L. latine 175.  >
À Gaspar dos Reis Franco,
le 2 février 1662

[Ms BIU Santé no 2007, fo 133 ro | LAT | IMG]

Pour l’auteur du Campus Elysius.

Très distingué Monsieur, [a][1]

N’allez pas vous étonner si un Français inconnu de vous ose vous écrire, à vous qui êtes un médecin espagnol dont le savoir est vaste, pour ne pas dire universel, à vous qui êtes fort connu dans le monde entier, et si je vous envoie une lettre que vous n’attendiez absolument pas. C’est la reconnaissance [1] qui me l’autorise, car je veux vous exprimer toute la gratitude dont je suis capable pour m’avoir extrêmement honoré en citant mon nom en plusieurs passages de votre grand ouvrage, et pour en louer l’érudition. J’entends votre Campus Elysius[2][2][3][4][5] et vous savez très bien où je veux en venir : il ne s’agit que de m’épargner le péché d’ingratitude, car il n’y a rien de pire qu’un esprit ingrat pour les hommes de bonnes mœurs. La raison pour laquelle je vous écris, très distingué Monsieur, est donc pour que vous ne croyiez pas que je veuille vivre et mourir sans vous avoir remercié. J’ai lu votre Campus Elysius, j’y ai surtout trouvé quantité d’excellentes et louables choses qui m’ont mis dans une immense joie parce que, par l’érudition peu commune dont vous l’avez enrichi, elles ont heureusement instruit dans la meilleure doctrine mon esprit qui est avide de lecture et de savoir ; mais ce faisant, j’ai été très surpris et presque stupéfié quand j’ai plusieurs fois lu mon nom parmi tant de témoins extrêmement renommés de votre érudition, savoir celui d’un homme banal qui n’a en rien mérité une si grande gloire, et je vous avoue cela en toute sincérité. Pour vous faire connaître, très distingué Monsieur, qui je suis, ou plutôt qui est celui que vous avez loué tant de fois avec tant d’honneur, apprenez-le de moi-même en quelques mots, vraiment sans aucun orgueil, mais plutôt morum fiducia, comme dit Tacite. [3][6][7] Mon nom est Guy Patin, originaire de Beauvais (une cité très ancienne et très bien fortifiée en Flandre française), je suis dans ma 60e année d’âge, docteur en médecine de Paris depuis 40 ans, appartenant à cette très illustre et très antique Compagnie de médecins qui a jadis produit des hommes célèbres en tous mérites et dignes de toute recommandation, tels qu’ont été Fernel, [8] Sylvius, [9] Tagault, [10] de La Ruelle, [11] Houllier, [12] Duret, [13] Baillou, [14] Riolan, [15] Charpentier, [16] Pardoux, [17], René Moreau [18] et une infinité d’autres, magnus erit quos numerare labor[4][19] Pendant 20 ans, j’ai publiquement enseigné tant la médecine que la chirurgie dans les Écoles de médecine de Paris ; mais voici dix ans, j’ai été nommé professeur royal et, comme successeur du très distingué M. Jean Riolan, premier de tous les anatomistes, j’enseigne publiquement chaque année la médecine dans le Collège royal[5][20][21][22][23] Les ouvrages de ma plume que vous avez loués sont peu nombreux et ceux d’un tout jeune homme ; mais je ne les renie et ne les rejette en aucune façon puisque je vois que vous les louez et les approuvez, vous qui êtes un homme très sérieux et très docte. Ayant atteint un âge plus mûr, j’aurais sans doute pu écrire des ouvrages meilleurs et plus dignes de louange, si j’en avais eu le loisir et si m’était venue à l’esprit l’idée d’élever mon renom à la recommandation de la postérité. [24][25] Voilà donc pourquoi, très distingué Monsieur, je me sens extrêmement lié par la gentillesse que vous avez mise à louer dans votre ouvrage très estimé mes écrits de jeunesse, si légers et divertissants, et de m’avoir voulu Principibus Achivis permistum[6][26] La seule raison pour laquelle je vous écris, très distingué Monsieur, est de vous exprimer ma reconnaissance et de vous remercier pour votre bienveillance, que toute ma vie je veillerai fièrement à entretenir, et que je m’évertuerai à mériter de vous et de vos semblables. Vale et aimez-moi.

