L. 222.  >
À Charles Spon,
le 22 mars 1650

Monsieur, [a][1]

Je vous envoyai ma dernière du 1er de mars dans le paquet de M. Falconet. [2] Je ne doute point qu’il ne vous l’ait rendue, elle était de six pages. Ce même jour à neuf heures du soir, M. de La Vrillière, [3][4] secrétaire d’État, reçut commandement de la reine [5] d’aller chez M. le chancelier [6] lui redemander les sceaux ; il était au lit, malade, il les rendit tout à l’heure et sur-le-champ ils furent portés à la reine ; laquelle le lendemain, mercredi des cendres, 2d de mars, les rendit à M. de Châteauneuf, [7] à six heures du soir, 17 ans après que le cardinal de Richelieu les lui eut fait ôter, en février 1633. M. le chancelier était bien averti qu’on lui ôterait les sceaux, mais il ne s’attendait qu’au lendemain matin. [1] Voilà un coup de la Fronde régnante qui a été poussé par M. le duc d’Orléans, [8] à l’instance de notre coadjuteur, [9] de M. de Beaufort, [10] de Mme de Chevreuse, [11] de M. de Servien, [12] de M. le maréchal de Villeroy [13] et autres. La reine et le Mazarin [14] y ont longtemps résisté, mais enfin ils ont été obligés de céder ; [2] et même, on dit que bientôt il y aura ici d’autres changements, qu’il y a encore quatre grands officiers à changer ; sans vous obmettre que le contrecoup de tout ceci s’en va directement donner dans la tête du Mazarin et de sa séquelle, nisi fortiter occurratur, et felicius quam antehac[3] Je ne doute point que d’autres choses n’arrivent si le duc d’Orléans continue de se rendre et de se tenir le chef du parti des frondeurs, qui est infailliblement le parti des gens de bien, de courage et désintéressés. Cela s’en va à la ruine des partisans et de tous ceux qui ont voulu profiter en leur cabale. Ce prince assisté de tous ces Messieurs, demeurant à Paris, y demeurera le plus fort, et fortifiant Paris, en sera aussi fortifié : c’est ce qui nous fait espérer que Paris n’aura point de mal, c’est-à-dire ni disette, ni sédition, ni guerre, ni impôts, [15] ni nouveaux offices, ni aisés, [4][16] qui étaient la tourmentine du temps passé et les organes de l’iniquité et de la tyrannie superiorum annorum[5]

Le roi [17] s’en va en Bourgogne et est sorti avec la reine, sa mère, de Paris pour cet effet le samedi 5e de mars à dix heures du matin. Il devait aller ce jour-là coucher à Melun [18] et après à Montereau, [19] à Sens, [20] à Joigny, [21] à Auxerre, [22] à Semur, à Dijon ; [23] quelques-uns disent à Lyon. [6] D’autres disent que les affaires étant réglées en Bourgogne, qu’il viendra en Champagne, à Reims [24] et puis à Compiègne, [25] où ils demeureront jusqu’à la Toussaint, la reine et le Mazarin n’aimant Paris et n’y trouvant point la sûreté qu’elle voudrait contre la force et l’autorité des frondeurs ; ce qui me fait soupçonner que ce voyage sera pour le moins de quatre ou cinq mois si rien ne survient qui leur fasse changer de dessein ; car en matière d’État, les affaires changent du jour au lendemain. [7] Le Mazarin a emmené quant et soi son neveu et ses trois nièces, [26] et ses singes et celui qui les gouverne, savoir M. Cohon, [27] jadis évêque de Nîmes puis de Dol en Basse-Bretagne, qui était ici durant le siège de Paris l’espion du Mazarin et qui, pour cet effet, est nommé dans les libelles l’évêque de Dol et d’erreur. [8] C’est un prêtre manceau affamé de bénéfices qui, pour y parvenir, rend tout ce qu’il peut de service au Mazarin, jusqu’à l’infamie même. Le Mazarin a depuis peu cédé à M. le maréchal de Villeroy la surintendance du gouvernement et de l’éducation du roi, qu’il s’était retenue. On dit que ce voyage de la reine est mystique, qu’on n’en sait point les vraies raisons ; que le Mazarin veut renvoyer son neveu et ses nièces en Italie pour en après se sauver lui-même, voyant que les frondeurs, qui sont les plus forts, ne le lairront jamais en paix ; qu’on parle de faire ici une Chambre de justice [28] contre les financiers, partisans et maltôtiers, dont le contrecoup ira sur sa tête. D’autres disent que la reine, pour résister aux frondeurs, pourra bien se remettre aux bonnes grâces du prince de Condé [29] en le tirant de prison pour l’opposer au duc d’Orléans et à toute la troupe frondeuse ; ce qui serait bien dangereux pour elle-même, vu qu’il y a grande apparence qu’il ne lui pardonnera jamais sa prison, ni à elle, ni au Mazarin. M. le duc d’Orléans, Mme la duchesse, [30] sa femme, et Mademoiselle, [31] sa fille de la première femme, sont ici demeurés, aussi bien que M. Le Tellier, [32] secrétaire d’État qui a le département de la guerre, qui est tout à fait créature mazarine. On ne dit pas encore pourquoi ces deux derniers sont demeurés à Paris et qu’ils ne sont point allés au voyage avec la reine. [9] Sur la plainte de ceux de Bordeaux, [33] la reine a donné commission à M. de Villemontée, [34] conseiller d’État, d’aller y faire exécuter la paix entièrement, comme elle leur a été promise. M. d’Émery, [35] surintendant des finances, a ici une grosse querelle avec le maréchal de Schomberg [36] touchant le paiement des Suisses [37] et des chevau-légers de la garde du roi. [10] Ledit sieur d’Émery est encore mal [de la fièvre] quarte [38] et combien que ses accès soient un peu diminués de leur longueur, il lui [arriva des] enflures et des bouffissures par plusieurs fois, qui le menacent toujours de mort.

Je vous ai par ci-devant parlé d’un livre d’histoire touchant le ministère du cardinal de Richelieu. [39] Tandis qu’il était sur la presse, on disait que c’étaient les mémoires du P. Joseph, [40] capucin[41] Depuis qu’il a été imprimé, combien qu’il ne se soit vendu qu’en cachette, on a dit tout nettement que cela ne pouvait venir de ce capucin, et a été attribué à un nommé M. de Guron [42] que le cardinal de Richelieu avait employé en Italie aux affaires de Casal [43] et depuis, aussi à faire quelques livres pour sa défense contre Saint-Germain, [44] qui était alors en Flandres. [11] Mais cette opinion ayant été détruite, on a enfin découvert le vrai auteur de ce livre qui était un supérieur des feuillants de cette ville nommé Vialart, [45][46] homme qui paraissait doux, sage et discret ; lequel étant un peu parent à M. le chancelier Séguier, se poussa en ses bonnes grâces et écrivit ces Mémoires en faveur du cardinal de Richelieu afin de pouvoir attraper quelque évêché ; nec spes fefellit hominem[12] il attrapa l’évêché d’Avranches en Normandie, [47] et ai parlé à lui trois fois durant son épiscopat ; mais de malheur pour lui, il mourut d’une fièvre continue [48] à Avranches au second voyage qu’il y fit, sans avoir été plus de deux ans évêque. Voyez où l’ambition va chercher un homme au fond de son cloître et lui inquiéter l’esprit, sous ombre que M. le chancelier était un peu de sa parenté. Le livre n’a été loué de personne ; mais outre que plusieurs honnêtes gens sont là-dedans outragés fort mal à propos et que M. le chancelier Séguier y est fort loué, jusqu’à ses yeux, son nez, sa barbe et son menton, aujourd’hui que la chance est tournée, on y trouve un chapitre entier contre M. de Châteauneuf qui a aujourd’hui les sceaux, et même que la reine y est offensée. [13] C’est pourquoi l’on dit que ce livre sera brûlé de la main du bourreau et qu’il sera supprimé par commandement du roi. Cela fera qu’il sera bien plus cher, combien qu’il ne vaille rien.

