L. 469.  >
À Charles Spon,
le 13 mars 1657

Monsieur, [a][1]

Depuis le mardi 6e de mars que je vous envoyai ma dernière, je puis vous dire que l’on a cessé de travailler au procès de M. de Chenailles, [2] les chambres assemblées, à cause de la maladie de M. le premier président[3]

Ce jeudi 8e de mars. Votre tableau [4] me vient d’être rendu par MM. Girard [et] Nourri, [5][6] marchands de la rue Saint-Denis. [7] Je vous en remercie de tout mon cœur. Je m’en vais le faire monter dans un beau châssis et puis après, je le mettrai en belle et savante compagnie où il tiendra bien sa place. Je l’ai montré à M. l’avocat Le Fèvre, [8] notre ancien voisin et bon ami, qui vous a aussitôt reconnu. Si les troupes ennemies grossissent davantage vers Saint-Ghislain, [9] on dit qu’il faudra y envoyer bien du monde, et même que le roi [10] pourra être obligé d’aller sur la frontière devant Pâques. Nouvelles sont arrivées que l’impératrice [11] est accouchée d’un fils : [12] voilà un individu masculin qui pourra entretenir la tyrannie de la Maison d’Autriche quelque jour dans l’Europe. [1] M. le premier président est ici fort malade, il a été saigné pour la six et septième fois ; au commencement il ne le voulait point être, mais de présent il ne demande pas mieux et dit qu’il voit bien qu’il ne peut guérir que par là : tandem bona causa triumphat[2][13] Il y a ici grand bruit que Cromwell [14] se va faire proclamer et reconnaître roi d’Angleterre. Il ne laisse pas d’être en danger, quoi qu’il entreprenne, à cause des enfants du feu roi [15] qui survivent : il y a un ancien proverbe grec qui dit Stultus qui occiso patre sinit vivere libros ; [3][16] je ne voudrais pas être à sa place. La bonne femme Mme de Ventadour, [17][18] âgée de 85 ans, est ici fort malade ; [4] comme aussi M. le maréchal de Clérambault qui était par ci-devant nommé M. de Palluau. [19] On dit pareillement que M. l’abbé Bourdelot [20] est au lit fort malade, en grand danger de quitter sa crosse et son abbaye, ut transeat illico unde negant redire quemquam[5][21] Nous avons encore ici deux de nos autres compagnons fort malades, savoir le bonhomme M. Bouvard, [22] âgé de 83 ans, lequel a été saigné sept fois, ex diathesi phlegmonode pulmonis[6][23][24] et Saint-Jacques [25] qui, à 10 lieues d’ici, dans la campagne où il allait voir un malade, chut de son cheval et s’est rompu tout à fait le bras gauche. C’est celui, la perfidie duquel est cause de tout le désordre qui est ici arrivé dans notre Faculté touchant l’antimoine [26] car étant doyen l’an 1638, pour favoriser les apothicaires, a quibus lucrum sperabat[7] il falsifia les Registres de la Faculté, mais il n’en est pas au bout.

