L. latine 82.  >
À Johannes Antonides Vander Linden,
le 3 juin 1657

[Ms BIU Santé no 2007, fo 57 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johannes Vander Linden, professeur de médecine à Leyde. [a][1]

Depuis deux mois, j’ai toujours remis à plus tard de vous écrire : [1] d’abord au sujet de M. de Thou, grandissime ambassadeur que nous envoyons dans votre pays, il y est parti contre toute attente et inopinément, et reviendra peut-être bientôt chez nous en raison des présents troubles ; [2] ensuite, au sujet du Celse de Riolan que nous avons si longtemps espéré et attendu en vain. [3][4] Quand je lui ai demandé de me l’échanger contre autre chose, le fils Riolan me l’a catégoriquement refusé, alléguant pour raison que c’est un ouvrage achevé et prêt à la publication ; ce à quoi il songera plus tard, quand certaines affaires de sa maison auront été réglées ; puisque, disait-il, il s’agit d’un livre qu’ont enrichi de multiples annotations tirées d’un livre qui a jadis appartenu à de grands hommes, Jean Fernel et Jean Chapelain. [5][6][7][8] Vous entendez ces mots et comprenez l’affaire ; mais j’y ajoute ce commentaire : ce Celse ne nous fera donc pas défaut puisque nous avons déjà ces notes dans le Celse in‑4o que je vous ai précédemment envoyé ; et peut-être est-ce la raison même pour laquelle Riolan en personne, de son vivant, m’a tant de fois promis ce Celse et ne me l’a pourtant jamais remis, et ne me m’en a pas même rendu légataire. [2][9] À la vérité pourtant, il n’a rien légué à personne : sa mort inopinée l’en a empêché ; il n’a pris aucune disposition pour la préparer, ne voulant pas même penser à son éventualité ; mais il n’y a rien d’étonnant à cela car tous les jours tant de gens meurent ainsi, sont ainsi emportés. Enfin, le voilà mort et il n’a rien légué ; son Celse est abandonné, sans utilité pour nous puisqu’il ne contient rien que nous n’ayons déjà. Quand vous réclamerez ce Celse, je pourrai donc dorénavant vous répondre : Quod petis intus habes[3][10] Ceux qui reviennent ici d’Italie parlent d’une nouvelle édition de Celse par Johannes Rhodius ; mais tout cela, comme tout ce que fait cet homme, me semble avancer lentement. À vrai dire, nous avons ici un collègue, Jacques Mentel, qui promet aussi une nouvelle édition de Celse qu’il a confectionnée, dit-il, et confectionnera à partir de divers exemplaires qu’il a cherchés de tous côtés ; mais ce qu’il veut nous faire espérer se réalisera aussi très lentement. [4][11][12][13][14] Toutes ces promesses variées sur Celse ne doivent donc ni vous inquiéter ni vous décourager. [15]

Pour M. de Thou, votre très illustre ambassadeur, à qui, en raison de son départ imprévu, je n’ai pu ni présenter mes salutations, ni dire adieu, ni encore moins parler de vous et de vos mérites, on dit ici qu’il s’en reviendra bientôt chez nous. Pourtant, si vous allez dans la ville où il réside et voulez le saluer, j’ai remis un billet de recommandation à deux de ses domestiques pour que vous puissiez l’approcher et qu’on vous donne audience auprès de lui. C’est un homme de très haute noblesse qu’il faut honorer et respecter, tant pour son propre mérite que pour celui de ses aïeux : il est arrière-petit-fils d’un président du Parlement de Paris, petit-fils de Christophe de Thou, premier président au Parlement,  mais surtout fils de Jacques-Auguste de Thou,  homme incomparable, président au mortier du Parlement de Paris, très élégant auteur des Historiæ sui temporis, dans le style de Tite-Live et de Tacite. [5][16][17][18][19][20] Il est né de cette famille qui a toujours honoré les hommes honnêtes, savants et libéraux, tels que vous. Ces deux domestiques qui ont de moi des billets sur cette affaire, sont l’un son secrétaire, M. Ismaël Bullialdus (M. Boulliau en français), très docte personnage et excellent mathématicien, [6][21] et l’autre M. Menier, son économe, maître d’hôtel en français. Si vous allez les voir et interrogez leur mémoire, ils vous montreront sans difficulté mon billet et vous donneront accès au très insigne ambassadeur, si vous le voulez rencontrer.

