L. 573.  >
À André Falconet,
le 15 août 1659

Monsieur, [a][1]

Je suis content de notre écolier, [2] il est doux comme un agneau. Je le menai lundi matin à la ville avec moi et lui dis qu’à cause de lui je voulais aller à pied, à charge qu’il apprendrait quelque chose de moi. Quand nous fûmes à l’horloge du Palais, je lui demandai s’il savait bien les deux vers latins qui sont au-dessus de cette horloge. Il me dit qu’il y voyait bien de l’écriture, mais qu’il ne la pouvait lire. Je le lui dis, à la charge que dès qu’il serait au logis il le mettrait dans son cahier :

Machina quæ bis sex tam iuste dividit horas,
Iustitiam servare monet, legesque tueri
[1]

Je lui dis qu’au-dessus de la porte de l’Arsenal, [3] il y avait deux autres vers qu’il fallait pareillement savoir :

Æthna hæc Henrico Vulcania tela ministrat,
Tela Giganthæos debellatura furores
[2]

Jean Passerat, [4] professeur du roi qui mourut l’an 1602 fort vieux et aveugle, [3][5] est auteur de ces deux distiques. Je lui dis encore que dans les Jésuites, au Collège de Clermont, [6] il y avait un autre beau vers sous leur cadran, qu’il fallait le retenir et le méditer :

Ut cuspis sic vita fluit dum stare videtur[4]

Ce même jour, je le menai à Cormeilles. [7] Je le fis partir une heure avant moi avec un écolier en médecine, je les atteignis près d’Argenteuil [8] où nous goûtâmes, et fûmes souper à Cormeilles, c’est-à-dire à une lieue près de là, dans notre belle maison. Le lendemain, mardi, nous revînmes à Paris. Le mercredi je le menai quant et moi à l’Apport de Paris, [9] y voir une exécution criminelle [10] d’un voleur qui y fut roué. On nous donna une chambre, de la fenêtre de laquelle il vit toute la cérémonie de ce mystère de défaire les hommes pour leurs crimes. Ce ne fut pas sans lui exagérer le malheur des méchants qui se résolvent à voler et à tuer pour avoir de l’argent à faire des débauches et à jouer.

