L. latine 78.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 23 mars 1657

[Ms BIU Santé no 2007, fo 54 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Ô que votre lettre, récemment reçue, m’est agréable ! J’ignore pourtant quand elle a été écrite parce que vous n’y avez mis ni mois ni jour ; mais peu importe car elle m’apprend que vous avez reçu toutes les miennes, sauf la dernière, qui était très brève ; je vous l’avais écrite le 23e de février pour vous apprendre la mort presque inopinée de notre ancien, le très brillant Riolan, ; [1][2][3] mais j’en viens à votre lettre.

Je n’ai finalement pas obtenu ce Celse [4] qu’on vous a promis tant de fois et depuis si longtemps, et il ne reste aucun espoir de l’obtenir dorénavant. En effet, tous les livres de M. Riolan sont retenus sous scellé par ordre de justice jusqu’à la fin du procès qui se déroule entre ses enfants pour l’héritage à venir et aussi parce que, sur le conseil des meilleurs avocats, lui et son épouse ont déshérité le fils cadet ; et pour lever et casser cette décision, omnem deinceps movebit lapidem ; [2] mais tout est ici facilement possible aux plaideurs de cette espèce, même quand ils sont dans leur tort, et je n’oserais parier sur le terme d’un si important procès. [5][6][7][8] Si pourtant l’affaire en va autrement, je ne m’épargnerai aucune peine pour vous procurer ce Celse, soit par prière, soit par argent. Je suis profondément peiné qu’avant de mourir, il ne m’ait pas remis ce qu’il m’avait tant de fois promis. Son opiniâtreté en a été la cause, pour ne pas dire son aigreur sénile que la crainte d’une mort imminente augmentait de jour en jour. Il m’avait aussi promis qu’il me donnerait bien d’autres choses plus précieuses encore, sans que je les lui aie jamais demandées ; je ne les ai jamais obtenues et ne compte jamais les recevoir ; on dit en effet qu’il n’en a jamais rien écrit, et n’a avisé personne de quoi que ce soit ; il s’agissait de ses manuscrits et de certains livres. Néanmoins, je n’en suis pas du tout surpris ; je ne manque pas de livres et n’en ai nul besoin, mais il n’aurait pu confier ou remettre ses écrits à quiconque plus sûrement qu’à moi. Il m’a toujours tenu pour ami très sûr, mais pourtant, il ne s’est pas exécuté. Tel était mon destin qu’après quantité de services rendus à cet excellent vieillard, j’en serais la dupe ; et j’attribue cela aux défauts ordinaires des vieux, qu’il s’agisse de l’ingratitude, du mépris ou de l’oubli. J’ai déjà éprouvé la même chose en d’autres anciens : même quand ils sont moribonds, ils n’osent pas penser à la mort et, espérant vivre longtemps encore, n’arrêtent rien de leur dernière volonté ; et pourtant, je ne suis pas déçu, parce que je n’ai presque rien attendu d’autre de sa part. [3][9][10] Mais oublions ces choses, elles n’auront dorénavant plus aucune importance.

Quand votre Celse paraîtra-t-il donc, sera-ce avant le mois de juin ? [4][11] Je souhaite pouvoir vous apporter quelque assistance supplémentaire dans une entreprise si louable. La mort du très distingué M. René Moreau nous a causé un très grand dommage car il m’avait de lui-même offert de beaucoup vous aider pour cette édition ; mais qu’y pourrais-je ? La mort n’épargne personne. [12][13]

J’avais à Gênes un très grand ami, M. Alcide Musnier, docteur en médecine et excellent homme, par qui nous avons pu découvrir et recevoir bien des nouvelles d’Italie ; [14][15] mais je ne sais ce qu’il est advenu de lui en raison de la peste qui sévit cruellement aux alentours de Gênes depuis neuf mois ; [16] je ne sais même pas s’il est encore en vie ou s’il gît dans une tombe. On imprime fort peu de livres médicaux en Espagne et au Portugal ; tout comme en Italie, en raison de la peste qui rôde encore.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 55 ro | LAT | IMG] Quant à moi, je suis entièrement à votre service et songerai dorénavant à apporter ma contribution pour enrichir votre ouvrage. [17] J’eusse fort approuvé le dessein particulier qu’eut jadis le très distingué M. Gerardus Johannes Vossius d’explorer la vie de tant de savants qui ont consacré leurs travaux et leurs veilles à la postérité, quique sui memores alios fecere merendo[5][18][19] Si vous avez à cœur de mener cette tâche à bien, je pourrai vous être utile pour nos Français, en particulier les Parisiens, car je les ai presque tous connus, autant que l’ont été jadis pour Juvénal Lucus Martis, et Æolijs vicinum rupibus antrum Vulcani[6][20]