Ce 9e de mars. M. le premier président a été saigné pour la huitième fois. La fièvre lui continue toujours avec de mauvaises nuits et des redoublements. Il a dit ce matin que son malheur avait été de s’être purgé [27] huit jours avant sa maladie ; qu’il haïssait la saignée et qu’il n’y croyait point ; que s’il guérit de ce mal présent, qu’il se fera saigner tous les ans au printemps et à l’automne. Cette maladie avait causé une surséance des poursuites que l’on faisait contre M. de Chenailles, mais le roi a aujourd’hui envoyé une lettre de cachet [28] au Parlement, par laquelle il veut que lundi prochain on recommencera pour l’achever. M. de Laffemas, [29] maître des requêtes, est ici fort malade ; son médecin, qui est M. Merlet, [30] m’a dit qu’il ne vivra pas encore 24 heures. [8] Le prince de Condé [31] assiège tout de bon Saint-Ghislain et y a fait mener du canon de Valenciennes. [32] Si ce siège s’échauffe tant soit peu, il faudra ramasser nos troupes sur la frontière ; et même dit-on que le roi ira jusqu’à Compiègne [33] devant Pâques pour les faire passer, et que le prince de Conti [34] parle d’aller en Italie, toute sa maison s’y apprête. En ce cas-là, je pense que son médecin, Le Gagneur, [35] l’y accompagnera et peut-être qu’il vous ira voir en passant par Lyon ; gardez-vous de lui, ce n’est qu’un fourbe, est impostor et serpens, educatus in sinu Guenaldi, animal stibiale[9][36] âme moutonnière qui fait l’entendu et l’homme de bien, et qui néanmoins n’est qu’un ignorant et un misérable courtisan. M. le marquis de Blaru, [37] gouverneur de Vernon, [10][38] m’a envoyé quérir ce matin pour sa migraine, [11][39] et m’a dit qu’à la cour on craint deux choses, dont la première est que l’empereur a destiné contre nous une armée dans laquelle, sans l’infanterie, il y a 10 000 chevaux ; et l’autre est une alliance que Cromwell nous offre, dans laquelle le Mazarin n’oserait s’engager à cause du pape [40] qui le menace d’ailleurs, et duquel le nonce [41] agit ici tant qu’il peut pour faire disposer ce premier ministre à la paix générale. La flotte d’Espagne n’est pas venue ni arrivée aux Canaries, [42] mais seulement un vaisseau qui avait été échoué au Pérou, [43] que les Espagnols ont rattrapé et ont amené à bon port.

Les nouvelles de Hollande portent que l’on y imprime in‑4o Diogenes Laertius de Vitis philosophorum, cum notis variorum, nempe Casauboni, Aldobrandini, Gassendi, etc[12][44][45][46][47] Je suis bien aise de ce livre car il est un des bons de l’Antiquité.

Nous avons ici plusieurs de nos compagnons malades : Perreau [48] le père, [13] Mentel, [49] de Frades ; [50] et même M. Bouvard recidivam patitur propter nimiam imbecillitatem partium thoracicorum ; [14] et tout cela ne sont que des rhumes [51] et des fluxions sur la poitrine, quibus summum præsidium est venæ sectio sæpius repetita ex utraque basilica, unde sanguis aducitur plane vitiatus, ac plumbei coloris[15][52] M. Bouvard a 83 ans et de plus, a aujourd’hui au matin reçu notre Seigneur, more Romano[16] Il dit qu’il ne ressent aucun soulagement que de la saignée ; mais ce n’est pas assez, son poumon est usé et ne peut plus guère mouvoir. Il est homme dévot et cafard qui entend deux messes plutôt qu’une, qui va à matines, à vêpres et au salut ; cetera vir bonus, et parum sanus[17] qui ne pense qu’à son profit.

Ce 11e de mars. La sœur [53][54] bien aimée du premier président est morte en couche et avant terme, j’entends ex abortu[18] Elle n’a été que cinq jours malade. Elle était femme de M. de Harlay, [55] maître des requêtes, qui est le plus riche homme de la robe et petit-fils de M. le premier président de Harlay, [56][57] lequel mourut l’an 1616. [19] On cèle cette mort à son frère qui est pareillement bien malade et à qui l’on n’oserait en donner l’avis, ne inde male illi sit[20] Ce M. le premier président fut encore saigné hier au matin pour la 10e fois ; hier à midi, les médecins qui l’entourent et l’obsèdent [21] délibérèrent de lui donner quelque petit purgatif, se sentant parvenus au huitième < jour de sa maladie > ; enfin, ils lui en donnèrent un que l’on dit être casse, [58] séné [59] et manne, [60] a quo longe deterius habuit ; [22] de sorte qu’il a fallu le ressaigner cette nuit, ne suffocaretur[23] Je ne dis rien du temps qu’ils ont pris, mais je suis bien certain que la manne est un fort mauvais remède in tali morbo, et tali ægro : [24] nous n’en avons point de naturelle, ce n’est que du miel, [61] du sucre [62] et de la scammonée ; [63] siticulosum medicamentum, malignitatis argumentum [25] qui n’est nullement propre à un corps bilieux comme est celui-ci. [64]

On achève ici l’impression d’un livre in‑12 qui sera plus gros que l’Encheiridium anat. et pathol. de feu M. Riolan : c’est une explication des Coaques [65] tirée de Louis Duret [66] et de Houllier ; [67] je crois qu’il n’y a rien là-dedans que de bon, et néanmoins le libraire en a tiré de bon argent de l’auteur pour l’imprimer, qui est un médecin de Bourges [68] nommé Ferrant. [26][69] Nos libraires ne veulent plus rien imprimer à moins que cela et n’osent rien entreprendre ni hasarder, tant pour la cherté du papier, à cause des impôts, [70] que des ouvriers qui ne se trouvent presque plus de deçà.