Le roi est encore à Poitiers. L’entrevue ne s’est point encore faite des deux ministres, [5][11][12] M. de Lionne [13] ne fait qu’aller et venir pour la bien disposer ; néanmoins, on croit qu’elle se fera bientôt. Il y a du bruit en Angleterre : deux villes se sont révoltées contre les ordres du Parlement, [14] dont l’une s’appelle Bristol. [6][15] Les Français, Hollandais et Anglais traitent d’un grand accord entre les Suédois et Danois, et les veulent obliger de s’en tenir là. Les carabins du P. Ignace [16] sont ici maltraités par les curés de Paris, lesquels ont fait imprimer ici plusieurs écrits, et entre autres le huitième et le neuvième qui sont forts et quæ deducunt istos Socios ad metam non loqui ; [7] aussi feraient-ils mieux de se taire car tout ce qu’ils ont produit pour la défense de leur Apologie pour les casuistes ne vaut pas le papier qu’ils y ont brouillé. Il n’y a point d’honneur de se mêler de défendre une si mauvaise cause, tant d’ordures, tant de fourberies, tant d’impiétés. Je m’étonne comment ces bons pères n’ont point plus de honte, vu qu’ils sont si fins et si rusés que l’évêque de Belley, [17] qui était un esprit incomparable, disait qu’ils étaient logés au Cap de fines terræ, c’est-à-dire les plus fins de la terre. [8][18] On parle ici d’un nouveau casuiste loyolitique nommé Tamburin [19] imprimé, à ce qu’on dit, en Italie, en Allemagne et à Lyon, chez MM. Huguetan et Ravaud. [9][20] Je voudrais bien en avoir un de ceux-là en blanc, je vous prie de leur dire que c’est pour moi et que je le veux acheter. Je me souviens toujours de ce que vous m’avez écrit touchant M. Barbier, [21] mais on n’a encore rien fait qui vaille sur le sujet de la paix. Il n’y a encore qu’un moine minime[22] nommé le P. d’Ormesson, [23] qui a fait un livre sur la paix à venir, mais ce ne sont que des cadeaux de moinerie[10] On dit que M. le maréchal de Gramont [24] ira en Espagne y quérir la nouvelle reine. [25] Il y a ici quantité de prisonniers, voleurs et assassins, desquels le procès criminel est sur le bureau. Jamais les héritiers de Jean Guillaume [26] n’ont eu moyen de tant gagner, [11] on ne fait que pendre et rompre. M. Chanlate, [27] après s’être reposé environ trois semaines, m’a envoyé quérir. Il me semble fort mal, laborat siti inexhausta, anorexia et apositia, diarrhœa serosa fœtidissima, febre lenta, cum dolore ad utrumque hypochondriorum[12][28] Vous lui avez dit tant de bien de moi qu’il croit que je le guérirai ou que je suis obligé de le guérir ; sicque invidendis tuis laudibus atque praæconiis me non tam ornasti, quam onerasti et gravasti[13] car de le guérir, hic labor, hoc opus est[14][29] cela est bien difficile. Il est presque accablé de fâcheux symptômes qui le menacent pour l’automne prochain, per quæ metuo ne sint Libitinæ quæstus acerbæ. Imprimis me terrent ingens illa sitis et summum fastidium, quorum causæ sunt potentissimæ ac vehementissimæ in corpore effœto, cum visceribus intemperatis, male moratis, et a marasmo non procul remotis : quibus singulis gradibus itur ad requiem sempiternam[15][30] Il y a ici un libraire allemand qui a plusieurs livres, il y en a même de Sebizius, [31] mais ils ne sont pas nouveaux. Il m’a dit qu’il y en a un in‑4o, mais qui n’était point achevé lorsqu’il partit de Francfort. [32] Je pense que c’est ce Manuale medico-practicum qui peut bien maintenant être achevé, [16] vu qu’il y a plus de six mois qu’il est sous la presse à ce que m’en a mandé l’auteur même. Si M. Fourmy [33] en a écrit de Strasbourg, il vous en pourra dire plus de nouvelles que pas un. L’entrevue des deux ministres de France et d’Espagne ne se fera ni en France, ni en Espagne, mais dans une île de la rivière de Bidassoa qui est entre deux ; [17][34] cependant, don Luis de Haro a fait de grands honneurs à M. de Lionne. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 15e d’août 1659.


a.

Bulderen, no cxlvii (tome i, pages 384‑388) ; Reveillé-Parise, no cccclxxxiii (tome iii, pages 144‑147).

1.

« La machine qui partage si justement les heures en deux fois six, exhorte à servir la justice et à observer les lois. » {a}

On peut toujours lire aujourd’hui cette inscription sous l’horloge qui a été préservée, à l’angle du quai de l’Horloge et du boulevard du Palais : {b}

« L’an 1370, Charles v fit mettre à la tour du Palais la première grosse horloge qu’il y ait eu à Paris. Il fit venir d’Allemagne un horloger nommé Henry de Vicq exprès pour en avoir soin. Il le logea dans cette tour et lui assigna six sous parisis par jour sur les revenus de la Ville. Le cadran de cette horloge était orné de quelques figures de terre cuite, par Germain Pilon. Henri iii fit réparer ce cadran. On lisait sur un marbre ces deux vers latins de Passerat, poète du temps… » {c}


  1. V. note [54‑3] du Faux Patiniana II‑1 pour la reprise de ce distique dans L’Esprit de Guy Patin, avec autre vers qui était écrit sous l’horloge de la Grand’Chambre.

  2. J.G.A. Chevallier, Le Conservateur de la vue (Paris, 1815, page 669).

  3. Suit le distique latin de Jean Passerat (v. note [2], lettre 21).

2.

Sous le roi Henri iii, on bâtit à Paris la porte de l’Arsenal qui faisait face au couvent des célestins (v. note [46] du Naudæana 3), sur l’actuel quai Henri iv, au niveau du pont de Sully. Elle était décorée de colonnes en forme de canons et d’une table de marbre sur laquelle on lisait le distique pompeux que citait ici Guy Patin, ordinairement attribué à son bien-aimé maître Nicolas Bourbon le Jeune (v. note [2], lettre 29), et non pas à Jean Passerat :

« L’Etna prépare ici les traits de Vulcain avec lesquels Henri doit foudroyer la fureur des géants. »

3.

