L. 523.  >
À Charles Spon,
le 9 avril 1658

Monsieur, [a][1]

Depuis ma dernière, que je vous envoyais le 29e de mars par le moyen de notre bon ami M. Devenet à qui M. Henry [2] écrivait, qui a le soin de deçà de leur envoyer la copie des livres de feu M. Gassendi, [3] je vous dirai que la nuit passée, à la requête du supérieur des carmes [4] de la place Maubert [5] et en vertu de l’arrêt qui s’est ensuivi, les exempts se sont transportés à deux heures après minuit au couvent des dits carmes et en ont enlevé douze qu’ils ont emmenés en quatre carrosses dans le For l’Évêque. [6] C’étaient des compagnons qui se moquaient de leur règle et de leur supérieur, qui faisaient grande chère là-dedans en dépit du carême. Dans la chambre de l’un d’iceux, on y a trouvé 22 bonnes perdrix, des pâtés, des jambons, et force bouteilles de vin chez les autres : voilà comment ces maîtres moines jeûnent le carême, tandis que les gens de bien mangent du riz et des pruneaux. [7] Je pense que de tout temps on a trompé le monde sous prétexte de religion, c’est un grand manteau qui affuble bien de pauvres et sots animaux. Tantum religio potuit suadere malorum[1][8][9]

On fait ici des assemblées de villes pour délibérer et trouver quelque moyen de remédier aux débordements de la rivière [10] en la détournant avant qu’elle entre dans Paris : soit en continuant le canal qui a été commencé alentour de la porte Saint-Antoine, [11] et le conduisant par les portes du Temple, [12][13] de Saint-Martin, [14] de Saint-Denis, [15] de Montmartre, [16][17] de Richelieu [18] et de Saint-Honoré [19][20] jusqu’à la porte de la Conférence, un peu au deçà du cours de la Reine ; d’autres disent qu’il faudrait faire un grand fossé devers Saint-Maur, [21] qui passât au travers de la plaine de Saint-Denis et se vînt décharger dans la Seine entre Saint-Ouen et Saint-Denis, [22] vu que c’est la rivière de Marne qui nous fournit tant d’eau, laquelle en reçoit de fort loin, jusque même des montagnes de Lorraine. [2] Il n’y a encore rien d’arrêté, mais seulement il y a des députés nommés pour examiner l’affaire de telle importance.

Ce 31e de mars. Des douze carmes qui sont en prison, on en a enlevé quatre la nuit passée, qui ont été conduits à l’Officialité. [23] Les exempts et les archers qui les ont enlevés de leur couvent ont trouvé beaucoup d’argent chez l’un d’eux, qui regrette bien plus fort son argent et son or qu’il ne se soucie d’être en prison. Il se vante qu’il a de bons amis qui l’en tireront, mais il doute s’ils pourront lui faire rendre ses pistoles. On dit qu’il est parent de Mme de Beauvais [24] qui est la première femme de chambre de la reine. [3]

On est ici en grande impatience touchant Hesdin [25] et ce qui en arrivera. M. d’Hocquincourt, [26] qui est dedans, demande qu’on lui donne le gouvernement de Ham [27] avec la survivance pour son fils, le chevalier ; [4][28] et outre cela, grande somme d’argent. La Rivière [29] et de Fargues, [30] qui sont deux beaux-frères, demandent les provisions du gouvernement d’Hesdin pour eux deux conjointement avec le droit de survivance pour celui qui restera des deux ; et outre cela, bien de l’argent ; sinon, qu’ils feront leur compte avec l’Espagnol qui, à ce qu’on dit, leur a déjà envoyé 600 chariots dans ladite ville chargés de munitions, et dans les faubourgs d’Hesdin, pour les faire entrer dans la ville, 800 hommes à qui on remettra la place si le Mazarin [31] ne leur envoie ce qu’ils demandent. Il y en a encore qui soupçonnent ici de la rouze [5] et qui croient que tout ceci est une invention du Mazarin pour nous donner de nouvelle besogne et nous susciter de nouvelle guerre, afin que nous ayons une raison apparente de refuser à Cromwell [32] le secours que nous lui avons promis le printemps prochain pour lui faire prendre Dunkerque ; [33] et on croit qu’il ne fait cela que par la peur qu’il a d’être décardinalisé du pape, [34] et même excommunié ; [35] et plus grand malheur ne lui pourrait arriver car quand un homme est excommunié, non amplius potest arrigere : [6] ne serait-ce point un grand malheur pour un homme de sa sorte ?

Avez-vous ouï dire que MM. Arnaud, [36] Borde [37] et Rigaud [38] impriment à Lyon en trois tomes in‑fo le Ciaconius [39] de Vitis pontificum sur les feuilles qui leur viennent de Rome, et que cette édition sera fort augmentée et continuée jusqu’à présent ? [7]

Ce 2d d’avril. Je viens de rencontrer votre M. Basset [40] avec deux jeunes médecins, dont l’un est suisse et l’autre de Vivarais, tous deux médecins de Montpellier. Je ne lui ai rien dit de son affaire, ni lui à moi. Je leur ai demandé des nouvelles des professeurs de Montpellier [41] et savoir si les chaires étaient remplies. Ils m’ont dit que non et que M. Sanche [42] en était la cause, [8] qu’il voulait que cette affaire se vidât devant le parlement de Toulouse [43] ou de Grenoble à cause d’une intelligence qui était entre les autres professeurs contre lui.