Bonne chance à la famille et aux enfants encore vivants du très distingué M. Jan van Beverwijk ; je l’ai honoré et aimé tant qu’il a vécu, et j’honorerai sans discontinuer son souvenir aussi longtemps qu’il me sera donné de le faire. [21] Si j’apprends que son fils est à Paris, j’irai le voir, le saluerai et lui promettrai toute sorte de services et l’en assurerai, s’il veut bien et dans toute la mesure de mes moyens. [22]

Votre observation sur la manne est digne d’être consignée par écrit pour le profit de la postérité, afin que les jeunes médecins y apprennent à comprendre ce qu’est à proprement parler l’idiosyncrasie des malades, [7][23][24] et à ne point accorder inconsidérément leur confiance aux auteurs d’antidotaires qui ont écrit en charlatans sur les facultés purgatives des médicaments, et non pas en philosophes médicaux, qui doivent être honnêtes gens et se distinguer de tous les autres par une érudition particulière. [25][26] Je mettrai et reverserai aisément la cause de l’hypercatharsie dont vous parlez sur le compte de la scammonée qui est dissimulée dans ce qu’on appelle la manne. [8][27][28]

N’avez-vous pas ouï dire que M. Elsevier prépare une édition des lettres de Gerardus Johannes Vossius, ou une autre fort enrichie de celles de Joseph Scaliger ? [9][29][30] Je sais qu’il reste beaucoup de lettres encore inédites de ce grand personnage et j’ai jadis entendu de très brillants hommes, tels Saumaise, les frères Dupuy, Naudé ou Labbe, se plaindre qu’elles n’aient pas été publiées. [31][32][33][34][35] Pour le bien commun, Dieu fasse qu’on les mette enfin au jour.

Je n’ai pas trouvé dans votre lettre la feuille pour mon Carolus, à attacher au début de vos Selecta ; [10][36][37] envoyez-la une prochaine fois, si vous voulez bien.

Pour l’ambassade du très distingué M. de Thou en votre pays, [38] l’affaire demeure indécise car, à ce que j’entends, on ne lui en a pas encore versé l’argent requis ; c’est à tout le moins une négociation qui va lentement. Si pourtant cela aboutit favorablement, je le saluerai avant qu’il s’en aille, et lui chanterai vos louanges en lui disant adieu et lui recommandant vos mérites.

Dans le premier paquet que je préparerai pour vous, vous trouverez quelques-unes de nos thèses, [39] avec le livre de Petronio de Victu Romanorum, auquel il manque la première page, de sorte que je n’en connais ni l’année, ni le lieu d’édition ; [11][40] vous y découvrirez aussi d’autres choses que j’aurai collectées d’ici là. Vous aurez soin, s’il vous plaît, de faire suivre par voie absolument sûre les lettres ci-incluses. [12] Je salue de tout cœur vos très distingués collègues MM. Vorst, van Horne, Golius et Horn. [41][42][43][44] Mes deux fils, Robert et Charles, vous saluent, soyez bien assuré de leurs services et de leur soumission. [45] Nous avons ici un nouvel ouvrage médical par Louis Ferrant, médecin de Bourges, sous ce titre : Magni Hippocratis Coaca Præsagia, brevi Enarratione illustrata, decepta à Galeno, Hollerio, Dureto, Foesio, Jacotio, et alis, non inferioris Nota viris, etc. ; [13][46][47][48][49][50][51] vous en recevrez un exemplaire avec les autres. Un médecin d’Aix-en-Provence, nommé Gabriel Fontaine, fils de Jacques, a écrit une Medicina antihermetica, contre les délires de certains chimistes et contre Van Helmont, cet imposteur public, écrivain de quatre sous, absolument indigne d’être même réfuté. [14][52][53][54][55] Loin de moi l’idée de juger les autres à la légère, mais je me rappelle avoir vu quelque chose de ce Gabriel Fontaine qui était parfaitement indigne d’être publié : c’était un opuscule de Morbis capitis ; [15] je veux vraiment dire qu’il y conte de pures sornettes et délire presque sur l’antimoine, [56] tant est vrai ce qu’a dit Quintilien : [57] [Ms BIU Santé no 2007, fo 55 vo | LAT | IMG]

