans ses menées suspectes avec le parti espagnol (1637). Cela lui avait valu la haine de Richelieu qui, une fois le roi passé sous l’emprise de Cinq-Mars, avait écarté Marie de la cour (novembre 1639).

Les décès consécutifs du cardinal et du roi autorisaient son rappel auprès de la reine pour peu de temps : Mazarin la jugea impliquée dans la cabale des Importants (v. note [15], lettre 93) et exigea qu’elle fût de nouveau renvoyée en 1644 (v. note [33], lettre 104). Mlle de Hautefort se retira au couvent des filles Sainte-Marie de la rue Saint-Antoine. En 1646, elle épousa le maréchal de Schomberg, gouverneur de Metz, qu’elle perdit après dix ans de mariage. Alors elle vint habiter rue de Charonne un hôtel où, jusqu’à sa mort, elle se consacra à toutes les pratiques de la charité. Quand elle mourut à l’âge de 75 ans, elle était généralement connue sous le nom de la Mère des pauvres (G.D.U. xixe s. R. et S. Pillorget).

9.

Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1624-30 juillet 1652) était fils de Henri de Savoie, duc de Nemours (1572-1632), et d’Anne de Lorraine. Il était devenu duc de Nemours, de Genevois, de Chartres et d’Aumale, etc. à la mort de son frère aîné, Louis, en 1641. Volontaire pour la campagne de Flandre en 1645, il commanda en 1646 la cavalerie légère à Courtrai, puis combattit à Mardyck. Il allait épouser le 7 juillet 1643 Élisabeth de Vendôme (1614-1664) qui était la fille de César Monsieur et de Françoise de Lorraine-Mercœur, et la sœur des ducs de Mercœur et de Beaufort.

Durant la Fronde, en 1651, Nemours se laissa entraîner dans le parti des princes par sa maîtresse, la duchesse de Châtillon. Prononcé rebelle par la déclaration royale du 8 octobre 1651, il se mit sous les ordres du Grand Condé et prit part à toutes ses entreprises militaires de guerre civile. Nemours se distingua particulièrement à l’attaque du faubourg Saint-Antoine. Un mois plus tard, il provoqua en duel le duc de Beaufort, son beau-frère, qui le tua (v. note [42], lettre 292) (G.D.U. xixe s. et Jestaz).

10.

Toulouse (Haute-Garonne), capitale du Languedoc, passait alors pour « la plus grande et la plus belle ville de France, et la mieux peuplée après Paris et Lyon » (Trévoux). Elle était siège d’un parlement (le second de France en importance), d’un archevêché et d’une grande Université fondée en 1229, avec une École de médecine.

11.

« de l’an 1610 à l’an 1629 » :

Historiarum Galliæ ab excessu Henri iv libri xviii, quibus rerum per Gallos tota Europa gestarum accurata narratio continetur. Autore Gab. Bartholomaeo Gramondo in Sacro Regis Consistorio Senatore, et Parlamento Tolosano Præside.

[Dix-huit livres d’histoires de France depuis la mort de Henri iv, qui contiennent la narration exacte des affaires accomplies par les Français dans toute l’Europe. Par Gabriel Barthélemy de Gramond, député au sacré Conseil du roi, et président au parlement de Toulouse]. {a}


  1. Toulouse, Arnald. Colomerius, 1643, in‑4o.

    Ce livre était la continuation de Ludovicus xiii. sive Annales Galliæ ab excessu Henri iv. Liber quo rerum in Gallia, Germania, Italia, Belgia, Lotharingia per Gallos hoc tempore gestarum (usque ad annum 1617), accurata narratio continetur et quidem uberior quam in aliis hactenus editis libris [Louis xiii, ou les Annales de France depuis la mort de Henri iv. Livre qui contient la narration exacte des choses que les Français ont faites (jusqu’à l’année 1617) en France, Allemagne, Italie, Lorraine, Hollande, et qui est plus riche que tous les autres livres qui ont été publiés jusqu’ici] (Paris, T. Pepingué, 1641, in‑fo).


Gabriel Barthélemy de Gramond (Toulouse vers 1590-ibid. 1654), fils du doyen du parlement de Toulouse, était entré de bonne heure dans la magistrature. Il était conseiller au même parlement en 1619, quand se fit le procès de Lucilio Vanini accusé d’athéisme et d’hérésie (v. note [21], lettre 97). Dans le livre dont Guy Patin parlait ici, Gramond a laissé de cette affaire, ainsi que de l’exécution qui l’a conclue, un récit froidement cruel qui indigna beaucoup de ses contemporains. Son cynisme historique avait déjà paru dans son Historia prostratæ a Ludovico xiii sectariorum in Gallia rebellionis [Histoire de la rébellion des sectaires (protestants) en France, qui a été terrassée par Louis xiii] (Toulouse, Pierre Bosc, 1623, in‑4o) où il s’était fait l’apologiste du massacre de la Saint-Barthélemy (v. note [30], lettre 211). Patin jugeait cet historien pitoyable, bien qu’on l’eût en Allemagne égalé à de Thou (v. note [16], lettre 86) [G.D.U. xixe s. et Bayle].


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 2 juin 1643

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(Consulté le 25/04/2024)

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