L. 376.  >
À Charles Spon,
le 27 octobre 1654

Monsieur, [a][1]

Ce 22e d’octobre. Je vous écrivis ma dernière le mardi 20e d’octobre par M. Moreau, [2] marchand de Paris, mon voisin, lequel partait le même jour avec le courrier ordinaire pour Lyon. Depuis ce temps-là, voilà que je reçois la vôtre datée du 16e d’octobre, laquelle me réjouit fort par les bonnes nouvelles que j’apprends de votre santé et de celles de votre famille, à laquelle je souhaite toute sorte de prospérité. Je vous remercie de la joie que vous me témoignez pour le choix que M. Riolan [3] a fait de moi pour sa charge de professeur du roi. [4] J’en ai céans toutes les provisions nécessaires et j’espère que tout ira bien ; mais je vous promets que, quelque peine que cette charge me puisse donner, je ne lairrai point de vous écrire quelquefois quand j’aurai de la matière. Ce commerce par lettres [5] me semble si innocent que, même pensant à vous, il me recrée et me divertit. J’ai céans ce livre dont vous faites grand état du chevalier Humphrey Lynde, [6] je l’ai autrefois lu et l’ai mis en bon endroit inter optimos congeneres[1] Ce que M. Bernier [7] vous a dit de la cataracte [8] est l’opinion de M. Pecquet, [9] lequel m’a dit qu’il a dessein d’en écrire ; [2] quand il vous ira voir à Lyon, prenez la peine de lui en dire un mot. Ce M. Quarré [10] était ici un chirurgien de Saint-Côme, grand vendeur de fumée et de paroles, qui avait autrefois monté sur le théâtre et qui a quitté Paris pour s’en aller en Pologne avec la princesse Marie [11] lorsqu’elle s’y en alla il y a tantôt dix ans. C’était un homme hardi de la langue et de la main ; an adhuc vivat nescio[3] mais il doit être vieux. Cet homme était pareillement poète latin, j’ai céans une Myologie en vers hexamètres qu’il m’a donnée autrefois, qu’il a fait imprimer in‑4o[4] Il était fort bon homme, très officieux, et avait la réputation d’être bon opérateur. Je ne crois pourtant point cette opinion de M. Pecquet : j’ai vu souvent ici faire l’opération de la cataracte, laquelle ne réussit guère. Cet ami qui ne veut être nommé, qui s’est chargé du Cochlæus de actis Lutheri[5][12] n’est-ce point M. Huguetan l’avocat ? [13] Fors lui, je n’en puis deviner aucun. Je vous enverrai par la première commodité Prolusiones apologeticæ[6] il y en a céans un retenu pour vous comme chose curieuse plutôt que bonne ; on y fait pourtant réponse. J’ai vu ici plusieurs dysentériques [14] qui, Dieu merci, en sont tous échappés beneficio phlebotomiæ, sæpius ac sæpius repetitæ[7][15] de petits clystères [16] détersifs, [8] et de la casse [17] et du séné, [18] et du catholicon [19] doublé de rhubarbe [20] sur la fin, ad relinquendam adstrictionem aliquam male affectis visceribus, præsertim hepati et intestinis[9] qui sont là les deux parties malades quarum una mittit, aliæ recipiunt ; ideoque sæpe contingit ut ille morbus desinat vel in ατονιαν hepatis, vel in gangrænosin intestinorum[10] Il ne m’en est mort aucun, mais c’est une vilaine maladie, laquelle me déplaît fort, je voudrais n’en voir jamais. Je vous prie de dire à M. Falconet que je suis son très humble serviteur et que je lui ferai réponse. Je salue pareillement nos bons amis MM. Gras et Garnier, et leur écrirai au premier loisir.

Ce 24e d’octobre. M. Riolan [21] m’envoya quérir hier comme fort malade. Dès qu’il me vit, il me témoigna qu’il ne voulait avoir créance qu’en moi ; et entre autres, il me nomma trois de nos docteurs desquels il ne voulait point être visité. Metuebat sibi a suffocatione et a morte repentina, propter summam pulsus inæqualitatem qua timor vigebatur[11] Deux saignées faites le même jour l’ont fort soulagé et l’ont dégagé du péril dans lequel il pensait être. Il a aujourd’hui été purgé [22] et en est mieux, mais tout est à craindre en un corps fort pléthorique [23] et un si grand âge. Il m’a fort prié de ne le point abandonner ; qu’il ne se fie qu’en moi, mais que je ne lui épargne point la saignée si d’aventure il vient à être pressé de la poitrine ou à être chargé de la tête ; sibi enim metuit a suffocatione utriusque partis, quod est singulis senibus familiare[12] Si la santé lui revient, il a envie d’écrire contre l’antimoine [24] et ceux qui en usent.