On a mis dans la Bastille [44] l’abbé de Courtenay, [45] on dit que c’est pour les affaires du cardinal de Retz ; [9][46] d’autres disent que c’est pour une querelle qu’il a eue avec l’abbé Fouquet. [47] On a mis la nuit passée des billets par les carrefours de Paris, par lesquels on avertit tous les soldats qui voudront prendre parti de s’en aller à Hesdin et qu’ils y seront bien traités ; on dit que ces billets portent le nom du maréchal d’Hocquincourt qui a, ce dit-on, tout à fait quitté notre parti (j’en doute) [10] et est allé à Bruxelles [48] se ranger du côté du prince de Condé, [49] et auquel on a fait entrée d’honneur et de cérémonie dans toutes les villes par lesquelles il a passé.

On parle ici contre un intendant de justice nommé M. Pelaut, [50] Lyonnais, qui a fait exercer quelques grandes violences dans un bourg du Dauphiné, à cause de quoi le parlement de Grenoble a donné arrêt contre lui. M. de Servien, surintendant des finances, a ici été malade d’une jaunisse ; [51] dicebatur habere aliquam malignitatem[11] et déjà l’on parlait de celui qui pourrait être son successeur, verum convaluit[12]

Ce 4e d’avril. On dit que l’affaire d’Hesdin n’est pas encore tout à fait rompue ni désespérée. Le commis de M. Le Tellier, [52] nommé Carlier, [53] qui y a déjà plusieurs fois été, en arriva hier à dix heures du matin et y a été renvoyé aujourd’hui ; et même l’on dit que les deux officiers, La Rivière et de Fargues, qui sont là-dedans, sont presque d’accord avec nous, mais que la grande difficulté se rencontre à accorder le maréchal d’Hocquincourt qui ne peut aisément ajuster ses intérêts avec ceux de l’Éminentissime que ce maréchal a lui-même, à main armée, ramené en France l’an 1653, tandis qu’il était encore bien fort dans la haine publique. [13]

J’ai depuis peu envoyé par Francfort une grande lettre à M. Io. Daniel Horstius, laquelle lui sera fidèlement rendue à Darmstadt, et ne lui écrirai pas sitôt car j’attendrai sa réponse ; [54][55] mais en l’attendant, si vous lui écrivez, je vous prie de lui mander que je vous ai très humblement supplié de lui faire mes très humbles recommandations et que je le prie de ne me pas envoyer un livre in‑4o intitulé Mœbii Fundamenta medicinæ physiologica [56] que j’ai retrouvé depuis peu de jours. [14] Il y avait ici des conseillers de Rouen [57] qui y étaient venus pour y faire des remontrances sur ce que le parlement n’avait point voulu vérifier des édits qui étaient trop directement à la charge de la province. Le roi [58] ne les a pas voulu entendre et les a renvoyés, mais il y en a six du dit parlement exilés et relégués en six diverses villes ; si bien que nous sommes bien éloignés du temps auquel il était permis d’être homme de bien et de dire librement son avis pour le soulagement du public. Aussi le roi des historiens, Tacite, [59] a-t-il autrefois dit Rara temporum felicitas, in quibus sentire quæ velis et quæ sentias dicere licet ; [15] mais tout cela était longtemps avant que Berthe [60] filât. Depuis qu’elle a filé, le monde s’est bien corrompu, les moines sont venus, les ministres {d’État}, [16] les partisans et autres pestes de la république ; et faut que je dise avec Horace Damnosa quid non inminuit dies ? Ætas parentum peior avis, tulit nos nequiores, mox daturos Progeniem vitiosiorem[17][61]

La reine de Suède [62] est partie de Fontainebleau [63] et s’en va en Provence. On dit que M. le duc de Mercœur [64] ira commander cet été en Catalogne [65] et que le roi de Hongrie [66] épousera la fille aînée [67] du roi d’Espagne. [18][68] Il y en a qui disent ici que tout est perdu pour nous à Hesdin, mais que, pour faire bonne mine, on dit qu’il y a encore de l’espérance. Cette nouvelle me déplaît si fort que je ne la veux point croire et tiens qu’elle est très fausse puisque l’on y a derechef renvoyé le commis de M. Le Tellier ; joint que si les Espagnols étaient dedans, il me semble que tout le monde le saurait et le dirait.

Le comte de Pigneranda [69] a fait son entrée assez chétive dans Francfort [70] le 13e de mars, et le roi de Hongrie, le 20e, mais son entrée a été fort leste. On attend ici dans peu de jours le duc d’Orléans [71] qui a été mandé de venir à la cour.

