L. 181.  >
À Charles Spon,
le 11 juin 1649

Monsieur, [a][1]

M. Sauvageon [2] est un étrange garçon, je ne vis jamais un tel chicaneur, je pense que cet homme ne pourrait vivre sans procès, il faut qu’il attaque toujours quelqu’un. C’est un vrai Martinus contra omnes[1][3] Il pourra bien perdre son procès contre vos libraires de Lyon, aussi bien qu’il a souvent perdu de deçà contre les uns et les autres. Pour la harangue de M. de Châtillon, [4] vous n’en manquerez pas. Sunt verba et voces[2][5] ce n’est qu’un babil de moine qui donne du plat de la langue, [3] et qui flatte en tâchant de secouer sa corde et son capuchon pour devenir évêque. [6] Le testament politique du sieur de La Hoguette [7] ne porte point son nom. [4] Cet auteur est savant et grand ami de MM. Dupuy [8][9][10][11] qui tiennent et gouvernent ici la Bibliothèque du roi. [5][12] Il porte les armes, il a été capitaine sur mer et gouverneur de Blaye. [13] Il est beau-frère, en tant qu’il a épousé sa sœur, de M. de Beaumont Péréfixe, [14][15] précepteur du roi, qui est aujourd’hui évêque de Rodez. [6] Ce livre n’a pas été publié comme l’auteur l’avait fait. M. le chancelier [16] l’a fait châtrer, et en a tant fait retrancher lorsqu’on lui en a demandé le privilège que, poussé d’une juste indignation pour cet effet, je ne l’achetai point et ne l’ai pas encore. [17]

Pour l’épileptique [18] de M. Falconet, [19] je ne sais rien davantage, sinon qu’il m’a écrit qu’il m’en voulait entretenir. En attendant quoi (et ce sera quand il lui plaira), je vous dirai que les antiépileptiques et ces sortes de remèdes fort trompeurs viennent des Arabes [20] qui ont mal entendu et fort mal expliqué ce qu’ils n’entendirent jamais dans les écrits de Galien, [21] savoir proprietatem totius substantiæ[7] Les chimistes [22] qui sont venus depuis, et qui ont tâché de tout gâter en dépit de la médecine et des médicaments vulgaires, qui sont les meilleurs, ont encore renchéri par-dessus et les ont fourrés partout où ils ont pu, duce fanatico et maniaco suo Paracelso[8][23] Vous ne verrez autre chose dans Crollius et aliis eiusmodi impostoribus et stercoreis scriptoribus, qui utinam tempori et chartæ parcentes, nihil unquam scripsissent[9][24] Toutes ces dénominations de remèdes n’ont été mises en œuvre, ou au moins au jour, que par des charlatans [25] qui se croyaient, par ces titres spécieux, donner de la réputation et de la pratique. Ces remèdes ne font et ne produisent rien. Ils trompent les médecins qui s’y fient, et traînent en longueur et en langueur les malades à qui on les fait prendre. Parum distant a principiis chimicorum, quæ neque probantur, neque determinantur[10] Les spécifiques [26] des chimistes sont presque la même chose que Thomas Erastus, in disputationibus suis adversus novam medicinam Paracelsi[11][27] a si bien réfutés. Vous ne trouverez rien de pareil dans l’Hippocrate. [28] Pour les remèdes que l’on dit agir par qualité occulte, [29] je n’en connais point, si ce n’est peut-être medicamenta purgantia, in quibus forsan delitescit aliquid occultum[12][30] Tout ce que je ne sais point m’est une qualité occulte. Un savant homme et qui ignore peu reconnaît moins que moi de ces qualités. Si j’étais aussi savant qu’un ange, il y aurait encore beaucoup de choses que j’ignorerais parce qu’il n’appartient qu’à Dieu de tout savoir. C’est profession de l’ignorance et trop relever inscientiam veterum academicorum[13] que de mettre partout des qualités occultes comme font les chimistes aujourd’hui dans leurs puants écrits. C’est une chose de laquelle ils devraient être tant plus honteux, vu qu’ils se vantent si hautement d’être les seuls et vrais philosophes. J’admets dans les remèdes divers degrés, diverses qualités, premières, secondes et tierces ; mais je n’admets point de la fausse monnaie pour de la bonne. Scio apud Galenum dari remedia quæ dicuntur agere a tota substantia, quæque ipse Galenus vult in quadruplici materia deprehendi. Quorum prima sunt quæ alunt, sive alimenta, secunda sunt purgantia, tertia sunt venena medicamenta, κακουργα, sive deleteria ; quarta sunt alexipharmaca, sive theriaca. Atqui anti-epileptica chimicorum, neque specifica eiusmodi nebulonum, hic habent locum, ergo in prisca sapientia et in medicina veterum ista figmenta, meræ fabulæ, meræ impostularæ, nullum habent fundamentum[14][31] Je n’ai que faire de vous dire que plusieurs modernes ont impugné cet abus : Minadoüs, [32] Erastus, Hofmannus [33] même les ont impugnés quelque part. [15] Feu M. Nicolas Piètre, son frère aîné Simon, [34][35] qui a été un homme incomparable, et tous nos anciens ont été de cet avis ; et à vous dire vrai, ces remèdes n’ont ici nul crédit. Voilà une partie de ce que j’en sais. De vous en dire davantage, j’abuserais de votre temps et de votre patience, c’est à vous à prendre en bonne part ce que j’en dis puisque vous savez ce que je vous suis ; aussi est-ce à vous à m’enseigner et à me retirer de l’erreur si vous savez autre chose qui soit meilleur. Paré même, en sa Chirurgie, reprend fort bien ces antiépileptiques, et s’en moque de bonne grâce lorsqu’il parle de ungula alces et de cornu unicornis[16][36][37][38] comme aussi a fait Smetius in Miscellaneis[17][39] et Keckermannus in Physicis[18][40] Et ne pensez pas rejeter l’opinion de Paré sous ombre que ce n’était qu’un chirurgien. L’auteur de son livre a été un savant médecin de Paris nommé maître Jean Haultin, Altinus, qui mourut ici un de nos anciens, l’an 1615. [19][41][42] M. Moreau [43] et toute notre École se moquent aujourd’hui de tout ce fatras, et combien que parmi 118 docteurs que nous sommes il y ait encore quelques particuliers qui ut faciant rem, si non rem quocumque modo rem, adsunt in occulto pharmacopolis[20][44] Néanmoins, personne n’en ordonne à Paris, et huius erroris extirpationem debemus sapientissimæ et eruditissimæ Pietrorum familiæ[21] Prenez donc en gré ma bonne volonté et jugez sincèrement de mon avis, comme je le soumets sincèrement et humblement à votre censure. Candidus imperti meliora, vel utere nostris[22] Gardez-vous bien de me prendre pour un glorieux ni pour un obstiné, je ne suis ni l’un, ni l’autre, je n’ai envie que d’apprendre et de profiter. Je ne prends nulle part au distique de Martial, [45] qui n’a pas assez vraiment dit :

Aurum et opes et rura, frequens donabit amicus ;
Qui velit ingenio cedere, rarus erit
[23]

C’est tout au contraire de moi, je suis tout prêt d’apprendre. Faites donc et que je vous aie cette obligation après tant d’autres dont je vous demeurerai éternellement obligé afin que j’amende mon ignorance par votre charité. [24]

