L. 752.  >
À Charles Spon,
le 5 juin 1663

Monsieur, [a][1]

Je vous rends grâces de votre très belle, très bonne et grande lettre. Quand M. de Zollikofer [2] vous verra à Lyon, je vous supplie de vous souvenir du jeton [3][4] d’argent que je vous ai envoyé pour lui. Si vous en désirez pour vous, je vous en enverrai pour vous et pro uxore carissima[1] Votre mal d’yeux [5] ne vient que de trop veiller et de trop étudier, nihil remittis, nec te respicis[2] Point de veilles, point ou peu de vin, quelques saignées et purger [6] souvent sont les vrais remèdes à ce mal ; sed me contineo[3] vous savez mieux que moi ce qu’il y faut faire. Dieu soit loué que vous vous en portez mieux. Ce que j’ai délivré à M. Josse [7] pour vous vous sera rendu par M. Bailli. Je ne me souviens point de ce que vous m’écrivez touchant cet Opus Marianum[8] je ne sais ce que c’est, peut-être qu’un petit mot de votre part m’en fera souvenir. [4] M. Bailli vous rendra le paquet franc de port. M. Morisset [9] est fort habile homme, parle bien latin et entend bien la pratique. Ce n’était point son fait de quitter Paris où il avait assez d’emploi et aurait bien pu en avoir davantage. Favet non supra modum pharmacopœis ; [5] mais les désordres de sa famille et sa vanité trop ambitieuse, avec le nombre de ses créanciers, l’ont obligé de prendre le parti qui s’est offert de Turin [10] et que plusieurs autres avaient refusé. Agit annum ætatis 69[6] nous sommes de même licence [11] et de même pays : il est natif de Beauvais [12] même, fils d’un sergent, et moi d’un petit village nommé Hodenc-en-Bray [13] à trois lieues delà, mais de bonnes gens que je ne voudrais pas avoir changés contre de plus riches. [14][15] J’ai céans leur portrait devant mes yeux, je me souviens tous les jours de leur vertu et je serais bien aise d’avoir l’innocence de leur vie, qui était admirable. Non sic vivitur in urbibus, præsertim Parisiis[7] nous vivons à Paris comme Juvénal [16] a dit de Rome : Hic vivimus ambitiosa paupertate omnes, etc. Qui minus cupit ille ditior est[8] Je ne vois plus que de la vanité, de la misère et de l’avarice, de l’imposture et de la fourberie, Hæc tetigit, Gradive, tuos urtica nepotes[9][17][18] Je pourrais vous dire avec le prophète non est qui faciat bonum, non est usque ad unum, omnis caro corrupit viam suam[10][19] Dieu nous a réservés pour un siècle fripon et dangereux, il y aura bientôt grande conséquence d’être homme de bien et gratis pænitet esse probum[11][20] tant est grande la corruption de toutes sortes de gens depuis tantôt 40 ans, par la guerre, par deux {infâmes} [12] cardinaux qui ont été deux grands tyrans, et par le règne des partisans qui ont tout dérobé et épuisé la France, sed usquequo Domine ? [13][21] Mais voilà un mauvais entretien que je vous fais des calamités et de la misère de notre siècle. Pardonnez, s’il vous plaît, à ma passion, je voudrais bien qu’il n’y eût point tant de méchants et que le monde voulût amender, rari quippe boni. Utinam epiphora tua cito desinat et nunquam revortatur ; fuge lectionem multum, et lucubrationes nocturnas[14][22][23] Victor Conradus Schneiderus [24] a fait cinq tomes de Catarrhis [25] in‑4o où il tâche de raffiner sur les défluxions [26] et sur les larmes, mais tout cela est bien long ; c’est un professeur en médecine de Wittemberg en Saxe. [15][27] M. Ravaud [28] m’a délivré un Cardan [29] en blanc, de papier commun, et < nous > avons porté et présenté à M. le premier président [30] son beau en maroquin, qui a témoigné en avoir grande joie, etc. Post hæc aliud scribam[16] et particulièrement sur ce que vous témoignez de la joie de < ce > qu’ils m’ont donné un Cardan. Je ne sais rien de nouveau du livre de M. Bouvard, [17][31] aussi ne vaut-il rien. Pour M. Cousinot, [32] son gendre, qui était un galant homme, je voudrais bien que les opuscules que vous avez de lui fussent imprimés. [18] Je m’offre d’en prendre un cent, papier de façon < sic >, aussi bien que les épîtres de feu M. Naudé, [33] notre cher ami. [19] Je baise les mains à M. de La Poterie, [34] duquel je voudrais bien savoir quand sera achevée l’édition de toutes les œuvres du P. Théophile, [35] duquel j’ai les deux premiers tomes que M. Piget [36] me vendit il y a environ quatre mois. Pour les lettres de M. Naudé, les imprime qui pourra, je n’avancerai pas d’argent, ce n’est ni la raison, ni la coutume ; mais j’en prendrai cent exemplaires que je m’offre de payer comptant, selon les termes de ma lettre que vous avez du 3e de mars. [20] Il me semble que cela est assez raisonnable. Je ferai vos recommandations à M. Fouquet < sic pour Joncquet >, [37] qui court après à busquer fortune avec M. Vallot, [38] et duquel les soins ont fort embelli le Jardin royal. [39] Je m’enquerrai de votre M. Langier < sic pour Laugier >. [21][40] Pour le Journal des jansénistes[41] qui est un fort bon livre, ceux qui en ont ici quelques exemplaires de reste les vendront 22 livres en blanc, sans marchander ni rien rabattre. C’est le prix qui a été fait dès le commencement. Si M. de Gonsebac [42] en veut un à ce prix-là, je pense que j’en pourrai bien avoir un ; cela ne se vend qu’en cachette. Je lui baise très humblement les mains. C’est M. de Saint-Amour, [43] docteur de Sorbonne, [44] qui l’a composé et l’a fait imprimer à ses dépens, et qui y a mis son nom et qui est sorti du royaume propter metum Iudæorum, vel potius propter metum paganorum baptisatorum[22] qui se disent chrétiens et qui sont pires que des juifs. Vous savez quels sont ces bonnes gens dont j’entends parler, vous ne doutez point que ce sont des carabins qui sont sortis de la braguette du P. Ignace, [45] qui voulut passer pour prophète de la nouvelle loi, qui composent cette noire et forte machine qui étend ses bras jusqu’à la Chine[23][46][47]

