L. 511.  >
À Charles Spon,
le 28 décembre 1657

Monsieur mon bon ami, [a][1]

Vous avez eu ma dernière du mardi 18e de décembre, de quatre grandes pages, que j’ai portée chez M. Alleaume, [2] procureur de votre Collège, [3] afin qu’elle fût mise dans le paquet de M. Robert [4] et qu’elle vous fût rendue, comme je crois qu’elle a été en toute assurance, car M. Robert me l’a promis aussi, l’ayant rencontré le même jour sur le pont Saint-Michel. [5]

Ce 19e de décembre. Les lettres de Flandres [6] portent, du 14e de décembre, que depuis 15 jours le prince de Condé [7] a toujours empiré et qu’il est bien malade. J’en vois ici qui disent qu’il mourra. Mardyck [8] n’est plus assiégée, tous ceux que l’on y avait envoyés reviennent, et même M. de Turenne [9] doit arriver bientôt. Cette épouvante est venue d’un convoi que les Espagnols faisaient passer, que l’on avait pris pour une armée. Le roi [10] a été ce matin au Parlement y faire vérifier une déclaration contre les jansénistes, [11][12] pour les deux bulles [13][14] des deux papes derniers. Elle a été vérifiée avec trois restrictions, lesquelles embarrassent fort les jésuites. [15] M. Talon, [16] premier avocat général, y a fortement harangué pour les droits du roi, de sorte que Messieurs les loyolites, le nonce du pape [17] et les évêques qui se sont ici trouvés sont fort malcontents de cette harangue, que tous les honnêtes gens louent et exaltent fort. M. Talon ne craint point tous ces gens-là. [1]

Il court ici un bruit que M. de Guise [18] s’en va à Naples [19] où il y a une grande révolte et un secours de 4 000 bandits, qu’il ira en qualité de lieutenant général de M. le duc d’Anjou [20] à qui l’on donne le titre de roi de Naples. [2] Cette nouvelle est peut-être romanesque, mais en voici une véritable et tragique : c’est qu’un laquais, par mégarde, a mis le feu dans une tour pleine de poudres à Bordeaux, qui a renversé la moitié de l’hôtel de ville et la moitié du Collège des jésuites, et qui a tué plus de 300 personnes. [21]

On imprime un Claudian [22] en français traduit par M. Nicole, [3][23] avocat de Chartres, [24] et un livre des Fleurs et de leur nature par M. Morin [25] le fleuriste. [4] On imprime aussi les Mémoires de M. de Castelnau de Mauvissière [26] en deux volumes in‑fo[5] Il avait jadis été ambassadeur en Angleterre vers le roi Élisabeth, du temps de Charles ix [27] (M. Duplessis-Mornay disait qu’il fallait dire ainsi, et dire la reine Jaquette, vu que cette princesse méritait le haut-de-chausse). [6][28][29] On dit que Guénault [30] a mandé de Gand [31] que le prince de Condé se porte mieux d’une rechute qu’il a eue ; mais il y a ici des lettres de Gand datées du 14e, et par conséquent postérieures à celles de Guénault, lesquelles portent que le prince est fort empiré, qu’il a reçu ses sacrements et que tout le pays est fort alarmé de la peur que l’on a de sa mort. Ma pensée en est toute contraire : le siège de Paris et le massacre de l’Hôtel de Ville sont ouvrages de ses mains, propter quæ omnium odio dignus est ; [7] quand un prince tel que celui-là se meurt, le diable en rit.