Dans son De cæcitate Oratio [Discours sur la cécité], {a} Jean Passerat, professeur d’éloquence au Collège de France, s’est consolé avec stoïcisme de la cécité qui le frappait (page 10 vo) :

Cæcus sum. Cæcus erat Appius Clausus, sine quo Pyrrhi bello, rei Romanæ offusa sempiterna nox esset. Cæcus sum. pauciores habiturus sum inimicos, invidium neminem. Cæcus sum. præferam speciem viri boni : multique me dignum existimabunt qui cum in tenebris micent. Cæcus sum. Unum me faciam beatiorum, et alienis utar oculis ; sicut alienis quoque auribus magni quondam Persarum Reges. Cæcus sum. Augebit familiam meam cæcitas ; et, ut dicebat Asclepiades, uno puero comitatior incedam. Sed bonos ipse libros amplius non legam : Dolebit hoc, fateor, et vehementer dolebit cordi meo : verum est tanti non legere malos : ne bilem mihi moveant, et stomachum in eos erumpam, ut poeta Veronensis.

[Je suis aveugle. Appius Claudius était aveugle, et sans lui, dans la guerre de Pyrrhus, {b} une éternelle nuit se fût abattue sur Rome. Je suis aveugle. J’aurai désormais fort peu d’ennemis, et nul ne sera plus jaloux de moi. Je suis aveugle. Je paraîtrai bonhomme, et beaucoup me trouveront digne quand eux s’agiteront dans les ténèbres. Je suis aveugle. Je me rendrai le premier des bienheureux car je me servirai des yeux des autres, comme jadis les grands rois des Perses se servaient des oreilles des autres. {c} Je suis aveugle. La cécité agrandira ma famille ; et comme disait Asclepiades, je marcherai avec en plus la compagnie d’un esclave. {d} Mais je ne lirai plus moi-même les bons livres : cela m’affligera, je l’avoue, et m’affligera au plus profond du cœur ; pour autant, je n’aurai plus à lire les mauvais, ils ne me remueront plus la bile, et je n’aurai plus à me vider l’estomac dessus, comme le poète de Vérone. {e}


  1. Paris, Mamertus Patissonus, 1597, in‑4o de 24 pages.

  2. Appius Clausus ou Appius Claudius Cæcus a été consul de République romaine en 307 et 296 av. J.‑C. Il a ordonné la construction de la Via Appia. Premier auteur latin connu, il a laissé des ouvrages de droit et de grammaire. La guerre de Pyrrhus contre Rome eut lieu au iiie s. av. J.‑C.

  3. Une note marginale renvoie à Xénophon et à Plutarque :

    • « Nous savons aussi que ceux qu’on appelle les yeux et les oreilles du roi, c’est uniquement par des présents et des distinctions qu’il se les attacha ; car c’est en récompensant généreusement ceux qui lui apportaient des nouvelles importantes qu’il excitait beaucoup de gens à écouter et à observer ce que le roi avait intérêt à savoir  » (Xénophon, Cyropédie [Histoire de Cyrus], livre viii, chapitre ii, § 10) ;

    • « Cyrus ne venait que d’expirer, lorsqu’Artasyras, qu’on appelait l’œil du Roi, passa à cheval près dulieu où il était » (Plutarque, Vies des hommes illustres, Artaxerxès, chapitre xii).

  4. Cicéron (Tusculanes, livre v, chapitre xxxix ; référence indiquée dans la marge) :

    Asclepiadem ferunt, non ignobilem Eretricum philosophum, cum quidam quæreret, quid ei cæcitas attulisset, respondisse, puero ut uno esset comitatior.

    [Quelqu’un, dit-on, demanda à Asclépiade (v. note [25], lettre 294), philosophe assez distingué de l’école d’Érétrie, ce que devenir aveugle lui avait procuré ; il répondit que c’était avoir un esclave pour l’accompagner].

  5. Catulle (qui était natif de Vérone), poème xliv, vers 18-21 :

    Nec deprecor iam, si nefaria scripta
    Sesti recepso, quin gravedinem et tussim
    non mihi, sed ipsi Sestio ferat frigus,
    qui tunc vocat me, cum malum libru legi
    .

    [Et je ne disconviens pas que, quand je reçois les abominables écrits de Sestius, leur froideur procure le catarrhe et la toux ; non pas à moi, mais à celui même qui ne m’invite à dîner que quand j’ai lu un mauvais livre].