La femme de Claude Saumaise est ici morte chez nous. [22] Quelles nouvelles avez-vous de ses Epistolæ ? J’ai beaucoup de ses lettres françaises, près de cent, écrites de sa propre main, que je puis envoyer à celui qui les collige s’il les recherche. [7][23][24] Le très distingué Saumaise les a écrites à un certain M. de Wicquefort, résident, comme on dit, de la landgravine de Hesse auprès des Provinces-Unies ; [8][25][26] mais je ne les enverrai pas s’il ne me l’a pas d’abord demandé, afin que celui qui me les a confiées voie que je ne les ai pas envoyées à d’autre fin [Ms BIU Santé no 2007, fo 57 vo | LAT | IMG] que d’être imprimées. Il y en a quelques-unes des années 1646 et 1647, plusieurs de 1648 et un grand nombre de 1649 ; presque toutes parlent de nos affaires. On ne les refusera pas à un éditeur pour qu’il les publie, s’il en fait la demande par écrit ; s’il s’en trouve un, vous l’en préviendrez. On trouve ici l’Hippocrate de Foës, de la nouvelle édition de Genève, comme la toute nouvelle édition du Commentaire de Louis Duret in Coacas Hippocratis, in‑fo[9][27][28][29][30] J’ai reçu hier d’Italie un nouveau livre d’un excellent auteur, tout récemment publié sous ce titre : deux opuscules du Portugais Estevan Roderigo de Castro, qui sont ses Variæ Exercitationes Medicæ et ses Expositiones in aliquos Hippocratis ægrotos, in‑8o, Venise, 1656 ; [10][31] avec un autre, que je ne trouve pas dans votre Index[32] Amphitheatrum Medicum, in quo morbi omnes, quibus imposita sunt nomina ab animalibus raro spectaculo debellantur. Authore Ezechiele à Castro, Doct. Med. Phys. ad Illustrissimum Dominum Ant. Franc. Seratici Comitem. Liber primus, ab homine in morbo palimbulo (Vérone, Franciscus Rubeus, 1646). [11][33] À Lyon sur la Saône, on a commencé une nouvelle édition des œuvres complètes de Cardan, qui remplira six tomes in‑fo ; au même endroit, progresse la nouvelle édition des œuvres de Pierre Gassendi, homme remarquable qui était ici notre professeur royal de mathématiques ; on espère qu’elle sera terminée avant la fin de l’année. Le Paracelse de Genève sera achevé à peu près dans le même temps, en trois tomes in‑fo[12][34][35][36] Quelle honte ! Van Helmont ! [37] Paracelse ! les plus mauvais livres chimiques, les pires feuilles et les autres monstruosités de l’esprit trouvent des imprimeurs, tandis que les écrits de l’excellent Caspar Hofmann n’en rencontrent aucun. [38] Mais dites-moi, je vous prie, comment se portent nos grands amis MM. van Horne, Vorst et Utenbogard. [39][40][41] Je voudrais que vous les saluiez tous de ma part. Ne pourrais-je pas avoir un livre de votre Hollande, publié à Amsterdam, in‑8o, en 1631, intitulé Philothei Castelli Flagellum calumniantium, seu Apologia, in qua Anonymi cujusdam calumniæ refutantur, etc. ? [13][42][43] On commence ici un grand ouvrage historique sur la vie et les actions du cardinal Armand de Richelieu, en deux tomes in‑fo, écrit en français. [14][44][45] Cet homme a certes accompli des merveilles aux dépens d’un très florissant et très puissant royaume : il a été le pire des vauriens, et un fort cruel et pernicieux sectateur du machiavélisme. [46] Pour enrichir sa famille, et laisser une fortune immense et fort enviable à ses neveux (qui peut-être étaient ses fils), [15][47][48][49][50] il a trompé maintes fois pendant nombre d’années son excellent roi et maître ; [51] pour gouverner seul avec lui, il a exilé la reine mère Marie de Médicis, [52] quand il devait tous ses biens à sa générosité et à sa bienveillante gentillesse ; il a secoué l’Europe tout entière ; il a dépouillé la France et l’a presque réduite à la disette ou, du moins, quand elle a été presque épuisée, pour lui faire rendre gorge, il a confié à des brigands et à des financiers le soin de la torturer. Et pourtant, par je ne sais quelle fatalité, sinon la pire pour nous, il s’est trouvé un successeur qui n’est en rien meilleur que lui, qui attrape aussi de quoi ronger encore sur un cadavre déjà très sec et presque décharné ; [53] tant sont grands les talents ejusmodi fungi Vaticani[16] et tant sont aiguisés leurs esprits toutes les fois qu’il s’agit de butin et d’argent à ramasser, per fas ac nefas[17] Mais hélas ! par notre stupidité, nous souffrons cela de ces satrapes empourprés et ministres bien peu apostoliques du Jupiter capitolin et de la putain romaine. [18][54]