3e de juin. Je viens de parler à M. Joncquet qui vous baise les mains ; [21] il m’a dit que M. Langier est retourné en son pays où il croit qu’il est mort. Le roi [48][49] a été malade de la rougeole, [50] pour laquelle il a été saigné [51] quatre fois, et a quibus feliciter convaluit[24] La reine mère [52] est tout à fait hors de fièvre, il ne lui faut plus que du temps pour la remettre. Elle n’a point pris de vin émétique [53] et en a dit de belles vérités à Guénault [54] même qui lui en voulait donner. La Chambre de justice [55] est transférée à l’Arsenal, [56] et gare la tête ! Il court ici un gros factum pour M. Fouquet in‑4o [57] dans lequel se voient d’étranges choses. [25] Je ne m’étonne pas si nous sommes si malheureux en France, on voit là-dedans bien des voleries. Ses amis ont grand’peur pour lui, et ont raison ce me semble, vu le pouvoir très grand de ses ennemis qui sont à ce qu’on dit M. le chancelier[58] M. Colbert, [59] M. Le Tellier [60] et autres. Je baise les mains à M. de La Poterie, je vous prie de lui dire qu’il tâche de me recouvrer tant qu’il pourra des lettres latines de feu M. Naudé, notre bon ami ; j’ai trouvé un bon moyen de faire paraître l’édition. Le roi est bien guéri de sa rougeole ; l’on dit qu’il viendra voir la reine sa mère dans deux jours, il a jusqu’ici été à Versailles. [61] On parle fort du procès de M. Fouquet, et même de l’amener à la Bastille ; [62] il est encore dans le Bois de Vincennes. [63] On me mande de Francfort qu’il y a des Épîtres médicinales nouvellement imprimées de Thomas Bartholin [64] in‑4o, et qu’il y est parlé de moi ; [65] je ne sais pourquoi et n’en sais point davantage. [26] Je m’étonne de tant de méchants livres qu’on imprime tantôt partout. Il y a ici un médecin de Niort, [66] nommé M. Lussauld, [67] qui veut y faire imprimer une Apologie pour les médecins, contre ceux qui les accusent de trop déférer à la nature ; [27] il entend M. Amyraut [68] ministre de Saumur, [69] qui en a ainsi parlé dans le dernier tome de sa Morale chrétienne ; mais il ne trouve point de libraire qui s’en veuille charger et < je > ne sais s’il en viendra à bout tant nos gens sont froids et peu entreprenants. [70] M. Gras [71] se travaille en vain de combattre la saignée : elle est trop bien fondée sur la nécessité, laquelle nous oblige de nous en servir, et ce fort heureusement. Il y a des tonneaux à Hambourg, [72] qui viennent de Nuremberg, [73] dans lesquels il y a un paquet pour moi, et ce peut être quelque traité nouveau Mich. Dilherri, qui ante hæc multa scripsit[28][74] et adressé à M. Volckamer, notre bon ami commun. Te et tuam carissimam saluto. Vale, vir cl., et me ama.