Le bonhomme M. Benoît [49] de Saumur [50] est en cette ville à la poursuite d’un procès contre un homme de son pays avec lequel étant en dissension, il en a reçu un coup de canne au bras, dont il prétend obtenir grosse réparation à la Chambre de l’édit. [51] Je ne vous saurais assez vivement exprimer l’ardeur qu’a ce bonhomme de plaider, il est tout blanc et ne demande qu’à courir. [14] Je l’ai mené chez trois conseillers de ses juges, desquels pas un ne goûte son esprit vindicatif ni sa chicane. J’ai bien peur que, faute de bonnes raisons, il ne perde son procès ou tout au moins, qu’il ne soit débouté de ses demandes. Cette humeur plaidacière et chicaneuse est une maladie d’esprit, aussi bien que la chimie [52] et les tulipes. [15][53]

Ce dimanche 6e de mars. J’ai vu ce matin passer sur le pont de Notre-Dame [54] le cardinal Mazarin accompagné d’environ 100 cavaliers, qui s’en allait au voyage après la reine, laquelle partit hier et a couché à Melun. Un autre carrosse suivait le sien, dans lequel étaient ses trois nièces. Le Diable puisse-t-il bien emporter l’oncle, le neveu et les nièces ; aut saltem numquam hic redeant, imo potius remeent unde malum pedem attulerunt sæculi nostri incommoda, pessimi bipedes[16][55]

Ce même jour du matin, est sorti de Paris M. le chancelier Séguier pour s’en aller en une des maisons de son gendre, M. le prince de Henrichemont, [56] savoir Rosny, [57] près de Mantes. [17][58] Ce sien gendre est fils du feu marquis de Rosny, grand maître de l’Artillerie, [59][60] et petit-fils de M. de Sully, [61][62] surintendant des finances sous Henri iv[63] M. le chancelier avait fait courir le bruit qu’étant encore malade et surtout, ayant un érysipèle [64] à la jambe qui l’empêchait de s’y soutenir, il ne pouvait partir de Paris que le 9e de mars ; mais voyant que le roi et la reine en étaient dehors, il en est sorti finement et clam se subduxit[18][65] de peur d’être ici à la merci des frondeurs. Peut-être qu’il en a dit en sortant ce que disait Juvénal en sortant de Rome, Non possum ferre, Quirites, Græcam urbem[19][66] Ce même jour, notre M. le coadjuteur a prêché dans Saint-Eustache [67] avec une telle affluence d’auditeurs que l’église était trop petite de la moitié. MM. le nouveau garde des sceaux, de Châteauneuf, le duc de Beaufort, M. le maréchal de L’Hospital, [68] gouverneur de Paris, M. le président de Bellièvre [69] et plusieurs autres grands y étaient, et même M. le duc d’Orléans, qui est aujourd’hui le chef des frondeurs. On dit ici que le maréchal de Turenne [70] a 7 000 hommes et que M. de La Ferté-Senneterre, [71] qui était campé à quatre lieues près de lui, s’est retiré, un peu plus loin de peur d’être battu, lui étant de beaucoup inférieur. M. le procureur général [72] s’est plaint au Parlement de l’Histoire du cardinal de Richelieu, dont je vous ai parlé ci-dessus, comme d’un livre scandaleux et méchant. [20] M. le président Le Coigneux, [73] qui y est aussi rudement déchiffré, [21] en a fait autant. Je ne doute point qu’il ne soit condamné par arrêt et que cela ne le fasse renchérir. Des trois princes qui sont dans le Bois de Vincennes, [74] M. de Longueville [75] est fort triste et ne dit mot. M. le prince de Conti [76] pleure et ne bouge presque du lit. M. le Prince [77] joue, chante et jure ; il entend au matin la messe et puis il lit des livres italiens ou français ; il dîne, il joue au volant [78] et dort. Depuis peu de jours, comme le prince de Conti priait quelqu’un de lui envoyer le livre de L’Imitation de Jésus-Christ[79] pour se consoler en sa lecture, le prince de Condé dit au même temps, Et moi, Monsieur, je vous prie de m’envoyer L’Imitation de M. de Beaufort, afin que je me puisse sauver d’ici comme il fit il y a tantôt deux ans[22]

Ce 9e de mars. M. le garde des sceaux de Châteauneuf a tenu aujourd’hui son premier Conseil des parties [80] dans le Louvre [81] et scella hier pour la première fois depuis son rétablissement. On parle ici d’une Chambre de justice contre les financiers et partisans, mais j’ai de la peine à croire qu’on aille jusqu’au bout. [23]

Je dis hier adieu à un malade guéri ex cholera morbo[24][82] Je l’avais fait saigner trois fois pour un jour et n’avais point ordonné de sirop de grenades, [25][83] ni de catholicon [84] doublé de rhubarbe. [26][85] L’apothicaire, [86] qui en était moult dolent, me dit en grondant que j’avais été bien hardi de faire saigner ce malade tant de fois en telle maladie (le malade est un riche marchand). Je lui répondis que c’était un coup de maître et qu’il n’appartenait pas à tout le monde d’en faire ainsi. Il me répliqua que quelques auteurs défendaient de saigner en ce mal et que pas un des autres ne l’ordonnait. Je lui dis que c’étaient des ignorants. Il me demanda si je tenais Bauderon [87] pour ignorant. Je lui dis que toute sa Pratique ne valait rien, [27] qu’il avait été savant en pharmacie, mais que cette science était aujourd’hui fort inutile ; qu’il ne fallait plus que trois drogues pour bien faire la médecine, savoir séné, [88] sirop de roses pâles [89] (et miel [90] commun, pour les lavements) [91] en mettant avant tout cela la lancette, [92][93] laquelle guérissait plus de malades elle toute seule que la pharmacie des Arabes [94] tout entière. Il me répondit que j’en parlais bien hardiment, et moi je lui dis : Vous ne me connaissez pas encore, j’en parle et en parlerai toujours ainsi pour le bien public, et vous n’en parlez que pour votre intérêt ; quand je voudrai, je mettrai en lumière un nouveau Médecin charitable [95] qui vous fera connaître qui je suis et ce que je puis par-dessus l’autre[96] Cette petite rodomontade lui fit peur, et se tut. Voyez jusqu’où va l’audace de ces fripons de ministres et comment, avec leur impudence, ils traiteront de jeunes médecins nisi habeant in ore redargutiones[28][97] Ledit malade était plein utraque plenitudine[29] avait fait grande chère les jours gras, [98] et avait par plusieurs fois bu du vin d’Espagne [99] qui avait mis le feu partout et avait disposé, voire même allumé, cette disposition inflammatoire dans les viscères nourriciers, d’où était provenu tout ce désordre. Les apothicaires croient qu’il ne faut en ce cas-là que des remèdes astringents, [30][100] et de ceux qu’ils appellent avec grande joie cordiaux, [101] propter uberem quæstum ; [31] et pour être glorieux et impudents, ils ne méritent pas d’être enseignés, tum quoque ne abutantur[32] Le compagnon a eu la hardiesse de me narguer, mais il en perdra la pratique et n’y fera jamais rien ; et puis après il se verra réduit à la règle de ceux de quibus dictum est, videbunt quem transfixerunt[33][102]