Ce 24e de décembre. Et voilà votre lettre du 18e de décembre, laquelle m’a réjoui tout à l’heure, comme il ne manque jamais de m’arriver quand j’en reçois de votre part. Mais incontinent après, la mort de monsieur votre fils aîné [32] m’a touché très sensiblement. J’en ai très grand regret à cause de vous et de Mlle Spon, [33] et même à cause de lui. Peut-être que quelque jour j’eusse eu le bonheur de l’embrasser et de le tenir céans si votre dessein eût été de le mettre à la médecine. Je sais bien que l’on peut dire de lui cito raptus est ne malitia mutaret intellectum ; [8][34] mais ce n’est pas assez, ceux qui ont perdu ce qu’ils aiment tendrement ne le recouvrent point par là, joint que Quodammodo moritur Ille qui amittit suos[9][35] Je prie le Dieu des gens de bien qu’il vous console et vous désennuie de cette signalée perte, et qu’il envoie à Mlle Spon un bon et heureux accouchement de quelque beau garçon qui soit plus fort que le défunt, que je soupçonne avoir été délicat et avoir eu de mauvais poumons puisqu’il est mort de la sorte en si peu de temps. S’il n’y avait que 25 lieues d’ici à Lyon, j’irais dire la vie de sainte Marguerite [36] pour Mlle Spon, [10] et prendre ma part du gâteau du baptême de cet enfant qui viendra, de la naissance duquel je tâcherais de me réjouir avec vous pour vous consoler de la perte de l’autre ; mais cela ne se pouvant faire, il faut attendre quelque autre commodité par laquelle nous puissions nous embrasser, et mutuas audire et reddere voces[11][37][38][39] Et à tant de ce fâcheux article.

Je suis bien aise que M. Monin, [40] du Vivarais, vous ait vu et vous ait rendu la mienne. Il est bon garçon, sage, civil, et de plus il est savant ; il a bien employé son temps de deçà. Votre M. Dinckel [41] me vient quelquefois rendre visite, il est sage et civil, et a bien envie d’apprendre la bonne pratique. Je serai ravi de voir de votre part cet autre Hollandais nommé M. de La Fontaine, [42] de qui M. Dinckel m’a aussi parlé. Voilà les courts jours passés, je tâcherai de commencer mes leçons [43][44] dès qu’ils seront un peu plus grands, après la Chandeleur. J’ai ici beaucoup d’écoliers qui m’attendent. Je me passerai donc de ce nouveau philosophe encapuchonné qui se nomme Lalemandet. [45] Pour le livre de Javellus, je ne l’ai point et ne m’en soucie guère. [46] Peut-être qu’il ne m’est pas propre : il était un des écoliers de Pomponace [47] et vivait du temps de Léon x ; [48] mais il était payé pour croire l’immortalité de l’âme mieux que son maître car il était moine jacobin[49] et Pomponace était un laïc libertin [50] qui n’y croyait point du tout. [12]

Je vous remercie d’avoir parlé à M. Huguetan l’avocat [51] touchant les trois articles proposés, et ai grand regret qu’il n’ait pu nous rien enseigner de ces trois miens doutes, desquels je ne sais personne de deçà qui m’en puisse rien apprendre. Il me semblait que je lui en avais autrefois ouï dire quelque chose, et principalement des deux premiers. [13] Je lui baise les mains.

Il y a en cette ville un Lyonnais nommé M. Dandré, [52] qui parle de s’en retourner delà le 15e de janvier prochain. Je lui donnerai un petit paquet pour vous si je ne trouve auparavant quelqu’un qui me soit plus propre, et là-dedans vous y trouverez la thèse [53] dédiée à M. le chancelier [54] avec l’Aristippe de Balzac. [14][55]

Je vous supplie de toute mon affection de m’assister dans le dessein que j’ai pour l’édition du Thomas Erastus[56][57] C’est infailliblement un bon livre que je ferai bien valoir contre le Paracelse [58] de Genève. J’ai grand nombre de bons écoliers que je mets dans le bon chemin qui me serviront de trompettes à le faire débiter ; cette impression du Paracelse nous y servira aussi. [15]

Je baise très humblement les mains à Mlle Spon, à laquelle je souhaite bonne et heureuse délivrance d’un beau garçon. Ha, que je voudrais bien être à Lyon quand on le baptisera ! Je vous prie aussi de faire mes très humbles recommandations à Mlle Seignoret, [59] et pareillement à Monsieur son mari [60] qui m’a fait l’honneur de me venir voir céans et duquel je me souviens fort bien.