M. le premier président de Bellièvre est mort aujourd’hui dans sa maison. Il prit hier de l’antimoine [71] et aujourd’hui au matin il a pris du laudanum, [72] que ces misérables empiriques, [73] aulici medicastri[27] lui ont fait prendre pour lui apaiser ses douleurs. Voilà un des plus grands hommes du siècle que cinq charlatans [74] ont bien eu de la peine à tuer. Adhuc vivit, nondum obiit, sed puto moriturum[28] Le public y perd beaucoup, les jésuites, les partisans et autres canailles y gagnent ; mais qui y gagnera le plus, ce sera le Mazarin [75] qui peut tirer de cette belle charge, pour le moins, un million ou douze cent mille livres. Quis sit futurus eius successor, nondum scitur[29] Quelques-uns parlent de M. Servien, [76] les autres de M. Nic. Fouquet, [77] procureur général et surintendant des finances, les autres de M. de Marca, [78][79] archevêque de Toulouse, [80] mais tout cela est fort incertain. Quoi qu’il en soit, nemo tantam dignitatem obtinebit gratis. Curia vult marcas, bursas exhaurit et arcas : Si bursæ parcas, fuge Papas et Patriarchas[30][81] Le même jour est ici mort M. de Laffemas, maître des requêtes, âgé de 76 ans et doyen de tous les semestres, en quoi lui succède M. Gaulmin, [82] doctor vere πολυγλωττος, [31] et un des plus savants hommes du monde.

Mais je viens à la vôtre que j’ai reçue ce matin. Je ne sais ce que deviendront les papiers et manuscrits de feu M. Riolan [83][84] car tout y est scellé : les enfants s’en vont plaider les uns contre les autres, et si longo sufflamine litis res detineatur, metas nec tempora pono[32] Malheureux fils débauché [85] qui a troublé toute la maison de son père, lui a abrégé ses jours et ne s’est à soi-même procuré qu’un grand mal, savoir une exhérédation faite en bonne forme par l’avis de quatre bons avocats, et laquelle il veut faire casser par arrêt.

Le traducteur de M. de Thou [86] est M. Du Ryer ; [87] Baudoin [88] est mort il y a longtemps ; [33] on a refusé celle du sieur Boule, [89] quia redolebat Patavinitatem quamdam[34] savoir un patois provençal. [90][91]

Les cinq libraires qui ont acheté la bibliothèque [92] de feu M. Moreau, [93] ont quitté la foire Saint-Germain, [94] laquelle est finie, et ont divisé en cinq parts ce qui leur restait de livres ; ils en ont beaucoup de reste et n’en ont guère vendu parce qu’ils étaient trop chers. On dit que M. Fouquet veut faire une bibliothèque [95] publique des siens ou, à moins que cela, les jésuites [96] dont il est à toute heure entouré < les > lui attraperont pour leur Maison où tels acquêts sont de bonne prise. Vous savez que tous les moines [97] sont de gros larrons in nomine Domini[35] M. Gargant, [98] intendant des finances, est mort de regret d’avoir perdu un million et d’avoir pris trois prises de vin émétique [99] de la main de Guénault et Rainssant. [100]

