L. latine 53.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 7 juillet 1656

[Ms BIU Santé no 2007, fo 42 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Vander Linden, éminent professeur de médecine à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Étant fort inquiet de vous et de vos affaires, je vous écrivis par l’intermédiaire de notre voisin, marchand qui s’en allait en Hollande ; mais quelques jours après, voici que je reçois votre lettre, non sans une immense joie. Dieu soit loué, vous êtes en vie et vous portez bien, tout comme notre ami M. Utenbogard. [2] J’ai eu une lettre de lui et vous en joins ma réponse afin que, par votre intermédiaire, il soit au courant de mes affaires et n’en soit plus en peine.

Je me réjouis que mes deux éditions annotées de Celse vous soient parvenues. Vous pourrez conserver longtemps celle de Nancel, et ce jusqu’à la fin de votre travail. Vous aurez soin, si vous pouvez, de me retourner d’abord l’autre, qui fut celle de Jacques Charpentier, préalablement corrigée par Fernel et Chapelain ; [3][4][5][6][7] de sorte que l’ayant rapportée, ou plutôt rendue à notre ancien, [8] le très distingué M. Riolan, j’en obtienne une troisième bien meilleure pour vous l’envoyer aussitôt. Il s’y trouve quantité de corrections faites par d’illustres hommes, Scaliger en particulier, et d’autres éminentissimes médecins. Notre Riolan en fait très grand cas, et a dit qu’il me la donnera, bien que je ne la lui aie pas demandée. [1][9][10][11] J’espère donc l’obtenir facilement si je lui rapporte cet autre Celse que vous avez aujourd’hui entre les mains, car si je ne l’avais alors emprunté, il aurait voulu en faire don à un petit-fils de ce Jacques Charpentier, qui est notre ami et collègue, très savant homme et meneur de notre bon parti. [12][13] Quoi qu’il en soit, j’essaierai d’obtenir ce troisième Celse qu’il détient, pour vous l’envoyer, en reconnaissance de ma dette envers vous pour certains doux services et tendres devoirs dont vous m’avez gratifié. [14] Vous savez que l’humeur des vieillards est vraiment capricieuse ; mais j’agirai en habile médecin, je saisirai l’occasion favorable, fandi tempora et molles aditus investigabo ; [2][15] et quand je l’aurai trouvée, je la mettrai sagement au service de votre dessein. Je me réjouis beaucoup que votre très distingué M. Vorst ait reçu le Théophraste d’Hofmann, particulièrement s’il peut lui être utile ; mais je n’ai reçu aucune lettre de lui. [3][16][17][18] Je suis néanmoins disposé à lui rendre tout service, si tel est son besoin. Dieu veuille que je reçoive enfin vos Selecta medica, que j’attends toujours avec la plus grande avidité : [4][19] j’en ai excité les papilles de mes auditeurs, [20] et même celles de notre dit Riolan ; si j’osais, je vous en demanderais un exemplaire pour lui, afin que je puisse plus aisément lui arracher pour vous ce troisième Celse, ou alors l’obtenir de quelque autre façon que ce soit. Si aucune occasion particulière ne s’offre à vous pour me l’envoyer, faites-le au moins parvenir à M. Angot par l’intermédiaire de votre Elsevier, [21][22] avec d’autres livres qu’il veut mettre en vente ; je m’attacherai à les faire acheter par mes auditeurs. Dieu fasse que le paquet de nos publications académiques vous agrée ; si vous voulez, [Ms BIU Santé no 2007, fo 43 ro | LAT | IMG] je vous en enverrai d’autres pareilles après celles-là, car chaque année procure quelque nouveauté de ce genre. [23] Ces mois d’hiver, une controverse a ici fleuri parmi nous sur la purgation au début de la pleurésie, que certains novateurs de la troupe et cabale stibiale ont prônée. On écrit des deux bords ; mais un seul de nos collègues, appelé François Blondel, très savant homme, et expert parfaitement maître du sujet, a écrit un traité entier de Pleuritide, qu’il a publiquement lu en nos Écoles ; il y apporte maintenant de nouveaux soins et le corrige pour le faire imprimer rapidement. [5][24][25] L’opinion tout à fait malsaine de purger au commencement de la pleurésie y est mise à terre : redoutez et augurez vraiment le pire ; l’honnête médecin, qui craint pour ses malades, semble devoir la fuir. Je vous enverrai quelques exemplaires du livre aussitôt qu’il aura été publié, pour vous, MM. Utenbogard, van Horne [26] et aussi pour M. Vorst, à qui je vous remercie d’avoir envoyé mon second paquet. Je me réjouis qu’il soit votre ami ; tout le temps qu’il a vécu ici chez nous, j’ai découvert qu’il est un bon et honnête homme, et attaché au bon parti ; j’ai confiance qu’il persévérera dans ces bonnes dispositions ; vous le saluerez, s’il vous plaît, de ma part, et lui enverrez ma lettre. À vrai dire, j’ai oublié de vous expédier le commentaire de Carpi de Anatomia Mundini ; [6][27][28] mais je m’apprête à vous le faire parvenir par M. Angot ; il le mettra dans le premier paquet qu’il préparera pour votre pays, afin qu’il vous soit remis.