M. de Fontenettes [25] est un médecin bien éveillé, bilieux [26] et d’un esprit bouillant ; c’est pourtant celui que je ne vis jamais, je ne sais s’il est fâché contre moi, mais il y a plus de deux mois qu’il ne m’a point écrit. Il a envie de polir ses Aphorismes [27] et de les faire tout autrement meilleurs pour la seconde fois. [13] Le libraire m’a dit qu’il en avait bon débit. J’avoue pourtant que ce petit ouvrage n’est point assez sérieux pour Hippocrate, [28] mais le siècle présent est tout ridicule et grotesque, et fait plus d’accueil à ces bagatelles qu’à quelque chose de bon.

Ce 26e d’octobre. Hier, en présence de plusieurs médecins, fut ouvert à Eusèbe Renaudot [29] l’abcès [30] qu’il a en sa tête sous le muscle crotaphite, [31] qui n’a pas beaucoup vidé, combien que toutes les parties voisines soient fort tuméfiées. Ils ont peur qu’il n’y ait beaucoup de boue en dedans, que cela ne vienne de la tête et qu’il n’y en ait encore d’autre toute prête de s’y décharger, vu que lui-même avoue que, depuis le jour qu’il mangea les poulets fricassés et qu’il eut une rude convulsion avec les vomissements qui durèrent longtemps, il a eu perpétuellement une grande douleur de tête en cet endroit avec pulsation importune et dolorifique ; et comme cet abcès n’est pas nouveau, ils ont une juste appréhension que l’os même, qui est là-dessous caché, ne soit corrompu et carié par la malignité de pus ; ce qui serait un grand malheur pour ce Gazetier, mais non pas pour la France ni pour notre pauvre Faculté que ce coquin a déshonorée tant qu’il a pu par son Antimoine triomphant[14][32] et même par sa pratique toute charlatanesque. [33]

M. Duhan [34] votre libraire est-il revenu de sa foire de Beaucaire, [15][35] en a-t-il bien apporté des livres ? Quand vous lui avez remis entre les mains le livre de Botal, [36][37] de curandi ratione per sanguinis missionem[16] vous a-t-il promis de l’imprimer bientôt ? S’il a dessein de venir à la foire prochaine de Saint-Germain, [38] je me fais fort qu’il en vendra un cent. Je vous supplie de lui en parler.

M. Gassendi [39] vient de sortir de céans. Nous avons fort parlé de la nouvelle édition de sa Philosophie d’Épicure pour laquelle il travaille à revoir la copie et mettre tout en ordre. [17] Il m’a dit que M. Sorbière [40] (lequel doit partir d’ici dans deux jours pour Lyon avec son évêque [41] et qui infailliblement vous verra) [18] l’a fort pressé de donner cela à imprimer à M. Barbier [42] et m’en demande mon avis, me priant fort de < le > lui dire et me protestant qu’il ne fera rien que ce que je lui conseillerai. Cette majeure ne me touche nullement et y consens fort aisément, [19][43] mais il y a deux choses à considérer sans pénétrer plus avant : la première desquelles est savoir si M. Barbier a les reins assez forts pour entreprendre un tel ouvrage dans lequel il y aura pour le moins six volumes in‑fo, en comptant ses Opuscules, ses Observations et ses Épîtres qu’il ne veut nullement omettre ni séparer ne pereant[20] et même que l’on ne vendra rien de tout l’ouvrage qu’il ne soit entièrement achevé ; deuxièmement, qui sera celui qui aura soin de la correction puisque M. de Barancy [44] est mort ? [21] M. Gassendi m’a répondu au premièrement qu’il était en même doute que moi touchant les facultés du dit M. Barbier, qui lui avait mandé là-dessus qu’il ne s’en mît point en peine. Pour le second point, M. Sorbière lui a dit que M. Spon le médecin, qui était un galant homme, aurait soin de la correction. Ce mot me réveilla bien fort, je lui dis que vous me faisiez l’honneur de m’aimer et que je vous connaissais fort bien, que vous étiez homme public, médecin fort employé dans Lyon et à la campagne, et que cela était tout à fait impossible qu’un honnête homme occupé comme vous pût vaquer à cela ; et prétends que tout ce que j’en ai dit est vrai, sauf à en changer mon avis selon l’ordre que vous m’en manderez ; si bien que nous sommes demeurés fort incertains tous deux, tant sur le premier que sur le second point. Il y a ici des libraires qui lui demandent sa copie, mais lui et moi aimerions bien mieux que ce fût à Lyon, tant à cause de la beauté du papier qu’afin d’être déchargés de la correction, pour laquelle néanmoins il obligera le libraire de la maintenir bonne et parfaite, ce qui sera très mal aisé, soit ici, soit à Lyon. C’est pourquoi, par avance, combien que n’ayez besoin de mon conseil cum tu per teipsum sapias, nec alieno consilio indigeas[22] ne vous embarrassez point à une telle affaire qui vous sera trop pénible et trop fâcheuse. Et là-dessus, je vous prie aussi de voir la dernière lettre que j’écrivis l’autre jour à M. Ravaud. Sur quoi je finis, avec ferme protestation que je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris ce 27e d’octobre, qui fuit olim dies natalis Phœnici eruditorum Desiderio Erasmo[23]