Je n’ai rien à dire de l’Arétée, je n’ai pas encore eu de nouvelles de la Bibliothèque royale ; je mettrai bientôt tout en œuvre pour soit en tirer, soit y apprendre quelque chose à votre avantage. [19][55][56][57] Si vous rencontrez M. Boulliau, secrétaire et bibliothécaire de votre ambassadeur, M. de Thou, parlez-lui donc de cet Arétée. Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites, moi qui suis de toute mon âme votre

Guy Patin, docteur en médecine et professeur royal.

De Paris, ce 2d de juin 1657.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 58 ro | LAT | IMG]

Hier m’est venu voir un jeune Allemand, nommé Stephan Scheffer, fils d’un docteur en médecine de Francfort ; [20][58][59][60] il m’a salué de votre part, ce dont je vous sais profondément gré. La nouvelle édition de feu mon ami M. Hugo Grotius de Bello Belgico n’est-elle pas achevée en Hollande ? [21][61] On dit qu’elle est en cours d’impression depuis quatre mois. Quand votre Celse paraîtra-t-il ? [4] Vive et vale, très distingué Monsieur.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fos 57 ro‑58 ro.

1.

La précédente lettre de Guy Patin à Johannes Antonides Vander Linden était datée du 23 mars 1657.

2.

Le fils de Jean ii Riolan dont parlait ici Guy Patin était sans doute l’aîné, Philippe, abbé de Flavigny, plus à même que son frère Henri, l’avocat en disgrâce familiale, de traiter les affaires du défunt.

Patin tombait des nues car le Celse qu’il espérait était celui qu’avait annoté Jules-César Scaliger (v. note [1], lettre latine 50) ; et non celui qui contenait les commentaires manuscrits de Jean Fernel et Jean Chapelain, puisque Jacques Charpentier les avait repris dans l’exemplaire que Riolan lui avait donné et qui était déjà dans les mains de Johannes Antonides Vander Linden (v. note [2], lettre latine 44).

De trois choses l’une : ou un seul et même Celse portait les annotations de Fernel, Chapelain et Scaliger (ce qui est chronologiquement possible, mais géographiquement improbable car Scaliger vivait principalement loin de Paris, à Agen) ; ou Jean ii Riolan avait trompé Patin en lui disant posséder un Celse de Scaliger ; ou Philippe Riolan mentait en disant que ce précieux exemplaire n’était pas dans les livres laissés par son père.

