L. 285.  >
À Charles Spon,
le 16 avril 1652

Monsieur, [a][1]

Depuis ma dernière que je vous envoyai le 26e de mars avec une lettre pour M. Falconet et une autre pour M. Ravaud, je vous dirai qu’Orléans [2] a tenu bon et qu’ils n’ont point voulu laisser entrer le roi [3] ni le Mazarin [4] dans la ville. Mademoiselle, [5] fille aînée du duc d’Orléans, [6] y est allée au nom de Monsieur son père pour les encourager et y a réussi. Elle y a été reçue comme en triomphe par une petite porte, tandis que de l’autre côté on refusait la porte à M. le garde des sceaux[7] qui demandait à y entrer au nom du roi, lequel était encore à Blois ; [1][8] d’où enfin la cour est sortie de peur d’y mourir de faim, et après qu’ils y ont tout mangé et tout ruiné. On dit ici que le roi est à Sully [9] et qu’il revient à Fontainebleau, [10] pour delà s’en aller à Compiègne : [11] quid postea fiet, nescitur, præsertim de Mazarino[2]

Ce 1erd’avril. Voilà ma femme [12] qui revient des vêpres, laquelle m’apporte une grande nouvelle, et à M. Riolan : [13] c’est que le duc d’Orléans est allé au-devant du prince de Condé [14] qui doit aujourd’hui arriver à Paris. Nous causions ici, M. Riolan et moi. Cette nouvelle l’a si fort étonné et même ravi de joie si excessivement que le voilà qu’il s’en va tout droit à l’hôtel d’Orléans y voir Mme la duchesse [15] pour en savoir la vérité. [3] Elle l’aime fort, il va la voir, par l’ordre qu’elle lui a donné, deux fois la semaine et a grande créance pour lui ; même, elle le paie fort bien et se loue fort de l’amitié qu’elle a pour lui. Si cette nouvelle de l’arrivée du prince de Condé est vraie, je ne doute point que le Mazarin n’en tremble et que bientôt, nous ne puissions voir ici quelque grand changement : soit à faire reculer le roi, soit à faire avancer les troupes du duc Charles, [16] lesquelles sont sur la frontière de Champagne toutes prêtes d’entrer. Peut-être aussi que cela fera résoudre M. de Longueville [17] à prendre le bon parti pour faire chasser le Mazarin, unde malum pedem attulit[4][18]

Ce 2d d’avril. Voici la vérité de cette nouvelle : M. le duc d’Orléans est parti de Paris à cheval avec environ 200 cavaliers pour aller au-devant du prince de Condé ; étant arrivé à Villejuive, [5][19] il n’y a trouvé personne ; il a envoyé les deux tiers de ses gens à Juvisy [20] pour en apprendre quelques nouvelles et leur ayant commandé de demeurer là pour escorter ledit prince jusqu’à Paris quand il serait arrivé, il s’en est revenu à Paris avec environ 80 cavaliers ; les autres sont demeurés à Juvisy jusqu’à trois heures après minuit, qu’il leur est arrivé un courrier de M. le Prince qui apporta nouvelles au duc d’Orléans comme ledit prince est arrivé le jour de Pâques [6] à Châtillon-sur-Loing [21] près de Montargis, [22] où il a couché ; et comme le lendemain il pensait venir coucher à Paris, il changea de dessein sur ce qu’il apprit que l’armée du roi était près de Gien [23] et qu’elle s’apprêtait d’y passer la rivière ; à cause de quoi il est aussitôt et vitement allé joindre les troupes de MM. les ducs de Nemours [24] et de Beaufort [25] pour se mettre à leur tête, et aller tôt après, s’il était à propos, contester le passage à ces troupes du roi ; d’où on tire conjecture que dans deux ou trois jours nous pourrons recevoir des nouvelles d’un choc de ces deux armées l’une contre l’autre. Le prince de Condé n’est parti de Guyenne [26] qu’avec quatre gentilshommes et un valet de chambre, est venu en Auvergne, delà en Bourbonnais et à Châtillon. [7] Je pense qu’il a bien fait de venir, il sera plus nécessaire deçà que delà. [8]

J’apprends que la reine de Suède [27] a mandé M. Naudé [28] pour être son bibliothécaire, [29] je pense que M. Bourdelot [30] aura bien contribué à la nomination de ce cher ami. [9] Il ne refuse point la condition d’aller en Suède et de rendre service à cette savante reine ; mais néanmoins, il ne promet rien qu’à la charge de deux articles, dont le premier est que son ancien maître, qui est le Mazarin (et qui Dieu aidant n’aura < plus > jamais besoin de bibliothécaire), voudra bien permettre qu’il s’en aille là ; le second article est qu’il sera premier bibliothécaire sans être sujet à aucun qu’à la reine même, et c’est de quoi l’on attend réponse ; si bien qu’il n’y a rien en tout ce marché qui ne puisse bien se faire et s’accomplir, de sorte que je pourrai bien par ci-après écrire à Stockholm [31] à cet ami de 35 ans à qui j’écrivais il y a 20 ans passé à Rome. Omne solum forti patria est, ut piscibus æquor[10][32] Tout homme qui veut gagner et faire fortune dit volontiers et sans géhenne, Ubicumque bene, ibi patria[11][33]

Depuis que le prince de Condé est à la tête de son armée entre Gien et Orléans, du côté de Paris, Montargis [34] s’est rendue aux princes, où ils ont trouvé bien du blé qui les empêchera de mourir de faim pour quelque temps. [12]

Depuis que le roi est sorti de Blois (que la présence de la cour a merveilleusement ruinée) et qu’il n’a pas entré dans Orléans, il est venu à Sully qui est bien près de Gien, mais ils n’ont pas entrepris de passer en deçà à cause de l’obstacle que leur fait l’armée des princes. Où iront-ils donc ? Les uns disent à Sens, [35] les autres à Nevers ; [36] quelques-uns disent à Lyon, d’autres font courir le bruit que le roi veut venir à Fontainebleau et que pour cet effet, ils donneront bataille, déferont les princes et leur armée, passeront par Montargis, etc. ; mais dire tout cela, c’est deviner, il n’y a que Dieu qui sache le futur ; et avant que cela soit fait, il faut gagner une grande bataille. Plût à Dieu qu’elle nous eût donné la paix.

