L. 264.  >
À Claude II Belin,
le 5 juillet 1651

Monsieur, [a][1]

Votre lettre m’a réjoui et consolé, j’étais en peine de vous après un si long silence. Faites ce que vous pourrez pour ranger cet impudent barbier [2] qui veut regimber tanquam mulus cui non est intellectus[1] Si vous en venez à un procès, j’espère que notre intervention ne vous manquera point. Si le père ne se met à son devoir, vous avez toute raison de refuser le fils, [3] nous en avons ainsi usé au Gazetier [4] et en sommes venus à bout. Si ce fils fait l’entendu avec ses lettres de Montpellier, [2][5] dites que vous doutez si ces lettres sont légitimes, s’il n’y a point eu quelque surprise ou fausseté, que l’on vous en a donné quelque avis. [3] Et là-dessus, demandez qu’il vous soit permis de lui faire la même chose que l’on fait à Rouen, [6] à Dijon, [7] à Bordeaux, [8] à Lyon, [9] à Amiens, [10] Orléans, [11] Blois, [12] Nantes, [13][14] Rennes [15][16] et autres bonnes villes : qu’il soit examiné de trois examens différents, de 15 en 15 jours, par chacun de vos compagnons en présence du magistrat ; il sera plus savant qu’un ange si vous ne le déferrez. [4] Cette rigueur apprendra à son père à être sage ; et quand vous le recevrez, faites-lui signer pour les lois et les droits de votre Compagnie afin que son père même ait un martel domestique, nisi ad meliorem mentem revertatur[5] Je sais bien quel auteur c’est que Ioannes Vetus, [17] j’ai céans son livre, il est mort greffier du parlement de Dijon. [6][18] Ce Iacobus Carpentarius [19] était un furieux qui fit tuer à la Saint-Barthélemy [20] Ramus, [21] son ennemi, comme huguenot, [22] qui ne le fut jamais ; [7] mais Dieu permit en récompense que l’an 1597, après la prise d’Amiens, [23] le fils unique de ce Charpentier [24] fût ici tout vif rompu à la Grève. [25][26] Vide Thuanum in utroque anno[8][27] Pour ce que vous me dites des oraisons de Ramus et de Bulenger, [9][28] je ne sais ce que c’est ; itaque ut illum videam[10] je vous prie de me l’envoyer, je vous en tiendrai compte. Je vis hier ici un de vos malades, savoir M. Camusat, chez Mme Doublet sa fille ; [11] je traite aussi un Troyen nommé M. Beguin ; apud utrumque sæpius de te egimus[12][29] Je vous envoie deux décrets que j’ai faits depuis peu et qui tous deux ont servi. [13] Je vous baise très humblement les mains, à M. de Blampignon et à tous Messieurs vos collègues, quibus omnem opem et operam polliceor[14] Je me recommande pareillement aux bonnes grâces de Messieurs vos frères, MM. Camusat et Allen. Le P. Caussin, [30] Loyolita et popularis vester[15] fut avant-hier enterré ici aux pères de Saint-Louis, rue de Saint-Antoine. [31] Ma femme [32] et mes enfants sont aux champs à trois lieues d’ici en une belle maison que j’ai achetée 15 000 livres[16][33] Vous trouverez de rudes plaintes contre les chirurgiens [34] dans les Épîtres médicinales de Langius [35] dès le commencement, epistolis 3, 4 et 5[17] Je vous baise les mains et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce 5e de juillet 1651.

M. de Beaufort [36] est échappé, M. le Prince [37] s’en va faire son entrée à Bordeaux ; [38] ils sont tous deux en très étroite intelligence avec M. le duc d’Orléans, [39] ex quo dolet ipsi Reginæ[18][40] Un Anglais nommé Jean Milton [41] a répondu à M. de Saumaise [42] pro populo Anglicano, je pense que M. de Saumaise lui répondra. [19][43]


a.

Ms BnF no 9358, fo 135, « À Monsieur/ Monsieur Belin le Père,/ Docteur en médecine,/ À Troyes. » ; Reveillé-Parise, no cix (tome i, pages 177‑179).

1.