De Paris ce 2d de février 1662.

Vôtre en toute sincérité, Guy Patin, docteur en médecine de Paris et professeur royal d’anatomie, de botanique et de pharmacie. [7]


a.

Brouillon manuscrit d’une lettre que Guy Patin, malade (v. note [1], lettre 717), a dictée (sans le nommer) à l’intention de Gaspar dos Reis Franco, auteur de l’Elysius iucundarum quæstionum Campus… [Champ Élysée de questions plaisantes…] (Bruxelles, 1661, v. notes [10], lettre 794, et [2] infra) : ms BIU Santé no 2007, fo 133 ro ; la suscription, la fin et quelques corrections sont de la plume de Patin.

1.

Emploi de gratitudo (néolatinisme) pour gratulatio dans le manuscrit latin.

2.

Guido Patinus. m. [medicus, médecin] figure dans l’Index Auctorum [Index des auteurs cités] qui se trouve au début de l’Elysius iucundarum quæstionum Campus… [Champ Élysée de questions plaisantes…] (v. note [10], lettre 794). Gaspar dos Reis Franco le cite au moins en cinq endroits qui concernent tous ce qu’il a lu de lui dans les Medici officiosi Opera [Œuvres du Médecin charitable] (Paris, 1649), traduction en latin du très célèbre livre de Philibert Guybert, enrichie de divers textes de Patin (v. note [13], lettre 207).

  1. Page 53, Quæstio sexta. Gestandi annuli mos apud Medicos unde originem habuerit ? [Sixième question. D’où l’habitude de porter une bague est-elle venue chez les médecins ?] :

    cum ex Neotericis non desint severi ac rigidi supercilii authores, qui hæc omnia, et alia plurima de gemmis et lapidibus encomia et virtutes irrideant, nec approbent modo : qualiter inter alios faciunt Sanctor Sanctorius, et Guido Patinus Parisiensis medicus, hujus temporis doctissimi, qui lapidum ac gemmarum vires, et quæ ex ipsis parantur confectiones de Hyacintho, Alcarmes, imo et ipsum quoque Bezaar damnant, ac tanquam noxia à medendi usu longe submovent.

    [puisque chez les modernes, il ne manque pas d’auteurs sourcilleux et sérieux, qui sourient à toutes les autres louanges et vertus qu’on attribue aux gemmes et aux pierres, et ne les approuvent en rien : comme font entre autres les plus savants de ce temps, Santorio Santorio {a} et Guy Patin, médecin de Paris, qui condamnent les pouvoirs des pierres et des gemmes, dont on prépare les confections d’hyacinthe, l’alkermès et même le bézoard, et les tiennent pour nuisibles et à exclure entièrement de la thérapeutique]. {b}


    1. V. note [6], lettre 8.

    2. Patin n’a jamais publiquement blâmé plus rudement ces médicaments « arabesques » que dans sa thèse sur la Sobriété (1647), qui a été intégralement réimprimée dans les Medici officiosi Opera (pages 446‑464).

  2. Page 336, Quæstio quadragesima sexta. An homines ex semine retento hystericis affectionibus aliquid simile pati possint, ut mulieres patiuntur ? [Quarante-sixième question. La rétention de semence peut-elle provoquer chez les hommes des affections hystériques ressemblant à celles dont souffrent les femmes ?] :

    Veneris abstinentiam corpori, animo, et animæ maxime conducere : Sapientes enim coeunt, ne coeant. Tandem Guido Patinus lib. de valet. cap. 8. apud Philipp. Guibertum in ea est opinione, quod coitus abstinentia homini nequaquam officiat, nec alicujus morbi causa esse possit, quod in illo ex seminis retentione pravum ullum symptoma vix unquam compertum fuerit ; imo nunquam citra agentis debilitatem expelli.

