Le 18e de novembre. J’écrivis à M. Ravaud [2] le 16e de novembre et le même jour, je vous écrivis aussi par la même voie, je ne doute point qu’il ne vous ait rendu ma lettre. Depuis ce jour-là, il est ici mort un intendant des finances nommé M. Charon, [3] à la place duquel on a mis un Lyonnais, mais natif de Bâle, [4] nommé M. Hervart, [5] duquel vous savez plus de nouvelles que moi. [1] J’ai trouvé aujourd’hui un autre Lyonnais (duquel je ne vous saurais dire les qualités si ce n’est qu’il a épousé une belle fille d’ici près, il s’appelle M. Henry, [6] son beau-père est M. Thibaut, [7] avocat au Conseil) curieux de livres et qui m’a dit que l’on imprimait le Sennertus [8] à Venise. Je ne sais s’il en voudrait à MM. Ravaud et Huguetan, [9] mais il m’a dit cette nouvelle avec grande joie et comme s’il y prenait grande part. [2] Il m’a dit aussi que l’on imprimait à Londres la Philosophie d’Épicure avec les animadversions de M. Gassendi [10] (d’autres disent qu’on l’imprime en Hollande aussi) ; [3] que des trois volumes on n’en faisait qu’un, auxquels on ajouterait aussi le volume in‑4o de Vita et moribus Epicuri ; et que l’impression allait en telle diligence qu’il y en aurait ici à vendre à la foire de Saint-Germain. [4][11] Je lui ai aussitôt répliqué que M. Barbier, [12] libraire de Lyon, lequel en a le privilège, ne manquerait pas de les faire saisir (comme a fait M. Meturas [13] < pour > les deux exemplaires de l’Encheiridium anatomicum et pathologicum Riolani imprimé à Leyde [14] in‑8o avec des figures anatomiques, que le libraire Vlacq [15] avait fait ici venir, à ce qu’il dit, pour M. Riolan et pour moi) ; [5] mais il m’a répliqué que les Anglais y donneraient bon ordre ; ce qu’ils auront bien de la peine à si bien faire qu’ils ne soient découverts, principalement s’ils les exposent à la foire où tout se voit. [16] Si ledit M. Barbier est de vos amis ou votre connaissance, je pense qu’il serait bon de l’en avertir. Je le ferais de bon cœur à cause que j’aime et honore fort M. Gassendi, et que ce procédé des Anglais est une fourberie qui va contre le droit des gens et peut-être aussi bien fort contre l’intérêt du dit M. Barbier auquel, si vous le jugez à propos, vous en donnerez avis, et je pense qu’il n’en sera pas marri ; et même, je m’offre le servir de deçà en cette occasion et en toute autre si je le puis faire. L’affaire de M. Hervart n’est pas encore tout à fait conclue, la reine [17] y résiste et dit que sa conscience y répugne à cause de sa religion. [6] On dit que le Mazarin [18] le voudrait installer en cette charge pour le récompenser du grand service qu’il lui rendit durant notre guerre, en ce qu’il fit trouver et fournir presque sur-le-champ la somme de 800 000 livres, qui furent employées à débaucher la plupart des Allemands de l’armée de M. le maréchal de Turenne [19] qui venait pour nous contre le Mazarin ;[1] lequel et tous les autres qui étaient à Saint-Germain [20] eurent si peur du dit maréchal et de son armée que cela les fit penser tout de bon à traiter de la paix avec nous, et c’est ce qui engendra la conférence de Rueil. [7][21] Joint que d’autres très puissantes causes les y obligeaient : 1. qu’ils n’avaient plus d’argent à Saint-Germain et qu’ils ne savaient où en prendre à l’avenir ; 2. qu’ils voyaient une disposition d’une proche rébellion par toute la France, ce qui eût introduit une anarchie et accoutumé les paysans à ne plus payer la taille ; [22] 3. qu’ils voyaient l’Espagnol sur la frontière, qui était tout prêt d’entrer et de venir jusqu’ici. [8] Voilà les principales causes qui ont obligé la reine de traiter de la paix et de se dépouiller de l’envie qu’elle avait de se venger de Paris, pour n’avoir point souffert toutes les coyonneries et les tyrannies de son favori. Nouvelles sont ici arrivées que M. le maréchal de La Meilleraye [23] était réduit à l’extrémité en Poitou (il n’est pas mort), son fils [24] y est couru en poste. [9] M. le maréchal de Schomberg [25] est ici fort malade d’une rétention d’urine [26] (il est guéri). [10] M. d’Émery, [27] le surintendant, est encore en danger. Ses accès de quarte [28] durent douze heures quelque remède qu’on lui donne, et est enflé ou bouffi par tout le corps. Tous les siens ont peur d’une hydropisie. [29] Le 21e de novembre, son curé le réconcilia avec sa femme, [11][30][31] avec laquelle il était fort mal il y a longtemps ; et puis le Saint-Sacrement lui fut porté. Le 23e de novembre à 8 heures du soir, Mme de Beauvais, [32] première femme de chambre de la reine, fut disgraciée, et reçut commandement de se retirer de la cour et de s’en aller en sa maison des champs. Cette disgrâce est tant plus remarquable à la cour que cette dame était une de celles qui y avait le plus grand crédit, laquelle couchait dans la chambre de la reine, et qui était la plus grande confidente de sa maîtresse, et du Mazarin aussi. On lui ôta en même temps toutes les clefs qu’elle avait. [12]
On a ici tout de nouveau imprimé à l’Imprimerie du Louvre [33] les Mémoires de Philippe de Commynes, [34] in‑fo de beau grand papier et fin, avec des notes de Denis Godefroy. [13][35] Le livre est beau mais bien cher, et se vend une pistole en blanc. Un libraire du Palais m’a dit aujourd’hui que l’on a réimprimé à Amsterdam [36] les Mémoires de M. de Sully [37] en deux volumes in‑fo que l’on peut relier tout en un ; et que l’on imprime ici en cachette les Mémoires du défunt P. Joseph, [38] qui était un méchant pendard de capucin [39] qui mourut il y a onze ans, et qui avait servi par plusieurs années de secrétaire au cardinal de Richelieu [40] et qui avait été un des plus violents instruments de sa tyrannie. Si cela se découvre, je pense que le magistrat en fera bientôt arrêter et supprimer l’édition. Celui qui m’a dit ces nouvelles éditions est un libraire du Palais, et par conséquent de foro et genere mendacium ; [14][41] je pense qu’il m’a menti du lieu et que c’est à Rouen que ces livres s’impriment. Nous avons ici un livre nouvellement venu de Hollande in‑4o qui est intitulé Ioannis Dallæi de pœnis et satisfactionibus humanis, libri septem. [15] C’est un des ministres de Charenton, [42] nommé M. Daillé, [43] qui en est l’auteur. Ce livre me plaît particulièrement en ce que le saint et sacré feu de purgatoire [44] des moines y est merveilleusement bien agité. C’est un présent que l’on m’a fait en blanc, j’espère d’en faire mon profit quand il sera relié. Je me suis mainte fois rencontré avec des moines [45] qui en disputent bien mal et qui font bien mieux leur profit des bonnes rentes que ce feu, si utilement pour eux inventé, leur a engendrées qu’ils n’en défendent l’existence. Deux jours après que la Mme de Beauvais a été chassée par la reine, elle a pareillement chassé de la cour le marquis de Jarzé [46] qui était en haute intelligence avec ladite Beauvais pour des amourettes de haute gamme, et qui prenaient le train de ruiner le Mazarin bien vite et de l’empêcher de nous faire du mal une autre fois. Mais de malheur, Dieu, qui laisse vivre et fait durer les tyrans longtemps pour la punition des peuples et pour exercer la patience des gens de bien, a permis que le marché qui était déjà bien avancé ait été découvert au dit Mazarin par le malheureux babil de cette femme la B., lequel Mazarin a mis ordre pour en empêcher la conséquence, et en a fait pour lui et pour sa conservation ce qu’il devait ; car autrement, il était perdu sans ressource. [16]