Votre M. Cohon, [61] évêque de Nîmes, est un fort dangereux garçon, grand mazarin, qui a besoin d’argent. Selecta Medica de M. Vander Linden [62] contiennent quelque chose de fort bon et de plus, ce livre est fort bien imprimé. [16] Ce M. de Primerose [63] est français de nation, fils d’un ministre de Bordeaux. Il fait aujourd’hui la médecine en Angleterre. Multa scripsit, ex quibus potissimum laudo Errores populares[17] Il est tout fraîchement venu un autre livre de lui, contre M. Plempius, [64] de Fundamentis medicinæ, où il parle de la fréquente saignée en faveur des médecins de Paris. Pour votre M. Mazuray [65] qui est encore à Montpellier, [66] j’ai bien peur qu’il n’amende guère là, n’ayant pu profiter ici. Ces Guêpins et Orléanais sont grossiers et pesants outre mesure : mentis hebetudine plurimum laborat[18] il est bien lourdaud et n’est point savant ; M. Monin, du Vivarais, est bien plus gentil. Quand il reviendra de Montpellier, contentez-vous s’il vous plaît de lui faire bonne mine et rien davantage ; qu’il revienne à Orléans y manger du cotignac, [67] c’est peut-être ce qui lui a si fort appesanti l’esprit qu’il en est presque bête : il est de genere eorum sanguineorum, qui fiunt hebetes et stolidi, secundum doctrinam Galeni, comm. in Hipp. de natura humana[19][68][69]

Ce 24e de décembre à dix heures du soir. Aujourd’hui sur les cinq heures du soir, un bruit a couru que le prince de Condé est mort à Gand. On dit que c’est d’une lettre qu’un de ses officiers a écrite. S’il est vrai aujourd’hui, il le sera encore demain, et en tout, n’y aura jamais grande perte. Mais voilà nos gens qui s’en vont à la messe de minuit, et moi je m’en vais coucher pour tâcher de dormir.

Ce 26e de décembre. Les nouvelles de Gand portent que le prince de Condé est toujours malade et que la fièvre ne le quitte point ; si bien que l’on ne peut dire qu’il soit hors de danger, joint qu’il est fort maigre et fort décharné. On a envoyé 200 000 écus au roi de Suède, [70] on lui en prépare 300 000 autres afin qu’il fasse armée et qu’il continue la guerre en Allemagne. On parle ici d’une nouvelle révolte dans le royaume de Naples où 6 000 bandits ont pris leur quartier d’hiver, on leur a promis du secours. M. de Guise [71] s’y en va avec le chevalier Paul [72] et 7 000 hommes qu’on leur mène. [20] Quelques-uns disent que la reine de Suède [73] ira en qualité de généralissime nôtre et que M. de Guise ne sera que son lieutenant général. Je vous baise les mains et suis tout vôtre

ære et libra, [21] G.P.

De Paris, ce vendredi 28e de décembre 1657.


a.

Ms BnF no 9357, fos 290‑291, « À Monsieur/ Monsieur Spon,/ Docteur en médecine,/ À Lyon » ; Reveillé-Parise, no cccxxii (tome ii, pages 364‑367). À côté de l’adresse, de la main de Charles Spon : « 1657./ Paris, 28 décemb./ Lyon, adi 6 janv. 1658/ Rispost./ Adi 15 dudit. »

1.

Les bulles Cum occasione d’Innocent x (31 mai 1653, v. note [16], lettre 321) et Ad sacram d’Alexandre vii (16 octobre 1656) condamnaient les Cinq Propositions des jansénistes et instituaient le Formulaire (v. note [9], lettre 733).

Sainte-Beuve (Port-Royal, livre iii, chapitre vi ; tome ii, pages 54‑55) :

« Cependant Alexandre vii, qui venait de succéder à Innocent x, confirmait par une bulle nouvelle le décret de son prédécesseur ; on inséra dans le Formulaire précédent la soumission à cette seconde bulle qui déterminait encore mieux le sens antijanséniste de celle d’Innocent x, et l’Assemblée < du Clergé > de 1657 arrêta que le roi serait supplié de faire expédier une déclaration enjoignant à tous les ecclésiastiques du royaume de signer. Mais le Parlement de Paris ne se prêta pas à enregistrer la déclaration et la bulle ; il fallut la présence du roi pour le contraindre < au > lit de justice du 19 décembre 1657. Ces difficultés, que j’abrège, parurent lasser subitement le cardinal, qui répondit un jour assez brusquement à de nouvelles instances du Père Annat, que sa Compagnie lui donnait seule plus d’affaires que tout le royaume et que le roi avait plus fait pour eux qu’il ne devait. Il y eut un intervalle singulier, une pause : le Formulaire et la Signature, bien que décrétés, en restèrent là jusqu’en l’année 1660, où l’affaire se réveilla. »

2.