Soli artifices possunt judicare de artibus[16]

Aujourd’hui, un étudiant en médecine m’a rapporté qu’on a récemment imprimé en Angleterre deux opuscules médicaux, dont l’un est intitulé Adenologia et l’autre, Xenodochium tabidorum[17][58][59][60][61][62] Je ne doute pas que ce dernier soit à propos de cette phtisie particulière, à ce point familière aux Anglais, qui n’est rien d’autre que la consomption, sécheresse sans putréfaction du poumon, ou maladie de la matière de Fernel. [18][63][64][65][66] Le même étudiant m’a rapporté que le très distingué Johannes Rhodius, qui a publié voici deux ans un Scribonius Largus avec des notes, se consacre aujourd’hui, à Padoue, à commenter Celse et à en faire avancer une nouvelle édition. [19][67][68][69] Comme cet auteur s’attarde toujours beaucoup aux détails, vous n’avez pourtant pas de motif à trop vous hâter de publier le vôtre, mais pas non plus à le faire trop traîner. La nouvelle édition de l’Hippocrate de Foës est achevée à Genève ; le Paracelse ne l’est pas encore. [20][70] Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer.

Votre Guy Patin de tout cœur.

Ce vendredi 23e de mars 1657.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fos 54 vo‑55 vo.

1.

Lettre latine 75 de Guy Patin à Johannes Antonides Vander Linden ; au moment de sa mort (19 février 1657), Jean ii Riolan était à la fois doyen d’âge (ancien) des professeurs du Collège royal et des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris.

2.

« il retournera désormais chaque pierre » : v. note [8], lettre 213, pour l’adage « retourner chaque pierre » (« tout mettre en œuvre »).

V. le premier paragraphe daté du 21 avril 1653 dans la lettre française 310 pour le grave différend opposant Riolan à Henri, son second fils, avocat, et la note [1], lettre latine 50, pour le précieux exemplaire de Celse, avec annotations manuscrites de Jules-César Scaliger, qui avait appartenu à Jean ii Riolan et que Guy Patin avait convoité en vain pour le prêter à Johannes Antonides Vander Linden.

3.

Dans son accès d’amertume, Guy Patin semblait oublier la chaire royale que Jean ii Riolan lui avait cédée en survivance : était-ce ingratitude ou dépit de devoir en régler le prix aux héritiers ? En juillet 1657, comme il s’y était engagé en 1654, il versa 4 000 livres à la veuve de Riolan, en faveur de Marie Procé, sa petite-fille (v. note [2] des Leçons au Collège de France), dont Jean ii avait été le tuteur (v. note [47], lettre 487).

4.

V. note [20], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657, pour le Celse de Johannes Antonides Vander Linden paru à Leyde en automne 1657 (épître dédicatoire à Guy Patin datée du mois d’août).

5.

« qui tous ont mérité le souvenir des autres » (Virgile, avec aliquos [de certains] au lieu d’alios [des autres], v. notule {a}, note [3], lettre 151).

Sans les citer, Guy Patin était passé du Celse de Johannes Antonides Vander Linden à ses deux livres de Scriptis medicis [sur les Écrits médicaux]. Patin venait de recevoir et découvrait avec émerveillement leur deuxième édition (1651), après l’avoir attendue depuis décembre 1653 (v. note [3], lettre latine 26). Linden travaillait à la troisième édition (Amsterdam, 1662, v. note [29], lettre 925). Patin allait l’aider au fil de ses lettres, en corrigeant les erreurs qu’il y avait vues et en lui communiquant de nombreuses références manquantes. Les deux amis étaient également hantés par le démon de la bibliomanie et y rivalisaient en érudition, pour nous en faire aujourd’hui profiter.

L’historien hollandais Gerardus Johannes Vossius (mort en 1649, v. note [3], lettre 53) avait entrepris de recueillir les biographies d’hommes illustres de son siècle, mais son projet n’avait pas abouti. Patin déplorait que Linden n’eût pas repris l’ouvrage de son collègue de Leyde pour le compléter et le publier.