Ce 1erde décembre. Tout ce que dessus sont les chétives nouvelles de deçà. Maintenant je m’en vais commencer à faire réponse à la vôtre dernière que j’ai reçue ce matin, 1er jour de décembre, et laquelle, sans vous flatter (nec putes tibi verba dari), [17] m’a donné une joie et une consolation extraordinaire. Est-ce tout de bon que vous me dites que vous gardez mes lettres très chèrement ? [47] Je n’ai jamais eu cette opinion qu’elles pussent mériter cet honneur ; mais d’une autre part, prenez garde qu’elles ne vous fassent tort, ou à moi aussi, pour la liberté avec laquelle je vous écris quelquefois de nos affaires publiques, si mieux n’aimez tout d’un coup en faire un sacrifice à Vulcain, [48] que Catulle, [49] in pari casu, [18] a de bonne grâce nommé Tardipedem Deum ; [19] tout au pis aller et quoi que vous en fassiez, j’y consens. Quand M. Du Rietz [50] passa par ici, il m’envoya une lettre qu’il avait pour moi de M. Sorbière, [20][51] en attendant qu’il me viendrait voir. Celui qui me l’apporta céans de sa part était un écolier en médecine de ma connaissance [52] qui me confessa que M. Du Rietz lui avait défendu de m’enseigner sa maison ; [21] et de fait, si je l’eusse su, comme j’étais bien informé de ses qualités et bonnes conditions, je n’eusse pas manqué de le visiter. Quelques jours après, on me rapporta qu’il était parti pour Languedoc, qu’il me baisait les mains et que notre entrevue serait à son retour. Dieu lui en fasse la grâce comme d’une chose que je souhaite fort. J’apprends ici de bonne part que la reine de Suède [53] a envoyé son tableau à M. de Saumaise [54] et qu’outre ce présent, elle l’a invité d’aller la voir en Suède ; à quoi il a répondu sur-le-champ qu’il faisait pour lui, qui était maigre, trop froid en Suède et trop chaud en Angleterre, sur la peur qu’il aurait d’être pris sur mer par les Anglais contre lesquels il écrit une défense pour leur roi. [22][55] Il est depuis un mois au lit affligé de la goutte. [56] J’honore de tant plus la reine de Suède, qui aime les lettres et les lettrés. Si elle continue, je ne doute point qu’enfin, et dans la postérité, elle ne fasse autant parler de soi et qu’elle ne devienne par cette bonne inclination autant illustre que le feu roi son père [57] l’a été par ses armes, par ses hardies entreprises et ses grandes victoires. [23]
Le blé ramende ici tant soit peu, mais on promet qu’il continuera de ramender ; et combien que la cherté en soit grande, on se console de ce qu’on espère qui arrivera. Je vous remercie du petit billet que j’ai trouvé dans votre lettre ; mais d’autant qu’il n’est point de votre écriture, je vous prie de me mander qui l’a écrit. Au reste, j’accepte l’offre de ladite Bible pour douze livres. [24][58] Je vous supplie que M. Ravaud m’en mette une belle et bien choisie, en blanc, dans la première balle qu’il enverra à Paris, afin qu’elle me soit rendue franc de port ici par celui qui recevra sa balle ; et moi, je donnerai ordre de le faire payer de delà pour ledit livre et pour le port. Je le prie aussi d’y ajouter un compendium des œuvres de Diana [59] qu’il m’a promis lorsqu’il fut ici il y a un an passé ; [25] et en attendant, je vous prie d’être envers lui ma caution de ladite somme ; mais qu’il se souvienne du libraire à qui il l’adressera, de peur qu’il ne nous en arrive autant qu’au Perdulcis [60] de M. Carteron, [61] duquel je n’ai jamais ouï parler depuis et que je pense dorénavant être perdu puisque personne de deçà ne m’en donne des nouvelles. [26] M. d’Émery est toujours malade. On ne dit pas encore qu’il soit hors de danger, combien qu’il ait déjà pris bien des remèdes, et entre autres du sirop de roses pâles [62] qui le fait aller à la selle 40 fois par jour : c’est de l’antimoine [63] qu’on y mêle. Votre M. Hervart n’est point encore intendant des finances ; et je doute s’il le sera, vu que la reine a dit qu’elle était retenue de ce faire par sa diversité de religion. Le grand service qu’il a rendu fut durant notre guerre, en ce qu’il fit promptement et prestement trouver les deniers nécessaires pour débaucher les principaux officiers de l’armée du maréchal de Turenne, lequel venait en deçà pour nous contre le Mazarin ; [7] en quoi il a fait grand bien au Mazarin et tort à nous, voire même à toute la France. Pour moi, je ne tiens ce M. Hervart digne d’aucune récompense pour ce service rendu au Mazarin qui est aussi naturellement le plus ingrat de tous les hommes ; mais quand il le sera, je dirai de lui ce vers de Juvénal : [64]
Sic vivitur, ainsi va le monde. Plût à Dieu que le P. Théophile Raynaud [65] nous fît voir son livre de iusta confixione librorum. [28] Si vous en avez quelque commodité, faites-lui en écrire quelque mot et l’invitez à mettre ce livre en lumière. Je crois qu’il pourrait servir à plusieurs sortes de gens en bien des façons. Les deux portraits de MM. de Saumaise et de Grotius, [66] avec celui du feu père Cousinot, [67] sont partis pour Lyon dans le paquet que je vous ai adressé et qui vous doit être rendu franc de port par un libraire de Lyon nommé M. Devenet ; [68] dans lequel vous trouverez pour vous Philiberti Guyberti Medicus officiosus, qui est le Médecin charitable [69] en latin ; mais à propos, je m’arrête, il me semble que par ci-devant je vous ai mandé le contenu du paquet. [29] Le reste est pour M. Volckamer, [70] quæ quidem singula bonæ tuæ fidei commendo. [30] M. Meturas ne fait point de difficulté de croire que c’est sa faute propre toute pure d’avoir mal collationné le livre de M. Riolan. [5] Je renvoie le cahier qui manque à M. Volckamer. Ne me remerciez point de ce que je vous envoie, tout cela est trop peu de chose. Depuis que notre paquet est parti, j’ai ici deux autres livres pour vous qui serviront de commencement à quelque autre paquet pour le mois prochain. Pour l’épître du Sennertus, puisque MM. Huguetan et Ravaud me veulent faire cet honneur, et vous aussi, je le veux pareillement bien. Vous y mettrez tout ce qu’il vous plaira, mais à la charge que vous vous y mettrez vous-même, afin que la postérité sache que j’ai eu un ami de votre trempe et de votre mérite, quod in magna fælicitatis meæ parte duco. [31] Pour le décorum des personnes qui m’adresseront cette épître, ne vous y arrêtez pas si fort, mettez et dites hardiment. Si cela ne sert fort pour le présent, au moins cela sera bon pour l’avenir. J’ai des enfants qui pourront quelque jour en avoir d’autres, et qui seront bien aises de voir là-dedans quelque chose de bon de leur aïeul. [32] Je puis dire de bon cœur avec Martial, [71] Si post fata venit gloria, non propero, [33] et je sais bien que toute cette réputation du monde après notre mort n’est qu’une fumée ; [72] et néanmoins, je me console de ce que je suis en très bonne part, en deux fois diverses, dans les registres de notre École, dont la première est de l’an 1642 quand je plaidai et gagnai ma cause contre le Gazetier, [73] par-devant 17 maîtres des requêtes, aux Requêtes de l’Hôtel ; [74][75] la seconde est de l’an 1647 contre les apothicaires, [76] au parquet devant Messieurs les Gens du roi ; [34][77] outre que j’y suis marqué comme celui qui y a passé par toutes les charges de