Ce 18e de septembre. Je vous écrivis ma dernière le mardi 16e de septembre, laquelle je vous envoyai avec deux autres, dont l’une était pour M. Falconet, l’autre pour M. Rigaud le libraire. [2] Depuis ce temps-là, nouvelles sont ici venues de Hollande que le grand et incomparable M. de Saumaise [3] était mort. Il n’y a que 15 jours qu’il était à Spa [4] avec sa femme, [5] où il était allé pour prendre des eaux. Utinam sit falsum quod de illius obitu refertur. [1]
Ce 22e de septembre. M. Dupuy, [6] bibliothécaire du roi, en a reçu lettre de Hollande. C’est lui qui l’annonce partout et par conséquent, je n’en doute plus, mais j’en suis très affligé, aussi bien que d’un petit rhumatisme [7][8] qui me pique fort à l’épaule gauche, contre lequel je m’en vais tout de ce pas me coucher et me faire saigner.
Ce 26e de septembre. Il n’y a rien de si certain que la mort de M. de Saumaise, il est mort aux eaux de Spa en deux jours. Et ce matin, est mort à neuf lieues d’ici M. le garde des sceaux de Châteauneuf, [9] âgé de 74 ans. [2] Il avait de bons bénéfices, desquels le Mazarin [10] héritera : corruptio unius est generatio alterius ; [3] ainsi il n’y a rien de perdu, quod non capit Christus, rapit fiscus. [4][11] M. de Saumaise avait 65 ans passés, il était né du […] [5] de mai l’an 1588. Il est mort ici depuis deux jours un jacobin réformé nommé le P. Goar [12][13] qui avait la réputation d’être fort savant : c’était lui qui travaillait aux livres grecs de l’Histoire byzantine, dont on avait commencé l’édition à l’Imprimerie du Louvre ; [14] il est ici fort regretté de plusieurs honnêtes gens qui l’ont connu. [6]
Le Mazarin fait ici travailler un homme à l’histoire de ce qui s’est passé depuis l’an 1647 et dit-on, qu’il veut la faire imprimer et en français, et en italien. On parle aussi d’une histoire de France durant la faveur du cardinal de Richelieu [15] qui sera un grand volume splendide et illustre. Il y aura bien là-dedans de la fourberie, de l’imposture et de la flatterie ! C’est de la part de Mme d’Aiguillon [16] que l’on apprête cette dernière.
Mon mal d’épaule s’est, Dieu merci, passé moyennant deux bonnes saignées, [17] ensuite desquelles j’ai pris deux fois du séné [18] et du sirop de roses pâles ; [19] ce que je vous mande non tamquam rem magni monuenti, [7] mais afin que vous ne soyez pas en peine de moi ni de ma santé. On dit que le prince de Condé [20] a eu une diarrhée bilieuse [21] et qu’aujourd’hui il a la fièvre quarte. [8][22]
Ce 29e de septembre. Je suis chargé de vous faire les recommandations de trois braves hommes qui viennent de sortir de céans, qui sont MM. Marion, [23] Du Prat [24] et Huguetan [25] le libraire. Si M. Huguetan [26] l’avocat est arrivé à Lyon, je vous prie de lui faire les miennes.
Voilà la nouvelle qui vient d’arriver que Rocroi [27] s’est rendu au prince de Condé et que plusieurs braves de notre parti ont été tués devant Mouzon, [9][28] entre autres le jeune comte de Roucy, [10][29] neveu du maréchal de Turenne, [30] un comte de Montgomery [11][31] et plusieurs autres. Par ce moyen de la prise de Rocroi, voilà les Espagnols en garnison pour tout l’hiver et le printemps qui viennent dans la Champagne. Hé Dieu, que de malheurs pour un homme ! [32]
Unius ob noxam et furias Aiacis Oilei. [12]
On dit ici que le roi [33] ne reviendra pas si tôt à Paris et qu’il a plusieurs voyages à faire auparavant ; qu’après cela, il viendra demeurer dans le Bois de Vincennes, [34] ne voulant point s’enfermer dans Paris.
Un libraire flamand qui a par ci-devant demeuré à Paris est allé faire un voyage en Allemagne. Il en a apporté quelques balles de livres de toutes sortes et de toutes facultés. J’en ai acheté quelque peu pour 12 francs seulement, dont entre autres il y a un Religio medici in‑8o imprimé à Strasbourg, [35] avec des commentaires faits par quelque Allemand qui non habet aurem Batavam ; [13] c’est un maître homme [36] qui a de l’esprit, de l’étude et beaucoup de lecture ; il approche de l’esprit et du mérite de son original, en faisant abstraction des mauvaises qualités que cet Anglais a dans sa cervelle mélancolique. [37]
Ce 3e d’octobre. On dit que le prince de Conti [38] a fait sa paix. Il est rétabli dans tous ses bénéfices, il est à Pézenas [39] en Languedoc (la peste [40] est bien forte à Bordeaux) et < on dit > que dans un mois il sera à la cour, qu’il est en fort mauvaise intelligence avec son frère le prince de Condé et sa sœur, la duchesse de Longueville. [14][41]
Il y a ici un avocat nommé M. Lescornay, [42] homme d’étude et de travail, qui a fait une histoire entière de la Maison de Longueville depuis Jean, comte de Dunois, [15][43][44] qui fut bâtard du duc d’Orléans [45] (tué rue Barbette [46] l’an 1407) et qui a été le premier chef, auteur et fondateur de cette Maison. [16] Il l’a présentée toute manuscrite à M. de Longueville [47] qui l’a trouvée si belle qu’il est résolu de la faire imprimer à ses dépens et d’y ajouter tous les portraits de tous ses ancêtres, que l’on a fait à ce dessein graver tout exprès. Ce sera un in‑fo d’assez juste grosseur, à ce que m’en a dit l’auteur même, qui est de ma connaissance il y a longtemps. [17]
Le cardinal de Retz [48] est malade d’une fièvre lente, [49] pour laquelle il ne bouge guère que du lit. Il a son médecin [50] enfermé quant et soi, [18] qui ne le saurait si bien guérir comme ferait le Mazarin s’il le faisait mettre en liberté.