    [L’abstinence de l’acte vénérien est très avantageuse pour le corps, pour l’esprit et pour l’âme : Sapientes enim coeunt, ne coeant. {a} Au chapitre viii de sa Conservation de santé, qui est dans Philibert Guybert, Guy Patin exprime du moins l’opinion que s’abstenir de copuler n’est en rien gênant pour l’homme et ne peut être cause de maladie, parce que la rétention de la semence ne se trouve presque jamais être la source du moindre symptôme ; et même que la rareté de l’éjaculation n’est jamais cause d’infirmité]. {b}


    1. « Les gens sages ne se marient pas pour copuler » (Jules-César Scaliger, v. note [2], lettre 863).

    2. Ce chapitre viii du Traité de la Conservation de santé (ouvrage ajouté au Médecin charitable de Philibert Guybert à partir de 1632) est intitulé De l’action vénérienne, ou évacuation de la semence.

  3. Page 529, Quæstio sexagesima septima. De Monocerotis cornu, et illius alexiteria vi : fabulosumme sit animal, an vere extet ? item quid sentiendum de cele bratissima illius vi adversus venena ? Et de Bezoartico lapide idem quæritus [Soixante-septième question. De la Corne de licorne et de son pouvoir alexitère : s’agit-il d’un animal parfaitement imaginaire, ou qui existe vraiment ? Que faut-il penser de son très fameux pouvoir contre les poisons ? Avec la même interrogation sur la Pierre de bézoard] :

    Itaque plurimis ostendere conatus est totam de monocerote historiam inanem esse et fictitiam. Ex junioribus idem propriis scriptis confirmat […] Guido Patinus medicus Parisiensis in annot. ad lib. de peste Nicolai Elloim, quæ anno 1649. cum Philippi Guiberti medico officioso, et aliis tractatibus in lucem prodierunt ; ubi etiam in suam sententiam DD. Capellanum, Duretum, Petræum, Altinum, Mercurialem, Baccium, Sylvaticum Italos, et Germanum Thomam Erastum, compluresque alios citat.

    [Plusieurs auteurs ont ainsi entrepris de montrer que l’histoire de la licorne est entièrement frivole et fictive. Parmi les plus récents, par ses propres écrits, (…) Guy Patin, médecin de Paris, en donne la confirmation dans ses Annotationes ad librum de Peste Nicolai Ellain, qui ont été publiées en 1649 avec le Medicus officiosus de Philibert Guybert, et d’autres traités ; dans son jugement, il cite aussi, parmi plusieurs autres, MM. Chapelain, Duret, Piètre, Haultin, les Italiens Mercuriali, Bacci, Silvatico, et l’Allemand Thomas Éraste]. {a}


    1. Dans les Medici officiosi Opera (pages 515‑517), la 5e annotation de Guy Patin « sur le livre de Nicolas Ellain sur la Peste » contient un chapitre intitulé De Monocerote [De la Licorne], dont Gaspar dos Reis Franco a ici fidèlement résumé le contenu.

  4. Page 653, Quæstio sexagesima quinta. An verum sit quod in axiomate vulgo circumferetur : Omnis saturatio mala, panis vero pessima ? Obiter de carnis esu, et quando primum edi cœperit ? Item meraci vini usus tanquam noxius senibus interdicitur [Soixante-quatrième question. Toute saturation est mauvaise, la pire étant celle de pain : {a} cet axiome populaire est-il vrai ? Et aussi, sur la consommation de viande, quand doit-on commencer à en manger ? Et, sur la boisson de vin pur, doit-on l’interdire aux vieillards comme nuisible ?] :

    Propterea ait idem Vallesius minime a se probari commune illud, quod vinum lac senum dicatur ; quare concludit non nisi bene dilutum illis propinandum, usque dum extremo senio constituti ab omni penitus abstineant, cujus loco mulsam tunc illis magis convenire opprime consulit, cum alioquin si tunc quoquo modo vino indulgeant, senectam miserabiliorem, et vitam breviorem facient : quod Vallesii documentum forsan tanti fecit Guido Patinus, celebris Lutet. Scholæ professor, apud Philip. Guibertum, {b}quæst. de sobrietate, ut dicat senes quo provectiores tanto dilutius vinum bibituros, ac denique ad metam proximos non nisi aquam.

