Noël Falconet [2] étudie sa physiologie et s’y prend bien. J’en aurai le même soin que j’en ai eu pour mes deux fils, je n’en dois pas moins au fils de mon meilleur ami. Il court ici des lettres du cardinal de Retz [3] au roi, à ses grands vicaires et à Messieurs du Clergé, qui ont été jetées la nuit dans les portes de certaines maisons. [1] Il y en a qui croient que ces lettres ne sont qu’un éclair qui précédera le tonnerre et qu’ensuite, M. le cardinal de Retz enverra un interdit à Paris, par lequel il sera défendu à tous les prêtres de célébrer la messe jusqu’à ce que le pape en ait ordonné ; ce qui fera ici bien du bruit, mais les moines, et principalement les jésuites, se mettront du côté des plus forts. On va imprimer trois tomes de sermons in‑8o du feu P. Lingendes, [4] jésuite. [2] Il y a bien du bruit à Paris pour un conseiller de la seconde Chambre des enquêtes nommé M. Le Clerc de Courcelles [5] qui, en colère, a donné un soufflet à un avocat fort honnête homme nommé M. Laurencher, [6] natif de Beaune. Les avocats en veulent une grande réparation, sinon ils menacent de tout quitter ; les procureurs suivront les avocats.
On s’en va rebâtir les grottes et le château neuf de Saint-Germain [7] qui fondent, on dit qu’elles coûteront beaucoup faute d’avoir été réparées en leur temps. [3] Le prince de Condé [8] a gagné un grand procès à la Grand’Chambre contre le duc de Lorraine [9] pour les villes de Clermont, [10] Stenay [11] et Jametz. [4][12] M. Talon, [13] avocat général, a fort parlé contre la Maison de Lorraine [14] et a dit que ces gens-là n’étaient descendus ni de Charlemagne, [15] ni de Godefroy de Bouillon, mais seulement d’un général d’Alsace ; a conclu au profit du prince de Condé qui a été lui-même en remercier M. Talon. M. de Bordeaux, [16] maître des requêtes et chancelier de la reine, ci-devant ambassadeur en Angleterre, est ici fort malade. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.
De Paris, ce 3e de septembre 1660.
Bulderen, no cxcix (tome ii, pages 110‑112).
À tous les évêques, prêtres et enfants de l’Église, Jean-François-Paul de Gondi, cardinal de Retz, archevêque de Paris (sans lieu, ni nom, ni date [24 avril 1660], in‑4o de 47 pages). Le même Retz avait aussi publié une Lettre au roi, datée du 30 avril 1660, et une Lettre… écrite à Messieurs les doyens, chanoine et chapitre de l’église de Paris.
Bertière b (pages 453‑454) :
- À tous les évêques…
- Le toujours ambitieux cardinal de Retz, archevêque de Paris.
- Guy Joly, Mémoires.
- Évêque de Châlons.
- De l’archevêché de Paris.
- 1660.
- Godefroi Hermant, Mémoires sur l’histoire ecclésiastique du xviie s.
- Lettre à Retz adressée par un de ses amis.
Tout cela marquait le dernier et vain effort de Gondi pour se conserver l’archevêché de Paris, quand tout laissait croire à la mort prochaine de Mazarin. C’était sans compter sur la décision qu’allait prendre le roi : tenir en personne les rênes du gouvernement dès le 9 mars 1661, jour même de la mort de son premier ministre. Louis xiv ne céda rien à Retz et obtint sa démission le 26 février 1662, pour nommer Mgr de Marca éphémère archevêque de Paris le 4 mars suivant.
Trois tomes des :
Concionum in Quadragesimam Reverendi Patris Claudii de Lingendes e Societate Iesu.Sermons sur le Carême du R.P. Claude de Lingendes {a} de la Compagnie de Jésus. {b}
- V. note [39], lettre 106.
- Paris, Franciscus Muguet, 1661, in‑4o ; traduits en français, Sermons sur tous les évangiles de carême… (ibid. et id. 1666, 2 volumes in‑8o de 533 et 522 pages).
V. note [16], lettre 10, pour le château de Saint-Germain et ses grottes animées qui émerveillaient le public, mais qui fondaient (s’écroulaient) alors.
L’article 86 du traité des Pyrénées avait restitué au prince de Condé « tous duchés, comtés, terres, seigneuries et domaines, même ceux de Clermont, Stenay et Dun, comme il les avait avant sa sortie de France, et celui de Jametz aussi, en cas qu’il l’ait eu, lesquels appartenaient ci-devant audit Seigneur Prince. »
La contestation sur ces villes venait de ce que l’article 121 du traité avait prévu de rétablir le duc Charles de Lorraine « dans ses États, pays et places […]. Bien entendu que ledit seigneur duc, avant ce rétablissement, outre son acceptation des conditions qui le regardent en la présente paix, aura fourni à Sa Majesté très-chrétienne, et à sa satisfaction, tous les divers actes et obligations qu’il doit lui remettre en main, en vertu et en conformité de ce traité ».