Ce 8e d’avril. Hier fut enterré à Charenton [37] un des savants ministres de ce pays nommé M. Aubertin, [38] non sine suorum desiderio et ingenti mærore[13] Le même jour arriva à Paris M. de Châteauneuf, [39] lequel a vu et entretenu à Tours [40] le roi, la reine [41] et le Mazarin. Il a été aujourd’hui après-midi voir M. le duc d’Orléans pour lui faire quelques propositions d’accord, mais on ne dit pas de quelle nature sont ces articles : ce sont lettres closes et arcana imperii[14] Pour moi, je crois que le Mazarin fait toutes ces grimaces afin de gagner temps et de faire venir, en attendant, du secours de divers endroits du royaume pour accabler les princes ; mais c’est à eux à y prendre garde. Avant-hier mourut ici l’évêque de Bayeux, [42] fils de M. Molé, premier président et garde des sceaux de France. Il n’y a que trois ans qu’il était évêque, il avait pour 45 000 livres de rentes en bénéfice et est mort chargé de trois fois autant de dettes : ne voilà pas un bon évêque ? Il fait comme les autres. [15]

Ce 9e d’avril. Nouvelles sont venues hier au soir, qui fut un jour d’éclipse [43] du soleil, [16] qu’il y avait eu combat entre M. le Prince et les troupes du Mazarin. [17][44] M. de Nemours y a été blessé, Mme de Nemours [45] partit tout à l’heure avec un fameux chirurgien nommé Le Large, [46] pour l’aller penser d’un coup de mousquet qu’il a reçu dans la cuisse. [18] Ce fut M. de Nemours qui fit l’attaque à l’avant-garde du roi, laquelle voulait ouvrir le chemin pour faire passer le roi et l’amener à Fontainebleau, et delà à Paris. C’est à La Bussière, [47] par où on passe entre Montargis et Briare, [48] que la première attaque s’est donnée. [19] On dit que le roi a perdu 3 500 hommes, sans ceux qui se sont sauvés et enfuis, qui n’y retourneront point, de peur d’y mourir de faim comme ils faisaient. M. d’Hocquincourt, [49] gouverneur de Péronne, [50] qui est celui qui a ramené et fait rentrer en France le Mazarin, y a été tout défait ; il y a perdu chevaux, pistoles, vaisselle d’argent et bagage. [20] Il y a bien des prisonniers qui ont pris quartier dans les troupes du prince de Condé. Les plus modérés tiennent la perte pour les troupes du roi à plus de 4 000 hommes, sans compter les fuyards. [21] Le roi, qui avait passé la rivière à Gien pour venir à Montargis, l’a repassée, est retourné à Sully où le pain est bien cher. [51] On ne sait pas encore où il ira, quelques-uns parlent d’Aubigny en Berry, [52] tandis que l’on avisera si on mènera le roi, non pas à Bourges, [53] qui est un pays ruiné, ni en Poitou, mais plutôt en Bourgogne ou à Auxerre ; [54] quelques-uns parlent de Lyon, mais on dit que c’est trop loin et que le Mazarin, qui a peur de tout, n’y serait point en assurance. [22] Si bien que voilà toute la France en proie pour un cardinal étranger qui n’est en sa personne et en son particulier qu’un misérable faquin ; et delà, personne ne doit s’étonner si les Italiens se moquent des Français et les accusent d’être fous ; encore sommes-nous bien heureux que l’on ne nous dise pis, puisque nous le méritons bien ; c’est une femme passionnée qui est assistée de quelques courtisans corrompus et parmi lesquels, le nombre fût-il infini, on aurait bien de la peine de trouver un homme de bien. Nous sommes au dernier point et au triple étage de la misère, [23] nous avons pour maître un jeune roi, une mère espagnole obstinée et qui ne veut céder à la raison ni à la puissance, et un étranger dans le ministère qui veut que tout lui soit permis et porter sa tyrannie le plus loin qu’il pourra, voire même que ne peut souffrir la ruine d’un fleurissant État et la patience des hommes. Propter peccata populorum Deus sinit regnare tyrannum : [24] c’est une consolation tirée de la Bible [55] où chacun trouve quelque bon mot pour sa douleur, mais ce n’est point remède ; interea patitur iustus et innocens[25]

Ce 11e d’avril. Comme ce matin on attendait au Parlement M. le duc d’Orléans afin qu’il fût présent à la relation de M. le président de Nesmond [56] et des autres députés qui, depuis peu de jours, étaient arrivés de retour de leur voyage de Gien où ils avaient été envoyés pour lire au roi les nouvelles remontrances que lui fait le Parlement contre le Mazarin, qui ont été fort interrompus par la reine lorsqu’ils ont parlé au roi ; [26] à l’heure même, ledit duc a envoyé prier Messieurs du Parlement de remettre l’assemblée au lendemain qu’il attendait M. le Prince, et que demain ils iraient ensemble à la Grand’Chambre ; si bien que l’assemblée a été différée. Aussitôt, tout Paris est allé au-devant du dit prince qui est arrivé sur les quatre heures du soir accompagné de 500 chevaux à l’hôtel d’Orléans, où il a été reçu avec toute sorte d’acclamations et de réjouissances. [27]

En attendant que le Parlement se pourra bien faire inspirer du Saint-Esprit pour tâcher de remédier à nos affaires, lesquelles sont en très mauvais état, je vous donne avis que voilà que je reçois par M. Jost [57] deux paquets de livres qui viennent de Lyon, dont l’un est composé de deux exemplaires de Sebizius [58] dont je vous remercie, et que j’ai envoyé l’un des deux tout à l’heure à M. Moreau. [28][59] L’autre paquet est celui de M. Alcide Musnier [60] de Gênes, [61] je vous remercie du soin qu’en avez eu pour moi, et je vous prie de dire à M. Ravaud [62] que je l’en remercie pareillement et que j’en ai payé le port à M. Jost.

Ce 15e d’avril. Mais voilà que par bon rencontre, comme je remenais M. Merlet, [63] un de nos anciens, qui m’était venu voir, le facteur de la poste me délivre votre lettre du 9e d’avril, dont je suis tout content en tant que j’y apprends de vos nouvelles, et particulièrement de votre santé. Je suis ravi de la convalescence de M. Garnier, [64] sa santé puisse-t-elle bien se fortifier tous les jours. La saison présente lui sera fort commode, je vous prie de l’assurer de mes services et de la joie que j’ai de ce qu’il se porte mieux. Ne vous étonnez point de votre ordinaire qui a manqué, nous savons bien qu’ils ont été arrêtés par la cour par diverses fois. L’armée du Mazarin a diminué de 4 000 hommes par la défaite du 7e d’avril, mais c’est en prisonniers qui ont pris parti, [29] et en fuyards qui n’ont osé retourner en leur armée de peur d’y mourir de faim ; le nombre des tués n’y est pas si grand, mais le bagage est perdu. De iuniore illo Basillensi, nihil miror : [30][65] c’était un petit fanfaron, badin, superbe et débauché ; je ne sais ce qu’il fera, mais je n’en ai point bonne opinion. Son père, [66] qui est un honnête homme et bien réglé, aura bien de la peine d’en venir à bout. Je pense que l’on nous enverra le livre nouveau de M. Sebizius quand il sera achevé ; si vous en avez à Lyon devant nous, je vous prie de m’en acheter un. [31] Comme l’on ne fait rien au Palais à cause des fréquentes assemblées, l’affaire de Chartier [67][68] est là demeurée et accrochée ; mais en attendant, il est chassé de l’École et ne jouit d’aucun émolument, en quoi il perd plus que moi.

