Depuis ma dernière que je vous envoyai le mardi 10e de novembre, [1] veille de la Saint-Martin, il y a ici un livre nouveau de M. David Blondel, [2] ministre du Saint Évangile, intitulé Des Sibylles célébrées, tant par l’Antiquité païenne que par les Saints Pères, etc. [2][3] Il est là-dedans fort parlé de la vanité des oracles sibyllins, et de ce qu’en croient les moines [4] en eux-mêmes et en particulier, mais non pas ce qu’ils veulent qu’on en croie, ains plutôt que le monde soit toujours bête afin qu’ils puissent s’enrichir et continuer de profiter de la sottise et bêtise du peuple, qui est animal quod vult decipi. [3] Misérable humanité, que tu es sujette à erreurs ! Calamiteux et faible animal, que tu t’es donné de peines à chercher, à songer et à inventer tant de bourdes et de fourberies pour t’occuper l’esprit et te l’entretenir en bagatelles ! Mais c’est assez de ces plaintes, puisqu’il n’y a point de remède. [5]
Nous avons perdu tout fraîchement un de nos compagnons, homme résolu et bien intentionné, nommé M. Nic. Héliot, [4][6] âgé de 47 ans. Il est mort d’une hydropisie [7] de poumons après avoir langui deux mois. Il avait prié par son testament toute la Faculté que plusieurs docteurs assistassent à son enterrement, et dans le plus grand nombre que l’on pourrait. Pour cet effet, il avait ordonné que chaque docteur qui y viendrait en robe rouge eût deux quarts d’écus pour son assistance, et la moitié à ceux qui y viendraient en robe noire avec le bonnet carré. Il a été enterré en très grande cérémonie et grande pompe accompagné de 60 docteurs, dont il y en avait 40 en robes rouges et 20 en robes noires ; et néanmoins la Faculté a ordonné qu’on ne prendrait point son argent, et que ladite somme de 100 livres qu’il eût fallu pour accomplir sa dernière volonté serait laissée et remise à sa veuve. [5] Il est mort sans enfants, son frère est échevin de la Ville de Paris. [6][8][9][10] Il était d’une bonne famille fort riche, mais il aimait extrêmement les cérémonies et les pompes qui font du bruit. Dieu garde de mal ceux qui sont d’un sentiment tout contraire. Pour moi, je suis content et désire fort que l’on m’enterre à quatre heures du matin ou à neuf heures au soir et que tout ce manège, qui ne semble avoir été inventé que pour le gain des prêtres et des sonneurs ou pour le soulagement des vivants, fiat et pereat sine sonitu ; [7] mais je souhaite que cela n’arrive pas sitôt. [11][12]
Si post fata venit gloria, non propero. [8]
Enfin, Dieu a exaucé mes vœux et m’a fait recevoir votre lettre datée du 27e de novembre avec celle de M. Garnier. [13] Je vous assure que la flotte d’Espagne n’arrive pas avec plus de souhaits à bon port qu’a fait votre lettre. Ne faites point de delà tant d’honneur à mon portrait que l’original en pâtisse de deçà, je me contenterai seulement d’être aimé de vous sans que vous me mettiez avec ces illustres qui me feraient rougir. [9][14] J’ai grand regret que vous n’ayez vu l’incomparable M. Gassendi, [15] c’est un digne personnage, est Silenus Alcibiadis. [10][16][17] Vous eussiez vu un grand homme en petite taille. C’est un abrégé de vertu morale et de toutes les belles sciences, mais entre autres d’une grande humilité et bonté, et d’une connaissance très sublime dans les mathématiques. La harangue de M. Talon [18] a couru ici aussi bien qu’à Lyon ; mais on dit que ce grand homme l’a désavouée, constat tamen [11] qu’il en fit une fort belle devant le roi [19] à la reine sa mère, [20] que tous les auditeurs louèrent fort. M. Talon et M. Bignon, [21][22] avocats généraux au Parlement de Paris, sont deux hommes incomparables, supra omnem virtutem et supra omnes titulos positi. [12]