l’École, hormis du doyenné, [78] auquel j’ai déjà été nommé trois diverses fois, mais je suis toujours demeuré au fond du chapeau [79] (sortes in urnam mittuntur, sed temperantur a Domino) ; [35] peut-être que Dieu n’a pas voulu que j’eusse tant de peine que donne cette charge, qui est très pénible et laborieuse. Par provision, vous y pouvez parler de livres, de bibliothèque, de malades, de bonne méthode, de bonnes inclinations à bien faire en tout, à servir le public, de n’être ni charlatan, ni chimiste [80] et d’avoir plusieurs bons amis, tant en France qu’aux pays étrangers ; sed frustra sum, [36] vous savez mieux que moi ce qu’il faut dire. Nous avons le livre de Diis Germanis, [37][81] < et > les œuvres de Helmontius [82] qui était un enragé. M. Riolan [83] l’a connu à Bruxelles : [38][84] les jésuites le voulaient faire brûler pour magie, la feu reine mère [85] le sauva parce qu’il lui prédisait l’avenir, étant induite à cela par un certain Florentin nommé Fabbroni, [86] qu’elle avait près de soi, qui la repaissait de ces vanités astrologiques ; [87] et se trouve que ce Fabbroni était gagné par le cardinal de Richelieu [88] pour perdre cette pauvre princesse, ce qu’ils firent à la fin. [39] Pour les deux Italiens, je les ai vus tous deux. [40] Pour la penderie, [89] elle ne va ici guère fort, je pense que le bourreau y mourra de faim à la fin, tandis que le pain est si cher. [90] Vous diriez que les juges n’oseraient plus condamner personne de peur que le peuple n’empêche l’exécution. On fit pourtant ici la semaine passée une dissection à nos Écoles d’un voleur de grand chemin. [91] Et plût à Dieu que ce fût le dernier, tant des grands et petits que des champs et de la ville.Ille crucem pretium sceleris tulit, hic diadema. [27]
Un de nos libraires, hominum genus mendacissimum et prope mendicum, [41][92] aussi bien que les chimistes, m’a dit qu’on imprimait à Lyon Opera omnia Varandæi [93] in‑4o. Je fais grand état de l’auteur, mais cet ouvrage ne réussira pas si la copie n’a été revue et bien corrigée, vu qu’il y avait bien des grosses fautes en divers endroits, et surtout en son traité de morbis mulierum et dans ses formules. [42] Comme j’écrivais ce dernier mot de formules, voilà qu’on me rend une lettre qu’un de mes amis m’a envoyée de Hollande, dans laquelle j’apprends que l’on imprime à Leyde un Valère Maxime [94] cum omnium notis, [43] Gronovii Notas in Lucium et Marcum Annæos Senecas, [44][95] un autre livre, Diatriba de lithiasi, fait par un médecin anglais, nommé Gualterus Carleton, [45][96] et la Vérité de la religion Chrétienne de M. Duplessis-Mornay [97] in‑4o de cicéro avec des additions. [46] Le livre de M. de Saumaise est intitulé Defensio regia, [22] il est in‑fo de gros romain, il y en a 90 feuilles de faites ; le cahier est à deux feuilles. [47] Ledit sieur de S.< aumaise > est au lit de la goutte, comme je vous ai dit par ci-devant. J’apprends par la même lettre que M. Walæus [98] est mort à Leyde sans avoir été regretté, d’autant que M. Spanheim, [99] qui était de delà fort aimé, mourut quasi inopinato et insperato, [48] d’un remède que ledit Walæus lui donna lui-même, qu’on appelle en ce pays-là de l’antimoine ; [100] ce sont les mots de l’écrivain. Je hais tant plus ce diabolique remède qui, outre tant d’autres, a encore tué ce pauvre M. Spanheim à l’âge de 48 ans. Il aurait encore pu vivre 20 ans entiers si potuisset carere isto malo medico, [49] et en ce cas-là, il nous eût encore donné quelques bons livres. Et ainsi le médecin n’est pas à plaindre qui s’est tué lui-même de ce remède dont il en a tué ce bon et savant M. Spanheim que je regretterai toujours.
Le Mazarin a fait donner ordre d’envoyer et faire marcher environ 6 000 hommes vers Bordeaux [101] pour aider M. d’Épernon, [102] dont les uns prennent le chemin de Chartres [103] et du pays du Maine ; les autres vont de Champagne en Bourgogne par le plus long chemin, afin de manger toujours le paysan en chemin. On croit ici que jamais la moitié entière de toutes ces troupes n’arrivera à Bordeaux, et qu’ils se défileront et dissiperont en chemin, ou que les paysans les assommeront ; joint que l’on croit qu’il faut bien d’autres forces que tout cela pour donner la loi aux Bordelais qui sont aujourd’hui de beaucoup les plus forts. On ne laisse point de traiter de leur paix en attendant. Un maître des requêtes m’a dit ce matin qu’on leur avait accordé tout ce qu’ils demandaient, ôté l’article de M. d’Épernon que l’on veut qu’il leur reste pour gouverneur et eux n’en veulent point absolument. [50] Deux hommes ont été aujourd’hui, 2d de décembre, pendus et étranglés pour fausse monnaie [104] tout à l’entrée de la rue Saint-Denis, [105] vis-à-vis le grand Châtelet. [106]
Je vous supplie très humblement de dire à M. Garnier [107] que j’ai reçu ses deux lettres, l’une par la poste et l’autre des mains mêmes de M. Vedan, apothicaire de Lyon [108] qui est un honnête homme, et que je lui promets de le servir aux deux procès qu’il a à la Cour, vu qu’à l’un et à l’autre j’ai plusieurs amis. [51] Mais je le prie de m’excuser si je ne lui écris, vu qu’outre le peu de loisir que j’ai, je n’ai que cela à lui mander pour le présent. Quand il y aura autre chose digne de lui être mandé, je lui en écrirai exprès. Et puisque je suis en train de vous prier, faites-moi pareillement la grâce d’assurer le noble et généreux M. Gras [109] de mon très humble service ; et lui dites, s’il vous plaît, que je le prie de croire que je ne l’ai point du tout oublié, qu’au contraire je pense à lui tous les jours pour le moins une fois, et à vous plus de six fois tout au moins. Si l’occasion se présente, je vous prie aussi de faire mes très humbles recommandations à M. Falconet, [110] afin qu’il ne croie point que je l’aie oublié. À la première occasion que j’aurai, je leur écrirai.
M. Mauger [111] est ici de retour de sa cavalcade, savoir de Lyon et de Bretagne, Poitou et La Rochelle. [112] Il m’avait déjà écrit tout le bon accueil que vous lui aviez fait, mais il m’en a tant raconté d’autres à son retour que je suis tout confus de toutes les courtoisies que vous lui avez faites, et je vous en remercie de tout mon cœur. Je vous envoie un mot écrit de sa main par lequel je crois qu’il vous remercie. J’écris aussi un mot à M. Ravaud, tant pour l’épître du Sennertus [32] que pour le remercier du beau présent qu’il m’a fait des œuvres d’Alstedius [113] en quatre volumes in‑fo, [52] et lui envoie pareillement un mot du dit sieur Mauger. Mon fils aîné [114] répondra jeudi prochain, Dieu aidant, de sa troisième thèse. [53][115] Je vous en envoie une épreuve en attendant que vous en trouviez nombre d’autres exemplaires dans le premier paquet que je vous enverrai au plus tôt.
Enfin, comme nous voilà dans le dernier mois de l’an 1649 et qu’il y a grande apparence que je ne vous écrirai plus que l’an prochain, faute de matière, je prie Dieu qu’il vous conserve, ce mois qui reste et toute l’année qui approche, vous et toute votre famille et tout ce qui vous appartient, en bonne santé. Je vous demande aussi très instamment le bien et l’honneur de la continuation de vos bonnes grâces, qui me sont si utiles et si salutaires, à la charge que je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Patin.
De Paris, ce vendredi 3e de décembre 1649.