Pour les manuscrits d’Hofmann que j’ai ici, je ne suis pas encore vraiment décidé à les envoyer en Hollande, et je ne crois pas que ce soit une affaire si bien conclue pour votre M. Elsevier. Si en effet il s’est mis en tête de rassembler et imprimer les œuvres complètes d’un si grand homme, il est certain que tous ses traités feront plusieurs tomes. Je loue pourtant hautement sa proposition : alors tout va bien et je ne m’en dédirai pas. De fait, j’ai ici ses Chrestomathiæ physiologicæ et pathologicæ ; à ces premières, je pense qu’il faut adjoindre trois nouveaux traités encore inédits, qui sont entre les mains d’un ami de Lyon, [29] à qui je les avais envoyés il y a trois ans pour qu’ils y fussent imprimés ; ce qui n’a jusqu’ici pas été accompli, à cause de la paresse et peut-être de l’indigence d’un imprimeur qui était disposé à les publier. [30][31]

Pour ce projet hollandais, je dois tout d’abord, me semble-t-il, les récupérer de Lyon, puis les réunir pour la première fois à ces Chrestomathiæ que j’ai ici. Ces trois traités portent de Spiritibus et Calido innato, de Partibus similaribus et solidis, et de Humoribus[7][32]

En deuxième lieu, je ne me départirai d’aucun de ces traités tant qu’un écrit particulier ne m’aura pas assuré que M. Elsevier les imprimera rapidement. De fait, ils ont pour moi une grande valeur : j’ai déboursé trois cents livres tournois il y a huit ans pour être certain de les avoir et pour que d’aventure ils ne disparaissent pas en Allemagne, par la mort de leur très éminent auteur ; néanmoins, je n’en réclame pas d’argent. Je bataillerai pourtant afin d’en obtenir un certain nombre d’exemplaires, sans en laisser aucun m’échapper, dont je ferai cadeau à mes amis. Cependant, en mémoire de mon ami et pour l’avantage de la postérité reconnaissante, il n’y a rien que je n’entreprendrai pour qu’enfin leur auguste édition aille de l’avant, car posséder de tels manuscrits me semble valoir son pesant d’or.

En troisième lieu, pour qu’ils ne traînent pas plus longtemps chez les imprimeurs et cessent d’errer de l’un à l’autre, je me suis fixé cette seule exigence : je ne donnerai rien de ce que je possède dès lors qu’un autre volume des œuvres inédites d’Hofmann aura été mis sous presse ; timeo enim Danaos, vel dona ferentes, nam me vestigia terrent[8][33][34]

Vous savez mon avis, [Ms BIU Santé no 2007, fo 43 vo | LAT | IMG] vous connaissez ma disposition d’esprit absolument étrangère à tout déguisement, toute tromperie et toute imposture, et plus encore à toute philargyrie. J’en prends Dieu lui-même à témoin, et n’en démordrais pour rien au monde ; mais en réalité, je m’acharne à chercher la tranquillité de ma conscience et de la vôtre, et même de tout un chacun ; et tant que j’en ai le pouvoir, je défends bien volontiers la cause de feu M. Hofmann, et même de ses descendants, contre l’injustice et la débauche d’un siècle entièrement corrompu. Loin de moi l’idée de duper quiconque, mais Dieu veuille que personne ne me dupe, surtout dans une affaire de si grande importance, dont je dois rendre compte à Dieu lui-même, aux mânes très radieux de mon très grand ami et à la postérité. Je prends de très grandes précautions dans cette affaire et les soumets de bon cœur à votre jugement, vous qui êtes connaisseur et intelligent, pour que vous les examiniez et les discutiez. Puissiez-vous les approuver ; sinon, écrivez-moi ce que vous en pensez.