M. Guénault le jeune [23] est mort comme je vous ai mandé ex propria narratione patrui. [13] Il dit, [24] pour s’excuser de l’antimoine, [25] qu’aussi bien son neveu était-il mort et qu’il n’y attendait plus rien ; mais si cela était, pourquoi donc lui donner de l’antimoine ? Son neveu, un beau garçon, savant, délibéré et bon esprit, [14] qui eut le second lieu de sa licence. [26] M. Guénault l’aîné est celui qui s’est servi le plus d’antimoine et qui presque seul l’a mis en usage de deçà ; mais le médecin en a été souventefois bien blâmé et le remède est ici plus que décrié. M. Guénault le jeune avait de bons livres bien curieux. Ils n’ont pas été vendus ici, deux Messieurs de ses beaux-frères, médecins à Gien, [27] savoir MM. Odry [28] et Amiot, [29] sont ici venus qui ont tout fait emballer et empaqueter, puis l’ont envoyé à Gien où ils partageront à loisir. Cet emballage m’a fait pitié et m’a renouvelé la douleur que j’avais conçue de ce beau garçon. [30] Monsieur le premier médecin du roi, [15][31] qui n’avait de bonne réputation que ce qui lui en fallait pour soutenir la charge qu’il possède, par les raisons du temps présent, lesquelles ne seront jamais guère bonnes en un autre, a ici tout fraîchement reçu un grand esclandre en la mort du chancelier Garnier [32] qui était un vaillant homme, chevalier de Malte [33] et frère servant (il n’était que le fils d’un marchand de la rue Saint-Denis), [16][34] mais gouverneur de Toulon en Provence. [35] Il était ici fort bien apparenté : ses frères sont financiers, conseillers ou jésuites ; ses sœurs sont mariées à des conseillers ou à des capitaines. [17] Il n’avait que 35 ans, mais il s’en allait être le lieutenant général de l’armée navale destinée pour l’Italie. Toutes ces belles espérances ont été rasées par une dysenterie [36] pour la guérison de laquelle eiusmodi comes archiatron [18] < lui a donné > force opium [37] per granula [19] préparés de sa façon. Au diable soit le charlatan [38] et sa préparation ! Ce pauvre malade n’a jamais eu de pires nuits que celles qu’il avait pris de ce poison que l’on appelait en ce pays-là, en langage de cour, le vrai alexitère et antidote de la dysenterie. [20][39] Ses secrets s’évaporent fort et son antimoine n’a plus de crédit que fort peu. Le même premier médecin est encore embrouillé et affligé bien plus fort d’un autre côté, c’est que la plupart de tout ce qu’il a jamais pu griveler [21] et ramasser du temps qu’il fit une si belle fortune à la cour chez la reine mère, [22][40] est entre les mains des partisans et gens d’affaire qui sont très près de lui faire banqueroute de si belles sommes.
Enfin, j’ai reçu lettre de M. Volckamer [41] de Nuremberg, [42] par laquelle j’apprends que le bonhomme votre bon ami, M. Hofmann, [43] est décédé le troisième jour de novembre passé avec grande affliction et désolation de toute sa famille. J’en ai aussi grand regret et ai longtemps souhaité qu’il pût vivre deux ou trois ans de plus qu’il n’a fait afin qu’il pût avoir le contentement de voir une édition entière de toutes ses œuvres. Il a travaillé toute sa vie pour l’éclaircissement de la vérité et a mérité par ses travaux une tout autre fortune que celle qu’il a eue ; mais il n’est pas le premier malheureux lettré, le livre qu’en a fait autrefois sur ce sujet Pierius Valerianus, sous le titre De Infelicitate litteratorum [44] était déjà assez gros ; [23] outre que nous ne manquons pas de beaucoup d’autres tels exemples d’hommes lettrés qui ont été autant et plus malheureux qu’ils étaient savants. Puisque M. Hofmann est mort, il ne verra pas le mauvais traitement que lui a fait M. Riolan [45] en divers endroits de son Anthropographie. [24]
