L. latine 81.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 6 avril 1657

[Ms BIU Santé no 2007, fo 56 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Volckamer, docteur en médecine à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Par la présente je voudrais vous aviser de trois choses. 1. Vous assurerez M. Werner Rolfinck [2] que j’ai envoyé à M. Charles Spon, [3] notre ami de Lyon, les deux opuscules qu’il a précédemment désirés, savoir le Theophilius de Fabrica humani corporis, etc., avec les Eroticæ Epistolæ d’Aristénète, de la 3e édition. [1][4][5] J’espère que M. Spon vous fera rapidement parvenir l’un et l’autre ; après que vous les aurez reçus, vous les enverrez à M. Rolfinck, que vous saluerez très obligeamment de ma part, s’il vous plaît.

2. Notre très célèbre ancien, M. Riolan, est ici passé de vie à trépas le lundi 19e de février à sept heures du soir, âgé de 77 ans moins cinq heures ; [2][6] il a néanmoins souffert trois jours durant, anéanti par une fièvre maligne avec suppression d’urine, etc. [7][8][9] On n’est pas encore certain de ce qu’il aura laissé à imprimer : des procès se sont élevés entre ses fils pour accepter l’héritage et ne sont pas encore résolus car la mère est toujours en vie. [10][11][12] Le plus jeune fils est la cause de cette discorde : après une longue procédure, ses deux parents l’ont déshérité pour s’être marié clandestinement ; le père a fait casser cette union par arrêt du Parlement grâce au conseil de très sages avocats, mais grâce aussi à toutes leurs règles et chicanes de droit. [3][13] Tant qu’il était en vie, M. Riolan évoquait souvent la nouvelle édition de son Encheiridium anatomicum et pathologicum ; comme j’espère, ce sera le premier < de ses ouvrages posthumes > à être imprimé, enrichi d’additions dont on ne sera pas mécontent. Je garde le silence sur le reste. [4][14]

3. Je n’ai pas encore reçu les lettres que vous avez confiées à un gentilhomme danois, où se trouve la liste des livres que vous m’avez achetés. Nous attendons aussi de jour à autre ceux que vous avez remis pour moi à M. Pomer ; [15] M. Louis de Bellavoine ne les a pas encore reçus, et je le suis souvent allé voir pour m’en enquérir. Je vous remercie infiniment pour le livre de M. Rolfinck dont vous avez voulu me faire cadeau ; je m’efforcerai de vous rendre la pareille un jour. Mes deux fils, qui sont docteurs en médecine, vous saluent. [16][17] Je réglerai avec M. Picques le remboursement des ouvrages que vous m’avez expédiés. [18] M. Rolfinck fera-t-il imprimer la seconde partie de son ouvrage anatomique ? Écrivez-moi, je vous prie, ce que je puis en espérer. [5] Je salue tous vos très savants collègues, en particulier MM. Nicolaï, Hoffmann et Felwinger, [19][20][21] mais surtout vous en tout premier, très sage Monsieur ; je vous promets et offre toute sorte de services en récompense de tant de peines que vous vous donnez pour moi, et aussi de votre particulière affection et de votre bienveillance sans égale. Vale et aimez-moi.

De Paris, ce vendredi 6e d’avril 1657.

Votre Guy Patin pour l’éternité.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 56 vo.

1.

V. note [4], lettre latine 57, pour les cinq livres « de la structure du corps humain » de Théophile Protospathaire.

La 3e édition des « Épîtres amoureuses » d’Aristénète, traduites en latin et annotées par Josias Mercier (Paris, 1596, v. note [10], lettre 901), emendatior et auctior [plus correcte et augmentée], a paru en 1610 (Paris, M. Orry, in‑8o).

2.

V. note [1], lettre latine 76, pour l’insistance et la précision de Guy Patin sur l’âge de Jean ii Riolan au moment de sa mort.

3.