Je n’ai jamais vu ce traité de M. Petit de l’éclipse [101] de l’an 1654, mais bien ai-je ouï dire qu’il y a ici un honnête homme de ce nom qui est grand mathématicien. [36][102] J’ai ici vu ce Dispensatorium catholicum de Jo. Dan. Horstius, [103] cela est tiré de Renodæus [104] et de Quercetan ; [37][105] ce pauvre Allemand se donne bien de la peine, il devrait se souvenir que Immodicis brevis est ætas et rara senectus[38][106] Si vous lui écrivez, je vous prie de lui faire mes recommandations et de lui annoncer la mort de M. Riolan. M. Plempius [107] est bien homme à river le clou et à faire tête à Jo. Dan. Horstius, mais je pense qu’il a d’autres affaires dans la traduction de son Avicenne [108] dont la moitié est imprimée et l’autre est sur la presse. [39] La peste [109] est cessée à Rome. Les jésuites sont rétablis à Venise, [110] le général des jésuites [111][112] a écrit un bref au roi pour le remercier de ce qu’il a aidé à les remettre dans Venise. [40] L’ambassadeur d’Angleterre [113] devait aujourd’hui faire son entrée dans Paris par la porte de Saint-Denis, et je pense qu’il l’a faite. C’est celui qui par ci-devant était ici résident, il doit partir de la ville de Saint-Denis [114] en grand cortège et passer par-dessus le Pont-Neuf pour aller au faubourg Saint-Germain. [41][115] Le roi est allé à la chasse au Bois de Vincennes, [116] mais le cardinal [117] n’y est pas allé propter podagram qua detinetur in lectulo ; [42][118][119] je ne sais pas ce qui en arrivera à la fin, mais il me semble que cette goutte l’arrête souvent. Quand un homme à la goutte, il est à plaindre, quand il ne l’a pas, il est à craindre, car il arrive souvent pis. In manibus Domini sortes nostræ[43]

M. le premier président adhuc vivit, sed miseram vitam trahit, ad præsepe gemit, morbo moriturus inerti[44][120] Hier, de grands seigneurs de la cour lui menèrent un gentilhomme provençal nommé Corbon, [121] qui lui donna d’une poudre cordiale [122] qui lui devait fortifier le poumon ; hausit quidem, nec profuit[45] on a dit que c’était un secret que les médecins ne connaissaient point ; o mores, o tempora ! o deliria morientis sæculi ! [46] Le Mazarin a mis les charlatans à la cour, qui ont déjà tué sa sœur et sa nièce ; [47][123][124] ils pourront bien à la fin le tuer lui-même, je suis résolu à tout ce qui peut arriver de ce côté-là. Je me recommande à vos bonnes grâces et suis de toute mon affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin.

De Paris, ce mardi 13e de mars 1657.


a.

Ms BnF no 9357, fos 238‑240 ; Reveillé-Parise, no ccc (tome ii, pages 284‑288).

1.

Après la mort de sa seconde femme, Marie-Léopoldine, en 1649 (v. note [42], lettre 197), l’empereur Ferdinand iii (qui allait mourir le 2 avril 1657) avait pris pour troisième épouse, en 1651, Éléonore de Gonzague (1628-1686), sœur aînée du duc Charles ii de Mantoue (v. note [8], lettre 414). Ce fils du troisième lit, qui venait de naître, prénommé Ferdinand-Joseph-Aloÿs (v. la lettre de Charles Spon, datée du 20 mars 1657), était le quatrième fils de l’empereur et avait fort peu de chances de régner un jour ; il mourut l’année suivante.

2.

« enfin triomphe la bonne cause. »

3.

« Est fou celui qui, ayant tué le père, permet à ses enfants de survivre » (Aristote, v. note [29], lettre 86). Les deux fils de Charles ier, décapité par Cromwell en 1649, allaient successivement devenir rois d’Angleterre sous les noms de Charles ii (alors en exil) et de Jacques ii (alors duc d’York). V. note [7], lettre 471, pour les ambitions royales de Cromwell.

4.

Marguerite de Montmorency (morte le 3 décembre 1660), épouse en 1593 d’Anne de Lévis, duc de Ventadour (mort en 1622), était la demi-sœur de Charlotte-Marguerite de Montmorency, épouse de Henri ii de Bourbon et mère de Louis, le Grand Condé. Elles étaient respectivement filles du premier (Antoinette de La Marck) et du deuxième lit (Louise de Budos) du duc et connétable Henri ier de Montmorency (v. note [7], lettre 522).

5.

« pour passer sur-le-champ là d’où ils affirment que nul ne revient [Catulle, v. note [11], lettre 237]. »

6.