M. Caze [69] arriva hier au matin en cette ville, à ce que m’a dit M. Huguetan, [70] après beaucoup de traverses qu’il a eues par le chemin. Nous nous verrons un de ces jours et boirons ensemble à votre santé. J’ai déjà parlé à M. Moreau de faire imprimer ses leçons de febribus malignis, je n’en ai pu rien obtenir ; utinam quod mihi denegavit tibi concedat[32] je lui en ai encore parlé céans aujourd’hui au matin. Je suis bien aise que M. Ravaud s’en aille penser à faire une nouvelle édition du Sennertus[71] c’est signe qu’il s’est bien débité. Utinam et altera editio pari successu illis procedat. Commodum me admonuisti de silentio[33] je n’en dirai mot à personne ; mais je ne sais pourquoi ils en veulent faire quatre tomes, est-ce pour le mieux vendre ? Il y a moyen de le faire tout autrement meilleur qu’il n’est, pourvu qu’il soit plus correct, comme vous n’y manquerez pas, et que l’impression soit un peu plus belle et le papier meilleur ; ce que j’espère qu’ils feront avec meilleur succès à ce coup, en y apportant plus de soin et plus de loisir. Et voilà ce que j’ai à dire sur votre lettre.

Le prince de Condé est ici avec le duc de Beaufort. Ils ont été au Palais avec le duc d’Orléans y faire des protestations de mettre les armes bas aussitôt que le Mazarin aura vidé du royaume. Ils veulent pareillement aller à l’Hôtel de Ville y faire les mêmes protestations et aussitôt, renvoyer de nouveau les mêmes députés du Parlement, qui en sont revenus, à la cour faire de nouvelles remontrances au roi et à la reine avec les députés du Corps de Ville, de la Chambre des comptes et de la Cour des aides[72] pour tâcher d’obtenir de la reine une pacification dans tout le royaume et ne rien porter à l’extrémité puisqu’il ne tient qu’à chasser le Mazarin : voilà l’avis de tous les gens de bien de deçà. [34]

Ce 16e d’avril. L’on m’a rendu ce matin un petit paquet de votre part contenant les deux exemplaires de l’Hydrothermoposie de M. Baldit, [35][73] avec les deux livres du P. Théophile Raynaud. [74] J’ai aussitôt envoyé chez M. Moreau l’Hydrothermoposie[75] Pour < ceux > du P. Raynaud, je n’en ai envoyé qu’un chez le relieur, d’autant que Corona aurea est imparfait : il y a à la fin de ce livre un autre petit traité, de Ecclesia bicipiti[36] auquel manquent quelques feuilles ; j’entends plusieurs feuilles car le mien ne va que jusqu’à Y, [37] combien que je trouve dans la table des chapitres, qui est au-devant du livre, qui va jusqu’au Punctum 16[38] et mon livre n’en a que 11. Il faut que le reste du dit livre, consistant en quatre ou cinq feuilles, soit demeuré chez le libraire qui vous l’a vendu : voilà une grande négligence de ces libraires d’envoyer des livres imparfaits de si loin sans les collationner. Si vous pouvez vous souvenir de celui qui vous les a vendus, vous m’obligerez fort de tâcher d’obtenir ce reste afin que je fasse relier le mien et que je m’en serve. Je vous demande pardon de tant de peines que je vous donne ; je ne sais à quel libraire vous l’aviez délivré, mais si vous pouvez vous en souvenir, je vous prie de l’assurer que j’en ai payé le port à Mme Châtelain, [76] laquelle a quitté sa boutique à son gendre qui est un Hollandais nommé Biestkens, [77] libraire rue Saint-Jacques ; [39][78] et voilà comme je souhaite que tout aille afin que personne ne soit grevé.

Je viens d’apprendre que la principale cause de l’arrivée du prince de Condé en cette ville a été pour empêcher que le duc d’Orléans ne s’accordât avec la reine, comme l’affaire était bien avancée ; et que tout est rompu, de quoi la reine est bien fâchée. Il y a eu grand bruit au Conseil depuis très peu de temps entre les maréchaux de Villeroy [79] et Du Plessis-Praslin, [80] celui-ci parlant pour le Mazarin afin qu’il demeure, et l’autre contre lui afin de le faire vider. On tient ici, par lettres qui viennent de la cour, que le roi ne peut pas demeurer plus longtemps à Gien ni à Sully, et que ne pouvant passer la Loire [81] pour venir en deçà, il faut qu’il aille pour vivre plus commodément en Berry devers Bourges. [40] Puisse-t-il bientôt revenir à Paris sans le Mazarin, duquel le retour nous cause tous ces maux. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi à deux heures après midi, 16e d’avril 1652.

Nouvelles sont aujourd’hui arrivées que les Espagnols sont alentour de Gravelines [82] et qu’ils la vont assiéger. [41] Nous la pourrons bien perdre par les désordres du Mazarin ; et ainsi, adieu nos conquêtes, par notre faute et notre malheur.


a.

Ms BnF Baluze no 148, fos 27‑28, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon. » ; Jestaz no 66 (tome ii, pages 862‑872). Note de Charles Spon au revers : « 1652/ Paris, 16 avril/ Lyon, 22 dud./ Risp. 24 mai. »

1.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 52 ro et vo, Paris, mars 1652) :

« Mademoiselle étant partie d’ici le 25 {a} fut coucher à Châtres, {b} et envoya le marquis de Flamarens {c} en toute diligence à Orléans pour y porter la nouvelle de sa venue et préparer les esprits à la recevoir. Le 26, elle fut coucher à Toury, {d} d’où elle partit le 27 ; et étant arrivée à Artenay, cinq lieues d’Orléans, elle trouva ce marquis qui lui venait porter la nouvelle que le garde des sceaux était à la porte de la ville, de l’autre côté de la rivière {e} avec tout le Conseil, où il haranguait le peuple pour y entrer, et les maréchaux de logis du roi qu’il disait être en chemin pour y venir sans le cardinal Mazarin. Aussitôt, elle monta à cheval et courut au galop jusqu’aux portes d’Orléans avec une escorte de 500 chevaux. Elle y arriva entre midi et une heure ; et les portes étant fermées, on lui dit que l’assemblée de ville délibérait si on la laisserait entrer. Elle attendit plus d’une heure l’issue de cette délibération, après laquelle on lui vint dire qu’on avait proposé de ne laisser entrer personne de l’un et de l’autre parti ; mais après s’être fait voir autour des murailles, le peuple s’y ramassa en grande foule et contre l’avis de son conseil, elle accepta l’offre que lui firent les bateliers de la faire monter par une échelle sur un ravelin {f} et de rompre une porte qui y était, afin d’entrer par là. Aussitôt, on la conduisit dans un bateau au pied de ce ravelin où elle monta par une échelle après son écuyer, suivie seulement de Mmes de Fiesque et de Pontereau, et de cinq gentilshommes. Étant sur le ravelin, elle fit rompre cette porte avec des haches ; s’étant entrée, le peuple l’accueillit avec des grands applaudissements et des cris continuels de “ Vive le roi et Son Altesse Royale ! ” et “ Point de Mazarin ! ” L’hôtel de ville ayant appris son entrée, lui députa le marquis de Sourdis, le maire et quelques autres, qui lui dirent qu’ils avaient refusé l’entrée au garde des sceaux et au Conseil, et peu après firent entrer tout son train. »