Toujours est-il que Patin, comme pour ne pas remuer le couteau dans la plaie, n’a pas ici mentionné le nom de Jules-César Scaliger, et que son commentaire de Celse n’a jamais vu le jour.

3.

« Tu demandes celui que tu possèdes déjà » : Intus habes, quem poscis (Ovide, Métamorphoses, livre vi, vers 655).

4.

V. note [20], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657, pour les deux projets avortés de Johannes Rhodius et de Jacques Mentel sur Celse, dont Johannes Antonides Vander Linden était sur le point de publier sa propre édition (Leyde, 1657).

5.

Augustin de Thou (mort en 1544, v. note [6] du Borboniana 4 manuscrit) était père de Christophe (v. note [6], lettre 922) et grand-père de Jacques-Auguste i, auteur des « Histoires de son temps » (v. note [4], lettre 13) et père de l’ambassadeur Jacques-Auguste ii (v. note [36], lettre 294), qui prenait alors ses fonctions en Hollande.

6.

Ismaël Boulliau (ou Bouillaud, Bullialdus) a correspondu avec Guy Patin.

7.

V. notes [4], lettre 487, pour la mort d’Antoine Clément (en 1657), éditeur des « Épîtres » de Claude i Saumaise, qui empêcha la publication de leur second tome, et [5], lettre 95, pour sa farouche épouse, Anne Saumaise, née Mercier.

8.

Joachim de Wicquefort ou Vicqfort (van Wickevoort, Amsterdam 1600-1670), diplomate hollandais dont la correspondance avec Caspar van Baerle (v. note [71], lettre 150) a été publiée en 1696, ne doit pas être confondu avec son frère aîné, Abraham de Wicquefort, autre diplomate plus connu (v. note [19], lettre 402), qui était alors résident de l’électeur de Brandebourg à Paris, nommé en 1626.

Amalie, landgravine de Hesse, étant morte en 1651 (v. note [9], lettre 218), Joachim de Wicquefort était alors résident du landgrave régnant, Wilhelm vi de Hesse-Cassel.

Le recueil Ms Français 3932 BnF conserve 75 lettres que Claude i Saumaise a échangées avec le Sr de Vicqfort, entre 1648 et 1653. Elles sont inédites à ce jour.

9.

V. notes [41], lettre 396, pour l’Hippocrate d’Anuce Foës (Genève, 1657-1672) et [25], lettre 516, pour le commentaire de Duret sur les « Coaques d’Hippocrate » (Paris, 1658).

10.

Variæ Exercitationes Medicæ (Paucæ sed valde Doctæ) privatæ lectiones, Stephani Roderici Castrensis Lusitani, olim serenissimi magni ducis Ætruriæ Sanitatis Consiliarij, et in Pisana Academia Medicinam, supra ordinario loco Docentis. His accesserunt in hac secunda editione Expositiones in aliquos Hippocratis Ægrotos admodum practicabiles…

[Essais médicaux divers (peu nombreux mais fort savants), qui sont les leçons particulières d’Estevan Roderigo de Castro, natif du Portugal, {a} jadis conseiller en santé du sérénissime grand-duc de Toscane et premier professeur de médecine en l’Université de Pise. S’y ajoutent, en cette seconde édition, des Explications fort pratiques sur certains malades d’Hippocrate…] {b}


  1. Estevão Rodrigues de Castro, mort en 1637, v. note [1], lettre 116.

  2. Venise, Franciscus Brogiollus, 1656, in‑8o.

11.

« L’Amphithéâtre médical où, en un rare spectacle, sont vaincues toutes les maladies auxquelles les animaux ont donné leur nom. {a} Par Ezechiele de Castro, {b} docteur en médecine et histoire naturelle auprès de l’illustrissime seigneur Antonio Francesco, comte de Sarego. À partir d’un homme atteint de maladie fluctuante, {c} premier livre ». {d}


  1. Il existe, à la page 5, un bizarre færalium morborum cathalogum [catalogue des maladies des bestiales], qui donne une liste des maladies humaines qui ont emprunté leur nom à des animaux sauvages.