6.

Juvénal, Satire i, vers 7‑9 :

Nota magis nulli domus est sua, quam mihi lucus
Martis et Æolijs vicinum rupibus antrum
Vulcani
.

[Personne ne connaît mieux sa propre maison que je ne connais, moi, le bois sacré de Mars et l’antre de Vulcain, voisin des rochers d’Éole].

7.

Je n’ai pas trouvé trace imprimée d’un texte de Johannes Antonides Vander Linden sur la manne (v. note [16], lettre 95), sujet auquel Guy Patin attachait un très grand intérêt.

Ce médicament avait apparemment provoqué une idiosyncrasie (Trévoux) :

« tempérament propre d’un corps animal particulier, en conséquence duquel, soit dans la maladie, soit dans la santé, il a aversion, ou penchant et inclination à certaines choses en particulier, où certaines choses font sur lui une impression différente de celle qu’elles ont coutume de faire, ou une impression plus qu’elles n’ont coutume de faire sur les autres corps. »

V. notes [12] et [13], lettre latine 87, pour quelques exemples (dont l’aversion de Guy Patin pour le fromage blanc).

Ce terme est encore utilisé en médecine aujourd’hui, mais en le rattachant aux notions de vulnérabilité propre, immune ou mentale, et non plus à la théorie des humeurs, dont le mélange déterminait l’état de santé ou de maladie.

8.

Hypercatharsie : évacuation excessive (ici sous l’effet d’une purgation).

Guy Patin ne savait guère parler de la manne purgative sans dire que celle que vendaient les pharmaciens était un médicament frelaté en y ajoutant de la scammonée (v. note [4], lettre 172), plante qu’il tenait pour un cathartique nuisible, car trop drastique.

9.

Le recueil qu’espérait Guy Patin n’a paru que bien plus tard :

Gerardi Joan. Vossii et clarorum virorum ad eum Epistolæ, Collectore Paulo Colomesio Ecclesiæ Anglicanæ Presbytero Londini nuper editæ, nunc accuratius recusæ ; Argumentis et Indicibus necessariis auctæ. Opus omnibus Philologiæ et Ecclesiasticæ Antiquitatis Studiosis utilissimum. Quibus accessit dodecas epistolarum Clarissimi Viri Georgii Hieronymi Velschii.

[Lettres de Gerardus Johannes Vossius {a} et de brillants hommes qui lui ont écrit, réunies par Paul Colomiès prêtre de l’Église anglicane. {b} Récemment publiées à Londres, le voici réimprimées plus soigneusement et augmentées des sommaires et index nécessaires. Ouvrage très utiles à tous ceux qui étudient la philologie et les antiquités ecclésiastiques. On y a ajoutés plusieurs douzaines de lettres du très brillant M. Gorgius Hieronymus Velschius]. {c}


  1. V. supra note [5].

  2. Gerardi Joan. Vossii et Clarorum Virorum ad eum Epistolæ… [Lettres de Gerardus Johannes Vossius et de brillants hommes qui lui ont écrit…] (Adiel Mill, 1690, in‑4o), colligées par l’érudit protestant français Paul Colomiès (La Rochelle 1638-Londres 1692).

  3. Augsbourg, Laurentius Kronigerus et les héritiers Goebel, 1691, in‑4o, contenant :

    • 579 lettres écrites par Vossius ;

    • 462 lettres adressées à Vossius ;

    • 82 lettres du médecin et historien Georg Hieronymus Velsch (v. note [7], lettre latine 239) ;

    • aucune n’a été échangée avec Patin.

Les deux seules éditions des Ép. lat. de Joseph Scaliger jamais publiées du vivant de Patin sont celles de Leyde, 1627, et de Francfort, 1628 (vBibliographie, qui cite aussi les éditions ultérieures, dont la plus complète n’a paru qu’en 2012).

10.

V. note [8], lettre latine 75, pour la dédicace que Charles Patin espérait pour l’exemplaire des Selecta medica… [Morceaux médicaux choisis…] (Leyde, 1656, v. note [29], lettre 338) que Johannes Antonides Vander Linden lui avait offert par ricochet.

11.

