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Au très distingué Johann Peter Lotich, à Francfort.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Quoique récemment, Samuel Chouët, imprimeur de Genève, [2] m’a enfin remis votre très agréable lettre datée de Francfort voilà presque trois mois. Elle m’a excessivement réjoui et diverti, tant pour la célébrité de votre nom, bien qu’elle n’égale encore en rien celle que vous mériteront tant de vos écrits, qui vivront éternellement, que parce qu’elle me dégage et ouvre la voie qui mène au sein intime de votre amitié. Durant toute ma vie, en effet, j’ai toujours ardemment souhaité pouvoir sûrement accéder à la connaissance et à l’amitié d’éminents et savants hommes tels que vous. Je souhaite donc de tout cœur pouvoir vous apporter satisfaction dans l’affaire que vous me soumettez. Voici longtemps que je vous connais fort bien, vous et vos mérites, et que j’ai pris toute la mesure de votre singulière érudition, tant par votre Pétrone, [3] dont il s’agit ici, que par les deux tomes de vos Res Germanicæ, que j’ai ici depuis de nombreuses années. Je ne dis rien de votre troisième ouvrage car je ne l’ai jamais vu et j’ignore s’il existe. [1] Je loue de bon cœur ce que j’ai vu, qui est excellent et parfaitement digne de toute louange. Je fais même très grand cas de votre Pétrone et souhaite qu’avec mon aide vous obteniez ce que vous appelez de vos vœux. Toutefois, dans cette ville de Paris, qui est certes la plus vaste et la plus peuplée, mais qui est par trop imprégnée de puissance pontificale et farcie de superstition monastique, et en un mot, monacale à l’excès et fort loyolitique, [4][5] il n’est permis d’espérer de personne, [Ms BIU Santé no 2007, fo 109 vo | LAT | IMG] absolument personne, pas même d’un homme de bonne volonté, ce que vous désirez ardemment, c’est-à-dire que nous puissions y promouvoir sa réédition, augmentée et enrichie, par l’un quelconque de nos imprimeurs. Nul, assurément, ne réussira une telle entreprise en France, pas même notre roi très-chrétien, [6] car l’entourent, comme autant de veaux gras, quantité de prêtres et de froqués, surtout des loyolites, soumis plus que de raison à la religion romaine et dont le nombre dépasse de beaucoup celui des mouches en été, même au plus fort de la canicule. Dans cette cité, on n’imprime rien sans le privilège royal, que jamais personne n’obtiendra, pas même un prince du sang, puisque cela appartient à M. le chancelier lui-même, qui est plus qu’imbibé par l’esprit loyolitique et qui, de surcroît, est lui-même jésuite, bien que marié ; pour le reste, c’est un honnête homme, éminent, et de loin le plus digne de sa magistrature et de son élévation, mais fort vieux. [2][7] À cette difficulté, qui est en soi insurmontable, il ne manque pas de s’en ajouter d’autres, à savoir le prix excessif du papier d’imprimerie, en raison des taxes que lui ont imposées ces deux empourprés qui, sous prétexte de guerre, n’ont pas tant dirigé qu’impudemment dépecé notre France. Etiam mortui adhuc imperant, [3][8][9][10] car le pays est encore misérablement dépouillé sans aucune modération. Sévissent en outre ici une très grande cherté des denrées, [11] une pénurie d’ouvriers imprimeurs, avec une pauvreté et une impuissance immenses de nos libraires. [12] Souffrez donc, excellent Monsieur, d’être averti qu’il ne subsiste absolument aucun espoir de promouvoir l’édition de votre livre à Paris en raison de tous les obstacles qui s’y présentent, dont la levée et le franchissement semblent surpasser le pouvoir humain. Je vous présente et certifie toutes ces raisons comme étant tout à fait authentiques. Dieu fasse que je puisse vous être utile en quelque autre façon, pour que vous sachiez, si l’occasion m’en est donnée, avec quelle facilité, ou plutôt avec quel élan je voudrais vous servir et me rendre utile à vous. Cependant, pour vous dévoiler mes pensées et dire librement mon jugement, je crois qu’il n’existe aucune ville en Europe