Provence [46][47] et Bordeaux [48] ne se sont pas encore apaisés. On attend ici des nouvelles. [25] Un jeune père de l’Oratoire[49] qui est de la Maison depuis huit jours, s’est aujourd’hui jeté sur celui qui disait la messe et lui a voulu arracher l’hostie. Le prêtre s’est défendu, mais l’autre a été le plus fort, l’a fait choir et lui a cassé les dents ; l’hostie chue, grand désordre dans l’église, etc. On dit que ce jeune homme est fou, je le crois ainsi. [50] Un laquais [51] en fit autant il y a quinze jours au curé de Sannois, [52] village près de Saint-Denis, [53] le jour de la Pentecôte. [54] Il a été condamné à avoir le poing coupé, [55] être pendu, étranglé et brûlé, par le bailli de Montmorency ; [26][56] il est encore à la Conciergerie [57] par appel. Vale et me ama[27] Voilà qu’on vient quérir ma lettre, il est dix heures du soir sonnées, je vous donne le bonsoir et suis de toute mon âme, à MM. Gras, Garnier et Falconet, Monsieur, votre très humble, etc.

De Paris, ce 11e de juin 1649.


a.

Reveillé-Parise, no ccv (tome i, pages 446‑450) ; Jestaz no 7 (tome i, pages 456‑460), d’après Reveillé-Parise

1.

« Martinus, seul contre tous » ; Claude-Joseph de Ferrière (Histoire du droit romain… Paris, Prault, 1726, in‑8o, page 379) :

« Martinus Gosia, qui dans le douzième siècle naquit à Crémone, d’une ancienne famille de Bologne, étudia en droit sous Irnerius. Il s’acquit beaucoup d’honneur dans la profession publique qu’il fit de cette science. Mais il était si entêté qu’il ne voulait jamais se rendre à la raison ni à l’autorité du grand nombre de ceux qui étaient d’un avis contraire au sien. Il lui arrivait assez souvent d’être seul contre tous les autres ; d’où est venu le proverbe Martinus contra omnes. »

2.

« Ce ne sont que mots et paroles », Horace (Épîtres, livre i, lettre 1, vers 34‑35) :

Sunt verba et voces quibus hunc lenire dolorem
possis et magnam morbi deponere partem
.

[Il y a des mots, des paroles qui peuvent adoucir cette douleur et ôter une grande partie du mal].

V. note [55], lettre 176, pour la harangue funèbre du P. François Faure pour Gaspard de Châtillon.

3.

« C’est un hâbleur qui donne du plat de la langue, qui promet plus qu’il ne veut tenir » (Furetière).

4.

Philippe dit Pierre Fortin, sieur de La Hoguette (Falaise 1585-vers 1668), était le fils d’un président de l’élection de Falaise (Calvados), anobli par Henri iv pour son dévouement à la cause royale pendant la Ligue. Philippe entama de bonne heure sa carrière militaire comme volontaire en Hollande puis en Guyenne. En 1620, celui qu’on surnommait le « soldat philosophe » avait donné ses premiers coups de plume en adressant à Louis xiii un mémoire contre les favoris en général et contre Luynes en particulier. Capitaine de la ville de Brouage (1626-1631) puis sergent-major de Blaye (et non pas gouverneur comme disait ici Guy Patin, charge qui appartenait au duc de Saint-Simon, père du mémorialiste), il avait refusé l’alliance séditieuse que lui proposait Gaston d’Orléans et mené la noblesse de Guyenne à l’expédition de Biscaye (1639), mais s’était estimé de trop faible santé pour accepter le grade de lieutenant-colonel dans le régiment de Saint-Luc, préférant se retirer des armées avec la modeste pension de capitaine et une gratification annuelle sur les revenus des sels de Brouage.

En 1640, à près de 60 ans, il avait épousé Louise de Beaumont de Péréfixe, sœur d’Hardouin, évêque de Rodez et futur archevêque de Paris (v. note [38], lettre 106). En 1645 avait paru son Catéchisme royal (Paris, sans nom, in‑12). Ayant trois fils à élever, il avait envoyé l’aîné dans un régiment des gardes et s’était lui-même chargé d’instruire les deux cadets : « Et ainsi, je devins, en l’âge de 69 ans, le pédant abécédaire de deux enfants dont le plus âgé n’avait que dix ans et demi. »

Ce dessein avait produit l’ouvrage dont parlait ici Guy Patin, le Testament, ou Conseils fidèles d’un père à ses enfants, publié (in‑12) à Paris en 1648 sans nom d’auteur ni d’éditeur. L’ouvrage avait connu un tel succès que l’édition était épuisée quatre mois plus tard. Antoine Vitré, l’imprimeur, se dévoila et en lança aussitôt une nouvelle (in‑8o), signée cette fois du nom de l’auteur. L’engouement du public continua tant que 21 éditions parurent dans les 50 années suivantes ; dont la septième, parue à Paris, Antoine Vitré, 1655, in‑8o. Ce recueil est divisé en trois parties où l’auteur examine tour à tour les devoirs de l’homme envers Dieu, envers soi-même et envers ses semblables. Les éloges des érudits ne se firent d’ailleurs pas attendre malgré l’intervention de la censure qui altéra fortement le texte.

La Hoguette fréquentait l’académie putéane (v. infra note [5]), où il dut croiser Patin. Il détestait les jésuites et fit connaître en France l’œuvre de Francis Bacon (v. note [21], lettre 352) dont il était ami. On a aussi de lui les Éléments de la politique selon les principes de la nature (Paris, Antoine Vitré, 1663, in‑8o) ; ses Lettres aux frères Dupuy et à leur entourage, 1623-1662, ont été éditées par Giuliano Ferretti (Florence, Olschki, 1997, 2 volumes). Fruit de la bonne éducation qu’il avait reçue, son second fils, prénommé Hardouin (1643-1715) fut évêque de Saint-Brieuc (1675) puis de Poitiers (1680), archevêque de Sens (1685) et conseiller d’État (1704) (G.D.U. xixe s. et Michaud).

5.

Pierre (Agen 1582-Paris 1651) et Jacques (Tours 1591-Paris 6 novembre 1656) Dupuy (Puteanus) étaient fils de Claude Dupuy (1545-1594), conseiller au Parlement de Paris, humaniste et créateur d’une riche bibliothèque, et de Claude Sanguin, cousine germaine de Jacques-Auguste i de Thou, président au Parlement de Paris (v. note [4], lettre 13).

En 1616, le président de Thou avait confié à Pierre et Jacques l’instruction de ses enfants et la charge de sa bibliothèque, l’une des plus riches de l’époque. Ils avaient tenu un rôle essentiel dans la vie intellectuelle sous Richelieu par le biais de l’académie putéane (qui leur devait son nom). Nommés tous deux gardes de la Bibliothèque du roi ,sur la démission de Nicolas Rigault (v. note [13], lettre 86) en 1645, ils ont publié de nombreux ouvrages historiques. À leur mort, la splendide bibliothèque qu’ils avaient constituée, riche de 20 000 volumes et de 1 200 manuscrits, fut léguée au roi. Le don fut accepté le 7 avril 1657.