Vous parlez de l’Oratio adversus Pharmacopolos de Freitag comme d’une merveille absolue et jusqu’ici sans exemple, mais il ne subsiste ou ne se trouve aucun exemplaire d’un discours imprimé sur une telle matière. Je souhaite en disposer, même à prix d’or ; je paierais en effet cher pour l’avoir, afin de voir comment ce miles gloriosus, infortuné rival et malicieux adversaire de Daniel Sennert, que je tiens pour un très grand homme, a traité cette fourbe et perfide engeance. [9][35][36][37][38] Peut-être cette Oratio se rencontrera-t-elle enfin ; elle me sera sans aucun doute utile, s’il y a parfaitement décrit ces très ignobles grippe-sous, ces vauriens abominables et puants, qui sont les souillures et les hideux cancers de l’art le plus sacré ; mais ne s’en pourrait-il trouver un exemplaire chez les marchands de tabac ? [10][39] Je déplore très sincèrement cette rareté. Dès que possible, je saluerai de votre part les très distingués MM. Riolan et Moreau, [40] hommes qui surpassent tous mes éloges et qui sont au-dessus de toute louange. Vale et aimez-moi.

Guy Patin, docteur en médecine et professeur royal.

De Paris, ce vendredi 7e de juillet 1656.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fo 42 vo‑43 vo.

1.

V. note [1] de la précédente lettre à Johannes Antonides Vander Linden, le 2 juillet 1656, où Guy Patin s’inquiétait vivement de n’avoir encore aucune nouvelle des deux précieux Celse annotés qu’il lui avait expédiés à Leyde en février.

En dépit de ses promesses, Riolan ne consentit jamais à prêter son autre Celse annoté par Jules-César Scaliger.

2.

« je chercherai le bon moment pour lui en parler et les approches caressantes », réminiscence de Virgile (Énéide, chant iv, vers 293‑294) :

temptaturum aditus, et quæ mollissima fandi tempora, quis rebus dexter modus.

[(Énée) tentera l’approche, au meilleur moment de parler, par le biais le plus adroit].

Antoine ii Charpentier, petit-fils de Jacques (v. note [51], lettre 97), a correspondu avec Guy Patin.

3.

V. note [1], lettre latine 44, pour cet exemplaire de la Botanique de Théophraste d’Érèse annoté par Caspar Hofmann, que Guy Patin avait expédié à Adolf Vorst.

4.

V. note [29], lettre 338, pour les « Morceaux médicaux choisis » de Johannes Antonides Vander Linden (Leyde, 1656).

5.

V. notes [32], lettre 442, pour ce cours de François Blondel « sur la Pleurésie », qui est resté inédit, et [8] et [14], lettre 430, pour la querelle qui avait embrasé la Faculté de médecine de Paris en décembre 1655 à propos de la thèse, finalement disputée le 20 janvier 1656, dont la conclusion était : « Il convient donc de purger au début de la pleurésie » (bachelier Nicolas Morin, président François Landrieu).

6.

V. note [17], lettre latine 38, pour les commentaires de Jacopo Berengario da Carpi « sur l’Anatomia de Mondini » (Bologne, 1521, et Venise, 1535).

7.

V. note [3], lettre latine 28, pour le contrat avorté que Guy Patin avait signé en 1651 avec le libraire lyonnais Pierre Rigaud concernant la publication des traités manuscrits de Caspar Hofmann « sur les Esprits et la chaleur innée, sur les Parties similaires (v. note [7], lettre 270) et solides, et sur les Humeurs » ; Charles Spon les conservait depuis en dépôt chez lui.

Patin comptait sur les Elsevier pour les imprimer avec les « Chrestomathies physiologiques et pathologiques » inédites du même Hofmann, mais ils ne donnèrent pas non plus suite à ses espérances, en dépit du soutien que lui procurait Johannes Antonides Vander Linden (v. note [4], lettre latine 44).

8.

« car je crains les Grecs, même quand ils portent des cadeaux, car les traces de pas m’épouvantent », avec double référence poétique :

La troisième exigence de Guy Patin n’a de sens que si on y remplace Operum Hofmanni editorum [des œuvres publiées d’Hofmann] par inedirorum [inédites] : il savait que certaines copies des manuscrits qu’il avait achetés au prix fort existaient en Allemagne, et tenait absolument à conserver la primeur de ses originaux.

9.

V. notes [12], lettre latine 43, pour le « Discours contre les pharmaciens » de Johann Freitag (Groningue, 1633), et [37], lettre 197, pour la querelle qui l’avait opposé à Daniel Sennert en 1636-1638 sur les méfaits de la médecine chimique.

En qualifiant ici Freitag de miles gloriosus [soldat fanfaron] (titre d’une pièce de Plaute où apparaît le premier type du capitan et du matamore), Guy Patin montrait à quel point il vénérait Sennert, poussant le paradoxe jusqu’à dénigrer un auteur qui avait eu l’audace de l’attaquer pour ses complaisances avec le paracelsisme.