où un si grand ouvrage pourrait être imprimé aussi sûrement et aussi facilement qu’à {Bâle} Francfort ; [4][13] et si vous pensez que cela ne s’y peut faire, vous recourrez à Genève ; je pense que cela en vaut la peine car c’est un pays où la papimanie [Ms BIU Santé no 2007, fo 110 ro | LAT | IMG] n’a absolument aucun crédit, ni aucune autorité, et où il n’y a pas de papicoles [5] qui, par prières ou argent, ou par crainte de l’enfer, inciteraient le magistrat politique à préférer que cela se fasse ailleurs. [6][14][15] Abandonnez donc et écartez loin de vous l’idée de faire éditer votre Pétrone à Paris, cela est impossible ; et songez à Lyon sur la Saône, où vivent de nombreux libraires fort riches, qui distribuent sans difficulté leurs livres par toute l’Europe ; ou bien à Cologne, qui possède quantité d’imprimeurs qui répandent leurs ouvrages en abondance partout dans le monde, surtout en France, en Angleterre, au Danemark, en Pologne, tout comme en votre Allemagne. [7]
J’ignore si vous pensez à publier le 3e tome de vos Res Germanicæ, et souhaite que cela se fasse un jour. [1] Toutefois, si vous faisiez réimprimer les deux premiers, je pourrais vous faire des suggestions, certes peu nombreuses mais authentiques, sur nos affaires, là où vous vous êtes légèrement trompé, car vous étiez peut-être mal informé. Cela concerne les morts de la reine mère, Marie de Médicis, [16] à Cologne, d’Armand de Richelieu, [17] et surtout du roi très-chrétien, Louis xiii. [18] J’ai salué de votre part Jean-Baptiste Moreau, mon collègue et le fils de feu René Moreau ; [19][20] il vous salue en retour et m’a promis qu’il va vous écrire. Mais priusquam tollam manum de tabula, [8] j’ajouterai que voilà quelques années, plusieurs à vrai dire, M. Samuel Du Clos, médecin de Metz et très savant homme, m’avait écrit pour promouvoir ici une nouvelle édition de votre Pétrone. [9][21] Étant donné la difficulté de ces temps-là, il eut alors de moi une réponse identique à celle que je vous fais aujourd’hui. La voilà tant plus catégorique à présent qu’on pourrait presque dire que cet âge était d’or en comparaison du nôtre, qui est de fer pour la domination tyrannique de ceux qui sont venus depuis et pour l’implacable rapacité des partisans qui pillent tout ; à tel point que nous pouvons véritablement nous exclamer : Nostrorum quem das finem, Rex magne, laborum, [10][22] comme aux douleurs et aux malheurs de ta France ? Je vous écrirais certainement plus longuement, mais la douleur, qui m’est née au fond du cœur à l’évocation de nos calamités publiques, me retient et m’arrête la main. Pardonnez-moi donc, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer, moi qui serai, aussi longtemps que je vivrai,
entièrement votre Guy Patin, docteur en médecine et professeur royal.
De Paris, le 7e de juillet 1662.
M. Granel, envoyé de notre roi et, comme on dit en français, son résident dans votre ville, [11][23] vous remettra cette lettre. Si elle vous a satisfait, vous tiendrez dorénavant cet intermédiaire pour très fiable ; nos courriers traîneront en effet moins en chemin et nous arriveront en parfaite sûreté. [24] J’ai eu pour auditeur et ami en cette ville M. Scheffer le jeune, médecin en votre ville ; vous le saluerez obligeamment de ma part, ainsi que son père, si cela ne vous importune pas ; [25][26] et s’il veut m’écrire, vous prendrez sa lettre, l’insérerez dans une des vôtres et la remettrez à M. Granel pour qu’il me la fasse délivrer, car il écrit toutes les semaines à M. de Brienne, conseiller secrétaire du roi. [27]
Lettre manuscrite, mi-dictée, mi-autographe, que Guy Patin a écrite à Johann Peter Lotich, ms BIU Santé no 2007, fos 109 ro‑110 ro.
V. notes [83], lettre 150, pour le Pétrone de Johann Peter Lotich (Francfort, 1629), et [3], lettre 279, pour ses « Histoires germaniques » (Francfort, deux tomes parus en 1646 et 1650, qui n’eurent pas de suite).
Lotich avait aussi publié plusieurs ouvrages de médecine, de politique et d’histoire.
