"Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.
[Ms BIU Santé no 2007, fo 125 ro | LAT | IMG]
Au très distingué M. Marten Schoock, professeur de philosophie à Groningue.
Très distingué Monsieur, [a][1]
J’avais depuis longtemps le désir de vous écrire et, en vérité, je l’aurais fait plus tôt si je n’avais vainement et trop longtemps attendu les lettres de notre ami M. Christiaen Utenbogard. [2] Un désir ardent auquel vous m’avez condamné a pourtant rompu et débordé ces atermoiements : c’est celui de vous dire mon immense gratitude pour votre livre de Cervisia, que vous avez voulu me dédier par votre singulière bienveillance et au nom de votre affection à mon égard. [1][3] Je vous écris donc aujourd’hui pour vous remercier de votre présent, dont je souhaite pouvoir vous rendre la pareille ; mais en attendant, je voudrais que vous fassiez bon accueil au petit cadeau que je vous envoie par l’intermédiaire de notre ami Christiaen Utenbogard. Comparés aux vôtres qui sont en or, nos petits présents sont en bronze ; mais si on leur en donne le temps et l’occasion, ces nôtres qui sont en bronze se transformeront en or. Vous connaissez ces vers du poète : Nunc Te marmoreum pro tempore fecimus, etc. [2][4] Je vous aurais volontiers offert du vin en récompense de votre Cervisia, mais la grande distance qui nous sépare ne le permet pas ; au lieu de cela, il me sera permis de vous faire un autre cadeau un jour. En attendant, pourtant, très distingué Monsieur, je vous prie de m’aimer et de me croire pour l’éternité votre très soumis et très attaché,
Guy Patin, docteur en médecine de Paris et professeur royal.
De Paris, ce dimanche 16e d’avril 1662.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Marten Schoock, ms BIU Santé no 2007, fo 125 ro.
V. note [1], lettre 719, pour le livre « sur la Bière » de Marten Schoock (Groningue, 1661) et sa dédicace à Guy Patin, qui en était fort flatté et ne savait comment exprimer sa gratitude.
« Jusqu’à présent je t’ai fait de marbre, etc. [c’est tout ce que j’ai pu ; mais si mes brebis sont bien fécondes, tu seras d’or] » (Virgile, v. note [3], lettre 8).
V. la lettre suivante (écrite le même jour) à Christiaen Utenbogard, pour les six pistoles espagnoles (66 livres tournois) que Guy Patin faisait parvenir à Marten Schoock en remerciement des dix livres qu’il lui avait offerts (v. note [2], lettre latine 719) et de sa flatteuse dédicace du de Cervisia.
Ms BIU Santé no 2007, fo 125 ro.
Cl. viro D. Mart. Schoockio, Philosophiæ Professori, Groningam.
Iamdudum gestiebat animus ad Te scribere, Vir Cl. et re vera
citiùs scripsissem, nisi frustra et nimis diu literas expectassem Amici
nostri D. Chr. Utenbogardi. Verùm omnes illas moras fregit atque superavit
ardens illud votum quo me Tu damnasti : nempe ut qualescumque
Tibi gratias agerem pro libro tuo de Cervisia, quem mihi singulari tua
benevolentia et amore in me tuo, Nomini meo inscribere voluisti. Ergo
igitur quo nomine ad Te scribo hodierna luce, videlicet ut Tibi gratias agam pro
tuo munere, et utinam possem retaliare : interim v. gratum habeas velim
munusculum quod ad Te mitto per Amicum nostrum Ch. Utenbogardum :
ærea sunt dona nostra munuscula præ tuis aureis : sed ærea isthæc nostra
forsan cum tempore et 2 occasione 1 idonea fient aurea. Nosti illud Poetæ : Nunc
Te marmoreum pro tempore fecimus, etc. Pro Cervisia tua vinum facile
obtulissem, sed hoc vetat nimia locorum distantia : pro quo aliud
in posterum offere mihi licebit. Interea tamen, Vir Cl. rogo Te, ut me
ames, et credas me Tibi in perpetuum fore addictissimum et obsequen-
tissimum,
Guidonem Patin, Doct. Med. Paris. et Prof. regium.
Parisijs, die Dom. 16. Aprilis, 1662.
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