L. latine 260.  >
À Thomas Bartholin,
le 7 septembre 1663

[Ms BIU Santé no 2007, fo 153 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Thomas Bartholin, à Copenhague.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Enfin, grâce à Hippocrate et à Galien, avec l’aide de Dieu tout-puissant, cum manu medica Phœbique potentibus herbis[1][2][3] enfin, dis-je, M. Rosenkrantz, [4] gentilhomme de votre pays, se porte mieux, grâce aux Aphorismes d’Hippocrate et à la Méthode de Galien. [5][6] On l’a saigné, [7] on lui a purgé le corps assez souvent, [8] on a employé le lait d’ânesse et de chèvre, [9][10] sur le conseil de mes très sages et expérimentés collègues Pierre Hommetz et Paul Courtois. [11][12][13] J’ai pu hier lui dire adieu, il s’en ira prochainement à la campagne pour reprendre des forces ; [Ms BIU Santé no 2007, fo 153 vo | LAT | IMG] j’espère que le changement d’air et de lieu lui sera fort utile. J’entends dire qu’après avoir visité la France, votre prince [14] est retourné au Danemark en passant par l’Allemagne ; il avait avec lui le noble M. de Parsberg, [15] que j’ai soigné tandis qu’il était à Paris avec son seigneur ; je vous prie de le saluer de ma part, ainsi qu’un autre Danois, du nom de M. Leigar, [16] qui l’accompagnait. Notre roi est revenu de Lorraine depuis trois jours. [17] Quand vous verrez au Danemark le noble M. Giöe, [18] celui que chez Monsieur l’ambassadeur [19] on appelait ici Monsieur le maréchal, ainsi que M. Biermann, [20] qui est un habile et excellent homme, vous leur présenterez, s’il vous plaît, mes salutations à tous deux. Je vous prie aussi de ne pas oublier cet excellent M. Parsberg, éphore de votre prince, [21] que je tiens en haute estime. [2] Ne songez-vous pas à publier bientôt votre Celse nouveau ? [22][23] Puisse Dieu tout-puissant nous l’accorder. J’attends encore le Fienus de Signis morborum, récemment publié à Lyon. [3][24][25] Nous n’avons aucune nouvelle du pape, [26] ni de Fouquet. [27] Vale et aimez-moi.

De Paris, ce vendredi 7e de septembre 1663.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.

Ce jeudi 13e de septembre, j’ai écrit à Sebastian Scheffer, [28] avec une lettre pour M. Mocquillon [29] et un portrait de Jean Riolan. [4][30]


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a envoyée à Thomas Bartholin, ms BIU Santé no 2007, fo 153 ro et vo : sa fin est imprimée dans Bartholin c, Centuria iv, Epistola xcviii (pages 505‑506), datée du 7 septembre ; v. notes [a], lettre latine 255, et [a], lettre latine 256, pour deux autres fragments de cette lettre publiée en 1667.

1.

« avec les soins diligents du médecin et les puissantes herbes de Phébus » (Virgile, v. note [2], lettre latine 22).

2.

V. la lettre du 18 mars 1663, pour la visite à Paris de Christian d’Oldenbourg, prince héritier de la Couronne danoise, futur roi Christian v en 1670.

Christoffer Parsberg (Trondheim Norvège 1632-Copenhague 1671), diplomate et homme d’État danois, était l’éphore (intendant ou maître d’hôtel, v. note [2], lettre 762) qui accompagnait le prince Christian dans son périple européen. Guy Patin l’avait soigné à Paris et le tenait en haute estime.

Il a plus tard écrit (v. note [5], lettre latine 292) que Leigar (prénom inconnu) était le médecin qui accompagnait le prince Christian à Paris.

V. notes [9], lettre latine 255, pour le retour de Louis xiv, le 5 septembre, de sa victorieuse expédition guerrière en Lorraine, et [5] et [7], lettre latine 233, pour Marcus Giöe, maréchal (premier gentilhomme) d’Hannibal Sehested, ambassadeur du Danemark, et Conrad Biermann, son secrétaire.

On voit ici, une fois encore, la place que tenaient les délégations étrangères parisiennes dans la lucrative clientèle de Patin. Assouvir sa bibliomanie n’était pas le seul moteur de sa correspondance européenne ; il y faisait reluire son prestige et ses talents médicaux à toute occasion qui s’en présentait.

3.

V. notes [2], lettre latine 127, pour le Celse de Johannes Rhodius, repris par Thomas Bartholin, mais resté inédit, et [2], lettre 776, pour le livre « de Fienus [Thomas Feyens] sur les Signes des maladies » (Simiotice, Lyon, 1663).

4.

Mémorandum de Guy Patin pour deux lettres dont il n’a pas conservé les brouillons et qui n’ont pas laissé d’autre trace. Il avait sans doute envoyé le portrait de Jean ii Riolan à Sebastian Scheffer pour qu’il fût inséré dans la Bibliotheca chalcographica [Bibliothèque gravée] qu’on rééditait alors (Clemens et Johann Ammon, Francfort et Heidelberg, 1652-1669, v. note [9], lettre latine 228) ; mais en vain, car on ne l’y voit pas.

V. note [3], lettre latine 147, pour Pierre Mocquillon, intermédiaire dans la corespondance de Patin avec Scheffer.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 153 ro.

Clariss. viro D. Thomæ Bartholino, Hafniam.

Vir Cl. Tandem cum Hippocrate et Gal. et opem ferente Deo Opt. Max.
cum manu Medica Phœbique potentibus herbis : tandem inquam melius habet
D. de Rosenkrants, vestras vir nobilis : cum aphorismis Hipp. et divina
Galeni Methodo.
Fuit illi secta vena, fuit repurgatum corpus sæpiuscule,
usus est lacte asinino et caprillo, ex consilio virorum sapientissimorum et
peritissimorum, Collegarum meorum, Petri Hommets et Pauli Courtois. Licet
hesterna die illi valedixi, proximè rus abituro ad neoterismum sibi procurendum,

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 153 vo.

per aeris et loci mutationem : quod illi spero summè profuturum. Audio
Principem vestrum qui Galliam lustravit, per Germaniam reversum esse
in Daniam : secum habebat nobilem quendam virum dictum D. de Parsberg,
cui feci medicinam dum esset Parisijs, cum suo Principe ; rogo Te ut eum salu-
tes meo nomine : ut et alium Danum, dictum Dominum Leigar, qui illi aderat.
Rex noster à triduo reversus est Parisijs ex Lotharingia. Quum videbis
in Dania virum illum nobilem, Dominum Gu[eo], qui hîc apud Dominum Legatum
vocabatur Monsieur le Mareschal, ut et D. Biermannum, virum peritum et
optimum : utrique si placet per me salutem impetire : sed ne omittas
quæso generosum illum nobilem D. de Parsberg, vestri Principis Ephorum,
quem magnifacio. Cogitásne de nova editione Corn. Celsi ? Utinam Deus Opt. Maximus
indulgeat. Adhuc expecto Fienum de signis morborum, Lugduni nuper editum[.]
De Papa : de Fuqueto, nihil habemus novi : vale, et me ama. Parisijs, die Ven.
7. Sept. 1663. Tuus ex animo, Guido Patin.

Die I[ov]is, 13. Sept. scripsi ad Seb. Schefferum, cum una Epistola D. Moquillon, et effigie
[Io.] Riolani.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Thomas Bartholin, le 7 septembre 1663

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(Consulté le 19/04/2024)

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