  1. V. note [27], lettre 284.

  2. Arpajon, v. note [8], lettre 149.

  3. Antoine-Agésilan de Grossolles.

  4. Eure-et-Loir.

  5. La Loire.

  6. Une demi-lune.

Mlle de Montpensier n’a pas manqué dans ses Mémoires (première partie, volume 1, chapitre x, page 363) de vanter le premier de ses deux exploits militaires de 1652 (avec son commandement des canons de la Bastille lors du combat de la porte Saint-Antoine, v. note [36], lettre 291) :

« Après avoir fait quelques rues, portée dans ce triomphe, je leur dis que je savais marcher et que je les priais de me mettre à terre, ce qu’ils firent. Je m’arrêtai pour attendre les dames qui arrivèrent un moment après fort crottées aussi bien que moi, et fort aises aussi. Il marchait devant moi une compagnie de la ville, tambour battant, qui me faisait faire place. Je trouvai à moitié chemin de la porte à mon logis M. le gouverneur, qui était assez embarrassé (et l’on l’est bien à moins), avec Messieurs de la ville, qui me saluèrent. Je leur parlai la première : je leur dis que je croyais qu’ils étaient surpris de me voir entrer de cette manière ; mais que, fort impatiente de mon naturel, je m’étais ennuyée d’attendre à la porte Bannière {a} et qu’ayant trouvé la < porte > Brûlée ouverte, j’étais entrée ; qu’ils en devaient être bien aises afin que la cour, qui était à Cléry, ne leur sût point mauvais gré de m’avoir fait entrer ; qu’étant entrée sans eux, cela les disculpait et que, pour l’avenir, ils ne seraient plus garants de rien puisque l’on se prendrait à moi de tout, sachant bien que, lorsque les personnes de ma qualité sont en un lieu, elles y sont les maîtresses, et avec assez de justice. “ Je la dois être ici<, ajoutai-je, > puisqu’il {b} est à Monsieur. ” »


  1. Autrement nommée Banier ou Baunier.

  2. Orléans.

2.

« je ne sais ce qu’il fera après, particulièrement quant au Mazarin. »

Parti de Blois le 27 mars, le roi séjourna à Sully (Sully-sur-Loire, Loiret, à 25 kilomètres au sud-est d’Orléans) jusqu’au tout début d’avril, puis à Gien jusqu’à la mi-avril.

3.

Comme Guy Patin s’en est expliqué après, la nouvelle était prématurée : Condé rejoignait alors l’armée des princes et ne gagna Paris que le 11 avril, après la bataille de Bléneau (7 avril).

4.

« là d’où il est malencontreusement venu » (Catulle, v. note [104], lettre 166).

La duchesse qui avait de l’amitié pour Jean ii Riolan était Marguerite de Lorraine, duchesse d’Orléans, épouse de Monsieur. Le duc Charles était son frère, Henri ii d’Orléans, duc de Lorraine. V. note [12], lettre 284, pour les hésitations politiques du duc de Longueville, Henri ii d’Orléans, beau-frère de Condé, sur le parti à prendre alors.

5.

Villejuive est aujourd’hui Villejuif, en Île-de-France (Val-de-Marne), dans la proche banlieue sud de Paris. Elle tient probablement son nom de l’époque romaine, où un certain Juvius ou Juveus possédait une villa.

6.

Le 31 mars.

7.

La Rochefoucauld (Mémoires, pages 256‑259) :

« Le marquis de Lévis avait un passeport du comte d’Harcourt pour se retirer en Auvergne avec son train. M. le Prince et ceux qui l’accompagnaient passèrent, à la suite du marquis de Lévis, pour les mêmes domestiques dont les noms étaient écrits dans son passeport. Ce qu’il y eut de plus rude dans ce voyage fut l’extraordinaire diligence avec laquelle on marcha jour et nuit, presque toujours sur les mêmes chevaux et sans demeurer jamais deux heures en même lieu. On logea chez deux ou trois gentilshommes amis du marquis de Lévis pour se reposer quelques heures et pour acheter des chevaux ; mais ces hôtes soupçonnaient si peu M. le Prince d’être ce qu’il était que, dans la gaieté du dîner, on parla assez librement de ses proches pour lui faire juger qu’on ne le connaissait pas. Enfin, après avoir pris son chemin par la vicomté de Turenne et par Charlus en Auvergne, il arriva le samedi au soir au Bec d’Allier à deux lieues de La Charité, où il passa la rivière de Loire sans aucun empêchement, bien qu’il y eût deux compagnies de cavalerie dans La Charité, commandées par Bussy-Rabutin. Il dépêcha, de La Charité, Gourville à Paris pour avertir M. le duc d’Orléans et M. de Chavigny de sa marche. Il passa le jour de Pâques dans Cosne où l’on faisait garde, et comme la cour était alors à Gien, il dit partout qu’il allait avec ses compagnons servir son quartier auprès du roi.

[…] Ce voyage de M. le Prince fut plein […] d’aventures périlleuses et les moindres l’exposèrent à être pris par les troupes du roi ou à être tué. Il arriva néanmoins heureusement à Châtillon où il apprit des nouvelles de l’armée qu’il voulait joindre et sut qu’elle était à huit lieues de là, vers Lorris près de la forêt d’Orléans. Ayant marché avec toute la diligence possible pour la joindre, il rencontra l’avant-garde de son armée dont quelques cavaliers vinrent au qui-vive avec lui ; mais l’ayant reconnu, ce fut une surprise et une joie pour toute l’armée qui ne se peut exprimer. Jamais elle n’avait eu tant besoin de sa présence et jamais elle ne l’avait moins attendue. L’aigreur augmentait tous les jours entre les ducs de Nemours et de Beaufort, et l’on voyait périr avec certitude la seule ressource du parti par la division des chefs lorsque la présence du roi et celle de son armée les devaient le plus obliger à préférer l’intérêt général à leurs querelles particulières. »

8.

Les nouvelles formidables qui s’accumulaient troublaient fort les Parisiens. Guy Patin en donnait un écho fidèle, en tous points corroboré (comme très souvent) par le Journal de la Fronde (volume ii, fos 54 vo‑55 vo) :

« Hier au matin, S.A.R. {a} eut nouvelles par un courrier exprès que M. le Prince était venu par l’Auvergne, accompagné seulement du duc de La Rochefoucauld et son fils, et les sieurs Tourville et Guitaud avec trois valets, et qu’il devait arriver ici le soir ; ce qui obligea S.A.R. de partir l’après-dînée avec beaucoup de suite pour lui aller au-devant ; et fut jusqu’à Villejuif où n’ayant pu apprendre de ses nouvelles et voyant qu’il était tard, s’en revint à cheval avec sept ou huit personnes seulement, lui ayant envoyé au-devant son carrosse et le reste de sa suite. […]

