Ce 24e de décembre. Je vous envoyai ma dernière le vendredi 22e de décembre avec deux lettres, l’une pour M. Falconet, l’autre pour M. Rigaud. [2] Depuis ce temps-là, je vous dirai que le Parlement ayant ordonné que remontrances seraient faites de la part de la cour et du duc d’Orléans [3] au roi [4] contre le retour du Mazarin, [5] et qu’on lui demanderait une nouvelle déclaration pour cet effet, maintenant qu’il est majeur, pour assurance que ce faquin ne reviendra jamais, le président de Bellièvre [6] ayant été député pour cet effet avec plusieurs conseillers, le roi leur a envoyé dire qu’ils ne prissent point la peine de partir pour cela et qu’en bref il leur enverrait une déclaration telle qu’ils la pouvaient souhaiter ; [1] et néanmoins, voilà qu’en même temps que l’on parle ainsi à Poitiers, [7] on dit ici que le Mazarin, accompagné de quelques troupes et qui est sur la frontière, doit entrer en France le 27e de ce mois du côté de Sedan, [8] mais qu’il ne pénétrera point bien avant, qu’il s’arrêtera près de la frontière à faire assiéger quelque place de celles que les ennemis nous tiennent, comme Mouzon [9] ou Stenay, [10] qui tient le parti du prince de Condé, [11] et dans lequel on dit que M. de Nemours [12] vient pour commander pour ledit prince, et duquel il a pris le parti dès le commencement.
Mais laissant à part les affaires de la guerre et de notre misérable politique, dites-moi s’il vous plaît pourquoi y a-t-il tant de fautes dans le Sennertus [13] de Lyon : j’y en ai remarqué une très grande quantité depuis peu pour en avoir parcouru un traité, qui est celui De Consensu chymicorum à la fin du troisième tome, dans lequel Paracelse [14] est étrangement traité et accommodé comme un terrible galant. [2] N’est-ce point que l’on se hâtait trop pour l’achever tant plus vitement ? ou bien que le correcteur n’entendait point son métier, vu que l’on ne travaillait que sur copie imprimée et qu’il n’y avait rien de malaisé ? Et à propos de livres, M. Ravaud [15] est-il arrivé ? S’il est à Lyon, je vous supplie de le saluer de ma part et de lui dire que je suis en peine s’il s’est souvenu de m’acheter à Francfort les deux tomes in‑fo de Lotichius, [16] Rerum Germanicarum. [3] C’est le même qui autrefois a commenté Pétrone [17] in‑4o et qui cherchait il y a trois ans à le faire réimprimer in‑fo fort augmenté ; alors, il ne le pouvait pas obtenir des libraires de Francfort [18] à cause de la guerre ; peut-être que dorénavant ils l’entreprendront, étant en paix, en quoi leur condition est bien meilleure que la nôtre. Cet auteur a autrefois régenté, puis a été médecin et enfin, il est devenu courtisan et historien, comme j’ai reconnu par une sienne lettre que j’ai vue en cette ville. M. Musnier, [19] médecin de Gênes, [20] a délivré au dit M. Ravaud un petit paquet de quelques livres pour moi, qu’il m’a ramassés depuis un an et plus. Si M. Ravaud me veut faire le bien de me faire empaqueter tout cela, j’en paierai de deçà le port à celui qui me les rendra et en rendrai l’argent à M. Huguetan [21] l’avocat, s’il veut ; ou bien je vous le ferai tenir afin qu’il le reçoive de vos mains. Vous voyez que ce ne sont que des corvées que je vous donne, mais il me semble que je suis bien fondé de vous faire tant de peines : c’est la permission que vous m’en [avez] autrefois donnée qui me fait continuer dans mes importunités ; toutes les fois que vous en aurez regret, prenez-vous-en à vous-même et à votre courtoisie, et dites avec Martial, ribon ribaine, [4] pour user du terme de M. François, [22] tant en rechignant et par dépit qu’autrement,
Omnis inhumanos habet officiosus amicos, etc. [5]
Si M. Ravaud avait pris à Rome quelques exemplaires d’un livre bien nouveau qu’il y a, intitulé Historia Mexicana, [6][23][24][25][26] j’en pourrais acheter un pour moi ; mais pour bien faire, il faudrait avoir la facture de ce qu’il a apporté. Que fait-on maintenant de nouveau à Lyon, n’imprime-t-on rien du P. Théophile Raynaud ? [27] Le manuscrit de M. Sebizius [28] vous est-il venu de Strasbourg ? Je vous prie de savoir de M. Rigaud quel est le titre du livre qu’on s’en va imprimer à Lyon de Celada, jésuite espagnol ? [7][29] Les jésuites ont fait imprimer à Rome le troisième tome de l’histoire de leur Ordre in‑4o, comme étaient les deux autres ; [8][30] cela ne se réimprime-t-il point à Lyon afin de le faire débiter par toute la France où il y a partout tant d’âmes moutonnières et tant d’esprits loyolitiques ?
Le mercredi 27e de décembre est parti d’ici M. le garde des sceaux, [31] contre l’espérance de tous, pour s’en aller à Poitiers. Il avait été mandé de la cour, il s’en était excusé ; mais il fut remandé de partir tout à l’heure, ce qu’il fit ; et le même jour, et même devant lui, sortirent aussi de Paris M. de La Vieuville, [32] surintendant des finances, et quatre des intendants et quelques autres officiers des finances. Si bien que voilà notre Parlement sans premier président. [9] Le vendredi 29e de décembre, le Parlement a été assemblé où, en présence du duc d’Orléans qui est fort piqué au jeu, on a donné un nouvel arrêt contre le Mazarin, et sa tête mise à prix pour 50 000 écus à prendre sur sa bibliothèque [33] et autres meubles qu’il a de deçà. Il y a d’autres particularités encore dans l’arrêt, qui sans doute se publiera bientôt. [10] Je vous prie de dire à M. Rigaud que j’espère de recouvrer par son moyen les livres qu’il m’a promis, et entre autres un livre d’Yverdon [34] que l’on trouvera sans doute à Genève, [11] savoir Opus logicum Scheibleri in‑4o. [12][35] Vous m’obligerez aussi de lui faire mes recommandations et de l’assurer que je suis son très humble serviteur, et que je fais très grand cas de son amitié et de sa connaissance ; je ne dis mot de son livre de feu notre bon ami M. Hofmann, [36] il en fera à sa commodité.
Ce 12e de janvier. Enfin, le Mazarin a eu la hardiesse d’entrer en France le mieux accompagné qu’il a pu et surtout, des troupes de trois maréchaux de France, MM. d’Hocquincourt, [37] de La Ferté-Senneterre [38] et d’Aumont [39] qui tous trois sont grands mazarins. Il a été douze jours à chercher ses sûretés à passer les deux rivières de Seine et d’Yonne. Il est aujourd’hui devers Pithiviers en Gâtinais, [40] où il attend d’être informé de quelque bonne commodité pour passer la Loire, [41] que l’on ne croit point qu’il puisse jamais passer du côté d’Orléans [42] ni près de là, tant au-dessus que dessous, à cause que M. le duc d’Orléans a dispersé ses troupes en divers endroits de cette contrée, à La Charité, [43] à Gien, [44] à Jargeau, [13][45] etc. Quelques-uns disent qu’il passera devers Chartres [46] et qu’il ira passer à Saumur [47] où le gouverneur est son ami, mais il y a bien loin, et bien à craindre par les chemins. Quelques-uns de nos conseillers étaient allés devers Sens, [48] à deux en nombre, [14] pour tâcher d’empêcher qu’il ne passât point par là, mais ils n’ont point été assez forts. Même, ils ont échappé belle, l’un d’eux ayant eu son cheval tué sous lui et l’autre étant arrêté prisonnier, qui se nomme M. Bitault de Chizey ; [49] l’autre, qui est M. du Coudray de Géniers, [50] était cru avoir été tué, et même le Parlement en avait été tout exprès assemblé, mais rien n’y fut résoût ni conclu, sur l’incertitude de la nouvelle ; et le même jour, sa femme reçut une lettre écrite de sa main qui lui donna assurance du contraire. [15] Mais d’autant que le retour du Mazarin justifie les armes du prince de Condé, voilà la chance tournée pour lui. Il a écrit au Parlement où le duc d’Orléans se rend fort diligent, et y a été ordonné aujourd’hui, vendredi 12e jour de janvier, qu’il y aura surséance pour la déclaration que le Parlement prononça contre lui le mois passé, jusqu’à ce que les déclarations qui ont été données contre le Mazarin aient été exécutées. [16]
Enfin, M. de Saumaise [51] est arrivé à Leyde [52] en Hollande où il est en repos en sa maison après la fatigue d’un si grand voyage. On achève en ce pays-là l’impression d’un beau Lexicon grec en deux volumes in‑fo [17][53] et les sept tomes in‑4o d’impression de Rome de Paulus Zacchias, [54] médecin romain, intitulé Quæstiones medico-legales y sont réimprimés in‑fo à Amsterdam. [18][55] Je ne sais si nous en pourrons avoir bientôt, tant à cause de l’hiver et de la glace qui empêchent la navigation qu’à cause de la guerre qui empêche toute sorte de commerces.
On dit ici que nos princes ont signé entre eux un accord pour faire ruiner le Mazarin et ôter la reine [56] du Conseil du roi ; savoir M. le duc d’Orléans, les princes de Condé et de Conti, [57] M. de Longueville, [58] M. le duc de Beaufort, [59] le coadjuteur, [60] M. de Chavigny, [61] etc. [19]
Il n’y a ici rien de nouveau que des gueux, quorum infinitus est numerus, [20] lequel véritablement ne saurait diminuer, Dieu merci et la mauvaise saison, la reine, le Mazarin, et id genus omne latronum. [21] On attend ici que les parlements se déclarent contre le Mazarin de nouveau, en conséquence de l’arrêt ici donné le 29e de décembre. [10]
Le Parlement a ordonné que la bibliothèque du Mazarin [22][62] sera vendue ; et de fait, elle se vend tous les jours, soir et matin. [23] Beaucoup de gens y vont acheter des livres, je n’y ai point été et n’y puis aller, faute de loisir. Il y a 40 000 volumes, c’est dommage que cette grande, si riche, si belle et si bien assortie bibliothèque soit dissipée de la sorte. Le public aurait pu en recevoir quelque soulagement si cela fût tombé en un meilleur temps, plus pacifique et plus réglé que le nôtre, et si l’auteur d’icelle eût été quelque prince pour lequel on eût dû avoir du respect ; comme lui, de la bonté et du zèle pour le bien public. M. Naudé [63] est extrêmement en colère contre le Parlement qui fait faire cette vente en dépit du Mazarin. Pour moi, j’en suis pareillement marri, mais ce n’est qu’à cause du dit M. Naudé qui est mon ancien ami, et non du tout pour ce malencontreux et malheureux tyran de longue robe. Si cette bibliothèque eût subsisté et qu’un jour elle eût pu servir au public, elle eût rendu immortel le nom de notre ami ; mais quoi ! il n’y a point de remède, ce sont des désordres publics dont les causes sont bien plus fortes et plus puissantes que ne sont les volontés des hommes. Je tiens pourtant pour très certain que l’on n’y trouvera point tous les livres rares qui y étaient par ci-devant, et que l’on n’aura point manqué d’en tirer la plupart des plus précieux, de peur de ce qui est arrivé ; quoique M. Naudé dise bien qu’il n’en a rien tiré.