« pour une diathèse [disposition, v. note [4], lettre latine 17] inflammatoire du poumon » ; phlegmonode est un hellénisme (φλεγμονωδης), pour phlegmoneux, adjectif désignant ce qui a la nature d’un phlegmon (v. note [14] de Thomas Diafoirus et sa thèse).

7.

« dont il espérait de l’argent ». Guy Patin a plusieurs fois dénoncé la falsification de l’antidotaire de la Faculté que commit Philippe ii Hardouin de Saint-Jacques (v. note [15], lettre 54) durant son décanat, au profit de l’antimoine (v. note [14], lettre 15).

8.

Guy Patin allait en effet annoncer, quelques paragraphes plus bas, la mort d’Isaac de Laffemas (v. note [12], lettre 447) le 11 mars ; mais avec ambiguïté car dans une lettre ultérieure, il l’a de nouveau annoncée à Charles Spon en la datant du 16 mars (v. note [4], lettre 472).

9.

« c’est un imposteur et un serpent, formé dans le sein de Guénault, un animal stibial [antimonial] ».

10.

Charles de Tilly, seigneur châtelain de Blaru, était gouverneur des ville et château de Vernon, capitaine des chasses du roi pour les forêts d’Andelis, Gisors, Gani, Bacqueville, etc. Il ne fut créé marquis de Blaru qu’en 1659, par lettres d’érection enregistrées à la Chambre des comptes en 1660 et au Parlement en 1661.

11.

migraine (hémicrânie) : « mal aigu qui afflige la moitié de la tête, qui se dit proprement quand on n’en sent la douleur que d’un côté, soit à droite, soit à gauche. Quelquefois elle ne monte pas plus haut que les muscles temporaux ; d’autres fois elle monte jusqu’au haut du crâne. La migraine est causée par des vapeurs mordicantes élevées des hypocondres à la tête, qui pressent et piquent le péricrâne [périoste] ou les méninges du cerveau » (Furetière).

12.

« Diogène Laërce sur les Vies des philosophes, avec les annotations de divers auteurs, savoir Casaubon, Aldobrandini, Gassendi, etc. » : faux bruit, projet avorté ou allusion fort prématurée au Diogène Laërce qui parut à Londres en 1664 (sans contribution de Pierre Gassendi, v. note [17], lettre 750). V. note [1], lettre 147, pour les Petri Gassendi Animadversiones in decimum librum Diogenis Lærtii… [Remarques de Pierre Gassendi sur le dixième livre de Diogène Laërce (consacré à Épicure)…] (Lyon, 1649).

Tommaso Aldobrandini (1540-1572), prélat et humaniste italien, était le frère cadet du pape Clément viii. Sa traduction latine de Diogène Laërce avec des notes a été publiée à Rome en 1594.

13.

Le nom de Jacques Perreau remplace sur le manuscrit celui de Rainssant, que Guy Patin a barré.

14.

« souffre d’une rechute à cause d’une faiblesse excessive des parties thoraciques ».

15.

« où le plus grand secours est la saignée itérative des deux veines basiliques, {a} qui produit un sang entièrement corrompu et de couleur plombée. »


  1. Conformément aux conceptions antérieures à la découverte de la circulation du sang, on qualifiait ces deux veines d’hépatique au bras droit et de splénique au bras gauche, en raison de leurs liens supposés avec les viscères (v. note [3], lettre 144).

16.

« suivant le rite romain. »

17.

« autrement c’est un homme de bien et de piètre santé ».

18.

« d’une fausse couche ».

19.

Les Harlay (Popoff, nos 22 et 106) ont formé l’une des dynasties du Parlement de Paris, dont Guy Patin mentionnait ici deux grandes figures.

20.

« pour ne pas l’empirer. »

21.

Obséder est à prendre ici dans sons sens latin premier (obsidere, assiéger) : « être assidu auprès de quelqu’un, de manière à l’isoler des autres personnes » (Littré DLF).

22.

« d’où il s’est trouvé beaucoup moins bien ».

23.

« pour éviter qu’il ne suffoque. »

24.

« dans une telle maladie, et chez un tel malade ».

25.

« c’est un médicament altérant, un fauteur de malignité ».

26.