Notre ami M. Naudé [103] a fait ici imprimer un petit livret in‑8o intitulé Gabr. Naudæi Parisini, Epigrammatum libri duo[34] Il ne contient que 64 pages, j’en ai mis un pour vous dans votre paquet. Le syndic des libraires de la rue Saint-Jacques [104] nommé J. Guillemot [105] a pris son temps depuis la guerre de Paris de faire valoir d’anciens arrêts de règlements touchant les libraires, et y a si bien réussi vers la reine et le Parlement qu’il a chassé tous les libraires du Pont-Neuf, [106] sauf à eux à se retirer dans l’Université comme le portent les arrêts et les anciens règlements de la librairie. [35] Je vois ici beaucoup de gens qui en ont du regret, d’autant qu’ils trouvaient cela aisé et agréable d’aller prendre l’air sur le Pont-Neuf et d’y rencontrer aussi en même temps, aisément et à bon prix, quelque livre curieux que l’on eût eu grande peine de trouver ailleurs. Pour moi, j’en suis moins fâché parce qu’il y a longtemps que je n’avais plus de loisir d’y aller, joint qu’il s’en ensuivait beaucoup d’abus, desquels j’étais bien informé ; et néanmoins, pour vous avouer la vérité, s’ils y étaient encore comme par ci-devant, j’y pourrais trouver un livre dont j’ai bien besoin et que j’ai grande envie de voir. Cet ardent désir me fait avoir la hardiesse de vous prier de m’en faire chercher un à Lyon [puis]qu’il y a été imprimé l’an 1626, in‑4o ; en voici le titre : Authentica 4 Evang[elistarum] fides adversus omnes repugnantes hæreticos ethnicosque philosophos, auctore A[ntonio Perez] Benedictino, Lugd. 1624, in‑4o[36][107] en blanc ou relié, il n’importe ; je vous prie de [m’en acheter un dès que] vous le trouverez et de me l’envoyer par quelque voie que jugerez assurée, [avec le Per]dulcis [108] de M. Carteron, [109] que M. Ravaud [110] me veut envoyer, ou avec le S[ennertus[37][111] s’ils le] jugent à propos, dans une balle de livres que l’on enverrait à quelque libraire de [deçà et de] déduire pour moi le prix de la voiture pour ma part. J’apprends qu’un Ang[lais nommé] Pricæus [112] fait imprimer en Hollande un nouveau Apulée [113] en latin avec des n[otes. J’ai vu] ici cet auteur, c’est un grand garçon de 45 ans, fort bon et sage, mais bien […] ; il a déjà travaillé in Apologiam Apuleii, in‑4o[38] Feu M. Grotius [114] aimait […] doctrine. Le libraire Du Bray [115] m’a aujourd’hui [… Les feuilles] De Regno et Domo Dei [116] seront achevés à Pâques […] pour vous, pour Messieurs […]. [39]

On nous menace des troupes du maréchal de Turenne que l’on dit s’augmenter et fortifier tous les jours. On dit que l’Archiduc Léopold [117] lui donne des hommes et de l’argent, avec Montmédy ; [40][118][119] et qu’en échange, M. de Turenne lui cède Stenay. [120] Bellegarde en Bourgogne tient toujours pour le prince de Condé et ne prend pas le chemin de se rendre au roi. [121] On traite avec les Suisses qui se veulent retirer faute de paiement. Les députés de Bordeaux demandent qu’on ôte le gouvernement de la Guyenne [122] à M. d’Épernon, [123] et défense leur est faite de quitter la cour sans l’avoir obtenu.