  2. Autrement prénommé Pedro, v. note [15], lettre 338.

  3. Palimbulus ou palimbolus (ailleurs dans le livre) est un hellénisme, παλιμβολος νοσος (palimbolos nosos), que j’ai traduit par « maladie fluctuante », en m’appuyant sur la définition donnée par Anuce Foës (Œconomia Hippocratis [Lexique hippocratique], 1588, page 478, v. note [23], lettre 7) :

    morbus mutabilis, vagus, non firmus, nec sibi constans, qui facile mutatur et in diversum trahitur aut fluctuat.

    [maladie changeante, vagabonde, qui n’est ni stable ni constante dans sa présentation, qui se transforme facilement, et évolue en divers sens ou fluctue].

    Ce titre n’en reste pas moins énigmatique pour un livre où il est principalement question des symptômes engendrées par la pleurésie.

  4. Vérone, sans nom ni date, in‑8o ; je n’ai pas trouvé de livre ultérieur.

L’Index de Johannes Antonides Vander Linden était ses deux livres de Scriptis medicis [des Écrits médicaux], où il règne un curieux désordre sur Castro :

12.

V. notes :

13.

Flagellum Calumniantum seu Apologia in qua Anonymi cujusdam calumniæ refutantur ejusdem mentiendi libido detegitur, Clarissimorum Lusitanorum Medicorum legitima methodus commendatur, empiricorum inscitia ac temeritas tamquam perniciosa Reipublicæ damnatur. Auctore Philotheo Castello. Dulce bellum inexpertis.

[Le Fouet des calomniateurs, ou Apologie réfutant les calomnies d’un certain anonyme, {a} dévoilant son plaisir de mentir, faisant valoir la légitime méthode des très brillants médecins portugais, condamnant l’ignorance et la témérité des empiriques comme pernicieuses pour la République. Par Philotheus Castellus. {b} La guerre est douce à ceux qui ne la connaissent pas {c}]. {d}


  1. L’avis Benevolo Lectori [au bienveillant lecteur] ne révèle pas l’identité de l’anonyme, mais condamne vigoureusement son pamphlet :

    Prodiit hoc anno famosus libellus aduersus Medicos Hrbræos Lusitanos, quem non tam fætum quam abortum alicujus stolidi ingenij dixeris, monstrum horribile, visu formidabile, lectu ridiculum, auditu horridum

    [Il a paru cette année un libelle infamant contre les médecins juifs portugais, que vous diriez être non tant le fœtus que l’avorton de quelque esprit stupide, un monstre horrible, terrible à voir, ridicule à lire, effrayant à entendre…]

    Dans sa Cimbria litterata… [Le Jutland littéraire…] l’historien Johannes Moller (Copenhague, 1744, tome 2, page 534) a identifié l’auteur de ce livre comme étant le médecin hambourgeois Jacobus Martini. Écrit en allemand et paru à Hambourg en 1636 in‑4o, il est intitulé :

    Apella Medicaster bullatus, oder Judenartz, darinn per Antithesin gezeiget wird, was ein Christlicher Medicus seh, und wie hingegen ein Judenartz beschaffen.

    [Le Médicastre ciconcis bullé, {i} ou le Médecin juif : où est montré par antithèse ce que voit un médecin chrétien, et comment se comporte, en revanche, un médécin juif].

    1. Gradué, v. note [52] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot.
  2. Philotheus Castellus est le pseudonyme de Benedikt (Benedictus, Baruch Nehamias) de Castro (Hambourg 1597-ibid. 1684), médecin de Hambourg, d’origine maranne portugaise, qui s’attacha à Christine de Suède en 1645.

  3. Adage commenté par Érasme, v. note [5], lettre d’Adolf Vorst datée du  4 novembre 1661.

  4. Amsterdam, sans nom, 1631, in‑8o.

14.