10.

Le libre commerce du tabac était alors assuré par les herboristes et droguistes, concurrents ouverts des pharmaciens (apothicaires) car ils vendaient au public des remèdes végétaux simples et peu coûteux ; ceux que recommandaient notamment le Médecin charitable ou le Traité de la Conservation de santé, si chers à Guy Patin.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 42 vo.

Clarissimo viro D. Vander Linden, Medicinæ Professori egregio Leidam.

Dum de Te rebùsque tuis admodum anxius essem, vir clariss. ad Te
scripsi per vicinum nostrum mercatorem ad Batavos proficiscentem : sed
paucis pòst diebus, ecce Tuas aspicio accipio, non sine maximo gaudio. Deo sit
laus, quod vivas et vales : ut et amicus noster D. Utenbogardus, cujus
epistolam habeo, et ecce responsum Tibi mitto, ut per Te de rebus meis
intelligat, nec amplius laboret.

Utrumque Celsi codicem ad Te pervenisse gaudeo : Nanceliumanum diu poteris
servare, et usque ad finem Operis : alterum, qui fuit Iac. Carpentarij,
priùs à Fernelio et Capellano emendatum, si possis, priùs ad me redire
curabis, ut ex eo 2 repræsentato et quasi 1 oblato Seniori nostro clarissimo
D. Riolano, tertium quendam longè meliorem obtineam, illico Tibi mittendum,
in quo multæ habentur Illustrium virorum Emendationes, præsertim v.
Scaligeri, et aliorum præstantissimorum Medicorum. Riolanus noster
eum magni maximi facit, dixitque se mihi, quamvis non petenti, daturum ;
quem ideo facilè me obtenturum spero, si alter quem hodie possides, ei
offeratur, quo tunc si habuissem, quendam donare volebat Iac. illius
Carpentarij nepotem, Collegam et Amicum nostrum, virum eruditissi-
mum, et bonarum partium inter nos ducem. Quidquid sit, tertium
illum quem possidet, obtinere conabor, ut ad Te mittam, multi blandis quibusdam
in tempore,
obsequijs, et mollibus officijs. Nosti mores senum verè morosi sunt : sed
Medicum agam επικαιροτατον, idoneum tempus captabo, fandi
tempora et molles aditus investigabo, ijsque repertis in rem vestram sapienter
utar. De Hofmannis Theophrastum quod accepit vir clariss. vester
Vorstius, gaudeo sanè, præsertim si utilis illi esse queat : sed ejus
epistolam nullam accepi : paratissimus tamen sum ad omne aliud officium, si tale
quid à me requirat. Selecta tua hactenus avidissimè expectata,
utinam tandem accipiam : eorum gustum injeci auditoribus meis, imò
et ipsi Riolano nostro, pro quo si fas esset, Exemplar unum à Te
deprecarer, ut citiùs atque faciliùs tertium illum Celsum nomine tuo
extorquere vel obtinere quoquomodo possim. Si nulla alia sese
ad me mittendi offerat privata occasio, saltem mitte per Elsevirium
vestrum ad D. Angot, cum alijs Exemplaribus venalibus, quorum
emptionem per meos auditores lubentissimè procurabo. Academica-
rum rerum nostrarum fasciculus utinam Tibi probetur : si volueris,

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 43 ro.

talia posthac alia mittam : quotannis enim aliquid tale novum suppetit.
Hyemis mensibus hîc apud nos viguit controversia, de purgatione initio pleuri-
tidis
, à quibusdam Novatoribus de stibiali gente atque factione, instituta :
ex utraque parte aliquid scriptum est : sed unum habemus Collegam, qui dictum Franc.
Blondel, virum eruditissimum, qui integrum ex professo Tractatum scripsit
de Pleuritide, quem publicè prælegit, in Scholis nostris, nunc v. secundis curis
illustrat ac emendat, ut brevi prælo subujciat : ibi pestilentissima jugulatur
opinio de purgatione initio pleuritidis exhibenda : et certè cave pejus et augure
viro bono, suis ægris metuenti, fugienda videtur. Editi libri aliquot Exem-
plaria statim mittam pro Te, D.D. Utenbogardo, Van-Horne, et Vorstio. Illi quod miseris
alterum meum fasciculum, gratias ago : eúmque Tibi amicum esse gaudeo : quam-
diu hîc apud nos vixit, virum bonum atque probum esse deprehendi, et
bonarum partium : in quibus eum preservaturum esse confido : ei si placet salutem
meo nomine denuntiabis, et meam mittes. Carpi commentarium in Anat.
Mundini
revera non misi, memoriæ lapsu : sed ecce mitto per D. Angot,
ut eum primo suo quem ad vos adornabit fasciculo includat Tibi reddendum.