Ce 14e de mars. M. le duc de Mercœur [124] est arrivé en Catalogne. [125] Le roi, la reine, le Mazarin sont encore à Auxerre. [41] On ne sait point s’ils passeront outre et s’ils iront jusqu’à Dijon, où l’on dit que M. de Vendôme [126] veut faire changer le premier président Bouchu, [127] qui y a été établi par M. le Prince défunt, [128] et faire revenir M. de La Berchère, [129] qui l’a été par ci-devant et qui est aujourd’hui premier président à Grenoble. [42] M. de Saumaise [130] a envoyé ici la traduction de son livre Defensio regia, on s’en va l’imprimer in‑4o de gros romain à ce qu’on m’a dit. [43] M. le chancelier Séguier est encore à Pontoise [131] où il sera tout le reste de ce mois. Il y est visité de jour en jour par ses amis, qui vont et qui reviennent. Un maître des requêtes qui l’y a vu depuis quatre jours m’a dit aujourd’hui qu’il est tout content de n’être plus en charge ; qu’il est fort joyeux d’être hors des affaires d’État et du désordre présent ; qu’on ne lui saurait rien reprocher ; qu’il n’en sort pas plus riche qu’il y est entré ; que lorsque le feu roi le fit garde des sceaux, il avait 40 000 livres de rente, et qu’aujourd’hui personne du monde ne lui peut montrer qu’il en ait plus de 45 000. M. de Châteauneuf scella hier 21 lettres de noblesse qui sont pour la plupart des Normands à qui la reine a accordé cette faveur pour des services qu’ils lui ont rendus en ce dernier voyage qu’elle a fait en Normandie, et particulièrement à Dieppe. [132] Peut-être même que le batelier de Mme de Longueville [133] a été ennobli pour sa trahison, car quand elle voulut sortir du château de Dieppe et se sauver par mer, il se trouva que son batelier était gagné, et qu’il avait promis de la rendre à bord et de la trahir. [44] Ne pensez-vous pas que cette généreuse action, faite pour le repos du royaume, ne mérite bien des lettres de noblesse pour des Normands qui ne sont point gens du tout sujets à leurs intérêts ? M. d’Émery, le surintendant de finances, n’est pas encore guéri. Il a encore sa fièvre, il a été boursouflé, bouffi et enflé par tout le corps. Ils l’ont fait suer et lui ont fait user d’eau-de-vie [134] afin de dissiper ces tumeurs ; et enfin, l’ont mis au lait d’ânesse [135] pour le rafraîchir et lui humecter la fressure. [45] Selon le jugement de plusieurs, haeret lateri lethalis arundo[46][136] S’il meurt de ce mal, on croit qu’il aura pour successeur en cette charge ou M. le maréchal de Villeroy, ou M. de La Vieuville. [137] On dit ici que les grands frondeurs, dont M. le duc d’Orléans est le chef, ont envie de changer encore trois ou quatre grands officiers, savoir des secrétaires d’État, le prévôt des marchands[138] le lieutenant civil, [139] le premier président [140] s’ils peuvent, mais il y aura bien à tirer avant que tout cela arrive : il y a là des ulcères malins et invétérés, quæ melius non tetigisse fuit[47] On a imprimé l’an 1647 à Lyon un in‑fo, sumptibus societatis Bibliopolarum, Thomas Malvenda de Anti-Christo[48][141][142] On m’a dit que du même auteur on en imprime à Lyon un in‑4o, faites-moi la faveur de me mander quel est cet in‑4o et de quoi il traite. Ce traité de Anti-Christo est beau et fort curieux, il surpasse l’esprit et le travail de beaucoup de moines. On nous apprend ici que le roi est arrivé à Dijon le 16e de ce mois, que les gens de guerre ravagent la Bourgogne et tous les lieux par où ils passent. Mme de Longueville est à Stenay près du maréchal de Turenne, d’où bientôt elle retournera à Bruxelles. [143] Quelques seigneurs de la cour ont quitté le parti du roi et sont allés au maréchal de Turenne, M. de Bouteville [144] est un de ceux-là. [49] M. Foullé, [145] intendant de justice en Limousin, y a défait 2 000 paysans, dont 700 ont été égorgés ou noyés. [50] Il y a peu de seigneurs à la cour, on en a mandé d’ici pour la grossir ; le maréchal de Gramont, [146] M. le duc de Richelieu [147] et sa femme s’y en vont. [51] On croit que le roi ne reviendra de longtemps à Paris. M. le garde des sceaux a averti les partisans, qu’il a envoyé quérir exprès, que dans les urgentes nécessités de l’État où nous sommes la reine avait affaire d’argent ; qu’ils pensassent à en trouver pour se redimer, [52] sinon que l’on ferait une Chambre de justice contre eux. On parle ici de la mort de l’archevêque d’Auch, [148][149] de l’évêque de Léon [150][151][152] et d’un autre. [53] M. Catelan, [153] gendre de M. de La Milletière, [154] secrétaire du Conseil qui va depuis peu à la messe, [155] est parti d’hier pour aller vers la reine ; [54] on dit qu’il s’en va être intendant de justice [en] Champagne. Et moi, je m’en vais finir la présente [après vous] avoir protesté d’être toute ma vie, Monsieur, [votre très humble et très] obéissant [serviteur,

Patin.

De Paris, ce 22e de mars 1650.]


a.

Ms BnF no 9357, fos 80‑81, le coin inférieur droit et le bas du fo 81 sont déchirés ; Jestaz no 28 (tome i, pages 621‑632).

1.

Louis Phélypeaux, marquis puis duc de La Vrillière (1599-1681) avait épousé Marie Particelli, fille de Michel i Particelli d’Émery et sœur du président Thoré. Secrétaire d’État aux Affaires de la Religion prétendue réformée, il était fort lié à Claude de Saint-Simon, père de Louis, le mémorialiste (tome i, page 725), qui l’a décrit « extrêmement petit, assez bien pris dans sa petite taille ».

Selon Nicolas Goulas (Mémoires, tome iii, pages 201‑203), le transfert des sceaux du Chancelier Séguier au marquis de Châteauneuf (v. note [14], lettre 220) ne se fit pas sans grincements :

« La cour donc, qui était partie de Paris le premier ou second jour de février, y fut de retour avant la fin du mois, et il fallut aussitôt que M. le cardinal éloignât M. le Chancelier et fît donner les sceaux à M. de Châteauneuf. Je dis il fallut, à cause qu’il avait grand-peine de s’y résoudre et qu’on lui fit la dernière violence. Il vit ce dernier {a} auparavant, une certaine nuit, où ils prirent leurs mesures, et ce fut chez le cardinal, où l’autre ne feignit pas d’aller incognito à cause que sa visite le devait mettre en autorité. Je ne sais si ce qu’on dit était vrai, que M. le Chancelier fit des bassesses incompréhensibles pour ne point déloger, jusqu’à offrir sa charge de chancelier, que prétendait M. de Châteauneuf, moyennant qu’on lui laissât les sceaux et la cohue {b} du Conseil, de ne point entrer au Conseil d’en haut, d’assister le roi d’argent ; enfin demandant grâce et à genoux, ce que je louai beaucoup à un de mes amis qui donnait sur lui et ne cessait de le déchirer pour cette lâche conduite. En effet, il ne se peut mieux agir en courtisan, car laissant sa charge à son ennemi, il devenait ministre en titre, et le connaissant fier et audacieux, il n’était pas possible que le cardinal le souffrît longtemps en ce poste ; ainsi, Son Éminence l’éloignant, il se trouvait habile à succéder, {c} et dans la Cour même, je veux dire toujours en état de travailler à ses affaires et n’avoir pas besoin de solliciteur.

La chose < se > passa comme je vais dire : M. de La Vrillière eut ordre de lui demander les sceaux de la part du roi, et il les rendit ; le lendemain, Sa Majesté fit venir M. de Châteauneuf et les lui donna avec l’approbation universelle, particulièrement de la Fronde, qui se pâmait d’aise d’avoir eu la force de désarçonner un ministre de vingt années, {d} choisi par le cardinal de Richelieu. Mais le jour même, M. Le Tellier le fut trouver de la part de la reine pour lui dire qu’elle n’était point mal satisfaite de lui et qu’ayant été obligée (quelques-uns assuraient forcée), par de grandes considérations, de lui ôter les sceaux, elle le laissait en liberté d’aller où il lui plairait hors de Paris dès que son mal le lui pourrait permettre, et que cependant il ne souffrît point qu’on le vît. Quant à Mme la chancelière, elle avait toute liberté de le suivre ou de demeurer. Le chancelier répondit fort respectueusement et fort fermement, et alla deux jours après à Rosny, chez M. de Sully, son gendre, {e} peu regretté et encore moins estimé des généreux qui condamnent toujours les bassesses, quoiqu’ils sachent qu’elles sont heureuses et maintiennent toujours les gens dans les cours où les favoris gouvernent.

M. le cardinal, ne le pouvant sauver, voulut qu’il tombât doucement, dans la pensée de le faire bien revenir dès qu’il aurait affaibli la Fronde ; car il n’est point croyable combien il se ménageait avec elle, et les amitiés qu’il en fit, en arrivant, à tous les chefs. »


  1. Mazarin vit Châteauneuf.

  2. L’assemblée.

  3. Réussir.

  4. Le chancleier Pierre iv Séguier.

  5. V. note [17], lettre 222.

2.

Mme de Motteville (Mémoires, page 338) :

« Le cardinal […] crut qu’il était de sa prudence de contenter cette cabale et de donner quelque autorité à Châteauneuf, afin de leur faire voir à tous qu’il était en état de ne rien craindre. […] Il espéra que le garde des sceaux de Châteauneuf, comme habile courtisan, venant à connaître qu’il ne pouvait avoir la première place, {a} se contenterait de la seconde et que, peut-être, il se servirait de lui pour modérer l’ardeur impétueuse de la Fronde. »


  1. Celle de Mazarin lui-même.

3.