Magni Hippocratis Coaca Præsagia, brevi enarratione illustrata, decerpta a Galeno, Hollerio, Dureto, Foësio, Iacotio, et aliis non inferioris Notæ viris. In formam Encheiridii ad usum faciliorem composita. Authore D. Lud. Ferrant, Doctore et Professore Medico, in alma biturigum Academia. Discrepantes reconciliante, variantes explicante, dubios denique obfirmante.

[Les Prénotions coaques du grand Hippocrate, enrichies d’un court commentaire, cueilli dans Galien, Houllier, Duret, Foës, Jacot et d’autres auteurs de non moindre renom. {a} Composées sous la forme d’un manuel pour un emploi plus commode. Par M. Louis Ferrant, {b} docteur et professeur de médecine en la bienfaisante Université de Bourges]. {c}


  1. Désiré Jacot a été le premier à éditer et annoter les commentaires de Jacques Houllier sur les Coaques (Lyon, 1576, v. note [13], lettre latine 78).

  2. Louis Ferrant avait été reçu docteur de la Faculté de médecine de Bourges en 1636 et en mourut doyen d’âge. Il a aussi publié un Traité du Tabac, de son usage, et de ses utilités et vertus, pris en sternuatoire… (Bourges, la veuve et Jean Toubeau, 1655, in‑4o).

  3. Paris, Jean Pocquet, 1657, in‑12 de 679 pages, grec et latin.

27.

« les médicastres auliques ».

28.

« Il vit encore, il n’est pas encore trépassé, mais je crois qu’il est en train de mourir. » Guy Patin a ajouté ce rectificatif dans la marge : le premier président Pomponne ii de Bellièvre ne mourut que le 13 mars, et ce paragraphe est daté du 11.

29.

« On ne sait pas encore qui lui succédera. »

30.

« personne n’obtiendra gratis une si grande dignité. “ La curie veut des écus, elle vide les bourses et les coffres : fuis les papes et les patriarches si tu veux ménager ta bourse ” [v. note [9], lettre 318] ».

31.

« docteur véritablement polyglotte » ; v. note [15], lettre 282, pour Gilbert Gaulmin, maître des requêtes et orientaliste.

32.

« et si l’affaire est retenue par les chicanes d’un long procès, je ne m’en figure ni la durée ni la fin. » Au sujet du grave différend entre Jean ii Riolan et son fils Henri, l’avocat, voir le passage en date du 21 avril dans la lettre à Charles Spon du 25 avril 1653.

33.

Jean Baudoin (ou Baudouin ; Pradelle, Vivarais vers 1590-1650) se rendit à Paris, devint lecteur de la reine Marguerite (Margot, v. note [4], lettre latine 456), et fut l’un des premiers membres de l’Académie française. Doué d’une grande facilité naturelle, il a laissé plus de 60 ouvrages, où l’on sent beaucoup trop qu’il écrivait propter famem, non famam [pour la faim, et non pour la renommée]. La plupart de ces productions sont de médiocres traductions d’auteurs anciens (G.D.U. xixe s.). V. note [57] du Bornoniana 5 manuscrit pour son utile version de l’Histoire des Guerres civiles de France d’Enrico Catherino Davila (Paris, 1657).

Charles Spon avait dû demander à Guy Patin si Baudoin n’était pas le traducteur de l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (I.‑A. Thuani historiarum sui temporis…, v. note [4], lettre 13), mais c’était Pierre Du Ryer (v. note [9], lettre 441) qui s’était attelé à cette tâche.

34.

« parce qu’il exhalait comme une odeur de patavinité ». L’Encyclopédie s’est interrogée sur la patavinité :

« Chez les critiques, c’est une faute qu’on reproche à Tite-Live, et qu’il a tirée de Padoue sa patrie, qu’on appelait autrefois Patavium. Asinius Pollion, {a} comme nous l’apprend Quintilien, a taxé Tite-Live de patavinité. {b} Les critiques se sont donné des peines infinies pour découvrir en quoi consistait cette patavinité. »


  1. V. note [7], 2e lettre (avant 1650) de Roland Desmarets de Saint-Sorlin.

  2. Quintilien (v. note [4], lettre 244), L’Institution oratoire (livre viii, chapitre 1), sur l’élocution :

    Et in Tito Livio, miræ facundiæ viro, putat inesse Pollio Asinius quandam Patavinitatem. Quare, si fieri potest, et verba omnia et vox huius alumnum urbis oleant, ut oratio Romana plane videatur, non civitate donata.