Joseph Scaliger a parlé de leur oncle (Secunda Scaligerana, pages 524‑525) :

« Ô le bon enfant que Pierre Dupuy, municeps meus, {a} consul d’Agen ! il m’a écrit tout plein de choses que je suis bien aise de savoir. M. Dupuy a pris des manuscrits dans une abbaye : tandis qu’on entretenait le gardien, il faisait jeter les livres par une fenêtre et il y avait des gens prêts pour les recevoir. M. Dupuy avait tous les livres et s’en faisait porter d’Italie. Il a beaucoup perdu de ses livres pendant la Ligue. M. Dupuy ne m’a jamais montré sa bibliothèque, il disait que tout était confus. »


  1. « mon compatriote ».

L’un des cercles érudits du premier xviie s., l’académie putéane s’est réunie tous les jours en fin d’après-midi jusqu’en 1645, rue de Poitevins dans l’hôtel du président de Thou ; et ensuite, jusqu’en 1656, rue de la Harpe. Le groupe était en relation avec Richelieu par l’intermédiaire de Jérémie Ferrier, ancien pasteur nîmois converti au catholicisme ; avec Mazarin, par celui de Naudé ; avec le coadjuteur, par celui de Gilles Ménage et de Jean-François Sarasin (le futur cardinal de Retz ne dédaignant d’ailleurs pas d’y venir en personne). Cette assemblée, raconta plus tard Fortin de La Hoguette, formait « un certain concert d’amis où toutes choses se passaient avec tant de douceur et de discrétion que je n’ai jamais eu de trouble en l’esprit qui ne se soit dissipé en cette compagnie ».

Ce fut le principal foyer de ce qu’on a depuis appelé le « libertinage érudit », qu’on ne doit pas confondre avec le libertinage (des mœurs) tel qu’on l’entend aujourd’hui (v. note [9], lettre 60) : son intention était de soumettre à la raison les traditions et les dogmes que le commun des hommes adopte sans discuter. Le noyau de l’académie putéane était composé de quatre personnages, la tétrade : Jean Diodati (théologien calviniste d’origine genevoise qui jouait surtout le rôle d’animateur), François i de La Mothe Le Vayer, Pierre Gassendi et Gabriel Naudé. Comme l’avocat général Omer ii Talon, Guy Patin fut parmi les membres informels de l’académie putéane et ses lettres sont empreintes des idées critiques qu’on y brassait, fort inspirées de la philosophie d’Épicure.

6.

Hardouin de Beaumont de Péréfixe (v. note [38], lettre 106) avait été nommé évêque de Rodez le 18 avril 1649 (Gallia Christiana).

7.

« la propriété de la substance tout entière », v. infra, note [14].

8.

« avec Paracelse, leur chef maniaque et fanatique. »

9.

« Crollius et dans les autres auteurs imposteurs et puants de ce genre qui, pour économiser du temps et du papier, auraient mieux fait de ne jamais rien écrire. »

Oswald Crollius (Croll ; Wetter, Hesse-Kassel vers 1560-Prague 1609) mena ses études médicales à Marbourg, Heidelberg, Strasbourg et Genève. Après les avoir terminées, il pratiqua la médecine à Lyon (1583-1590) puis, à partir de 1593, à Prague et Brno où il s’attacha au prince Christian d’Anhalt, dont il devint le médecin particulier jusqu’à sa mort en 1609. Il cultiva la chimie avec beaucoup d’ardeur, mais se montra partisan fanatique de Paracelse pour qui il avait la plus haute admiration et à qui il attribuait le mérite d’avoir découvert le moyen de prolonger indéfiniment la vie humaine (O. in Panckoucke et Galileo Project).

Crollius a décrit plusieurs préparations chimiques, dont le chlorure d’argent qu’il nomma lune cornée ; il connaissait l’or fulminant (mélange explosif à base d’ammoniure d’or) . Son livre le plus célèbre est :

D.O.M.A. Osualdi Crolli veterani Hassi Basilica Chymica continens Philosophicam propria laborum experientia confirmatam descriptionem et usum Remediorum Chymicorum Selectissimorum e Lumine Gratiæ et Naturæ desumptorum…

[Par la volonté de Dieu tout-puissant. Royale Chimie d’Osvaldus Crollius natif de Wetter en Hesse contenant la description philosophique confirmée par l’expérience de ses propres travaux, et l’emploi des remèdes chimiques les plus choisis procurés par la lumière de la grâce et de la Nature…]


  1. Francfort, Claud. Marnius et les héritiers de Ioan. Aubrius, 1609, in‑4o. Cette première de très nombreuses éditions, tout au long du xviie s., est remarquable pour son somptueux frontispice, avec sa symbolique mystique entourée, de haut en bas et de gauche à droite, des six maître de l’art :

    • Hermes Trismegistos Ægyptius, Hermès Trismégiste l’Égyptien (v. note [9], lettre de Thoams Bartholin date du 18 octobre 1662) ;

    • Morienes Romanus, Morien le Romain, moine alchimiste du viie s. ;

    • R. Lullius Hispanus, Raymond Lulle l’Espagnol (v. note [3], lettre 265) ;

    • Geber Arabus, Geber (Jabir Ibn Hayyan) l’Arabe (v. notule {c}, note [18], lettre 408) ;

    • Rog. Bacchon Anglus, Roger Bacon l’Anglais, moine érudit du xiiie s.

    • Th. Paracelsus Germanus, Théophraste Paracelse le Germain (v. note [7], lettre 7).

10.

« Ils sont trop peu éloignés des principes des chimistes, qui ne sont ni éprouvés, ni réglés. »

11.

« Thomas Éraste, dans ses dissertations contre la nouvelle médecine de Paracelse » (v. note [6], lettre 71).

Spécifique : « ce qui est propre à chaque particulier, qui le caractérise, qui le distingue des autres. Le quinquinna est un remède spécifique pour la fièvre ; le mercure pour les maladies vénériennes » (Furetière).

Les remèdes spécifiques se distinguent des symptomatiques : médicaments, au demeurant fort utiles, qui s’attaquent aux manifestations de la maladie (fièvre, douleur, etc.) plutôt qu’à ses mécanismes ou à sa cause.

Dans un sens restreint, les spécifiques ont longtemps désigné les médicaments utilisés dans le traitement de la vérole (mercure, gaiac, salsepareille, etc., au temps de Guy Patin) ; cela lui a longtemps valu la dénomination occulte de « spécificité » (avec un s initial, comme syphilis), que les médecins ont employée afin que les malades ne comprissent pas de quoi on parlait en leur présence.

En pur dogmatique, Guy Patin ne reprochait pas aux spécifiques leur louable manière de traiter le mal à la racine, mais leur origine trop fréquemment chimique (minérale).

12.

« les purgatifs, où peut-être quelque chose d’occulte se cache. »

13.

« l’ignorance des anciens académiques [platoniciens] ».

14.