V. note [22], lettre 509.

3.

Proserpine {a}, poème de Claudian, {b} traduit en vers héroïques {c} et achevé… par M. le président Nicole. {d}


  1. V. notule {a}, note [3] du Faux Patiniana II‑6.

  2. V. note [10], lettre 138.

  3. V. note [5], lettre de Charles Spon, datée du 15 janvier 1658.

  4. Paris, C. de Sercy, 1658, in‑12 de 87 pages ; précédente édition intitulée Le Ravissement de Proserpine : Traduction de Claudian (Paris, Augustin Courbé, 1651, in‑8o de 48 pages), ne contenant que le premier des trois livres, mais assortie de 29 pages de poèmes variés de l’auteur. Une version complète de sa Proserpine a reparu sans ses Œuvres (Paris, 1693).

Claude Nicole (ou Nicolle, Chartres 1611-ibid. 1686) fut conseiller du roi puis président de l’élection de Chartres, et consacra ses loisirs à la poésie. Il était l’oncle du moraliste janséniste Pierre Nicole (v. note [6], lettre de Charles Challine à Guy Patin, datée du 7 mars 1656). Claude Nicole écrivait avec facilité, mais dans un style lâche, sans couleur. Le recueil de ses compositions (Paris, 1662, 2 volumes in‑12) comprend beaucoup de traductions d’Horace, d’Ovide, de Pétrone (G.D.U. xixe s.).

4.

Remarques nécessaires pour la culture des fleurs. Diligemment observées par P. Morin. {a} Avec un Catalogue des plantes rares qui se trouvent à présent dans son jardin. {b}


  1. Pierre Morin, horticulteur (fleuriste) et naturaliste français du xviie s., a dû son grand renom au jardin qu’il cultivait à Paris, près de l’hôpital de la Charité (v. note [4], lettre latine 71). Il collectionnait aussi aussi les insectes et les coquillages.

    L’anonyme avis Au lecteur présente ainsi l’auteur :

    « [Ce livre] contient les Observations de Monsieur Morin, faites sur la culture des plantes pendant plus de quarante années. Et l’on peut dire, à l’avantage d’un si excellent homme, que tout ce que vous trouverez ici est de son cru et pris dans son jardin, sans avoir rien emprunté d’ailleurs. C’est ce qui doit rendre cet ouvrage considérable aux curieux, qui ne le doivent pas prendre pour un petit ouvrage, tel qu’il paraît, mais bien pour un bouquet d’une multitude de travaux et d’expériences, artistement agencé pour leur contentement et satisfaction. Ce traité eût paru sans doute avec plus de grâce et en meilleur ordre, sans une grande maladie qui a attaqué l’auteur dès le commencement de l’impression, et dont il n’y a pas d’espérance de le voir bientôt libre. »

  2. Paris, Charles de Sercy, 1658, in‑8o de 222 pages, pour la première de nombreuses éditions. Il contient notament :

    • un Calendrier mémorial des ouvrages qu’il faut faire au jardin des fleurs selon chaque mois de l’an ;

    • quatre Catalogues de quelques plantes à fleur qui sont de présent au jardin de P. Morin – anémones, renoncules de Tripoli, tulipes et iris bulbeux.

5.

Michel de Castelnau de la Mauvissière (vers 1520, au château de la Mauvissière en Touraine vers 1520-Joinville 1592), militaire et diplomate français, a laissé des Mémoires (Paris, 1659, v. note [7], lettre latine 218 ; première édition en 1621) qui couvrent la période allant de 1559 à 1570.