Tuus ex animo, Guido Patin.

Parisiis, die Martis 5 Iunii 1663[29]


a.

Ms BnF no 9358, fos 213‑214, copie dont aucun fragment n’est de la plume de Guy Patin ou de Charles Spon (non plus que de Jacob Spon ou de Charles Patin) ; Du Four (édition princeps, 1683), no cxiii (pages 347‑348, leur numérotation a sauté par accident de 336 à 347), et Bulderen, no ccxcv (tome ii, pages 368‑369), très réduite ; Reveillé-Parise, no ccclii (tome ii, pages 485‑499), beaucoup plus fidèle et presque sans aucune coupure (v. infra note [12]).

1.

« et pour votre très chère épouse. »

2.

« vous ne prenez aucun repos et ne songez pas à vous ».

3.

« mais je me retiens [d’en dire plus] ».

4.
Opus Marianum, sive de Laudibus et Virtutibus Mariæ Virginis Deiparæ. In quatuor partes divisum : Speculum Marianum, Specul. patientiæ et charitatis Iesu et Mariæ, Polemicas Marianas, Florida Mariana. Auctore Martino Delrio Antverp. societatis Iesu S. Theolo. Doctore et divinorum librorum publico olim professore. Cum duplici indice.

[Ouvrage marial, ou sur les Louanges et Vertus de la Vierge Marie, mère de Dieu. Divisé en quatre parties : Miroir marial, Miroir de patience et de charité de Jésus et Marie, Polémiques mariales, Mariale fleurie]. Par Martinus Delrio, {a} jésuite natif d’Anvers, docteur en théologie sacrée et jadis professeur public d’Écriture sainte. Avec double index]. {b}


  1. Martin Anton Delrio, mort en 1608 (v. note [1], lettre 699).

  2. Lyon, Horatius Cardon, 1607, in‑8o de 1 168 pages, dédié Deiparæ Mariæ Virgini [à la Vierge Marie mère de Dieu].

5.

« il ne montre pas trop d’inclination pour les pharmaciens » ; v. note [31], lettre 152, pour Philibert Morisset, qui partait à Turin comme médecin de la nouvelle duchesse de Savoie, Françoise-Madeleine d’Orléans.

6.

« Il est en sa 69e année ».

7.

« On ne vit pas ainsi dans les villes, et particulièrement à Paris ».

8.

« “ Nous vivons tous ici dans une vaniteuse pauvreté, etc. ” celui qui désire moins est plus riche que les autres » ; Juvénal (Satire iii, vers 182‑184) :

hic vivimus ambitiosa
paupertate omnes. Quid te moror ? Omnia Romæ
cum pretio
.

[nous vivons tous ici dans une vaniteuse pauvreté. Pourquoi t’en étonner ? À Rome tout s’achète].

9.

« Cette démangeaison, Gradivus, a mordu tes petits-fils », Juvénal (Satire ii, vers 127‑128), où la phrase est interrogative :

                                            unde
hæc tetigit, Gradive, tuos urtica nepotes ?

Comment, Gravidus, {a} pareille démangeaison a-t-elle mordu tes petits-fils ?] {b}


  1. V. note [6], lettre de Reiner von Neuhaus, datée du 1er août 1669, pour Gradivus, épithète de Mars.

  2. Juvénal commentait le scandaleux mariage du richissime Gracchus, descendant des glorieux Gracques (v. note [6], lettre 959), avec un joueur de cor, en le dotant de quatre cent mille sesterces.