La reine avait envoyé dans La Rochelle [64] un jeune maître des requêtes pour intendant de la justice, qui pensait y faire ce que faisaient les intendants dans les provinces il y a cinq ans. Toute la ville s’est assemblée contre lui et < il > a été obligé de se sauver. [24] Elle avait renvoyé aussi à Bordeaux [65] y interdire le parlement qui y était divisé en trois partis. [25] Ils se sont tous réunis, et la Ville pareillement, et ont mandé à la reine qu’ils n’obéiraient point. Quatre-vingts officiers anglais y sont arrivés pour commander à 4 000 Anglais que Cromwell [66] envoie de secours au prince de Condé. [26] Ceux de Dijon [67] n’ont point voulu vérifier la déclaration contre M. le Prince que la reine leur a envoyée ; et combien que M. d’Épernon, [68] leur gouverneur, y soit présent et qu’il veuille faire rebâtir la citadelle malgré toute la ville, il ne se déclare pourtant point partisan de la cour, ains plutôt malcontent d’eux, et est soupçonné d’avoir intelligence avec le prince de Condé. [27] Deux régiments ont quitté le comte d’Harcourt, [69] alléguant pour leur raison que leur dessein n’est point d’être du côté du Mazarin. Le parlement de Toulouse [70] a promis grande obéissance au roi à la charge que le Mazarin ne reviendra point en France ; que s’il y revient, ils seront les premiers à donner arrêt contre lui et à exciter à la même chose le Parlement de Paris et tous les autres du royaume ; et en même temps, cet arrêt était donné à Paris et envoyé à tous les parlements, desquels on attend réponse dans la semaine. [28]
Le mois de mai prochain, M. Gassendi [71] sera à Paris où il viendra faire imprimer ses livres de physique, c’est M. de Sorbière [72] qui me l’a écrit d’Orange [73] et qui, comme son bon ami, l’a été voir en Provence. Faites en sorte que quand il passera à Lyon, que M. de Barancy [74] vous avertisse de son arrivée afin que vous y puissiez voir et entretenir ce grand personnage, qui est un des plus savants et des plus honnêtes hommes du monde ; je vous dirai bien davantage, et un des plus humbles, quod mirum [29] pour un Provençal, car ces gens du pays d’Ousias [75] sont naturellement presque tous et toujours superbes. Nous avons ici un de nos docteurs qui les appelle savants de peu de science, glorieux de peu d’honneur et riches de peu de biens, et me semble que tout cela est fort vrai.
Ce 12e de janvier. Le duc d’Orléans dit hier dans le Palais que la reine mettait les affaires dans l’état de faire devenir roi de Poitiers celui qui était roi de France. [30][76][77] Il a envoyé un trompette au maréchal d’Hocquincourt, gouverneur de Péronne, [78] qui accompagne le Mazarin et qui est celui qui a pris prisonnier notre conseiller M. Bitault de Chizey ; c’est pour retirer ledit prisonnier. [31] Tous les volontaires [79] qui étaient dans l’armée du comte d’Harcourt lui ont dit adieu, ne voulant point se faire tuer pour le cardinal Mazarin.
Par arrêt de la Cour du 29e de décembre, on procède tous les jours à la vente de la belle et illustre bibliothèque du Mazarin où tout Paris va acheter. Il s’y vend beaucoup de bons livres, et en quantité. Je n’ai point encore eu le loisir d’y aller, tant j’ai d’affaires : les jours sont très courts, les chemins mauvais, mes malades dispersés dans la longueur de Paris (qui est un de mes fléaux, aussi bien qu’à tous mes compagnons) ; [80] de plus, je sollicite le procès [81] contre Chartier [82] pour son livre de l’Antimoine, [83] qui n’a pu par ci-devant être jugé à cause de la maladie de l’avocat de Chartier et à cause des fréquentes assemblées que Messieurs ont faites pour l’approchement du Maz[arin ;] il est pourtant en état de l’être bientôt si d’autres assemblées ne revienn[ent …] selon l’occasion ; et l’aurait été cette même semaine que je vous écris, [n’eût] été que M. Le Bignon, [84] avocat général, est détenu au lit de la goutte. [85] J[e pou]rrais bien passer outre, mais cette difficulté étant une affaire de police, je vou[drais] bien avoir des conclusions de l’un des deux avocats généraux, d’autant qu’elle [nous] servira de règlement à l’avenir ; et néanmoins, l’un étant malade, l’autre, qui [est] M. Talon, [86] ne peut pas venir à la Grand’Chambre d’autant qu’il est obligé d’aller et à l’Édit [87] et à la Tournelle, [88] étant tout seul. Et voilà où nous en sommes de présent pour l’affaire de ce malheureux Chartier. [32] Revenons à la Bibliothèque mazarine, [33] n’est-ce point un grand malheur qu’il faille que ce bel ouvrage soit détruit et même, en vertu et en exécution d’un arrêt de la Cour, que nous soyons tombés en un temps si désastreux et si misérable que cet amas de 40 000 volumes bien choisis soit vendu et séparé, plus afin de faire dépit au Mazarin que pour nécessité que l’on ait de l’argent qui en pourra provenir ? M. Naudé, notre bon ami, en est fort en colère et moi, j’en suis tout fâché à cause de lui ; même, j’ai peur qu’il n’en devienne malade et qu’il n’en meure aussi. [34] Hélas, comme dit quelque part frère Jean [89] dans Rabelais, [90] que j’y perdrais un bon ami ! [35] Mais à propos de Rabelais, j’ai désir il y a longtemps de vous prier de quelque chose que je vous supplie de prendre en bonne part et de me permettre : nous ne trouvons plus ici de ce livre-là, j’entends Rabelais des vieilles éditions ; M. Huguetan l’avocat dit qu’il est en abondance à Lyon ; faites-moi la faveur de m’en acheter tout ce que vous en trouverez chez vos libraires, et principalement chez ceux qui revendent des vieux livres ; j’entends un de chaque sorte, il ne m’importe de la reliure, deux, six, dix < volumes >, je le veux bien ; je m’en rapporte du prix à vous-même, lequel je vous ferai rendre à l’heure même. Il y en a une impression de lettre gothique, [91] une autre de petite lettre, toutes deux in‑12, qui sont fort bonnes. Il y en a une belle in‑8o dont la troisième partie et la quatrième me semblent être de l’an 1552 (l’auteur mourut bientôt après). Il y en a plusieurs autres in‑12 qui sont toutes bonnes. Je vous prie, faites-moi la faveur de m’en acheter une copie de toutes les sortes. Quand je les aurai de deçà, s’ils ne sont bien reliés, j’y donnerai bon ordre. Patere iterum, ut humeris tuis imponam istam sarcinam, [36] je vous ai tant donné de corvées par ci-devant qu’il me semble que je suis en possession de vous faire du mal et que vous êtes tout accoutumé de me faire du bien. Je vous supplie de le continuer en cette occasion et en toutes les autres qui se pourront par ci-après présenter, vu que je ne suis point en état d’y renoncer ; votre amitié et vos bons offices me sont trop fructueux pour les abandonner ; vous n’avez qu’à prendre patience car, Dieu aidant, vous n’êtes point encore au bout de mes importunités.
Ce 16e de janvier. [37] En voici une autre toute fraîche qui me vient sous la main, j’apprends que M. Ravaud est de retour à Lyon de son grand voyage, obligez-moi de lui présenter mes très humbles recommandations. Je lui écrirais volontiers quelque mot de congratulation pour son retour, que je remets à une autre fois, me persuadant qu’il est encore trop empêché. M. Alcide Musnier de Gênes lui a donné quelque petit paquet de livres pour moi ; quand il sera arrivé à Lyon, je vous prie de le recevoir de lui et de lui en payer ce qu’il vous en demandera de port. S’il a des livres nouveaux de ce pays-là, il faudra tout rassembler avec ceux que M. Rigaud m’a promis et en faire un gros paquet que vous m’enverrez s’il vous plaît quand les soldats du duc d’Orléans ne seront plus sur la rivière de Loire, et de quoi nous accorderons auparavant. Le Mazarin n’avance point beaucoup : il a séjourné près de Fontainebleau, à Moret [92] et à Pithiviers en Gâtinais ; [38] il n’y a que deux jours qu’il était à Milly, [93] qui n’est que cinq lieues par delà Essonnes ; [39][94] il y a quelque cause cachée pourquoi il n’avance point. Les députés du Parlement sont à Poitiers ; peut-être qu’en vertu de leurs remontrances il n’oserait passer et qu’il a reçu quelque contremandement, car c’est chose certaine qu’il y a fort peu de gens à la cour pour lui après la reine, le maréchal Du Plessis-Praslin [95] et le vieux Senneterre ; [40][96] le maréchal de Senneterre, [97] son fils, avait fait escorte au Mazarin depuis Sedan jusqu’à Troyes [98] avec 800 chevaux et aussitôt, s’en est retourné en Lorraine, [99] son gouvernement, où sa présence était nécessaire à cause des troupes du duc Charles. [41][100] Le duc d’Orléans dit qu’il voudrait que le Mazarin fût à Poitiers et qu’il y sera tant plus tôt attrapé. Les parlements grondent de nouveau contre lui, entre autres Rouen, [28] [101] Toulouse, Rennes, [102] Bordeaux et Dijon ; Aix [103] n’y manquera point ; Dijon a refusé de vérifier la déclaration du roi contre le prince de Condé ; Bordeaux ne veut point obéir à son interdiction et a dit qu’il n’y obéira point ; Toulouse est fort contre le Mazarin. Nous en saurons davantage la semaine qui vient. Je vous souhaite le bon jour et bon an, et à mademoiselle votre femme, à laquelle je baise les mains, et à vous aussi, pour être toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Guy Patin.
De Paris, ce lundi 1er[5e de janvier 1652.]
Du mardi 16e de janvier 1652.
Ce matin le duc d’Orléans a été au Parlement, où il a dit que le courrier qu’il avait envoyé à Pont-sur-Yonne [104] était revenu sans ramener notre conseiller M. Bitault de Chizey, [42] qu’on lui avait refusé et qu’on le voulait mener à la cour vers le roi. Le Parlement a ordonné que ledit courrier retournerait sur ses pas vers M. d’Hocquincourt qui tient ledit prisonnier, auquel il serait enjoint de le remettre en liberté ; sinon, qu’on s’en prendrait à lui-même et aux siens, et à ses terres mêmes, et qu’en procédant contre lui, on ferait raser son château. On a enjoint aussi à M. du Coudray de Géniers, qui est l’autre conseiller, qui eut un cheval tué sous lui, mais qui ne fut pas pris et se sauva à Sens, de s’en revenir au plus tôt. On a offert à M. de Bitault de lui faire voir le Mazarin, il l’a refusé, disant qu’il était condamné comme criminel de lèse-majesté [105] et déclaré ennemi du royaume, qu’il ne le voulait voir que sur la sellette [106] pour lui faire son procès. [31] Demain, on publiera une nouvelle déclaration pour M. le Prince. [16] Le vieux évêque de Senlis, [107] nommé Sanguin, [108][109][110] a cédé son évêché à un sien neveu du même nom qui a été sacré dans l’église des jésuites [111] en présence de 25 évêques. [43] Le dîner fut fait dans la même maison, ils étaient 120 à table ; ils furent traités à la religieuse, chacun à part ; [44] ils eurent chacun 15 plats, si bien qu’en ce dîner il y a eu plus de 1 600 plats. N’admirez-vous point, en notre temps si fort corrompu, cette frugalité apostolique, ou plutôt, ne détestez-vous pas ce luxe épiscopal et monacal tandis que tant de pauvres gens meurent de faim sans qu’il y ait de leur faute ? Je baise les mains à tous nos bons amis, s’il vous plaît, en ce commencement d’année, et surtout à MM. Gras, Falconet, Garnier, Huguetan et Ravaud, à qui j’écris un mot pour me réjouir avec lui de son heureux retour ; je vous prie de lui envoyer ma lettre. Je pensais aujourd’hui avoir audience contre notre écrivain d’antimoine nommé Jean Chartier : un jeune Chartier toujours verse, [45] mais il n’a point comparu, ni son avocat Jean Guérin, [112] qui est gendre de Guénault, [113] ut sit dignum patella operculum ; [46][114][115] outre que le duc d’Orléans est venu au Parlement, qui a fait assembler les Chambres.