Le jour de l’an s’est passé ici comme les autres jours, mais la reine étant en colère contre le Parlement qui continuait toujours ses assemblées [46] sans vouloir vérifier aucune déclaration afin qu’elle pût recouvrer finances pour continuer la guerre et pour l’entretien de sa Maison ; au contraire, apprenant qu’en ces assemblées le Parlement même avait menacé de donner arrêt contre la Chambre des comptes si elle vérifiait la déclaration qu’elle [25] leur avait envoyée en faveur de quelques partisans. Enfin, elle s’est résolue à la rigueur et à la voie de fait : le mercredi, jour des Rois, 6e de janvier, à deux heures du matin, elle est sortie de son Palais-Cardinal [47] avec le roi, M. le duc d’Anjou [48] et le cardinal Mazarin, [49] et s’en est allée à Saint-Germain-en-Laye. [50] M. le duc d’Orléans [51] et M. le Prince [52] y sont allés aussi, et en suite de ces maîtres, quantité d’officiers. [26] Dès que cela a été su, le prévôt des marchands [53][54] et les échevins [55] ont ordonné que l’on gardât les portes de la ville, et qu’on ne laissât rien sortir. [27] Cela en a retenu plusieurs qui pensaient d’ici se sauver, et même quelques chariots pleins de bagages ont été pillés en divers endroits par quelque populace mutinée qui ne demande que de l’argent. M. le duc d’Orléans avait toujours refusé de consentir à cette retraite ; mais enfin, il s’est laissé aller aux prières de la reine, laquelle est délibérée et prétend de se venger du Parlement et du peuple de Paris, duquel elle prétend avoir été bravée aux barricades dernières du mois d’août passé. [56] Et comme le cardinal Mazarin est fort haï, et dans Paris et au Parlement, elle veut à toute force, et en dépit de tous ceux qui en parlent, le conserver pour ses affaires et le maintenir en crédit. On garde ici les portes. [57] Le Parlement a envoyé Messieurs les Gens du roi à Saint-Germain. Il y a quantité de troupes ici alentour, avec lesquelles je pense que la reine veut affamer Paris ou obliger toute cette grande ville de lui demander pardon. [28][58] Vous savez que Paris est une arche de Noé, qu’il y a toute sorte d’animaux, bons et mauvais, qui y sont embarqués. Je ne sais pas ce qu’il arrivera d’un tel désordre ; tout y est à craindre comme d’une extrémité. [29] Pour mon particulier, je ne l’ai point offensée et suis bon serviteur du roi ; mais si on attaque ma maison, je ferai comme les autres, je me défendrai tant que je pourrai. Je suis riche comme était le bonhomme Casaubon, [59] en ce que j’ai comme lui libros et liberos ; [30] mais je n’ai rien de cette belle et sublime science qui le rendait incomparable par-dessus tous les savants de son siècle. J’ai encore moins d’argent, mais je crois que quand on en cherchera, ce ne sera pas chez les médecins que l’on ira, il y a longtemps que l’on nous paie trop mal. Je vous baise les mains de tout mon cœur et suis de toute mon affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. [31]
Patin.
De Paris, ce 8e de janvier 1649.