Chancelier de France depuis 1635, garde des sceaux depuis 1656, Pierre iv Séguier (v. note [2], lettre 16) était alors âgé de 74 ans. Le qualifier de jésuite était une manière de dire qu’il avait résolument pris parti contre les jansénistes. L’une de ses fonctions était de superviser l’attribution des privilèges royaux, alors indispensables pour imprimer légalement un livre en France.
« Même morts, ils commandent encore » (v. note [7], lettre 78). Les deux empourprés (purpurtati) étaient les deux cardinaux, Richelieu (mort en 1642) puis Mazarin (1661), qui s’étaient succédé à la charge de principal ministre du royaume.
Avec hésitation de Guy Patin qui a demandé à son scribe de rayer Bâle {mot mis entre accolades}.
Mot devenu illisible (probablement Papomanistes) que Guy Patin a corrigé puis rayé, pour le remplacer par Papicolæ (papicoles, adorateurs du pape).
Magistratus politicus pose une intéressante question juridique au traducteur ; le Traité du pouvoir du magistrat politique sur les choses sacrées ; traduit du latin de Grotius (Londres, sans nom, 1751, in‑12) donne en effet deux sens à l’expression (pages 1‑2) :
« J’appelle magistrat politique {a} la personne ou l’assemblée qui gouverne tout un peuple, et qui n’a que Dieu au-dessus d’elle. Je ne considère donc point le pouvoir en lui-même lorsque je me sers du terme magistrat politique, quoiqu’on ait coutume de l’y appliquer ; mais je le donne à celui qui est revêtu du pouvoir selon l’expression des Latins et des Grecs. Ainsi parle l’apôtre de ces puissances éminentes qu’il qualifie de princes et de ministres de Dieu : {b} il y désigne clairement les personnes et non leurs fonctions. Ainsi l’apôtre saint Pierre reconnaît cette supériorité dans les rois, {c} pour faire sentir combien ils diffèrent des puissances inférieures. Le vulgaire nomme aussi magistrat politique cette puissance, contre la signification ordinaire du mot latin ; car chez les Romains, le nom de magistrat {d} était prodigué aux tribunaux inférieurs. » {e}
- Summa potestas [Pouvoir suprême] dans l’édition latine originale, Hugonis Grotii V.C. de Imperio summarum potestatum circa sacra, Commentarius posthumus [Commentaire posthume du très distingué M. Hugo Grotius sur l’Autorité des pouvoirs suprêmes concernant la religion] (Paris, sans nom, 1647, in‑8o).
- Texte original : Neque alio sensu Apostolus Paulus dicit υπερεχουσας εξουσιας quos αρχοντας infra vocat et Dei Ministros [Sans s’écarter de ce sens, l’apôtre Paul dit les puissances dominantes, qu’il appelle plus loin les archontes et les ministres de Dieu].
- Texte original : Illud ipsum υπερεχειν Regi Petrus attribuit ad notandum discrimen ab inferioribus potestatibus [Pierre confère cette faculté de dominer au roi pour la distinguer des pouvoirs inférieurs].
- Magistratus tout court, et non summus magistratus. Grotius n’emploie pas l’adjectif politicus.
- Parlant de Genève, qui était alors une sorte de république théocratique, Guy Patin prenait magistratus politicus dans son sens noble de ministre du pouvoir divin (tel un souverain ou un prélat), en même temps juriste et théologien, et non dans son acception plus vile d’échevin (magistrat municipal). Grotius définissait la fonction en ces termes (Traité du pouvoir du magistrat politique, pages 502‑503) :
« À Genève (ville qui a produit les plus grands défenseurs de la Réforme, si elle n’a pas eu la gloire de donner les premiers), le petit Sénat a le choix de ces anciens sur le Conseil des pasteurs : non seulement ils sont tirés du Sénat, mais d’entre les sénateurs ; savoir, deux du petit Sénat et dix, tant du Sénat des soixante que du Sénat des deux cents. L’élection achevée, elle est soumise à l’examen des deux cents, et quoique ces sénieurs [anciens] élus n’aient aucune juridiction, ils prêtent serment à la République. C’est être aveugle que de ne pas apercevoir les maux que les Genevois redoutaient, en pesant toutes les formalités de cette élection. »
Guy Patin a pris la plume à la fin de cette phrase et l’a tenue jusqu’au bout de la lettre.