« Je sais de Galien que les remèdes à donner sont ceux qu’on dit agir par la substance tout entière, ceux que Galien lui-même veut classer en quatre rubriques : les premiers, ou aliments, sont ceux qui nourrissent ; les seconds sont les purgatifs ; les troisièmes sont les médicaments vénéneux, ou malfaisants, [kakourga] ; les quatrièmes sont les alexipharmaques, ou thériaques. Ni les antiépileptiques des chimistes, ni les spécifiques de cette sorte de vauriens n’ont pourtant ici leur place, et ces fictions, pures fables, pures impostures, n’ont donc aucun fondement dans la sagesse antique et dans la médecine des anciens. »

Voici ce qu’en dit exactement Galien dans son Hippocratis Epidem. vi et Galeni in illum Commentarius vi [Livre vi des Épidémies d’Hippocrate, et commentaire vi de Galien à son propos] (Kühn, volume 17b, pages 336‑337, traduit du grec) :

Proprietates namque ex tota substantia progenitæ aut corporibus nostris congruentes aut alienæ, quatuor materiis continentur : aut enim purgatoriæ medicinæ sunt aut alimenta aut ad hæc tertio ea quæ hic Hippocrates malefica nominavit aut quarto ipsorum remedia. Quum vero tertium materiæ genus est in medicamenta deleteria, hoc est mortifera vocata et ferarum venena, distribuatur, duplex et ista curantium materia est. Adpellantur autem Græco vocabulo alexipharmaca, id est medicamentorum auxilia, quæ mortiferis medicamentis adversantur ; tehriaca vero quæ ferarum morsibus medentur. Verum fortasse quis existimavit et purgantium medicamentorum materiam inter mortifera esse censendam, nam et hæc ultra modum assumta nos interficiunt. Id si concesserimus, consequens erit etiam ut alexipharamace et theriaca in mortiferis enumeremus, quandoquidem et hæc nos perdere possint, nisi si quis ex ipsis omnino valde parum assumserit. Verum ea de causa mihi plura medicamenta non vocare mortifera medici videntur, quod ipsorum temporibus quibusdam utilitas necessaria sit ; ea vero appellare deleteria, id est perniciosa, quæ nullo unquam tempore neque ægrotis neque enim aconitum, neque argentum vivum, neque argenti spuma, neque marinus lepus, intra corpus accepta, ullum nobis afferunt emolumentum, quemadmodum et alia pleraque, de quibus et in illis commentariis actum est, ubi de juvantibus atque nocentibus per totius substantiæ proprietatem disputavimus.

[Les propriétés tirent en effet leur origine de toute la substance du corps, qu’elles soient ou non en accord avec lui. Quatre matières les embrassent qui sont < 1 > les remèdes purgatifs, < 2 > les aliments, < 3 > ceux d’entre eux qu’Hippocrate a ici appelés maléfiques, {a} et < 4 > les remèdes qu’on leur oppose. Puisque la troisième sorte de matière associe les médicaments délétères, qu’on appelle mortifères, et les venins des animaux sauvages, il conviendrait de la diviser en deux et c’est contre cette double matière qu’il convient de posséder des remèdes. On les appelle du nom grec d’alexipharmaques, {b} qui veut dire remèdes des médicaments, parce qu’ils s’opposent aux médicaments mortifères ; pour la thériaque, elle soigne les morsures des animaux sauvages. On pourrait estimer que la matière des médicaments purgatifs doive être rangée parmi les mortifères, car on les croit trop souvent capables de nous tuer. Si nous admettions cela, nous devrions en déduire pareillement que les alexipharmaques et la thériaque sont aussi à ranger parmi les mortifères puisqu’ils peuvent nous anéantir, outre qu’ils ne procurent pas toujours une complète guérison. Les médecins, me semble-t-il, n’en tirent pourtant pas raison d’appeler plusieurs médicaments mortifères parce qu’ils se trouvent dans la nécessité d’y recourir parfois. Il faut pourtant appeler délétères, c’est-à-dire pernicieux, ceux qui ne font jamais de bien à l’homme, qu’il soit sain ou malade. Le corps n’accepte ni l’aconit, ni le mercure, ni la litharge, ni le lièvre marin, {c} ils n’apportent aucun soulagement, tout comme plusieurs autres dont nous reparlerons ailleurs dans ce traité, quand nous discuterons des agents qui soignent et qui nuisent par la propriété de leur substance tout entière].


  1. Maleficia en latin, κακουργα (cacourga) en grec.

  2. Le mot αλεξιφαρμακα associe le préfixe alexi, ce qui protège, et pharmakon, toute substance au moyen de laquelle on altère la nature d’un corps, toute drogue, salutaire (médicament) ou malfaisante (poison).

  3. V. notes [1], lettre latine 226, pour l’aconit, [9], lettre 122, pour l’emploi du mercure en médecine, et [14], lettre 995, pour le lièvre marin.

    La litharge (λιθαργυρος, litharguros, argenti spuma en latin) est l’ancien nom du protoxyde de plomb demi-vitreux (Littré DLF) ou du « plomb mêlé avec les vapeurs ou la crasse de l’argent. […] Elle rafraîchit, déterge, remplit les cavités des ulcères et les cicatrise. Matthiole dit, aprés Dioscoride, que la litharge prise par la bouche, en quelque manière que ce soit, est venimeuse et fort dommageable à la personne. Il parle amplement des accidents qu’elle cause et des remèdes que l’on y peut apporter » (Thomas Corneille).

15.

Giovanni Tommaso Minadoï (Minadoüs, Rovigo, en Vénétie 1545-1615 ou 1618) devint médecin du duc de Mantoue après avoir passé sept années à voyager au Proche-Orient. En 1596, l’Université de Padoue lui confia une chaire de médecine qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il a laissé une douzaine d’ouvrages sur de sujets médicaux divers. Son frère Aurelio a donné un traité sur la réalité et le traitement de la syphilis (Venise, 1596) et leur père, Giambattista, un traité sur l’abus de la saignée dans la peste (Venise, 1597) (O. in Panckoucke). Guy Patin n’en disait pas assez pour qu’on puisse identifier le livre exact de Giovanni Tommaso qu’il évoquait ici.

16.

« de sabot d’élan et de corne de licorne ».

V. note [5], lettre 796, pour le pied d’élan. Quantité de fables ont circulé sur la licorne (uncornis en latin, monoceros en grec) :

« C’est un animal fort craintif qui se retire dans les bois, et qui pourtant se hasarde quelquefois à venir dans la plaine. Il a une corne blanche au milieu du front de cinq palmes de longueur, {a} telles qu’on les dépeint ici. […] Les uns disent qu’elle ressemble à un cheval ou poulain, les autres à un âne, les autres à un cerf ou à un bouc par sa barbe, les autres à un éléphant, les autres à un rhinocéros, les autres à un lévrier. […] Enfin, tous les auteurs rapportent différemment la figure et la couleur tant de l’animal que de sa corne et de toutes ses parties. C’est pourquoi les plus sensés tiennent que c’est un animal fabuleux.  […] La Peyrère en sa Relation de Groënland {b} dit que ce qu’on croit corne de licorne est une dent d’un gros poisson nommé par les Islandais narval, {c} et dans d’autres lieux rohart, qui se trouve dans la mer Glaciale, qui a fourni abondance de ces cornes dans les cabinets des curieux. […]

Les Anciens ont cru que la corne de la licorne sert de contrepoison, et qu’elle la trempe dans l’eau pour l’épurer quand elle veut boire. Sa rareté fait qu’on lui attribue plusieurs vertus dans la médecine ; mais il est constant, comme l’a fort bien prouvé Ambroise Paré, que c’est une pure charlatanerie ; et il dit qu’il a expérimenté que toutes les vertus qu’on lui attribue sont fausses, quoique les marchands aient mis son prix si haut, qu’un Allemand en vendit une douze mille écus au pape, au rapport d’André Racci, médecin de Florence ; et que dans les boutiques la livre de 16 onces ait été vendue jusqu’à 1 536 écus en un temps où le même poids de l’or n’en valait que 148. » {d}


  1. Environ 50 centimères.

  2. Isaac de La Peyère ne s’intéressait pas qu’aux textes sacrés (v. notes [1] et [3], lettre 93) : sa Relation du Groënland, adressée à François i de La Mothe Le Vayer (v. note [1], lettre 172), a été publiée anonymement pour la première fois à Paris, Augustin Courbé, 1647, in‑8o de 278 pages.