« si on ne lui tient tête hardiment, et avec plus de succès qu’avant. »

Obmettre : « manquer à dire ou à faire quelque chose » (Furetière).

Séquelle : « suite de personnes ou de choses qui vont ordinairement ensemble. Ce mot ne se dit guère qu’en mauvaise part, et de choses basses : je n’ai que faire de cet homme-là, ni de toute sa séquelle » (ibid.).

4.

V. note [48], lettre 150, pour la taxe des aisés.

5.

« d’antan. »

Tourmentine, vieux mot français pour tourmente.

6.

La cour ne se rendit qu’en Bourgogne. Partie de Paris le 5 mars, elle fut de retour à Paris le 2 mai.

7.

Journal de la Fronde (volume i, fo 186 vo, 18 mars 1650) :

« Le bruit continue que Leurs Majestés doivent aller de Dijon à Lyon, où elles demeureront quelque temps ; et que le duc de Mercœur doit revenir de Catalogne pour y épouser la nièce de M. le cardinal. On dit que le vrai sujet de ce voyage est pour une entrevue qui se doit faire du roi avec la princesse de Savoie, laquelle y doit venir ayant été projeté de faire le mariage de Sa Majesté avec elle quand ils auront assez d’âge pour cela ; mais on ajoute que c’est pour entretenir le duc de Savoie dans cette espérance et l’empêcher de se lier avec l’Espagne, comme le bruit court que c’est son dessein ; et qu’à cette fin le roi d’Espagne lui promet l’infante en mariage, ce qu’on appréhende à la cour. » {a}


  1. Manipulé par Mazarin, ce triple jeu des alliances entre la France, la Savoie et l’Espagne, se prolongea jusqu’en 1658 (« comédie de Lyon », v. note [5], lettre 542).

8.

En termes de Palais, dol et erreur désignaient la faute de fait respectivement commise par une des parties (tromperie, mauvaise foi) et par le juge (injustice) ; v. note [10], lettre 165, pour les déboires d’Anthyme Denis Cohon, évêque de Dol, pendant le siège de Paris.

9.

Nicolas Goulas (Mémoires, tome iii, page 204) :

« Le grand embarras de M. le cardinal venait de ses bons amis les frondeurs, qu’il savait ne le pas aimer ; et d’ailleurs, allant en Bourgone, il laissait Monseigneur circonvallé par eux {a} et doutait qu’il ne se rendît à leurs complaisances. Car il fallait un Conseil à Paris, le siège de l’empire, {b} et celui qu’il y avait destiné était composé de Monseigneur et de MM. de Châteauneuf, d’Avaux, Servien et Le Tellier, si ce n’est qu’on veuille dire que les deux derniers étaient là les surveillants de la Fronde, qui prenaient garde à ses déportements et à la manière dont Monseigneur se comporterait avec elle. » {c}


  1. Le duc d’Orléans encerclé par eux.

  2. Du gouvernement.

  3. V. note [15], lettre 220, pour un avis concordant de Mme de Motteville.

10.

Journal de la Fronde (volume i, fos 193 vo, 30 mars, et 196 ro, 1er avril 1650) :

« Le 30, M. le maréchal de Schomberg, qui est à présent en bonne intelligence avec les ambassadeurs des Suisses, les mena chez M. d’Émery qui leur fit espérer de leur donner satisfaction le plus promptement qu’il sera possible ; à quoi l’on travaille puissamment et l’on est presque d’accord avec eux pour l’année courante. […]

Le premier du courant, M. le maréchal de Schomberg traita si splendidement les ambassadeurs des Suisses qu’on remarqua qu’il y avait pour quatre mille livres de poisson. On travaille tous les jours à trouver des moyens pour les satisfaire. »

11.

V. notes [75], lettre 219, pour Jean de Guron et [7], lettre 20, pour Mathieu de Mourgues, abbé de Saint-Germain, qui avait accompagné Marie de Médicis dans son exil à Bruxelles, d’où il avait bombardé Richelieu de libelles.

12.

« et l’homme ne fut pas déçu dans son attente » ; v. note [24], lettre 220, pour Charles Vialart, évêque d’Avranches.

13.

V. note [24], lettre 220, pour les vicissitudes de l’Histoire du ministère du cardinal Richelieu. Son chapitre intitulé Monsieur Séguier pourvu de la dignité de chancelier de France (tome iv, année 1633, pages 263‑265), est un éloge absolument dithyrambique de Séguier ; il ne va pas jusqu’à vanter les traits de son visage, mais se termine sur ces mots :

« Il n’était besoin que de le voir pour l’aimer, et les charmes de sa parole rendaient si agréable la sévérité dont la justice l’obligeait d’user quelquefois, qu’aucun n’en demeurait offensé. J’en dirais bien davantage si les lois de l’histoire du roi me le permettaient, bien que ce ne soit pas en quelque façon interrompre les louanges de Sa Majesté puisqu’il n’y a rien qui fasse paraître sa sagesse avec plus d’éclat que la vertu et les qualités éminentes de ses ministres, qui sont ses plus nobles créatures. »

Je n’ai pas trouvé les passages médisants sur Châteauneuf et la reine Anne d’Autriche (alors que la reine mère, Marie de Médicis, est copieusement fustigée à toute occasion).

14.

Il a les cheveux tout blancs, il est très vieux, mais veut toujours en découdre.

Jean Benoît professait le grec à l’Université protestante de Saumur. Il pratiquait aussi la médecine, tout comme son confrère et rival Marc Duncan (v. note [50], lettre 97). Il avait fallu le synode national réuni à Charenton (v. note [18], lettre 146) en 1631 pour mettre fin à leurs disputes. Benoît a notamment donné des éditions de Lucien de Samosate et de Pindare qui ont longtemps fait autorité (Saumur, 1619 et 1620, v. note [5], lettre 774). Il mourut subitement en 1664.

15.

« Il y a eu en ce siècle [dans les années 1630] une étrange manie des curieux pour les tulipes ; ils ont estimé leur beau carreau [parterre] de tulipes des quinze ou vingt mille francs. Ils leur ont donné plusieurs noms selon leur caprice, tant en général qu’en particulier » (Furetière).

« Dans ma jeunesse, j’ai vu vendre tel oignon de tulipe trois cents pistoles, tant la tulipomanie était grande ; mais cette manie est passée il y a déjà longtemps, et on ne donnerait pas présentement cinq sous de l’oignon de la plus belle tulipe du monde » (Ménage).

L’« humeur plaidacière et chicaneuse » ou manie des procès (quérulence processive) est un symptôme de la paranoïa.

16.

« ou du moins que ces fort méchants bipèdes ne reviennent jamais ici, et bien plutôt qu’ils retournent là d’où les inconvénients de notre siècle les ont malencontreusement amenés » (adaptation de Catulle, v. note [104], lettre 166).

V. note [15], lettre 220, pour l’orage politique qui accompagnait le départ de Mazarin pour la Bourgogne.

17.