1. |
La précédente lettre de Guy Patin à Charles Spon dont nous ayons trace est datée du 29 mai 1648. On ne peut une fois de plus que déplorer le témoignage perdu d’une période aussi cruciale dans les affaires intérieures (Fronde) et extérieures (paix de Westphalie) de la France (v. note [6], lettre 161). |
2. |
Des Sibylles célébrées tant par l’Antiquité païenne que par les Saints Pères. Discours traitant des noms et du nombre des Sibylles, de leurs conditions, de la forme et matière de leurs vers, des livres qui portent jusqu’aujourd’hui leurs noms, et de la conséquence des suppositions que ces livres contiennent, principalement touchant l’état des hommes bons et mauvais après la mort. Par David Blondel. {a}
Les Anciens ont appelé Sibylles certaines femmes auxquelles ils attribuaient la connaissance de l’avenir et le don de prédire. Ce nom fut d’abord particulier à la prophétesse de Delphes, mais devint ensuite commun à toutes les femmes qui rendaient des oracles. On en compte une dizaine, qui sont toutes désignées par le nom de l’endroit où elles officiaient : persique, libyenne, delphique, cumée, etc. (Fr. Noël). Le propos de Blondel ne porte qu’assez accessoirement sur les devineresses de l’Antiquité : c’est surtout une critique historique et théologique de l’« écrit prétendu sibyllin » (Oracles sibyllins qui sont une compilation de textes apocryphes, juifs, chrétiens et païens, écrits entre le iie et le vie s., v. note [43] du Grotiana 2), dont il se sert pour réfuter l’existence du purgatoire. |
3. |
« un animal qui veut être trompé. » |
4. |
Nicolas Héliot (Paris vers 1602-ibid. 19 novembre 1648), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en novembre 1629 (Baron). |
5. |
Le compte n’y était pas exactement : 40 docteurs à deux quarts d’écu et 20 à un quart font 25 écus ; l’écu d’or valait 112 sols ; pour une livre à 20 sols, cela fait 140 livres. Quoi qu’il en soit, l’appât avait eu bel effet en faisant venir 100 des quelque 120 docteurs régents que comptait la Faculté de médecine de Paris. |
6. |
Échevin : « officier qui est élu par les habitants d’une ville pour avoir soin de leurs affaires communes, de l’entretien et de la décoration de la ville. À Paris il y a un prévôt des marchands et quatre échevins. Ils ont un bureau et une juridiction qui s’étend sur tous les ports et sur les marchands de plusieurs marchandises qui y abordent par eau. Ils sont maîtres de la navigation des rivières qui y affluent. Aux autres villes il y a un maire et des échevins » (Furetière). Comme le prévôt des marchands, les échevins de Paris, ses adjoints et assesseurs, étaient élus pour quatre ans, rééligibles deux fois et renouvelables par moitié. Pierre Héliot (ou Helyot), frère de Nicolas, avait été élu en août 1647. |
7. |
« se fasse et passe sans bruit ». |
8. |
« Même si la gloire doit me venir après la mort, je ne suis pas pressé » (Martial, Épigrammes, livre v, 10, vers 12). |
9. |
Dans le post-scriptum de sa lettre du 5 novembre 1649 à André Falconet, Guy Patin a daté ce portrait de 1643. |
10. |
« c’est Silène d’Alcibiade », allusion à la description de Socrate (v. note [4], lettre 500) par Alcibiade dans le Banquet de Platon : sous les apparences d’un rustaud aux yeux bovins, Socrate cachait une « grande âme, une âme sublime et véritablement philosophique » (Adage no 2201 d’Érasme, Sileni Alcibiadis, Les silènes d’Alcibiade). Silène, nourricier de Bacchus (v. note [23], lettre 260), était fils de Mercure ou de Pan et d’une Nymphe. On lui donne une tête chauve, des cornes, un gros nez retroussé, une petite taille, mais une corpulence charnue. On le représente tantôt assis sur un âne sur lequel il a bien de la peine à se soutenir, tantôt marchant appuyé sur un bâton ou sur un thyrse (javelot entouré de pampre et de lierre). On le reconnaît aisément à sa couronne de lierre, à la tasse qu’il tient, à son air joyeux et même un peu goguenard (Fr. Noël). Dire que Gassendi était le « Silène d’Alcibiade », c’était le comparer à Socrate, tout bonnement. |
11. |