10.

« Nul, pas même un seul, ne fait le bien, “ toute chair a corrompu son propre passage ” » ; Genèse, 6:12 (Vulgate) :

Cumque vidisset Deus terram esse corruptam‚ omnis quippe caro corruperat viam suam super terram.

[Dieu regarda la terre, elle était pervertie, car toute chair avait corrompu son propre passage ici-bas].

11.

« la probité gratuite laisse des remords » (Ovide, Pontiques, livre ii, lettre iii, vers 14).

12.

Mot biffé sur le manuscrit (sans doute par la plume d’un précédent éditeur de la lettre).

Dans l’édition princeps des Lettres (Jacob Spon et Charles Patin, 1683), le long passage qui va de Non sic vivitur in urbibus, præsertim Parisiis… à « Il y a ici un médecin de Niort… », a été remplacé par ce moignon (page 348) :

« On ne vit pas comme cela dans les villes, et particulièrement à Paris. Je ne vois plus que de la vanité, de l’imposture et de la fourberie. Dieu nous a réservés pour un siècle fripon, et dangereux. Il y aura bientôt grande conséquence d’être homme de bien, tant la corruption de tant de sortes de gens est grande. » {a}


  1. Bulderen a suivi cette version mutilée, mais Reveillé-Parise a respecté le manuscrit (dont je n’ai pas identifié le transcripteur, v. supra note [a]), tout en châtrant ici le mot « infâmes ».

13.

« Mais jusques à quand Seigneur ? » (Isaïe, v. note [1], lettre 292).

14.

« “ c’est que les gens de bien sont rares. ” {a} Dieu veuille que votre épiphora {b} cesse vite et ne revienne jamais ; fuyez fort la lecture et les travaux nocturnes. » {c}


  1. Juvénal, v. note [17], lettre 606.

  2. Symptôme de l’ophtalmie qui affectait Charles Spon (mentionnée au début de la présente lettre), l’épiphora est, pour Trévoux, un :

    « continuel écoulement de larmes, accompagné quelquefois d’ardeur, de rougeur et de picotement. Les causes internes de cette maladie sont le relâchement des glandes des yeux et la trop grande acrimonie de la sérosité qui s’y sépare, laquelle en rongeant et en picotant les yeux, y attire une plus grande quantité de sang et de lymphe. Les enfants sont fort sujets à ce mal. L’épiphora invétéré dégénère souvent en fistule lacrymale. Les causes externes de l’épiphora sont les vapeurs âcres ou les poudres qui entrent dans les yeux, et qui les piquent. L’air trop froid ou trop âpre produit aussi le même effet. »

    En termes plus modernes (Littré DLF), c’est un « flux habituel des larmes qui tombent sur les joues au lieu de passer par les points lacrymaux ».

  3. Lucubrationes, v. note [2], lettre de François Citois datée du 17 juin 1639.

15.

Conradi Victoris Schneideri Philos. ac Medic. D. Profess. P. in Academia Wittebergensis, Celsiss. Princip. Anhaltin. Med. de Catarrhis [libri 6].

[(Six livres) de Conrad Victor Schneider, {a} docteur et professeur public de philosophie et médecine en l’Université de Wittemberg, médecin du sérénissime duc de Saxe-Anhalt, sur les Catarrhes].

  1. Liber primus quo agitur de speciebus catarrhorum et de osse cuneiformi per quod catarrhi decurrere finguntur.

    [Livre premier traitant des variétés de catarrhes et de l’os cunéiforme {b} d’où on a prétendu que proviennent les catarrhes]. ; {c}

  2. Liber secundus quo Galenici catarrhorum meatus, perspicue falsi revincuntur.

    [Livre deuxième où sont réfutés les méats galéniques des catarrhes, qui sont à l’évidence faux]. {d}

  3. Liber tertius quo novi catarrhorum meatus demonstrantur.

    [Livre troisième où sont démontrés de nouveaux méats des catarrhes]. {e}

  4. Liber quartus quo generalis catarrhorum curatio ad novitia dogmata et inventa paratur.

    [Livre quatrième où la cure générale des catarrhes est procurée suivant des théories récentes et originales]. {f}

  5. Liber quintus de Catarrhosorum diæta, et de speciebus catarrhorum, ut de coryza, brancho, catarrho suffocativo, catarrho stomachi, etc.