    [En outre, le même Vallesius {c} n’approuve guère l’idée commune disant que le vin est le lait des vieillards :  il conclut qu’ils doivent n’en boire que s’il est bien dilué et que, quand ils ont atteints un âge extrême, s’en abstenir complètement, conseillant de le remplacer par de l’hydromel qui leur convient beaucoup mieux, car autrement, s’ils se laissent aller à quelque vin que ce soit, ils se gagnent une vieillesse fort misérable et abrègent leurs jours. Dans sa thèse de Sobrietate, inséré dans Philibert Guybert, Guy Patin, célèbre professeur de la Faculté de Paris, a fait fort grand cas de ce que dit Vallesius, quand il dit qu’« à mesure qu’ils avancent en âge, les vieillards le mouillent de plus en plus, et ne boivent plus que de l’eau quand ils approchent de la fin. »] {d}


    1. Sentence fallacieuse dérivée d’un aphorisme d’Hippocrate (no 4, 2e section, Littré Hip, volume 4, page 471) : « Ni la satiété, ni l’appétit, ni rien qui est au delà de l’état naturel n’est bon. »

      Cervantes (v. notule {b}, note [13] de l’Observation 11) l’a citée dans Don Quichotte (tome 2, chapitre xlvii, propos d’un médecin s’adressant à Sancho Panza), avec perdricis [perdrix] au lieu de panis [pain].

      Ryes Franco (Page 646) a attribué ce curieux adage à nescio quo artomastige authore, « je ne sais quel auteur fouetteur de pain » (en prenant artomastix pour un néologisme forgé sur les mots grecs artos [pain] et mastix [fouet]).

    2. Sic pour Phili. (Philibert).

    3. Francisco Valles, dans sa Methodus medendi [Méthode pour remédier] (Venise, 1589, v. note [23], lettre 242).

    4. Sans citer Vallesius (ni aucun autre), Guy Patin a parlé du vin dans l’article iv de sa thèse de la Sobriété (1647) (v. supra première notule {b}) : Senes quo ætate provectiores tanto dilutius bibant, tandemque metæ proximi, solam aquam.

  5. Page 671, Quæstio octuagesima sexta. Sudor sanguineus an possibilis, et ex quibus causis evenire possit ? Agitur etiam de lacrymis sanguineis [Quatre-vingt-sixième question. La sueur sanglante est-elle possible, et de quelles causes peut-elle venir ? Il est aussi question des larmes sanglantes] ; à propos du sang d’animal dans le traitement de la pierre vésicale, Gaspar dos Reis Franco renvoie aux propos de Patin sur les vertus nutritives ou médicinales du sang animal dans le chapitre ii du Traité de la Conservation de santé (v. ses notes [57] et  [58]).
3.

« par confiance en l’honnêteté de mes bonnes mœurs » ; Tacite, (Vie d’Agricola, chapitre i, § 3) :

Ac plerique suam ipsi vitam narrare fiduciam potius morum quam adrogantiam arbitrati sunt.

[Et on taxe plutôt de confiance en l’honnêteté de leurs propres bonnes mœurs que de présomption ceux qui écrivent leur autobiographie].

4.

« difficiles à compter, tant ils sont nombreux » (Martial, v. note [20], lettre 81).

Jacobus Sylvius et Louis Duret n’ont pas été docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris, mais de l’Université de Montpellier ; tous deux furent néanmoins professeurs au Collège de France.

5.

Approximations de Guy Patin sur le compte des années : reçu docteur régent en décembre 1627, il avait en février 1662 assuré pendant 34 ans les tâches d’enseignement général de la médecine incombant à sa charge. Il avait en outre été nommé régent d’anatomie en 1631-1632 (v. note [10], lettre 8), puis élu professeur de chirurgie pour un an (1646-1647, v. note [70] des Décrets et assemblées de la Faculté de médecine en 1651‑1652). Professant au Collège de France depuis 1655 (leçon inaugurale le 1er mars), il exagérait ici de trois ans l’ancienneté de sa chaire.

6.

« mêlé aux princes achéens [grecs] », Virgile parlant d’Énée (Énéide, chant i, vers 488) :

Se quoque principibus permistum adgnovit Achiviis.

[Il s’est reconnu lui aussi, mêlé aux princes achéens].

La suite de la lettre est de la plume de Guy Patin.

7.