« il est pourtant reconnu ». Guy Patin évoquait la Harangue faite au roi et à la reine par M. Talon, avocat général, à l’entrée du Parlement après la Saint-Martin, l’an 1648 (Lyon, J. Justet, 1648, in‑12). |
12. |
« placés au-dessus de toute vertu et de tous les titres d’honneur. » Jérôme i Bignon (Paris 1589-ibid. 7 avril 1656), que Guy Patin a parfois dénommé Le Bignon, fils de Roland Bignon, avocat au Parlement de Paris, et de Marie Ogier, s’était fait remarquer par une prodigieuse précocité intellectuelle. Il avait publié à 14 ans un Discours de la ville de Rome, principales antiquités et singularités d’icelle (Paris, David Le Clerc, 1604, in‑8o) puis l’année suivante, un Traité sommaire touchant l’élection du pape, plus le plan du conclave dernier et une liste des cardinaux qui s’y sont trouvés (ibid. et id. 1605, in‑8o). Pour ces ouvrages et la naissante réputation du jeune érudit, Henri iv l’avait nommé enfant d’honneur du dauphin, futur Louis xiii. Pendant ce séjour à la cour il avait composé son traité : De l’Excellence des rois, et du royaume de France. Traitant de la Préséance, Premier Rang et Prérogatives des rois de France par-dessus les autres, et des causes d’icelle. P. H.B. P. {a} Après avoir été quelque temps précepteur du dauphin et avoir voyagé en Italie, il était entré dans le barreau. Il avait été successivement avocat général au Grand Conseil en 1620, conseiller d’État, avocat général du Parlement de Paris en 1625 et grand maître de la Bibliothèque royale, après Jacques-Auguste i de Thou, en 1643. Bignon avait prit une part importante aux négociations diplomatiques à Münster. Il avait des liens étroits avec Port-Royal dont il soutint l’institution des petites Écoles à qui il confia l’instruction de son fils, Jérôme ii (v. note [4], lettre 906). Il avait épousé en 1622 Catherine Bachasson, fille d’un receveur général des finances de Touraine (G.D.U. xixe s. et Jestaz). |
13. |
« d’après le propre récit de son oncle. » Pierre Guénault (le jeune, v. note [6], lettre 97) était le neveu de François Guénault, le chantre de l’antimoine à Paris. |
14. |
Délibéré : « hardi, résolu » (Furetière). |
15. |
François Vautier était alors premier médecin du roi. Gien (Loiret) en Gâtinais, sur la Loire, était siège d’un comté appartenant alors au Chancelier Séguier. |
16. |
La rue Saint-Denis, qui existe toujours dans les ier et iie arrondissements de Paris, était le plus important axe commerçant de la rive droite, orientée du sud au nord, depuis le Châtelet, jusqu’à la porte de même nom (actuel carrefour Strasbourg-Saint-Denis). |
17. |
Le chevalier Claude Garnier avait été nommé gouverneur de Toulon le 2 janvier 1647. « C’était un ancien militaire qui avait longtemps fait la guerre et ne joua à Toulon qu’un rôle effacé. Il mourut deux ans après, ayant résidé tout ce temps à Toulon, comme ses lettres de nomination lui en faisaient un devoir » (Gustave Lambert, Histoire de Toulon, chapitre xv, Bulletin de l’Académie du Var, nouvelle série, tome xv, 1er fascicule, 1889, page 114). De ce que disait ici Guy Patin, il faut néanmoins conclure que le chevalier fut soigné à Paris en sa dernière maladie. Le seul de ses frères et sœurs dont on ait trouvé la trace assurée est Jean Garnier, jésuite (1612-1681), « l’un des plus savants hommes de sa Compagnie » (Moréri 1732, tome 3, pages 804). On appelait « dans l’Ordre de Malte frère servant ou chevalier servant celui qui, entrant dans l’Ordre sans faire preuve de noblesse, était d’un rang inférieur à celui des autres chevaliers » (Littré DLF). |
18. |
« ce fichu premier médecin (chef des médecins de la cour) » ; les mots entre crochets sont ajoutés pour permettre la compréhension de la phrase. Jean ii Riolan a commenté l’expression comes archiatron dans ses Curieuses recherches sur les écoles en médecine de Paris et de Montpellier… (v. note [13], lettre 177), page 201 :
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19. |
« en granules ». |
20. |