V. note [6], lettre de Charles Spon, datée du 15 mai 1657, pour l’Histoire du cardinal-duc de Richelieu d’Antoine Aubery (Paris, 1660).

15.

V. note [62], lettre 101, pour la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu. D’insistantes médisances (auxquelles Guy Patin se plaisait à adhérer) disaient que le cardinal l’avait eue pour maîtresse, et que ses trois petits-neveux étaient en fait ses fils : le duc de Richelieu, Armand-Jean de Vignerod du Plessis ; le marquis de Richelieu, Jean-Baptiste Amador de Vignerod ; et l’abbé de Richelieu, prénommé Emmanuel-Joseph.

16.

« de cette sorte de champignon du Vatican », v. note [10], lettre 53, pour cette expression empruntée à Joseph-Juste Scaliger fulminant contre les cardinaux, où fungus a le double sens de champignon et de crétin.

17.

« par tous les moyens, bons comme mauvais [de façon licite comme illicite]. »

18.

Du pape et de la curie pontificale (v. note [8] du Borboniana 1 manuscrit) : s’adressant à un correspondant calviniste, Guy Patin donnait libre cours à ses extravagances gallicanes.

C’est la seule fois où Guy Patin a employé le mot « satrape » (satrapes), en le prenant au sens général et péjoratif de despote.

19.

V. note [2], lettre latine 64, pour l’Arétée manuscrit que conservait la Bibliothèque royale, dont Johannes Vander Linden souhaitait disposer pour faire avancer son projet de procurer une édition de cet auteur (v. note [10], lettre 449).

20.

Première de nombreuses méprises de Guy Patin sur le prénom de Sebastian Scheffer, fils de Wilhelm Ernst.

Âgé de 26 ans, Scheffer venait étudier la médecine à Paris et Patin venait de faire sa connaissance, sur la recommandation de Johannes Antonides Vander Linden. Ce fut le début d’une longue amitié : notre édition contient 55 lettres que Patin a écrites à Scheffer.

21.

« sur la Guerre flamande » : v. note [4], lettre 276, pour les Annales et historiæ de rebus Belgicis [Annales et histoires flamandes] de Hugo Grotius (Amsterdam, 1657).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 57 ro.

Clariss. viro D. Io. Vander Linden, medicinæ professoris, Leidam.

Ante duos menses ad Te non scripsi, quia semper hæsi, tum super legato
vestro amplissimo, D. Thuano, qui præter omnium spem et inopinatò discessit,
et propter præsentes turbas forsan ad nos brevi reversurus : tum super tamdiu à nobis
sperato et frustra expectato C. Celso Riolani, quem mihi mutuò petenti planè
denegavit Riol. filius, ea ductus ratione, quod sit opus completum, et ad editionem
paratum, de qua, compositis aliquot rebus domesticis, in posterum sit cogitaturus ;
quum sit
, ajebat ille, Codex ipse multis Notis illustratus desumptis ex Codice
qui fuit olim magnorum virorum Io. Fernelij et Io. Capellani
. Audis verba, et capis rem.
Ego v. subjungo : Igitur non indigemus isto Celso, cum tales Notas jam habeoamus in Celso
quem antehac ad Te misi, in 4. et fortassis illa ipsa est causa quare toties eum mihi
sit pollicitus dum viveret ipse Riolanus, nec tamen unquam tradidit, imò ne testa-
mento quidem legavit : revera tamen, ut quod res est verba dicam, nihil quidquam
cuiquam legavit, morte enim præventus inopina, nihil quidquam propter eam decrevit,
nequidem de ea cogitans : sed nihil mirum : tam multi quotidie sic moriuntur,
sic rapiuntur : tandem obijt, nihil legavit : Celsum suum reliquit nobis
inutilem, cùm nil aliud habeat quàm quod jam habemus : itaq. Tibi Celsum
ipsum requirenti, aut enixè flagitanti, potero in posterum respondere, Quod
petis intus habes
. Qui hîc ad nos ex Italia revertuntur, agunt de C. Celsi
nova editione, procurata à Io. Rhodio, sed totum illud, ut et singula illius hominis,
mihi videntur lentum negotium : hîc v. habemus Collegam, Iacobum Mentel,
qui novam quoq. pollicetur editionem C. Celsi, quam consarcinaturus est, et
ut ait ille, concinnaturus ex varijs Exemplaribus hinc inde conquisitis : sed etiam
totum illud quod nos sperare jubet, lentissimum erit negotium. Nihil itaque Te
terreant neque removentur singula isthæc quæ varij de Celso pollicentur.