Maximilien iii-François de Béthune, duc de Sully et pair de France (depuis mars 1642), prince de Henrichemont, marquis de Rosny (1615-Paris, 11 juin 1662), était le fils aîné de Maximilien ii (1588-1634), et le petit-fils de Maximilien i, le ministre de Henri iv. En 1639, il avait épousé Charlotte Séguier (1622-1704), seconde fille du chancelier.

Rosny (aujourd’hui Rosny-sur-Seine), 13 kilomètres à l’ouest de Mantes (Mantes-la-Jolie, Yvelines, sur la Seine, 57 kilomètres à l’ouest de Paris), était fief des Sully. Ils y possédaient un château, toujours debout, mais en piteux état.

18.

« et il s’est discrètement esquivé », expression que Guy Patin a plus tard attribuée à Érasme (v. note [5], lettre 874).

19.

« Je ne puis, Messieurs, supporter une Rome grecque » (Juvénal, Satire iii, vers 60).

Outre son sens premier de Sabins (Romains de vieille souche, v. note [7], lettre 38), le Dictionnaire de Trévoux dit de Quirites, « s’il est dans un discours où un orateur porte la parole aux Romains, qu’on appelle en latin Quirites, il faut traduire Messieurs, selon notre usage et avec nos meilleurs interprètes ; ailleurs il faut traduire les Romains, le peuple romain ».

20.

V. note [57], lettre 101, pour Blaise Méliand, alors procureur général du Parlement.

21.

Déchiffré : découvert.

Dans l’Histoire du ministère du cardinal de Richelieu…, le chapitre intitulé Résolution de Monsieur de sortir de la cour (tome iv, année 1631, page 16) commence par cet éreintement politique :

« Incontinent après que Le Coigneux eut fait prendre à Monsieur, par ses artifices, la résolution de sortir de la cour, il ne lui donna point de relâche qu’il ne l’eût exécuté ; mais pour faire cette sortie avec tant d’éclat qu’elle servît de tocsin pour mettre le monde en campagne, il trouva le moyen de lui persuader, comme un acte de grande générosité, d’aller quereller M. le cardinal chez lui avant que partir, et lui dire qu’il ne voulait plus être son ami et qu’il prenait la cause de la reine mère contre lui. Il y fut en effet et lui dit ces paroles ; mais M. le cardinal, qui connaissait bien qu’elles ne pouvaient partir de sa bonté, qui le fait être non seulement le moins malfaisant, mais davantage le plus obligeant prince du monde, ne lui rendit que des respects et des civilités. »

22.

Passage presque identique à la fin de la lettre à Falconet du 1er février 1650.

23.

Conseil des parties : « où on ne juge point des affaires du roi, mais seulement des particuliers » (Furetière) ; c’était une autre dénomination du Grand Conseil ou Conseil privé (v. note [7], lettre 137).

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 233, mars 1650) :

« Mardi 8, M. de Châteauneuf, garde des sceaux de France, scelle en public. On dit que c’est de ce coup qu’il a scellé la lettre de l’établissement de la Chambre de justice. » {a}


  1. V. note [8], lettre 221.

24.

« d’un choléra morbus ».

Choléra morbus est la combinaison du grec cholera (de cholé, bile, et réô, je coule) et du latin morbus (maladie) pour définir (Furetière) :

« un dégorgement de bile fort subit, qui donne un grand dévoiement par haut et par bas, qui est si dangereux qu’on l’appelle autrement un trousse-galand. {a} Il procède d’une continuelle indigestion des viandes. {b} Cette maladie est ainsi appelée à cause qu’elle fait sortir la bile fort violemment par haut et par bas, selon Galien et Celse, ou parce que la matière est incessamment jetée hors des intestins, qu’on appelait autrefois cholades. » {c}


  1. « à cause de la promptitude avec laquelle le malade succombe dans beaucoup de cas » (Nysten).

  2. Difficulté à digérer les viandes.

  3. Ce mal correspond à ce qu’on appelle aujourd’hui le syndrome cholériforme, qu’il s’agisse du choléra proprement dit (dû au vibrion cholérique) ou de toute autre diarrhée provoquée par un microbe sécréteur de toxine.

25.

« Les grenades en général ont un bon suc et sont propres pour l’estomac. Les douces sont bonnes aux toux opiniâtres. Les aigres sont froides, astringentes et stomachiques, on s’en sert principalement dans les fièvres bilieuses. Les grenades vineuses ont une nature moyenne entre les douces et les aigres, elles sont cardiaques et céphaliques » (Trévoux).

26.

Doubler, c’était renforcer le catholicon (v. note [13], lettre 95) avec un supplément de rhubarbe (v. note [2], lettre 69) pour mieux purger les humeurs surabondantes.

27.

V. note [15], lettre 15, pour la Praxis medica… (1620) de Brice Baudron.

28.

« s’ils ne savent comment leur répliquer » : et factus sum sicut homo non audiens et non habens in ore suo redargutiones [et je suis comme un homme qui n’entend pas, je ne réplique rien] (Psaumes, 38:15).

Dans cette phrase, ministre possède son sens premier : exécutant de l’ordre donné par un supérieur.

29.

« de l’une et l’autre pléthore », c’est-à-dire d’une double surcharge, de sang et de bile.

30.

Astringent : « qui a la vertu d’astreindre, de resserrer [astringere en latin] le ventre. Il y a des remèdes laxatifs, d’autres astringents. » À l’astriction, la médecine moderne a substitué les notions de contraction (pour les chairs) et de vasoconstriction (pour les vaisseaux).

Guy Patin se targuait ici de ne pas traiter le symptôme (la diarrhée), mais d’éradiquer (purger) ce qu’il pensait être sa cause (la double pléthore) ; l’apothicaire n’avait pourtant pas tort car il paraît aujourd’hui dangereux et inepte de saigner un patient qu’un choléra menace de profonde déshydratation.

31.

« en vue d’un copieux bénéfice ».

32.

« et d’ailleurs ils n’en abusent guère. »

33.

« dont on dit, “ ils verront celui qu’ils ont transpercé ” [Jean, 19:37, citant Zacharie, 12:10, à propos de la mort du Christ]. »

34.

« Deux livres d’épigrammes, par Gabriel Naudé de Paris » (Paris, 1650, v. note [14], lettre 240).

35.

Guy Patin confondait Mathieu Guillemot avec son frère Jean, lui aussi libraire, mais mort avant 1649. Ils étaient fils du libraire Daniel Guillemot, mort en 1638. Mathieu (Paris 1600-ibid. 1654) avait commencé à exercer vers 1618. Il occupa successivement trois officines rue Saint-Jacques, au coin de la rue de la Parcheminerie (1626), à l’enseigne de la Bibliothèque (1641) et Près de la Poste (1643). Il avait été élu syndic de la librairie le 8 mai 1649, poste qu’il occupa jusqu’au 14 mai 1652, date de l’élection du nouveau syndic, Robert Ballard (Renouard et Jestaz). Guy Patin a annoncé la mort récente de Guillemot dans sa lettre à Charles Spon, datée du 25 août 1654 (v. sa note [12]).