Ce matin {b} l’on a trouvé des placards affichés aux coins des rues, intitulés Avis aux Parisiens, contenant que M. le Prince, pour témoigner le zèle qu’il avait pour le bien public, a quitté sa famille et tout ce qu’il avait en Guyenne pour venir jour et nuit, sur l’avis qu’il avait eu que le cardinal Mazarin grossissait ses troupes et en faisait venir de tous côtés pour bloquer Paris, d’où il s’approchait ; et que M. le Prince était venu là-dessus pour se mettre à la tête de l’armée du duc de Nemours sous les ordres de S.A.R. ; qu’il y avait beaucoup de personnes qui blâmaient les desseins de M. le Prince, mais que néanmoins, il n’avait d’autre intention que de procurer la paix et que les Parisiens seraient bien insensibles à leurs maux s’ils ne le secouraient après un coup si favorable, et après six mois de travail qu’il a fait ; et qu’il va encore continuer à exposer son sang et faire comme Mademoiselle a fait à Orléans pour empêcher que les mazarins n’y entrassent, exhortant tous les bourgeois de se trouver à deux heures après midi sur le Pont-Neuf, non pour autre dessein que pour aller témoigner à S.A.R. et à M. le Prince la bonne volonté qu’ils ont pour leur service ; et que, comme le mal est à l’extrémité, qu’il ne faut pas balancer ; {c} que si l’on n’y apporte un prompt remède, le mal sera incurable, et qu’il faut chasser tous les suspects ; que le gouverneur de Paris {d} a été bien surpris de cette nouvelle de l’arrivée de M. le Prince et qu’il avait voulu s’y opposer, ayant pour cet effet festiné {e} plusieurs bourgeois pour les soigner et s’opposer à ce bonheur par une résolution qu’il avait fait prendre de l’Hôtel de Ville, et qu’il était bien capable d’en faire d’autres pour exposer les Parisiens à la merci du cardinal Mazarin si on ne le chassait. […]

M. le Prince a envoyé cette nuit un courrier pour faire ses excuses à S.A.R. de ce qu’il ne vient pas encore et pour lui dire qu’il était arrivé à l’armée ; où ayant appris que les mazarins avaient commencé à passer la Loire sur le pont de Gien, il avait jugé à propos de se tenir là pour les empêcher d’avancer. Les placards de ce matin ont fait un tel effet que pendant toute l’après-dînée une grande foule de peuple s’est tenue sur le Pont-Neuf, où elle a arrêté tous les carrosses qui ont passé pour reconnaître ceux qui étaient dedans, les ayant néanmoins laissé passer après les avoir obligés de crier Vive le roi et les princes ! et Point de Mazarins ! »


  1. Gaston d’Orléans, Son Altesse Royale, le 1er avril 1652.

  2. 2 avril.

  3. Hésiter.

  4. Le maréchal de L’Hospital.

  5. Régalé.

9.

Gabriel Naudé était appelé à prendre la succession d’Isaac Vossius à la tête de la Bibliothèque royale de Suède.

10.

Guy Patin a omis l’oiseau dans sa référence à Ovide, Fastes (livre i, vers 493‑494) :

Omne solum forti patria est, ut piscibus æquor,
ut volucri vacuo quicquid in orbe patet
.

[Pour l’homme courageux, la patrie est toute l’étendue des terres, comme est celle des eaux pour les poissons, comme est toute celle des airs pour l’oiseau].

11.

« la patrie est partout où on se sent bien » : Patria est, ubicumque est bene (Cicéron, Tusculanes, livre v, chapitre xxxvii, § 108).

12.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 56 vo, 5 avril 1652) :

« Un courrier de M. de Beaufort arrivé avant-hier a apporté nouvelle à S.A.R. {a} que toute son armée avait témoigné grande réjouissance de ce que M. le Prince y était arrivé, et qu’elle s’avançait à Montargis pour la forcer, suivant les ordres de Sadite Altesse, en cas qu’elle {b} continuât à refuser garnison, comme elle avait fait par l’intrigue d’un gentilhomme du cardinal Mazarin, nommé Mondreville, qui s’y était jeté dedans ; mais ce matin le comte de Coligny, envoyé de la part de M. le Prince, a porté nouvelle à S.A.R. qu’aussitôt que les habitants de Montargis virent que l’armée s’était mise dans les marais qui sont aux environs pour y commencer les attaques, ils résolurent de se rendre et donnèrent seulement le loisir à Mondreville de se sauver par une fausse porte, déguisé ; après quoi ils envoyèrent les clefs de la ville à M. le Prince qui y entra avec MM. de Beaufort et de Nemours, et mit quelques troupes dans le château, ayant logé l’armée aux environs de la ville dans laquelle commandera le marquis de Crévecœur, mestre de camp du régiment de cavalerie de S.A.R., qu’il envoya avant-hier. »


  1. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  2. Montargis.

13.

« non sans les regrets et l’immense chagrin des siens. » V. note [10], lettre 125, pour le théologien protestant Edme Aubertin.

14.

« et secrets de gouvernement. »

15.

V. note [53], lettre 280, pour Édouard Molé, évêque de Bayeux.

16.

Une éclipse totale du soleil fut visible à Paris dans la matinée du 8 avril (A.V.D.) ; Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 199, avril 1652) :

« Le même lundi 8, éclipse commence un peu après neuf heures et finit peu après onze. Les observateurs du palais d’Orléans, où le sieur de La Motte-Goulas {a} avait fait machine propre, et le sieur Morin y assista avec autres astrologues et mathématiciens, ne s’accordent pas qu’à cinq ou six minutes près sur le commencement de l’éclipse avec le sieur Bouillaud, {b} observateur chez M. de Thou, et le sieur Petit qui l’observa chez soi ; les uns le mettant à 9 heures 20, les autres à 25 et les autres à 30. Le Petit en a semé beaucoup de choses de vanité dangereuse, comme si elle signifiait la ruine de la royauté, la subversion d’État, etc., et que telle prédiction en avait été faite par divers astrologues d’Italie, Allemagne, etc. »


  1. Nicolas de La Motte-Goulas.

  2. Ismaël Boulliau (ou Bouillaud) .


17.

Les historiens ont donné à ce combat le nom de bataille de Bléneau, du nom de la petite ville (dans l’Yonne, 20 kilomètres à l’est de Briare) autour de laquelle se rencontrèrent en divers endroits, les 6 et 7 avril 1652, les armées des princes et du roi, commandées par le prince de Condé et les ducs de Nemours et Beaufort, pour l’une, et par les maréchaux d’Hocquincourt et de Turenne, pour l’autre.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 60 ro et vo, Paris, 12 avril 1652) :