    [Asinus Pollio trouvait une certaine patavinité dans Tite-Live, auteur dont on admire pourtant l’éloquence. Puissent donc tout notre vocabulaire et même notre accent sonner comme la langue des Romains, et non celle de citoyens d’adoption].


Le Marseillais Gabriel Boule (v. note [31], lettre 248) avait été pressenti pour traduire du latin en français l’Histoire de Jacques-Auguste i de Thou.

35.

« au nom du Seigneur. »

Sur l’achat de la bibliothèque de René Moreau par Nicolas Fouquet et sa dispersion partielle, Joseph Lévy-Valensi tient ce curieux propos dans son chapitre sur Jean Pecquet : {a}

« Le surintendant le récompensa, en 1657, en lui offrant la bibliothèque médicale de Moreau que désirait Patin, deinde iræ. »


  1. La Médecine et les médecins français au xviie siècle (Paris, J.‑B. Baillière et fils, 1933), page 516.

  2. Sa malencontreuse altération de l’inde iræ [d’où les colères] de Juvénal (v. note [2], lettre 197), pour en faire un insipide deinde iræ [ensuite les colères], est aussi consternante que le conte que Lévy-Valensi a inventé (ou recopié d’on ne sait où) : Guy Patin n’a nulle part écrit que Fouquet avait donné à Pecquet les livres médicaux de Moreau.

36.

Pierre Petit (Montluçon 1594-Lagny-sur-Marne 1677) avait rempli pendant quelque temps la charge de contrôleur à Montluçon puis s’en était démis et s’était rendu à Paris où Richelieu le nomma commissaire provincial d’Artillerie, et le chargea d’inspecter les ports de France et d’Italie. En 1649, il était devenu conseiller et géographe du roi et intendant général des fortifications. Il signala l’un des premiers les vérités importantes contenues dans la Dioptrique de Descartes et reprit, avec Blaise Pascal, les expériences de Torricelli sur le vide. On lui doit l’invention de plusieurs instruments, entre autres d’une machine pour mesurer exactement le diamètre des astres (G.D.U. xixe s.).

Petit a publié plusieurs ouvrages de mathématiques, de physique et d’astronomie, mais aucun sur la comète de 1654. La méprise de Charles Spon, que Guy Patin corrigeait ici, tenait :

37.

Le titre complet du « Dispensaire universel » de Johann Daniel Horst {a} est :

Pharmacopœia Galeno-Chemica, Catholica post Renodæum, Quercetanum, aliosque huius generis celeberrimos utriusque Medicinæ Doctores practicos adornata selectissimisque medicamentorum compositionibus, experimentis, et observationibus Spagyricis rarissimis et novis, necnon morborum omnium appropriatis remediis probatissimis adaucta. Accesserunt Institutiones Pharmaceuticæ Methodo elegantissima præparandi Pharmaca et doctrina de tota Materia Medica, cura Joannis Danielis Horstii, Archiatris Hassiaci.

[Pharmacopée galéno-chimique {b} universelle : améliorée après Renodæus et Quercetanus, {c} et d’autres fort célèbres docteurs de ce genre, praticiens de l’une et l’autre médecine ; {d} embellie des compostions les mieux choisis des médicaments, d’expériences, et d’observations spagiriques nouvelles et de la plus haute rareté ; mais aussi enrichie des remèdes les plus efficaces et éprouvés de toutes les maladies. Y ont été ajoutées des Institutions pharmaceutiques, avec une méthode pour préparer les plus élégantes médications et une doctrine sur la matière médicale tout entière. Par les soins de Johann Daniel Horst, archiatre de Hesse]. {e}


  1. Guy Patin a entretenu une correspondance soutenue avec Johann Daniel Horst : notre édition contient 27 lettres qu’il lui a écrites entre le 24 août 1657 et le 25 août 1668.