Ce 6e d’avril. MM. le duc d’Anjou [72] et < le > prince de Conti [73] ont été ce matin à la Chambre des comptes et à la Cour des aides [74] y faire vérifier divers édits bursaux pour faire venir de l’argent aux coffres du roi, [19] ou au moins de ceux qui le gouvernent. Il n’y a encore rien de certain d’Hesdin, on dit que ceux qui sont dedans ne traiteront jamais avec l’Espagnol pour lui remettre cette place, mais plutôt (s’ils ne peuvent autrement) avec le prince de Condé afin que cela lui aide à refaire sa paix quand l’occasion s’en présentera, et qu’en même temps il fasse la leur. Le P. d’Alegambe, [75] qui fit imprimer l’an 1643 Historia scriptorum Soc. Iesu in‑fo, est mort, mais un autre père de la même Société continue son même dessein et s’en va faire imprimer le même livre augmenté de ce qu’ont fait tous ces bons pères depuis 15 ans. Ce livre sera commode pour une bibliothèque. [20]

L’auteur du livre des Préadamites[76] nommé Isaac de La Peyrère, [77] Gascon, est ici de retour de Rome où il a fait imprimer un petit livre in‑4o dans lequel il rend raison pourquoi il a changé de religion (on appelle cela en termes d’école, abjurer son hérésie), et pareillement pourquoi il désavoue ce sien livre de Præadamitis ; [78] j’ai vu le livre, mais il ne se vend pas. [21] On dit que le pape lui a donné une petite abbaye et que le Mazarin lui a encore promis quelque nouvelle faveur du ciel ou du purgatoire. Il est ici, attendant cette grâce aussi avidement qu’un Gascon qui a peur de mourir de faim et qui n’a changé de religion que pour faire fortune et faire meilleure chère aux dépens de qui il appartiendra. Cet auteur est ici qui se produit au monde pour être vu, comme s’il était quelque faiseur de miracles ou débiteur de pardons. Notre grande ville de Paris est un théâtre fort propre à cela où il se rencontre beaucoup de sots et de curieux, et pareillement beaucoup d’ignorants qui s’étonnent aisément de ce qu’ils ne connaissent point ; et de plus, un Gascon savant, courtisan, huguenot [79] converti qui vient de Rome est fort propre à ce badinage et à jouer telle comédie.

Enfin, je reçois votre dernière datée du 2d d’avril. Dieu soit loué de ce que vous êtes en bonne santé et de retour d’un si grand voyage. Je suis bien marri, avec vous, de la mort de feu M. Seignoret, [22][80] frère de Mlle Spon, mais je n’y sais point de remède. Ce ministre de Labadie [81] était autrefois janséniste et faisait rage de prêcher à Amiens ; [82] je sais bien qu’il a bien de l’esprit et que c’est un terrible compagnon. Puisque l’on imprime tout de bon le Fernel[83] je vous veux prier d’une chose qui est d’y faire corriger une faute que ceux d’Utrecht ont faite à leur escient in vita Fernelii[23] lorsqu’ils disent qu’il avait 72 ans lorsqu’il mourut, quod est falsissimum [24] car je vous assure qu’il n’en avait que 52 ; ce que j’ai ouï dire à feu M. de Villeray, [84] maître des requêtes, fils de la fille de Fernel, [85] laquelle n’est morte qu’en l’an 1642, et j’ai appris cela de son fils quatre ans avant qu’elle mourût. Je l’ai ouï dire à d’autres de ses parents et c’est une tradition toute claire en sa famille ; mais sans tradition, laquelle n’est pas toujours fort assurée, j’en ai deux preuves très certaines : l’une est des registres de notre Faculté, que j’ai eus entre mes mains tandis que j’ai été doyen, où il est expressément remarqué que Fernel mourut le 26 d’avril, l’an 1558, anno ætatis 52 ; [25] l’autre preuve est en son épitaphe dans Saint-Jacques-de-la-Boucherie, [86] ici près, grande et illustre, que j’ai fait voir à une infinité de personnes, où il est marqué, disertis verbis[26] qu’il mourut anno æt. 52 ; l’auteur de l’épitaphe y est nommé Philibertus Bariotius, Fernelii gener[27][87] qui était un maître des requêtes et président au Grand Conseil, son premier gendre ; le second fut M. Gilles de Riant, [88] président au mortier, qui est mort l’an 1597, sa veuve l’ayant survécu de 45 ans. Je vous prie donc, tant à cause de Fernel que pour l’amour de la vérité, de faire corriger cette faute, laquelle est à deux endroits, savoir au commencement d’icelle, en l’addition, où il faut mettre Natus fuit anno Ch. 1506[28] et en la page 9, en la 2de colonne, mettez, s’il vous plaît 1506 en l’addition et dans le texte, vis-à-vis de cette addition, ætatis suæ quinquagesimo secundo, Christi 1558[29] Et n’y a rien de si vrai. Le sieur Fourmy [89] fera ce qu’il voudra : à cela, comme à toute autre chose, il faut prendre patience, il me semble que tout va en désarroi et qui pis est, je ne sais quand il arrivera mieux. Omnia fatis in peius ruere, et retro sublapsa referri[30][90] Pour M. Falconet, [91] je m’étonne fort qu’il s’amuse à ouvrir mes lettres. Je n’en ai jamais ouvert à qui que ce soit, les casuistes disent que c’est un péché mortel. C’est un vice auquel je n’ai nulle disposition, cela est bien vilain. Une autre fois il n’en aura point la peine. [31] Je n’eusse pas cru cela de lui, qui fait parade de tant de générosité. C’est peu de chose que l’homme, il est trop enclin au péché, dabo operam in posterum, nequid tale continigat[32]

On dit qu’Hesdin ne sera pas aux Espagnols ni au prince de Condé : le traité continue, et avec grande apparence qu’il réussira ; on dit que La Rivière et de Fargues, pour de l’argent, en sortiront et remettront la place entre les mains du roi ; on tient ici prisonnière la femme de ce de Fargues, [92] laquelle est sœur de La Rivière, elle est enfermée dans un monastère de religieuses.