Pour cause de caducité, le Pétrone de Johann Peter Lotich (publié en 1629, v. supra note [1]) ne fut jamais réédité : v. note [14], lettre 309.
Notre édition ne contient pas cette lettre de Samuel Du Clos, mais Guy Patin en a parlé à la fin de celle qu’il a écrite à Charles Spon le 7 février 1648 (v. sa note [83]).
Un résident (proche équivalent d’un consul moderne) est « celui qui fait les affaires d’un roi envers une république ou un prince, ou d’un petit prince et république en la cour d’un roi. Le roi n’a que des résidents en Allemagne, aux diètes, chez les électeurs et chez les républiques ; et réciproquement, ils en ont en la cour de France. On a révoqué l’ambassadeur et on a laissé un résident à sa place » (Furetière). Je n’ai pas su trouver plus de renseignements sur ce M. Granel, résident du roi de France à Francfort.
Ms BIU Santé no 2007, fo 109 ro.
Cl. Viro Io. Petro Lotichio, Francofurtum.
Vir Cl. Suavissimas tuas litteras Francofurti datas ante
tres prope menses tandem feliciter, sed nuper accepi per Sam. Chouët,
Typographum Genevensem, quæ me supra modum exhilararunt
et recrearunt, tum propter Nominis tui celebritatem, licet longe
minorem ea quam promeruisti tot tuis scriptis in æternum victuris :
tum quia per tuas aditum mihi facis atque viam patefacis
ad intimum amicitiæ tuæ sinum, quod tota vita mea semper
et ardenter exoptavi, ut nimirum penetrare possem in
notitiam et amicitiam optimorum ac eruditorum virorum,
Tui similium : quo Nomine, utinam Tibi possem ex animo
satisfacere super eo negotio quod mihi proponis. Jamdudum est
ex quo Te, dignitatemque tuam optimè novi, tuámq; singularem
eruditionem perspectam habeo, tum ex tuo Petronio, de quo
agitur, tum ex duobus tuis Tomis Rerum Germanicarum, quos
hîc habeo à multis annis : de tertio quem nondum vidi et an
prostet nescio, nihil dico : quæ vidi lubens laudo tanquam optima,
omnique laude dignissima : Petronium tuum magni quoque facio,
et utinam feliciter Ope nostra tTibi contingeret quod habes in votis :
Verùm, in hac Urbe, amplissima quidem et populosissima, admodum
Pontificia, Monasticæ superstitionis plenissima ; dicam verbo supra modum
monachali, et nimis Loyolitica, nulli, planè nulli, nequidem Viro
Ms BIU Santé no 2007, fo 109 vo.
bono sperare licet quod concupiscis : nimirum ut ab aliquo ex
nostris Typographicis novam tui Petronij editionem adauctam et
locupletatam promovere possimus : nemo certè tale quid in Gallia
obtinerit, nequidem Rex ipse Christianissimus, quem tot
Sacerdotes et Monachi, præsertim Loiyolitæ, Religioni Romanæ
plus æquo addicti, tanquam vituli pingues circumstant, et
quorum numerus longè major est quàm muscarum æstivis mensibus,
etiam cùm caletur maximè. Nihil in hac Civitate prælo
subjicitur absque Regis privilegio, quod nunmquam quisquam
obtinebit, nequidem Princeps de Regio stemmate, cùm sit
ipse D. Cancellarius, Loiyolitico spiritu plusquam perfusus,
imò et ipse Loiyolitanus, quamvis uxoratus : cætera vix bonus,
egregius, et summa sua dignitate atque amplitudine
longè dignissimus, sed admodum senex. Præter ipsam
difficultatem, naturæ suæ insuperabilem, nec aliæ desunt,
nempe ^ impressoriæ chartæ/ pretium immodicum,/ propter vectigalia illi/ imposita per duos illos/ Purpuratos, qui belli/ prætextu miseram/ nostram Galliam non tam/ rexerunt quàm turpiter/ lacerârunt : quique/ etiam mortui adhuc imperant,/ in dies enim et supramodum/ miserè adhuc laceratur. Hîc insuper viget summa summa annonæ ch caritas, oOperarum Typographicarum
penuriâa, ingens Bibliopolarum nostrorum vel inopiâa vel
impotentiâa : idcirco, Vir Optime, patere ut seriò Te moneam,
nullam planè spem superesse promovenda tuæ editionis
in hac Urbe. I, in qua tot occurrunt impedimenta, quorum
ablatio vel extinctio non videntur esse humanæ virtutis :
quæ quidem singula tanquam verissima Tibi offero et affirmo.