Mais je suis trop long et trop ennuyeux, pardonnez à mes importunités et amici loquacitatem excusa. [47] Je suis si ravi de vous entretenir et de causer avec vous que j’ai même regret de sentir l’heure qui presse. Adieu donc, mon cher ami, et me tenez pour celui qui sera toute sa vie, Monsieur, tuus ut suus aere et libra,
Guido Patinus Bellovacus. [48]
Ms BnF Baluze no 148, fos 14‑15, et 16 pour le post‑scriptum, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ rue Mercière,/ À Lyon » ; Jestaz nos 60 et 61 (tome ii, pages 810‑826), mais tout laisse penser que ces deux lettres n’en fonf qu’une avec post‑scriptum ; au revers de l’enveloppe, de la main de Charles Spon, « 1652/ Paris, 16 janv./ Lyon 21 dud./ Risp. adi 15/ mars ».
Des fragments du post‑scriptum se trouvent dans une lettre fabriquée, datée du 30 janvier 1652, dans Du Four (édition princeps, 1683), no xxxviii (pages 132‑133), et Bulderen, (lvi, 1, 193‑194) à Spon, et dans Reveillé-Parise, (cccciii, 2, 603‑604) à André Falconet.
V. note [1], lettre 278, pour la volonté renouvelée du Parlement contre Mazarin.
Le 13 décembre, la Cour avait nommé une députation pour aller voir le roi à Poitiers et le prier de vouloir faire la paix avec Condé, de ne pas rappeler Mazarin et de revenir à Paris le plus tôt possible. Le président Pomponne ii de Bellièvre devait conduire la délégation composée de plusieurs conseillers. Il avait quitté Paris le jour même pour sa maison de Berny (château aujourd’hui détruit qui se trouvait aux confins de Fresnes et d’Antony, Hauts-de-Seine, proche de l’actuelle Croix de Berny) où les autres devaient le rejoindre.
Le 25 décembre, un courrier arriva à Paris (Journal de la Fronde, volume i, fo 528 vo) :
« qui apporta une lettre de cachet du roi adressée au Parlement par laquelle Sa Majesté mandait qu’ayant su le sujet pour lequel on lui envoyait des députés, elle avait jugé à propos de mander qu’il n’était pas besoin qu’ils se missent en chemin pour cela puisqu’elle entendait que sa déclaration concernant le cardinal Mazarin fût exécutée. » {a}
Dans les Opera de Daniel Sennert (édition de Lyon, 1650, v. note [20], lettre 150), le chapitre iv du Tractatus de Consensu et dissensu galenicorum et peripateticorum cum chymicis [Traité sur l’accord et le désaccord des galénistes et des péripatéticiens avec les chimistes] (v. note [8], lettre 13) est intitulé De Paracelso [Paracelse]. C’est une longue et vive attaque contre Paracelse, examiné sous toutes les coutures.
Voici, par exemple, ce que Sennert dit de son nom (tome iii, page 714, avant-dernier paragraphe de la 2e colonne) :
Parentes eius qui fuerint, rem multum non facit. Ipse se appellat Philippum Theophrastum Bombastum ab Hohenheim, seu Paracelsum, ex nobilissima et antiquissima in Eremo Helvetiorum. Verum refert Thomas Erastus, in Heremo Helvetiorum nullos esse Paracelsos, nullos Hohenhaimos, nullos Bombastos, nullos denique vel nobiles vel ignobiles, qui eum ut sanguine iunctum agnoscant. Audivisse se, Pædagogum aliquando vixisse ibi, hominum exterum, et quod natus ille sit in loco, quem vocant Altum nitum, unde fortasse Paracelsum denominaverint.
[Il ne fait pas grand cas de qui auraient été ses parents. Il se donnait lui-même le nom de Philip Theophrast Bombast von Hohenheim, ou Paracelse, issu d’une très noble et très ancienne famille du canton de Schaffhouse. {a} En vérité, Thomas Erastus {b} rapporte que dans ce canton il n’y a nul Paracelse, nul Hohenheim, nul Bombast, nul enfin qui, de noble ou de basse extraction, se reconnaisse apparenté à lui. À en croire un homme qui n’était pas de là, mais qui y avait été maître d’école un moment, c’est parce qu’il serait né dans un lieu qu’on appelait le Haut Nid, {c} qu’on lui aurait peut-être donné le nom de Paracelse].
- Eremus Helvetiorum, littéralement « le désert des Helvètes », lieu dont L’Encyclopédie écrit :
« Ptolémée {i} en fait mention. On n’est pas bien décidé encore où le placer. Les uns croient que c’était les environs de la Forêt Noire, sur les confins de la Suisse, {ii} les autres le mettent dans le Kleggeu, {iii} d’autres dans la Sylva Hercynia. » {iv}
- V. note [22], lettre 151.
- Ce qui correspond au canton de Schaffhouse (v. note [3], lettre 616).
- Chaîne montagneuse du Hegau dans le sud du Bade-Wurtenberg (Jura souabe), à l’est du canton de Scaffhouse.
- Vaste forêt, dite hercynienne ou d’Orcynie, que les écrivains de l’Antiquité situaient en Europe centrale, au niveau des hautes vallées du Danube, et qui incluait le canton de Schaffhouse et ses environs.
Toutes biographies modernes font naître Paracelse loin de ces montagnes, à Einsiedlen, près de Zurich, au centre de la Suisse. Son père, Wilhelm von Hohenheim, était médecin ; après la mort de sa femme, il aurait émigré à Villach en Carinthie (au sud de l’Autriche).
- V. note [31], lettre 6, pour Thomas Éraste, l’un des plus virulents ennemis du paracelsisme au xvie s.
- Παρα et Καλια en grec.
Et pour conclusion du chapitre (page 722) :
Ita ipsi Paracelsici suorum medicamentorum, quæ ita prædicant, et vulgatis omnibus præferunt, imperfectionem in seipsis sæpe experiuntur : quod et ipsi Paracelso accidisse supra dictum. Sed de Paracelso satis : dogmata iam eius præcipua videamus et examinemus. Omnia enim examinere velle, et difficilis laboris, nec fructosæ operæ res foret. Nam cum Paracelsus et asseclæ eius in probandis et confirmandis suis nihil operæ profuerint, sed pro libitu finxerint et sine rationibus proposuerint, quid in iis examinandis multum operæ locetur ? præsertim cum raro unam de una Paracelsus sententiam profuerit : ut quam potiorem habuerit, nescias. Fecit tamen maximas ex parte id iam olim Th. Erastus, qui nihil fere dogmatum Paracelsi intactum reliquit.
[Ainsi les paracelsistes ont souvent éprouvé sur eux-mêmes l’imperfection de leurs médicaments, tant ils les vantent et les préfèrent à tous les remèdes communs : Paracelse s’en était lui-même rendu compte, comme j’ai dit plus haut. {a} Mais c’est assez de Paracelse, voyons et examinons maintenant ses dogmes particuliers. De fait, vouloir les explorer tous serait une tâche aussi ardue que stérile : puisque Paracelse et ses disciples n’ont pris aucune peine pour les vérifier et les confirmer, mais les ont façonnés par caprice et proposés sans arguments, pourquoi y aurait-il lieu de se donner beaucoup de peine à les examiner ? Surtout quand Paracelse a rarement écrit une phrase qui eût un unique propos, à tel point que vous ne savez pas ce à quoi il y a attaché le plus d’importance. Thomas Erastus a jadis déjà en grande partie accompli cette tâche et il n’a presque rien conservé d’intact dans les dogmes de Paracelse].
- À la page précédente, Sennert a longuement dénigré l’efficacité des remèdes de Paracelse, notamment à propos de sa propre mort :
Putantque Paracelsum hinc inde accepta remedia promiscue memoriæ gratia in chartam coniecisse, ut successu temporis occasione oblata singulorum periculum faceret : nescivisse tamen, cui præ reliquis fideret. Atque cum hoc consentire videtur ipsa Paracelsi vitæ ratio, quæ talis fuit, ut tam insignem in tot desperatis affectibus peritiam habere non potuerit. Et quomodo illi omnium morborum curatio adscribi potest, qui se ipsum curare non potuit, sed non solum diu ante mortem convulsus contractusque vixit ; verum etiam vitam, quam aliis longam pollicitus est, ultra annum 47. producere non potuit. Nam nullius momenti est, quod Crollius scribit, ipsum veneno adversariorum sublatum, qui diu per naturam et artem suam vivere potuisset. De fide enim, istius relationis, quæ nullo teste nititur, non satis constat : et probabilius est, eum mortem præmaturam sibi crapula, et ebrietate attraxisse. Sit vero, quod veneno perieri : certe universalis Medicinæ laudem ea non meretur, quæ venenis resistere nequeat. Neque venena inter casus violentos, a quibus nulla Medicina perseverare potest, simpliciter referri possunt.[On pense, de part et d’autre, {i} que Paracelse, pour s’en souvenir, a consigné pêle-mêle ses remèdes sur le papier, ayant en tête de les expérimenter tous au fil du temps, quand l’occasion s’en présenterait ; mais, on n’a pas su auquel il faisait plus confiance qu’aux autres. Le déroulement même de sa vie s’accorde avec cela : il fut tel que Paracelse n’a pu exercer son si insigne talent dans tant de maladies incurables. Et comment peut-on lui attribuer la guérison de tous les maux, quand lui-même n’est pas parvenu à se soigner ? Non seulement, longtemps avant sa mort, il a vécu tordu et difforme, mais encore, lui qui promettait longue vie aux autres, n’a pas su faire durer la sienne au delà de 47 ans. De fait, il ne faut prêter aucun crédit à Crollius {ii} quand il écrit que, sans le poison que ses adversaire lui ont fait absorber, sa bonne nature et son art lui auraient permis de vivre fort longtemps. Il est plus probable que Paracelse ait dû sa mort prématurée à l’ivrognerie et à la débauche. S’il était vrai qu’il mourût empoisonné, sa médecine universelle ne mériterait pas la louange, étant donné qu’elle ne lui aurait pas permis de résister à l’empoisonnement ; et, dans les accidents violents, il n’est pas simple de trouver des poisons auxquels nulle médecine ne peut remédier].
Theatri Europæi-Germanici facies Latina, hoc est Rerum Germanicarum et Externarum nostri temporis Historia universalis.
[Description latine du théâtre germano-européen : Histoire universelle des affaires germaniques et étrangères de notre temps.
- Gustave ii Adolphe (v. note [23], lettre 209) est mort à la bataille de Lützen le 6 novembre 1632 (1633e année de l’ère chrétienne).
- Theatrum Europæum en allemand de Johann Philipp Abelinus (Strasbourg 1600-Francfort 1634), paru à Francfort, de 1628 à 1634, et continuée en latin et en allemand par Johann Peter Lotich.
- Johann Peter Lotich (Lotichius) a correspondu avec Guy Patin.
- Francfort, Matthæus Merianus, 1646, in‑fo.
- ibid. et id. 1650, in‑fo.
V. note [83], lettre 150, pour l’édition que Lotich a donnée du Satyricon de Pétrone.
« bon gré, mal gré » (Rabelais, Quart livre, liii).
Rerum medicinalium novæ Hispaniæ Thesaurus, seu plantarum, animalium, mineralium Mexicanorum Historia ex Francisci Hernandez Novi Orbis Medici Primarii relationibus in ipsa Mexicana Urbe conscriptis a Nardo Antonio Reccho Monte Corvinate Cath. Maiest. Medico et Neap. Regni Archiatro Generali Jussu Philippi ii. Hisp. Ind. etc. Regis, Collecta ac in ordinem digesta a Ioanne Terrentio Lynceo Constantiense Germano Philosopho ac Medico. Notis illustrata Nunc primum in Naturalium rerum Studiosorum gratiam lucubrationibus Lynceorum publici juris facta. Quibus jam excussis accessere demum alia quorum omnium Synopsis sequenti pagina ponitur. Opus duobus voluminibus divisum, Philippo iiii. Regi Catholico Magno Hipsaniarum utriusque Siciliæ et Indiarum etc. Monarchæ dicatum.