Les soucis des libraires du Pont-Neuf, diffuseurs de libelles séditieux (v. note [5], lettre 197), n’étaient toujours pas réglés. Patin en a de nouveau parlé dans les Commentaires de son décanat (v. note [21] des Affaires de l’Université en 1650‑1651).

36.

Authentica SS. Quatuor Evangelistarum Fides adversus omnes repugnantes hæreticos ethnicosque philosophos. Ad Excellentissimum Principem Comitem de Olivares. Auctore Magistro Fr. Antonio Perez, olim Benedictinæ Hispanarum familiæ Generali, nunc eiusdem Ordinis Abbate Madriti. Editio recens. Indicibus, Controversiarum et Capitum, locorum S. Scripturæ ac rerum notabilium, illustrata.

[Foi authentique des quatre saints Évangélistes contre tous les philosophes païens et hérétiques qui leur sont opposés À Son Excellence de prince comte Olivarez. {a} Par Frère Antonio Perez {b} jadis directeur général de la famille bénédictine d’Espagne, maintenant abbé du même Ordre à Madrid. Publication nouvelle, enrichie d’index des controverses et chapitres, des passages de l’Écriture sainte et des faits remarquables]. {c}


  1. V. note [1], lettre 127.

  2. Antonio Perez, docteur en théologie de l’Université de Salamanque, archevêque de Tarragone, 1559-1637.

  3. Lyon, Ludovicus Prost, héritier de Roville, 1626 (avec étourderie de Guy Patin sur la seconde date qu’il donnait), in‑4o de 360 pages.

    Les fragments mis entre crochets dans la transcription de la lettre reconstituent une lacune du manuscrit.


37.

V. notes [49], lettre 166, pour l’Universa Medicina… de Barthélemy Pardoux rééditée à Lyon chez Jacques Carteron, et [20], lettre 150, pour les Opera de Daniel Sennert (édition de Lyon, 1650, chez Huguetan et Ravaud).

38.

John Price (Pricæus, Londres 1600-Rome 1676) avait embrassé le catholicisme après avoir terminé ses études, puis s’était rendu à Florence pour prendre le grade de docteur en droit. Revenu en Angleterre, il s’était attaché à la personne de sir Thomas Wentworth, duc de Strafford en Irlande. Après la disgrâce de son protecteur (1640), Price avait publié quelques écrits en faveur de la cause royale, qui lui avaient valu un assez long emprisonnement. Rendu à la liberté, il retourna en Italie, devint garde du cabinet des médailles du grand-duc de Toscane (1652), professeur de grec à Pise, passa ensuite à Venise et enfin à Rome où il se mit sous la protection du cardinal Barberini (G.D.U. xixe s.).

Entre autres travaux, Price a laissé deux éditions d’Apulée : {a}

39.

Jean Du Bray (1611-1674), fils de Toussaint Du Bray, avait été reçu libraire-imprimeur à Paris en 1636. Exerçant à son propre compte à partir de 1642, Jean avait été nommé adjoint de la Communauté des libraires en 1649. Son officine se trouvait rue Saint-Jacques, Aux Espics meurs [Épis mûrs] et au Chapelet, en hommage à son beau-père Sébastien Chappelet, lui aussi libraire à Paris (Renouard).

Dans les derniers mois de sa vie, Guy Patin, accablé de dettes, ayant perdu jusqu’à sa chère bibliothèque, se faisait adresser chez Jean Du Bray les livres que ses correspondants lui envoyaient ; c’était pour empêcher leur confiscation par sa bru, Catherine Baré-Patin, veuve de Robert, devenue la légitime propriétaire de la bibliothèque de son beau-père (vLa bibliothèque de Guy Patin et sa dispersion).

V. note [50], lettre 176, pour les Domus Dei… et Regnum Dei… du P. Nicolas Caussin, que Du Bray était alors en train d’imprimer.

40.

Montmédy est une ville de Lorraine (aujourd’hui dans le département de la Meuse) située sur les rives de la Chiers, à 80 kilomètres au nord-est de Bar-le-Duc. C’était alors une place forte espagnole rattachée aux Pays-Bas (quartier wallon du Luxembourg) depuis le traité de Cateau-Cambrésis (1558).

Mme de Longueville avait rejoint Turenne à Montmédy au début du mois de mars. La ville allait être prise par la France en 1657 à l’issue d’un siège mémorable.

41.

Arrivée à Auxerre le 11 mars, la cour y séjourna jusqu’au 13 pour arriver à Dijon le 16.

42.

Le duc de Vendôme (César Monsieur) était alors gouverneur de Bourgogne (v. note [14], lettre 219).

Jean Bouchu, né à Dijon en 1597, avait successivement été conseiller au parlement de Dijon (1620), président à mortier (1631), puis établi premier président en 1644 par Henri ii de Bourbon, troisième prince de Condé, mort en 1646, père du Grand Condé (Louis ii). Bouchu mourut d’un choléra morbus à la fin de décembre 1653 (v. note [24], lettre 222).

Pierre Le Goux de La Berchère avait été nommé premier président du parlement de Dijon en 1631, révoqué en 1637, puis premier président de celui de Grenoble en août 1644. Il mourut à la fin de 1653 (v. note [64], lettre 336).

43.

Apologie royale pour Charles ier, roi d’Angleterre (v. note [4], lettre 224).

44.

V. note [25], lettre 219, pour la difficile et romanesque évasion de Mme de Longueville en bateau hors de Normandie. Le Dieppois Abraham Duquesne (1610-1688), qui allait devenir l’une des célèbres figures de la marine française du temps, servit en cette affaire de porte-parole à Mazarin. Il montra au capitaine de frégate, nommé Daniel, qu’il se mettait dans un mauvais cas s’il recevait à son bord la duchesse pour la transporter à l’étranger. Daniel accepta donc de la trahir ; mais changeant brusquement ses projets, Mme de Longueville rendit vaine toute trahison et parvint à s’échapper (Jestaz d’après Paul Logié, La Fronde en Normandie, 1954).

45.

En termes de boucherie, les viscères du tronc (poumons, cœur, foie, rate) portent le nom collectif de fressure.

46.

« le trait mortel reste fiché dans son flanc » (Virgile, Énéide, chant iv, vers 73).

47.

« qu’il eût mieux valu ne pas avoir touché. »

48.

« aux frais de la société des libraires, De Antichristo de Thomas Malvenda » :

R.P.F. Thomæ Malvenda Setabitani Ord. Prædicatorum Sacræ Theologiæ Magistri, de Antichristo, Tomus primus. In quo Antichristi præcursores, adventus, ortus, signa, regnum, bella et monarchia enumerantur ; Sacræ Scripturæ oracula enodantur, et Patrum auctoritates cum Historiæ veritate conciliantur. Opus multiplici peramœnaque doctrinæ varietate refertum, et suis indicibus locupletatum.
Tomus secundus. Complectens Antichristi vitia, doctrinam, miracula, persecutiones, Iudæorum conversionem, mundi solutionem, et ipsius Antichristi mortem. Omnia ad scripturæ fidem, sacrorum Interpretum authoritatem, et Historiæ veritatem diligentissime examinata
.