Je vous prie très humblement d’une faveur de me vouloir faire chercher dans Lyon, chez les libraires qui ont des livres étrangers ou qui servent les jésuites, le suivant : Iulii Nigronii Regulæ communes Societatis Iesu, commentariis asceticis illustratæ, in‑4o. [116] Il a été autrefois imprimé à Milan, deux fois, et une fois à Cologne. [117] Il ne m’importe lequel ; néanmoins celui de Cologne est le meilleur de tous ; en blanc ou relié, il ne m’importe. Ce livre n’est pas bon et n’est ici rare que pour avoir été négligé. Je le souhaite néanmoins pour le mettre avec les autres traités du même auteur ; [54] joint que si je l’avais présentement, il me servirait par quelque chose. Vous m’obligerez de me l’acheter si vous le trouvez, je vous en rendrai le prix tel qu’il vous aura coûté, et m’obligerez bien fort. [55][118]
Ms BnF no 9357, fos 67‑68 et 70 (pour le post‑scriptum) ; Reveillé-Parise, no ccxviii (tome i, pages 499‑503) ; Jestaz nos 21 et 21 bis (tome i, pages 550‑563).
Claude Le Charon avait été l’un des quatre intendants des finances nommés en 1643 avec Jacques Tubeuf, Séraphin de Mauroy (v. note [16], lettre 443) et Pierre Mallier de Moncharville. On leur en avait adjoint quatre supplémentaires en 1649 : Jacques Le Tillier, Jacques Bordier, Guillaume de Bordeaux et Étienne Foulle.
Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome i, page 780, novembre 1649) :
« M. Le Charon, intendant des finances de France et procureur général de la reine, laissa vers le même temps ces deux belles charges vacantes par sa mort. »
Barthélemy Hervart (ou Herwarth ; Augsbourg en Bavière, et non Bâle en Suisse, 1607-Tours 1676), fils d’un banquier d’Augsbourg installé à Lyon, avait fondé une importante maison de banque à Paris et rendu de grands services à la Couronne de France en prêtant au trésor royal (moyennant de lucratifs intérêts) des sommes considérables. Ç’avait notamment été le cas en 1640 lorsque Bernhard de Saxe-Weimar, mécontent de Richelieu, s’était apprêté à changer de parti ; et plus décisivement encore en mars 1649, lorsque Turenne avait menacé de faire fondre ses troupes sur Paris au secours des frondeurs (v. infra note [7]). Le cardinal n’avait pas été ingrat (Lettre de Mazarin à Hervart, de Rueil, le 7 mars 1649 ; Mazarin, tome iii, page 308) :
« Leurs Majestés et tout le Conseil ont les satisfactions de vous que méritent le zèle et la passion que vous témoignez si utilement pour le bien de l’État, et je puis vous répondre aussi que vos services ne demeureront pas sans récompense. Il me semble qu’il y a quelque temps vous me parlâtes de certaine chose qui pouvait vous accommoder et donner de l’honneur ; et comme je ne m’en souviens pas, je vous prie de me le mander afin que je commence à vous faire paraître, par quelque effet solide, que je suis votre ami de la bonne sorte. »
En décembre 1649, Mazarin proposait Hervart pour une intendance des finances. Il l’obtint en 1650, mais cela n’était pas allé sans quelques difficultés (v. infra note [6]). Conseiller d’État et contrôleur général des finances en 1657, Hervart fut notamment chargé d’espionner le surintendant Fouquet dont il contribua, aux côtés de Colbert, à précipiter la perte. Hervart se montra le zélé soutien de ses coreligionnaires. Grand amateur de jeu, il lui arrivait parfois de perdre jusqu’à 100 000 écus dans une séance (G.D.U. xixe s. et Dessert a, no 243). Hervart acheta le château de Saint-Cloud en 1655 et le revendit 240 000 livres à Louis xiv pour en faire la demeure de son frère cadet, Philippe, duc d’Anjou. Marié à Esther Wimar, son second fils, Anne, devint conseiller au Parlement de Paris (v. note [4], lettre 605).
Les Opera de Daniel Sennert allaient paraître à Lyon en 1650 (v. note [20], lettre 150). On trouve trace d’une édition vénitienne (catalogues de la Wellcome Library, et de la Library of Congress) : Danielis Sennerti Opera omnia [Œuvres complètes de Daniel Sennert] (Venise, Franciscus Baba, 1641, 3 volumes in‑fo) ; elle est antidatée de 10 ans par rapport aux indications de Guy Patin, sans doute parce qu’il s’agit d’une contrefaçon de l’édition parisienne de 1641 (v. note [12], lettre 44).
Parenthèse que Guy Patin a ajoutée en marge du manuscrit. Les Petri Gassendi Animadversiones in decimum librum Diogenis Lærtii… [Remarques de Pierre Gassendi sur le dixième livre de Diogène Laërce (consacré à Épicure)…] avaient été publiées à Lyon chez Guillaume Barbier en juillet 1649 (v. note [1], lettre 147) ; je n’en ai pas trouvé d’édition anglaise ou hollandaise dans les catalogues.
V. note [1], lettre 147, pour le livre de Gassendi « sur la Vie et les règles d’Épicure » (dont on ne trouve pas non plus d’édition contrefaite).
La foire (v. note [10], lettre 76) Saint-Germain à Paris, établie de date fort ancienne (mais imprécise) par les religieux de l’abbaye de Saint-Germain, était passée entre les mains royales au xiie s. et avait connu depuis lors une histoire à éclipses. Du temps de Guy Patin, elle commençait le 2 février (fête de la Purification de Notre-Dame) et durait plusieurs semaines. Les marchands se répartissaient dans plus de 400 loges installées à demeure sur le terrain où s’élève aujourd’hui le marché Saint-Germain et s’étendaient jusqu’à l’extrémité de la rue de Tournon, et aux environs du Luxembourg et de Saint-Sulpice. Elles formaient neuf rues qui se coupaient à angles droits et se trouvaient abritées par une charpente immense. Les rues se distinguaient par les noms des métiers qui y mettaient leurs étalages. Cette gigantesque réunion commerciale était l’occasion de toutes sortes de trafics et de débauches.
V. note [45], lettre 192, pour la contrefaçon du Manuel anatomique et pathologique de Jean ii Riolan.
Journal de la Fronde (volume i, fos 132 vo et 135 ro) :
« La charge d’intendant des finances qui a vaqué par la mort de M. Le Charon est donnée à M. Hervart, banquier de Lyon, lequel l’a prise pour cent mille écus en déduction de ce qui lui est dû par le roi. M. Hervart ayant remercié ce matin {a} la reine pour sa nouvelle charge d’intendant, < elle > lui a dit qu’elle ne savait pas qu’il était huguenot et qu’elle ne pouvait lui donner cette charge. […]
M. Hervart {b} n’ayant pas voulu changer sa religion calviniste n’a pas eu la charge d’intendant des finances qu’on lui avait offerte à cette condition ; néanmoins, quelques-uns veulent que cette condition n’ait été mise en avant que depuis quatre ou cinq jours qu’il s’est présenté quelqu’un qui offre de l’argent comptant de cette charge. »
- Le 19 novembre 1649.
- Le 26 novembre.
Les pourparlers qui avaient mené à la paix de Saint-Germain, le 1er avril 1649 s’étaient d’abord tenus à Rueil, du 4 au 11 mars, puis à Saint-Germain, du 16 au 30 mars (v. note [1], lettre 170).
Retz (Mémoires, pages 488 et 491-492) :
« Le 8 mars 1649, se souvient le coadjuteur, M. le prince de Conti dit au Parlement que M. de Bouillon, que la goutte avait repris avec violence, l’avait prié de dire à la Compagnie que M. de Turenne {a} lui offrait sa personne et ses troupes contre le cardinal Mazarin, l’ennemi de l’État. J’ajoutai que, comme je venais d’être averti qu’on avait dressé la veille une déclaration à Saint-Germain par laquelle M. de Turenne était déclaré criminel de lèse-majesté, je croyais qu’il était nécessaire de casser cette déclaration, d’autoriser ses armes par un arrêt solennel, d’enjoindre à tous les sujets du roi de lui donner passage et subsistance, et de travailler en diligence à lui faire un fonds pour le paiement de ses troupes et pour prévenir le mauvais effet que 800 000 livres, que la cour venait d’envoyer à Erlach pour les débaucher, y pourraient produire. Cette proposition passa tout d’une voix. La joie qui parut dans les yeux et dans les avis de tout le monde ne se peut exprimer.