    [Livre cinquième sur le Régime des catarrheux et des variétés de catarrhes, comme le coryza, l’enrouement, le catarrhe suffocant, le catarrhe d’estomac, etc.] ; {g}

  6. Liber de Catarrhis specialissimus quo, iuxta Hippocratis librum de Gland. et de Locis in homine, septem Catarrhi, ut :

    • Καταρρους ες τους οφθαλμους, seu Catarrhus Oculorum,
    • Καταρρους ες τα ωτα, seu Catarrhus Aurium,
    • Καταρρους ες τας ρινας, seu Catarrhus Narium ; quo volumine et de Sternuatione agitur, ac quoque palam sit, nec Cerebrum esse Epilepsiæ sedem, nec illud eo morbo principaliter addici, concutique, nec ejusdem membri meninges moveri ac vellicari,
    • Καταρρους ες τον πνευμονα, seu Catarrhus Pulmonis,
    • Καταρρους ες τον στομαχον, seu Catarrhus Stomachi,
    • Καταρρους ες τον μυελον, seu Catarrhus Medulla Spinalis,
    • Καταρρους ες το αιμα, seu Catarrhus Sanguinis,

    pertractantur, cui alius, ad Sextum Catarrhum spectans, Liber de Arthritide, Podagra et Ischiagra, ac de Horum Morborum Curatione jungitur, Item Anacephalæosis, qua Assertio Catarrhorum Cephalicorum repetita magis perspicuæ falsitatis convincetur.

    [Livre très particulier sur les Catarrhes où, suivant livre d’Hippocrate sur les glandes et les lieux dans l’homme, sont traités en détail sept catarrhes :

    • Catarrhe des yeux,
    • Catarrhe des oreilles,
    • Catarrhe du nez, volume ou il est surtout question de l’Éternuement, et où il est aussi mis en évidence que le cerveau n’est pas le siège de l’épilepsie, {h} que cette maladie ne l’atteint ni ne l’ébranle principalement, et que ses méninges ne sont ni mises en mouvement ni tiraillées,
    • Catarrhe du poumon,
    • Catarrhe de l’estomac,
    • Catarrhe de la moelle épinière,
    • Catarrhe du sang.

    On a joint au sixième Catarrhe un Livre sur l’Arthrite, la Podagre et l’Ischiagre, {i} et sur le traitement de ces maladies ; et aussi une Récapitulation, où l’affirmation des Catarrhes céphaliques est répétée et convaincue de très évidente fausseté]. {j}


    1. Conrad Victor Schneider (Bitterfeld, Misnie vers 1610-Wittemberg 1680).

    2. Corps du sphénoïde, os central de la base du crâne, formant la cloison postérieure des fosses nasales.

    3. Wittemberg, héritiers de Tobias Mevius et Elerdus Schumacherus, 1660, in‑4o de 464 pages.

    4. Ibid. et id. 1660, in‑4o de 464 pages.

    5. Ibid. et id. 1661, in‑4o de 600 pages.

    6. Ibid. et id. 1661, in‑4o de 723 pages.

    7. Ibid. et id. 1662, in‑4o de 323 pages.

    8. Lubie ordinaire aux médecins qu’obnubile leur découverte et qui veulent expliquer toutes les maladies par son seul et même effet.

    9. La goutte en général, et celles du pied et de la hanche.

    10. Ibid. et id. 1664, in‑4o de 933 pages.

Dans ces traités, écrit J. in Panckoucke,

« Schneider fut le premier qui fit connaître la véritable texture de la membrane pituitaire ; c’est donc avec raison qu’on a donné son nom à cette membrane. {a} Il a fort bien indiqué les sources du mucus nasal qui provient, dit-il, du mélange de l’exhalaison fournie par < cette > membrane avec l’humeur lacrymale descendue par le canal nasal. Quelques anatomistes du xvie s. avaient déjà réfuté l’opinion des Anciens, suivant laquelle il existe, entre les ventricules du cerveau et le nez, une communication {b} dont on s’était généralement servi pour expliquer le coryza ; {c} mais Schneider démontra par l’anatomie que cette opinion est insoutenable et qu’aucun fluide ne peut tomber du cerveau dans les fosses nasales ou dans la bouche, ni par les trous de l’ethmoïde, ni par la tige pituitaire : {d} d’un côté, parce qu’il n’existe aucune communication entre le nez et les ventricules cérébraux ; de l’autre, parce que l’encéphale n’offre aucune altération organique chez les chevaux attaqués par la morve. C’est ainsi qu’il fit concourir l’anatomie comparée et l’anatomie pathologique à la réfutation d’une théorie qui avait exercé une influence si puissante sur les théories médicales, et qu’il contribua d’une manière efficace aux progrès de la pathologie. »