V. note [27], lettre latine 75, pour le livre d’Alessandro Petronio « sur l’Alimentation des Romains » (Rome, 1581).

12.

L’une de ces deux lettres devait être celle de même date que celle-ci à Christiaen Utenbogard.

13.

V. note [26], lettre 469, pour les « Prénotions coaques du grand Hippocrate, enrichies d’un court commentaire, cueilli dans Galien, Houllier, Duret, Foës, Jacot et d’autres hommes dont le renom n’est pas moindre, etc. » de Louis Ferrant (Paris, 1657).

Guy Patin a abondamment cité les quatre premiers de ces commentateurs, mais n’a parlé qu’ici du cinquième, Désiré Jacot, obscur mais premier éditeur des :

Magni Hippocratis Coaca præsagia, opus plane divinum, et veræ medicinæ tanquam thesaurus, cum interpretatione et commentariis Iacobi Hollerii Stempani, medici celeberrimi, nunc primum Desiderii Jacotii Vandoperani medici opera in lucem editis.‎ Ejusdem Desiderii Jacotii Vandoperani commentariorum ad idem opus, libri tredecim, tribus sectionibus distincti, in quibus symptomatum omnium, quæ in ægris apparent, causæ, vires, et significationes demonstrantur. Ad inuictissimum et christianissimum Galliæ et Poloniæ regem Henricum iii. Index rerum ad calcem operis fœcundissimus.

[Les Prénotions coaques du grand Hippocrate, ouvrage parfaitement divin et qui est comme le trésor de la véritable médecine, avec la traduction et les commentaires de Jacques Houllier, natif d’Étampes, {a} publiés pour la première fois par les soins de Désiré Jacot, natif de Vendeuvre-sur-Barse. {b} Treize livres de commentaires du dit Désiré Jacot, natif de Vendeuvre-sur-Barse, sur le même ouvrage, divisés en trois sections, montrent les causes, les effets et la signification des tous les symptômes qui se présentent chez les malades. Dédié à Henri iii, invincible et très-chrétien roi de France et de Pologne. Avec un très fertile index des matières à la fin du volume] {c}


  1. V. note [9], lettre 131, pour Jacques Houllier et les trois éditions de ses omnia Opera practica [Œuvres pratiques complètes], où ne figurent pas ses commentaires sur les Coaques.

  2. En Champagne, v. note [24], lettre latine 88.

  3. Lyon, Gulielmus Rovillius, 1576, in‑fo de 1 130 pages.

    Les copieuses pièces liminaires disent Désiré Jacot docteur en médecine et disciple de Houllier, mais guère plus. Il a aussi édité (Paris, 1555) les huit livres de Philostrate sur la vie d’Apollonius de Tyane (v. note [41], lettre 99).


14.

V. note [9], lettre 467, pour la « Médecine antihermétique » de Gabriel Fontaine (Lyon, 1657).

15.

V. note [16], lettre 352, pour la Tétrade de Gabriel Fontaine « sur les Maladies de la tête », jointe à son Epitome tractatus de febribus [Abrégé d’un traité sur les fièvres] (Lyon, 1647).

16.

« Les gens de métier peuvent seuls juger des métiers » (v. note [41] du Procès opposant Jean Chartier à Guy Patin en juillet 1653).

Ce que Guy Patin appelait les sornettes et délires de Gabriel Fontaine, en faveur de l’antimoine, ne se lisent guère dans sa Tétrade, mais dans la section iii de sa Medicina antihermetica [Médecine antihermétique] (Lyon, 1657, v. note [9], lettre 467), chapitre vii, Pharmacopææ Dogmaticæ et chymicæ remedia, ad corporis humani salutem titissime conferre [Les remèdes de la pharmacopée dogmatique et chimique sont utiles au salut du corps humain], § 3, An metallica chymice præparata usui sint necessaria [Est-il nécessaire d’employer les substance métalliques chimiquement préparées ?] (pages 205‑207). Fontaine y propose un moyen terme prudent entre les abus des charlatans empiriques et l’interdiction prononcée par la Faculté de médecine de Paris en 1566, estimant que s’il est correctement préparé, pour lui ôter sa toxicité, l’antimoine peut être précieux dans le traitement des fièvres (maladies internes).

17.