[…] Enfin, M. le cardinal Mazarin trouvait toutes les portes de la négociation, qu’il aimait passionnément, ou fermées ou embarrassées, dans une conjecture où ceux mêmes qui n’y eussent pas eu d’inclination eussent été obligés de les chercher avec empressement parce que, dans la vérité, il n’y avait plus d’autre issue dans la disposition où était le royaume. Ce désespoir, pour ainsi parler, de négociation fut par l’événement {b} plus utile que la négociation la plus fine ne la lui eût pu être ; car il ne l’empêcha pas de négocier, le cardinal ne s’en pouvant jamais empêcher par son naturel ; et il fit toutefois que, contre son ordinaire, il ne se fia pas à sa négociation ; et ainsi, il amusa nos généraux {c} cependant qu’il envoyait 800 000 livres qui enlevèrent à M. de Turenne son armée, et qu’il obligeait les députés de Rueil à signer {d} une paix contre les ordres de leur Corps. {e} M. le Prince m’a dit que ce fut lui qui fit envoyer les 800 000 livres et je ne sais même si il n’ajouta pas qu’il les avait avancées, je ne m’en ressouviens pas précisément. »
- Son frère.
- L’issue qu’il trouva.
- Frondeurs.
- Le 11 mars.
Le Parlement. Retz n’a pas nommé Hervart, mais c’est bien lui, comme le disait Guy Patin à Charles Spon, qui avait avancé l’énorme somme.
L’armée de Turenne était formée de mercenaires allemands, les Weimariens (v. note [7], lettre 27), qui servaient celui qui les payait le mieux. Mazarin avait eu connaissance de leurs premières défections le 6 mars au soir, mais ne fut prévenu de la fuite de Turenne en Hollande que le 13, et redoutait encore dix jours plus tard un retournement de la situation (Bertière a).
Les motifs donnés par Guy Patin ont été longuement développés par les mémorialistes et historiens de la Fronde, et évoqués au fil des précédentes lettres : alliance manquée in extremis de Turenne et de son armée avec les frondeurs (v. supra note [7]) ; soutien offert par les Espagnols au Parlement sous condition de paix (v. note [5], lettre 175) ; révoltes fiscales dégénérées en guerres ouvertes, en Provence (parlement d’Aix contre le comte d’Alais) et surtout en Guyenne (parlement et ville de Bordeaux contre le duc d’Épernon). S’y ajouta la consternation générale que causa la nouvelle, parvenue à Paris le 19 février, de l’exécution du roi Charles ier d’Angleterre (v. note [118], lettre 166), point culminant de la deuxième guerre civile britannique (1647-1649) ; Montglat (Mémoires, page 210). :
« Durant ces négociations, on eut nouvelle que le roi d’Angleterre avait été décapité à Londres sur un échafaud ; ce qui fit frémir d’horreur tous les deux partis, tant cette action fut trouvée méchante, et sans exemple, que des sujets eussent fait mourir leur roi par justice. »
Charles de La Porte, maréchal duc de La Meilleraye (v. note [8], lettre 47) n’allait mourir qu’en février 1664 ; v. note [33], lettre 291, pour son fils, Armand-Charles. Le domaine de La Grande-Meilleraye se situe à 7 kilomètres au sud de Parthenay, en Poitou.
Charles de Schomberg (ou Schonberg), duc d’Halluin, comte de Nanteuil-le-Haudouin (Oise) et de Duretal, marquis d’Épinay, pair de France (1600-Paris 6 juin 1656), était fils de Henri de Schomberg, maréchal de France en 1625. Charles avait été élevé comme enfant d’honneur auprès de Louis xiii. Il avait épousé en 1620 Anne de Meignelais, devenant le cousin par alliance du coadjuteur, Gondi. En récompense de ses valeurs guerrières au service de la Couronne, il avait été fait chevalier de l’ordre du Saint-Esprit (1633), et reçu le gouvernement du Languedoc et de la citadelle de Montpellier. Sa victoire sur les Espagnols près de Leucate (v. note [9], lettre 51), le 28 septembre 1636, lui avait valu d’être promu maréchal de France (26 octobre 1637). Pour le dédommager de la perte du gouvernement de Languedoc en 1644, transféré à Gaston d’Orléans, la reine lui avait remis la lieutenance générale de la province et le gouvernement de Metz, du Messin et du Verdunois. Ayant pris en 1646 pour seconde épouse Marie de Hautefort (v. note [8], lettre 84), le maréchal avait été nommé vice-roi de Catalogne et pris Tortose d’assaut en 1648. Les troubles de la Fronde l’avaient fait revenir en France où il demeura indéfectiblement fidèle au roi (G.D.U. xixe s.).
La rétention d’urine est l’impossibilité d’évacuer le contenu de la vessie. Elle est habituellement liée à une obstruction de l’urètre ou à une paralysie du sphincter de la vessie. Du temps de Guy Patin, la pierre vésicale était la cause principale de ces rétentions aiguës d’urine ; aujourd’hui, c’est l’hypertrophie (adénome) de la prostate.
La suppression d’urine (v. note [26], lettre 498) est la suspension de la production d’urine par les reins, qu’on appelle à présent anurie (ou oligurie, quand elle est incomplète) : c’est la manifestation d’une insuffisance rénale très avancée, qu’elle soit organique (destruction des reins par une maladie) ou fonctionnelle (arrêt de la fonction sécrétrice par défaut de perfusion des reins).
Au xviie s., on ne faisait pas toujours la distinction exacte entre les deux entités, suppression et rétention d’urine (qu’on réunissait sous le nom d’ischurie, v. note [9], lettre 782). La manière certaine de distinguer l’une de l’autre était (et reste) d’introduire une sonde (v. note [10], lettre 464) ou une bougie (v. note [6], lettre 527) dans la vessie pour savoir si elle était pleine (rétention) ou vide (suppression) ; v. note [17], lettre 13, pour le sondage vésical qui soulagea Richelieu à Bordeaux en novembre 1632.
Michel i Particelli d’Émery avait épousé en 1616 Anne-Marie Le Camus (morte en 1678), fille de Nicolas Le Camus et de Marie Colbert (v. note [31], lettre 219). Particelle, comme on l’appelait alors, était volage : « Ses amourettes se trouveront par-ci par-là dans les historiettes des femmes qu’il a aimées », dit Tallemant des Réaux (Historiettes, tome ii, page 18), ajoutant que :
« S’en allant faire un voyage, pour n’avoir pas la peine d’écrire à sa femme par les chemins, il laissa plusieurs lettres à Darses, un de ses commis, pour les donner selon leur ordre à Mme d’Émery. Darses, qui était un mauvais agent, ne considéra pas que cette femme était tombée malade et que les lettres du mari ne pouvaient plus servir ; il lui donna une lettre où il y avait “ Je suis ravi d’apprendre que vous êtes toujours en bonne santé ”. Cela fit un bruit du diable. »
Les Mémoires de Messire Philippe de Comines, {a} Seigneur d’Argenton, contenant l’Histoire des rois Louis xi. et Charles viii. depuis l’an 1464. jusques en 1498. Revus et corrigés sur divers Manuscrits, et anciennes Impressions. Augmentés de plusieurs Traités, Contrats, Testaments, autres Actes, et diverses Observations. Par Denis Godefroy, {b} Conseiller et Historiographe ordinaire du Roi. {c}
- Philippe de Commynes, v. note [10], lettre 121.
- Denis Godefroy, dit le Jeune (Paris 1615-Lille 1681), fils de Théodore Godefroy (v. note [27], lettre 207), avait étudié le droit avant de s’associer aux travaux de son père qui lui avait fait obtenir en 1640 la survivance de sa charge d’historiographe.
- Paris, Imprimerie Royale, 1649, in‑fo de 572 pages.