[Trésor des substances médicinales de la Nouvelle-Espagne, ou Histoire des plantes, animaux et minéraux du Mexique, tirée des relations de Francisco Hernandez, premier médecin du Nouveau Monde. {a} Nardo Antonio Recchi, natif de Montecorvino, médecin de Sa Majesté catholique et archiatre général du royaume de Naples, {b} les a transcrites à Mexico même, sur l’ordre de Philippe ii, roi d’Espagne, des Indes, etc. Histoire colligée et mise en ordre par Johannes Terrentius Constantinensis, {b} lyncéen, {c} médecin et philosophe allemand. La voici pour la première fois illustrée de notes pour l’agrément de ceux qui étudient l’histoire naturelle, établie par les travaux nocturnes des lyncéens titulaires. La page suivante {d} donne le synopsis de toutes les autres parties qu’ils ont ajoutées à celles qui ont été précédemment imprimées. Ouvrage divisé en deux volumes, dédié à Philippe iv, grand roi catholique, monarque des Espagnes, des Deux-Siciles et des Indes, etc.] {e}
- Philippe ii, roi d’Espagne, avait demandé au médecin espagnol Francisco Hernandez (Tolède 1514-1587) de se rendre au Mexique (alors appelé Nouvelle-Espagne) pour recueillir les richesses naturelles de ce pays. Surnommé el Plinio de Nuevo Mundo [le Pline du Nouveau Monde], il rédigea ses observations, mais ne parvint pas à en obtenir la publication. Elles parurent après sa mort sous le titre de Cuatro libros de la naturaleza y virtutes medicinales de las plantas y animales de la nueva España [Quatre livres sur la nature et les vertus médicinales des plantes et animaux de Nouvelle-Espagne] (Mexico, 1615, in‑4o), ouvrage devenu introuvable qui a été réédité à par Nicolas Leon (Morelia [ville située au centre du Mexique], José Rosario Bravo, 1888).
- Nardo Antonio Recchi (1540-1595).
- Johann Schreck (Bingen 1576-Pékin 1630), médecin, missionnaire et érudit jésuite, est aussi connu sous les noms latin de Johannes Teerentius (Terrenz) Constantiensis, et chinois de Deng Yuhan Hanpo et Deng Zhen Lohan.
- Membre de l’Académie romaine des Lynx, v. seconde notule {a}, note [35] du Naudæana 2.
- Iacobus Mascardus typographus lectoris [L’imprimeur Giacoppo Mascardi aux lecteurs].
- Rome, Vitali Maschardi, 1651, 2 volumes in‑fo ; précédente édition ibid. et id. 1649. Les catalogues que j’ai consultés donnent une toute première édition parue à Rome, chez Jac. Mascardi, en 1628-1630.
V. note [5] de l’Observation vii sur les apothicaires pour un extrait de cet ouvrage, à propos du bézoard mexicain.
Le livre dont Guy Patin attendait des nouvelles venait tout juste de paraître :
R.P. Didaci De Celada Monteladensis, Societatis Iesu, Theologiæ quondam Professoris, nunc vero in Collegio Imperiali Madridensi pro scholiis regiis, sacrarum litterarum Interpretis, in Rutham Commentarii Litterales et Morales. Cum duplici tractatu appendice, altero de Boozi convivio mystico, id est Eucharistico : Altero de Ruth figurata, in quo Virginis Deiparæ laudes in Ruth adumbratæ prædicantur. Cum quinque indicibus : i. Paragraphorum moralium. ii. Quo traditur institutio Politico-Christiana. iii. Ad Conciones de Tempore, et Sanctis copiosissimo. iv. Locorum Sacræ Scripturæ. v. Rerum et Verborum. Nunc primum in lucem prodit.[Commentaires littéraires et moraux du R.P. Didacus De Celada {a} de la Compagnie de Jésus, natif Montellano, {a} jadis professeur de théologie, mais maintenant commentateur des saintes Écritures au Collège impérial de Madrid pour les étude royales, {b} sur Ruth. {c} Avec un double traité en appendice : l’un sur le repas mystique de Booz, c’est-à-dire l’Eucharistie ; l’autre sur Ruth symbolisée, où sont annoncées les louanges de la Vierge mère de Dieu esquissées en la personne de Ruth. Avec cinq index : i. Paragraphes moraux ; ii. Transmission de l’institution politico-chrétienne ; iii. Pour les sermons sur le temps et les saints (très volumineux) ; iv. Passages de la sainte Écriture ; v. Matières et mots. Publié pour la première fois]. {d}
- Diego de Celada (Montellano, Andalousie 1586-1661).
- Le Collège jésuite de Madrid, fondé en 1573, devenu Collegio Imperial en 1609 et prit le nom de Reales Estudios de San Isidor [Études royales de Saint-Isidore].
- Très bref, le Livre de Ruth (4 chapitres) et l’un des livres historiques de l’Ancien Testament.
- Lyon, Pierre Rigaud et Antoine Jullieron, 1651, in‑fo de 604 pages
Historiæ Societatis Iesu, pars quarta, sive Everardus. Auctore R.P. Francisco Sacchino Societatis eiusdem Sacerdote.
[Histoire de la Compagnie de Jésus, quatrième partie, ou Everardus. {a} Par Francescus Sacchinus, {b} prêtre de la même Compagnie]. {c}
- Éverard Mercurian, natif de Marcourt en Wallonie, quatrième général des jésuites de 1573 à 1580.
- Francesco Sacchini (1570-1652).
- Rome, Dominicus Manelphius, 1652, in‑4o de 289 pages, divisé en huit livres.
Cette quatrième partie était le « troisième tome » écrit par Sacchini, mais le quatrième de la série :
- Pars prima sive Ignatius, pour Ignace de Loyola, premier général (1541-1556), par Nicolaus Orlandinus (Anvers, fils de Martinus Nutius, 1620, in‑fo de 426 pages en 16 livres) ;
- Pars secunda sive Lainius, pour Diego Lainez, deuxième général (1558-1565), par Sacchini (ibid. et id. 1620, in‑fo de 340 pages en huit livres) ;
- Pars tertia sive Borgia, pour François de Borgia et de Testamare, duc de Gandia, troisième général (1565 à 1572), par Sacchini (Rome, Manelfus Manelfius, 1649, in‑fo de 432 pages en huit livres).
Une Pars quinta sive Claudius, pour Claudius Aquaviva, cinquième général (1581-1615), par Sacchini et Petrus Possinus, allait encore paraître (Rome, Varesius, 1661, in‑4o de 550 pages en 10 livres).
En dépit de l’agitation provoquée par le retour imminent de Mazarin, la reine et le roi, pour marquer le maintien de toute leur souveraineté, avaient décidé de réunir le Grand Conseil à Poitiers. Le duc d’Orléans, appuyé par la « vieille Fronde », Beaufort et le coadjuteur, usa de tous les stratagèmes pour retarder le départ de ceux à qui la cour envoyait convocation sur convocation depuis la mi-décembre. Que le premier président du Parlement et garde des sceaux, Mathieu i Molé, obéît, c’était pour les Parisiens se coucher devant la reine et admettre le retour du cardinal au pouvoir. Molé portait alors le surnom de « la médaille » à cause de son double jeu entre le parti des princes et celui de la cour, et ce fut la cour qui l’emporta.
Journal de la Fronde (volume i, fo 529 ro, décembre 1651) :
« Le 26 au matin, M. le premier président reçut nouvel {a} ordre par courrier exprès de partir toutes choses cessantes pour aller à la cour avec le Conseil. Le maréchal de l’Hospital, M. du Plessis-Guénégaud et M. de Saintot s’étant trouvés chez lui lorsque cet ordre arriva, il les pria de l’aller faire voir à Son Altesse Royale, ce qu’ils firent ; et elle {b} leur dit que cela n’empêchait pas qu’elle ne fût d’avis que M. le premier président remît son départ jusqu’à l’arrivée du courrier qu’elle avait envoyé à la cour {c} puisqu’il était attendu dans le 28e ; et que la conséquence de cette affaire méritait bien, pour le moins, un retardement de deux jours ; mais l’ordre était si pressé que le premier président résolut, avec M. de La Vieuville et M. du Plessis-Guénégaud, de partir dès le lendemain au matin, ce qu’ils firent, nonobstant la crainte qu’ils avaient d’être arrêtés par le peuple. Ce fut le sujet pour lequel le marquis de La Vieuville partit dès 5 heures du matin avec M. Jeannin-Castille, trésorier de l’Épargne, et tous les autres financiers, excepté M. d’Aligre qui est demeuré ici en qualité de directeur. »
- C’était le troisième.
- S.A.R., Gaston d’Orléans.
- Le soir du 23 décembre.
Relation de ce qui s’est passé en Parlement, toutes les chambres assemblées, le vendredi 29. décembre 1651. Ensemble l’arrêt contre le cardinal Mazarin et ses adhérents (Paris, veuve de I. Guillemot, 1651, 8 pages in‑fo).
Rendu furieux par le départ de son premier président à Poitiers, le Parlement réagissait avec vigueur contre la cour ; Journal de la Fronde (volume i, fos 529 vo et 530 ro, 29 décembre 1651) :
« Ce matin, Son Altesse Royale, quoiqu’indisposée de la goutte, s’est fait porter en siège à l’assemblée du Parlement où le président de Bailleul {a} ayant commencé à parler de délibérer d’empêcher le retour du cardinal Mazarin, Son Altesse Royale a fait un beau discours par lequel, après s’être fort plainte des intrigues qui se continuent à la cour pour ce retour fatal, et du peu de satisfaction qu’il y avait trouvé dans des demandes si justes et si nécessaires au bien de l’État, a dit qu’il y avait avis que ce cardinal était arrivé le jour de Noël à Sedan où il avait été conduit par M. Fabert {b} et par le chevalier de Montaigue, gouverneur de Rocroi, et par le sieur d’Aulnis, intendant de justice en Champagne ; après quoi, elle a déclaré que dans cette malheureuse conjoncture, elle avait cru être obligée d’offrir à la Compagnie ses troupes, son crédit et son bien, ses amis et sa personne propre ; qu’elle était prête d’aller s’exposer pour remédier au mal si pressant. Ensuite, on a lu une lettre de cachet du roi qui contremande les députés du Parlement, {c} après laquelle Messieurs les Gens du roi ayant donné des conclusions presque conformes au dernier arrêt, le premier président a ouvert un avis qui a été suivi presque tout d’une voix, suivant lequel il a été ordonné que les déclarations et arrêts précédents seraient exécutés ; et parce que le cardinal Mazarin < est coupable de > lèse-majesté, enjoint à toutes personnes de lui courir sus, de rompre les ponts et passages, et le mener mort ou vif dans la Conciergerie, ses bénéfices déclarés vacants et impétrables ; et ordonné que celui ou ceux qui le pourront tuer ou mener vif, soit Français ou étranger, seront récompensés de 150 000 livres qui seront prises incessamment de la vente de sa bibliothèque {d} et de ses autres biens ; et en cas qu’on n’en puisse trouver assez pour faire cette somme, que ce qui y manquera sera pris sur les biens des personnes qui ont eu commerce avec lui depuis son éloignement, et la somme entière mise promptement en dépôt entre les mains d’un bourgeois solvable ; que celui ou ceux qui le tueront ou mèneront sont absous dès à présent de tous crimes qu’ils pourraient avoir commis, excepté celui de lèse-majesté au premier chef ; et qu’en cas qu’ils viennent à périr dans cette exécution, cette somme de 150 000 livres sera donnée entièrement à leurs héritiers ; ordonné encore que Son Altesse Royale sera suppliée de joindre ses forces à celles du roi pour l’exécution de cet arrêt et d’envoyer à cette fin ses troupes sur les passages des rivières où ledit Mazarin pourrait passer ; et en outre, de faire tout ce qu’elle jugera convenable pour son expulsion qui est remise à sa prudence et bonne conduite ; enjoint à tous présidents et conseillers de cette Compagnie de < ne pas > désemparer, {e} à peine de perte de leurs charges ; ordonné que les rentes de la Ville seront payées comme ci-devant, que les fermiers, receveurs et payeurs y seront contraints par corps, et défenses aussi à eux de désemparer sur peine de la vie ; et que les députés du Parlement partiront incessamment pour aller représenter, au roi seul, le motif de cet arrêt et des précédents donnés sur cette matière. »
- Premier président par intérim.