Guy Patin intitulait Adenologia le sidérant mais unique ouvrage connu du génial anatomiste anglais Thomas Wharton (1610-1673) :

Adenographia : sive, Glandularum totius corporis descriptio. Authore Thoma VVhartono M.D. et Coll: Lond: Socio.

[Adénographie, ou Description des glandes {a} de tout le corps. Par Thomas Wharton, docteur en médecine, membre du Collège de Londres]. {b}


  1. V. note [22] de l’Autobiographie de Charles Patin.
  2. Londres, J.G. à compte d’auteur, 1656, in‑8o de 287 pages, illustré de quatre gravures ; réédité à Amsterdam, 1659.

    Le sous-titre est une citation de Sénèque le Jeune (Questions naturelles, livre vii, chapitre 25) :

    Veniet tempus, quo ista quæ nunc latent, in lucem dies extrahat, et longioris ævi diligentia.

    [Un temps viendra où la diligence d’une longue suite d’années jettera la lumière sur ce qui est maintenant caché].


Ce petit livre offrait une issue magistrale aux querelles entre anatomistes sur la primeur de leurs découvertes, pour parvenir à un accord général sur la communauté des voies de la lymphe et du chyle (chapitre x, pages 42‑45 Usus venarum lactearum [Fonction des veines lactées]). Il ôtait catégoriquement au foie sa couronne d’organe premier de leur recueil et de la sanguification (v. note [1], lettre 404) : puisque le chyle parvient d’abord à la veine cave supérieure et au cœur, et que la circulation du sang le propage dans tout le corps avant de l’amener au foie, il devenait impossible de croire à la fabrication hépatique intégrale du sang.

Wharton y fonde aussi la notion moderne de glande et décrit deux structures auxquelles son nom est resté attaché :

V. note [5], lettre 463, pour l’« Hôpital des tabides » de Christopher Bennet (Londres, 1656).

18.

La Pathologie de Jean Fernel (traduction de Paris, 1655, pages 17‑19) : {a}

« La maladie de la matière {b} est une immodération ; celle du tempérament, une intempérie ; et celle de la forme, une corruption […]. Or les maladies de toute la substance sont celles qui premièrement et de soi attaquent la substance des parties. De ces maladies, les unes sont évidentes, les autres cachées. Les évidentes sont celles qui par des causes manifestes ruinent la substance des parties et du corps ; de cette sorte sont les ulcères malins, la phtisie, la pourriture du foie, de la rate et des autres parties, causée par l’intempérie des premières qualités ; {c} comme aussi la dissolution des esprits par les excessives veilles, jeûnes, travaux et douleurs violentes, et l’extinction de la chaleur naturelle par suffocation, ou par un froid extrême et pénétrant. Les maladies cachées sont celles qui attaquent toute la substance par des causes occultes ; de ces maladies, les unes sont vénéneuses, les autres contagieuses, et les autres pestilentes ; ces dernières proviennent d’un air infecté par les influences des astres, comme la fièvre pestilente, les charbons et le bubon de la peste. » {d}


  1. V. note [1], lettre 36.

  2. V. note [9], lettre 159.

  3. Chaud, froid, sec et humide, qui se combinent deux à deux dans les quatre éléments primordiaux de la nature (feu, terre, air et eau) et dans les quatre humeurs du corps (sang, bile, atrabile, pituite) : v. note [4], lettre de Jean de Nully, datée du 21 janvier 1656.

  4. Les principales causes de nécrose sont infectieuses (purulence) et vasculaires (ischémie).

19.

V. notes [1], lettre 205, pour le Scribonius Largus de Johannes Rhodius (Padoue, 1655) et  [2], lettre latine 127, pour son Celse qui est demeuré inachevé, en dépit des efforts de Thomas Bartholin pour le sauver de l’oubli.

20.

V. notes [41], lettre 396, pour l’Hippocrate d’Anuce Foës, et [8], lettre 392, pour le Paracelse qui se préparaient tous deux à Genève.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 54 vo.

Clarissimo viro D.D. Io. Ant. Vander Linden, Leidam.

O suavissimam tuam Epistolam quam nuper accepi, Vir Cl. quæ
tamen quandonam scripta fuerit, nescio, mensem enim aut diem non appo-
suisti : sed parum refert : per eam enim intelligo Te omnes meas accepisse,
præter postremam meam, eámq. brevissimam, quam ideo ad Te scripsi
23. Febr. ut Tibi Senioris nostri Cl. Riolani inopinam ferè
mortem indicarem. Sed ad tuam venio.