Succédant aux imprimeurs du roi pour le grec, l’Imprimerie du Louvre, ou Manufacture royale d’imprimerie, avait été fondée par Louis xiii en 1640, à l’instigation de Richelieu. Son directeur était Sébastien Cramoisy (v. note [21], lettre 77), à qui son petit-fils, Sébastien Mabre-Cramoisy succéda en 1669. À la Révolution, l’Imprimerie royale devint Imprimerie nationale.
« du pays et de l’engeance des menteurs. » V. notes [3] et [4], lettre 208, pour les Mémoires de Sully et ceux (prétendus) du P. Joseph.
« sept livres de Jean Daillé sur les chagrins et les satisfactions humaines » (Amsterdam, Iohannes Blaeu, 1649, in‑4o de 720 pages).
Jean Daillé (Dallæus ; Chatellerault 1594-Paris 1670), après avoir voyagé deux ans en Italie, avait été reçu ministre calviniste à Saumur en 1623. Nommé pasteur dans cette même ville en 1625, appelé en la même qualité à Charenton (v. note [18], lettre 146) l’année suivante, député en 1637 au synode national d’Alençon, Daillé joua un rôle considérable dans les affaires religieuses de l’époque. Le synode de Loudun l’élut modérateur. Intime de Duplessis-Mornay (v. note [19], lettre 81), dont il éleva les petits-fils, il recueillit les matériaux nécessaires pour l’établissement de ses mémoires. Daillé a laissé une multitude de sermons et de très nombreux ouvrages de théologie (G.D.U. xixe s.).
Jarzé était ce même marquis qui avait eu maille à partir avec le duc de Beaufort aux Tuileries en juin 1649 (soupe frondée, v. notes [3] et [4], lettre 190). Mme de Motteville (Mémoires, page 313), confidente d’Anne d’Autriche, a complété le récit d’autres mémorialistes (v. note [12], lettre 208) sur « cette chimérique entreprise » :
« nous trouvâmes qu’elle était fondée sur ce que Mme de Beauvais […] était amie de Jarzé, qui, n’étant ni belle ni jeune et voulant avoir des amis, avait flatté Jarzé de cette pensée qu’elle le rendrait agréable à la reine et lui ferait de bons offices. Cette promesse, dans l’intention de cette femme, ne regardait que la fortune de Jarzé ; mais comme il avait beaucoup de vanité et d’imprudence, et qu’il ne bornait pas ses désirs dans les justes limites de la raison, il la prit de travers ; et au lieu de prétendre plaire à la reine comme tous les courtisans veulent plaire à leur maître, il fit dessein de lui montrer que son cœur était allumé d’une flamme involontaire. »
Condé, qui avait peut-être monté le scandale, profita de l’occasion pour exaspérer plus encore la régente et le cardinal : le 26 novembre, après avoir durement raillé Jarzé, la reine lui avait dit (Journal de la Fronde, volume i, fo 141 ro) :
« qu’il se retirât et que si on avait < à le > mettre en prison, qu’il faudrait que ce fût dans les Petites Maisons. {a} Le soir du même jour il reçut ordre de se retirer et eut en même temps recours à la protection de M. le Prince qui, étant alors sur le point de s’aller divertir à Saint-Maur avec une douzaine de personnes de condition, y amena ce marquis et lui promit qu’à son retour, il intercéderait pour lui auprès de la reine. Son Altesse étant arrivée à Saint-Maur, ces Messieurs s’y firent une comédie ou plutôt une farce sur le sujet de la disgrâce de ce marquis, les uns ayant fait des vers qu’ils mesuraient avec un compas {b} et les autres des railleries en prose. Au retour de Son Altesse (qui fait maintenant {c} tout ce qu’elle veut à la cour, M. le cardinal n’osant plus s’opposer à ses volontés), < Condé > pria la reine de vouloir pardonner à la folie de M. de Jarzé et fit un accommodement ; mais il n’a pas encore vu Sa Majesté. On croit que celui de Mme de Beauvais se fera dans peu de temps et l’on remarque que l’on n’a pas mis encore personne dans sa charge. »
Retz (Mémoires, pages 605-606) :
« < La circonstance > qui me persuada le plus qu’il y avait de la sincérité en la colère de la reine contre M. le Prince fut que je savais de science certaine qu’elle se prenait à M. le Prince, et à mon opinion, avec fondement, d’une galanterie que Jarzé avait voulu faire croire à tout le monde avoir avec elle »
Cette « amourette de haute gamme » eut le fâcheux effet de faire perdre à la reine toute confiance en Condé, brouille dont les formidables effets ne tardèrent pas à éclater.
« et sans que vous pensiez que je vous berce de paroles ».
« en pareil cas ».
« le dieu boiteux (qui marche lentement) » ; Catulle (Poèmes, xxxvi, Contre les Annales de Volusius, vers 5‑8) :
desissemque truces vibrare iambos,
[Et si je cessais de lancer contre elle {a} mes iambes {b} redoutables, de livrer au dieu boiteux et aux flammes de ses bois maudits les chefs-d’œuvre choisis du plus mauvais poète].
electissima pessimi pœtæ
scripta tardipedi deo daturam
infelicibus ustilanda ligni.
Charles Spon n’a pas sacrifié à Vulcain les lettres de Guy Patin, qui a ici donné comme un timide aval à leur publication posthume.
Samuel Sorbière vivait alors à Leyde, en Hollande, où il exerçait la médecine et s’adonnait à l’écriture. Grégoire-François Du Rietz (écrit phonétiquement Durier par Guy Patin ; Arras 1607-1682), docteur en médecine de Salamanque (ou de Montpellier, mais il n’est pas dans le recensement de Dulieu), avait obtenu un titre de conseiller médecin ordinaire de Louis xiii.
Ami de Saumaise et de l’abbé Bourdelot, il s’était rendu en Suède sur l’invitation de la reine Christine en 1642 pour rester longtemps attaché à sa personne. Fort bien vu en cour, il fonda la Société des médecins suédois (futur Collège médical) dont il fut le président et l’archiatre. Il institua aussi une École de médecine à Stockholm. En remerciement de ses bienfaits pour le pays, la reine l’anoblit en 1651 ; il fut intégré au Riddarhuset (chambre des nobles) en 1660. Catholique de baptême, Du Rietz se serait converti à la religion réformée et de moine, serait devenu médecin (Jestaz).
Dans une lettre ultérieure, Guy Patin allait dénommer Schallen cet étudiant en médecine suédois.
La reine Christine de Suède était la fille unique du roi Gustave ii Adolphe Vasa (Stockholm 1594-1632) qui avait régné sur la Suède de 1611 à sa mort. Épaulé par son premier ministre, Axel Oxenstjerna, il avait élevé son pays au rang de grande puissance européenne. Stratège de premier ordre, il se battit avec succès contre ses voisins (Russie, Pologne, Danemark) et prit une part éminente dans la guerre de Trente Ans. Soutenu par la France, il périt en pleine gloire au cours de la bataille de Lützen (6 novembre 1632) qui se solda par une grande victoire des Suédois contre les Impériaux. Il laissait à Christine (âgée seulement de 6 ans) un État aussi florissant que respecté.
Sans doute la traduction française de la Bible par le protestant Giovanni Diodati (v. note [56], lettre 223).
Antonino Diana (Palerme 1586-Rome 20 juillet 1663), casuiste italien de l’Ordre des théatins (v. note [19], lettre 282), eut une brillante carrière ecclésiastique au service de la papauté, mais beaucoup de théologiens considéraient sa morale comme trop laxiste. Ses Resolutiones morales avaient alors déjà été publiées à de multiples reprises ; une des éditions récentes était :
R.P. D. Antonini Dianæ Panormitani Clerici Regularis, et S. Officii Regni Siciliæ Consultoris, Resolutiones Morales in tres partes distributæ : In quibus selectiores Casus Conscientiæ, breviter, dilucide, et ut plurimum benigne sub variis Tractatibus explicantur. Editio duodecima, novis Additionibus et Indicibus locupletata, et ab infinitis mendis, quibus priores Editiones scatebant, repurgata.[Résolutions morales du R.P. Dom Antonino Diana, clerc régulier natif de Palerme et conseiller du saint Office du royaume de Sicile, distribuées en trois parties : où des cas de conscience fort choisis sont expliqués brièvement, clairement et très simplement, sous la forme de divers traités. Douzième édition, enrichie d’additions et d’index nouveaux, et purgée de l’infinité de fautes qui étaient éparpillées dans les précédentes éditions]. {a}
- Lyon, héritiers de Pierre Prost, Philippe Borde et Laurent Arnaud, 1645, in‑fo de 572 pages.