  3. V. la note [5] de l’Observation iv sur la licorne.

  4. Les charlatans d’Extrême-Orient vendent encore aujourd’hui la corne de rhinocéros à des prix qui dépassent largement celui de l’or…

Le livre xxi (Des Venins) des Œuvres d’Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roi, divisées en 28 livres, avec les figures et portraits, tant de l’anatomie que des instruments de chirurgie, et de plusieurs monstres, revues et augmentées par l’auteur, quatrième édition (Paris, Gabriel Buon, 1585, in‑fo), s’achève sur un long Discours de la licorne (chapitres xlvii‑lxv), où Paré réfute l’existence du légendaire animal, et les vertus antivénéneuses de sa corne prétendue et « beaucoup plus chère que l’or » (page viii.cxxii) :

« Que s’il y a quelqu’un qui puisse m’assaillir de quelque bon trait de raison ou d’expérience, tant s’en faut que je m’en tienne offensé, qu’au contraire je lui en saurai fort bon gré de m’avoir montré ce qu’onc {a} je n’ai pu apprendre des plus doctes et signalés personnages qui furent, et sont encore en estime pour leur doctrine singulière, ni même d’aucun effet de notre licorne. Vous me direz : puisque les médecins savent bien, et publient eux-mêmes que ce n’est qu’un abus de cette poudre de licorne, pourquoi en ordonnent-ils ? C’est que le monde veut être trompé, et sont contraints lesdits médecins bien souvent d’en ordonner ou, pour mieux dire, permettre aux patients d’en user parce qu’ils en veulent. Que s’il advenait que les patients qui en demandent mourussent sans en avoir pris, les parents donneraient tous la chasse auxdits médecins et les décriraient comme vieille monnaie. »


  1. Que jamais.

Le dernier chapitre de ce Discours de la licorne (chapitre lxv, page viii.cxxiii) passe à l’autre sujet qu’évoquait ici Patin :

« Ceci me fait souvenir du pied d’hellend, {a} duquel plusieurs font si grand cas, spécialement lui attribuant la vertu de guérir de l’épilepsie. Et m’étonne d’où ils prennent cette assurance, vu que tous ceux qui en ont écrit ne font que dire : on dit, on dit ; je m’en rapporte à Gesnerus et à Apollonius Menabenus. Et quand ce ne serait que la misère de l’animal, qui tombe si souvent en épilepsie (dont les Allemands l’appellent Hellend, qui signifie misère) {b} et néanmoins ne s’en peuvent garantir, encore qu’il ait toujours son ongle {c} quant-et-quant soi : {d} il me semble que cela est suffisant pour révoquer en doute les vertus qu’on lui attribue. Voilà ce qu’il me semble de la corne de licorne, et si quelqu’un en peut découvrir d’avantage, je lui prie en faire part au public et prendre mon écrit en bonne intention. »


  1. Élan, v. note [5], lettre 796.

  2. Elend, étymologie inexacte selon Littré DLF ; élan se dit Elch en allemand.

  3. Sabot.

  4. Sur lui.

Tout ce Discours de la licorne et la Réplique d’Ambroise Paré, premier chirurgien du roi, à la Réponse faite contre son Discours de la licorne (pages viii.cxxiii‑xxvii) dressent un réquisitoire contre les abus des apothicaires et des charlatans, tout à fait dans les idées chères à Patin (fin du chapitre lxiiii, page viii.cxxiii) :

« Qui pourra se garder de ces bailleurs de balivernes, affronteurs et larrons, ce sera bien fait. » {a}


  1. « Plusieurs autres médecins, voire la plupart d’entre eux, ont même opinion ont même opinion, et ce que j’en sais, je ne l’ai appris que d’eux principalement, et premièrement du docte [Louis] Duret » (page viii.cxxvi, fin de l’avant-dernier paragraphe).

La thèse de Charles Guillemeau sur la « Médecine d’Hippocrate » (Paris, 1648) contient une observation sur la corne de licorne, à laquelle Patin a probablement mis la main.

17.

Heinrick Smet (Smetius, Alost 1537-Heidelberg 1614), médecin flamand, qui dut s’exiler en Allemagne pour y exercer et professer la médecine et qui fut beau-père de Janus Grüter : {a}

Miscellanea Henrici Smetii a Leda Rub. F. Alostani Flandri in Acad. Heidelbergensi Med. Professoris ordinarii, medica, cum præstantissimis quinque medicis D. Thoma Erasto apud Heidelbergenses Facult. Medicinæ antecessore, D. Henrico Brucæo in Schola Rostochiana Artis Med. Professore primario, D. Levino Batto ibidem Medicinam publice multa cum laude explicante, D. Iohanne Weyero Iuliacensis et Clivensis aulæ archiatro, D. Henr. Weyero archiepiscopi Trevirensis archiatro, communicata et in libros xii digesta…

[Mélanges médicaux d’Heinrick Smet von Leda, fils de Ruben, natif d’Alost en Flandre, professeur ordinaire de médecine en l’Université d’Heidelberg, partagés avec cinq médecins très éminents, Me Thomas Erastus, {b} son prédécesseur à la Faculté de médecine d’Heidelberg, Me Henri Brucæus, {c} premier professeur d’art médical en l’École de Rostock, Me Liévin Battus, répétiteur public de médecine au même endroit et, à la très grande louange de tous, Me Jean Wier, premier médecin de la cour de Juliers et de Clèves, Me Henri Wier, premier médecin de l’archevêque de Trèves, {d} et divisés en 12 livres…] {e}


  1. V. note [9], lettre 117.

  2. V. note [31], lettre 6.

  3. V. note [8], lettre 427.

  4. V. note [30] du Grotiana 2.

  5. Francfort, Jonas Rhodius, 1611, in‑4o, avec portrait de l’auteur.

Une grande partie de ce livre se consacre à dénoncer les impostures de Paracelse. Au livre xii, dans le chapitre intitulé De varietate et copia remediorum Theophrasti Paracelsi contra morbum caducum seu epilepsiam [Diversité et abondance des remèdes de Théophraste Paracelse contre le mal caduc ou épilepsie], on lit ces deux aphorismes paracelsistes :

Le pied d’élan (v. note [5], lettre 796) est aussi évoqué dans la partie thérapeutique des thèses sur l’épilepsie que Smet a présidées à Heidelberg le 23 septembre 1592 (livre viii, paragraphe xxxv, page 404) :

Huc ergo faciunt sinapi, cardamomum, seseli, eryngium, castoreum, thymus, salvia, peucedanum, hysopus, succinum, sclarea hortensis, et his similia, quæ calefaciendo, siccando, partium tenuitate alterant, discutiunt, aperiunt, roborant, malignitati resistantem vim expultricem adiuvant, Item quæ totius substantiæ proprietate iuvant, pæonia, viscus quercinus, cranium humanum, coagulum leporis, ungulas asini, pes et cornu alces, et alia multa tum experientia inventa, tum authoritate multum comprobata.

