L. 367.  >
À Charles Spon,
le 4 septembre 1654

Monsieur, [a][1]

Je vous envoyai ma dernière de deux pages le 28e d’août. Depuis ce temps-là, j’apprends que nous avons perdu un de nos compagnons qui était auprès du prince de Condé, [2] nommé Charles Dupré. [3] On dit qu’il est mort de maladie dans les tranchées d’Arras [4] où il y avait plusieurs fièvres continues. [5] Voilà sa fortune faite et son ambition bornée, j’aimerais mieux être médecin des crocheteurs du Pont-Neuf [6] que de servir le prince de Condé auprès duquel sont morts trois de nos médecins depuis sept ans, savoir le jeune de Montreuil [7] en Catalogne [8] l’an 1647, de Montreuil le père en Flandres [9] l’an 1648, et celui-ci ; [1] outre M. Bréguet, [10] lequel mourut l’an 1652, qui était auprès du duc d’Enghien [11] à Bordeaux en qualité de précepteur et de médecin, à la place duquel est allé M. Le Breton, [12] qui y est encore aujourd’hui à Valenciennes [13] où il s’ennuie très fort et voudrait bien être ici. La cour est une belle putain, laquelle donne vivement dans les yeux à bien du monde, mais malheur à ceux qui s’y laissent attraper. Auream quisquis mediocritatem diligit, tutus caret obsoleti sordibus tecti, caret invidenda sobrius aula[2][14] Heureux qui peut vivre sans ambition.

Ce 30e d’août. Mais voilà votre lettre datée du 25e d’août qui m’est rendue, pour laquelle je vous remercie, comme aussi pour toute l’affection que vous m’y témoignez, laquelle je vous supplie de me continuer. M. Champion [15] ne se repentira pas d’imprimer Miscellanea Smetii : [16] ô que c’est un bon livre et qu’il en aura bon débit ! Je parlerai à M. Pecquet [17] pour sa traduction. [3] Quel gros labeur est-ce que finit Pierre Rigaud ? [18] Je vous prie de tâcher à me le mander. Je vous remercie de la feuille que m’avez envoyée. [19] Dieu lui fasse la grâce d’imprimer bientôt notre livre manuscrit qu’il garde il y a si longtemps. Je ne trouve point laide la feuille qu’il en a faite, plût à Dieu que tout le reste fût fait de même. Pourvu qu’il fût correct, je serais content du reste. [4] Je baise très humblement les mains à M. Huguetan [20] l’avocat et le remercie de son souvenir. Mon deuxième fils [21] est de retour de son voyage de Touraine il y a plus d’un mois et lui a écrit, selon l’adresse qu’il lui en avait donnée, chez M. Seignoret. [5][22] Eusèbe Renaudot [23] se porte mieux. On dit ici tout haut qu’il fait fort dangereux d’être des amis de Guénault [24] puisqu’il les traite si mal et que sa maison est un cabaret à vin émétique. [25]

Ce 31e d’août. Messieurs les prévôt des marchands [26] et les échevins de la Ville [27] sont allés aujourd’hui en beau train au-devant du roi [28] jusqu’à Compiègne. [6][29] On dit qu’il arrivera ici jeudi prochain, que vendredi on chantera le Te Deum [30] dans Saint-Germain-l’Auxerrois, [31] qui est la paroisse du Louvre, [32] ou dans les Augustins [7][33] (et non pas dans Notre-Dame, [34] en haine de l’archevêque, qui est le cardinal de Retz, [35][36] et du chapitre, qui a fait un feu de joie et un festin, et a chanté le Te Deum pour sa liberté). [8][37] On dit aussi que le roi ira au Parlement faire vérifier quelques édits pour avoir de l’argent ; d’autres disent qu’il attendra à l’hiver prochain. On tient ici pour certain que le cardinal de Retz n’est plus en France, que par mer il a gagné Dunkerque, [38] qu’il est de présent en Flandres et que delà il gagnera les < cantons > Suisses et l’Italie, où il se retirera chez le grand-duc de Toscane [39][40] qui est son bon ami. [9] D’autres disent que de Dunkerque, il ira par mer jusqu’à Hambourg, [41] delà à Vienne [42] et puis après en Italie, et qu’il prendra ce long chemin afin de trouver plus d’assurance en son voyage. [10] On voit ici diverses relations de la levée du siège d’Arras ; même le Gazetier en a fait une assez ample ; [11] mais tout n’y est pas encore, tous les jours il en arrive quelques nouvelles. Notre M. Dupré est mort dans le camp, d’une fièvre continue qui avait succédé à une fièvre quarte, [43] le 24e d’août qui fut la veille de l’attaque des lignes ; si bien que le pauvre garçon n’a point entendu les bruits des coups de canon. Il laisse quatre enfants et peu de bien ; le prince de Condé lui en doit beaucoup, mais quelle assurance d’en être jamais payé ?