M. Chartier [45] le père, âgé de 82 ans, mourut hier d’une apoplexie [46] en tombant de son cheval : voilà son Galien achevé. [24] On s’en va rompre [47] deux grands voleurs à la Grève, [48] dont l’un a été valet de pied du cardinal Mazarin ; [49] ils en ont été mis à la question [50] ce matin et en ont accusé grand nombre. [25]


a.

Ms BnF Baluze no 148, fo 90, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon » ; Jestaz no 134 (tome ii, pages 1290‑1293).

1.

« parmi les meilleurs de même nature. »

Sir Humphrey (Humfrey) Lynde (comté de Dorset 1579-Cobham 1636), d’abord juge de paix, devint membre de la Chambre des Communes et déploya en toute occasion un zèle ardent pour la défense du protestantisme. Il s’est fait connaître par deux livres :

2.

François Bernier, dit le Mogol {a} était passé voir Charles Spon à Lyon.

Jean Pecquet {b} n’a pas laissé d’ouvrage sur la cataracte, {c} mais s’est intéressé à la vision et à l’optique : la Nouvelle Découverte touchant la vue (Paris, F. Léonard, 1668, in‑4o de 27 pages) contient une lettre du physicien Edme Mariotte (160-1684) à Pecquet, avec sa réponse, sur la question de la tache aveugle de la rétine (dite tache de Mariotte). {d}


  1. V. note [69], lettre 332.

  2. V. note [15], lettre 280.

  3. V. note [2], lettre 116.

  4. Cette correspondance a été plus complètement rééditée dans les Œuvres de M. Mariotte… (La Haye, Jean Neaulme, 1740, in‑4o, tome second, pages 495‑516).

3.

« j’ignore s’il vit toujours ».

V. note [2], lettre 128, pour Louise-Marie de Gonzague-Mantoue, épouse en 1644 du roi Ladislas iv de Pologne, puis en 1648 de son frère Jean ii Casimir.

4.

Myolgraphia heroico versu explicata Guillelmo Quarré, Chirurgo primi ordinis in Academia Parisiensi.

[Myographie expliquée en vers héroïques, {a} par Guillaume Quarré, {b} chirurgien du premier ordre en l’Université de Paris]. {c}


  1. V. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 15 janvier 1658 pour cette sorte de vers hexamètres.

    La myographie est la description des muscles du corps humain. L’idée bizarre de versifier sur ce sujet n’a pu être mise à exécution qu’en violant à chaque instant l’exactitude des descriptions ou les règles du goût ; l’auteur a puisé les principaux détails de son poème dans l’Anthropographie de Riolan (O. in Panckoucke).

    Charles Spon s’était livré au même exercice (Myologia publiée après sa mort, en 1685, v. note [8], lettre 324), en suivant un plan identique, mais avec des vers différents. L’idée était sans doute d’aider les étudiants à retenir leurs leçons d’anatomie (médecins, chirurgiens, et dessinateurs).

  2. En dépit du beau titre dont il se parait, Guillaume Quarré ne figure ni dans l’Index funereus chirurgicorum Parisiensium ni dans la Liste funèbre des chirurgiens de Paris. Le privilège du roi (3 septembre 1638) le qualifie de maître chirurgien juré à Paris.

  3. Paris, Thomas Blaise, 1638, in‑4o de 39 pages, ouvrage dédié à Charles Bouvard, premier médecin de Louis xiii (v. note [15], lettre 17).

5.