Ce 6e d’octobre. M. Moreau [51] a aujourd’hui consulté [52][53] céans avec le bonhomme M. Riolan [54] pour un honnête homme de Limoges. [55] Nous avons fort parlé de vous, tous deux se recommandent à vos bonnes grâces.
Les Hollandais s’apprêtent plus que jamais à faire une rude guerre et à résister puissamment aux Anglais. [56] Ils ne veulent point d’accord pour la paix et plusieurs ont ici grande appréhension pour eux qu’ils ne puissent assez heureusement faire bonne et utile guerre contre un ennemi si puissant, tel qu’est l’Anglais. [19] Les Espagnols ont permis au prince de Condé de mettre dans Rocroi tel gouverneur qu’il lui plairait ; il y a mis M. de Bouteville, [57] son parent, qui avait été par ci-devant dans Bellegarde. [20][58]
Je vous supplie de faire mes très humbles recommandations à MM. Gras, Falconet et Garnier. Quand le livre de M. Riolan sera achevé, je leur en enverrai chacun un ; il va fort lentement faute d’ouvriers, il n’y en a que douze feuilles de faites, il y en a encore environ huit de reste. [21]
J’apprends que M. Heinsius [59] le jeune est retourné d’Italie, par les Suisses [22] et par l’Allemagne, en Hollande où il a trouvé son bonhomme de père [60] dumtaxat adhuc spirantem, [23] c’est qu’il est en démence [61] il y a plus d’un an. Ledit M. Nicolas Heinsius a fait imprimer un petit volume de ses Poésies latines, d’où il a retranché une élégie qui était contre M. de Saumaise, à cause de la mort qui est survenue à ce grand homme ; quod quidem eximium egregiumque factum laudo, sive hoc fecerit philosophice et Christiane : sive hoc fecerit, iubente et imperante Christina Suedorum regina, quæ Salmasium tanquam magnum sidus coluit, et serio redamavit. [24] On dit que ledit Heinsius s’en va faire derechef un nouveau voyage en Suède. Le docteur Bourdelot [62] se fait ici porter en chaise suivi de quatre grands estafiers ; il n’en avait par ci-devant que trois, sed a paucis diebus quartus accessit, [25] depuis, dit-on, que le Mazarin lui a donné (d’autres disent qu’il n’a que promis) une abbaye de 4 000 livres de rente. Ne voilà pas du bien d’Église bien colloqué et dignement employé ?
On a pris ici prisonnier un homme que l’on dit être manceau de nation, accusé de fausse monnaie. [63] Il a premièrement dit qu’il était maréchal de Calais ; après, qu’il était orfèvre de la Franche-Comté ; troisièmement qu’il était apothicaire courant le pays, qu’il avait demeuré à Besançon [64] et à Rouen ; et tout cela, fausse monnaie en crime ou en soupçon. Si la chambre ardente [65] de l’Arsenal [66] s’allume bien, [26] elle pourra bien faire éclaircir ces gens-là qui savent tant de métier. Même quelques-uns disent qu’il est bigame [67] et qu’il a deux femmes vivantes, à Tours [68] et à Dijon. [69] Ne voilà pas un étrange compagnon ?
Mais, à propos, qu’est devenu votre chimiste M. Arnaud, [27][70] est-il encore prisonnier à l’Inquisition [71] à Turin ? [72]
Le 11e d’octobre, dans la rue Saint-Antoine, [73] devant et tout joignant la porte de la Bastille, [74] ont été étranglés [75] et rompus deux hommes accusés d’avoir attenté à la vie du cardinal Mazarin. L’un s’appelait Ricous, [76] l’autre Bertaut, [77] grand maître des Eaux et Forêts en Bourgogne, qui tous deux cabalaient ici pour le prince de Condé. On dit qu’il y en a encore un troisième, nommé Joli, qui n’attend que l’heure et que ceux-ci ont encore fort chargé. Il était sept heures du soir lorsqu’ils furent exécutés. [28]
Quatre jours auparavant, près de Pontoise, [78] fut égorgé par trois voleurs un conseiller d’Église du parlement de Rouen, [79] qui venait à Paris. Le valet de ce pauvre homme, qui s’échappa de leurs mains, relata des choses contre eux, qui font connaître qu’ils sont venus […] les chercher avec beaucoup de diligence. Aussi est-il vrai [que cette grande] ville est une vraie retraite de larrons et de meurtriers, d’assassins et de coupeurs de gorges, de voleurs et d’imposteurs, sans faire mention de ceux qui donnent de l’antimoine [80] aux malades, et de tant de prêcheurs et faux prophètes qui s’assemblent ici, tetra malorum colluvies hominum, constansque spelunca latronum. [29][81]
La princesse de Condé [82] avec son fils le duc d’Enghien, [83] de Bordeaux sont allés en Bretagne, delà à Dunkerque, [84] à Bruxelles [85] et enfin sont arrivés à Rocroi, où elle a été reçue avec quantité de coups de canon. [30]
On dit ici sourdement que le cardinal de Retz est fort malade dans le lit, qu’il a une fièvre lente ex qua in dies contabescit. [31]
Il y a dans Anvers [86] une grande mortalité pour une fièvre [87][88] continue [89] maligne qui en tue si grand nombre que les marchands ont écrit de deçà qu’ils ne peuvent plus envoyer de marchandises, faute d’ouvriers qui tous presque sont morts de cette maladie épidémique. J’en ai vu lettre d’Anvers entre les mains d’un marchand de tapisserie en gros qui en fait ici grand trafic.