[Ainsi donc font la moutarde, la cardamome, le tordylium, l’érynge, le castoréum, le thym, la sauge, le fenouil de porc, l’hysope, le succin, la sclarée des jardins, et ce qui leur ressemble, qui en chauffant et desséchant, altèrent la subtilité des parties, résolvent, ouvrent, renforcent, aident la faculté expultrice résistant à la malignité ; de même qu’assistent la propriété de la substance tout entière, la pivoine, le gui de chêne, le crâne humain, la présure de lièvre, les sabots d’âne, le pied et la corne d’élan, et bien d’autres substances tout aussi empiriques que condamnées par l’autorité de nombreux auteurs].

18.

Bartholomäus Keckermann (Bartholomæus Keckermannus, Dantzig 1573-ibid. 1609), érudit allemand, professa l’hébreu à Heidelberg, puis la philosophie à Dantzig. Guy Patin mentionnait ici sous le nom de Physicæ son :

Systema physicum, septem libris adornatum et anno Christi mdcvii publice propositum in gymnasio Dantiscano…

[Système physique arrangé en sept livres et présenté publiquement en 1607 en l’École de Dantzig…] {a}


  1. Hanau, Guilielmus Antonius, 1610, in‑8o de 828 pages.

Orné du portrait de l’auteur, c’est un gros traité d’histoire naturelle, essentiellement fondé sur la Physique d’Aristote ; mais il est dépourvu d’index des mots, et celui des chapitres ne m’a pas conduit au passage sur l’épilepsie et ses remèdes : je n’y ai vu qu’une oiseuse comparaison entre le sommeil et l’épilepsie (page 446).

19.

Jean Haultin (Altinus, natif de Paris) avait obtenu le premier lieu de la licence {a} avant d’être reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1574. Médecin du roi Henri iv, il fut l’un de ceux qui assistèrent à son autopsie en 1610. {b} Guy Patin a cité ses ouvrages de médecine dans la suite des lettres. Il y a surtout parlé des commentaires de Haultin sur le livre de Jacques Houllier de Morbis internis [des Maladies internes] : {c} en les y publiant pour la première fois, Patin avait donné son caractère original à cette réédition. L’inventaire après décès de Jean Haultin est daté du 19 juin 1615. {d}


  1. V. note [8], lettre 3.

  2. Baron et Delaunay.

  3. Paris, 1664, v. note [14], lettre 738, avec une impressionnante illustartion de ses scolies hippocratiques dans la note [17] du Naudæana 2.

  4. Lehoux, note 11, pages 6‑7.

Haultin et d’autres médecins ont-ils prêté leur doctes plumes à Ambroise Paré ? Le chirurgien français Joseph-François Malgaigne (1806-1865) a longuement examiné la question dans son Introduction aux Œuvres complètes d’Ambroise Paré… (tome 1er, Paris, J.‑B. Baillière, 1840, in‑8o, pages cccxxx‑cccxl) :

« Ambroise Paré est-il vraiment l’auteur des écrits qui ont paru sous son nom ? ou du moins, comme on ne saurait lui refuser la propriété de certaines doctrines, aurait-il confié le soin de la rédaction à un ou plusieurs collaborateurs ? »

Parmi les témoins à charge, Malgaigne cite bien sûr la présente lettre de Guy Patin, mais aussi Jean ii Riolan (Anthropographia, 1649, page 31 ; v. note [25], lettre 146) :

Eodem tempore prodiit in lucem Ambrosii Paræi Anatome, Gallice scripta, postrema manu ficta et elaborata a juniorobus Medicis Parisiensibus, quorum industriam in condendis suis libris emendicabat, et pretio redimebat ; sperans hac arte vir æternandi nominis cupidissimus, immortalitatem sibi comparare. Non omnis moriar, inquiebat ille, magnaque pars mei vitabit Libitinam : sed Anatome multis erroribus scatet, quamvis methodice descripta fuerit. Chirurgica non sunt contemnenda, variis exemplis et historiis ab ipso Paræo suppeditatis intertexta. Reliqua eius Opera sunt farragines ab instituto Chirurgico prorsus alienæ, cuiusmodi sunt quæ inchoant et claudunt magnum illud volumen. Hæc tamen omnia potius commendant ipsius diligentiam et industriam in rebus Chirurgicis. Idcirco Paræus non mediocrem ex hoc opere a viris Chirurgicis gratiam inivit. Dum viveret procuravit Latinam editionem librorum suorum, a Medico Parisiensi factam, qui quoniam innotescere noluit, nec a me nomnabitur. Itaque sciant præsentes et posteri, Paræum et Medicos Parisienses, opus illud Gallicum et Latinum condidisse et adornasse.

[À même époque parut l’Anatomie d’Ambroise Paré écrite en français, façonnée en sous-main et élaborée par de jeunes médecins de Paris, dont il mendiait la contribution à la rédaction de ses livres et qu’il soudoyait ; par cette supercherie, cet homme, très désireux de rendre son nom éternel, espérait s’acheter l’immortalité. Je ne mourrai pas tout à fait, disait-il, une grande part de moi échappera à la Libitine. {a} Son Anatomie fourmille pourtant d’erreurs, bien qu’elle soit écrite avec méthode. Ses Œuvres chirurgicales ne sont pas à mépriser car s’y mêlent quantité de faits et d’observations que Paré a lui-même recueillis. Le reste de ses Œuvres est un fatras entièrement étranger à l’enseignement chirurgical, comme en attestent le début et la fin de ce gros volume. Tout cela plaide plutôt en faveur de sa diligence et de son application pour les matières chirurgicales. Voilà pourquoi, par ses livres, Paré s’est acquis une belle faveur parmi les chirurgiens. De son vivant, il en a publié une édition latine, traduite par un médecin de Paris qui voulait demeurer anonyme et dont je tairai le nom. {b} Que nos contemporains et la postérité sachent donc que Paré et des médecins de Paris ont composé et embelli cet ouvrage, tant français que latin].


  1. C’est-à-dire à la mort (v. note [23], lettre 426). Riolan fait curieusement parler le latin à Paré, alors même qu’il lui reprochait de ne pas connaître cette langue (alors rigoureusement indispensable pour accéder à la connaissance de la médecine).

  2. Riolan ne voulait pas donner le nom de Haultin comme étant le doctus vir qui avait aidé Jacques Guillemeau, chirurgien et élève de Paré, à traduire les Opera de son maître en latin (Paris, 1582, v. note [15], lettre 219).