« comme un mulet qui est dénué d’intelligence. »

Regimber : « ruer des pieds de derrière, n’obéir pas à l’éperon, au fouet, à la gaule. Il ne se dit au propre que des chevaux, mulets et ânes qui, au lieu d’avancer, se cabrent, reculent ou ruent. Il se dit quelquefois au figuré des hommes qui résistent aux commandements des supérieurs » (Furetière).

V. note [1], lettre 257, pour le différend entre le Collège médical de Troyes et le chirurgien Nicolas Bailly, qui impliquait aussi son fils.

2.

Les « lettres de Montpellier » étaient le diplôme de docteur en médecine délivré par cette Université ; « un homme fait l’entendu lorsque mal à propos il fait le capable, ou qu’il a une grande vanité » (Furetière). V. note [10], lettre 122, pour les brimades de la Faculté de médecine de Paris contre Isaac et Eusèbe Renaudot, en représailles de la querelle qu’elle avait avec leur père, Théophraste, le Gazetier.

3.

Guy Patin ne conseillait rien de moins à ses confrères de Troyes que de crier à la surprise (tromperie) et à la fausseté d’une preuve en prétendant qu’ils en avaient eu avis.

4.

Déferrer (Furetière) : « on dit qu’on a déferré un homme des quatre pieds pour dire qu’on l’a rendu muet, qu’on l’a mis hors d’état de passer plus avant en quelque dispute. »

5.

« s’il n’est pas revenu à une meilleure disposition d’esprit. »

Dans le contexte, il faut sans doute prendre « et quand vous le recevrez » pour « et quand même vous le recevriez ». Par « martel domestique », Guy Patin entendait ici gêne financière en sa maison (après que le père aurait dû régler, sans la moindre remise, les droits élevés d’une agrégation au Collège des médecins de Troyes).

6.

À cet endroit Guy Patin a rayé : « je vous remercie de l’offre que vous m’en faites. »

Iohannes Vetus (Jean Le Vieil, vers 1525-vers 1593), natif de Saint-Amour en Beaujolais (aujourd’hui Saint-Amour-Bellevue, Saône-et-Loire), vint à Paris où il professa au Collège d’Autun, puis du Cardinal Lemoine. Il étudia le droit et la médecine, puis renonça à l’enseignement. Nommé secrétaire du roi, il devint en 1569 conseiller au parlement de Bourgogne. Vetus remplit en outre à la même époque diverses missions en Allemagne, fut nommé en 1573 maître des requêtes, reçut des lettres de noblesse en 1581 et fut la même année nommé président au parlement de Bretagne. Il devait ces différentes charges à la protection du cardinal Charles de Lorraine et par reconnaissance, il s’engagea dans le parti de la Ligue. En 1589, Vetus fut l’un des membres du Conseil établi par le duc de Mayenne pour gouverner le royaume (G.D.U. xixe s.).

Parmi les quelques ouvrages qu’il a publiés, Guy Patin possédait sans doute les :

Ioan. Veteris Orationes in Medicinæ commendationem, et in gratiam octodecim Medicæ laureæ Candidatorum institutæ, ac in eorundem scholis per tres continuos dies habitæ, in quibus perpetua gymnasiorum corporis et animi comparatio explicatur…

[Discours de Ioan. Vetus à la louange de la médecine, écrits en faveur des 18 bacheliers de médecine {a} et prononcés trois jours de suite dans leurs Écoles, où est expliquée la préparation continue du corps et de l’esprit qui se fait dans les collèges…] {b}


  1. Les 18 bacheliers de la Faculté de médecine de Paris reçus en 1560 (sous le décana d’Antoine Tacquet), c’est-à-dire devenus « candidats au laurier médical » (licence puis doctorat).

  2. Paris, Federicus Morellus, 1560, in‑8o de 155 pages, divisé en 21 discours.

7.

Ramus (Pierre La Ramée, né à Cuts dans le Vermandois, vers 1515), fils d’un gentilhomme ruiné, parvint à se faire recevoir maître ès arts grâce à son travail acharné, remplissant le jour les fonctions de valet au Collège de Navarre et passant les nuits à l’étude. Il émit quelques idées pédagogiques proches de celles de Montaigne et écrivit deux ouvrages contre Aristote, mettant en avant certaines méthodes de persuasion issues de Quintilien : {a}