- Gouverneur de Sedan.
- V. supra note [1].
- V. infra notes [22] et [23].
- Se disperser.
Yverdon (aujourd’hui Yverdon-les-Bains dans le district du Jura-Nord vaudois), à l’extrémité sud du lac de Neuchâtel, 35 kilomètres au nord de Lausanne, était la ville du canton de Vaud où s’imprimaient la plupart des livres de Genève.
« l’Œuvre logique de Schleiber ».
Christoph Scheibler (Armsfeld, Westphalie, 1589-Dortmund, 1653), avait enseigné le grec, la logique, la métaphysique puis la physique à Giessen avant, en 1625, d’être appelé à Dortmund pour y remplir les offices de surintendant de l’Église et de recteur du Collège. Selon Bayle :« Il se préparait à faire un sermon à la louange de Luther le 10 novembre 1653, lorsqu’il fut surpris d’une apoplexie dont il mourut subitement dans la sacristie du temple de Sainte-Marie. […] Il publia divers ouvrages. […] Je ne veux parler que de sa Logique, qui est de tous ses écrits celui qui a eu le plus de cours. Il commença par publier en 1613 l’Introductio logicæ ; {a} il y ajouta en 1614 Commentaria topica {b} et en 1618, le traité de Propositionibus {c} et celui de Syllogismis et methodis. {d} Alors, l’ouvrage fut complet. Il y en a eu plusieurs éditions, mais il s’y glissa beaucoup de fautes. L’auteur le revit et le corrigea quelque temps avant sa mort, y ayant eu un libraire qui en voulait donner une nouvelle édition, et qui la donna effectivement à Giessen l’an 1654 in‑4o. Elle était meilleure que les précédentes, sans en excepter celle de Genève, 1651 ; on la nomme Ebrodunensis dans le titre de celle de Giessen ; cela me fait croire que le libraire de Genève fit mettre dans quelques exemplaires Ebroduni, c’est-à-dire Yverdon, ville du canton de Berne {e} où les libraires de Genève faisaient imprimer. »
- « Introduction de la logique. »
- « Commentaires topiques. »
- « des Propositions. »
- « des Syllogismes et méthodes. »
- Sic pour Vaud.
Jargeau (Loiret) se situe sur la rive gauche de la Loire à 20 kilomètres en amont d’Orléans.
Précision que Guy Patin a ajoutée dans l’interligne.
Résoût pour résous (résolu).
Le 11 janvier, le Parlement s’était réuni en présence du duc d’Orléans pour délibérer sur la vente de la bibliothèque de Mazarin (v. infra note [22]), quand (Journal de la Fronde, volume ii, fo 6 ro et vo, 12 janvier 1652) :
« un capitaine du régiment de Languedoc entra dans l’assemblée et dit qu’ayant été commandé pour garder le passage de Pont-sur-Yonne, {a} il s’y était jeté dedans avec 50 soldats et avait fait rompre le pont ; que des troupes du maréchal d’Hocquincourt s’y étant présentées avec un ordre du roi pour y passer, il leur avait répondu qu’il avait tous les respects du monde pour Sa Majesté, mais que le cardinal Mazarin étant avec elles et cet ordre étant contre la déclaration de Sa Majesté, il ne les pouvait pas laisser passer ; que sur cela, ces troupes ayant assiégé cette bicoque, {b} il s’y était défendu 24 heures jusqu’à ce que, n’ayant plus ni poudre, ni plomb et les habitants étant contre lui à cause qu’il ne pouvait pas faire vivre ses soldats avec toute la discipline qu’il eût souhaité, il fut obligé de se rendre avant-hier à composition, par laquelle il lui fut permis de sortir avec ses soldats, vie sauve, et de venir trouver Son Altesse Royale ; que pour cet effet, on lui donna un passeport et qu’étant sur le point de partir, il apprit le 9 au matin que ce maréchal ayant envoyé quelques cavaliers à la découverte, {c} ceux-ci avaient rencontré, proche de Sens, MM. de Chizey-Bitault {d} et du Coudray de Géniers, commissaires du Parlement qui, suivant l’arrêt, étaient allés faire rompre les ponts et soulever les communes pour empêcher le passage de ce cardinal ; et qu’ayant fait une décharge sur eux, M. du Coudray y avait été tué avec quelques autres et M. de Chizey-Bitault fait prisonnier avec le reste ; qu’avant que partir, on lui permit de dire un mot au dernier qui avait été mené à Pont, {e} et qui le chargea de dire à Son Altesse Royale et au Parlement qu’il était prisonnier et qu’il croyait que son compagnon était mort. La Compagnie fit grand bruit de cela et l’on parla d’abord de prendre des résolutions étranges là-dessus ; et afin de délibérer là-dessus, ces Messieurs entrèrent dans la buvette pour manger un morceau et commencer ensuite de délibérer tant sur cela que sur la requête de M. le Prince. {f} L’opinion des Gens du roi fut de décréter contre le maréchal d’Hocquincourt et d’informer du fait, et de surseoir l’exécution de la déclaration donnée contre M. le Prince jusqu’au retour des députés qui sont en cour, auxquels on enverrait la lettre et la requête de Monseigneur le Prince pour la présenter au roi. Plusieurs opinèrent à surseoir l’exécution de cette déclaration jusqu’à ce que le cardinal Mazarin soit hors de France, et prendre tout l’argent qui se trouverait de reste dans les recettes générales après que les rentes de la Ville de Paris et les gages des officiers des cours souveraines seraient payés ; mais la délibération ne put être achevée, quoiqu’on n’en sortît qu’à quatre heures après midi, et fut remise à aujourd’hui. »
- V. infra note [42].
- Place peu fortifiée et sans défense.
- En éclaireur.
- V. note [146], lettre 166.
- Pont-sur-Yonne.
- Contre le retour de Mazarin qui, en légitimant sa conduite, justifiait qu’on levât les poursuites engagées contre lui.
Jacques Géniers, seigneur du Coudray avait été reçu conseiller au Parlement en 1639, en la première Chambre des enquêtes. Il n’avait pas été tué au combat et mourut en 1682 après être monté à la Grand’Chambre en 1669, « ayant dissipé ses biens » (Popoff, no 1295).
Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 150, 11 janvier 1652) :
« Notez qu’en entrant au Palais, il {a} aurait crié au peuple que le conseiller Géniers aurait été tué, et le conseiller Bitault bien blessé et emmené prisonnier par les troupes de Mazarin ; ce qui fait croire à plusieurs que c’est une machine pour exciter le peuple ou obliger le Parlement de donner à la chaude quelque arrêt de prise de corps contre le maréchal d’Hocquincourt et autres officiers dans lesdites troupes, ce qu’aucuns conseillers ont proposé, mais n’ont été suivis […]. »
- Le capitaine du régiment de Languedoc.
Journal de la Fronde (volume ii, fo 7 ro, 12 janvier 1652) :
« Ce matin, l’assemblée du Parlement ayant continué, l’on y a fait lecture d’une lettre que M. du Coudray Géniers a écrite à la Compagnie, datée de Sens du 10, par laquelle il mande qu’en revenant de Pont-sur-Yonne avec M. Bitault, ils avaient été attaqués par huit cavaliers contre lesquels ils s’étaient défendus et avaient tué le major du comte Broglio d’un coup de mousqueton ; qu’il avait eu son cheval tué sous lui et qu’ensuite il avait trouvé moyen de se sauver à Sens avec son valet de chambre qui a été fort blessé ; et qu’il ne savait ce qu’était devenu M. Bitault. […] Et après, l’on a continué la délibération d’hier et ordonné que les arrêts précédents seraient exécutés à l’égard du maréchal d’Hocquincourt et des autres qui sont à la suite du cardinal Mazarin, et que la déclaration contre M. le Prince demeurera sursise jusqu’à ce que celles contre le cardinal Mazarin soient exécutées ; et quant aux moyens d’avoir de l’argent et de faire des levées, l’on a remis le tout à la prudence de Son Altesse Royale et à sa disposition tout entière, sans prononcer là-dessus. »
Ioan. Scapulæ Lexicon Græco-Latinum, e probatis auctoribus locupletatum, cum indicibus, et Græco et Latino, auctis, et correctis. Additum Auctarium Dialectorum, in Tabulas compendiose redactarum. Accedunt Lexicon etymologicum, cum thematibus investigatu difficilioribus et Anomalis, et Ioan. Meursii glossarium contractum. Editio nova accurata.
[Lexique grec-latin de Ioan. Scapula enrichi par les auteurs approuvés, avec des index augmentés et corrigés, et en grec et en latin. L’Augmentation des Dialectes y est ajoutée, où ils sont ramassés en tables sous forme abrégée. S’y adjoignent un Lexique étymologique avec les formes irrégulières et plus difficiles à trouver, et le glossaire résumé de Johannes Meursius. {b} Nouvelle édition soignée].
- Johann Scapula, natif d’Allemagne (vers 1540-vers 1600), a été nommé professeur de grec et de morale à l’Université de Lausanne en 1580. Employé dans l’imprimerie de Henri ii Estienne, il revit les épreuves du Thesaurus linguæ Græcæ (1572, v. note [31], lettre 406) et pilla ce magnifique ouvrage pour en extraire un abrégé qu’il présenta comme un travail original. Estienne réclama vivement, mais inutilement, contre ce plagiat qui lui causait un grave préjudice. En effet, la compilation, d’un prix moindre que le Thesaurus, se vendit bien plus facilement ; elle a été rééditée de très nombreuses fois jusqu’en 1820 (G.D.U. xixe s.).
- Jan van Meurs, v. note [9], lettre 443.
- Amsterdam, Jan Blaeu et Louis Elsevier, 1652, un volume in‑fo de 1 790 colonnes pour le corps du dictionnaire ; première édition en 1579.
Paolo Zacchias (Rome vers 1584-ibid. 1659), médecin du pape Innocent x et premier médecin des États de l’Église, se distingua particulièrement dans la littérature, la poésie, la peinture et la musique. Son livre le plus connu est un grand recueil qu’on considère avec raison comme pionnier en matière de médecine légale : Quæstiones medico-legales, in quibus omnes eæ materiæ, quæ ad legales facultates videntur pertinere, proponuntur, pertractantur, resolvuntur [Questions médico-légales où sont exposées, approfondies et résolues toutes ces matières qu’on considère appartenir aux capacités légales] (Rome, 1621-1635, sept tomes in‑8o, pour la première édition, réimprimée à Leipzig, 1630, en quatre tomes in‑8o) (Z. in Panckoucke). Guy Patin parlait ici des :
Paoli Zacchiæ Medici Romani, Quæstiones medico-legales. Opus, Iurisperitis apprime necessarium, Medicis perutile, cæteris non iniucundum. Editio tertia correctior, auctiorque non solum variis passim locis, verum et subiunctis, quæ nunc recens prodeunt, partibus, octava et nona.[Questions médico-légales de Paolo Zacchias, médecin de Rome. Ouvrage absolument nécessaire aux juristes, très utile aux médecins, et qui ne sera pas désagréable aux autres. Troisième édition améliorée et non seulement partout augmentée de divers passages, mais aussi de livres supplémentaires, huitième et neuvième, qui sont publiés pour la première fois]. {a}
- Amsterdam, Ioannes Blaeu, 1651, 9 parties en un volume in‑fo.