Quod spectat ad Clar. vestrum Legatum, D. Thuanum, quem propter inopi-
natum discessum nec salutare potui, nec ei valedicere, multò minùs de Te tuisq.
laudibus cum eo agere, hîc dicitur brevi ad nos reverturus : si tamen eam quam incolit Urbem
adeas, eumq. velis salutare, duobus ejus domesticis, schedulam reliqui, ut eum
possis salutare, coire, et ad eum Tibi pateat aditus : vir est summæ dignationis,
tam proprio quàm avito merito colendus ac honorandus : Natus est abavo Præside
in Senatu Paris. Avo Christophoro, Senatu Principe : Parente verò, In-
comparabili viro, D. Iac. Augusto Thuano, in Senatu Paris. Præside insu-
lato, historiarum sui temporis secundum Titum Livium et Corn. Tacitum, scriptore
elegantissimo : Ex ea familia natus est quæ viros bonos, eruditos ac liberatos,
Tibi similes semper coluit : illi duo domestici, qui in eam rem schedulas à me
habent, sunt ejus Secretarius, D. Ismael Bullialdus, (Gallicè Monsieur
Boüillaud
), vir doctissimus, et Mathematicus præstantissimus : alter dicitur
Monsieur Menier, ejus Œconomus, vulgò Maistre d’hostel. Si eos adieris, eorúmq.
memoriam interrogaveris, schedulam meam facilè Tibi repræsentabunt, et
ad amplissimum Legatum virum Tibi munient, si eum adire volueris.

Cl. Salmasij uxor hîc apud nos obijt : de ejus Epistolis quid habes novi ?
Hîc habeo multas ejus Epistolas Gallicas, prope centum propria manu scriptas, quas
ad earum Collectorem possem mittere, si eas requirat : scriptæ sunt illæ à Cl.
Salmasio ad quendam D. Vicfortium, pro Landgravia Hessica ut ajunt
Residentem ad Ordines Belgij federatos ; sed non mittam, nisi priùs ille
postulet eas sibi mitti, ut videat qui eas mihi commisit, me non misisse alia nisi fini,

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 57 vo.