Malgaigne poursuit :

« L’accusation de Riolan, écrit Malgaigne, est dictée par une passion si aveugle qu’il a oublié deux choses : premièrement, qu’il ravalait beaucoup les docteurs ses confrères en en faisant des scribes à la page au service d’un chirurgien et des hommes capables d’abandonner pour un lucre purement pécuniaire des écrits qui devaient conduire leur auteur à l’immortalité ; deuxièmement, que cette même Anatomie, qu’il attribue aux médecins de Paris, dans une querelle antérieure, {a} il l’avait critiquée sans ménagement, imputant à l’auteur les fautes les plus grossières. Mais à part ces légers écarts du critique, nous savons comment fut faite et corrigée l’Anatomie universelle : {b} le fond s’en trouvait dans Briesve collection ; les additions furent empruntées au livre de Vésale et à des dissections faites en commun avec Binosque ; Caron fut chargé des corrections et l’on peut affirmer surtout de cet ouvrage qu’aucun médecin de Paris n’y mit la main. Quant à Guy Patin, écrivant en 1649, on peut d’abord révoquer en doute sa compétence pour la question qui nous occupe ; mais tout aussi malheureux que Riolan, il a été choisir dans la collection de Paré l’opuscule qui prête le moins à l’opinion qu’il veut établir. Le lecteur n’a qu’à parcourir la préface du Discours de la Licorne, {c} il verra quelle en fut l’origine ; comment Paré en eut la première idée ; comment, ne voulant point écrire sur ce sujet, il en parla à Chapelain, qui recula devant la difficulté ; et enfin, nous avons raconté comment la Faculté, représentée par son doyen, avait autorisé la publication d’un méchant libelle à la fois contre l’ouvrage et contre l’auteur. Mais il y a quelque probabilité que Patin a confondu l’auteur réel des Œuvres de Paré avec le traducteur {d} et qu’il nous a livré le nom de celui-ci que Riolan n’avait pas voulu dire. Haultin était en effet l’un des amis et des admirateurs de Paré, qui le cite en plusieurs endroits d’une manière favorable. »


  1. Gigantomachie, 1613.

  2. De Paré.

  3. V. supra note [16].

  4. En latin.

Après avoir encore examiné et réfuté le témoignage adverse de Pierre-François Percy (dans la biographie qu’il a donnée d’Ambroise Paré, in Michaud), Malgaigne conclut à la médisance :

« En définitive, rien ne prouve que Paré ait eu jamais recours à la plume d’autrui ; il dit bien dans sa Dédicace qu’il n’a pas voulu mettre son livre en lumière sans l’avoir “ communiqué à plusieurs excellents hommes, tant médecins que chirurgiens ”, mais non pour rien y changer ; et plus loin, dans son Avis au lecteur, il se rend à lui-même ce magnifique témoignage : “ Je dis donc que tout cet œuvre est à moi, et n’en puis être fraudé <, comme attentant nouvelleté, > puisque j’ai bâti en mon propre fond, et que l’édifice et les matériaux m’appartiennent ”. »

Dans les pages qui suivent Malgaigne dénonce pourtant quelques passages des Œuvres où il a pris Paré en flagrant délit de plagiat. Quoi qu’il en soit, il convient de replacer dans son contexte l’accusation dont Patin donnait ici à nouveau l’écho (v.note [16], lettre 7) : elle avait pour origine l’hostilité profonde des médecins de la Faculté de Paris (Jean i Riolan, Étienne Gourmelen, Jacques Daléchamps, Julien Le Paulmier, etc.) contre un chirurgien qui osait publier des avis sur des sujets de pure médecine, et par-dessus le marché en langue vulgaire et non pas en latin ; Paré ne pouvait en avoir la capacité, il devait donc avoir fait faire le travail par quelque « nègre » plus compétent que lui en la matière.

Nicolas François Joseph Éloy (tome 3, pages 474‑475), enfin, s’est résolument rangé du côté des accusateurs :

« L’ouvrage de Paré renferme non seulement tout ce qui concerne l’art de la chirurgie, mais encore plusieurs traités de médecine qu’il fit faire par de jeunes médecins et qu’il s’attribua. C’est ainsi que le dit feu Astruc dans l’Histoire sommaire de l’Art d’accoucher, {a} et voici comment il s’explique, page lxxxiii, en parlant du Traité de la génération de l’homme, qui fait le vingt-quatrième des Œuvres de notre chirurgien : “ On trouve dans ce Livre un détail de la conduite qu’on doit tenir dans les différentes espèces d’accouchements, qui est assez bon suivant les lumières de son temps ; mais qui serait meilleur si ce qu’il dit sur les accouchements n’était pas noyé dans un tas de questions difficiles, inutiles et étrangères à la matière qu’il traite. Mais c’était le goût dominant de cet auteur, qui faisait parade d’érudition grecque et latine, et d’anciens auteurs qui ont écrit dans l’une ou l’autre de ces langues, et qui prenait plaisir à traiter les questions les plus épineuses de la médecine dans les ouvrages qu’il faisait, ou plutôt qu’il faisait faire ; car quand on voit cet étalage dans les écrits d’un chirurgien qui n’avait point de lettres, il est bien difficile de ne pas se prêter aux reproches qui lui ont été faits, même de son vivant, d’avoir fait travailler pour lui plusieurs jeunes médecins. ” […] Paré aurait mieux établi sa réputation, dit Van Hoorne, s’il se fût borné à mettre au jour un petit volume, dans lequel il aurait consigné l’histoire de ses cures les plus intéressantes, les observations qu’il avait recueillies de sa longue pratique, et les remèdes dont l’expérience de tant d’années lui avait constaté {b} l’efficacité. »


  1. Jean Astruc (1684-1766, docteur de Montpellier, professeur royal de médecine en 1731) : L’Art d’accoucher réduit à ses principes… (Paris, P. Guillaume Cavelier, 1766, in‑12).

  2. Démontré.

La discussion n’est toujours pas tout à fait close, mais Malgaigne a presque obtenu gain de cause : il est aujourd’hui suspect voire incongru de mettre en doute la pureté des mérites qu’on attribue à l’une des plus grandes gloires de la chirurgie française. La simple honnêteté invite pourtant à jeter un œil sur la liste indigente des ouvrages hippocratico-galéniques qu’un ignorant du latin, comme était Paré, pouvait lire lui-même au xvie s. (v. note [6], lettre 6) : hormis quelques miettes, toute la médecine, incluant l’anatomie, était alors écrite en grec et en latin.

20.

« qui soutiennent en cachette les apothicaires, pour faire fortune, honnêtement, ou sinon par quelque moyen que ce soit ».

Le début est une citation favorite de Guy Patin, tirée d’Horace (Épîtres, livre i, lettre 1, vers 65‑66) :

Is ne tibi melius suadet qui « rem facias, rem
si possis, recte, si non, quocumque modo rem »
.

[Celui qui te donne le meilleur conseil n’est-il pas celui qui te dit : « fais fortune, honnêtement, si tu peux, sinon par quelque moyen que ce soit »].

Telle que transcrite dans les éditions antérieures (adhuc in occulto pharmacopolis), la fin est intraduisible, faute d’un verbe dans la proposition principale ; le remplacement de l’adverbe adhuc par le verbe intransitif adsunt n’est qu’une proposition visant à donner une syntaxe correcte et un sens plausible au texte de Guy Patin, dont l’original a été perdu.

21.

« et nous devons l’extirpation de cette erreur à la très sage et très savante famille des Piètre. »

22.