[Tome premier du R.P. Thomas Malvenda, de l’Ordre des frères prêcheurs, maître de théologie sacrée natif de Xativa, {a] sur l’Antéchrist, {b} où sont détaillés ses précurseurs, sa venue, sa naissance, ses manifestations, son règne, ses guerres et sa monarchie ; où sont dénoués les oracles de l’Écriture sainte, et réconciliés les ouvrages des Pères avec la vérité de l’histoire. Ouvrage empli d’une vaste et très agréable diversité de doctrine, et enrichi d’index. {c}
Tome second, contenant les vices, doctrine, prodiges et persécutions de l’Antéchrist, la conversion des juifs, la désagrégation du monde te la mort de l’Antéchrist lui-même ; le tout est très soigneusement examiné selon la foi de l’Écriture, l’autorité de ses saints interprètes et la vérité de l’histoire]. {d}


  1. Tomás Malvenda (Xativa, royaume de Valence 1566-Valence 1628), savant dominicain hébraïste, réputé pour son érudition biblique et historique, a publié un grand nombre d’ouvrages (Michaud). Ses commentaires sur la Sainte Écriture in‑fo étaient alors en cours d’impression à Lyon : v. note [3], lettre 224.

  2. V. notule {a}, note [9], lettre 127.

  3. Lyon, Société de libraires, 1647, in‑fo de 603 pages contenant les six premiers livres.

  4. Ibid. et id. 1647>, in‑fo de 246 pages contenant les sept derniers livres. Cet ouvrage avait été publié pour la première fois à Rome en 1604. La Socité de libraires lyonnais était composée de Claude Prost, des frères Pierre et Claude Rigaud, de Jérôme de la Garde et de jean-Antoine ii Huguetan.

49.

François-Henri de Montmorency, comte de Luxe et de Bouteville (1628-1695) était fils posthume de François de Montmorency, sieur de Bouteville (v. note [74], lettre 166), et d’Élisabeth de Vienne. En 1643, il avait combattu à Rocroi sous les ordres de Condé, auquel il attacha ensuite sa fortune. Il était alors l’un des défenseurs de Seurre (Bellegarde) que les forces royales se disposaient à assiéger. Reçu duc de Piney-Luxembourg et pair de France en 1662, il fut nommé maréchal de France en 1675.

50.

Journal de la Fronde (volume i, fo 184 vo, Paris le 18 mars 1650) :

« Un courrier arriva ici avant-hier venant de Limousin et rapporta que quelque noblesse de ce pays-là ayant assisté les paysans à s’y révolter, ils s’étaient assemblés du nombre d’environ 2 000 sous prétexte de faire observer la déclaration du mois d’octobre 1648 en ce qu’il est porté que les tailles ne seront pas levées à main armée ; sur quoi M. Foullé, {a} intendant des finances, fit ramasser les régiments de cavalerie de Paluau et de Meilleraye, et quelques autres troupes d’infanterie qui sont en quartier d’hiver, lesquels défirent ces paysans ramassés, en tuèrent six à sept cents, en firent plusieurs prisonniers après un combat fort longtemps opiniâtre, tous les autres s’étant dissipés. »


  1. Étienne Foullé, v. note [27], lettre 219.

51.

Journal de la Fronde (volume i, fos 185 vo et 186 ro, Paris le 18 mars 1650) :

« Le maréchal de Gramont {a} partit hier d’ici pour s’en aller à la cour. {b} Le duc de Richelieu partit aussi pour y aller avec Madame sa femme ; Mme d’Aiguillon {c} est toujours dans la résolution de faire casser ce mariage ; et l’on assure que comme il n’y a point de difficulté, elle a arrêté avec Mme de Chevreuse de le marier avec sa fille. L’abbé de Richelieu est demeuré ici et s’est accommodé avec sa tante, laquelle lui a donné dix mille écus pour son entretien, à condition qu’il continue ses études. »


  1. V. note [14], lettre 39.

  2. En Bourgogne.

  3. Tante du duc de Richelieu.

52.

Se redimer : « se racheter de quelque peine, travail ou affliction » (Furetière).

53.

Ni l’archevêque d’Auch, ni l’évêque de Léon n’étaient morts.

54.

Le financier François Catelan (mort en 1668), issu d’une famille protestante de Gap, a été l’un des plus notables traitants de la première moitié du xviie s. En 1637, il avait épousé Suzanne Brachet, fille de Théophile Brachet, sieur de La Milletière (v. note [13], lettre 80). Secrétaire du roi la même année, Catelan venait d’être nommé secrétaire du Conseil des finances après s’être converti au catholicisme (Dessert a, pages 718‑719).

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome ii, page 410) note que les deux financiers huguenots, François Catelan et Samuel Gaudin, sieur de La Raillière, formaient « la maltôte de la théologie de Charenton » (v. note [18], lettre 146). Son historiette sur La Milletière (pages 624‑626) donne un savoureux portrait de son gendre, Catelan :

« Enfin, au dernier synode national, {a} […] La Milletière […] se fit catholique. Sa fille aînée, femme de Catelan le grand maltôtier, disait qu’elle s’étonnait qu’on ne crût pas son père aussi bien que M. Calvin. Insensiblement toute la famille a fait le saut, et même son gendre qui, ayant acheté une charge de secrétaire du Conseil avant que de s’être fait catholique, la mit sur la tête de son beau-père qui, quoique titulaire simplement, ne laissait pas pourtant d’y trouver son compte. On dit qu’avant cela il pressait sans cesse son gendre de changer de religion ; depuis, il mourait de peur qu’il n’en changeât. Ce Catelan est un grand bizarre. Il était jaloux de sa femme, qui n’était ni jeune, ni jolie. Quand il la voyait propre : “ Où vas-tu ? Te voilà bien ajustée : est-ce pour voir tes f… ? ” Aussitôt, cette pauvre femme rentrait dans sa coquille : elle ne sort guère et lit beaucoup. Un jour il lui coupa toute la dentelle d’une jupe. Elle la fit remettre sur une autre et ne troussait jamais sa robe devant lui, de peur qu’il ne reconnût cette dentelle. Il appelle des mouches des papillotes noires, et c’était un crime capital que d’en mettre. Il mit ses filles en religion et disait à sa femme : “ Au lieu de les mener à la messe, tu les mènerais peut-être au bordel. ” Il lui donnait tout le moins d’argent qu’il pouvait ; cependant il avait une mignonne au Marais. Depuis, je crois que cela va mieux, car il fait le dévot et cette femme a ses filles avec elle. On dit que quand il écrit à son caissier de payer, il fait l’y du mot payez d’une certaine manière quand c’est tout de bon ; sinon le commis lui vient dire devant tout le monde : “ Monsieur, vous ne savez peut-être pas que j’ai fait tels et tels payements, etc. ” Et lui, en pliant les épaules, s’excuse et dit : “ Vous voyez la bonne volonté. ” »


  1. 1645.

Catelan a réapparu dans les lettres en 1661, au moment de la chute de Nicolas Fouquet, le surintendant des finances, dont il était client.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 mars 1650

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0222

(Consulté le 19/04/2024)

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