La Sorbonne s’émut et le Conseil du roi condamna Ramus. En 1545, le principal du Collège de Presles lui offrit pourtant de le suppléer. En 1547 Henri ii annula l’arrêt de la Sorbonne et en 1551, grâce au cardinal Charles de Lorraine, Ramus obtint une chaire au Collège royal, dont il fut le premier professeur de mathématiques. Après le Colloque de Poissy (1561, v. note [30], lettre 211), Ramus se convertit aux idées de la Réforme (quoi qu’en dise ici Guy Patin) et dut quitter sa chaire. Il la reprit après la paix d’Amboise, de 1563 à 1567. En 1568, il entreprit un voyage en Allemagne, notamment à Marburg et à Heidelberg, où ses idées en logique connurent le succès. Après la paix de Saint-Germain (1570), il revint à Paris. Des assassins soudoyés par Jacques Charpentier (Carpentarius, v. note [51], lettre 97), son ennemi, le tuèrent dans son Collège de Presles au cours de la nuit de la Saint-Barthélemy (26 août 1572, v. note [30], lettre 211) [G.D.E.L.].

8.

« voyez de Thou sur ces deux années. »

Dans son livre intitulé Ambrosio de Salazar et l’Étude de l’espagnol en France sous Louis xiii (Paris, Alphonse Picart et fils, et Toulouse, Édouard Privat, 1901, pages 93‑100), le chartiste Alfred Morel-Fatio a confirmé le récit de de Thou en citant d’autres sources et a attribué à Charpentier (sans se prononcer sur son prénom) la paternité d’un livre intitulé La parfaite Méthode pour entendre, écrire, et parler la langue espagnole, divisée en deux parties. La première contient brièvement les règles de grammaire. La seconde, les recherches des plus beaux enrichissements de la langue qui servent à la composition et traduction (Paris, Lucas Breyel, 1596, in‑8o) ; ce qui faisait de son auteur un candidat idéal pour espionner en France, au profit de la Ligue et de son alliée, l’Espagne.

9.

Jules-César Bulenger (ou Boulenger, Julius Cæsar Bulengerus, Loudun 1558-Cahors 1628) était fils d’un médecin de Troyes (selon Guy Patin). Après être entré chez les jésuites, il s’occupa de recherches historiques. Son ouvrage le plus connu est les :

Iulii Cæsaris Bulengeri Lodunensis Doctoris Theologi, et in Academia Pisana Profesoris, Historiarum sui temporis Libri Tredecim : Quibus res toto orbe gestæ ab anno millesimo quingentesimo sexagesimo, ad annum usque sexcentesimum duodecimum continentur. Ad Cosmum ii. Serenissimum magnum Hetruriæ Ducum iiii. Cum indicibus necessariis.

[Treize livres des Histoires de son temps de Jules-César Bulenger, docteur en théologie natif de Loudun et professeur en l’Université de Pise, contenant tout ce qui s’est passé dans le monde de 1580 à 1612. Dédiés à Côme ii, sérénissime quatrième grand duc de Toscane. {a} Avec les index requis]. {b}


  1. V. notule {e}, note [5] du Naudæana 2.

  2. Lyon, aux dépens de l’auteur, 1619, in‑fo de 409 pages ; première édition à Lyon, 1617.

    Ce titre est identique à celui des Histoires de Jacques-Auguste i de Thou. Selon Guy Patin (v. note [2], lettre 873), les jésuites voulaient obliger leur confrère à écrire contre ce monument : l’hstoire de Bulenger est certes bien plus respectueuse de Rome que celle de de Thou, mais je n’y ai pas vu d’attaque frontale contre lui.


Pierre Ramus a écrit de nombreuses Oraisons [Orationes] sur des sujets divers ; elles ont été réunies dans ses Collectaneæ Præfationes, Epistolæ, Orationes [Préfaces, Lettres et Discours] (Paris, Dionysius Vallensis, 1577, in‑8o de 612 pages).

Bulenger en a publié deux :

Guy Patin a résumé à sa façon la vie du P. Bulenger au début de sa lettre à André Falconet, datée du 30 juillet 1666. V. note [5] du Naudæana 2, pour un copieux complément d’informations bibliographiques sur Bulenger.

10.

« afin donc que je voie cela ».

11.

Il s’agissait d’un membre de la famille Camusat de Troyes, dont le plus insigne représentant fut le chanoine Jean Camusat, beau-frère de Claude ii Belin.

12.

« chez tous deux, nous avons fort souvent causé de vous. »

13.