  2. V. note [10] de la lettre de Julien Bineteau, datée du er octobre 1651.

  3. V. note [16], lettre 15, pour Jean de Renou, et [11], lettre 211, pour Joseph Duchesne.

  4. Médecines galéniste (dogmatique) et chimique (spagirique).

  5. Francfort, Joannes Godofredus Schönwetterus, 1651, in‑fo de 614 pages.

38.

« Les êtres extraordinaires ont la vie brève et vieillissent rarement » (Martial, v. note [1], lettre 448).

39.

Clarissimi et præcelentissimi Doctoris Abu Ali Ibn-Tsina, qui hactenus perperam dictus est Avicenna, Canon medicinæ, interprete et scholiaste Vopisco Fortunato Plempio. Tom. i, librum primum et secundum Canonis exhibens, atque ex libro quarto tractatum de febribus.

[Canon de la médecine du très illustre et très éminent Abu Ali Ibn Sina, qu’on a jusqu’ici appelé par erreur Avicenne, {a} dans la traduction et avec les annotations de Vopiscus Fortunatus Plempius. {b} Tome i, qui contient les premier et second livres du Canon, et le traité des fièvres tiré du quatrième livre]. {c}


  1. V. note [7], lettre 6.

  2. Vopiscus Fortunatus Plempius a correspondu avec Guy Patin.

  3. Louvain, Hieronymus Nempæus, 1658, in‑fo en deux volumes : 1o. livre premier du Canon (432 pages) ; 2o. livre deuxième (311 pages) et partie du livre quatrième consacrée fièvres (71 pages) ; il n’y a pas eu d’autre tome.

Plempius avait travaillé à partir de manuscrits arabes que son ami le mathématicien hollandais Jacob Golius (v. note [5], lettre latine 66) avait rapportés de son périple au Proche-Orient (1622-1629). V. note [11], lettre 11, pour les deux éditions latines complètes des œuvres médicale d’Avicenne, qui faisaient alors autorité (Venise, 1555 et 1564).

40.

Goswin Nickel (Coslar, Allemagne 1584-31 juillet 1664), entré dans la Compagnie de Jésus en 1604, était devenu provincial d’Allemagne. Il avait été élu 10e supérieur général des jésuites le 17 mars 1652 quelques jours après la mort d’Alessandro Gottifredi (Rome 1595-ibid. 1652), dont le généralat avait été extrêmement bref (21 janvier-12 mars 1652).

41.

En février 1656, Cromwell avait nommé son neveu par alliance, sir William Lockhart (v. note [10], lettre 538), ambassadeur extraordinaire en France. Il allait obtenir la signature de l’alliance militaire franco-britannique contre l’Espagne le 23 mars 1657. Le roi le reçut au Louvre le 16 mars.

La Gazette, ordinaire no 36 du 24 mars 1657, nouvelles datées De Paris, le 24 mars 1657 (page 287) :

« Le 17, Mylord Lockhart ambassadeur d’Angleterre, qui avait aussi été complimenté par le comte d’Orval de la part de la reine, eut audience de Monsieur dans son appartement au Louvre, ce prince l’ayant traité avec sa bonne grâce ordinaire et de particulières marques d’affection. Et le lendemain, il fut visiter Son Éminence, qui le reçut avec les mêmes témoignages. »

42.

« à cause de la podagre qui le retient au lit ».

43.

« Notre sort est entre les mains du Seigneur » (Psaumes, v. note [1], lettre 371).

V. note [1], lettre 872, pour l’aphorisme de Louis Duret sur la goutte.

44.

« vit encore, mais il traîne une vie misérable, il gémit à côté de sa mangeoire, attendant sans bouger que la maladie l’emporte » ; Ovide (Métamorphoses, livre vii, vers 544), sur l’agonie d’un cheval atteint de la « peste d’Égine » :

ad præsepe gemit, leto moriturus inerti.

[il gémit à côté de sa mangeoire, attendant sans bouger que la mort l’emporte].

45.

« il en a bu certes, mais elle ne lui a pas profité ».

46.

« ô temps ! ô mœurs ! [Cicéron ; v. note [52], lettre 292] ô extravagances d’un siècle moribond ! ».

47.

Hiéronyme Mancini, née Mazzarini, et sa fille, Laure Mancini, duchesse de Mercœur.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 13 mars 1657

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(Consulté le 18/04/2024)

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