« Les particularités du combat d’entre l’armée de la cour et celles des princes furent apportées ici le 10 par M. de Gaucourt, qui rapporta que M. de Nemours ayant pris le commandement de l’avant-garde, à cause que c’était son jour, enleva les quartiers que vous avez sus, où il fut blessé après avoir eu un cheval tué sous lui et deux autres blessés ; qu’en même temps, M. le Prince s’étant engagé à combattre, et M. de Beaufort voyant l’affaire en si beau chemin et voulant avoir part à la gloire du combat, pria M. le Prince de lui donner quelque commandement pour y aller des premiers ; que sur cela, Son A. {a} le mit à la tête du régiment de cavalerie de Condé ; et qu’après la prise d’un château dans lequel les Polonais s’étaient retirés, ils attaquèrent si vertement le quartier du maréchal d’Hocquincourt, quoique de nuit, qu’ils le défirent entièrement. Ce maréchal ayant laissé son bagage avancé afin que les troupes de M. le Prince s’amusassent à le piller et lui donnassent le temps de rallier les siennes pour les surprendre au pillage, Son A. fit de si rigoureuses défenses de ne s’y amuser point que personne n’y toucha qu’après que le combat fut fini ; et que ce fut alors qu’elle disposa du pillage {b} et en donna ce qu’il voulut à chaque régiment. Il y eut environ 700 prisonniers dont la moitié n’étaient que des valets qui gardaient le bagage ; et M. le Prince en renvoya plus de 300 qui furent réclamés par les chefs de l’armée de ce maréchal comme leurs domestiques. Quant au nombre des tués, comme ce fut un combat de nuit et qu’on n’eut le loisir de retirer beaucoup de corps morts, l’on n’a pu encore en bien savoir le nombre, mais il ne s’en est pas trouvé 250. Ceux qui furent les plus maltraités furent les gardes de ce maréchal, les carabins de Senneterre, les Polonais, les régiments de Bodar, de Navailles et de Borlemont qui furent entièrement défaits. Il n’y eut avec l’armée de M. de Turenne {c} que l’escarmouche que vous avez sue, après laquelle il se retira en si bon ordre à Briare que M. le Prince ne lui put rien faire […] ; après quoi Son A. fit retourner son armée en deçà de loin, vers Châteaurenard. La cour fut en termes de {d} partir de Gien et de repasser la Loire ; mais le Conseil n’en fut pas d’avis à cause que la défaite eut semblé plus grande, et fit venir seulement là une partie de l’armée du maréchal de Turenne pour empêcher celle des princes d’en approcher ; mais le bruit court aujourd’hui que la cour en devait partir ce matin pour venir coucher à Pithiviers et demain à Fontainebleau, quoiqu’il n’y ait pas d’apparence qu’elle puisse passer. »


  1. Son Altesse, le prince de Condé.

  2. Que Condé ordonna le pillage.

  3. Venue de Briare à la rescousse.

  4. Obligée de.

En contre-attaquant Condé ce 7 avril pour brider sa victoire de Bléneau, « le maréchal de Turenne a sauvé Louis xiv, Anne d’Autriche et Mazarin du désastre » (Pernot, page 291).

18.

La Rochefoucauld avait participé à la bataille de Bléneau aux côtés de Condé et en a donné un récit dans ses Mémoires (pages 261‑262) :

« M. le Prince voyant fondre sur lui cette cavalerie, fit promptement un escadron de ce qu’il avait avec lui et marcha aux ennemis avec ce nombre si inégal. Il semblait que la fortune eût fait trouver en ce lieu tout ce qu’il y avait d’officiers généraux dans son armée pour lui faire voir ce qu’un mauvais événement était capable de lui faire perdre d’un seul coup. Il avait composé le premier rang, où il s’était mis, des ducs de Nemours, de Beaufort et de La Rochefoucauld, du prince de Marcillac, du marquis de Clinchant qui commandait les troupes d’Espagne, du comte de Tavannes, lieutenant général, du comte de Guitaut, de Gaucourt et de quelques autres officiers. Les deux escadrons firent leur décharge d’assez près sans que pas un ne pliât ; mais deux autres du maréchal {a} ayant chargé aussitôt après celui de M. le Prince, le duc de Nemours eut un coup de pistolet au travers du corps et son cheval fut tué. »


  1. Deux autres escadrons du maréchal d’Hocquincourt.

Panser est le résultat d’une spécialisation qu’a connue le sens de penser, comme en attestent d’anciennes expressions telles que « penser de » pour prendre soin de, se préoccuper de, ou « penser quelqu’un » pour en prendre soin, le soigner.

Jacques Le Large, originaire de Picardie, était un « chirurgien de grande expérience, consultant de grande réputation et très expert dans la guérison de la vérole » ; il mourut le 3 avril 1670 (Index funereus chirurgicorum Parisiensium, page 50). Mme de Nemours (Élisabeth de Vendôme, sœur du duc de Beaufort, mariée au duc de Nemours en 1643) partit de Paris le 8 avril à huit heures du soir avec des chirurgiens pour aller soigner son mari retiré à Châtillon-sur-Loire (5 kilomètres en amont de Briare). La blessure s’avéra sans gravité.

19.

La Bussière (Loiret), à 12 kilomètres au nord-est de Gien et une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Bléneau, se trouve sur la route qui va de Montagis à Briare.

20.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 60 ro et vo) :

« M. de Beaufort ayant su qu’un de ses principaux officiers avait été fait prisonnier, l’envoya réclamer par un trompette qui rencontra le comte de Grandpré à 40 pas, lequel le renvoya à M. de Beaufort pour lui demander s’il agréerait qu’il le saluât, puisqu’il était si proche ; que M. de Beaufort ayant agréé, ils s’approchèrent et s’étant embrassés, ce comte accompagna le trompette qui alla trouver le maréchal d’Hocquincourt ; lequel s’étant aussi trouvé fort proche de là, voulut aussi saluer M. de Beaufort ; et après lui avoir promis de lui renvoyer cet officier, lui dit que puisque M. le Prince était si proche, il serait bien aise de le saluer aussi s’il lui voulait donner sa parole. Aussitôt, M. de Beaufort se chargea d’en faire la proposition à Son A. {a} qui ayant agréé, lui renvoya le trompette pour l’en avertir ; et s’étant approché, elle l’embrassa et lui parla en ces termes, “ Nous sommes bien malheureux de nous voir obligés de nous entrecouper la gorge pour un faquin qui n’en vaut pas la peine ”, et lui dit que véritablement < son armée > était en désordre et qu’il n’avait encore pu la rallier ; qu’il s’y était ruiné, ayant perdu tout son bagage, sa vaisselle d’argent, 100 chevaux de prix, et 2 500 louis d’or et 10 000 livres argent monnayé, en sorte que sa perte était plus de 50 000 écus, et celle du comte Broglio de 100 000 livres ; et ce discours fit croire qu’il n’avait souhaité de voir Son A. que pour voir si elle serait assez généreuse pour lui en faire rendre une partie, mais elle ne lui en parla point ; et sur cela, il prit congé et s’en retourna en sûreté. »


  1. Son Altesse, le prince de Condé.

21.

Sans doute abusé par la propagande condéenne, Guy Patin doublait l’estimation des pertes subies par les troupes royales à Bléneau ; voici ce qu’en a dit Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, pages 200‑201, avril 1652) :

« Mardi 9, matin à sept heures, le valet du sieur de Maré-Médavy vient à Paris quérir médecin et chirurgien pour son maître blessé au gras de la cuisse. Il a confirmé l’enlèvement des quartiers de Noailles et autres, et la fuite du maréchal d’Hocquincourt, qu’il a augmentée de la survenue de M. le Prince qui avait suivi la victoire et défait deux mille hommes, dont il avait tué quatre ou cinq cents et pris six ou sept cents prisonniers, l’artillerie et le bagage. » {a}


  1. Cela corrobore les 700 prisonniers et 250 tués donnés par le Journal de la Fronde (v. supra note [17]).

22.