Les lettres d’Angleterre portent qu’il y a révolte de la noblesse et d’une partie de l’armée contre Cromwell. [32][90] Malheur et sédition partout, mais point de paix.
Ce 16e d’octobre. On a céans envoyé votre lettre qu’aviez donnée à ce jeune homme de Hambourg, [91] mais c’était un valet qui l’a apportée en mon absence. S’il prend la peine d’y venir lui-même, il sera le très bien venu. Elle est datée du 24e d’août passé qui est, comme vous avez remarqué, la malheureuse date de cette sanglante journée que nos bons historiens (in quibus familiam ducit Thuanus) [33][92] ont appelée Lanienam Parisiensem. [34][93] Ce fut une reine mère, [94][95] nièce d’un pape, [96][97] une rusée Italienne, et le chancelier de Birague, [35][98][99] Milanais, qui en furent cause. Misérable journée qui fit bien du mal et qui a produit d’horribles conséquences.
Ce 17e d’octobre. Aujourd’hui M. Garmers, [36][100] natif de Hambourg, m’est venu visiter. Je l’ai fort entretenu et lui ai fait le meilleur accueil qu’il m’a été possible. Nous avons été près d’une heure ensemble, il me reviendra voir et sera à Paris jusqu’au carême. Je lui ai promis de le mener voir quelques malades, de lui faire voir quelques opérations de chirurgie, et entre autres tailler [101] de la pierre, et de le faire connaître au bonhomme M. Riolan. Bref, il s’en est allé bien content de moi, et moi de lui. Il est adolescent de bonne mine et d’assez bon entretien. Je vous prie de croire qu’il m’est très chèrement recommandé, tant à cause de vous que pour l’espérance que j’ai conçue de son honnêteté et de la bonté de son esprit, pour ce que j’en ai pu reconnaître dans l’entretien d’une demi-heure.
Le roi doit arriver à Châlons [102] aujourd’hui. Le cardinal de Retz se porte mieux, mais on dit que son oncle, le vieux archevêque, [103] se meurt ; au moins, c’est chose certaine qu’il diminue fort. Je me recommande fort à vos bonnes grâces et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Guy Patin.
Ms BnF no 9357, fos 125‑126 ; Reveillé-Parise, no ccxlvii (tome ii, pages 76‑79) ; Jestaz no 100 (tome ii, pages 1124‑1130). Guy Patin a signé, mais n’a pas daté sa lettre. La dernière date en marge [(vendredi) 17 octobre (1653)] a été retenue comme celle de l’expédition, car Patin l’a placée 15 lignes avant la fin de sa lettre.
« Dieu fasse que ce qu’on rapporte de sa mort soit faux. »
Claude Saumaise était parti en juillet aux eaux de Spa pour soigner sa femme, Anne Mercier (v. note [5], lettre 95), et composait pendant ses loisirs la réfutation du plaidoyer de John Milton en faveur de la République de Cromwell (v. note [14], lettre 293). Gravement malade, il eut à supporter d’excessives purgations qui augmentèrent son mal et le menèrent à la mort.
L’abbé Papillon (tome second, page 254) :
« Il y avait déjà longtemps que sa santé était extrêmement dérangée par de longues et de fréquentes attaques de goutte. Mais ses incommodités redoublèrent depuis son voyage de Suède ; en sorte que sa femme ayant résolu d’aller prendre les eaux de Spa, pourquelques indispositions, il se persuada qu’elles lui faire aussi du bien. En effet, il parut s’en trouver mieux les premiers jours qu’il en usa ; mais une fièvre légère qui lui survint l’obligea de se mettre au lit ; et le mal augmentant, il sentit qu’il approchait de sa fin et se prépara sérieusement à la mort. Il y fut assisté par David Stuard, professeur en théologie et calviniste. On peut bien juger que Stuard ne manqua pas de le confirmer dans les principes de religion dans lesquels il avait été nourri. On dit même qu’il tira de lui une profession de foi conforme à sa créance. Quoi qu’il en soit, ce savant homme mourut le 3 septembre 1653 et fut enterré sans cérémonie et sans épitaphe dans l’église de Saint-Jean à Maastricht. » {a}
- Adolf Vorst prononça son oraison funèbre.
Claudii Salmasii Epistolarum liber primus [Premier livre des lettres de Claude i Saumaise] (Leyde, 1656, v. note [12], lettre 392), De Laudibus et Vita Cl. Salmasii [Louanges et vie de Cl. Saumaise], page liv :
Tum ut officium veri Christiani quantum in se esset omni ex parte impleret, iniunxit Uxori ut quæ habebat domi Scripta iam confecta, et seposita in quadam arca, adversus Maximos viros dudum prælo parata, omnia ac singula flammis traderet : ne, si forte in aliorum manus devenirent, in publicum erumperent, et magnorum Virorum Famam perderent : cum iis gravissimos eorum errores confutasset.