Alexitère (du grec alexêtêr, qui repousse) est un médicament qui prévient l’effet des poisons et des venins. C’est un synonyme d’alexipharmaque, « médicament qui a une vertu particulière pour résister aux venins. Il y en a d’internes qui remédient à la peste, aux fièvres malignes, et aux poisons pris au-dedans, et d’autres externes que l’on applique pour la morsure et la piqûre des bêtes venimeuses » (Thomas Corneille). |
21. |
Griveler : « friponner, faire de petits profits secrets et illicites en quelque emploi, en quelque commission » (Furetière). |
22. |
François Vautier avait été le médecin de Marie de Médicis, de 1624 jusqu’à la disgrâce de la reine, en 1631 ; il fut alors embastillé pour 12 ans. |
23. |
Ioannis Pierii Valeriani Bellunensis, de Litterarorum Infelicitate, libri duo, eiusdem Bellunensia, nunc primum e Bibliotheca Lolliniana in lucem edita. [Deux livres de Ioannis Pierius Valerianus, {a} natif de Bellune, sur l’Infortune des écrivains, et la Bellunensia {b} du même auteur, tirés pour la première fois de la Bibliothèque Lollinienne {c} et publiés pour la première fois]. {d}
V. notes [39] du Patiniana I‑1, [16] des triades du Borboniana manuscrit et [11] du Faux Patiniana II‑2 pour cinq autres ouvrages de Valerianus. |
24. |
Opera anatomica vetera… de Jean ii Riolan, à paraître en 1649 (v. note [25], lettre 146). V. note [7], lettre 190, pour un recensement de ce que Riolan y a dit contre Caspar Hofmann. |
25. |
La reine régente, Anne d’Autriche. |
26. |
La « guerre civile », sommet de la première Fronde, éclatait. Les précédentes lettres en ont évoqué les prémices parlementaires et politiques, mais le départ subreptice du roi et de sa cour pour Saint-Germain marquait la rupture entre le Conseil de régence et le Parlement et le peuple de Paris. Le roi privait la capitale de sa protection. Le pire pouvait dès lors arriver (Ranum, pages 206‑207) :
Les auteurs anonymes du Journal de la Fronde, en date de Paris, le 8 janvier 1649 (volume i, fos 7 ro‑9 vo), ont fort utilement complété la brève narration que Guy Patin donnait des événements de première importance qui se déroulèrent alors :
Arrêt de la Cour de Parlement donné toutes les chambres assemblées le 8e jour de janvier 1649. Par lequel il est ordonné que le cardinal Mazarin videra le Royaume, et qu’il sera fait levée de gens de guerre pour la sûreté de la Ville, et pour faire amener et apporter sûrement et librement les vivres à Paris (Paris, Imprimeurs et Libraires ordinaires du roi, 1649) :
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27. |
Jérôme Le Féron, seigneur d’Orville et de Louvres-en-Parisis (mort le 8 septembre 1669), avait été reçu en 1627 conseiller au Parlement de Paris en la deuxième des Enquêtes. Fait président de cette même Chambre en 1641, colonel de la garde bourgeoise, conseiller du roi en ses conseils, il avait été élu prévôt des marchands le 5 mars 1646, pour exercer cette fonction jusqu’au 16 août 1650 ; il fut alors remplacé par Antoine Le Fèvre (Popoff, nos 244 et 1171). Le coadjuteur a parlé de Le Féron dans sa relation des événements du 6 janvier (Retz, Mémoires, pages 382-383) :
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28. |
Fort ébranlée par les événements qui inauguraient le siège de Paris par les troupes royales (janvier-mars 1649), Mme de Motteville (Mémoires, pages 230‑234) a donné son récit, vu de la cour, de ce qui s’est passé à partir du « 5 janvier 1649, la veille des Rois, ce jour si célèbre et dont on parlera sans doute dans les siècles à venir », concluant par cette invective :
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29. |
Extrémité au sens d’agonie. |
30. |
« des livres et des enfants ». V. note [13], lettre latine 16, pour les très nombreux enfants d’Isaac Casaubon. |
31. |
Ces nouvelles des événements de Paris étaient certainement sans prix pour Charles Spon car la Gazette, organe du gouvernement, débordant, selon ses habitudes, d’informations sur les affaires étrangères, n’abreuvait ses lecteurs que de déclarations anodines sur celles de l’intérieur.
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a. |
Reveillé-Parise, no cc (tome i, pages 421‑426) ; Triaire no clxvi (pages 626‑631) ; Prévot & Jestaz no 15 (Pléiade, pages 429‑434). |