Ce 8e d’avril. J’ai vu aujourd’hui le roi [93] qui s’en allait à la chasse. C’est un beau prince, fort et robuste, il est grand et a bonne grâce, c’est dommage qu’il ne sait son métier et qu’il n’est aussi grand homme d’État que Tibère [94] ou Auguste, [95] ou Vespasien [96] qui me semble avoir été le meilleur des douze. [97]

Il y a ici du jour d’hier une grande nouvelle, laquelle est fort épandue par tout Paris : c’est qu’un fameux marchand de la rue au Fer qui débitait, presque lui tout seul, d’étoffes de soie autant que tout le reste de sa rue, nommé Bidal, [98] a fait une rude et effroyable banqueroute, [99] laquelle on dit monter jusqu’à 2 500 000 livres et davantage. Il avait épousé la fille aînée de Mme Bastonneau [100] et avait eu la boutique, laquelle était fort achalandée. [33][101][102] Tous ses parents, voire même les plus proches, y sont engagés du meilleur de leurs biens, c’est ce qui fait retentir de tant plus fort le désordre. J’étais son médecin et l’ai été de la famille depuis 30 ans, mais je n’ai jamais eu raison de les guère aimer : numquam nisi levis ac exiguus fuit habitus honos medico ; [34] leurs libéralités envers les médecins ne les ont point ruinés, on m’y doit comme à beaucoup d’autres, sed absit ut inter creditores nomen profiteri meum[35] Si tel désastre servait à humilier ceux qui crèvent presque de gloire, à quelque chose malheur serait bon car il y en a là plusieurs de genere hoc[36] Je viens d’apprendre que son accord est fait avec ses créanciers et qu’il promet de payer le tout en six ans, sans intérêt ; mais cet accord ne plaît point et on croit qu’il ne s’en acquittera jamais par cette voie ; aussi tous les créanciers n’y ont-ils pas signé et l’affaire n’est point encore conclue.

Nous avons la journée d’hier commencé notre examen rigoureux [103] qui doit durer toute la semaine. Ils étaient onze admis. Il y en eut un qui fit assez mal et combien qu’il fût fils de maître, on lui a conseillé de se retirer et qu’on lui rendrait son argent ; et il a cru conseil, et recessit[37] Il est fils d’un certain des nôtres nommé Ferrand, [104][105] qui mourut ici l’an 1639, qui était un grand fendeur de naseaux fort débauché[38] qui eût été pendu pour fausse monnaie [106] s’il eût encore été en vie un mois ou deux. La débauche réduit un homme au dernier degré du malheur, tanti est sapere[39] Son fils aura moins de déshonneur de se retirer de la sorte que d’être chassé samedi, comme il aurait été s’il fût demeuré. Les dix autres font bien et n’y en a point de faible. Il y en a un nommé Gervaise, [107] médecin de Montpellier il y a 22 ans, il a bien 43 ans ; il est auteur du poème de Phlebotomia que vous recevrez dans votre premier paquet. [40] Il y en a un, docteur d’Aix-en-Provence [108] nommé Poncet, [109] âgé d’environ 33 ans, et un nommé Le Maistre, [110] qui en a bien 35, qui a été moine, qui a été à la guerre, qui a été avocat, et qui est fort savant et merveilleusement éveillé. Les autres sont des jeunes gens des familles de Paris, adolescentes eruditi et bene morati. [41] Il y en a un nommé Petit, [111] fils du greffier de Saint-Victor, [112] âgé d’environ 33 ans, lequel passa docteur à Montpellier il y a environ cinq ans, et qui a trouvé vrai ce que je lui avais prédit, qu’il ne ferait jamais aisément la médecine à Paris s’il n’était de notre Faculté ; enfin il s’y est résous. Totus est Græcus, Peripateticus, Galenicus, Scaliger[42] et est fort poète latin : témoins les vers qu’il a faits sur la mort de feu M. Naudé [113] que j’ai ouï priser même à des jésuites, hominum genus superbum et parcæ laudationis[43]

Je vous baise les mains, et à mademoiselle votre chère et incomparable femme, et serai toute ma vie, Monsieur, tuus ex animo, G.P. [44]

De Paris, ce mardi 9e d’avril 1658.

Depuis que cette lettre était pliée pour la cacheter, on m’est venu dire que nous n’avons plus rien à espérer à Hesdin et que les Espagnols en sont les maîtres ; ce que je ne puis encore croire, vu que l’on a promis 500 000 livres aux deux beaux-frères. M. Bidal a de fortes défenses du roi et est en sa boutique. Patu, [114] son beau-frère, et Cordier, [115] l’associé de Patu, font banqueroute en suite de M. Bidal. Celle de M. Bidal est de 800 000 écus, elle en aura d’autres qui viendront en conséquence, il doit à M. Héliot [116] 50 000 écus, [45] etc.


a.

Ms BnF no 9357, fos 304‑305 ; Reveillé-Parise, no cccxxvii (tome ii, pages 384‑387).