On dit que le prince de Condé est dans Valenciennes avec de grandes troupes. On dit que s’ils eussent pris Arras, ils fussent venus assiéger Calais [44] avec leur armée par terre et que les Anglais leur eussent aidé par mer, de sorte que les voilà bien reculés. Les troupes du roi sont commandées de marcher, c’est infailliblement pour quelque siège, mais on ne nomme point encore la place. Je ne sais en quel temps nous sommes, mais je pense que le diable est déchaîné. On ne fait ici autre chose que des exécutions [45] criminelles : hier on pendit trois jeunes hommes à l’Apport de Paris ; [46] avant-hier on rompit [47] un gentilhomme à la Grève, [48] voleur de grands chemins ; il y en a encore d’autres tous prêts dans la Conciergerie [49] et dans le grand Châtelet, [50] la plupart voleurs ; les trois d’hier ne faisaient pas ensemble que 51 ans. L’échange des prisonniers de la levée du siège d’Arras est fait, la mère d’un capitaine en a reçu nouvelles ; elle avait reçu la nouvelle de la prison de son fils ; étant fort malade, le retour de son fils, qu’elle espère de voir dans deux jours, lui aidera bien à guérir, c’est un fils unique. Eusèbe Renaudot est renchu malade ex febre, vomitu et αποσιτια : [12] voilà de méchants et pernicieux poulets fricassés qui causent de tels symptômes ; et néanmoins, si cela continue, il faudra dire adieu à la gazette antimoniale. [51]

Hier au Parlement, le cardinal Mazarin, [52][53] son père [54] et tous ses parents [55] furent naturalisés. [13] On attend le roi aujourd’hui dans le Louvre pour faire chanter le Te Deum en sa présence demain dans Notre-Dame pour la levée du siège d’Arras. Cela sera dorénavant dans Notre-Dame à cause que ceux du chapitre ont obéi aux mandements du roi, et qu’ils ont admis et reçu la nomination qu’il a faite des nouveaux grands vicaires à la place des autres qui ont été cassés, qui tenaient le parti du cardinal de Retz. [14]

Voilà M. Riolan [56] qui vient de sortir de céans, m’ayant donné une petite visite en passant. Il se porte assez bien, mais il dit que sa vue ne revient point. Il dit que l’hiver prochain, que < quand > le froid l’obligera de garder la maison, il demeurera dans son poêle [15] et qu’il fera écrire ce qu’il a dans la tête, tant contre l’antimoine [57] que contre M. Courtaud, [58] combien que pour ses puantes injures, ses inepties plus que puériles et ses ignorances, il ne mérite nulle réponse. Il a aussi beaucoup de choses toutes prêtes à mettre dans son Encheiridium anat. et pathol[16][59] qui sont fort bonnes, en cas qu’on le réimprime. La reine de Suède [60] est à Bruxelles, [61] on dit qu’elle viendra ici passer l’hiver. On parle ici de nouveaux impôts sur le vin, [62] sur le sel [63] et toute autre sorte de denrées nécessaires, comme s’il n’y en avait pas déjà assez.

Unum mihi superest scribendum[17] c’est que je suis et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce vendredi 4e de septembre 1654.

Je vous prie de faire rendre la présente à M. Guillemin avec mes recommandations et de lui faire le conte des poulets fricassés de M. Eus. Ren., et de saluer aussi nos bons amis MM. Falconet et Garnier, et MM. Huguetan et Ravaud, comme pareillement aussi M. Barbier ; et de faire donner la présente à M. Gras, notre très bon ami. Ne vous étonnez point de la sécheresse de M. Merlet [64] en son livre, [18] son dessein n’a jamais été autre que de faire voir à ce Gazetier que son livre n’était qu’un galimatias de gazette plein de contradictions, de faussetés, d’impostures, etc. ; celui de M. Perreau [65] sera bien mieux étoffé. On imprime ici des vers latins pro Stibio[19] je vous en ferai part dès qu’ils seront achevés. Je pense que c’est une réponse au Pithœgia : Abyssus abyssum invocat ; [20][66] il en viendra d’autres ensuite.