  1. Membrane qui tapisse les fosses nasales.

  2. Méat.

  3. De là vient que certains s’obstinent encore à appeler un coryza « rhume de cerveau » (v. notule {a}, note [1], lettre 151).

  4. L’hypophyse (autrement nommée glande pituitaire car on supposait qu’elle produisait la pituite) est reliée à la base du cerveau (hypothalamus) par une tige.

16.

« Je vous en écrirai autre chose après ».

V. note [8], lettre 749, pour les Opera omnia de Jérôme Cardan.

17.

V. note [23], lettre 417, pour le rarissime discours de la Historicæ hodiernæ medicinæ rationalis veritatis [Vérité historique de la médecine d’aujourd’hui] de Charles i Bouvard.

18.

Charles Spon avait transcrit un manuscrit de Jacques ii Cousinot (époux d’Anna Bouvard) sur les eaux minérales acides : v. note [22], lettre 387.

19.

V. note [2], lettre 744, pour les épîtres de Gabriel Naudé. Je ne suis pas parvenu à éclaircir ce que Guy Patin entendait par « papier de façon » (pour l’impression des opuscules de Jacques ii Cousinot) : ou il s’agissait d’un papier de qualité supérieure au « papier commun » (mentionné plus haut dans la lettre) ; ou le scribe a omis de transcrire quelques mots.

20.

Pour l’impression (vainement espérée) des opuscules de Jacques ii Cousinot, je ne suis pas parvenu à éclaircir ce que Guy Patin entendait par « papier de façon » : ou il s’agissait d’un papier de qualité supérieure au « papier commun » (mentionné plus haut dans la lettre) ; ou le scribe a omis de transcrire quelques mots.

Ce passage semble indiquer que Patin détenait un nombre important de lettres de Naudé, contenant notamment la correspondance qu’il a eue avec lui pendant ses longs séjours en Italie, mais dont rien que je connaisse ne subsiste malheureusement aujourd’hui. .Le Naudæana donne une idée de ce qu’on aurait pu y lire.

21.

Antoine Vallot, premier médecin du roi, était surintendant du Jardin royal des Plantes. En supposant une erreur de transcription, je propose de « M. Fouquet » (personnage très illustre que Guy Patin n’aurait pas pu aller le visiter, prisonnier au château de Vincennes, sans en faire plus grand cas) par « M. Joncquet » (v. note [7], lettre 549), médecin que son goût pour la botanique disposait à fréquenter Vallot et le Jardin royal.

Le même contexte horticole suggère qu’il convient de remplacer « M. Langier » par « M. [Jean] Laugier », botaniste de Gaston d’Orléans (v. notule {c}, note [5], lettre latine 291).

22.

« par crainte des juifs, {a} ou plutôt par crainte des païens baptisés ». {b}

Cette remarque acide portait sur le :

Journal de M.r de St. Amour, {c} Docteur de Sorbonne, de ce qui s’est fait à Rome dans l’Affaire des Cinq Propositions. {d}


  1. V. note [14], lettre 391.

  2. « Juifs » et « païens baptisés » désignent ici, sans aucune ambiguïté, les jésuites, en relation du fait, en partie vrai, que certains premiers pères espagnols de la Compagnie de Jésus avaient été d’origine maranne (v. note [10], lettre 292).

  3. V. note [24], lettre 312, pour Louis Gorin de Saint-Amour, ardent défenseur des jansénistes, auteur de ce réquisitoire contre les jésuites qui lui valut bien des déboires.

  4. Imprimé par les soins du dit Sieur de Saint-Amour en la présente année 1662, in‑4o en deux parties de 578 pages (journal et additions) et 286 pages (« Recueil de diverses pièces dont il est parlé dans ce Journal ou qui en regardent la Matière ».