4.

« La vie ressemble à l’horloge, elle paraît immobile, mais elle passe. »

5.

Mazarin, pour la France, et don Luis de Haro, pour l’Espagne, devaient se rencontrer pour convenir du traité de paix et du mariage de Louis xiv. Le roi et la cour séjournèrent à Poitiers du 5 au 11 août.

6.

La destitution de Richard Cromwell avait plongé l’Angleterre dans le trouble. Les partisans de la restauration royale avaient fomenté une insurrection générale. Bien informés par leurs espions, les républicains neutralisèrent les conjurés, à l’exception de sir George Booth qui, ignorant que le complot avait été éventé, entama les hostilités en prenant la ville de Chester à la date qui avait été initialement convenue pour le soulèvement général (27 juillet). Un autre chef royaliste, sir Thomas Myddleton s’en alla au Pays de Galles pour tenter de prendre Bristol. Le 9 août, le général républicain John Lambert mit les royalistes en déroute et mata entièrement leur soulèvement. L’affaire se termina en ridicule : Booth s’était enfui déguisé en femme, mais il fut dénoncé par un aubergiste à qui il avait demandé un rasoir et fut capturé (Plant).

7.

« et qui forcent ces compagnons à ne plus parler ».

Le clergé parisien continuait ses attaques contre les jésuites {a} avec la parution, en juin 1659, de deux nouveaux libelles (sans lieu ni nom) :

Ils répondaient à l’opuscule du jésuite François Annat {b} intitulé Recueil de plusieurs faussetés et impostures contenues dans l’imprimé qui a pour titre Septième écrit des curés, ou Journal de ce qui s’est passé… (1659, Florentin Lambert, 1659, in‑4o), qui avait lui-même répliqué au Septième écrit des curés de Paris, ou Journal de tout ce qui s’est passé tant à Paris que dans les provinces sur le sujet de la morale et de l’Apologie des casuistes… paru en février 1659 (sans lieu, ni nom).


  1. V. note [18], lettre 546, pour l’Apologie des casuistes du P. Pirot, jésuite, qui avait allumé la polémique.

    Dans le sillage des Provinciales, une partie des curés et évêques de France s’étaient élevés contre la morale des casuistes jésuites. La Préface historique et critique (article ii, § ii, pages xiiixli) du tome trentième des Œuvres de Messire Antoine Arnauld… (Paris, 1779) détaille les méandres de cette prolifique querelle, avec cette introduction qui (comme Guy Patin) ne faisait pas mystère du parti auquel adhérait son auteur :

    « Quelque grand que fût déjà, vers le milieu du dernier siècle, le crédit des jésuites, et quelque répandue que fût leur morale, dans presque toute l’Église catholique, la France, par une protection particulière de Dieu, avait été garantie de cette contagion, plus peut-être qu’aucune autre portion de l’Église. Peu de gens y étaient prévenus et infectés des sentiments des jésuite sur la grâce […], et peut-être encore moins adoptaient leur théologie morale. La plus grande partie des ecclésiastiques, des religieux, et principalement des curés qui avaient quelque lumière, ne se conduisaient point par les décisions des casuistes : leurs écoles de théologie étaient souvent désertes et leurs auteurs, peu connus ou peu lus. De là cette horreur universelle qu’on y conçut pour les opinions monstrueuses de leurs casuistes, dès quelles furent manifestées par les Lettres provinciales. Toute la difficulté consistait à s’assurer qu’elles fussent fidèlement rapportées ; beaucoup de gens ne pouvant se persuader que des maximes si révoltantes pussent même venir dans l’esprit de religieux et de théologiens catholiques. »

    Aux purs motifs moraux s’ajoutaient les enjeux théologiques et politiques du jansénisme et du gallicanisme.

  2. V. note [15], lettre 295, pour François Annat.

8.

Jeu de mots entre fines terræ [les limites de la Terre] et finis terræ [la fin de la Terre], d’où vient le nom du cap Finisterre, en Galice, le point d’Europe le plus avancé vers l’ouest. Feu l’évêque de Belley était Jean-Pierre Camus (v. note [9], lettre 72).

9.