M. le maréchal de La Meilleraye [67] a retenu prisonnier dans le château de Nantes [68] notre compagnon M. Vacherot, [69] qui était le médecin, et l’abbé Rousseau, [70] qui est un autre domestique, du cardinal de Retz. [21]

Monsieur, [b]

Depuis mes deux pages écrites, j’apprends qu’hier on fut de la part du roi chez M. de Caumartin, [22][71] conseiller de la Cour, pour le prendre prisonnier, mais on ne l’y trouva pas, combien qu’il y fût. Il est sur le papier rouge à cause qu’il est des amis du cardinal de Retz ; [23] qu’il le fut voir dès qu’il fut arrivé à Nantes, et même qu’il l’a vu depuis qu’il est en liberté. Nous avons ici un de nos compagnons bien malade, savoir M. Brayer, [72] d’une fièvre continue maligne ; [73] il a été déjà saigné 17 fois, quamvis sit hydropota, quod sibi metuat ab arthritide, utpote qui natus sit parente arthritico, sævæque podagræ obnoxio[24][74][75] L’événement en est fort douteux.

Totus ex asse libraque tuus[25]


a.

Ms BnF Baluze no 148, fos 80‑82 ; Jestaz nos 126 et 127 (tome ii, pages 1261‑1266). Note de Charles Spon au revers : « 1654./ Paris 4 septemb./ Lyon 9 dud./ Rispost. 22/ dudit. »

b.

L. Jestaz a fait de ce post‑scriptum, écrit sur un feuillet séparé (Ms BnF Baluze no 148, fo 82), sa lettre no 127 (tome ii, page 769).

1.

Sur le tableau des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris, dressé le 20 novembre 1653 (Comment. F.M.P., tome xiv), le doyen Paul Courtois a noté la mort de Charles Dupré (v. note [26], lettre 223) avec cette patriotique mention :

Obiit circiter 25 Septembris an. 1654. pridie quam Atrebatum obsidione, cinctum a Principi Condæo, cui ille medicinam faciebat, et a Rege Hispano, liberaretur.

[Il mourut vers le 25 septembre 1654, veille du jour où fut levé le siège d’Arras, encerclé par le prince de Condé, dont il était le médecin, et par le roi d’Espagne].

Deux Montreuil (ou Montereul), père et fils, docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris, ont servi les princes de Condé (Henri ii, puis son fils Louis, le Grand Condé).

2.

« Quiconque choisit la règle d’or du juste milieu se préserve, pour sa tranquillité, tant du misérable toit délabré que du palais que tous jalousent » (Horace, Odes, livre ii, x à Licinius Murena, vers 5‑8).

3.

V. notes [7] et [8], lettre 358, pour le libraire Jean Champion et pour les « Mélanges médicaux » d’Heinrick Smet (1611) qui ne reparurent jamais, mais que Jean Pecquet avait apparemment l’intention de traduire en français.

4.

Charles Spon avait envoyé une première feuille des Chrestomathies de Caspar Hofmann (v. note [17], lettre 192) dont le libraire lyonnais Pierre Rigaud entreprenait l’impression, mais l’entreprise avorta.

5.

Étienne Seignoret était beau-frère de Charles Spon, v. note [1], lettre 280.

6.

L’élection pour deux ans du prévôt des marchands de Paris avait lieu le 16 août.

Alexandre de Sève (1605-1673), maître des requêtes, venait de remplacer Antoine Le Fèvre qui avait accompli deux mandats (1650-1654) ; Sève allait rester en fonction jusqu’en 1662 (M. Le Moël, Dictionnaire du Grand Siècle).

7.

Les Grands-Augustins étaient le grand couvent des augustins de Paris (v. note [2], lettre 117), avec son église, situé sur la rive gauche de la Seine à l’angle actuel du quai et de la rue des Grands-Augustins, un peu en amont du Pont-Neuf.

8.

En dépit de la défiance des curés de Paris (v. note [3], lettre 365), le roi, revenu à Paris le 4 septembre, alla le lendemain entendre le Te Deum à Notre-Dame (v. infra note [14]), en même temps qu’il fêta son 16e anniversaire.

9.

Ferdinand ii de Médicis (1610-1670), grand-duc de Toscane, fils de Cosme ii (1590-1621, v. 4e référence, note [5] du Naudæana 2), avait succédé à son père sous la tutelle de sa mère et de son aïeule jusqu’en 1628. C’était un prince faible : il n’avait pas réclamé au pape le duché d’Urbin (1624, v. note [40] du Naudæana 3) et permis que ses officiers de santé, excommuniés pour avoir fait observer aux ecclésiastiques les lois de la quarantaine (v. note [1], lettre latine 290) pendant une peste qui avait désolé la Lombardie et la Toscane (1630), fissent amende honorable à genoux ; en 1633, il avait laissé traîner à Rome le grand Galilée (v. note [19], lettre 226), alors septuagénaire et infirme, pour le faire juger par l’Inquisition. Malgré sa faiblesse et sa nullité, Ferdinand encouragea les sciences et les arts et se fit aimer du peuple par son affabilité et sa grande douceur (G.D.U. xixe s.).