6.

Élisabeth ire (née en 1533), fille de Henri viii et d’Ann Boleyn (v. note [32] du Faux Patiniana II‑7), fut couronnée reine d’Angleterre et d’Irlande en 1558. Les Ana de Guy Patin ont abondamment illustré son règne.

Morte sans alliance en 1603, Élisabeth fut la dernière souveraine de la dynastie des Tudor. Jacques (James) Stuart (v. note [17], lettre 287) lui avait succédé, devenant le premier souverain de Grande-Bretagne, dont le royaume réunissait ceux d’Écosse (sous le nom de Jacques vi), et d’Angleterre et d’Irlande (Jacques ier).

V. note [4], lettre 282, pour Philippe Duplessis-Mornay et ses Mémoires. La jaquette était une « robe de petits garçons qu’ils portent jusqu’à ce qu’on leur donne le haut-de-chausse » (Furetière).

7.

« à cause desquels il est digne de la haine générale ».

8.

« tôt enlevé de peur que la malice n’altérât son intelligence » (Livre de la Sagesse, v. note [4] du Faux Patiniana II‑2).

Mort le 9 décembre 1657, ce fils aîné de Charles Spon, prénommé Mathieu, était né en 1644 (v. note [5], lettre 113). Le couple conservait cinq enfants vivants. Une fille, prénommée Dorothée, était sur le point de naître (v. note [6], lettre de Charles Spon, le 28 décembre 1657).

9.

« celui qui a perdu les siens est, d’une certaine façon, lui-même mort », Publilius Syrus, Sentences (vers 326). : {a}

Homo toties moritur, quoties amittit suos.

[L’homme meurt chaque fois qu’il perd un des siens].


  1. Publilius Syrus ou Publius tout court, esclave syrien affranchi et poète latin du ier s. av. J.‑C, a laissé des aphorismes qu’on a recueillis sous forme de 1 106 vers (sans doute mêlés à ceux d’autres auteurs) sous le titre de Sentences (ou Mimes).

10.

La sainte Marguerite dont Guy Patin voulait dire la vie à Marie Spon n’était pas celle d’Antioche (v. note [15], lettre 480), mais d’Écosse (1045-1093), épouse du roi Malcolm iii, à qui, en 23 ans d’union exemplaire, elle donna huit enfants. Admirable pour son influence bénéfique sur son mari, sa dévotion à Dieu et sa charité envers les pauvres, Margaret fut canonisée en 1251.

11.

« et bavarder ensemble » (Virgile, v. note [19], lettre 152).

12.

V. note [24], lettre 504, pour le père minime Jean Lalemandet et son Cursus philosophicus.

Chrysostomus Javellus Canapicius (Grisostome Javelli, natif de Ronco Canavese, Ronc en français, dans le Piémont vers 1470-Bologne 1538), philosophe et théologien dominicain, a commenté la plupart des ouvrages d’Aristote. La principale polémique de sa carrière fut contre Pierre Pomponace, dont il réfuta le traité de Immortalitate animæ [sur l’Immortalité de l’âme]. {a} Le livre de Javellus auquel Guy Patin faisait ici allusion était probablement son :

Tractatus de animæ humanæ indeficientia, in quatruplici via. s. Peripatetica, Academica, Naturali et Christiana, revisus per authorem et nunc primo editus.

[Traité sur la perpétuité de l’âme humaine considérée selon quatre méthodes, la péripatétique, l’académique, la naturelle et la chrétienne ; revu par l’auteur et publié pour la première fois].


  1. V. notes [10], lettre 20, pour Pomponace et son livre publié en 1516, et [7], lettre 205, pour l’avis du P. Théophile Raynaud sur son athéisme.

  2. Venise, Aurelius Pincius, 1536, in‑12 de 135 pages.

13.

Dans le post-scriptum de sa lettre du 4 décembre 1657, Guy Patin avait chargé Charles Spon d’interroger leur ami, l’avocat Jean Huguetan, sur trois personnages : deux médecins, Simon Simoni de Lucques et Claude Aubery, et un théologien protestant, Johann Heinrich Alsted (Alstedius).