Aubigny-sur-Nère (Cher) se situe à mi-chemin entre Gien (au nord-est, sur la Loire) et Vierzon (au sud-ouest, sur le Cher). La cour quitta Gien le 18 avril pour atteindre Corbeil le 23 en étant passée par Auxerre, Sens, Montereau et Melun pour éviter la route directe de Paris, par Étampes et Montargis, que tenaient les princes. La cour arriva à Saint-Germain le 27 avril.

23.

« On dit proverbialement qu’un homme est fou, qu’il est sot à triple étage, pour dire excessivement, au dernier point » (Furetière).

24.

« À cause des péchés des peuples, Dieu a permis à un tyran de régner » ; Job (34:30) :

qui regnare facit hominem hypocritam propter peccata populi.

[Lui {a} qui fit régner un homme hypocrite à cause des péchés du peuple].


  1. Dieu.

25.

« pendant ce temps, souffre celui qui est honnête et juste » (v. note [44], lettre 176).

26.

V. infra note [34], pour la députation du Parlement à la cour.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 202) relate que le vendredi 12 avril 1652, devant le Parlement,

« Le président de Nesmond fait relation de sa députation vers le roi à Sully où elle fut ouïe très particulièrement, le capitaine des gardes même n’y étant pas, mais bien M. du Plessis, secrétaire d’État, et dont elle n’est de retour que de samedi dernier 6. Il lut la réponse que lui fit, et puis lui donna par écrit, le garde des sceaux, et se plaignit de ce que le roi ayant, de sa main propre, pris les remontrances qu’il avait par écrit, elles ne furent point lues, quelques instances et répliques qu’il fît là-dessus ; et que le roi seulement lui dit qu’il les ferait lire et verrait en son Conseil, et y ferait réponse après que le Parlement lui aurait envoyé les charges et informations faites par les commissaires contre le cardinal Mazarin, et ensemble la déclaration de Sa Majesté contre le même cardinal registrée le 6 septembre.

Les Gens du roi présentèrent {a} une déclaration ou patente du roi, datée du 2nd de mars, portant que le Parlement eût à lui envoyer les charges et informations faites contre le cardinal Mazarin, ensemble la déclaration de Sa Majesté contre lui, registrée le 6 septembre ; et conclurent à ce qu’il soit écrit par le Parlement au roi, comme c’est des formes ordinaires, que les remontrances soient lues au roi ; que le procès n’a pas été fait au cardinal sur lesdites informations, mais sur la déclaration de Sa Majesté registrée le 6e de septembre, que l’on lui enverra, et les arrêts du Parlement sur ce même cas. »


  1. Après le rapport du président de Nesmond.

27.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, page 201, avril 1652) :

« Jeudi 11 à midi, avis à M. d’Orléans que M. le Prince venait ; au-devant duquel allèrent les maréchal d’Étampes, marquis de Mauny et comte de Chavigny, puis S.A.R., {a} qui revint à cheval, amenant le prince descendre au palais d’Orléans, dont il fut, par le Pont-Neuf tout couvert de monde, chez Prud’homme, {b} où il coucha et quitta sa crasse et sa grande barbe ; mais soupa chez M. de Chavigny.
Le soir, feux de joie sur le Pont-Neuf et environs, avec force pétards et coups de fusil, et “ Vive le roi ! ” que l’on cria aussi lorsque M. le Prince passa, les ducs de Beaufort et de La Rochefoucauld avec lui. »


  1. Son Altesse Royale, Gaston d’Orléans.

  2. V. notule {a}, note [2], lettre 198, pour le baigneur Prud’homme.

28.

V. note [10], lettre 273, pour le livre de Melchior Sebizius sur les facultés des aliments, dont les deux exemplaires destinés à Guy Patin étaient enfin arrivés à bon port.

29.

« On dit qu’un homme a pris parti dans les troupes pour dire qu’il s’est enrôlé, qu’il s’est mis au service d’un général » (Furetière) : une bonne partie des prisonniers faits à Bléneau avaient rallié la cause condéenne.

30.

« Quant à ce jeune Bâlois, je ne suis surpris de rien » : il s’agissait de Johann Caspar ii Bauhin, fils aîné de Johann Caspar i ; le jeune homme menait alors des études infructueuses à Paris.

31.

V. note [11], lettre 273, pour le livre de Melchior Sebizius sur la saignée, en cours d’édition à Strasbourg.

32.

« Dieu fasse qu’il vous accorde ce qu’il m’a refusé ». Rien n’y fit : les leçons de René Moreau « sur les fièvres malignes » sont restées inédites.

33.

« Dieu fasse que cette nouvelle édition leur vaille un égal succès. Vous me rappelez fort à propos de rester silencieux sur ce sujet ».

Guy Patin devait s’astreindre à la discrétion pour ne pas raviver à Paris la querelle des libraires (v. note [6], lettre 238) qui avait accompagné la publication en 1650 à Lyon des Opera de Daniel Sennert (v. note [20], lettre 150). S’estimant propriétaires du privilège de l’ouvrage, les Parisiens devaient bien s’émouvoir du succès commercial remporté par leurs confrères lyonnais, Jean-Antoine ii Huguetan et Marc-Antoine Ravaud ; il était tel qu’ils songeaient déjà à réimprimer l’ouvrage. Ils firent paraître deux rééditions, en 1654 et 1656, en deux ou quatre volumes in‑fo.

34.

En dépit de sa belle assurance, le parti des princes ne recueillait pas l’unanimité du Parlement et de l’Hôtel de Ville.

Dubuisson-Aubenay (tome ii, Journal des guerres civiles, pages 201‑203, avril 1652) :

« Vendredi 12, assemblée au Parlement où le président de Bailleul faisant, comme le plus ancien, la fonction de premier < président >, dit à M. le Prince que la Compagnie le recevait bien, avec l’entier respect dû à sa qualité et à son mérite, mais était marrie de ne le pouvoir faire aussi avec la joie entière, vu l’état des choses et ce qui s’était passé tout fraîchement. Sur cela, toute la Fronde s’écria pourquoi il disait cela et qui lui en avait donné charge. M. d’Orléans réitéra la protestation que dès ci-devant il avait faite, que lui et M. le Prince faisaient tout ce qu’ils faisaient pour le seul service du roi, le bien de l’État, et afin de parvenir à la paix. M. le Prince le confirma et ajouta qu’il mettrait bas aux armes aussitôt que le cardinal Mazarin et ses adhérents seraient chassés. Aucuns doutent de ce mot d’“ adhérents ” comme étant de trop grande suite, {a} il est néanmoins vrai. […]

Samedi 13, où les déclarations des duc d’Orléans et prince de Condé, registrées, furent lues ; et le prince de Condé, qui vit que l’on trouvait à redire sur ce mot d’adhérents, dit que, si l’on voulait, il l’ôterait et réduirait sa déclaration aux purs termes de celle de M. d’Orléans.