[Alors, pour remplir entièrement le devoir d’un vrai chrétien, qui l’emplissait de toute part, il ordonna à sa femme de livrer aux flammes tout ce qu’il avait jamais écrit contre de grands hommes, qui était prêt à être imprimé et qu’il gardait chez lui dans un coffre ; de manière que si ces textes tombaient par hasard entre des mains étrangères, il ne fussent pas rendus publics et ne perdissent pas la bonne réputation de grands hommes dont ils dénonçaient les très lourdes erreurs].
L’abbé Papillon (ibid. pages 254‑255) :
« On assure que peu de jours avant sa mort, il fit promettre à sa femme par serment qu’elle jetterait au feu tous les papiers qui étaient en une certaine armoire qu’il avait à Leyde et où étaient les écrits qu’il avait préparés contre différents adversaires. Elle exécuta, dit-on, très ponctuellement cet ordre, et en fut même fort réprimandée par la reine Christine dans une lettre qu’elle écrivit sur la mort de son mari, et que j’ai vue en original […]. Cependant, les enfants sauvèrent du naufrage plusieurs ouvrages, dont la plupart ont vu le jour dans la suite, et dans lesquels, quoique l’auteur n’y eût pas mis la dernière main, on ne laisse pas de reconnaître son rare savoir. »
La reine Christine prit en charge l’avenir de son deuxième fils, Claude ii, sieur de Saint-Loup, le seul que son père avait fait sérieusement étudier. Il fit imprimer en 1660 la réponse de son père à Milton, qui avait échappé au feu (v. note [1], lettre 642).
« la mort de l’un est la génération d’un autre », précepte aristotélicien qui fondait le principe de la génération spontanée.
Guy Patin médisait à tort : Mazarin n’hérita rien de Châteauneuf, mort sans descendance directe, qui légua par testament sa terre de Montrouge à Mathieu i Molé et tout le reste aux hôpitaux, à ses domestiques et à ses neveux (Jestaz et Adam).
« Ce que ne prend pas l’Église [le Christ], le fisc le ravit » (emblème d’André Alciat, v. note [5], lettre 198).
La date a été grattée sur le manuscrit. Le 15 avril 1588 est la date ordinairement donnée pour la naissance de Claude i Saumaise (v. lettre latine 75 pour un solide argumentaire de Guy Patin sur ce sujet).
Jacques Goar (Paris 1610-Amiens 23 septembre 1653) était entré en 1619 dans le couvent des dominicains (jacobins) de l’Annonciation, rue Saint-Honoré. Après avoir étudié la philosophie, la théologie et le grec, il s’était livré à l’enseignement à Toul. En 1631, sur sa demande, il avait été envoyé en Grèce pour être nommé prieur du couvent de Saint-Sébastien sur l’île de Chio. Pendant un séjour de huit ans qu’il y fit, il réunit un grand nombre de manuscrits précieux et d’observations sur les rites des Grecs modernes. Établi à Rome à son retour comme prieur du couvent de Sainte-Sixte, il se mit en liaison avec les érudits grecs. Dès son retour (définitif) à Paris le 24 juillet 1644, il s’était lancé dans la publication. Il avait été élu vicaire général de son Ordre, la Congrégation d’Occitanie (dite de Saint-Louis depuis 1629) en avril 1653 (G.D.U. xixe s. et Jestaz).
Contrairement à ce que disait Guy Patin, son « Histoire byzantine » était déjà sortie de l’« Imprimerie du Louvre » :
γεοργιου μοναχου και συγκελλου γεγονοτος Του εν αγιοις Πατρος ημετερου Ταρασιου Πατριαρχου Κωνσταντινουπολεως χρονογραφια Απο Αδαμ μεχρι Διοκλητιανου.
Georgii Monachi et S.P.N. Tarasii Patriarchæ CP. quondam Syncelli Chronographia, ab Adamo usque ad Diocletianum. Et Nicephori Patriarchæ CP. Breviarum Chronographicum, ab Adamo ad Michaelis et eius F. Theophili tempora. Georgius Syncellus e Bibliotheca Regia nunc primum, adiecta versione Latina, editus. Nicephori Breviarium ad varias editiones recensitum. His Tabulæ Cronologicæ et Annotationes additæ. Cura et studio P. Iacobi Goar Ordinis Prædicatorum Congregationis Reformatæ Sancti Ludovici.[La Chronique de Georges le Moine, jadis syncelle {a} de notre saint Père Taraise, patriarche de Constantinople, {b} depuis Adam jusqu’à Dioclétien ; {c} et l’Abrégé chronologique de Nicéphore, patriarche de Constantinople, depuis Adam jusqu’au temps de Michel et de son fils Théophile. {d} Georges le Syncelle est publié pour la première fois, tiré de la Bibliothèque royale, avec sa traduction en latin, et l’Abrégé de Nicéphore a été collationné sur diverses éditions, par les soins et l’étude du P. Jacques Goar, de la congrégation de Saint-Louis, réformée de l’Ordre des prêcheurs, qui y a ajouté des tables chronologiques et des annotations].