14.

V. notes [33], lettre 504, pour la thèse quodlibétaire de Pierre Cressé sur le thé, dédiée au Chancelier Séguier, et [7], lettre 303, pour l’Aristippe de Jean-Louis Guez de Balzac.

15.

V. note [8], lettre 392, pour les Opera omnia de Paracelse, en cours d’impression à Genève, auxquelles Guy Patin rêvait de répliquer en éditant les œuvres d’Erastus (v. note [8], lettre 358), l’un des plus virulents détracteurs de Paracelse.

16.

V. notes : [10], lettre 165, pour Anthyme Denis Cohon, redevenu évêque de Nîmes en 1655, qui avait été agent de Mazarin aux plus sombres moments de la Fronde et qui menait alors un combat politique acharné contre les protestants de son diocèse (v. note [17], lettre de Charles Spon, le 15 janvier 1658) ; et [29], lettre 338, pour les Selecta medica… [Morceaux médicaux choisis…] (Leyde, 1656) de Johannes Antonides Vander Linden.

17.

« Il a beaucoup écrit, où ce que je loue le plus sont ses Erreurs populaires ». {a}

L’autre ouvrage que Guy Patin citait ensuite était la :

Destructio Fundamentorum Medicinæ Vopisci Fortunati Plempii in Academia Lovaniensis Medicinæ Professoris. Ubi breviter quatercentum ipsius errores demonstrantur Jacobo Primerosio Doctore Medico.

[Destruction des Fondements de la médecine de Vopiscus Fortunatus Plempius, {b} professeur de de médecine à l’Université de Louvain. Où James Primerose, docteur en médecine, dénonce brièvement quatre cents de ses erreurs]. {c}


  1. Amsterdam, 1639, v. note [41], lettre 104.

  2. V. note [10], lettre 482, pour les Fundamenta de Vopiscus Fortunatus Plempius (Louvain, 1654).

  3. Rotterdam, Arnoldus Leers, 1657, in‑4o de 197 pages. L’argument principal de la dispute était la question de la circulation du sang, idée dont Plempius fut un des grands défenseurs après en avoir été un des premiers opposants.

18.

« il est affligé d’une grande stupidité d’esprit. »

Guêpin (Trévoux) : « natif, originaire, habitant d’Orléans », mais aussi « mot burlesque ou sobriquet qu’on emploie quand on veut marquer qu’une personne est fine, adroite, rusée. » Guy Patin n’employait pas ici ce mot dans son second sens.

19.

« du genre de ces sanguins dont le tempérament est ramolli et stupide, selon la doctrine de Galien, dans ses Commentaires d’Hippocrate sur la nature humaine » ; Hippocratis de Natura hominis Liber primus et Galeni in eum Commentarius [Premier livre d’Hippocrate sur la Nature de l’homme, et le commentaire de Galien à son sujet], fin du chapitre xxxviii {a} (Kühn, volume 15, page 97), sur les caractéristique des tempéraments humoraux (traduit du grec) :

acumen animi et solertia ex bilioso humore proficiscetur ; constantia vero et stabilitas ex melancholico, simplicitas autem et stoliditas, ex sanguine : pituitæ vero natura ad mores formandos inutilis.

[des quatre humeurs, la bile jaune engendre l’acuité d’esprit et l’ingéniosité ; la bile noire, la constance et la stabilité ; le sang, la naïveté et la stupidité ; {b} mais la pituite n’a pas d’influence naturelle sur la formation du caratère].


  1. Commentant ce propos hippocratique : Ita etiam si quid ex his quæ in homine sunt connata defecerit, is vivere nequeat [De sorte que si quelqu’une de ces facultés innées a fait défaut chez un homme, il ne peut bien vivre].

  2. το δ’ απλουν και ηλιθιωτερον δια το αιμα.

V. note [7], lettre 440, pour le cotignac d’Orléans.

20.

V. note [22], lettre 509.

21.

« en toute franchise [v. note [27], lettre 172] ».


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 28 décembre 1657

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(Consulté le 28/03/2024)

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