Cette lettre n’a pas eu de suite qui ait laissé trace que je connaisse. Il est même permis de se demander si Guy Patin l’a jamais envoyée à son destinataire, en Andalousie.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 133 ro.

Pro Authore Campi Elysij.

Vir Clarissime,

Non est quod mireris si Gallus tibi ignotus, ad te Medicum Hispanum,
multijugi, ne dicam omnigenâ eruditione, per totum Orbem notissimum,
scribere audeat, et Epistolam mittat planè inexpectatam. Ut hoc audeam,
facit animi mei gratitudo. Ideòque scribo ut tTibi gratias agam amplissimas,
et quantas possum maximas, pro honorificentissima tua Nominis mei
multis in locis magni tui Operis, et ac Eruditi Libri laudatione. Campum
tuum Elysium intelligo ; et plane nosti quid velim : hoc unum videlicet
intendo, Vir Clarissime, ut ingrati animi natam maculam effugiam,
cùm viris bene moratis nihil sit turpius ingrato animo. Ea igitur de causa
at t
Te scribo, Vir Clarissime, ne putes me velle ingratum aut mori aut
vivere. Quum primùm Campum tuum Elysium pervolvi, multa
laudabilia atque optima in eo deprehendi, quæ me non mediocri
gaudio affecerunt, dum animum meum, adauctâ eruditione non vulgari,
lectionis et eruditionis avidum
meliori doctrina feliciter informarunt : sed inter illas moras,
planè miratus sum, et pene obstupui, dum inter tot Eruditionis Tuæ
testes laudatissimos, n
Nomen Mmeum perlegi : hominis nempe vulgaris,
qui talem gloriam nunquam promeruit et hoc ingenuè fateor. Ut
tamen scias Vir Clarissime, qui sim, aut potiùs quis ille sit, quem toties
et tam honorifice laudasti, à m
Me ipso paucis accipe, nullâ profectò
superbiâ, sed potiùs morum fiducia, ut ait, Corn. Tacitus. Nomen
meum est Guido Patinus, Patria Bellovacus (oppidum antiquissimum
et munitissimum in Belgio Gallico) annum ago ætatis meum meæ 60. ab annis
40. vixi Doctor Medicus Parisiensis in Illustrissimo illo et antiquissimo
Medicorum Ordine qui antehac viros omni laude inclytos, omni
commendatione dignos protulit, quales fuerunt Fernelius, Sylvius, Tagautius,
Ruellius, Hollerius, Duretus, Ballonius, Riolanus, Carpentarius, Perdulcis,
Ren. Moreau
, et alij infiniti, magnus erit quos numerare labor. Ante
annos 20. tum Medicinam, tum artem Chirurgicam publicè docui in
Scholis Medicorum Paris. Ab annis verò decem, factus Professor Regius,
et succenturiatus Clarissimo Viro Io. Riolano, Anatomicorum omnium
Principi, quotannis publicè doceo Medicinam in Auditorio Regio. Quæ
de me laudasti, pauca sunt et planè juvenilia, quæ tamen non omninò
respuo neque rejicio, cùm ea videam à Te Viro laudatissimo atq. D
doctissimo
laudari atque probari ; meliora forsan et laude digniora potuissem præstare scribere
adultior factus, si per otium licuisset, mihique in mentem venisset illa
cogitatio de nNomini meo promovenda aliqua commendatione posteritati : Ideoq. Vir Cl.
me magis humanitati tuæ obstrictum sentio, quod tam levia et ludicra mea, planè juvenalia, in laudatissimo tuo Opere laudari, volueris
méque volueris Principibus Achivis permistum accenseri volueris.
Hæc una mihi causa est, Vir Cl. per quam ad Te scribo, ut nempe agnoscas
gratum animum meum, Tibiq. gratias agam pro benevolentia tua, quam mihi tota vita sartam tectam gloriosè servabo, alijsq. in Te associjs demereri
conabor. Vale, Vir Cl. et me ama. Datum Lutetiæ Paris. 2. die Febr. 1662.

Tuus ære et libra Guido Patin, Doctor Med. Paris.et
Rei Anatomicæ, Botanicæ atque Pharmaceuticæ Professor regius.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Gaspar dos Reis Franco, le 2 février 1662

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1208

(Consulté le 24/04/2024)

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