- Georges le Moine, chroniqueur byzantin mort au début du ixe s., avait été syncelle (secrétaire) de Taraise, patriarche de Constantinople de 784 à 806 ; mais les byzantinistes modernes semblent distinguer Georges le Moine de Georges le Syncelle.
- Empereur romain de 284 à 305, v. note [30], lettre 345.
- Historien et théologien mort en 828 ; Michel ii le Bègue et son fils Théophile ont successivement régné sur l’Empire byzantin de 820 à 842.
- Paris, Imprimerie royale, 1652, deux parties en un volume in‑fo de 528 pages de texte bilingue, grec et latin juxtalinéaires, et 88 pages d’annotations ; avec mes excuses pour les erreurs que j’ai pu commettre, tant dans la transcription des ligatures du titre grec que dans la traduction du titre latin.
« non point tant pour vous instruire d’un fait de grande importance ».
Une diarrhée était dite bilieuse quand la matière liquide expulsée par les intestins avait l’apparence de la bile.
Guy Patin a ajouté dans la marge, puis rayé : « il n’est pas encore vrai ».
Montglat (Mémoires, page 292) :
« Les Espagnols voyant les places de Picardie et d’Artois trop bien garnies, tournèrent tout court du côté de Champagne et envoyèrent devant deux mille chevaux qui investirent Rocroi le 5e de septembre, où toute l’armée arriva deux jours après. Sur ces nouvelles, le roi partit d’Amiens et retourna à Compiègne ; et les maréchaux de Turenne et de La Ferté, ne se trouvant pas assez forts pour secourir cette place, résolurent de faire diversion, et marchèrent aussitôt du côté de la Meuse et mirent, le 9e du mois, le siège devant Mouzon. {a} Les deux armées ennemies travaillaient à l’envi l’une de l’autre à qui viendrait à bout de son entreprise. Mouzon, quoique attaqué le dernier, fut pris le premier ; car, dès le 11e, le maréchal de Turenne emporta de force un grand ouvrage qui couvrait le pont sur le bord de la Meuse, avec le régiment du Plessis-Praslin ; et ayant rudement battu la ville avec douze pièces de canon, il se logea, à la faveur de l’artillerie, sur le bord du fossé de la demi-lune, où il fit attacher le mineur par le régiment d’York le 17e, et il s’en rendit maître le 19e ; puis étant descendu dans le fossé et ayant fait dedans un pont de fascines, il fit travailler aux mines, qui ne jouèrent point car le colonel Wolf, qui commandait dedans, ne voulut pas attendre l’extrémité et se rendit le 26e, à condition qu’il serait conduit le 28e à Montmédy. Il eut telle composition qu’il voulut à cause que Rocroi tenait encore et que les maréchaux voulaient tenter de le secourir. Montaigu le défendait, qui était homme de cœur et d’intelligence, et fort expérimenté dans le métier. Les grandes pluies qu’il fit durant ce siège incommodèrent fort les assiégeants parce que c’est un terrain fort fangeux et qu’ils étaient dans l’eau jusqu’à mi-jambe dans les tranchées. Le travail fut poussé fort vivement par les Espagnols qui nonobstant les fréquentes sorties et la vigoureuse résistance de ceux de dedans, se rendirent maîtres de tous les dehors et attachèrent les mineurs aux bastions le 27e de septembre. Les mines ayant joué le lendemain avec grand effet, ils firent deux logements sur les brèches, qui obligèrent Montaigu de traiter et de rendre la place le 30e. Les maréchaux, après la prise de Mouzon, marchèrent devers Charleville et Mézières pour joindre des troupes que le duc d’Elbeuf leur envoyait de Picardie ; mais durant cette jonction, ils eurent nouvelle de sa prise. »
Henry, second fils de François ii de Roucy, beau-frère de Turenne (v. note [51], lettre 152), était vidame de Laon ; il fut tué à Mouzon en visitant les mineurs vers le 20 septembre (Jestaz).
Sans doute Henri Gouyon, époux de Suzanne de Montgomery, que Turenne appelait « mon neveu » dans ses lettres (Jestaz).
« Seul contre le châtiment et les fureurs d’Ajax et d’Oïlée » (Virgile, Énéide, chant i, vers 39). Oïlée, roi des Locriens, était le père d’Ajax.
« qui n’a pas l’oreille batave » (v. note [4], lettre 262) ; nouvelle édition de La Religion d’un médecin de Thomas Browne, commentée par l’Allemand Levin Claus (Levinus Nicolaus) Moltke (vers 1616-662) : v. note [22], lettre 300.
Pézenas en Bas-Languedoc (Hérault), entre Montpellier à l’est et Béziers à l’ouest, était un lieu de séjour favori du prince de Conti (v. note [4], lettre 326, pour sa réconciliation avec le roi).