De MS. Hofmanni quæ hîc habeo ad vos mittendis, nondum ita planè
decrevi : nec puto rem esse adeo paratam ipsi vestro D. Elsevirio. Si enim
sibi in animum induxerit omnia tanti Viri Opera colligere atque typis mandare,
certum est plures fore tomos illius sylloges : ejus tamen propositum valde
laudo, et bene habet, nec ab eo recedam : revera hîc habeo Χρηστομαθ.
ejus Physiologicas et Pathologicas : prioribus illis subjugendos esse puto
tres novos Tractatus numquam antehac editos, qui sunt Lugduni Celta-
rum in manibus Amici, ad quem ante triennium miseram, ut prælo subji-
centur : quod hactenus effectum non est per ignaviam, et forsan inopiam,
cujusdam Typographi, qui eos edendos susceperat : in eam rem vestram
priùs mihi videntur Lugduno repetendi, et istis Χρηστομαθ. quas hîc
habeo, primùm conjungendi : sunt a. tres illi Tractatus de Spiritibus
et Calido innato : de Partibus similaribus et solidis : et de Humoribus
.

2. Singulos illos Tractatus non priùs à me dimittam quin mihi
peculiari scripto constet, D. Elsevirium brevi eos typis mandaturum : et
quia magni sunt apud me pretij, pro quibus nimirum habendis, ne fortè
perirent in Germania, ab obitu præstantissimi Auctoris, trecentas libellas
Turonenses tradidi, ante annos octo, pro quibus tamen obolum non reposco :
de numero tamen aliquot Exemplarium pro Amicis meis et aliquo αντιδωρω
certabo, ne mihi singula pereant : nihil tamen non patrabo, in Amici mei
memoriam, et gratæ posteritatis commodum, ut tandem augusta eorum
procedat editio, quoniam auro contrà cari mihi videntur habendi tales MS.

3. Ne diutius hæreant atque moventur apud Typographos, hoc
unum etiam apud me constitui, me, quidquid habeo, non traditurum quin
priùs Operum Hofamnni editorum tomus alter prælo subjectus fuerit : timeo
enim Danaos, nec vel dona ferentes : nam me vestigia terrent. Habes consilium

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 43 vo.

meum ; habes mentem meam ab o[mn]i fuco, fraude et impostura, imò et ab
omni φιλαργυρια, Deum ipsum testem invoco, prorsus alienam : sed in re ipsa
2 securitatem meam tuámque, imò omnem 1 sollicitè quæro, et quantum
in me est, του μακαριτου Hofmanni, ìmò et posterorum negotium
non invitus ago, adversus corruptissimi sæculi iniquitatem et nequitiam.
Absit ut quenquam decipiam, sed utinam nemo me decipiat, præsertim in
re tanti momenti, de qua ipsi Deo, Amici mei summi candidissimis
Manibus, et ipsi posteritati rationem debeo. In eam rem tales cautiones
adhibeo, quas Tibi perito et intelligenti, discutiendas ac examinandas
lubens submitto : utinam Tibi probentur : sin minùs, scribe quid sentias.

De Freitagij oratione adversus Pharmacopolos, rem narras planè
miram, et antehac inauditam : Orationis antehac editæ typis mandatæ de tali materia
nullum superesse aut reperiri Exemplar : quod utinam mihi suppeteret
pro nummo aureo : magno enim ære redemptam velim, ut videam quî
subdolam et perfidam illam gentem exceperit ille miles gloriosus, Dan.
Sennerti, viri mihi maximi, infelix æmulus et malignus Adversarius :
forsan tamen aliquando occurret, mihi haud dubiè profutura, si turpissimos illos
lucriones, fœdissimos atque putidissimos nebulones, sactissimæ artis vibices
tetráque carcinomata graphicè descripsit. Sed apud eos qui Tabacum vendunt,
nullúmne reperiri posset exemplar ? certè ex animo doleo propter istam raritatem.
Viros omni meo elogio majores, omni laude superiores, clarissimos DD. Riolanum
et Moræum, tuo nomine quam primùm salutabo. Vale et me ama.

Guido Patin Doctor Med. et
Prof. regius.

Parisijs, die Veneris, 7. Iulij, 1656.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 7 juillet 1656

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(Consulté le 19/04/2024)

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