« Pour prix de leur crime, on en a crucifié un et couronné un autre » (Juvénal, v. note [13], lettre 198).
V. note [7], lettre 205, pour le traité du P. Théophile Raynaud « sur la juste composition des livres ».
Guy Patin avait en effet déjà dit à Charles Spon le contenu de son paquet dans sa lettre du 16 novembre (lettre 207).
« et je recommande particulièrement le tout à vos bonnes grâces. »
« ce que je compte pour une grande part de mon bonheur. »
Guy Patin demandait à Charles Spon de ne pas lésiner sur les honneurs attachés au dédicataire de l’épître des œuvres complètes de Daniel Sennert en cours d’impression à Lyon (v. note [110], lettre 166). Suivant la coutume du temps, c’était l’éditeur scientifique (Spon) qui l’écrivait et les libraires-imprimeurs (Huguetan et Ravaud) qui la signaient ; v. note [38], lettre 224, pour un extrait de cette dédicace.
V. notes [2] et [3], lettre 90, pour le procès contre Théophraste Renaudot en 1642, et [6], lettre 143, pour celui que les pharmaciens intentèrent à Guy Patin en 1647 (avec, dans les deux cas, les renvois aux Comment. F.M.P.).
« Les sorts sont jetés dans l’urne, c’est le Seigneur qui en dispose » (phrase ajoutée par Guy Patin dans la marge).
V. le début des Actes de 1650‑1651, dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris, pour la manière dont on élisait le doyen de la Faculté de médecine de Paris en tirant un des trois billets mis dans un chapeau. Le nom de Patin y avait déjà été mis trois fois, mais le sort final ne lui avait encore jamais été favorable.Choisi pour une année, puis renouvelé pour une année supplémentaire, le doyen de la Faculté de médecine de Paris (fondée vers 1250, v. note [8], lettre 679) dirigeait la Compagnie des docteurs régents, dont il était le représentant et le membre le plus éminent pendant les deux ans de son mandat.
Le premier doyen dont les annales ont conservé la trace a été Pierre de Limoges, élu en 1267 (Wickersheimer, introduction page xlviii). Initialement, l’élection avait lieu le premier samedi suivant la fête de saint Pierre et saint Paul (le 29 juin). En 1338, elle fut transférée au premier samedi suivant la Toussaint (1er novembre). Néanmoins, en souvenir de la première coutume, le doyen demeurait tenu de soumettre son rapport annuel des comptes de la Faculté avant le 29 juin (ibid. page xlix).
« mais je m’égare ». Guy Patin avait dit tout ce que Charles Spon pouvait écrire de flatteur à son sujet (dans l’épître dédicatoire en question).
[Quatre traités d’Elias Schedius {a} sur les Dieux germaniques, ou sur l’ancienne religion des Allemands, des Gaulois, des Bretons et des Vandales]. {b}
- Juriste, philologue et historien érudit précoce, Elias Schedius (Kadau, Moravie 1615-Varsovie 1641), reçut la couronne poétique de l’Université de Rostock en 1633 et professa à Hambourg à partir de 1635.
- Amsterdam, Elsevier, 1648, in‑8o de 505 pages.
V. note [11], lettre 121, pour l’Ortus medicinæ… [Naissance de la médecine…] (Amsterdam, 1648) de l’alchimiste flamand Jan Baptist Van Helmont. Jean ii Riolan, médecin de Marie de Médicis, avait fidèlement accompagné la reine mère dans son exil à Bruxelles, Londres, puis Cologne, jusqu’à sa mort en 1642.
Luca Fabbroni degli Asini, originaire de Florence, était arrivé à Paris en 1614 en qualité de diplomate du grand-duc de Toscane. Huit ans plus tard, il passait au service de Marie de Médicis qui le nomma maître de sa garde-robe en 1623. Resté en fonctions jusqu’en 1629, il amassa une fortune considérable qui fit de lui l’un des plus riches Italiens émigrés en France. Il devint par la suite maître d’hôtel servant de Madame, Marie de Bourbon-Montpensier (v. note [55] du Borboniana 5 manuscrit), première épouse de Gaston d’Orléans (Jestaz).
Sans doute deux Italiens (savants voyageurs ?) dont Charles Spon avait parlé à Guy Patin.
« genre d’hommes le plus menteur et presque mendiant ».
Les Opera omnia… [Œuvres complètes…] de Jean Varanda {a} éditées par Henri Gras étaient alors en projet à Lyon, elles parurent en 1658 chez Christophe Fourmy. {b} Guy Patin en a suivi les progrès dans la suite de sa correspondance. Il en existait déjà une édition partielle :
D. Ioannis Varandæi celeberrimorum Academiæ Monspeliensis Medicorum Decani et Professoris Regii Practici Primarii Opera omnia Theorica et Pratica. Exquisitissimi iudicii et doctrinæ causa commendatissima. Quorum seriem sequens pagina indicat. Secunda Edition correcta et emendata.[Toutes les Œuvres théoriques et pratiques de Me Jean Varanda, doyen et premier professeur royal de pratique en l’Université de Montpellier, qui forme les plus célèbres médecins. Tout à fait recommandables pour leur jugement très acéré et leur doctrine. La page suivante en donne la liste. {c} Deuxième édition, revue et corrigée]. {d}
- Mort en 1617, v. note [2], lettre 145.
- V. note [10], lettre 485.
- Series librorum [Liste des livres] :
- Phisiologia seu de hominis constitutione [Physiologie, ou étude de la constitution de l’homme] ;
- Pathologia de morbi natura, subiecto, causis et effectis [Pathologie, étude de la nature, du sujet, des causes et des effets de la maladie].
- Ars diagnostiκη, seu de signis eorundem [Art diagnostique, ou des signes des maladies] ;
- προγνοσις Medica, seu de prædictione morborum [Pronostic médical, ou prédiction des maladies] ;
- Methodus medendi, seu de indicationibus curativis [Méthode de remédier, ou des indications curatives] ;
- De morbis Ventriculi singulis [Sur toutes les maladies de l’estomac] ;
- De tribus morbis Hepatis, Lepra, lue Venerea, et Hepatitide> [Sur les trois maladies du foie, lèpre, mal vénérien et hépatite] ;
- De morbis Renum et Vesicæ singulis [Sur toutes les maladies des reins et de la vessie] ;
- De morbis Mulierum lib. iii [Trois livres sur les maladies des femmes] ;
- De Formulis remediorum Internorum et Externorum lib. ii [Deux livres sur les formules des remèdes internes et externes].
- Montpellier, Petrus et Iacobus Chouët, 1620, in‑8o de 885 pages ; la première édition n’est pas recensée dans les catalogues que j’ai consultés.
Les principales précédents éditions séparées des ouvrages de Varanda avaient été :
« avec notes de tous les auteurs » :
Valerii Maximi Dictorum factorumque memorabilium libri ix.[Les neuf livres des Faits et dits mémorables de Valère Maxime]. {a}
- Amsterdam, Ludovicus Elsevier, 1650, in‑12 de 328 pages, sans dédicace ni nom du compilateur ; commençant par une Valerii Maximi Vita, incerto auctore [Vie de Valère Maxime (v. note [7], lettre 41), par un auteur inceertain] (3 pages).
Ioh. Fred. Gronovii ad L. et M. Annæos Senecas notæ .
[Annotations de Johann Friedrich Gronovius {a} sur L. et M. Annæus {b} Sénèque]. {c}
- V. note [5], lettre 97.
