La reine mère [2] n’est pas encore bien, l’on dit qu’elle a mauvais estomac et le visage fort défait, à cause de quoi elle n’a encore bougé d’ici. J’ai céans la troisième édition du livre de M. Vander Linden [3] de Scriptis medicis en un grand volume in‑8o ex dono auctoris. [1] J’ai aussi reçu de Saumur [4] une nouvelle édition du Longinus cum notis Tanaquilli Fabri in‑12. [2][5][6] Le Rabelais [7] est achevé en Hollande, avec quelque explication nouvelle. [3] L’Hippocrate de M. Vander Linden continue fortement. [8][9] Je ne vous écris rien touchant M. le prince de Danemark, [10] on dit ici qu’il est à Genève, mais on ne sait s’il en reviendra ou s’il s’en ira par l’Allemagne. Est aliquod negotium perambulans in tenebris, [4][11] on parle d’un nouveau traité que quelques-uns interprètent du mariage avec Mlle d’Alençon, [12] mais Monsieur l’ambassadeur [13] n’en dit mot, sinon qu’il est accablé d’affaires et qu’il a peur de ne s’en point retourner si tôt qu’il espérait à cause des nouvelles commissions qu’on lui envoie toutes les semaines. [5] Votre jeune docteur est-il revenu ? [14] je le salue cum matre carissima, [6][15] avec les R.R. P.P. Théophile, Bertet et Ménestrier, et suis de tout mon cœur votre, etc.
De Paris, ce 17e de juillet 1663.
Bulderen, no ccxcix (tome ii, pages 378‑379), « au même » que la précédente (Charles Spon) ; Reveillé-Parise, no dcxix (tome iii, page 446), à André Falconet.
« en cadeau de l’auteur. »
V. notes [6], lettre 607, pour la réédition (1662) des deux livres de Johannes Antonides Vander Linden « sur les Écrits médicaux », et [11], lettre 726, pour son Hippocrate (Leyde, 1665), mentionné plus bas.
Dionysii Longini Philosophi et Rhetoris περι υψους libellus, cum Notis, Emendationibus, Præfatione Tanaquilli Fabri.
[Opuscule de Dionysius Longin sur le Sublime, {a} avec notes, corrections et préface de Tanaquillus Faber]. {b}
- Longin (Dionysius Cassius Longinus, 213-273) est un philosophe et rhéteur grec natif de Syrie. Il n’est probablement pas l’auteur du Traité du Sublime, ouvrage de critique littéraire qu’on attribue désormais à un anonyme grec à qui on préfère donner le nom de Pseudo-Longin.
- Saumur, Ioannes Lenerius, 1663, in‑12 grec et latin de 375 pages, dédié à Louis xiv par Tanneguy Le Fèvre (v. note [3], lettre 530), dont la préface est sous-titrée Utrum idem argumentum ab Hermogene et Longino tractatum fuerit [Le même sujet a-t-il été traité par Hermogène (philosophe grec, disciple de Socrate au ve s. av. J.‑C.) et par Longin ?], mais ne conclut pas à l’existence d’un Pseudo-Longin.
V. note [4], lettre 574, pour l’édition hollandaise des Œuvres de François Rabelais (1663), enfin parvenue entre les mains de Guy Patin.
V. note [6], lettre 735, pour le projet (avorté) de marier Mlle d’Alençon, fille de feu Gaston d’Orléans, avec le prince héritier du Danemark.
« ainsi que sa très chère mère » ; le jeune docteur était Noël Falconet revenant de Montpellier à Lyon muni de son diplôme de docteur en médecine.