« [Iohannes] Cochlæus sur la vie de Luther » : Commentaria… (Mayence, 1549, v. note [25], lettre 348).

6.

V. note [11‑1], lettre 342, pour le libelle anonyme intitulé Prolusiones apologeticæ [Préludes apologiques].

7.

« grâce à la saignée, répétée sans relâche ».

8.

Clystère (Furetière) :

« remède ou injection liquide qu’on introduit dans les intestins par le fondement pour les rafraîchir, pour lâcher le ventre, pour humecter ou amollir les matières, pour irriter la faculté expultrice, dissiper les vents, aider à l’accouchement, etc. On fait des clystères d’eau, de son, de lait et particulièrement de décoctions de certaines herbes. On y mêle du miel et autrefois on y mettait du sucre rouge, quelquefois du catholicon {a} et autres drogues. Il y a des clystères rémollitifs, carminatifs, {b} lénitifs et astringents, laxatifs, anodins, etc. Ce mot vient du grec klyo, id est, lavo, abluo. » {c}


  1. « Le sucre rouge est la moelle du sucre telle qu’on la tire des cannes sans être affinée » (ibid.) ; v. note [13], lettre 95, pour le catholicon.

  2. V. notule {l}, note [43] de la Leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium.

  3. « c’est-à-dire je lave, je nettoie. »

C’est le seul emploi du mot clystère dans les lettres françaises de Guy Patin (il préférait parler de lavement), mais il l’a volontiers employé dans ses autres écrits. Clystère désigne aussi, par métonymie, la grosse seringue dont on se servait pour opérer : l’un des symboles les plus vivaces de la médecine du Grand Siècle, qui mériterait beaucoup mieux à mon avis…

9.

« pour soulager de tout resserrement les viscères affectés, principalement le foie et les intestins ».

10.

« dont l’un [le foie] envoie et les autres [les intestins] reçoivent ; c’est pourquoi il arrive souvent que cette maladie se termine soit par un affaiblissement [atonie] du foie, soit par une gangrène des intestins. »

À l’aune d’aujourd’hui, les raisonnements médicaux de Guy Patin, comme ceux de ses contemporains, frappent par la curieuse opacité de leurs enchaînements logiques.

11.

« Il craignait de suffoquer et de mourir subitement, peur que renforçait une très grande inégalité du pouls. »

12.

« il redoute en effet la suffocation de ces deux parties, ce qui est habituel à tous les vieillards ».

La suffocation de la poitrine était l’asphyxie (par œdème pulmonaire), celle de la tête était l’apoplexie.

13.

Hippocrate dépaysé, ou la version paraphrasée de ses aphorismes en vers français, par M. L. de F., {a} doct. en méd. dans P. {b}


  1. Louis de Fontenettes, médecin de Poitiers, v. note [12], lettre 372.

  2. Paris, Edme Pepingué, 1654, in‑4o de 176 pages, dédié à Guy Patin (v. note [17], lettre 384), sans réédition répertoriée.

Il s’agit d’un un fort curieux traité où les sentences du Maître de Cos sont brodées en vers comiques, avec désinvolture, mais non sans un certain charme. Voici par exemple ce qu’y devient le début du premier aphorisme Vita brevis, ars longa : {a}

« Depuis que la fureur de l’onde
A fait nouveau ménage au monde, {b}
C’est grand’pitié que de nos jours,
Car ils sont mauvais et sont courts,
Ainsi qu’est harangue gasconne,
La comparaison est fort bonne ;
Et, quoique jasent envieux,
Je ne sais pas s’ils diront mieux.
Or, sans m’arrêter à l’envie,
Je dis que si courte est la vie,
L’art est bien long tout au rebours, {c}
Qu’il faut avoir bien fait son cours
Premier qu’en docteur on se fie, {d}
En grammaire, philosophie ;
D’illec {e} s’en aller à Paris
Non pour molester vieux maris,
Et pratiquer galanterie ;
Mais en rue de Bûcherie,
Ou à Cambrai prendre leçon. {f}
Puis, faisant le mauvais garçon,
Dans la Grève, comme un S. Georges, {g}
Ôter cordeau dessous la gorge
Àmaint misérable pendu,
Àqui le cas était bien dû,
Pour avoir trop serré les gripes, {h}
Se faire voir fressure, {i} tripes,
Cervelle et chair sous Riolan,
Qui dût vivre autant qu’un milan, {j}
Pour le bien de tout le royaume,
etc. »


  1. V. note [3], lettre 154.

  2. Depuis le Déluge.

  3. Au contraire.

  4. Faire confiance à un docteur pour obtenir une maîtrise ès arts.

  5. Ensuite.

  6. À la Faculté de médecine (rue de la Bûcherie) ou au Collège royal (Cambrai).