Comme doyen, Guy Patin rédigeait alors les décrets de la Faculté de médecine de Paris ; v. note [15], lettre 263, pour un exemple du mois précédent.

14.

« que j’assure de toute mon attention et de toute mon aide. »

15.

« jésuite et votre compatriote ». Le P. Nicolas Caussin, jésuite natif de Troyes, était mort le 2 juillet 1651.

16.

Après la mort de ses beaux-parents, Guy Patin rachetait leur propriété à Cormeilles-en-Parisis (v. note [5], lettre 11). Quelques mois après l’acquisition de sa maison de la place du Chevalier du Guet pour 25 à 27 000 livres (v. note [25], lettre 255), cette dépense témoignait de la nouvelle richesse de Patin : l’héritage des Janson sans doute, mais aussi la garantie que son décanat allait sensiblement augmenter ses émoluments (le doyen « a double revenu de tout et cela va quelquefois bien loin », écrivait-il à André Falconet le 4 novembre 1650, veille de son élection).

On peut admirer un si bel optimisme au moment où la politique était si orageuse ; mais sans s’empêcher de voir malheureusement dans cette prodigalité immobilière les germes de la ruine qui a transformé les deux dernières années de sa vie en naufrage (vComment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy).

17.

Ioann. Langii Lembergii, v. Palatinorum Electorum archiatri, Epistolarum medicinalium volumen tripartitum, denuo recognitum, et dimidia sui parte auctum. Opus varia ac rara cum eruditione, tum rerum scitu dignissimarum explicatione refertum ; ut eius lectio non solum Medicinæ, sed omnis etiam naturalis historiæ studiosis plurimum sit emolumenti allatura. Cum indice rerum et verborum copiosissimo.

[Recueil en trois parties de lettres médicales de Johann Lange, natif de Löwenberg, premier médecin de cinq électeurs palatins, de nouveau révisé et augmenté de sa partie du milieu. Ouvrage empli tant d’une érudition rare et variée que de l’explication de choses tout à fait dignes d’être connues ; de sorte que sa lecture apportera beaucoup de profit à tous ceux qui étudient non seulement la médecine, mais aussi l’histoire naturelle. Avec un très copieux index des matières et des mots]. {a}


  1. Francfort, Claudius Marnius et Ioann. Aubrius, héritiers d’Andreas Wechelus, 1589, in‑4o ; nombreuses autres éditions, dont la première à paru à Bâle en 1584.

Les trois lettres mentionnées par Guy Patin sont intitulées :

Johann Lange (Löwenberg, Silésie 1485-Heidelberg 1565) fit ses premières études à Leipzig puis se rendit en Italie où il suivit pendant quelque temps les leçons de Niccolo Leoniceno (v. note [28], lettre latine 75) et prit le bonnet doctoral à Pise en 1522. De retour en Allemagne, il s’installa à Heidelberg et fut successivement honoré de la charge de premier médecin de cinq électeurs palatins, entre autres de Frédéric ii qu’il accompagna dans ses voyages, ce qui lui fournit l’occasion de se mettre en rapport avec les hommes les plus instruits et les plus recommandables de l’Europe. Lange était un homme rempli d’une érudition très variée. Dans ses ouvrages il s’est notamment attaché à éclairer les médecins sur l’abus des excitants et sur l’avantage des boissons rafraîchissantes dans le traitement des maladies inflammatoires. Il était surtout grand partisan de l’eau froide dans le traitement des fièvres : De Syrmaismo et ratione purgandi per vomitum, ex Ægyptiorum invento et formula [La Potion purgative de raifort et d’eau salée et la raison de purger par le vomissement, selon l’invention et la formule des Égyptiens] (Paris, 1572, in‑8o) ; De scorbuto Epistolæ duæ [Deux lettres sur le scorbut] (Wittemberg, 1624, in‑8o) avec le traité du scorbut de Daniel Sennert. Lange a aussi laissé quelques pièces de vers où on distingue une épigramme à la louange du fromage qu’il aimait au point d’en manger à tous les repas et le louait à tous propos (O. in Panckoucke).

18.