Celsum illum toties ac tamdiu promissum tandem non obtinui,
nec in postremum obtinere spes ulla est remanet : sunt enim libri ejus omnes
suppressi in loco magistratus authoritate clauso, usque ad finem
litis quæ viget inter ejus liberos, tum propter adeundam hæreditatem,
tum etiam ob exhæredationem quam Ille et ejus uxor instituerunt,
minoris natu Filij, ex optimorum Patronum consilio, qui ut
eam emetat atque destuat, omnem deinceps movebit lapidem :
ejusmodi a. etiam injustè litigantibus hîc omnia facilè patent ; nec tantæ
litis finem ausim sperare : si tamen aliter se res habeat, de illo vel
prece vel pretio Tibi comparando, nullam curam obmittam. Gra-
viter doleo, quod illum mihi toties promissum, ante obitum non tradiderit ;
in causa fuit ejus tenacitas, ne dicam senilis morositas, in dies adaucta
mortis imminentis metu : alia multa mihi numquam petenti longè
etiam meliora se daturum promiserat, quæ nec accepi, nec accepturum spero,
de ijs enim dicitur nihil scripsisse, nec quidquam cuiquam mandasse : illa
a. erant scripta ejus, et libri quidam : quæ tamen nihil moror : ^ Libris non careo, nec/ indigeo : scripta v. qualia-/ cumque illa essent, nulli/ potuisset tutius committere/ vel commendare : me semper/ enim habuit amicum optimæ/ fidei : nec tamen præstitit : sic erat
in fatis, ut post multa officia optimo Seni præstita, ille moriens
mihi decoqueret : et hoc inter familiaria senum vitia repono, vel
ingratitudinem, vel contemptum, vel oblivionem : jam idem in alijs
senibus expertus sum, qui etiam moribundi de morte non audent
cogitare, et ulterius vivere sperantes, de ultima voluntate nihil
decernunt : nec tamen deceptus sum, quia vix unquam inde aliquid speravi. Sed
sinamus ista, nullius deinceps momenti futura.

Celsus tuus quandonam prodierit ? an ante mensem Iulium ?
utinam possem Tibi in tam laudabili negotio suppetias aliquot ferre ! certè
summam nobis injuriam fecit obitus Cl. viri D. Ren. Moreau,
qui sese mihi ultro obtulerat, ut in illa editione Tibi gratificaretur plurimùm
inserviendi.
Verùm quid facerem, Mors nemini parcit.

Habebam Genuæ summum amicum D. Alcidium Musnier, Doctorem
Medicum, virum optimum, per quem multa nobis ex Italia
potuissent detegi ac manifestari atque doceri : sed qui ei factum sit nescio,
propter luem pestilentem quæ atrociter circa Genuam sævijt à novem mensibus :
imò nec mihi notum est an adhuc superet, an vitalibus occubet
umbris. In Hispania et in Lusitania Medici libri paucissimi typis
mandantur : ut et in Italia, propter luem pestilentem pestem, adhuc grassantem.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 55 ro.

Quod ad me spectat, omnem operam Tibi pollicetur, et ea de re in posterum cogitabo,
ut ad Operis tui locupletationem symbolam meam conferam. Cl. olim viri D.
Gerardi Io. Vossij votum maximè probarem, præsertim de observando obitu
tot eruditorum, qui labores vigiliásq. suas posteritati consecrarunt : quique
sui memores alios fecere merendo : ad quod exequendum si animum appellas,
utilis esse potero de Gallis nostris, præsertim Parisiensibus : eos enim plerosq.
omnes adeo mihi notos habeo, quàm fuit olim Iuvenali Lucus Martis, et Æolijs vicinum
rupibus antrum Vulcani.

Bene sit familiæ superstitibùsq. liberis Cl. viri D. Io. Beverovicij, quem
dum vixit, colui et amavi, ejùsq. memoriam quamdiu dabitur usque colam. Si
filium ejus in hac Urbe detegam, adibo hominem, salutabo, et quantum in me erit,
omne genus officiorum ei pollicetur, atque præstabo, si voluerit.