Des passages ont servi à fabriquer une fausse lettre à André Falconet, datée du 9 avril 1658, dans Du Four (édition princeps, 1683), no lxx (pages 226‑231), Bulderen, no cxviii (tome i, pages 303‑306), et Reveillé-Parise, no ccccliv (tome iii, pages 83‑85).

1.

« Tant la religion a pu inspirer de crimes » (Lucrèce, v. note [12], lettre 334).

2.

Les deux détournements fluviaux dont on discutait alors passaient par le nord de Paris.

Aucun de ces deux chantiers ne fut entrepris.

3.

V. note [12], lettre 208, pour Mme de Beauvais, Catherine-Henriette Bellier, dite la Catau.

4.

V. note [6], lettre 866, pour Dominique de Monchy, chevalier d’Hocquincourt, troisième fils du maréchal.

5.

Ruse, v. note [10], lettre 519.

6.

« il ne peut plus bander » : déclaration à laquelle je n’ai pas su trouver d’autre explication que la dérision impie (et l’ironie sans bornes de Guy Patin à l’encontre de Mazarin) ; Reveillé-Parise a pudiquement atténué la formule en non potest amplius se arrigere [il ne peut plus s’en relever].

La Gazette, ordinaire no 45 du 20 avril 1658 (page 344) :

« Le sacré Collège ayant, ces jours passés, écrit à Son Éminence que les cardinaux avaient contribué chacun mille écus pour le secours de la République de Venise contre les ennemis de la chrétienté, ce premier ministre, pour témoigner l’affection particulière qu’il lui a toujours portée et la passion qu’il avait de l’assister, principalement en une rencontre où il s’agissait des intérêts de la religion, qu’il n’embrasse pas moins que ceux de l’État, s’offrit aussitôt de lui entretenir six vaisseaux pendant la campagne prochaine. Et sur ce que son ambassadeur lui a représenté qu’elle {a} en avait assez et ne manquait que d’argent, Son Éminence lui a fait délivrer mardi dernier {b} cent mille écus, par une générosité qui n’a pas moins été estimée de tous les gens de bien que l’on avait admiré celle qu’il fit paraître il y a quelques jours dans les riches présents dont elle {c} régala les principaux de cette cour ; mais d’une manière qui parut d’autant plus galante que ce fut par les mains de la Fortune qui les distribua à chacun selon les billets qui leur échurent, contenant les noms des personnes et les raretés de cette brillante loterie qui montaient à pareille somme de cent mille écus ; ces belles libéralités, qui n’ont jamais eu d’exemple, ne lui ayant pas moins acquis le renom de très magnifique que les glorieux succès de ses conseils si éclairés et si infaillibles, celui du plus grand ministre qui ait encore tenu le timon de cette monarchie. »


  1. Venise.

  2. 16 avril.

  3. S.É. Mazarin.

7.

V. note [2], lettre 304, pour les Vitæ et gesta summorum pontificum… [Vies et actes des souverains pontifes…] (Rome, 1601) d’Alfonso Chacon, dont le projet de réédition lyonnaise avorta.

8.

V. note [4], lettre 397, pour l’acharnement de Pierre ii Sanche à obtenir une chaire de professeur de médecine à l’Université de Montpellier.

9.

Robert de Courtenay, abbé des Eschalis, frère cadet de Louis (v. note [1], lettre 728), fut serviteur du cardinal de Retz à Rome (Bertière b).

10.

Parenthèse que Guy Patin a ajoutée dans la marge.

11.

« on disait qu’il souffrait de quelque malignité ».

12.

« mais il s’est rétabli. »

13.

Allusion au retour du cardinal Mazarin en France, durant la Fronde, après son exil d’août 1652.

14.
Fundamenta Medicinæ Physiologica, in quibus Origo, et Natura Medicinæ, doctrina de animæ facultatibus, spiritibus ac temperamento, nec non constitutio partium principaliorum naturalis, et præternaturalis, una cum earum usu ex veterum, et recentiorum sententiis, ventilantur, variisque observationibus illustrantur, publice Athenis Salanis proposita, nunc revisa, et multis in locis correcta et aucta, Gothofredo Mœbio, Medic. D. Prof. Publ. Medico Electoral. Brandenburgico, nec non Admin. Archiepiscopatus Magdeburgensis.

[Fondements physiologiques de la médecine où, à partir des sentences d’auteurs anciens et modernes, sont débattues et illustrées par diverses observations : l’origine et la nature de la médecine ; la doctrine touchant aux facultés de l’âme, aux esprits et au tempérament ; la constitution naturelle et surnaturelle des principales parties, avec leurs fonctions. Gothofredus Mœbius, {a} docteur en médecine et professeur public à l’Athènes de Saale, {d} médecin de l’électeur de Brandebourg et administrateur de l’archevêché de Magdebourg, les y a présentés, et maintenant revus, abondamment corrigés et augmentés]. {c}


  1. Gottfried Mœbius ou Möbius (Laucha, Thuringe 1611-Halle 1664).

  2. Nom de l’Univesité d’Iéna (v. note [8], lettre de Charles Spon datée du 23 avril 1658).

  3. Iéna, C. Freyschmidt, 1661 de 608 pages, in‑4o ; première édition ibid. et ibid. 1657.

Aujourd’hui célèbre pour ses universités, qui lui valent d’être appelée la « Cité de la Science » (Wissenschaftsstadt), Darmstadt est une ville de Hesse, sur la rive gauche du Rhin. Elle était la capitale du landgraviat de Hesse-Darmstadt depuis 1567.