La déclaration du roi en sa faveur, datée du mois de septembre à Amiens, fut vérifiée dans la Chambre des vacations le 2 octobre. Quoi qu’en dît Guy Patin, Mme de Longueville obtint la même faveur (Gazette, ordinaire no 145, du 29 novembre 1653, page 1160) :
« Le 27, furent enregistrées en ce Parlement les lettres d’amnistie acceptées par la duchesse de Longueville, à la charge qu’elle mettra dans quinzaine un acte au greffe contenant les noms de ceux qui ont adhéré à son parti »
Jean d’Orléans, comte de Dunois, dit le Beau Dunois et le Bâtard d’Orléans (Paris 1402-L’Hay, près de Bourg-la-reine, 1468), était le fils naturel de Louis ier, duc d’Orléans (v. infra note [16]) et de Mariette d’Enghien. Attaché en 1421 à la personne du dauphin Charles, la délivrance de Montargis (1427) marqua le début de sa renommée militaire. Il défendait Orléans, assiégée par Talbot quand Jeanne d’Arc vint délivrer la ville. Il continua l’œuvre de Jeanne et fut un des principaux artisans de l’expulsion des Anglais. Grand chambellan de France, devenu comte de Dunois (1439), il se rallia un moment à la Praguerie (révolte des nobles contre les réformes militaires de Charles vii) ; il recouvra vite son crédit et contribua activement à la reconquête de la Normandie puis de la Guyenne (1451). Dépouillé par Louis xi de ses dignités, il se jeta dans la ligue du Bien public, se réconcilia à Conflans avec le roi auprès duquel il jouit dès lors de la même faveur qu’auprès de Charles vii (G.D.E.L.).
Le Bâtard d’Orléans fonda la Maison de Valois-Longueville, dont les Longueville du temps de Guy Patin étaient les héritiers.
Louis ierd’Orléans (1371-1407), souche de la première Maison d’Orléans, était le deuxième fils du roi Charles v. Connu d’abord sous le nom de comte de Valois, il reçut de son frère aîné, Charles vi (v. note [6], lettre 927), le duché d’Orléans (1392) et épousa Valentine Visconti qui lui apporta ses droits sur le Milanais. Lors de la démence du roi Charles vi, ses oncles, les ducs de Berry et de Bourgogne, s’emparèrent de la régence et écartèrent du pouvoir Louis d’Orléans dont la vie dissolue et les relations avec sa nièce, la reine Isabelle d’Angleterre, étaient un scandale pour l’opinion publique ; mais l’influence de la reine, Isabeau de Bavière, le fit rentrer au Conseil (1393), dont il parvint à écarter le duc de Bourgogne. Maître de l’autorité, il dissipa les trésors de l’État d’une manière scandaleuse et écrasa le peuple d’impôts ; il s’empara même des trésors amassés dans la tour du Louvre ; mais le nouveau duc de Bourgogne, Jean sans Peur (v. note [6], lettre 927), vint aussitôt après la mort de son père, Philippe le Hardi, disputer le pouvoir à Louis d’Orléans, qu’il força de fuir à Melun avec la reine (1404). La guerre civile commença à s’organiser entre les factions de Bourgogne et d’Orléans. Louis vint camper sous les murs de Paris avec une armée de 20 000 hommes. Une réconciliation feinte rapprocha un instant les deux adversaires qui se partagèrent l’autorité et unirent leurs forces contre les Anglais ; mais les hostilités reprirent bientôt entre les deux clans. Enfin, le 23 novembre 1407, le duc d’Orléans fut assassiné pendant la nuit dans la rue Vieille-du-Temple, au coin de la rue Barbette par des hommes du duc de Bourgogne, qui se crut assez sûr de l’opinion pour faire prononcer en pleine Sorbonne l’apologie de ce meurtre. Telle fut l’origine des factions de Bourgogne et d’Armagnac (G.D.U. xixe s.).
La rue Barbette existe toujours, débouchant dans la rue Vieille-du-Temple, face à l’hôtel de Rohan, dans le quartier du Marais (iiie arrondissement de Paris).
Cette histoire de la Maison de Longueville est restée inédite, mais Jacques de Lescornay a publié quelques ouvrages, dont :
Dans cette phrase, Guy Patin a rayé heureuse pour le remplacer par utile.
L’information était erronée : Condé se réserva le gouvernement de Rocroi (v. supra note [9]) et dut jouer de diplomatie pour ne blesser ni le comte de Bouteville (v. note [49], lettre 222) ni le prince de Tarente qui le lui réclamaient tous deux. Persan briguait aussi ce poste (Jestaz).
Les cantons suisses.
« à peine capable d’autre chose que respirer ».
« ce que je loue certes comme un acte admirable et éminent ; soit il l’aura fait philosophiquement et chrétiennement, soit il l’aura fait sur l’ordre et le commandement de la reine Christine de Suède qui a tant traité Saumaise de grande étoile et l’a aimé très sincèrement. »
Les « poésies latines » dont parlait Guy Patin étaient les :
Nicolai Heinsii Dan. Fil. Poemata. Accedunt Ioannis Rutgersii, quæ quidem colligi potuerunt.[Poèmes de Nicolas Heinsius, {a} fils de Daniel. S’y ajoutent ceux de Johannes Rutgersius {b} qu’on a pu recueillir]. {c}
- Nicolaas Heinsius a correspondu avec Patin.
- Jan Rutgers (v. note [18], lettre 201), oncle maternel de Nicolass Heinsius.
- Leyde, Elsevier, 1653, in‑12 ; suivi par la Nicolai Hensii Dan. Fil. Poematum nova editio, prioribus longe auctior. Accedunt Johannis Rutgersii postuma, et adoptivorum carminum libri ii… [Nouvelle édition des Poèmes de Nicolaas Heinsius, fils de Daniel. Avec les poésies posthumes de Johannes Rutgersius, et deux livres de pièces adoptives (empruntées à d’autres)…] (Amsterdam, Daniel Elsevier, 1666, in‑8o).
« mais il est monté à quatre depuis quelques jours, ».