Observatio tua de Manna digna est quæ scriptis consignetur in gratiam posteritatis,
ut inde juniores Medici discant sibi intelligendam esse ægrorum ιδιοσυνκρασιαν,
nec temere illis credendum esse fidem adhibeant tot Antidotariographis, qui de medicamentorum pur-
gantium facultatibus tanquam circulatores scripserunt, non tanquam
Medici Philosophi, qui debent esse viri boni, et cæteris omnibus singulari eruditione
præstare. Istiusmodi hypercatharseos causam facilè refunderem atque
referem in scammonium, in eo quod vocatur manna reconditum.

Audistine novam Editionem Epistolarum Ger. Io. Vossij aut Ios. Scaligeri longè locupletiorem
adornari à D. Elsevirio ? Scio multas tanti viri superesse Epistolas non-
dum editas, de quibus olim audivi Viros Clar. Salmasium, Puteanos,
Naudæum, Labbæum conquerentes quod non emittentur in lucem. Uti-
nam tandem edantur in bonum publicum.

Schedulam pro Carolo meo affigendam initio tuorum Selectorum, in Epistola
tua non deprehendi : aliàs mitte si volueris.

De Clar. viri D. Thuani apud vos Legatione, res adhuc incerta est, propter pecu-
niam non repræsentatam, ut audio : saltem est lentum negotium. Si tamen res
isthac feliciter succedat, eum antequam discedat salutabo, eiq. vale-
dicendo tuas laudes occinam, dignitatémq. tuam ei commendabo.

In primo fasciculo quem Tibi adornabo, reperies aliquot è nostris
Thesibus, cum Petronij libro de victu Rom. in quo pagina prima desidera-
tur, adeo ut annum aut locum editionis inde non agnoscam : alia quoque
reperies quæ sum interea collecturus. Literas hîc inclusas tutò si placet
perferendas curabis. Clariss. Collegas tuos ex animo saluto, D.D. Vorstium,
Van-Horne, Golium et Hornium
. Te salutant ambo Filij mei, Robertus
et Carolus
, ^ de quorum officijs et/ obsequio te securum/ esse velim. Hîc habemus novum Opus Medicum, auctore Lud. Ferant, Medico
Bituriensi, sub hoc lemnate : Magni Hippocratis Coaca Præsagia, brevi Enarratione
illustrata, decepta à Galeno, Hollerio, Dureto, Foesio, Iacotio, et alijs, non inferioris
Nota viris, etc.
cujus exemplar cum alijs accepies. Medicus quidam Aquensis,
dictus Gabr. Fontanus, Iacobi filius, scripsit Medicinam quandam Anti-Hermeticam,
adversus deliria quorumdam Chymistarum, et publicum illum impostorem
Van Helmontium, triobolarem Scriptorem refutatione prorsus indignum : absit
ut de alijs temere judicem : sed memini me vidisse illius Gabr. Fontani aliquid
pl valde indignum luce publica ; erat libellus de morbis capitis : hîc v. audio illum
planè nugari et penè insanire super stibio : adeo verum illud Quintiliani :

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 55 vo.

Soli artifices possunt judicare de artibus. Hodie mihi retulit quidam
Medicinæ studiosus, in Anglia, nuper excusos esse libellos duos medicales, quo-
rum unus Adenologia nuncupatur : alter Xenodochium tabidorum :
posterum hunc esse non dubito de illa phthiseos speciale, Anglis adeo
familiari, quæ nihil est aliud quàm αυαντη, siccitas sine marcore
pulmonis, ^ sive morbus materiæ Fernelij. Idem mihi retulit Virum Cl. Ioan Rhodium, Danum,
qui à biennio Scribonium Largum cum Notis edidit, hodie totum esse
Patavij, ubi in illustrando Celso, et promovenda nova illius editione.
Sed quia valde semper moratur in singulis Ille scriptor, non inde est quod
in tuo publicando vel citiùs properes, vel diutius Moréris. Hippocrates Foesij,
novæ editionis, Genevæ pervenit ad umbilicum : Paracelsus nondum
pervenit. Vale, Vir Cl. et me amare perge.

Tuus ex animo Guido Patin.

Die Veneris, 23. Martij, 1657.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 23 mars 1657

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(Consulté le 24/04/2024)

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