V. le passage en date du 21 avril dans la lettre à Charles Spon du 25 avril 1653, pour ce grave différend opposant Riolan à Henri, son second fils, avocat.

4.

V. notes [37], lettre 514, pour la 4e édition, posthume, du « Manuel anatomique et pathologique » de Jean ii Riolan (Paris, 1658), et [5], lettre latine 37, pour ses additions.

Ce que Guy Patin préférait taire était sa déception de ne pas avoir obtenu les livres et les manuscrits que Riolan lui avait promis avant de mourir (v. note [3], lettre latine 78).

5.

V. note [2], lettre latine 52, pour les Dissertationes anatomicæ [Dissertations anatomiques] de Werner Rolfinck (Nuremberg, 1656), dont Johann Georg Volckamer avait fait cadeau à Guy Patin, mais dont la seconde partie n’a jamais paru.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 56 vo.

Clarissimo viro D.D. Volcamero, Doct. Med. Norimbergam.

De tribus Te monitum velim præsentibus literis, Vir Cl. quamvis
brevibus ac paucorum verborum :
1. Certum facies D. Guernero
Rolfinkio, quem ex animo saluto me Lugdunum misisse ad amicum
nostrum D. Car. Sponium, libellos illos duos antehac expetitos,
nempe Theophilium, de fabrica humani corporis, etc. cum Eroticis
Aristæneti Epistolis
, 3. editionis : spero D. Sponium brevi utrumque
ad Te transmissurum : Te v. postquam acceperis, ad D. Rolfinkium,
quem officiosissimè si placet, nomine meo salutabis.

2. Clarissimus Senior noster D. Riolanus hîc vitam cum
morte commutavit, dìe Lunæ, 19. Febr. hora septima vespertina,
anno æt. 77. si quinque horas superaddideris : triduo tamen laboravit,
maligna febre extinctus, cum urinæ suppressione, etc. Quid in
posterum typis mandandum reliquerit, adhuc incertum est, propter
lites inter ejus liberos subortas in adeunda hereditate, necdum
compositas : ejus discordiæ causa est filius junior, post diuturnam cum
Patre litem, et clandestinas nuptias Senatuconsulto à Patre
impetrato prohibitas, sapientissimorum Patronorum consilio, et
horum o<mn>es cautelas atque regulas Iuris, ab utroque Parente,
adhuc enim est in vivis ipsa Mater, exheredatus. Ille, dum viveret,
sæpe cogitabat de nova Editione sui Enchiridij Anat. et Pathol.
quod ut spero, primum prælo subijciretur, non pænitendis accessionibus
locupletatum. De cæteris sileo.

3. Literas tuas nobili Dano traditas, in quibus habetur syllabus
librorum à Te mihi redemptorum, non dum accepi. Libros quoque D.
Pomero à Te mihi transmittendos in dies expectamus : necdum eos
accepit D. Lud. de Bellavoine, de quibus eum sæpe adij. Pro libro
D. Rolfinckij, quo me donatum voluisti, gratias ago immensas, post-
hac pro virili retaliaturus. Filij mei ambo Doctores Medici Te
salutant. De pretio librorum transmissorum agam Tibi reddendo agam
cum D. Picques. Secundam Operis sui Anatomici partem subjecitur
prælo D. Rolfinkius ? quid de ea mihi sperandum censes, scribe
quæso. Viros eruditissimos Collegas tuos omnes, imprimis v. D.D.
Nicolaum, Hofmannum, Felwingerum, Te v. imprimis saluto,
vir sapientissime, Tibique pro tantis laboribus et amore
in me tuo singulari, ac benevolentia non vulgari, omne officiorum
genus polliceor ac offero. Vale igitur, et me ama. Scriptum

Parisijs, die Veneris, 6. Maij, Aprilis, 1657.

Tuus æternum futurus Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 6 avril 1657

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(Consulté le 25/04/2024)

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