« On donne encore quelquefois le nom de chambre ardente à certaines commissions ou chambres de justice établies pour un temps, soit dans l’Arsenal, soit dans quelque province, pour connaître de certaines affaires de contrebandiers, faussaires et autres accusés de crimes graves qui ont plusieurs complices » (L’Encyclopédie).
« Elle était tendue de noir et éclairée par des flambeaux. On appela d’abord chambre ardente celle que François ii érigea dans chaque parlement pour faire le procès aux luthériens et aux calvinistes, parce qu’on les faisait brûler » (Brillon, Dictionnaire des arrêts ou jurisprudence universelle… tome 2, 1727).
Construit par François ier sur la rive droite de la Seine puis agrandi par Henri ii, l’Arsenal avait été détruit par une formidable explosion en 1563 puis reconstruit par Charles ix sur un plan plus vaste. Sully, en qualité de grand maître de l’Artillerie, en avait fait sa demeure ordinaire. À partir du règne de Louis xiv, l’Arsenal perdit beaucoup de son importance avec la création d’arsenaux et de manufactures d’armes dans les villes frontières ; il ne servit plus guère qu’à contenir des pièces hors de service et des fonderies, et fit occasionnellement office de tribunal. L’hôtel du gouverneur, construit en 1718 sur les dessins de Boffrand, est le local affecté actuellement à la bibliothèque.
Après avoir mis fin aux opérations militaires de la Fronde, il fallait empêcher les derniers brandons condéens de se rallumer, rétablir l’ordre dans le royaume en brisant les complots et en enrayant les presses à libelles séditieux. Mazarin en chargea les frères Fouquet, Basile, l’abbé de Barbeau, chef de sa police, et Nicolas, le dévoué surintendant des finances et procureur général.
grand maître des Eaux et Forêts en Bourgogne, Christophe Bertaut avait été arrêté le 31 mai sous un chef plus grave, un attentat fomenté contre Mazarin avec deux complices, Jean Ricous, espion condéen très actif appartenant à l’entourage domestique de Mme de Châtillon, et un dénommé Du Chesne. Le procès fit aussi apparaître que Du Chesne et Ricous avaient participé à l’affaire des portraits du ministre pendu en effigie le 4 novembre 1650 (v. note [32], lettre 248) et que Ricous avait été l’un des incendiaires de l’Hôtel de Ville de Paris le 4 juillet 1652 (v. note [3], lettre 292). Du Chesne échappa au bourreau et fut envoyé aux galères (Pernot, page 348). En bon exécutant soucieux des détails, l’abbé Fouquet adressait une lettre à Mazarin le soir même de l’exécution : « Il serait bon que Votre Éminence fît écrire un mot de remerciement à MM. le Chancelier, garde des sceaux, aux rapporteurs et à M. de Breteuil, et que ce dernier fût chargé de voir tous les autres juges de sa part en qualité d’homme du roi à la Chambre » (cité par Chéruel, tome premier, page 247).
La Gazette, ordinaire no 130, du 18 octobre 1653 (pages 1051‑1052) :
« De Paris, le 18 octobre 1653. L’onzième du courant, la Chambre de justice établie à l’Arsenal, après avoir instruit durant un mois le procès criminel des nommés Berthaut et Ricous, sur les procédures commencées par les lieutenants civil et criminel, déclara par son jugement souverain ces accusés atteints et convaincus du crime de lèse-majesté, pour avoir depuis la dernière déclaration d’amnistie vérifiée au Parlement, entretenu des intelligences et correspondances avec les ennemis de la Couronne, leur avoir donné des avis importants afin d’empêcher l’exécution des desseins et entreprises du roi, découvert ses Conseils, fait des menées et des cabales en cette ville au préjudice de son service, et pour favoriser le progrès des armes et des pratiques des ennemis, traité injurieusement dans leurs lettres les personnes royales, et fait des conspirations horribles à prix d’argent contre la vie des principaux ministres. Pour réparation de tous lesquels crimes d’État, cette Chambre les condamna à être rompus vifs, et pour tirer la connaissance de leurs complices, appliqués à la question {a} avant l’exécution, qui fut faite le même jour devant l’église Sainte-Marie près de la Bastille. Mais la peine décernée à ces coupables fut néanmoins modérée et adoucie par la même Chambre, qui ordonna qu’ils seraient étranglés avant que de recevoir aucun coup ; ce qui fait connaître qu’elle ne se porte pas à la dernière sévérité que mérite ce monstre de crimes, dont voici la première punition qui ait été exécutée depuis la mort du feu roi, {b} et que la justice de Sa Majesté a été obligée d’ordonner, puisque sa clémence, au lieu de ramener les malheureux esprits dans leur devoir, n’a fait au contraire que les confirmer dans leur malice et rendre plus hardis d’entreprendre contre l’État, sous l’assurance de l’impunité qu’ils se promettaient ; afin de montrer par cet exemple que, comme Sadite Majesté veut bien oublier tout ce qui s’est passé contre son service avant l’amnistie que sa bonté a accordée, et qu’il n’en soit fait aucune recherche à l’égard de ceux qui se sont remis dans l’obéissance et demeurent dans leur devoir de vrais sujets, elle désire aussi que ceux qui continuent dans une conduite de vrais ennemis de son royaume soient punis avec toute la rigueur ordonnée par les lois de l’État. En suite de cette exécution, le sieur Des Coutures a été emprisonné dans la Bastille, en vertu d’un décret de prise de corps décerné par la même Chambre, sur les charges qui se sont trouvées dans le procès de ces criminels, d’avoir pareillement depuis l’amnistie tramé des intelligences avec ceux qui s’intéressent dans les affaires des ennemis. »
- V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.
