[Ms BIU Santé no 2007, fo 166 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Johannes Antonides Vander Linden, docteur en médecine à Leyde.
Très distingué Monsieur, [a][1]
J’ai déjà remis une lettre pour vous à notre ami Rompf, [1][2] mais je vous écris de nouveau pour vous aviser que votre paquet, que j’ai confié au fils de M. Leers, [3][4] a quitté Paris pour Rouen, en vue d’être transporté en Hollande, dès que la mer sera favorable, et de vous y être livré ; vous enverrez d’une partie de son contenu à M. Utenbogard. [5] J’attendrai patiemment l’exemplaire de l’Oratio funebris que vous avez prononcée en l’honneur d’Adolf Vorst, [6] je la lirai en hommage à lui et à vous. Je vous en remercie beaucoup par avance, ainsi que de la Praxis Chimiatrica d’Hartmann. [2][7][8] Je n’emploie pas les médicaments chimiques, et seuls très peu de médecins y recourent ici : nos malades n’en ont pas besoin et s’en passent facilement, parce que nos Parisiens ne supportent pas les médicaments trop puissants ; je suis donc de même avis que vous sur leur nature et leur utilité. Qu’une profonde paix règne donc désormais entre nous deux sur toutes ces controverses ; bien que je ne veuille pas m’exprimer comme ce légat pontifical [9] dont le très illustre Thuanus parle en ces termes à l’année 1556 : [10] Populus iste vult decipi, decipiatur ; [3] que cela ne vienne pas dans les pensées d’un honnête homme tel que je vous sais être et tel que je désire être. Votre fils se porte excellemment, il ne manquera pas d’argent. [11] Ce 2d de janvier, je lui ai donné trois cents livres tournois, cent écus, comme je vous l’ai écrit le 3e de janvier, mais j’ignore si vous avez reçu cette lettre car vous ne n’en avez rien écrit ; [4] néanmoins, quand il en aura besoin, je lui procurerai d’autre argent. Vive et vale, et aimez-moi donc.
De Paris, le 29e de février 1664.
Vôtre et sien, G.P.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johannes Antonides Vander Linden, ms BIU Santé no 2007, fo 166 vo.
Lettre latine 282, datée de la veille.
V. notes [5], lettre latine 263, pour l’« Oraison funèbre » d’Adolf Vorst par son collègue Johannes Antonides Vander Linden (Leyde, 1664), et [1], lettre latine 279, pour la Praxis Chimiatrica [Pratique de la médecine chimique] de Johann Hartmann (Leyde, 1663).
« Ce peuple veut être trompé, qu’il soit donc trompé » (Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou, v. note [7], lettre 794).
V. note [58] et [59] du Borboniana 4 manuscrit pour le cardinal Carlo Carafa, qui était légat du pape à Paris en 1556.
Lettre latine 274. Les « cent écus » sont en français dans le manuscrit. Guy Patin tenait à Johannes Antonides Vander Linden le compte exact des 1 200 livres tournois (400 écus) qu’il lui avait remises pour couvrir les dépenses de son fils Hendrik à Paris.
Ms BIU Santé no 2007, fo 166 vo.
Cl. viro D. Io. Ant. Vander Linden, Med. Doct. Leidam.
Vir Cl. Iam tradidi Epistolam Romphio nostro, et iterum scribo ut Te moneam
fasciculum tuum antehac à me traditum filio D. de Leers, ex hac Urbe Rothomagum
abijsse, ut inde, idoneo tempore facto, transeat in Hollandiam, et Tibi reddatur : cujus
partem mittes ad D. Utenbogardum. Funebris illius Orationis à Te habitæ pro
Ad. Vorstio Exemplar valdè expectatum à nobis duplici nomine, patienter
expectabo : pro qua Oratione, ut et pro Praxi Chimiatrica Hartmanni, ingentes
Tibi ago gratias. Medicamentis Chymicis non utor, et præter quosdam paucos eis
hîc utuntur quàm paucissimi : neq. illis nostri ægri indigent, imò facilè carent,
quia validiora medicamenta non ferunt nostri Parisini : idem itaque tecum sentio de
illorum natura et usu. Sit igitur inter nos profunda pax in posterum de singulis
istis controversijs : etsi dicere nolim cum illo Legato Pontificio, quod refert
illustriss. Thuanus, ad annum 1556. cum his verbis. Populus iste vult decipi, decipia-
tur : quod absit à viro bono, qualem Te teneo, et qualis esse cupio. Filius tuus optimè
valet, nulla pecunia carebit. Die 2. Ianu. tradidi illi trecentas libellas Turonen-
ses, cent escus, de qua summa ad Te scripsi 3. Ianu. ^ sed nescio an illam acce-/peris : quia de ea nihil scri-/psisti : nihilominus tamen quum fuerit opus et aliam
suppeditabo. Vive igitur, vale, et me ama. Paris. 29. Febr. 1664. Tuus et suus G.P.