R.P. Thomæ Tamburini Societatis Iesu, Siculis Caltanisettensis, in alma Universitate nobilis civitatis Messanæ, Theologiæ primarii Professoris, Explicatio Decalogi, duabus distincta partibus. In qua omnes fere conscientæ casus, ad decem præcepta pertinentes, mira brevitate, claritate et quantum licet, benignitate declarantur. Accessit etiam Opuscula tria, de Confessione, Communione, Sacrificio Missæ. Cum Indicibus opportunis.

[Explication du Décalogue, divisée en deux parties, par le R.P. Thomas Tamburinus, de la Compagnie de Jésus, natif de Caltanisetta en Sicile, premier professeur de théologie en la bienfaisante Université de Messine. {a} Presque tous les cas de conscience en lien avec les Dix Commandements y sont présentés avec, autant que possible d’admirable brièveté, clarté et bienveillance. Y ont aussi été ajoutés trois opuscules : sur la Confession, la Communion et le Sacrifice de la messe. Avec les index requis]. {b}


  1. Tommaso Tamburini (1591-Palerme 1675).

  2. Lyon, Jean-Antoine ii Huguetan et Marc-Antoine Ravaud, 1659, in‑fo en deux parties de 242 pages (divisées en 10 livres) et 207 pages (3 opuscules) ; nombreuses autres éditions.

10.

Nicolas Le Fèvre d’Ormesson (mort en 1679, frère aîné d’Olivier, v. note [18], lettre 735) : La France ressuscitée par la nouvelle de la paix (Paris, Sébastien Cramoisy, 1659, in‑4o) ; pièce de 34 pages dédiée au roi, à la reine et au cardinal Mazarin.

11.

Les bourreaux, v. note [27], lettre 549.

12.

« il souffre de soif inextinguible, de perte d’appétit et d’apositie [synonyme d’anorexie, du grec αποσιτια], de diarrhée séreuse extrêmement fétide, de fièvre lente avec douleur aux deux hypocondres ».

13.

« si bien que vous m’avez moins honoré que chargé et accablé de vos louanges et recommandations ».

14.

« voilà l’épreuve, voilà la difficulté » (Virgile, v. note [56], lettre 297).

15.

« dont je crains qu’ils ne fassent les choux gras de la cruelle Libitina [v. note [3], lettre 532]. Je suis surtout effrayé par cette soif intense et ce dégoût total, dont les causes sont les plus souveraines et les plus violentes dans un corps épuisé, avec intempérie des viscères, qui n’est pas éloignée du marasme : ce sont autant de marches qu’on gravit une à une pour atteindre le repos éternel. »

J’ai préféré « l’automne » à « l’antimoine prochain », qu’on lit dans les précédentes éditions.

16.

V. note [9], lettre 557, pour le Manuale seu Speculum medicinæ practicum [Manuel ou Miroir pratique de médecine] (Strasbourg, 1661) de Melchior Sebizius.

17.

L’île des Faisans, encore appelée île de l’Hospital ou île de la Conférence, est un îlot situé au milieu de la Bidassoa, rivière qui sépare l’Espagne de la France, entre Irun et Hendaye. À partir du 13 août 1659 s’y déroulèrent les tractations pour la paix entre les deux couronnes. Le traité des Pyrénées est ainsi daté :

« Fait à l’île des Faisans, située au fleuve de Bidassoa, à un demi-mille du bourg d’Hendaye, dans la province de Guyenne, et à la même distance d’Irun, dans la province de Guipuscoa, dans la maison construite pour cet effet dans ladite île, le 7 novembre 1659. »

Sans avoir à sortir de leurs royaumes respectifs, Louis xiv et Philippe iv s’y rencontrèrent les 5 et 6 juin 1660 pour conclure le mariage du roi de France avec l’infante Marie-Thérèse d’Espagne. On avait soigneusement partagé la petite île en deux parties égales dans le sens de sa longueur (est-ouest). De part et d’autre de la ligne médiane s’alignaient les petites cabanes qu’on avait édifiées pour les délégations française et espagnole, chacune reliée à sa patrie par un petit pont de bateaux. Les deux rangées de constructions étaient séparées par une cour commune fermée à l’ouest par un mur percé d’une petite porte, et à l’est par une cabane de 16 pieds pour la conférence particulière des deux ministres, Mazarin et don Luis de Haro (selon un plan de l’époque).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 15 août 1659

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(Consulté le 23/04/2024)

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