- Louis xiii.
Je n’ai rien trouvé sur le Joli que nommait ici Guy Patin.
« hideuses ordures de méchants hommes et inexpugnable caverne de voleurs. », Jérémie (7:11, Vulgate) :
Ergo spelunca latronum facta est Domus ista, in qua invocatum est Nomen meum in oculis vestris ? Ego, ego sum : ego vidi, dicit Dominus.[À vos yeux, est-ce une caverne de voleurs ce Temple qui porte mon Nom ? Moi, en tout cas, je ne suis pas aveugle !]
Reveillé-Parise a ici partiellement pallié les deux lacunes (entre crochets) du manuscrit (déchirure du coin inférieur droit du feuillet) et fort allégé son contenu en remplaçant la fin du paragraphe par : « a déposé des choses contre eux qui font connaître qu’ils sont venus à Paris, et on les cherche avec beaucoup de diligence. »
Pujo (page 223) :
« Tandis qu’il {a} dirigeait le siège de Rocroi, son fidèle Lenet l’a rejoint. Il avait escorté la princesse et son fils dans leur périple à bord d’une frégate espagnole, de Bordeaux à Dunkerque puis, par voie de terre, par Bruges et Gand. Ils étaient arrivés le 18 septembre à Valenciennes. L’archiduc {b} avait donné des instructions pour qu’ils soient reçus avec tous les honneurs dus à leur rang. Condé demande à Lenet de lui amener son fils. Le jeune Henri-Jules, duc d’Enghien, a maintenant dix ans : son père veut prendre en main son éducation. Le prince oublie un moment ses soucis quand il peut, le 13 octobre, serrer son fils dans ses bras. Désormais ils ne se quitteront plus. Condé rêve de le former pour que, le temps venu, il soit son successeur à la tête des armées. En attendant, imitant en cela son père, le prince Henri de Bourbon, il va confier l’éducation du jeune duc à ces pères jésuites. Claire-Clémence est restée à Valenciennes. Elle y est certes traitée avec beaucoup d’égards et toute la noblesse du pays est venue saluer l’héroïne de l’odyssée bordelaise […] ; mais cette jeune femme de 25 ans, marquée par les épreuves et les dangers affrontés, supporte mal la solitude et sa séparation d’avec son fils qui ne l’avait encore jamais quittée. »
- Condé.
- Léopold-Guillaume de Habsbourg.
« qui le fait dépérir de jour en jour. »
Oliver Cromwell, près de prendre le pouvoir en s’arrogeant le titre de Lord Protector (26 décembre), avait à lutter sur divers fronts (indiscipline du Barebone’s Parliament, mutineries de marins dans les ports anglais, négociations de paix ardues avec les Hollandais), mais il n’y eut pas alors de révolte efficace et organisée de la noblesse ou de l’armée républicaine.
« dont [Jacques-Auguste ii] de Thou mène la famille ».
« la boucherie de Paris », le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572, v. note [30], lettre 211). Charles Spon, qui était protestant, nourrissait ce macabre souvenir.
Catherine de Médicis (Florence 1519-Blois 5 janvier 1589), reine de France, épouse du second fils de François ier, qui régna sous le nom de Henri ii de 1547 à 1559 (v. note [26], lettre 86), était la fille de Laurent ii de Médicis et la nièce du pape Clément vii (Jules de Médicis, v. note [50], lettre 292). Après dix ans de stérilité conjugale (v. note [6] du Borboniana 2 manuscrit), Catherine donna naissance à dix enfants, dont les trois derniers rois de la dynastie des Valois (François ii, Charles ix et Henri iii), et Marguerite (dite la reine Margot), première épouse du futur roi Henri iv. Elle fut régente de l’avènement de Charles ix en 1560 jusqu’à sa majorité en 1563, mais elle continua ensuite, comme reine mère, à jouer un rôle politique éminent jusqu’à sa mort. Elle fut l’une des instigatrices de la Saint-Barthélemy (v. note [30], lettre 211).
René de Birague (1506-1593), gentilhomme milanais, dut se réfugier en France où il acquit la confiance de François ier pour devenir successivement conseiller au Parlement, surintendant de la justice, président du sénat de Turin, gouverneur du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais. Le roi l’envoya ensuite au concile de Trente (v. note [4], lettre 430) pour y faire approuver la paix conclue avec les huguenots. Charles ix lui confia les sceaux en 1570. Birague assista en cette qualité au Conseil secret où fut décidée la tuerie de la Saint-Barthélemy ; on prétend même que la dignité de chancelier, qu’il obtint l’année suivante, fut le prix de sa complaisance. Devenu veuf, il fut fait cardinal en 1578 par le pape Grégoire xiii. Birague était réputé des plus odieux parmi les intrigants italiens de la cour des Valois. Il avait la réputation d’empoisonner ses ennemis. Quand le maréchal de Montmorency fut arrêté en 1575, il déclara publiquement : « Je suis averti de ce que la reine veut faire de moi et il ne faut pas tant de façons : qu’elle m’envoie seulement l’apothicaire de M. le Chancelier, je prendrai ce qu’il me baillera » (G.D.U. xixe s.).
Guy Patin allait correspondre avec Johann Garmers ; la première lettre de ses six lettres qui figurent dans notre édition est datée du 7 juillet 1656.