« ce dont la reine elle-même est affligée. »

Journal de la Fronde (volume i, fo 436 ro, 7 juillet 1651) :

« Le 29 du passé, la reine fut à l’hôtel de Vendôme pour visiter M. de Beaufort, mais elle ne le vit pas à cause que sa maladie, qui était une fièvre pourprée, se pouvait communiquer. M. le duc d’Orléans y a été trois ou quatre fois, et M. le Prince tous les jours. Sa fièvre l’a quitté depuis trois jours »

Le prince de Condé avait reçu le gouvernement de Bordeaux et allait y être reçu « avec des cérémonies et magnificences extraordinaires » le 22 septembre suivant (ibid. fo 484 vo).

La Fronde populaire de Bordeaux avait pris le nom d’Ormée probablement vers septembre 1650 (v. note [1], lettre 244), mais sûrement avant juin 1651, date à laquelle Condé félicitait de leur « zèle et affection Messieurs les bourgeois de l’assemblée de l’Ormée de Bordeaux » (R. et S. Pillorget).

19.

Ioannis Miltonii Angli pro Populo Anglicano Defensio, contra Claudii Anonymi, alias Salmasiii, Defensionem regiam. Cum Indice.

[Défense de John Milton, Anglais, pour le peuple britannique, contre la Défense royale de Claude l’anonyme, alias Saumaise. Avec un index]. {a}


  1. Londres, Du Gardianus, 1651, in‑12 de 260 pages. Charles ii, proscrit en Angleterre avait demandé à Saumaise une apologie de son père, Charles ier, décapité en 1649.

Ce livre répondait vivement à l’Apologie royale que Charles ii, banni d’Angleterre, avait demandée à Claude i Saumaise, pour la défense de son père, Charles ier, décapité en 1649 : v. notes [1], lettre 219) pour son édition latine (anonyme, 1649), et [4] et [5], lettre 224, pour sa traduction française (signée, 1650).

La Defensio de Milton, traduite dans toutes les langues de l’Europe, fit grand bruit et fut même brûlée par le Châtelet de Paris à l’instigation des prêtres. Saumaise avait laissé dans ses papiers une réplique qui fut imprimée après sa mort, en 1660, au moment même où la question venait d’être jugée par la restauration de Charles ii (v. note [1], lettre 642).

John Milton (1608-1674), poète, homme d’État et théologien anglais, a été le polémiste attitré de la révolution du Parlement contre la Couronne et devint secrétaire d’État de Cromwell aux affaires étrangères. Il doit son immortalité littéraire au :

Paradise lost, a poem in ten books.

[Paradis perdu. Poème en dix livres]. {a}


  1. Londres, S. Simmons, 1669, in‑4o, 1 540 vers ; première édition en 1667. Cette épopée chrétienne a été surnommée la « Divine Comédie du puritanisme » ; elle a été traduite pour la première fois en latin (Paradisum amissum) en 1690, et en français en 1729.

Pour justifier l’exécution de Charles ier, il avait déjà publié :

The Tenure of Kings and Magistrates : proving, that it is Lawful, and hath been held so through all Ages, for any, who have the Power, to call to account a Tyrant or wicked King, and, after due conviction, to depose, and put him to death ; if the ordinary Magistrate have neglected, or deny’d to doe it. And that they, who of late so much blame deposing, are the Men that did it themselves. Published now the second time with some additions, and many testimonies also added out of the best et learnedest among Protestant Divines asserting the position of this book. The Author, J.M.

[La Tenure {a} des rois et des magistrats, prouvant qu’il est licite, et l’a été de tout temps, pour quiconque détient le pouvoir, de demander des comptes à un tyran ou à un mauvais roi, et après condamnation en bonne et due forme, de le destituer et mettre à mort, si les magistrats ordinaires ont négligé ou refusé de le faire ; et que ceux qui ont récemment blâmé la destitution sont ceux-là mêmes qui l’ont provoquée. Publié maintenant pour la seconde fois avec quelques augmentations, et aussi l’addition de nombreux témoignages provenant des meilleurs et plus doctes ministres protestants, appuyant le contenu de ce livre. Par J.M.] {b}


  1. « Terme dont on se sert en matière féodale : mouvance, dépendance et étendue d’un fief » (Trévoux). « Mandat » en est une traduction moins spécifique.

  2. Londres, Matthew Simmons, 1650, in‑4o de 60 pages ; première édition ibid. et id. 1649.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 5 juillet 1651

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(Consulté le 23/04/2024)

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