quàm ut typis edemandarentur. Aliquot illic habentur ann. 1646. et 1647.
plures anni 1648. quamplurimæ anni 1649. ^ penè omnes de rebus nostris : quæ Editori, si eas
scripto requisiverit, non denegabuntur ad editionem : de quo si habet, à Te
monebitur. Hîc prostat Hippocrates Foesij, novæ editionis Geneven-
sis : ut et novissima editio Commentarij Lud. Dureti in Coacas Hipp.
in folio. Heri accepi librum novum ex Italia, nuperrimè allatum optimi
Auctoris, sub hoc lemnate : Steph. Roderici Castrensis Lusitani Opuscula
duo, videlicet Variæ Exercitationes Medicæ, et Expositiones in aliquos
ægrotos Hippocratis. in 8. Venetijs, 1656.
ut et alium, quem in tuo Indice
non deprehendo : Amphitheatrum Medicum, in quo morbi omnes, quib. imposita
sunt nomina ab animalibus raro spectaculo debellantur. Authore Ezechiele à
Castro, Doct. Med. Phys. ad Illustrissimum Dominum Ant. Franc. Seratici
Comitem. Liber primus, ab homine in morbo palimbulo.
^ Veronæ, Apud Franciscum/ Rubeum, 1646. Lugduni ad Ararim
inchoatum nova editio omnium Operum Hier. Cardani, quæ sex tomos in folio con-
tinebit : ibidem procedit Editio nova omnium Operum Petri Gassendi, viri
eximij, et hîc apud nos artium Mathematicarum Professoris regij, quæ
ante finem anni speratur confecta. Paracelsus Genevæ perficiretur circa
idem tempus, trib. tomis in folio : proh pudor ! Van-Helmontius, Paracel-
sus, Chymici libri pessimi, notæq. deterrimæ, et alia ingeniorum monstra,
in ultimas terras deportanda, typographos nanciscuntur ; Caspari v.
Hofmanni
viri eximij scripta nullum reperiunt. Verùm dic sodes :
quî se habent amiciss nosterri D. Van-Horne, Vorstius, Hornius, et D.
Utenbogardus : quibus singulis meo nomine salutem impretias velim. Possemne
habere librum ex vestra Hollandia, editum Amstelodami, in 8. 1631. sub hoc
titulo. Philothei Castelli Flagellum calumniantium, seu Apologia,
in qua Anonymi cujusdam calumniæ refutantur, etc.
Hîc inchoatur
magnum opus historicum, nempe de vita et gestis Armandi Richelij
cardinalis, duob. tomis in folio, Gallico idiomate
. Mirabilia quidem
patravit ille Vir, ^ florentissimi et potentis-/ simi regni sumptibus : dispendijs : sed fuit pessimus nebulo, et Machiavellisticarum
artium sectator acerrimus ac perniciosissimus : ut familiam suam
locupletaret, et nepotibus suis, (forsan filijs) immensas opes ac planè
invidendas relinqueret, herum suum Regem optimum per multos
annos multipliciter decepit, Mariam Medicœam Reginam Matrem,
cujus liberalitati ac humanitati benevolentiæ omnia sua debebat, ut solus cum Rege
regnaret, exulem fecit, Europam universam concussit, Galliam expilavit,
et propè ad inopiam redegit, saltem eam penè enectam latronum et
publicanorum carnificinæ suffocandam commisit : et tamen successorem
nescio quo fato nisi nostro pessimo nihilo meliorem nactus est, qui
etiam in cadavere extenuatissimo siccissimo et prope adhuc ustulato adhuc deprehendit quod roderet : tantæ
sunt artes, adeo sunt acuta ingenua ejusmodi fungorum Vaticanorum, quo-
tiescumque agitur de præda, et nummis per fas ac nefas corra-
dendis : sed eheu ! per socordiam nostram ista patimur, à purpuratis
istis Iovis Capitolini ^ et Romanæ meretricis 2 ministris et 1 Satrapis parum Apostolicis.

De Aretæo, nihil habeo quod dicam : in Bibiotheca regia nullum
adhuc novi : operam tamen daturus sum in posterum, ut aliquid inde pro
commodis tuis vel hauriam, vel discam. Si convenias D. Boüillaud,
Domini Thuani Legati vestri Secretarium et Bibliothecarium, age
cum illo de isto Aretæo. Vale, Vir Cl. et me quod facis, amare
perge, qui sum totus ex animo tuus

Guido Patin, Doctor Medicus,
et Prof. regius.

Parisijs, die 1. 2. Iunij, 1657.

u.

Ms BIU Santé no 2007, fo 58 ro.

Heri me convenit juvenis quidam Germanus, Steph. Schefferus, Doctoris
Medici Francofurtensis filius, qui me tuo nomine salutavit, pro quo ingentes
habeo gratias. Estne apud vos ad finem perducta editio nova historiæ D. Hugonis
Grotij
, amici quondam mei, de bello Belgico ? quæ dicta est prælo insudare à plusquam
4. mensibus. Celsus tuus quando veniet ? Vive et vale, vir Clarissime.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johannes Antonides Vander Linden, le 3 juin 1657

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1115

(Consulté le 25/04/2024)

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