Cette édition contient un éloge de l’auteur par Gabriel Naudé, daté de Rieti (80 kilomètres au nord de Rome) le 23 janvier 1635, dont ce court extrait donne le style et le ton :
Miror potius, quosdam homines esse tam fatuo palato, ut parcius laudatum velint illud opus tuum præclarum et immortale, quod eiusmodi tamen Quadrumviris rei literariæ probatum est, quod Gallos in sui amorem et admirationem pellexit, quod à Germanis semel atque iterum erutum est, et quod omnibus, tanquam si Phidiæ simulacrum esset, simul aspectum fuit et probatum. Sed non ista mihi res videtur, quam gravi et iniquo animo ferre debeas ; multis enim displicent rosæ et balsama ; quosdam sol ostendit, alios vita ipsa ; quibusdam etiam pluvium atque sudum æque molesta sunt […].
[Je m’étonne plutôt que certains soient si infatués qu’ils rechignent à louer votre brillant et immortel ouvrage. Il est pourtant celui : que les quatre arts littéraires ont approuvé ; {a} qui a séduit les Français quand ils n’aiment et n’admirent qu’eux-mêmes ; que les Allemands ont imprimé plus d’une fois ; {b} et que tous ont en même temps contemplé et apprécié, comme s’il était une sculpture de Phidias. {c} Il me semble que vous ne devriez pas en être peiné ni chagriné, puisque les roses et les parfums déplaisent à bien des gens, puisque le soleil répugne à certains, la vie elle-même répugne à d’autres, ou puisque pluie et beau temps sont également désagréables à certains (…)].
- Quadrumvir ressemble à triumvir, mais n’appartient pas à la langue latine, qu’elle soit classique ou moderne. Je l’ai interprété comme une coquille d’impression, à la place de Quadrivium : « division supérieure des sept arts dans l’université du moyen âge, division qui venait après le trivium et qui comprenait l’arithmétique, la géométrie, la musique et l’astronomie » (Littré). Naudé voulait dire que tout le monde savant admirait le livre de Zacchias.
- La seule édition allemande avait été celle de Leipzig (1630), mentionnée au début de la présente note.
- Le plus célèbre artiste grec antique.
Comme beaucoup de ses contemporains (et de nombreux lecteurs depuis), Patin prisait fort ce livre, dont il a suivi les rééditions dans la suite de ses lettres. Ce commentaire de Sprengel (tome 3, page 238) en fournit la probable explication :
« Le premier écrivain systématique sur la médecine légale, Paul Zacchias enseigna également que les possédés ne sont, à proprement parler, que des hommes mélancoliques, mais ajouta que leur maladie engage le malin esprit à les faire servir d’instruments à sa malice. Il rappelle avec raison que beaucoup d’insensés et de femmes dont l’écoulement menstruel est supprimé sont accusés d’être possédés quoiqu’ils ne le soient réellement pas. On doit toujours soupçonner une cause naturelle et surtout des congestions atrabilaires chez les personnes qui passent pour possédées ou qui prétendent l’être ; car après l’intercession de l’Église, ces individus guérissent par l’emploi de moyens puisés dans la nature. La harpe de David délivra le roi Saül de sa mélancolie par la puissance de la musique, et d’une manière tout à fait naturelle ».
L’ouvrage novateur de Zacchias a eu un immense retentissement ; une édition franco-latine partielle en a encore été donnée en 2006 par Laurence Laugier : Questions médico-légales, des fautes sanctionnées par la loi (Presses universitaires d’Aix-Marseille).
Jusque-là hésitant et conciliateur dans l’âme, le duc d’Orléans prenait désormais nettement le parti de Condé. Le 18 janvier M. de Ruvigny apportait à Gaston des lettres de la cour justifiant le retour de Mazarin.
Journal de la Fronde (volume ii, fo 10 ro, 19 janvier 1652) :
« Son Altesse Royale ayant lu ces lettres, M. de Ruvigny commença à débiter des raisons pour l’exhorter de se conformer aux intentions du roi ; mais elle {a} l’interrompit et après lui avoir dit qu’elle ne pouvait point faire de réponse assez respectueuse à Leurs Majestés sur ce sujet, elle le pria de les assurer qu’elle ne s’éloignerait jamais du respect qu’elle leur doit, mais qu’elle était résolue de périr avec M. le Prince, M. de Lorraine et tous ses amis plutôt que souffir qu’un étranger, proscrit par tant d’actes de justice, leur vînt faire la loi ; que toutes les raisons du monde ne le feraient jamais démordre de cette résolution ; et que s’il n’était venu que pour cela, sa négociation était achevée ; de sorte que Ruvigny voyant qu’il ne pouvait faire autre chose, prit congé de Son Altesse Royale dès hier au soir et s’en est retourné dès aujourd’hui. » {b}
- S.A.R., Gaston d’Orléans.
- Un accord formel entre le duc d’Orléans et Condé fut signé le 24 janvier par l’entremise du comte de Fiesque (v. note [33], lettre 280).
« dont le nombre est infini ».
« et toute cette engeance de brigands. »
Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, pages 148 et 160‑161, 7 janvier et 6 février 1652) a parlé de la violente tempête que traversait alors la Bibliothèque mazarine :
« Dimanche 7, les commissaires établis pour la vente de la bibliothèque du cardinal Mazarin y furent et le sieur Naudé, bibliothécaire, les harangua, leur disant s’il était raisonnable qu’eux, gens de lettres, ruinassent en trois jours un trésor des lettres amassé par dix-sept ans avec tant de soins et de dépenses, etc., qu’ils appréhendassent le jugement des autres hommes de lettres, et français et étrangers, et ce que la postérité dirait d’eux ; ce qui n’empêcha pas que dès le lendemain, lesdits commissaires n’en vendissent pour quinze cents livres. […]
Les livres manuscrits du recueil de M. de Loménie, au nombre de trois cent cinquante volumes in‑folio ou environ et vendus au feu roi pour 20 000 écus, mis en la bibliothèque du feu cardinal de Richelieu et après sa mort, transportés en celle de M. le Chancelier d’où ils avaient été mis en celle du cardinal Mazarin, en ont été séparés par le soin particulier du procureur général {a} qui les a fait porter au Trésor des Chartes du roi dans la Sainte-Chapelle. {b} Le reste de la bibliothèque est comme vendu et y en a bien pour vingt mille écus ; sur quoi il faut prendre les frais des commissaires qui vont à dix livres chacun par jour, et sont trois conseillers, Peteau, Pithou, Portail ; puis des huissiers et greffiers et des priseurs {c} libraires. Il reste quelques livres manuscrits et des langues étrangères dont le sieur Naudé offre deux mille écus. »
Gabriel Naudé a publié à cette occasion un Avis à Nosseigneurs du Parlement sur la vente de la bibliothèque de M. le cardinal Mazarin (sans lieu ni date [1652], in‑4o de 4 pages) :
« Messeigneurs, tous les arrêts de votre célèbre Compagnie étant comme des coups de foudre qui écrasent ceux qu’ils frappent et rendent muets ou étonnés au dernier point ceux qui les voient tomber, je vous dirai avec tous les respects et soumissions possibles que celui que vous fulminâtes le 29 décembre contre la bibliothèque de Mgr l’Éminentiss. C. Mazarin, mon maître, a produit ces deux effets avec tant de force et de violence que, pour ce qui est de ladite bibliothèque, il n’y a nulle apparence qu’elle se puisse jamais relever des pertes qu’elle a déjà souffertes, ni même éviter celle dont elle est encore menacée, si ce n’est par un effet très remarquable de votre bonté et protection singulière. Et pour moi qui la chérissais comme l’œuvre de mes mains et le miracle de ma vie, je vous avoue ingénument que depuis ce coup de foudre lancé du ciel de votre justice sur une pièce si rare, si belle et si excellente, et que j’avais par mes veilles et labeurs réduite à une telle perfection que l’on ne pouvait pas moralement en désirer une plus grande, j’ai été tellement interdit et si fort étonné que, si la même cause qui fit parler autrefois le fils de Crésus, {a} quoique muet de sa nature, ne me déliait maintenant la langue pour jeter ces derniers accents au trépas de cette mienne fille, comme celui-là faisait au dangereux état où se trouvait son père, je serais demeuré muet éternellement. Et en effet, Messieurs, comme ce bon fils sauva la vie à son père en le faisant connaître pour ce qu’il était, pourquoi ne puis-je pas me promettre que votre bienveillance et votre justice ordinaire sauveront la vie à cette fille, ou pour mieux dire à cette fameuse bibliothèque, quand je vous aurai dit, pour vous représenter en peu de mots l’abrégé de ses perfections, que c’est la plus belle et la mieux fournie de toutes les bibliothèques qui ont jamais été au monde et qui pourront, si l’affection ne me trompe bien fort, y être à l’avenir ? C’est-à-dire, Messieurs, qu’elle est composée de plus de quarante mille volumes recherchés par le soin des rois et de princes de l’Europe, et par tous les ambassadeurs qui sont sortis de France depuis dix ans pour aller aux lieux les plus éloignés de ce royaume. Car de dire que j’ai fait les voyages de Flandre, d’Italie, d’Angleterre et d’Allemagne pour en apporter ce qu’il y avait de plus beau et plus rare, c’est si peu de chose en comparaison des soins qu’ont pris tant de têtes couronnées pour favoriser les louables desseins de Son Éminence, que je serais coupable d’en avoir seulement la moindre intention. Aussi est-ce, Messieurs, à ces illustres soins que cette bonne ville de Paris est redevable de deux cents Bibles traduites en toutes sortes de langues, de l’Histoire la plus universelle et la mieux suivie qui se soit jamais vue, de trois mille cinq cents volumes qui sont purement et absolument de Mathématique, de toutes les vieilles et nouvelles éditions, tant des Saints Pères que de tous les autres auteurs classiques, d’une Scolastique qui n’a point encore eu sa semblable, des Coutumiers de plus de cent cinquante villes ou provinces, la plupart étrangères, des Synodes de plus de trois cents évêchés, des Rituels et Offices d’une infinité d’églises, des lois et fondations de toutes les religions, hôpitaux, communautés et confréries, des règles et secrets pratiqués en tous les arts, tant libéraux que mécaniques, de manuscrits en toutes langues et en toutes sciences. Et pour mettre fin à un discours qui n’en aurait jamais si je voulais spécifier tous les trésors ramassés dans l’enclos de sept chambres remplies de bas en haut et dont la galerie de douze toises {b} n’est comptée que pour une, c’est, dis-je, à ces illustres têtes que la ville de Paris, mais que ne dis-je plutôt la France, et non seulement la France mais toute l’Europe, sont redevables d’une bibliothèque dans laquelle, si les bons desseins de Son Éminence lui eussent aussi heureusement réussi qu’il les avait sagement projetés, tout le monde aurait maintenant la liberté de voir et de feuilleter avec autant de loisir que de commodité ce que l’Égypte, la Perse, la Grèce, l’Italie et tous les autres royaumes de l’Europe nous ont jamais donné de plus singulier et de plus beau. Chose étrange, Messieurs, que les mieux fournis jurisconsultes étaient contraints de confesser leur pauvreté lorsqu’ils voyaient le grand recueil que j’avais fait des livres de leur profession dans cette riche bibliothèque et que les plus grands amas de volumes en médecine n’étaient rien au prix de ce que j’avais assemblé en cette Faculté ; que la philosophie y était plus belle et plus florissante qu’elle n’a jamais été en Grèce ; que les Italiens, Allemands, Espagnols, Anglais, Polonais, Flamands et autres nations y trouvaient leur histoire beaucoup plus riche et mieux fournie qu’ils ne faisaient chez eux-mêmes ; que les catholiques et protestants pouvaient y vérifier toutes sortes de passages et y accorder toutes sortes de difficultés. Et pour donner le comble à toutes ces perfections, pour les rehausser et les mettre en leur vrai lustre, n’est-ce pas assez, Messieurs, de vous produire pour des preuves assurées que Son Éminence en voulait faire un présent au public et la donner au soulagement commun de tant de pauvres écoliers, religieux, étrangers, et de tant de personnes doctes et curieuses qui devaient y trouver tout ce qui leur était nécessaire ? N’est-ce pas, dis-je, assez, Messieurs, de vous produire et représenter ici l’inscription que l’on devait mettre sur la porte de la bibliothèque pour inviter le monde à y entrer avec toute sorte de liberté et qui y aurait été attachée il y a plus de trois ans si les guerres et dissensions domestiques n’eussent point davantage préjudicié aux bonnes intentions de Son Éminence que n’avaient fait les étrangères ?