.
15.

« Rare félicité des temps où il était permis de penser ce que tu voulais et de dire ce que tu pensais » (Tacite, Histoires, livre i, chapitre i) parlant du règne de Nerva et de l’empire de Trajan.

V. note [22], lettre 405, pour Berthe au Grand Pied, qui suit.

16.

Une plume a ici rayé « d’État » : Guy Patin, écrivant au calviniste Charles Spon, n’aurait pas inclus les ministres (pasteurs) protestants dans sa malédiction ; la correction me paraît donc plutôt d’un annotateur peu scrupuleux du manuscrit, par malveillance à l’égard des réformés.

17.

« Pourquoi la malédiction du temps ne s’atténue-t-elle jamais ? Le siècle de nos parents, déjà pires que leurs aïeux, nous a produits, nous qui valons pire qu’eux, et qui donnerons bientôt une descendance encore plus dépravée » (Horace, Odes, livre iii, vi, vers 45‑48) : sempiternelle conviction des hommes mûrs que tout ce qui viendra après eux sera pire.

L’Esprit de Guy Patin a repris et commenté ces vers : v. note [50] du Faux Patiniana II‑2.

18.

Le roi de Hongrie, bientôt empereur sous le nom de Léopold ier de Habsbourg, ne se maria pas avec sa cousine, Marie-Thérèse (v. note [27], lettre 287), fille aînée du roi Philippe iv d’Espagne, qui allait devenir reine de France en épousant Louis xiv. Léopold épousa en 1666 la demi-sœur de Marie-Thérèse, Marguerite-Thérèse, alors âgée de six ans.

19.

Bursal : « qui regarde la bourse. Un édit bursal, qui est fait pour tirer de l’argent dans la nécessité publique » (Furetière).

20.

V. note [19], lettre 224, pour la Bibliotheca scriptorum Societatis Iesu… [Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus…] du P. Philippe d’Alegambe, s.j. L’édition suivante, continuée par Nathaniel Southwell (Sotellus), n’a paru qu’en 1676 à Rome.

21.

V. notes [1] et [3], lettre 93, pour Isaac de La Peyrère et les préadamites. Il publiait alors son :

Epistola ad Philotimum, qua exponit rationes, propter quas eiuraverit sectam Calvini, quam profitebatur : et Librum de Præ-Adamitis, quem ediderat.

[Épître à Philotime, {a} où il expose les raisons pour lesquelles il a abjuré la secte de Calvin qu’il professait, et le livre des Préadamites qu’il avait mis au jour]. {b}


  1. Φιλοτιμος a en grec le double sens de « celui qui aime ou recherche les honneurs » et « celui qui est plein de zèle » (Bailly) : la lettre est explicitement adressée au pape Alexandre vii.

  2. Rome, sans nom, 1657, in‑4o de 30 pages, avec frontispice aux armes de pape, et son imprimatur ; Lettre de La Peyrère, à Philotime. Dans laquelle il expose les raisons qui l’ont obligé à abjurer la secte de Calvin qu’il professait, et le Livre des Préadamites qu’il avait mis au jour. Traduit en français, du latin imprimé à Rome. Par l’auteur même (Paris, Augustin Courbé, 1658, in‑8o de 169 pages).

22.

Étienne Seignoret, v. note [1], lettre 280.

23.

« dans la vie de Fernel » qui se trouve au début de son Universa medicina : biographie dont l’auteur était Guillaume Plancy (v. note [1], lettre 80), qui avait été son disciple pendant 10 ans ; v. note [16], lettre de Charles Spon datée du 28 décembre 1657, pour le projet, qui n’a pas abouti, de réimprimer cet ouvrage à Lyon.

24.

« ce qui est parfaitement faux ».

25.

« à l’âge de 52 ans. »

26.

« de manière claire ».

L’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie à Paris, dont il ne subsiste aujourd’hui que la tour Saint-Jacques, entre le Châtelet et l’Hôtel-de-Ville, était toute proche de la place du Chevalier du Guet où logeait Guy Patin.

27.

« Philibert Barjot, gendre de Fernel ».

V. notes [4], lettre 416, pour Philibert Barjot, magistrat parisien, gendre de Jean Fernel, et [18], lettre 468, pour la mention du décès de Fernel dans les Comment. F.M.P. (qui n’apporte pas la preuve qu’avançait Guy Patin).

Critiquant ce passage des Lettres de Patin, Bayle (note H) a suivi Plantius (Guillaume de Plancy) pour déclarer que Fernel mourut à l’âge de 72 ans :