Dictionnaire de Port-Royal sur ce Journal (page 474)  :

« L’ouvrage voit le jour en 1662, sans lieu, mais en réalité à Amsterdam, avec la collaboration, semble-t-il, d’Antoine ii Arnauld et de Louis-Isaac Le Maistre de Sacy qui en revoient les notes. Saint-Amour a également utilisé pour cet ouvrage les lettres de Juan Palafox de Mendoza, évêque d’Osma […] contre les jésuites d’Italie […]. Le 3 avril 1663, il se trouve à Troyes pour voir < son ami janséniste > Claude Taignier “ qui s’y était réfugié depuis longtemps et qui était arrêté au lit depuis deux jours par une fièvre violente ”. Il vient lui faire présent d’un exemplaire de son Journal, mais retournant à son auberge, il décide de repartir dès le lendemain en raison de la perquisition faite par le lieutenant général du présidial de Troyes chez les libraires et les oratoriens de la ville. Il ne peut pas revoir Taigner pour en prendre congé. Le 14 mai 1663, le Journal de Saint-Amour est condamné à être brûlé par le lieutenant civil au Châtelet de Paris. Le Journal ne fait pas l’unanimité parmi les amis de Port-Royal, d’autant plus qu’alors une négociation est engagée par Gilbert de Choiseul, évêque de Comminges, pour parvenir à un accommodement sur la question janséniste. »

23.

La Compagnie de Jésus, selon Théophile de Viau, v. note [46], lettre 99.

24.

« et dont il a heureusement guéri » ; v. notes [6], lettre 751, pour la rougeole de Louis xiv et [20], lettre 748, pour la fièvre de sa mère (Guy Patin a reconnu dans une lettre ultérieure qu’on lui avait fait prendre du vin émétique).

25.

Observations sur la requête présentée par M. Fouquet, le 25e jour de mai, 1663 (Paris, A. Vitré, 1663, in‑fo, factum anonyme de 13 pages). J’ai changé « pour lui », qui est dans la copie manuscrite, en « pour M. Fouquet », par cohérence avec le remplacement de « Fouquet » par « Joncquet » au début du paragraphe.

26.

Thomæ Bartholini Epistolarum medicinalium a doctis vel ad doctos scriptarum, Centuria i. et ii. Cum indicibus necessariis [Première et seconde centuries de lettres médicales de Thomas Bartholin, écrites par des savants ou à des savants. Avec les index requis] (Copenhague, Matthias Godicchenius, 1663, in‑8o ; deux autres centuries ont été publiées par la suite, v.  Bibliographie).

Ce sont 200 lettres latines écrites et reçues par Bartholin dans sa correspondance avec un grand nombre de médecins européens entre 1639 et 1660. Parmi les Français, on y relève les noms de Claude i Saumaise, des Lyonnais Abraham Du Prat et Lazare Meyssonnier, des Parisiens René Moreau, Pierre Bourdelot et Jean Pecquet. Guy Patin (G.P.) dut se réjouir d’y figurer parmi les plus cités ; toutes les lettres dont il a été auteur ou destinataire sont insérées dans notre édition.

27.

Apologie pour les médecins, contre ceux qui les accusent de déférer trop à la Nature, et de n’avoir point de religion. Par le Sieur Lussauld, {a} conseiller et médecin ordinaire du roi. {b}


  1. Charles Lussauld, v. note [48], lettre 152.

  2. Paris, Pierre Rocolet, 1663, in‑12 de 187 pages.

Ce livre a été réédité, revu, corrigé, augmenté de notes et d’une préface historique (de 144 pages), par P.J. Amoreux, médecin de Montpellier (Montpellier, Sevalle, 1816, in‑8o de 280 pages), « pour venir à l’appui des raisons et des preuves de Lussauld, et leur donner plus d’extension » ; Préface (pages 5‑7) :