- Lucius Sénèque le Jeune (le Philosophe ou le Tragique) et son père, Marcus l’Ancien (le Rhéteur).
- Leyde, Elsevier, 1649, in‑12.
Spiritus Gorgonicus, vi sua saxipara exutus ; sive de Causis, Signis, et Sanatione Lithinseωs Diatriba. Auctore Gualtero Charleton, M.D. et Augustissimæ Caroli Magnæ Britanniæ Regis Majestati Medico.
[L’Esprit du corail {a} dégagé de sa force à produire des pierres ; ou Diatribe sur les causes, les signes et la guérison de la Lithiase. Par Gualterus Charleton, docteur en médecine et médecin de la très auguste Majesté du roi Charles de Grande-Bretagne]. {b}
- V. note [11], lettre 393, pour le corail et un avis favorable de Jean Fernel sur son emploi pharmaceutique.
- Leyde, Elsevier, 1650, in‑8o de 242 pages.
Walter Charlton ou Charleton (Shepton-Mallet, Sommerset 1619-Jersey 1707), docteur de l’École de médecine d’Oxford en 1642, avait d’abord servi Charles ier, mais s’en était bientôt détaché pour intégrer le Collège des médecins de Londres et mener une brillante carrière médicale. De nouveau attaché à la cour royale après la restauration, il professa l’anatomie à Londres de 1680 à 1683 avant d’y devenir président du Collège des médecins de 1689 à 1691, puis de se retirer sur l’île de Jersey. Défenseur de la circulation du sang et pourfendeur de la sanguification hépatique, il traduisit quelques ouvrages de Van Helmont. Son Spiritus gorgonicus… est un « ouvrage bizarre, dont le style, fort obscur, est encore défiguré par le jargon de Van Helmont et de la philosophie spagirique ; on n’y trouve que des hypothèses et des idées communes » (A.‑J.‑L. J. in Panckoucke).
- Philippe Duplessis-Mornay, mort en 1623 (v. note [19], lettre 81).
- Leyde, Bonaventure et Abraham Elsevier, 1651, in‑8o de 805 pages : l’une des nombreuses rééditions d’un ouvrage publié pour la première fois en 1581.
Un cahier d’imprimerie était composé d’une feuille pliée (en deux pour un in‑fo, en quatre pour un in‑4o, etc.). Toutefois, pour faciliter la reliure, le cahier des in‑fo (telle que la Defensio regia… de Saumaise, v. note [52], lettre 176) était composé de deux ou trois feuilles mises l’une dans l’autre, et non d’une seule ; néanmoins, la signature B figure sur la page 9 (début du deuxième cahier).
En disant que 90 feuilles étaient faites Guy Patin annonçait que 180 feuillets (360 pages, 45 cahiers, ce qui représentait la totalité du livre) étaient déjà sortis des presses des Elsevier à Leyde (indications qui ne figurent pas sur le volume).« presque à l’improviste et contre toute attente ».
Friedrich i Spanheim (v. note [11], lettre 16) était mort à Leyde le 14 mai 1649. Jan de Wale (v. note [6], lettre 191) l’avait suivi au tombeau le 5 juin. La lettre de Samuel Sorbière écrite au printemps 1651 fournit quelques détails sur les morts de ces deux médecins hollandais.« s’il avait pu se tenir à l’écart de ce funeste médecin ».
V. note [40], lettre 207, pour les troupes envoyées en Guyenne au secours du duc d’Épernon. La négociation avec les frondeurs bordelais semblait alors bloquée ; Journal de la Fronde (volume i, fo 145 ro) :
« De Bordeaux, le 29 novembre 1649. Les jurats {a} ayant voulu aller à Lormond pour porter au maréchal du Plessis la délibération qui avait été prise à l’assemblée de l’hôtel de ville le 24 de ce mois, les commissaires du parlement s’en excusèrent et le parlement délibéra là-dessus que MM. du Saut et de La Vie, avocats généraux, iraient trouver ce maréchal pour lui faire entendre que s’il n’accordait les deux articles plus importants, qui sont le change {b} de M. d’Épernon et le rasement du château Trompette, que le corps de ville et le parlement seraient obligés de discontinuer le traité qu’ils avaient commencé avec lui. M. le maréchal ayant ouï ces propositions témoigna être ému {c} par la réponse qu’il fit à ces députés, leur ayant dit qu’il venait leur donner son congé, lequel il avait à demander au roi, voyant leur obstination à la guerre ; qu’il ne pouvait leur accorder ces articles comme il leur avait déclaré aux précédentes conférences ; mais puisqu’ils étaient dans cette résolution de ne vouloir point de paix qu’à ces conditions, qu’il leur déclarait de la part du roi et selon son pouvoir qu’ils étaient criminels de lèse-majesté et perturbateurs du repos public puisqu’ils ne voulaient point désarmer et que M. d’Épernon n’avait rien fait que par ordre du roi ; à quoi il ajouta qu’ils voulaient maintenant faire la guerre à Sa Majesté, qui n’avait point appréhendé {d} les armes de l’empereur ni du roi d’Espagne, et que Bordeaux seul voulait persévérer dans sa rébellion. »
- Manière de nommer consuls et échevins en Gascogne.
- Le rappel à la cour.
- Irrité.
- Craint.
La prochaine lettre à Charles Spon (24 décembre) évoque l’un des deux procès de Pierre Garnier contre les apothicaires de Lyon.
V. note [11], lettre 203, pour l’Encyclopædia universa (Lyon, 1649) de Johann Heinrich Alsted (Alstedius).
Robert Patin allait soutenir sa dernière thèse de bachelier, la seconde quodlibétaire, le 9 décembre 1649 sous la présidence de François Boujonier : Estne certa et optima luis veneræ per solam hydrogyrosim curatio ? [Une meilleure et certaine guérison de la maladie vénérienne (syphilis) n’est–elle pas procurée par le seul mercure ?], conclusion affirmative (v. note [1], lettre 157).
Regulæ communes Societatis Iesu Commentariis Asceticis illustratæ a Iulio Nigrono Genuensi Societatis eiusdem Thelogo.
[Règles communautaires de la Compagnie de Jésus, {a} que Iulius Nigronus, théologien de ladite Compagnie, natif de Gênes, {a} a éclairées par des commentaires ascétiques]. {b}
- Au nombre de 49.
- Giulio Negrone (1553-Milan 1625), a prêché et enseigné au sein de la Compagnie.
- Milan, héritiers de Pacificus Pontius et Io. Bapt. Piccaleus, 1613, in‑4o de 776 pages ; réédition à Cologne, Joannes Kinckius, 1617, in‑4o.
Les principaux autres ouvrages de Negrone sont :
[Dissertation historique sur saint Ignace de Loyola, {a} fondateur de ladite Comagnie, et sur le bienheureux Gaetàno de Tiene, instituteur de l’Ordre des clercs réguliers. {b} Opuscule posthume] ; {c}
[Vingt-cinq Sermons. Publiés en Allemagne pour la première fois, au profit des étudiants, revus par l’auteur] ; {d}
[La Fuite de la cour et de la courtisanerie] ; {e}
[Traités ascétiques… Revus par l’auteur et réunis pour la première fois en un seul volume, pour le bénéfice des directeurs spirituels et de tous ceux qui aiment le progrès spirituel] ; {f}
[Dissertation morale sur la lexture des livres d’amour, dont il faut absolument éviter la lecture aux jeunes gens ; revue et augmentée par l’auteur] ; {g}
[Dissertation annexe… sur la Sandale des Anciens : ce qu’elle a été chez les écrivanins latin, dans l’Écriture sainte, le droit civil et les inscriptions lapidaires. Quatrième et dernière édition, revue et augmentée par l’auteur pour la troisième fois]. {h}
Ce post-scriptum est un court billet (fo 70 du Ms BnF no 9357) écrit de la main de Guy Patin, sur lequel une plume autre que la sienne a inscrit la date du 6 décembre 1649. Son rattachement à la lettre à Charles Spon du 3 décembre n’est qu’une supposition.