Ludovico xivo feliciter imperante, Anna Austriaca Castrorum Matre Augustissima regnum sapienter moderante, Iulius S.R.E. cardinalis Mazarinus utrique Consiliorum Minister acceptissimus, Bibliothecam hanc omnium linguarum, artium, scientiarum, libris instructissimam, urbis splendori, Galliarum onrnamento, disciplinarum incremento, lubens volens D.D.D. publice patere voluit, censu perpetuo dotavit, posteritati commendavit. m.dc.xlviii. {c}
Voilà, Messieurs, une inscription qui se peut dire ancienne puisqu’il y a si longtemps que l’on en parle et qu’il n’y a lieu en l’Europe où elle ne soit connue ; et quoiqu’elle dise et comprenne beaucoup de choses, je puis néanmoins vous assurer que Son Éminence en méditait encore une autre beaucoup plus précise et plus considérable, puisqu’elle devait établir et faire valoir ce généreux dessein de fonder une bibliothèque publique au milieu de la France, sous la direction et protection des premiers présidents des trois cours souveraines de cette ville et de M. le procureur général ; se persuadant que par un moyen si puissant et si vénérable, la postérité jouirait sans fin d’un dépôt si avantageux et qui pouvait, sans préjudicier à ces fameuses bibliothèques de Rome, de Milan et d’Oxford, passer non seulement pour le plus bel amas de livres qui ait été fait jusqu’à présent, mais encore pour la huitième merveille de l’Univers. Et cela étant ainsi, comme en effet je suis prêt de jurer sur les saints Évangiles que l’intention de Son Éminence a toujours été telle, pouvez-vous permettre, Messieurs, que le public demeure privé d’une chose si utile et précieuse ? Pouvez-vous endurer que cette belle fleur, qui répand déjà son odeur par tout le monde, se flétrisse entre vos mains ? Mais pouvez-vous souffrir sans regret qu’une pièce si innocente, et qui ne périra jamais que tout le monde n’en porte le deuil, reçoive l’arrêt de sa condamnation par ceux-là mêmes qui étaient destinés pour l’honorer et pour la favoriser de leur protection ? Pensez, Messieurs, que cette perte étant faite, il n’y aura jamais homme au monde, lequel, à moins d’avoir autant d’autorité dans le ministère et autant de zèle pour les bonnes lettres qu’en a eus Mgr le cardinal Mazarin, la puisse réparer ? Croyez s’il vous plaît que la ruine de cette bibliothèque sera bien plus soigneusement marquée dans toutes les histoires et calendriers que n’a jamais été la prise et le sac de Constantinople. Et si mes labeurs de dix ans à construire un tel ouvrage, si tant de voyages que j’ai faits pour en ramasser les matériaux, si les grands soins que j’ai pris à la disposer, si le zèle ardent que j’ai eu à la conserver jusqu’à cette heure ne sont pas des moyens suffisants pour me faire espérer quelque grâce de vos bontés singulières, en ce temps principalement où vous avez encore plus de sujet de les exercer sur cette bibliothèque que vous n’aviez il y a trois ans lorsque par un arrêt solennel vous jugeâtes à propos de la conserver et de m’en donner la garde, {d} permettez au moins, Messieurs, que j’aie recours aux Muses, puisqu’elles sont si intéressées en la conservation de ce nouveau Parnasse, et que joignant le crédit qu’elles ont envers vous à mes très humbles prières, je vous puisse dire, comme fit l’empereur Auguste lorsqu’il était question de perdre ou de sauver l’Énéide de Virgile, laquelle toutefois ne nous aurait pas été plus inimitable que le sera cette bibliothèque à la postérité. […]
G.N.P. » {e}
- Crésus à qui, selon Hérodote (Histoires, livre i, chapitre lxxxv), son fils muet sauva la vie en recouvrant la parole pour écarter le soldat perse qui allait tuer son père, sans savoir qu’il était roi de Lydie (v. note [91] du Faux Patiniana II‑7).
Près de 23,5 mètres.
« L’an 1648, sous l’heureux règne de Louis xiv, sous la sage régence de sa très auguste mère Anne d’Autriche, Jules Mazarin, cardinal de la sainte Église romaine, leur très affectionné ministre, fit volontiers et gracieusement don de cette Bibliothèque, la plus pourvue en livres de toutes les langues, sciences et arts, l’a dédiée à la splendeur de la capitale, à la distinction des Français, à l’enrichissement des études, a voulu l’ouvrir au public, l’a dotée d’une rente perpétuelle, l’a donnée en garde à la postérité. »
Par arrêt du 16 février 1649.
Gabriel Naudé, de Paris.
V. infra note [33] pour d’autres détails sur la Bibliothèque mazarine.
Journal de la Fronde (volume ii, fos 3 ro et 5 ro et vo, janvier 1652) :
« Le 2 du courant, le Parlement […] députa MM. Doujat et Portail pour aller faire procéder à la vente de la bibliothèque < du > cardinal, qui fut hier commencée et qui a été continuée ce jourd’hui {a} en détail. […]
Le même jour, {b} sur la requête d’un nommé Vialet, {c} la Grand’Chambre donna un arrêt portant qu’on recevrait les enchères qui se faisaient de la bibliothèque du cardinal Mazarin en gros, pour en être fait rapport au Parlement ; et que cependant, {d} la vente en détail serait sursise à cause qu’on prétendait que les livres s’en débitaient à trop bon marché. […] Il fut arrêté qu’on s’assemblerait le lendemain et que le rapport serait fait de toutes les enchères de cette bibliothèque, tant en gros qu’en détail, pour être ordonné ce que de raison. […] Hier au matin, {e} M. le duc d’Orléans s’étant trouvé à l’assemblée du Parlement, l’on délibéra sur la vente de la bibliothèque et M. Portail, l’un des commissaires députés pour la vendre, se plaignit fort de ce qu’un nommé Vialet, qui a été clerc de M. Ménardeau, l’ayant voulu acheter en gros, et en ayant d’abord offert 45 000 livres et fait depuis, tous les jours, des nouvelles offres, il n’avait pas jugé à propos de consentir qu’elles fussent reçues, tant parce qu’il avait cru qu’elle se vendrait plus en détail qu’en gros et aussi qu’il n’en faisait aucune offre raisonnable ; que ce Vialet, en haine de ce refus, avait présenté avant-hier une requête fort injurieuse contre lui sur ce sujet et qu’il en demandait réparation. Plusieurs voulurent décréter contre lui, mais cela ne passa pas et l’on opina seulement sur la manière de vendre cette bibliothèque, laquelle il fut arrêté qu’on vendrait en détail. »
- Le 5, v. supra note [22] pour la Bibliothèque mazarine.
- Le 9.
- Gilbert Vialet, trésorier général de France à Moulins, suspecté d’agir sur ordre de Mazarin.
- En attendant.
- Le 11.
Le 8 janvier, le lieutenant général du présidial de La Rochelle ordonnait l’expulsion du sieur Balthazar, nouvellement envoyé comme intendant de la ville. Par arrêt donné à Poitiers le mercredi 17 janvier, le roi cassa cet acte de rébellion, et ordonna l’exécution des ordres et jugements de son intendant (Jestaz).
L’opinion bordelaise était fort morcelée (La Rochefoucauld, Mémoires, pages 252‑253) :
« Le peuple y était divisé en deux cabales : les riches bourgeois en composaient une, dont les sentiments étaient de maintenir l’autorité de leur magistrat et de se rendre ainsi si puissants et si nécessaires que M. le Prince les considérât comme ceux qui pouvaient le plus contribuer à sa conservation ; l’autre cabale était formée par les moins riches et les plus séditieux qui, s’étant assemblés plusieurs fois en un lieu proche du château de Hâ, nommé l’Ormée, {a} en retinrent depuis le nom. Le parlement, de son côté, n’était pas moins partagé que le peuple. Ceux de ce corps qui étaient contre la cour s’étaient aussi divisés en deux factions : l’une s’appelait la grande Fronde, et l’autre la petite Fronde ; et bien que toutes deux s’accordassent à favoriser les intérêts de M. le Prince, chacune cherchait avec ardeur de s’établir près de lui à l’exclusion de l’autre. Au commencement, l’Ormée avait été unie avec l’une et l’autre Fronde, et s’en était plusieurs fois séparée selon les divers intérêts qui ont accoutumé de faire agir les gens de cette sorte, lorsque M. le prince de Conti et Mme de Longueville, s’étant malheureusement divisés, augmentèrent à un tel point le crédit et l’insolence de cette faction pour se l’attacher qu’ils avancèrent la perte de leur parti en désespérant le parlement et la meilleure partie du peuple, et en donnant lieu à plusieurs conjurations et à toutes les autres intelligences de la cour qui ont enfin soustrait Bordeaux au parti de M. le Prince. »
Journal de la Fronde (volume ii, fo 8 vo, 16 janvier 1652) :
« Le même jour, un courrier de M. le Prince arriva à Paris et rapporta beaucoup de nouvelles à S.A.R., {a} mais on ne les croit pas toutes. Il dit que l’armée de M. le Prince était de 6 000 fantassins et 4 000 chevaux effectifs ; que Son Altesse avait reçu 400 mille écus d’Espagne et que les soldats de celle du comte d’Harcourt l’ayant su, se disbandaient fort et venaient prendre parti dans celle de M. le Prince, laquelle est comme en quartier d’hiver, partie à Saintes et partie à Pons ; {b} que M. de Guise y était attendu le 23 avec 3 000 Espagnols (mais les lettres d’Espagne n’en font aucune mention) ; et que les 4 000 Anglais avaient aussi fait descente à Bordeaux. Il est vrai qu’il est arrivé 50 officiers anglais conduits par le colonel Roquely, mais on ne croit pas qu’il y soit arrivé des soldats parce que le parlement d’Angleterre a jusqu’ici répondu au colonnel, qui en faisait la demande, qu’il ne voulait point désobliger le roi, que tout ce qu’il pouvait faire pour M. le Prince était de permettre de faire des levées en Angleterre en payant, et qu’on ne refuserait point la même permission au roi s’il la demandait. Quelques-uns néanmoins tiennent cette nouvelle pour certaine, fondés sur ce que les Anglais ne faisaient cette réponse que pour ne donner point de sujet au roi de secourir l’île de Jersey, {c} et qu’ils ne s’en soucient plus à présent qu’ils l’ont toute conquise. Ce courrier ajoute qu’en passant à la cour incognito il apprit que la reine avait fait défenses, sur peine de la vie, de laisser parler aucun courrier au roi, et que les logements du cardinal Mazarin et de ceux de sa suite y étaient marqués et préparés. »
- Son Altesse Royale, le duc d’Orléans.
- 20 kilomètres plus au sud.
- Que les républicains anglais avaient prise aux royalistes le 22 décembre 1651 à l’issue d’un siège maritime de deux mois.
Construit au xve s. le château fort de Dijon, véritable Bastille bourguignonne, a été entièrement rasé au xixe s.