  7. Comparaison comique entre saint Georges tuant le dragon avec sa lance et le philiatre décrochant un pendu pour en faire l’anatomie.

  8. Trop volé (sens probable).

  9. Cœur, foie, rate, poumons.

  10. « Quelques-uns ont cru que cet oiseau avait été ainsi appelé parce qu’il vivait mille ans » (Gilles Ménage).

On devine là que Fontenettes avait étudié à Paris et en gardait, à Poitiers, une douce nostalgie. Littré (DLF) a rendu hommage à l’humour de son titre en le citant dans sa définition du mot dépaysé.

14.

V. note [21], lettre 312, pour LAntimoine justifié… d’Eusèbe Renaudot. Il a pu y avoir une relation effective entre la fricassée de volaille qu’il avait mangée à la table de François Guénault (v. lettre à Charles Spon, datée du 16 août 1654) et l’abcès qu’il avait développé trois mois plus tard dans la tempe : en vomissant, un petit bout d’os de poulet se serait fiché dans la gorge pour être le départ d’une lente infection (phlegmon) du cou, puis de la face et de la tempe.

15.

V. note [10], lettre 76.

16.

« sur la raison de soigner par la saignée » : v. notes [18], lettre 360, et [2], lettre 366.

17.

V. note [12], lettre 357.

18.

Comme Jean Pecquet, Samuel Sorbière faisait partie de la suite de François Fouquet (v. note [52], lettre 280), évêque d’Agde et frère de Nicolas Fouquet.

19.

Majeure : « en termes de philosophie, est la première proposition d’un syllogisme [v. note [8], lettre 196]. J’accorde la majeure et je nie la mineure » (Furetière). Dans un syllogisme, la mineure est « le petit terme, celui qui rapporte l’espèce au genre, tandis que la majeure rapporte le genre à l’attribut, et la conclusion l’espèce à l’attribut. Tout homme est mortel (majeure) ; or Socrate est un homme (mineure) ; donc il est mortel (conclusion) » (Littré DLF).

20.

« pour qu’ils ne soient pas perdus. »

21.

François de Barancy (v. note [3], lettre 211) était mort le 18 juillet 1653.

22.

« puisque vous jugez par vous-même et n’avez besoin du conseil de personne ».

23.

« qui fut jadis le jour de naissance du phénix des érudits, Didier Érasme ». On donne ordinairement le 28 octobre 1469 pour date de naissance d’Érasme à Rotterdam.

24.

René Chartier avait consacré sa vie et sa fortune (estimée à 60 000 livres) à la traduction complète, annotée et commentée des œuvres d’Hippocrate et de Galien, en grec et en latin. Il avait commencé de publier son travail en 1639. Les trois derniers des neuf volumes ne parurent qu’après sa mort (v. note [13], lettre 35). Françoise Lehoux (page 554) a relevé cette terrible phrase dans l’inventaire après décès de René Chartier :

« Au regard du pourpoint et haut-de-chausse qu’avait ledit défunt au jour de son décès, ne sera fait aucune prisée pour s’être trouvé de non-valeur et, comme tel, du consentement des parties, a été donné au premier pauvre passant. »

25.

Loret a signalé les deux événements (Muse historique, 31 octobre 1654, livre v, lettre xliii, page 561, vers 169‑190) :

« Certain disciple d’Hippocrate
Un peu sujet au mal de rate,
C’est assavoir Monsieur Chartier,
Médecin de notre quartier,
Étant à cheval sur sa mule
Jeudi dernier, sans faute nulle,
L’heure de la mort le pressa,
Et soudainement trépassa
Près de l’hôtel de Longueville, {a}
Comme il retournait de la ville.
De son manteau l’on le couvrit,
On l’emporta, puis on l’ouvrit.
Il était fort avant dans l’âge.
Voilà la fin du personnage.

Ces deux filous, maître et valet,
Qui par maint drôle de billet
Avaient, tant de femmes que d’hommes,
Escroqué d’assez bonnes sommes,
Outre des vols de tant d’écus,
Étant de meurtre convaincus,
Vendredi vingt-et-neuf d’octobre,
Furent roués avec opprobre. »


  1. L’hôtel de Longueville était situé sur l’emplacement de la future colonnade du Louvre (v. note [5], lettre 735).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 27 octobre 1654

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(Consulté le 24/04/2024)

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