L. latine 13.  >
À Johann Caspar I Bauhin,
le 20 septembre 1647

[Universitätsbibliothek Basel, cote G2 I 9:Bl., page 55 ro‑vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Caspar Bauhin, docteur en médecine et professeur public à Bâle.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous écris ces quelques mots pour que vous me libériez, s’il vous plaît, du doute où je suis plongé. Je me rappelle vous avoir écrit voici quelques mois, par l’intermédiaire d’un marchand de votre pays dénommé M. Chenaure, [2] à qui j’avais confié, pour qu’il vous l’offrît, le nouvel ouvrage qu’on a ici imprimé du très savant Caspar Hofmann, de Medicamentis officinalibus, dont j’ai tout récemment assuré l’édition, au nom de la très grande amitié qui me lie à cet auteur. M. Chenaure, ce brave marchand, m’avait très sincèrement promis de vous remettre ce modeste présent de ma part. Je suis pourtant dans le doute et l’inquiétude de savoir si vous l’avez bien reçu puisque depuis lors, je n’ai eu mot de vous ni de vos affaires. Je vous serais donc très reconnaissant de m’écrire si vous avez ou non reçu ce livre. [1][3] Je vous prie en outre de m’écrire les nouvelles médicales de chez vous (je ne vous en donne ni ne vous en demande de la guerre et des affaires politiques, souhaitant que Dieu mette bientôt fin à tant de calamités publiques). [4] Dites-moi en particulier si Genath, imprimeur en votre ville, n’a pas publié de nouvelles décades de thèses médicales depuis 1631, qui fut l’année où parut la septième, car je n’en ai aucune autre que ces sept-là. Si se vendent à Bâle d’autres nouvelles décades, qu’on a imprimées depuis tout ce temps, je vous demande à pouvoir les obtenir par l’intermédiaire du même M. Chenaure ; [2][5][6] ou bien alors d’autres thèses médicales de votre Université, qu’il inclurait dans ses paquets de marchandises pour les expédier en toute sûreté à ceux de mes voisins avec qui il commerce, et ceux-là me les remettraient aussitôt, sans le moindre doute. Guillaume Du Val, médecin et professeur royal, est ici mort ; [3][7] Riolan, devenu asthmatique et summam vitæ brevem reputans[4][8][9][10] craignant de mourir bientôt, songe à une nouvelle édition de son Anthropographia[11] augmentée d’une quatrième partie et enrichie de quelques menus traités contre Vésale, [12] Du Laurens, [13] Bartholin, [14] Spiegel [15] et d’autres ; et aussi sur la circulation du sang, controverse dont il affirme qu’il expliquera et dénouera clairement les obscurités. Je crains néanmoins que l’impétuosité de son opiniâtre maladie ne lui ait brisé les forces, et qu’il ne périsse et disparaisse avant la fin de l’édition, qui demandera presque une année entière. [5][16][17] On va publier ici l’Institutionum Epitome de Caspar Hofmann, in‑12, pour qu’il puisse tenir dans une sacoche. [6][18] Voilà, je n’ai rien d’autre à vous dire des affaires médicales. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris.

De Paris, le 20e de septembre 1647.

Vous donnerez, s’il vous plaît, mon salut à votre collègue, l’excellent M. Platter. [19]


a.

Lettre autographe de Guy Patin que conserve l’Universitätsbibliothek Basel, cote G2 I 9:Bl., page 55 ro et vo, avec au vo :

1.

V. note [1], lettre latine du 28 novembre 1648, pour cet envoi à Johann Caspar i Bauhin des deux livres de Caspar Hofmann « des Médicaments officinaux » (Paris, 1646).

2.

V. note [14], lettre 1020, pour les décades de thèses médicales bâloises imprimées par Johann Jakob Genath.

3.

Guillaume Du Val était mort à Paris le 22 septembre 1646 (v. note [10], lettre 73).

4.

« méditant sur l’extrême brièveté de la vie » : Vitæ summa brevis, spem nos vetat inchoare longam [L’extrême brièveté de la vie nous interdit les longues espérances] (Horace, v. note [12], lettre 98).

