L. 756.  >
À André Falconet,
le 17 juillet 1663

Monsieur, [a][1]

La reine mère [2] n’est pas encore bien, l’on dit qu’elle a mauvais estomac et le visage fort défait, à cause de quoi elle n’a encore bougé d’ici. J’ai céans la troisième édition du livre de M. Vander Linden [3] de Scriptis medicis en un grand volume in‑8o ex dono auctoris[1] J’ai aussi reçu de Saumur [4] une nouvelle édition du Longinus cum notis Tanaquilli Fabri in‑12[2][5][6] Le Rabelais [7] est achevé en Hollande, avec quelque explication nouvelle. [3] L’Hippocrate de M. Vander Linden continue fortement. [8][9] Je ne vous écris rien touchant M. le prince de Danemark, [10] on dit ici qu’il est à Genève, mais on ne sait s’il en reviendra ou s’il s’en ira par l’Allemagne. Est aliquod negotium perambulans in tenebris[4][11] on parle d’un nouveau traité que quelques-uns interprètent du mariage avec Mlle d’Alençon, [12] mais Monsieur l’ambassadeur [13] n’en dit mot, sinon qu’il est accablé d’affaires et qu’il a peur de ne s’en point retourner si tôt qu’il espérait à cause des nouvelles commissions qu’on lui envoie toutes les semaines. [5] Votre jeune docteur est-il revenu ? [14] je le salue cum matre carissima[6][15] avec les R.R. P.P. Théophile, Bertet et Ménestrier, et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 17e de juillet 1663.


a.

Bulderen, no ccxcix (tome ii, pages 378‑379), « au même » que la précédente (Charles Spon) ; Reveillé-Parise, no dcxix (tome iii, page 446), à André Falconet.

1.

« en cadeau de l’auteur. »

V. notes [6], lettre 607, pour la réédition (1662) des deux livres de Johannes Antonides Vander Linden « sur les Écrits médicaux », et [11], lettre 726, pour son Hippocrate (Leyde, 1665), mentionné plus bas.

2.

Dionysii Longini Philosophi et Rhetoris περι υψους libellus, cum Notis, Emendationibus, Præfatione Tanaquilli Fabri.

[Opuscule de Dionysius Longin sur le Sublime, {a} avec notes, corrections et préface de Tanaquillus Faber]. {b}


  1. Longin (Dionysius Cassius Longinus, 213-273) est un philosophe et rhéteur grec natif de Syrie. Il n’est probablement pas l’auteur du Traité du Sublime, ouvrage de critique littéraire qu’on attribue désormais à un anonyme grec à qui on préfère donner le nom de Pseudo-Longin.

  2. Saumur, Ioannes Lenerius, 1663, in‑12 grec et latin de 375 pages, dédié à Louis xiv par Tanneguy Le Fèvre (v. note [3], lettre 530), dont la préface est sous-titrée Utrum idem argumentum ab Hermogene et Longino tractatum fuerit [Le même sujet a-t-il été traité par Hermogène (philosophe grec, disciple de Socrate au ve s. av. J.‑C.) et par Longin ?], mais ne conclut pas à l’existence d’un Pseudo-Longin.

3.

V. note [4], lettre 574, pour l’édition hollandaise des Œuvres de François Rabelais (1663), enfin parvenue entre les mains de Guy Patin.

4.

« Il y a quelque négociation cheminant dans l’ombre » (Psaumes, v. note [5], lettre 174).

5.

V. note [6], lettre 735, pour le projet (avorté) de marier Mlle d’Alençon, fille de feu Gaston d’Orléans, avec le prince héritier du Danemark.

6.

« ainsi que sa très chère mère » ; le jeune docteur était Noël Falconet revenant de Montpellier à Lyon muni de son diplôme de docteur en médecine.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 17 juillet 1663

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(Consulté le 24/04/2024)

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