« Il est difficile de combattre les autorités que Guy Patin a produites. S’il n’alléguait que l’épitaphe, sa preuve ne serait pas aussi décisive qu’il l’a prétendu, car qui sait si le graveur n’a pas oublié deux xx, ce qui réduirait 72 à 52 ? Il a pu se tromper plus aisément s’il s’est servi de chiffres au lieu de lettres, un 5 pour un 7 est bientôt mis ? {b} Ceux qui savent qu’un auteur qui corrige ses épreuves ne s’aperçoit pas quelquefois que ses imprimeurs ont prodigieusement altéré ses chiffres ou ses lettres numéraires ne s’étonneraient pas que la faute du graveur n’eût pas été aperçue du gendre de Jean Fernel. Mais comme je l’ai déjà dit, les autorités alléguées par Guy Patin ne sont pas réduites au seul témoignage de l’épitaphe. Je ne laisserai pas de lui opposer deux choses. i. Je ne comprends guère qu’un disciple de Fernel, ? {c} qui a passé dix années de confidence avec lui, soit dans l’erreur d’une façon si énorme à l’égard de l’âge de son maître ; s’y tromperait-il de vingt ans, et composerait-il sa vie sans s’informer un peu mieux de l’âge qu’il lui faut donner ? ii. Si ce disciple erre à l’égard de l’âge, il faut qu’il se trompe sur bien d’autres choses : il ment lorsqu’il conte que Fernel commença tard ses études, et il n’est pas vrai que Fernel ait étudié deux ans au Collège de Sainte-Barbe, et puis en son particulier avec tant d’application qu’il gagna une fièvre quarte qui fut fort longue, et qui l’obligea de s’en aller à la campagne. Comment serait-il possible qu’ayant recouvré ses forces il fût revenu à Paris, et qu’après avoir délibéré sur la profession à embrasser, il eût régenté deux ans au Collège de Sainte-Barbe, {d} comment, dis-je, cela serait-il possible puisque nous savons qu’en 1526 il fit imprimer des livres de mathématiques ? Or en prenant les choses au pis, on ne saurait supposer que ces livres aient paru que pendant qu’il régentait. Où trouverons-nous le temps nécessaire selon le récit de Plantius, s’il est vrai que Fernel soit mort à l’âge de 52 ans ? N’aurait-il pas été auteur d’un livre d’astronomie à l’âge de 20 ans ? Cela peut-il convenir à un écolier qui commence tard sa grammaire et sa rhétorique ? Et il faut bien prendre garde qu’au temps de Fernel un écolier qui entrait en philosophie avant l’âge de 20 ans passait pour bien avancé. Un provincial qu’on envoyait à Paris à l’âge de 15 ou 16 ans pour y faire ses basses classes ne passait point pour un écolier que l’on eût mis à l’étude. Je ne compte ici pour rien l’autorité de Thevet {e} car il n’a fait que copier Plantius, tant pour les 72 ans de vie qu’il a donnés à Fernel, que pour le reste. »


  1. lxxii à lii.

  2. V. note [18], lettre 468, pour le témoignage décisif de Thomas Bartholin sur cette inscription.

  3. Plantius.

  4. V. note [32] du Borboniana 8 manuscrit.

  5. André Thevet, v. note [9], lettre latine 456.

Un témoignage omis par les exégètes est l’Éloge de Messire Jean Fernel, tiré des Éloges des hommes illustres de France, composé en latin par Scévole [i] de Sainte-Marthe et mis en français par le sieur Colletet {a} qui se trouve au début des Sept livres de la Thérapeutique de Jean Fernel… {b} et se termine sur cet extrait de de Thou :

« L’an 1558, sur la fin du mois de mars, et le 52e de son âge, mourut à Paris Jean Fernel, natif du diocèse d’Amiens, premier médecin du roi Henri ii, lequel fut inhumé à Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Ce docte personnage ayant employé avec grande louange plusieurs années à l’étude de la philosophie et des mathématiques, enfin se donna tout à la médecine ; et l’ayant fort heureusement pratiquée, en traita toutes les parties par des écrits tout pleins d’une très profonde doctrine et d’une admirable politesse. Si bien qu’encore que la mort qui le prévint l’ait empêché de les donner tous au public, comme aussi de mettre au jour les livres de ses propres observations et expériences, tant souhaités par les plus habiles médecins, néanmoins, ce que nous en avons lui a tant acquis de gloire dans toute l’Europe que la Faculté de médecine de Paris aura droit à jamais de se glorifier d’avoir élevé un si grand homme.

C’est ainsi qu’en parle le grand Jacques-Auguste de Thou dans le vingt et unième de son Histoire. »


  1. Guillaume Colletet, v. note [5], lettre latine 12.

  2. Paris, 1655, v. note [1], lettre 36.

28.

« Il est né en l’an 1506 du Christ ».

29.

« en sa 52e année d’âge, l’an 1558 du Christ. »

30.

« C’est une loi du destin que tout périclite et aille à rebours », vers des Géorgiques de Virgile (v. note [34], lettre 203).

31.

Pour dire : je ne lui en donnerai plus l’occasion, je ne lui confierai plus de lettres à délivrer.

32.

« je veillerai désormais à ce que telle chose ne se produise plus. »

33.

Pierre Bidal d’Asfeld (v. note [35], lettre 237) avait épousé, en 1637, Catherine Bastonneau (1620-1690), fille de Claude Bastonneau, bourgeois de Paris, et de Catherine Langlois. Le couple eut 20 enfants. Robert Bastonneau, le frère de Catherine, eut une brillante carrière de financier sous Colbert (Dessert a, no 22).