« Nous verrons que Lussauld compare l’accusation {a} que l’on fait aux médecins à celle que les Abdéritains {b} faisaient à Démocrite parce que ce philosophe avait des sentiments qui n’étaient pas conformes aux leurs et qu’il ne raisonnait pas, à beaucoup près, comme eux. Hippocrate qui avait été mandé pour le guérir de sa prétendue folie, l’ayant examiné, interrogé, prononça qu’il était fort sage et doué d’une force d’esprit admirable, etc. {c} Il en est de même, dit Lussauld, de l’accusation faite contre les médecins : si la source d’où elle procède est bien connue, on confessera que, bien loin que les médecins puissent être athées et que ce qu’ils attribuent à la nature soit au préjudice de son auteur, au contraire, il n’y a profession au monde qui nous conduise mieux à la connaissance de la divinité. C’est ce que l’auteur a fort bien prouvé en divisant son ouvrage en deux parties. Dans la première, il montre que les médecins ont été conduits à la connaissance de Dieu, 1o par la vue des choses naturelles et par leur dépendance ; 2o en considérant la succession des choses vivantes et le moyen de leur génération, principalement celle de l’homme, et à ce sujet, il remonte jusqu’à l’établissement de la nature et de ses lois ; en troisième lieu, par l’inspection du corps humain qui est le propre sujet de la médecine ; 4o enfin, cet auteur prouve que, par la connaissance des maladies et par leur guérison, les médecins ont connu, non seulement qu’il y avait un Dieu, mais aussi qu’il y agissait.

Dans la seconde partie de son traité, Lussauld découvre la source de ce dire : Que les médecins n’ont point de religion et qu’ils défèrent trop à la nature, ce qui, selon lui, ne provient que des préjugés ; d’où il conclut tout le contraire de l’accusation intentée par le peuple (pourquoi ne dirions-nous pas aussi par les gens du monde ?) contre les médecins. Lussauld se rend fort de ce que les médecins de tous les temps, tant juifs que païens, tant chrétiens que mahométans, ont eu recours à Dieu dans le traitement de leurs malades. Notre auteur a fort bien dit que les médecins, qui étudient l’économie du corps humain, ne peuvent que reconnaître la divinité dans cette œuvre : ce qui est prouvé aussi par le cours des maladies et par leur guérison méthodique. »


  1. Accusation d’impiété.

  2. Habitants d’Abdère, en Thrace (v. note [23], lettre 197), dont l’Antiquité a rendu la stupidité proverbiale.

  3. V. note [9], lettre 455, pour cette anecdote sur Hippocrate et Démocrite.

V. notes [38], lettre 292, pour la Morale chrétienne de Moïse Amyraut (Saumur, 1652), et [4], lettre 755, sur ce que Lussauld y trouvait à redire (avec une analyse détaillée de son livre).

28.

« qui a beaucoup écrit avant cela ».

La note [1] de la lettre latine 323 (datée du 27 novembre 1664) donne la liste des ouvrages que Johann Michael Dilherr avait fait parvenir à Guy Patin, par l’intermédiaire de Johann Georg Volckamer. Le dernier traité alors publié de Dilherr n’y figure pas, mais mérite une mention car il illustre l’érudition philologique de ce théologiquen protestant :

Eclogæ sacræ Novi Testamenti Syriacæ, Græcæ, Latinæ. Cum notis et observationibus ita explicatæ, ut, præter rerum non inutilem cognitionem, adhibitis Grammaticæ Syriacæ rudimentis, antehac excusis, Attentus Lector Linguam Syriacam proprio Marte possit addiscere, adduntur Indices locupletissimi et Manuale Lexici Syriaci…

[Églogues {a} sacrées syriaques, grecques, latines du Nouveau Testament. Elles son si bien expliquées, avec des notes et des observations, qu’outre la connaissance utile de faits, un lecteur attentif, grâce aux rudiments de la grammaire syriaque, précédemment imprimés, qui y sont présentés, peut sans autre aide y apprendre la langue syriaque ; avec de très riches index et un lexique du syriaque…] {b}


  1. Il ne s’agit pas de poésies pastorales, mais d’un recueil de citations syriaques tirées du Nouveau Testament, traduites en latin et en grec, dont le vocabulaire et la grammaire sont commentés en latin.

  2. Iéna, Joh. Jac. Neuenhahn, 1662, in‑12 de 503 pages.

29.

« Je vous salue, ainsi que votre très chère épouse. Vale, illustre Monsieur, et aimez-moi. Votre Guy Patin de tout cœur. De Paris, ce mardi 5e de juin 1663. »


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 5 juin 1663

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0752

(Consulté le 25/04/2024)

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