10.

Réfugié à Belle-Île, Retz embarqua le 9 septembre pour gagner Saint-Sébastien qu’il quitta le 1er octobre pour traverser le nord de l’Espagne, puis embarquer sur une galère à Vinaros le 16 octobre et arriver à Piombino en Toscane le 3 novembre, après deux escales dans les îles de Minorque et d’Elbe (Bertière b, pages 371‑378).

11.

L’extraordinaire de la Gazette, no 112 daté du 1er septembre 1654, intitulé Les Particularités de la levée du siège d’Arras par les Espagnols (pages 925‑936), est un long récit qui se termine sur ces enthousiastes remarques historiques :

« Voilà comme chacun s’est vaillamment exposé pour mériter sa part à la gloire d’une action qui ne peut avoir de pareille que celle de la prise, aussi par les Français, de la même ville qui vient d’être mise en liberté, pour les beaux rapports qui se rencontrent entre elles. Arras fut pris en 1640 au mois d’août en la présence du roi par trois maréchaux de France, à la vue du cardinal-infant gouverneur général des Pays-Bas et d’une armée de 30 000 hommes qu’il commandait, laquelle donna inutilement dans nos lignes ; et cette place a été secourue au même mois d’août, en présence de Sa Majesté, par trois maréchaux de France, à la barbe de l’archiduc Léopold, aussi gouverneur général des Pays-Bas, assisté de tous les autres généraux d’Espagne et d’une armée pareillement de 30 000 hommes, retranchés de telle sorte dans leur camp que l’entreprise de les y forcer eût été impossible à tous autres qu’à des Français qui montrent par là qu’ils savent bien garder leurs conquêtes, ou plutôt seconder le beau zèle que montre leur souverain à conserver ce qui lui appartient légitimement. Car le roi secourant Arras n’a fait que conserver son ancien Domaine, puisque Louis xi, après la mort de Charles, dernier duc de Bourgogne, de la race de France, y faisant son entrée, fit connaître aux Artésiens qu’elle était de cette Couronne ; que Théodoric ier, de la première race de nos rois, est fondateur de la riche abbaye de Saint-Vaast d’Arras dont nous voyons encore ici le Collège ; {a} et que saint Louis, par une particulière affection qu’il avait pour son pays d’Artois, l’érigea en l’an 1238 en comté pour le donner en faveur de son mariage à son frère Robert qui en fut le premier comte ; étant assisté en cette action de toute la noblesse française et de deux mille chevaliers. Il ne faut donc pas douter que ce grand saint n’ait voulu, quoique 500 ans après sa mort, faire visiblement sentir, au jour de sa solennité, {b} sa faveur et son alliance à un roi qui, portant son nom et marchant si glorieusement sur ses routes, montrait une si forte ardeur pour la conservation d’une ville qu’il avait tant chérie. Enfin, il ne faut point douter que le Ciel, à la prière de ce saint, ne se soit aussi intéressé en cette occasion pour couronner le zèle de notre monarque, celui de la reine sa mère, et les soins particuliers de son premier ministre dont on voit bien que les maximes n’ont rien de commun. »


  1. Collège fondé à Paris au xive s. par Nicolas Le Canderlier, abbé de Saint-Vaast, pour les écoliers pauvres du diocèse d’Arras et situé près de l’actuelle rue d’Arras (ve arrondissement de Paris).

  2. Le 25 août.

12.

« avec fièvre, vomissement et dégoût des aliments (apositias) ». Renchu est le participe passé du verbe rencheoir, retomber, déjà très vieilli au temps de Guy Patin.

13.

Mazarin avait reçu de nouvelles lettres de surannation (prolongation) confirmant ses lettres de naturalité de 1638-1639 (v. note [6], lettre 53), et leur conférant pleine et entière efficacité. Délivrées au moment même où Conti, par son mariage avec Anne-Marie Martinozzi, nièce du cardinal, renonçait à tous les bénéfices ecclésiastiques dont il avait la commende, en particulier l’abbaye de Cluny (v. note [4], lettre 817), elles permirent à Mazarin de les acquérir à son tour. Les lettres avaient été examinées le 26 février 1654 par la Chambre des comptes, puis enregistrées par le Parlement le 30 mars. Restait le dernier bataillon de sa famille, venu le rejoindre en France en mai 1653. Trois lettres patentes avaient été établies en faveur de ses sœurs, nièces et neveu, en mai 1654. Le Parlement s’inclina, procédant à leur enregistrement par arrêt du 30 juin et du 4 septembre. Le nom de Pietro Mazzarini, père du cardinal (v. note [8], lettre 342), figurait aussi sur ces lettres de naturalité (Jestaz).