Tout cela est corroboré par une minute conservée aux Archives nationales (liasse AN Y3916, page 302, Geneanet), datée du 22 septembre 1645, par-devant Simon Dreux D’Aubray (v. note [7], lettre 180), enregistrant la rupture du contrat d’association entre feu Claude Bastonneau, « vivant, marchand de draps de soie à Paris », et Pierre Bidal, « aussi marchand de draps de soie à Paris, son gendre » (v. note [35], lettre 237). Pour ce contrat, le défunt Bastonneau était représenté par sa veuve, née Catherine Langlois, et parmi les « parents et amis » qui la soutenaient, figurait son cousin Pierre de Janson, « sieur de Cormeilles », accompagné de son gendre, Guy Patin, « docteur en la Faculté de médecine en l’Université de Paris ». Par son épouse, née Jeanne de Janson (dont la grand-mère maternelle était née Jeanne Bastonneau, v. note [9], lettre 10), Patin était donc lointain apparenté de Claude Bastonneau et de son gendre Pierre Bidal.

34.

« jamais on n’y eut d’estime, autre que mince et ténue, pour le médecin ».

35.

« mais mon nom est loin sur la liste des créanciers ».

36.

« de cette engeance. »

37.

« et s’est retiré » ; croire conseil, c’est suivre un avis. L’examen rigoureux dont parlait ici Guy Patin était le baccalauréat de médecine de 1658 (v. note [9], lettre 521).

38.

« On appelle ironiquement fendeur de naseaux un fanfaron qui menace » (Furetière), un « fanfaron, faux brave, homme qui porte l’épée et qui fait le méchant, mais qui ne l’est pas tant qu’il le fait, ou qu’il le paraît » (Pierre Richelet).

Jean-Baptiste ii Ferrand fut repêché en octobre 1658 (comme l’avait été Guy Patin en 1624) car on le trouve dans la liste des licenciés de 1662 (mais classé dernier des huit), puis des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris en 1664.

Son père, Jean-Baptiste i, natif d’Angers, avait été reçu docteur régent en 1629 (Baron).

39.

« il est si rare d’avoir du jugement. »

40.

V. note [8], lettre 521, pour le poème de Nicolas Gervaise « sur la saignée ».

41.

« de jeunes hommes instruits et bien nés ».

Les neuf bacheliers reçus le samedi 13 avril 1658 (Comment. F.M.P., tome xiv, fo 343) étaient, par ordre de mérite décroissant : Denis Puilon (natif de Paris, fils de Gilbert, v. note [30], lettre 399), Denis Dodart (Paris), Antoine Ruffin (Paris), Jean Groult (Coutance), Pierre Pourret (Provence), Antoine de Caen (Paris), Nicolas Gervaise (Paris), Pierre Petit (Paris), et Charles de Laval (Paris) ; le dénommé Le Maistre n’a pas été admis.

Ce dernier pouvait être apparenté aux médecins Rodolphe et Paul Le Maistre, dont Guy Patin a parlé dans sa lettre à Charles Spon datée du 1er octobre 1666 (v. sa note [2]). Dans son historiette sur Pierre Costar {a} (tome ii, pages 292‑293), Tallemant des Réaux parle aussi d’un Le Maistre, qu’Antoine Adam dit s’être prénommé Antoine, et avoir été avocat :

« La première chose qu’il fit, ce fut un sermon qu’il montrait à tout le monde. Un jour il le lut à M. Le Maistre, à M. Patru et à M. d’Ablancourt. {b} Il y avait une comparaison d’un vent coulis qui se glisse entre deux montagnes : cela donnait une assez vilaine idée. {c} Le Maistre était derrière lui, et lui tirait la langue d’un pied de long. Costar disait : “ Il y a eu de sottes gens à la Province {d} qui n’ont pas trouvé que cela fût bien. ” Ils disaient que cela sentait la vesse. Les auditeurs, qui mouraient d’envie de rire de cette grotesque et de plusieurs autres, prenant prétexte de rire des provinciaux, se mirent à rire de lui-même. »


  1. V. note [5], lettre 323.

  2. V. notes [5], lettre 597, pour Olivier Patru, et [3], lettre 203, pour Nicolas Perrot d’Ablancourt.

  3. Tallemant a biffé : « Il y avait un endroit de la fragilité de l’homme ; et après avoir fait un grand dénombrement des maladies auxquelles sil était sujet, il disait qu’un vent coulis suffisait pour le tuer. Cela donnait une assez vilaine idée, car on dit souvent “ D’un pet je le mettrais à bas ”. »

  4. Costar était chanoine de la cathédrale du Mans.

Ce patronyme fort courant mène à de distrayantes lectures, mais ne facilite pas les solides identifications : Dulieu a recensé un Guillaume Le Maistre reçu docteur en 1671, après deux années d’études à l’Université de médecine de Montpellier.

42.

« Il est tout empreint de grec, de péripatétisme, de Galien, de Scaliger » : il s’agit de Pierre Petit, auteur de l’Epicedium à Gabriel Naudé (v. note [17], lettre 325), mais il ne figure ni dans la liste des docteurs de Montpellier (Dulieu), ni dans celle de Paris (Baron).

43.

« genre d’hommes hautains et avares de louanges. »

44.

« vôtre de tout cœur, Guy Patin. »

45.

En 1645, Charles Patu, marchand bourgeois de Paris, avait épousé Jeanne Bidal, la plus jeune sœur de Pierre (v. supra note [33]).

Héliot pouvait être Pierre Héliot (v. note [6], lettre 164).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 9 avril 1658

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(Consulté le 19/04/2024)

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