« Soyez sincère, montrez-moi ce que vous avez de mieux, sinon servez-vous de ce que nous avons. »

Guy Patin s’est de nouveau inspiré d’Horace (Épîtres, livre i, lettre 6, vers 66‑67) :

Si quid novisti rectius istis
candidus imperti ; si nil, his utere mecum
.

[Si tu connais mieux que ça, sois sincère, montre-le, sinon fais comme moi].

23.

« Beaucoup d’amis donneront de l’or, des richesses, des terres ; mais rare est celui qui voudra bien céder son talent » (Martial, Épigrammes, livre viii, 18, vers 9-10).

24.

Dans tout ce passage, qui a trait aux qualités occultes des médicaments, Guy Patin se montrait d’une surprenante prudence : se souvenait-il du Sus Minervam… (v. note [13], lettre 6) qui avait failli le fâcher définitivement avec Claude ii Belin ?

25.

V. note [1], lettre 179, pour les dernières nouvelles de la Fronde bordelaise contre le duc d’Épernon. En Provence, les frondeurs étaient opposés au comte d’Alais (v. note [42], lettre 155), cousin du prince de Condé et gouverneur de la province (Journal de la Fronde, volume i, fos 40 vo, 46 vo‑47 ro, et 51 vo, juin 1649) :

« Le 2 on eut avis de Provence que le différend d’entre le comte d’Alais et le parlement d’Aix avait obligé les villes de la province qui tiennent pour le parlement à prendre les armes. […]

Le même jour {a} on eut avis de Provence que les rumeurs y continuaient. Un particulier qui avait acheté une charge de conseiller du semestre du parlement d’Aix, qui a été révoqué, ayant tué le lieutenant général de la ville de Draguignan pour un différend qu’ils avaient ensemble, le parlement a député des commissaires pour aller informer de ce meurtre sur les lieux ; et parce que celui qui l’a commis est protégé du comte d’Alais, il a été ordonné que les communes s’assembleraient pour assister ces commissaires ; de sorte que par ce moyen étant arrivés à Draguignan, ils se sont trouvés forts de 1 600 hommes, ce qui a obligé le comte d’Alais, qui est à Marseille, d’y envoyer des troupes, prétendant que le parlement a des desseins dangereux qu’il veut exécuter sur ce prétexte. On ajoute à cela qu’il y a quantité de vaisseaux espagnols sur la côte de Provence qui veulent acheter du blé, ce qui a fait croire que le parlement d’Aix avait appelé les Espagnols à son secours. […]

Le même jour {b} on eut nouvelle de Provence que le comte d’Alais ayant fait avancer quatre ou cinq cents chevaux auprès de Brignoles, le comte de Carcès avait assemblé quantité de noblesse avec des troupes du parlement d’Aix qui attaquèrent le 15 ceux du premier, en tuèrent une vingtaine, parmi lesquels on nomme le chevalier de Montbrun et le baron des Adretz, et obligèrent le reste de se retirer dans Brignoles, mais ils en perdirent presque autant. Ledit parlement a écrit à la cour qu’il n’avait fait attaquer les troupes du comte d’Alais que sur la lettre que le cardinal lui avait écrite, par laquelle il mandait qu’il entendait que ce comte exécutât ponctuellement tout ce qui était porté par le traité et qu’il n’y eût aucune troupe qui logeât autour d’Aix ni fît aucun désordre dans la province. »


  1. Le 15.

  2. Le 22.

26.

Montmorency (Val-d’Oise), à 13 kilomètres au nord de Paris, avait été un fief des Montmorency depuis le xe s., mais Louis xiii l’avait confisqué après l’exécution de Henri ii de Montmorency en 1632 (v. note [15], lettre 12). Comme Chantilly (v. note [12], lettre 70), il avait depuis été rendu à la princesse de Condé, sœur de Henri ii et mère de M. le Prince. Sannois (même département) se situe à huit kilomètres au sud-ouest de Montmorency.

27.

« Adieu et aimez-moi. »

Vallier (Journal, tome i, pages 342‑344) a détaillé les deux attentats sacrilèges que Guy Patin venait de relater (en inversant leur ordre chronologique) :

« Enfin, le dérèglement fut si grand partout qu’il s’étendit même jusqu’aux choses les plus saintes et sacrées. Le lendemain de la fête de la Pentecôte, 24e mai, {a} un grand laquais, étant à la messe dans l’église du village de Sannois, fut tenté d’une curiosité bien horrible et criminelle : lorsque le prêtre eut remis l’hostie sur l’autel après l’avoir élevée et montrée au peuple, ce malheureux, qui était derrière lui, se leva promptement et tout d’un coup, se saisit et prit entre ses mains profanes ce précieux gage de notre salut ; ceux qui en étaient les plus proches lui sautèrent incontinent au collet et le lui ôtèrent sans aucune fraction, {b} puis le remirent sur l’autel avec toute la révérence qu’ils purent, en sorte que le sacrifice n’en fut presque point interrompu. Après lequel, comme l’on pressa ce sacrilège de dire ce qu’il prétendait faire et quelle était son intention, il répondit froidement qu’il ne pensait pas avoir commis un si grand crime et qu’il voulait voir seulement s’il y avait quelque autre chose que du pain en ce qu’il avait pris. Alors il fut mis entre les mains de la justice du lieu et ensuite amené dans les prisons de la Cour ecclésiastique de Paris ; d’où ayant été renvoyé par devant le bailli de Montmorency pour lui être fait et parfait son procès, il y fut condamné à faire amende honorable devant l’église dudit Sannois et y avoir la main droite coupée, à être pendu et étranglé, et son corps jeté au feu ; de quoi s’étant porté pour appelant au Parlement, il en sortit enfin plus favorablement qu’il ne méritait, sur le témoignage que le sieur Gorillon, son maître, rendit {c} au rapporteur de l’affaire de la simplicité naturelle de son domestique, plus digne de compassion, disait-il, que de châtiment. {d}

Cet épouvantable attentat fut suivi d’un autre, presque tout semblable, dans l’église des pères de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré de cette ville, {e} où un jeune homme de bonne famille d’Orléans et beau-frère d’un des plus sages conseillers du Parlement, aidant à dire la messe, comme novice de la Maison, fut atteint d’une si ardente frénésie et d’une aliénation d’esprit si subite que, se jetant sur le célébrant au moment qu’il remettait l’hostie sur l’autel, il le renversa par terre et lui donna quelques coups de poing et de pied ; mais s’étant promptement relevé et remis à l’autel, il {f} ne laissa pas d’achever son sacrifice avec la même dévotion, après toutefois que l’on eut fait retirer ce dangereux fol et qu’on lui eut substitué un autre religieux. » {g}


  1. 1649.

  2. Sans le briser du tout.

  3. Témoigna.

  4. « Ce laquais s’appelait Nicolas Jouy » (note de Courteault).

  5. Paris.

  6. Le prêtre.

  7. Cette seconde agression a été le sujet d’un libelle anonyme : Récit véritable d’une action profane et extravagante, arrivée vendredi dernier, 11e juin 1649, à la messe du R.P. Benoist, prêtre de l’Oratoire, dans leur église de Saint-Honoré à Paris, sur les sept à huit heures du matin (Paris, François Preuveray, 1649, in‑4o).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 11 juin 1649

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0181

(Consulté le 24/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.