Les desseins répressifs du duc d’Épernon n’étaient pas du goût des Parisiens (Journal de la Fronde, volume ii, fos 5 vo, Paris, 9 janvier 1652) :
« M. d’Épernon ayant envoyé un officier dans une de ses terres nommée Montfort, {a} partit d’ici afin d’y lever 50 soldats pour mettre en garnison dans le château de Dijon ; et cet officier les ayant levés, les voulut mener dans Paris pour les habiller et armer ; mais étant entré dans le faubourg Saint-Germain, le peuple se souleva contre lui et le maltraita fort, et l’eût déchiré n’eût été l’adresse d’un commissaire du Châtelet qui l’alla prendre par le collet, disant qu’il l’allait mettre en prison après l’avoir mené à M. le duc d’Orléans, comme il fit, accompagné de quantité de peuple ; et Son Altesse Royale l’ayant interrogé et vu sa commission qu’il avait de M. d’Épernon, lui dit qu’il se retirât et que le traitement qu’on lui avait fait lui était bien dû ; et parce que le peuple l’attendait encore à la porte du palais d’Orléans, on le fit sauver par la porte du jardin après l’avoir ôté à des laquais qui le maltraitaient aussi beaucoup. »
- Montfort-l’Amaury (Yvelines).
Journal de la Fronde (volume ii, fo 8 ro, janvier 1652) :
« Le 13, le parlement de Rouen donna un arrêt presque semblable à celui de Paris du 29 du passé contre le cardinal Mazarin, {a} excepté qu’il ne mit pas sa tête à prix parce qu’il avait reçu une lettre de cachet par laquelle le roi lui défendait de s’assembler et délibérer sur cette matière jusqu’à ce que les députés de celui de Paris eussent été ouïs, et que Sa Majesté lui aurait fait entendre ses intentions. Il a ordonné qu’il serait envoyé des députés au Parlement de Paris pour savoir quelle réponse auront eue ceux qui sont à la cour et pour supplier Son Altesse Royale de vouloir continuer ses soins pour l’expulsion du cardinal Mazarin. Le 14, la nouvelle vint que le parlement de Toulouse, sans attendre l’avis de l’arrêt de celui de Paris du 29 du passé contre le cardinal Mazarin, en a donné un par lequel il ordonne que la déclaration donnée contre lui sera exécutée, que les communes s’assembleront pour lui courre sus, {b} à lui et sa suite, défenses à toutes personnes de le recevoir ni lui administrer vivres, ordonné que Sa Majesté sera suppliée d’éloigner auprès d’elle tous ceux qui sont attachés d’intérêt dans le parti du cardinal, et que Son Altesse Royale sera suppliée de vouloir continuer ses soins pour l’accommodement de M. le Prince. »
- V. supra note [10].
- Pourchasser.
La citation était inexacte : selon le Journal inédit du Parlement, le duc d’Orléans aurait déclaré le 11 janvier au Parlement que Mazarin « rendait le roi misérable et en ferait un roi de Bourges, ainsi que Charles vii » (Jestaz).
Charles vii (1403-1461), surnommé le Victorieux ou le Bien-Servi, roi de France, était le cinquième fils de Charles vi le Bien-Aimé. Il porta d’abord le nom de comte de Ponthieu et devint dauphin en 1416. Héritier présomptif de la couronne, il n’eut cependant qu’une part insignifiante au gouvernement et ne fut qu’un instrument passif entre les mains du connétable d’Armagnac. Lieutenant général du royaume en 1417, mais obligé de fuir de Paris l’année suivante lors de la fameuse entrée des Bourguignons, le dauphin se retira à Bourges (d’où les Anglais l’affublèrent du sobriquet de king of Bourges), puis à Poitiers et dans le Languedoc, prenant le titre de régent et se refusant à tous les arrangements qui auraient conservé le pouvoir au duc de Bourgogne. Monté sur le trône à la mort de son père (1422), il se fit couronner en 1429 à Poitiers tandis que le duc de Bedford, maître de Paris et d’une partie du royaume, prenait les rênes du gouvernement au nom de son neveu, Henri iv, roi d’Angleterre (G.D.U. xixe s.). Guy Patin n’avait donc pas tout à fait tort, ni Monsieur tout à fait raison.Journal de la Fronde (volume ii, fo 8 ro et vo, janvier 1652) :
« Le 15, un trompette que Son Altesse Royale avait envoyé au maréchal d’Hocquincourt < afin > qu’il relâchât M. de Chisey-Bitault, revint et rapporta que le cardinal Mazarin avait tenu conseil là-dessus avec ce maréchal et les gouverneurs des places frontières de Picardie et Champagne qui sont à sa suite ; qu’ils avaient résolu de le retenir et de l’emmener, et lui avaient ainsi fait leur déclaration, ajoutant qu’ils voudraient tenir de même M. de Coudray ; que c’était des parlementaires d’Angleterre, des séditieux et des rebelles, et qu’il était honteux à Son Altesse Royale de se faire chef de telles gens ; à quoi le trompette dit qu’il avait répondu qu’il était bien plus honteux à un maréchal de France de s’être fait le support d’un étranger condamné par tant d’arrêts et déclarations ; que néanmoins on traitait fort bien M. de Bitault, quoiqu’il n’eût pas voulu voir ce cardinal. Le 16, le Parlement s’étant assemblé pour délibérer sur ce qu’avait rapporté ce trompette, Son Altesse Royale en fit récit ; et il fut ordonné que ce maréchal et sa postérité seraient responsables de la personne de M. Bitault ; que Son Altesse Royale serait priée de lui renvoyer le trompette pour lui porter cet arrêt et lui redemander ledit sieur de Bitault ; et qu’on écrirait à tous les parlements pour les informer du traitement qui était fait à cet officier, et aux députés qui sont à la cour pour leur donner ordre de s’en plaindre au roi. »
V. note [19], lettre 277, pour les déboires entre Jean Chartier et la Faculté, depuis la publication de sa Science du plomb sacré des sages…
En raison d’une déchirure du coin inférieur droit de la feuille, les passages manquants ou reconstitués sont mis entre crochets.
Mazarin avait ouvert sa bibliothèque au public dès 1643. Grâce aux efforts acharnés de Gabriel Naudé, la Bibliothèque mazarine (v. supra note [22]) était devenue en 1652 la plus importante d’Europe en son genre, avec plus de 40 000 volumes.
Peu avant sa mort (1661), le cardinal décida de l’adjoindre au Collège des Quatre-Nations (v. note [8], lettre 679) dont il avait décidé la construction (1662-1682). On y transféra les livres et les boiseries qui se trouvaient dans l’hôtel Mazarin (actuel site Richelieu de la BnF, rue Vivienne). La Mazarine est rattachée depuis 1945 à l’Institut de France installé dans les anciens bâtiments du Collège.
Triste prémonition du démantèlement de sa propre bibliothèque que Guy Patin allait lui-même connaître dans les quatre misérables dernières années de sa vie.
Rabelais, Quart Livre, chapitre xx, Comment les nauchiers abandonnent les navires au fort de la tempête :
« Quand aurons-nous la fête de tous saints ? Je crois qu’aujourd’hui est l’infeste {a} fête de tous les millions de diables. {b} Hélas ! (dit Panurge) frère Jean se damne bien à crédit. Ô que j’y perds un bon ami ! »
- Hostile.
- Dit frère Jean.
« Souffrez derechef que je vous mette sur les bras ce fardeau ».
Cette date du mardi 16 janvier est en désaccord avec celle (en partie effacée) qui figure au bas de la lettre : « lundi x[…] ». Sans doute s’agit-il d’une étourderie sans importance de Guy Patin, qui a daté son post-scriptum du « mardi 16e de janvier 1652 ».
Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne) se situe à mi-chemin entre Fontainebleau et Montereau. La ville était fortifiée, elle possédait un donjon médiéval qui pouvait servir de prison et qui a été partiellement détruit pendant la Révolution.
Milly-la-Forêt (Essonne) se situe à mi-chemin entre Étampes à l’ouest et Fontainebleau à l’est, une vingtaine de kilomètres au sud d’Essonnes (aujourd’hui Corbeil-Essonnes, v. note [28], lettre 166).
Le maréchal de Senneterre (v. note [16], lettre 198) était le fils aîné de Henri i de La Ferté, marquis de Senneterre (ou Saint-Nectaire, 1573-4 janvier 1662), ici nommé le vieux, qui avait été chevalier des Ordres du roi, lieutenant général au gouvernement de Champagne, ambassadeur en Angleterre et à Rome, ministre d’État (Adam).
Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, pages 90‑94) :
« Le cardinal de Richelieu se servait plus de Senneterre pour espion que pour autre chose ; et en effet, il ne lui a jamais fait beaucoup de bien. Le cardinal Mazarin (car autrefois, durant la vie du cardinal de Richelieu, Senneterre, Chavigny et M. Mazarin, c’étaient trois têtes en un bonnet) donna à son fils, aujourd’hui le maréchal de La Ferté, le gouvernement de Lorraine, et à lui la lieutenance de roi d’Auvergne ».
Charles iv de Lorraine.
Pont-sur-Yonne (Yonne) se situe sur l’Yonne, 15 kilomètres en aval de Sens.
Nicolas Sanguin, seigneur de Tron, chanoine de l’église de Chartres, docteur en théologie de Sorbonne, avait été reçu conseiller clerc au Parlement de Paris en 1612, puis nommé évêque de Senlis en 1622 (en succession de François de La Rochefoucauld). Le 11 janvier 1652, il avait cédé ce siège à son neveu, Denis Sanguin (vers 1621-1702), seigneur de Livry et de Saint-Pavin ; lui aussi avait d’abord été conseiller clerc au Parlement de Paris, reçu en 1636 en la deuxième des Enquêtes.
Nicolas mourut subitement dans la galerie du Louvre le 15 juillet 1653 (Popoff, no 2239, et Gallia Christiana). Bien qu’il n’en fût pas membre, il était très attaché à la Compagnie de Jésus ( v. note [50] des Affaires de l’Université dans les Commentaires de la Faculté en 1650-1651).Au lieu d’un plat mis sur la table où chacun se servait, chacun disposait d’un plat individuel.
« On dit proverbialement il n’est si bon chartier qui ne verse pour dire il n’y a point d’homme si habile qui ne fasse quelque faute » (Furetière).
« pour que le couvercle soit digne du pot. »
Dignum patella operculum est un adage commenté par Érasme (no 972) ; il renvoie à une lettre de saint Jérôme à Chromatius, Jovinus et Eusèbe (Correspondance, série vi) écrite du désert en 370, où il recommande sa sœur et lui à leurs prières :
In mea enim patria rusticitas vernacula. Deus venter est, et in diem vivitur, et sanctior est ille, qui ditior est. Accessit huic patellæ (iuxta tritum populi sermone proverbium) dignum operculum, Lupicinus Sacerdos, secundum illud quoque.
[Elle {a} habite un pays qui est comme le centre de la barbarie. On n’y connaît pas d’autre dieu que le ventre et on vit au jour le jour ; le plus riche est tenu pour le plus saint. Ajoutez à cela que leur prêtre est Lupicinius qui n’est pas moins grossier qu’eux : le couvercle est digne du pot (comme dit le proverbe si courant dans le discours populaire)]. {b}
- Ma sœur.
- Le complément de l’adjectif dignus [digne de] se construit à l’ablatif, patella ; le datif, patellæ, appartient à la syntaxe décadente.
V. la fin de la note [21], lettre 80, pour la descendance de François Guénault, où figure l’avocat Jean Guérin (prénommé Antoine par Henri Baillière) qui avait épousé Anne, fille aînée du docteur régent qui menait le parti antimonial de la Faculté de médecine de Paris. Guérin mourut en 1654 (v. note [4], lettre 384). Je n’ai pas su établir si cet avocat était apparenté à Denis Guérin (v. note [11], lettre 3), collègue de son beau-père, mais pense que si tel avait été le cas, Guy Patin n’eût pas manqué de le remarquer.
« et excusez le bavardage d’un ami. »
« vôtre comme sien [à vous comme à votre épouse] en toute franchise [v. note [27], lettre 172], Guy Patin, natif de Beauvaisis. »