Enfin, il y eut arrêt que les mêmes remontrances […] seraient faites au roi en y ajoutant remontrance nouvelle sur ce qu’elles n’auraient pas été lues ; que les cours souveraines seraient invitées d’en faire de même, et qu’il y aurait assemblée du Corps de Ville où MM. d’Orléans et de Condé assisteraient et inviteraient ladite Ville, où les plus notables bourgeois et les jurés ou maîtres des six corps de marchands assisteraient, de faire députation vers le roi et remontrances pareilles à celles des cours souveraines.

Beaucoup de gens ont trouvé à redire sur ces mots “ qu’il y aurait assemblée en l’Hôtel de Ville ”, en disant qu’il n’appartenait point au Parlement d’ordonner à la Ville de s’assembler ; mais le conseiller Doujat, un des députés de la Grand’Chambre pour ladite assemblée, dit qu’il fournira plusieurs arrêts du Parlement en vertu desquels la Ville s’est assemblée. »


  1. Conséquence.

35.

Michel Baldit (Mende 1610-ibid. 1676) avait étudié la médecine à l’Université de Montpellier (inscription en 1631, baccalauréat en 1635). Installé à Mende, il exerçait à Bagnols l’été. Précurseur de l’hydrologie médicale en France (Dulieu et U. in Panckoucke), il a laissé deux livres qui n’ont guère résisté aux outrages du temps :

36.

Corona aurea super Mithram Romani Pontificis. Selectorum Titulorum quibus Concilia, et Patres, Romani Pontificis, et Sedis Apostolicæ Maiestatem coronarunt, illustrata Collectio. Authore R.P. Theophilo Raynaudo, Societatis Iesu. Accessit confutatio novi erroris de Ecclesia Bicipiti.

[La Couronne dorée qui est au-dessus de la mitre du pape. Recueil éclairé des titres choisis dont les conciles et les Pères couronnent la majesté du pontife romain et du Siège apostolique. Par le R.P. Théophile Raynaud, {a} de la Compagnie de Jésus. Avec la réfutation d’une erreur nouvelle sur l’Église à deux têtes]. {b}


  1. V. note [8], lettre 71.

  2. Rome, héritiers de Corbelletus, 1647, in‑4o en deux parties de 472 et 226 pages (pour la De Bicipiti Ecclesia, et unici corporis Christi mystici, uno simul ac duplici capite, Disputatio [Disputation sur l’Église à deux têtes : celle du corps du Christ mystique, qui est à la fois unique et double]) ; ouvrage dédié au pape Innocent x.

Guy Patin n’en a pas dit assez sur l’autre livre du P. Raynaud, que lui envoyait Charles Spon, pour me permettre de l’identifier.

37.

Y, 22e lettre de notre alphabet, était la signature de la 19e feuille (v. notes [49], lettre 240 et [4], lettre 274), car la séquence en confondait I et J, et U et V, et omettait W. Il manquait six feuilles à l’exemplaire de la Corona aurea… que Guy Patin avait reçu : Z, Aa, Bb, Cc, Dd et Ee (pages 177 à 226 de la seconde partie, De bicipiti Ecclesia).

38.

« Point [argument] 16 ». Les feuilles qui manquaient à Guy Patin allaient de la fin du Punctum xi au Punctum xvi de la Disputatio.

39.

Marie Châtelain, née Fouet, était l’épouse du libraire Charles Châtelain (v. note [46], lettre 183) ; leur fille avait épousé Nicolas Biestkens (v. note [50], lettre 183), ici phonétiquement orthographié Bisquins par Guy Patin.

40.

Guy Patin ne savait ou ne disait qu’une partie du profond désarroi où la cour était plongée après sa défaite de Bléneau, tandis que Condé paradait à Paris.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 62 ro et vo, Paris, 16 avril 1652) :

« Les avis de la cour continuent d’assurer qu’elle devait partir de Gien dans deux jours pour s’en aller à Auxerre, ensuite à Sens et de là à Saint-Germain-en-Laye, ayant trouvé ce chemin plus sûr à cause qu’elle sera à couvert par la rivière d’Yonne dont elle tient tous les passages, et ensuite par la Seine ; que tous les jours il y mourait plus de 30 hommes de faim, le pain y valant 12 sols la livre ; qu’il y avait eu dispute dans le Conseil du roi entre les maréchaux de Villeroy et du Plessis, toute la cour ayant pris le parti du premier, à la réserve du cardinal Mazarin et de ses adhérents ; que Prioleau était arrivé en cour pour y faire des demandes de la part du duc de Longueville, son maître ; que s’étant adressé au cardinal Mazarin, il lui avait dit qu’il n’avait ordre d’y demeurer que deux jours et que ce temps étant expiré, il en partirait. Ce cardinal lui avait répondu que ses demandes étaient trop hautes pour pouvoir les obtenir ; que sur cela, Prioleau ayant pris congé, on l’avait fait suivre par un gentilhomme, lequel le voyant prêt de monter à cheval, lui dit que Son Éminence voulait parler à lui. Aussitôt l’étant allé trouver, elle lui dit qu’elle avait reçu ordre du roi de lui accorder tout ce qu’il lui demanderait et que pour assurance de cela, en attendant qu’on lui en donnât les provisions, elle lui donnerait son écrit ; à quoi Prioleau repartit que son maître ne demandait rien et qu’il serait temps de le récompenser quand il aurait rendu service, et qu’il l’avait envoyé en cour pour y apprendre les desseins ; à quoi l’on ajoute que le maréchal d’Hocquincourt était sur le point de partir pour retourner à Péronne, n’ayant plus d’équipage pour servir. »

41.

Journal de la Fronde (volume ii, fo 65 ro, avril 1652) :

« Le 16 du courant on eut nouvelle du siège de Gravelines par l’armée espagnole, qui n’est que de six à sept mille hommes, et par quelques vaisseaux anglais du côté de la mer ; ce qui a été confirmé par les lettres de Calais du 17 qui ajoutent que le Fort-Philippe et ceux de Lynck, d’Oye, et de l’Écluse {a} sont déjà pris, et que les ennemis s’y fortifient ; qu’ils sont attachés à la contrescarpe du côté d’une écluse, à main droite en entrant ; et que le maréchal d’Aumont ayant fait un effort avec sept ou huit cents chevaux du Boulonnais et 500 fantassins pour y jeter trois ou quatre cents hommes, ceux-ci ont été défaits par les ennemis sans que la cavalerie qui les escortait ait tiré un seul coup. On assure qu’il n’y a que 700 hommes dans la place et qu’elle ne résistera pas 15 jours ou trois semaines. On blâme fort le maréchal de Grancey qui en est gouverneur. » {b}


  1. Le Fort-Philippe, à l’embouchure de l’Aa dans la mer du Nord, entre Calais et Dunkerque, se situait sur la commune actuelle de Grand-Fort-Philippe (Nord) ; avec ceux d’Oye et de l’Écluse, il formait les défenses occidentales de Gravelines. Le fort de Lynck (ici écrit Hicque) se situait au sud de Bourbourg, sur le canal de la Haute Colme.

  2. Gravelines fut prise par les Espagnols le 18 mai, suivie par Dunkerque (16 septembre). Les deux places ne furent reconquises qu’en 1658.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 avril 1652

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(Consulté le 19/04/2024)

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