O utinam Tibi possim aliquo modo prodesse, vel alio, ut nosces,
si qua daretur occasio, qua facilitate, imò potius quo impetu
vellem Tibi inservire, et operam meam Tibi fructuosam
reddere. Et tamen ut mentem meam Tibi aperiam, liberèque
dicam quod sentio, nullam in tota Europa Civitatem esse puto,
in qua tale tantum Opus, tam citò, tam facilè typis mandari possit quàm
Basilæ Francofurti : quod si putas ibi fieri non posse, recurras
ad Genevam, opus esse reor, ubi Papimania ipsa nihil
Ms BIU Santé no 2007, fo 110 ro.
quidquam habet fidei, nec authoritatis, et ubi Papomanistesicolæ nulli
sunt, qui precibus, aut pretio, vel inferni metu, tale quid obtineant
à Magistratu Politico, ut alibi fieri amat. Depone ergo igitur illam mentem,
eámq. procul à Te abijce, de Parisijs edendo tuo Petronio : quod fieri non potest ; et
cogita de Lugduno ad Ararim, ubi multi vivunt locupletissimi Bibliopolæ,
qui facilè toti Europæ libros suos distribuunt : vel de Colonia Allobrogum,
quæ multos habet Typographos, librorum suorum copiam ubique terrarum spargentes,
præsertim in Gallia, Anglia, Dania, Polonia, ut in vestra Germania.
De 3. tomo rerum tuarum Germanicarum in lucem edendo, an cogites nescio :
quod tamen utinam aliquando contingat : si v. primi illi duo recuderentur, possem
Tibi pauca quidem, sed vera de rebus nostris suggerere, in quib. quoniam
malè monitus leniter et quodammodo peccasti, v. geritur in obitu Reginæ Matris,
Mariæ Medicææ, quæ Coloniæ decessit : Armandi Richelij, imò et ipsius
Regis Christianissimi Ludovici 13. Io. Bapt. Moreau, Collegam meum
et Ren. M. p. m. filium, nomine tuo salutavi, qui Te vicissim salutat, seq.
ad Te scripturum mihi pollicitus est. Verùm priusquam tollam manum
de tabula, hoc superaddam : ante aliquot annos non ita paucos, de nova
tui Petronij editione hîc promovenda, vir doctissimus ad me scripserat D.
Samuel du Clos, Medicus Metensis, qui idem quàm Tu hodie, habuit à me
responsum, propter eorum temporum difficultatem ; quæ adeo adaucta est hodie, ut
tempora illa pene aurea dici possint, præ hoc nostro ferreo, propter tyrranicam
dominationem eorum qui successerunt, atque violentam Publicanorum
rapacitatem, qui omnia diripiunt : adeo verè possumus exclamare, Nostrorum
quem das finem, Rex magne, laborum, atque dolorum et miseriarum
tuæ Galliæ ? Plura certè scriberem, sed manum cohibet vetátque dolor
ingens de publicis calamitatib. nostris intimo corde conceptus. Ignosce igitur,
Vir Cl. et me amare perge, qui sum futurus quamdiu dabitur,
Tuus totus ex animo Guido Patin, Doctor Med et
Professor regius.
Parsijs, die 7. Iulij, 1662.
Hanc Epistolam accipies per D. Granel, Regis nostri Legatum, vulgo Residentem,
in vestra Civitate : hancce viam tenebis in posterum, tanquam tutissimam, si pla-
cuerit : minùs enim hærebunt in via, et tutissimè ad nos pervenient epistolæ nostræ. Habui in hac Urbe
auditorem et amicum D. Schefferum juniorem, vestræ Civitatis Medicum : nisi grave Tibi
fuerit, eum et ejus Parentem officiosè salutabis meo nomine : et si voluerit ad me scri-
bere, ejus Epistolam accipies, quam tuis includes, et nobis reddenda commites D. Granel, qui
singulis hebdomadis scribit ad D. de Briennes, Regi à secretis Mandatis.