14.

Chéruel, tome i, pages 291‑294 :

« Les curés et les chanoines les plus compromis furent mandés à Péronne, où était la cour. Ils furent exilés en divers lieux et Mazarin témoignait contre eux, dans ses lettres à l’abbé Fouquet, une vive indignation ; il paraissait d’abord disposé à traiter en criminels tous ceux qui avaient été d’avis de chanter le Te Deum, {a} et attaquait surtout le curé de Saint-Paul, {b} auquel il attribuait des intentions coupables. “ Je sais de science certaine, écrivait-il le 24 août à l’abbé Fouquet, qu’il est le plus ambitieux des hommes. Il a prétendu être évêque et par cette raison, a caché quelque temps le jansénisme qu’il avait dans le cœur et a fait ostentation d’être ennemi du cardinal de Retz ; mais n’ayant pas été élevé à cette dignité, il n’a rien oublié pour témoigner son chagrin, allumant le feu partout et se signalant en tout ce qu’il pouvait croire qui déplairait au roi. L’on m’a écrit que c’est lui qui a fait la réponse au nom des curés à la lettre que le cardinal de Retz leur a écrite. Elle est fort impudente, et je m’assure que M. le procureur général et vous l’avez jugée de même […]. ”

Cette victoire {c} adoucit le cardinal et la cour. Les curés, qui avaient été mandés à Péronne furent traités avec plus de mépris que de sévérité. »


  1. Pour célébrer l’évasion de Retz.

  2. Nicolas Mazure, v. note [1], lettre 348.

  3. Prise d’Arras.

L’archevêché de Paris avait été déclaré vacant par lettres du roi datées de Péronne le 22 août 1654.

15.

« On dit quand on entre dans une chambre bien chaude, que c’est un poêle » (Furetière).

16.

« Manuel anatomique et pathologique » : v. note [30], lettre 282.

17.

« Il me reste une seule chose à vous écrire ».

18.

V. note [3], lettre 346, pour les Remarques… de Jean Merlet (Paris, 1654) contre L’antimoine triomphant d’Eusèbe Renaudot.

19.

« en faveur de l’antimoine. » V. note [3], lettre 380, pour le Rabat-joie de l’Antimoine triomphant de Jacques Perreau.

20.

« l’abîme appelle l’abîme » (Psaumes, v. note [9], lettre 177) ; v. note [10], lettre 342, pour la Pithœgia. Guy Patin annonçait l’explosion des libelles, pour et contre l’antimoine et Montpellier, qui allait agiter les esprits dans les mois suivants (v. note [11], lettre 342).

21.

Complices directs de l’évasion du cardinal de Retz, Jean Vacherot (v. note [11], lettre 325), son médecin, et l’abbé Rousseau, frère de son intendant, avaient pu quitter le château de Nantes une fois l’affaire faite. On les arrêta peu après, mais on dut les relâcher faute de preuves formelles à leur encontre.

22.

Louis-François Le Fèvre, seigneur de Caumartin (1624-1687), petit-fils du garde des sceaux, Louis (v. note [8], lettre 298), et neveu de l’évêque, François (v. note [8], lettre 298), avait été reçu conseiller au Parlement de Paris en 1644, maître des requêtes en 1653. Il était un des amis les plus intimes et fidèles du cardinal de Retz, dont il avait organisé l’évasion. Très lié à Port-Royal, il épousa en secondes noces, en 1664, Catherine de Verthamon, la destinataire des Mémoires de Retz. Il fut envoyé comme intendant de Champagne en 1667 et nommé conseiller d’État en 1672 (Dictionnaire de Port-Royal, pages 239‑241).

23.

On dit qu’un homme « est écrit sur le papier rouge pour dire : il a choqué quelque puissant qui attend à se venger de lui à la première occasion qu’il en trouvera » (Furetière).

24.

« l’hydropisie atteindrait un tel point qu’on craigne pour lui une arthrite [goutte], comme il est naturel pour un homme qui est né d’une famille arthritique et sujette à une podagre invétérée. »

25.

« Vôtre de tout mon cœur et de toute mon âme. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 4 septembre 1654

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(Consulté le 26/04/2024)

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