5.

V. note [25], lettre 146, pour cette réédition de l’Anthropographie de Jean ii Riolan, pièce maîtresse des ses Opuscula anatomica vetera (Paris, 1649), parus avec, entre autres suppléments, ses remarques sur la circulation du sang et ses attaques contre de nombreux anatomistes (mais Guy Patin omettait ou se gardait ici de citer Caspar Bauhin, père de son correspondant).

6.

V. note [26], lettre 150, pour l’« Abrégé des Institutions [médicales] » de Caspar Hofmann (Paris, 1648), dédié à Robert Patin, fils aîné de Guy.

s.

Universitätsbibliothek Basel, G2 I 9:Bl., page 55 ro.

Clarissimo viro D.D. Casp. Bauhino, Doctori Medico et
Profess. publico Basileam.

Pauca hæc ad Te scribo, vir Clariss. ut me si placet, liberes ab eo in quo versor
dubio. Memini me ante aliquot menses ad Te scripsisse per vestratem quendam
mercatorem dictum D. Chenaure, eiq. Tibi offerendum tradidisse librum novum
hîc nuper excusum viri eruditissimi Casp. Hofmanni, de Medicamentis Officinal. cujus
editionem in gratiam Auctoris mihi amicissimi nuperrime procuraveram. Bonus ille
vir et mercator D. Chenaure istud numusculum se Tibi meo nomine oblatum
libentissimè promisit : anxius tamen hæreo, dubitóq. an illud acceperis cùm de Te
rebúsq. tuis nihil ab eo tempore prorsus intelligam. Itaq. summo me obstinxeris bene-
ficio, si scripseris an acceperis necne. Præterea rogo Te ut scribas quid apud vos
novi habeatur de rebus medicis : (de bellicis et politicis neq. scribo neq. postulo :
utinam tandem tot publicis miserijs Deus finem imponat :) præsertim verò an
Typographus vestras Genathius novos Theseωn Medicarum Decades non ediderit,
ab anno 1631. quo septima Decas edita est : cùm præter illas septem Decades
nullam habeam. Si novæ aliæ Decades à tot annis typis mandatæ prostarent
in Urbe vestra, rogo Te ut per eumdem D. Chenaure eas habere possim, aut alias
Theses medicas ex vestra Academia, quas ille mercium suarum fasciculis inclu-
sas tutò hîc transmittet ad eos ex vicinis meis quibuscum habet commercium,
et per quos haud dubiè statim mihi reddentur. Gulielmus du Val, Medicus
ac Professor regius hîc obijt : Riolanus asthmaticus factus, summam vitæ
brevem reputans, ne quid humanitus ei contingat, de nova cogitat editione
suæ Anthropographiæ quarta parte adauctæ, et minutis aliquot tractatibus
locupletatæ, adversus Vesalium, Laurentium, Bartolinum, Spigelium et
alios : ut et de circulatione sanguinis, cujus controversiæ difficultates se
explicaturum et dilucidè enodaturum profitetur : vereor tamen ne contumacis
morbi vehementiâ fractis viribus pereat, et in medio rapiatur ante
finem editionis, ad quam annus penè totus requiritur. Hîc editur Epitome
Institut. Casp. Hofmanni
in 12 ut gestari possit in sacciperio, et nihil
aliud de re Medica. Vale vir Clarissime, et me ama.

Tuus ex animo Guido Patinus, Bell.
Doctor Medicus Parisiensis.

Datum Parisijs, 20. Sept. 1647.

Optimo viro D. Platero, Collegæ tuo, salutem si placet, nomine meo nuntiabis.

Universitätsbibliothek Basel, G2 I 9:Bl., page 55 vo.

A Monsieur
Monsieur Bauhin, Docteur
et Professeur en Médecine,

A Basle en Suisse.

[D.D. Guid]o Patinus
[Res]p. Decemb. Idib.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Caspar I Bauhin, le 20 septembre 1647

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(Consulté le 25/04/2024)

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