L. latine 356.  >
À Georg Friedrich Lorenz,
le 4 juin 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 191 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Georg Friedrich Lorenz, à Lübeck.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous remercie pour votre Defensio venæ sectionis in febre maligna, etc.[2] que je lirai dès que j’en aurai le loisir, et vous écrirai ensuite ce que j’en pense ; de même pour vos Exercitationes in aphorismos Hippocratis, dont vous prendrez soin, j’espère, d’imprimer la seconde partie. [1][3] Au fil du temps, j’ai acquis la conviction que ces aphorismes circulant sous le nom d’Hippocrate ne sont pas tous de lui : les écrits de Galien m’ont ébranlé dans ce sens, [4] tout comme ceux de Mercuriali, [5][6] Lemosius, [7] etc. [2] En outre, ce qu’on lit dans Hippocrate n’est pas toujours vrai, comme Galien l’a reconnu, et surtout pardonné. Voyez Franciscus Valleriola, libro v, Enarratione 2[3][8][9] Je n’ai jamais vu le catalogue de Lupeius, [4][10] ni Cecilio Folli in Hippocratis Historias epidemicas[5][11][12] Marziano a omis certains aphorismes qu’il n’a pas approuvés, se conformant en cela à Galien. [6][13] Je rachèterai au prix fort ces thèses médicales, [14] disputations physiques et discours académiques, et vous prie d’avoir soin de me les acheter, autant que vous en trouverez. Je vous en rembourserai la dépense, soit à Helmstedt, [15] par l’entremise de M. Heinrich Meibomius, [16] mon grand ami, soit à Brunswick, [17] par celle de M. Bec, [18] qui est ici secrétaire et agent du sérénissime prince Auguste. [19] Je recevrai volontiers tous les ouvrages que vous trouverez et m’achèterez. Ajoutez-y, je vous prie, ce qui vous tombera sous la main sur la thériaque. [20] Je vous rembourserai de bon cœur, soit ici, soit où vous voudrez, le prix que vous fixerez, et vous ne regretterez pas la peine que vous vous serez donnée car je me délecte fort de ce genre de disputations imprimées. Je vous enverrai quand vous voudrez le livre de Marin Cureau de La Chambre sur les Aphorismes d’Hippocrate, [7][21] indiquez-moi seulement par quelle voie. Je n’ai jamais vu le Naldius in Aphorismos Hippocratis : [8][22] on fait rarement venir chez nous des livres d’Italie, où règne fort aujourd’hui la barbarie, par l’ignorance de tant de moines qui nihil aliud cogitant quam ut faciant rem, si non rem, at quocumque modo rem[9][23][24]

[Ms BIU Santé no 2007, fo 192 ro | LAT | IMG] Vous aurez le livre de François Pidoux de febre purpurea : [10][25][26] je vais prendre soin de me le faire apporter de Poitiers, où il a été publié, et vous l’enverrai avec les autres. Hormis quelques rares auteurs, tels Foës, [27] Mercuriali, etc., je ne me rappelle pas avoir jamais vu aucun commentateur du livre d’Hippocrate intitulé Mochlicus[11][28][29] Je n’ai jamais vu le livre d’Argentier de Erroribus veterum Medicorum, je pense qu’il n’existe nulle part au monde : personne que je connaisse ne l’a vu, et celui qui pense l’avoir vu s’est à mon avis fourvoyé. [12][30] L’Anglais Primerose a publié quelque chose de tel, qui est excellent, de vulgi Erroribus in medecina ; [31] tout comme notre Joubert, [32] un certain Bachot, [33] et Fuchs aussi. [13][34] Si Argentier, ce très impétueux censeur de Galien, avait publié quelque livre sur le sujet, sans doute n’aurait-il jamais disparu : je pense donc que ce récit est imaginaire, somnium de porta eburnea[14][35] Quand je vous enverrai vos livres, j’y joindrai un jeton d’argent où vous verrez mon portrait, gravé il y a 14 ans, quand j’étais doyen de notre Faculté de médecine. [36] Mais en attendant, je vous prie de m’aimer et m’indiquer ce dont vous avez besoin venant de France, afin que vous sachiez comme je vous suis entièrement fidèle, affectueux et dévoué. Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites.

De Paris, le 4e de juin 1665.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Georg Friedrich Lorenz, ms BIU Santé no 2007, fos 191 vo‑192 ro.

1.

V. la biographie de Georg Friedrich Lorenz, pour ses deux ouvrages parus à Hambourg :

2.

Girolamo Mercuriali (v. note [16], lettre 18) a notamment publié :

Luis de Lemos (Ludovicus Lemosius), philosophe et médecin espagnol d’origine portugaise, qui vécut au xvie s., a enseigné la philosophie à Salamanque, puis exercé la médecine à Llerena (Estrémadure). Entre autres éditions, son Iudicii operum Magni Hippocratis, Liber unus [Livre solitaire de Jugement sur les œuvres du grand Hippocrate] a été imprimé à la suite de ses De optima prædicendi Ratione Libri sex [Six livre sur la meilleur manière de pronostiquer] (Salamanque, Ildefonsus à Terranova, 1585, in‑8o). Les Aphorismes y sont analysés dans le chapitre v, De libris editis a magno Hippocrate [Des livres mis au jour par le grand Hippocrate], qui se conclut sur cet avis (pages 31 vo‑32 ro) :

Hæc sunt Hippocratis opera, quæ Galenus medicorum maximus auxit, amplificavit et ad summum usque complevit. Difficillimas enim ob brevitatem Hippocratis sententias et oracula adeo sapientissime, copiosissime et clarissime aperuit, ut ex una Hippocratis sententia nobis plurima commentaria reliquerit. Post hos autem duo in medica facultate lumina, plurimi tum Græci, tum Arabes atque Latini emerserunt, qui illos fidelissime interpretando multa condiderunt volumina, quibus rei medicæ auctio facta et plurima antiquis partim omissa, partim ignorata nos docuerunt. Hac nempe via ut reliquæ artes, sic medicina ad id devenit, ut ad cumulum eius nil amplius desideretur.

[Telles sont les œuvres d’Hippocrate que Galien, le plus grand des médecins, a augmentées et parachevées jusqu’à la perfection. Il a mis en lumière les sentences et les oracles d’Hippocrate, que leur brièveté rend très difficiles à comprendre, avec une sagesse, une richesse et une clarté si grandes qu’à partir d’un seul précepte hippocratique, il nous a laissé d’abondants commentaires. Par la suite, sont venus quantité d’auteurs, tant grecs qu’arabes et latins, qui, en interprétant les écrits de ces deux lumières de la médecine avec la plus grande fidélité, ont composé de nombreux volumes et nous ont enseigné bien des nouveautés médicales, que les anciens avaient négligées ou ignorées. Et c’est ainsi que, comme les autres sciences, la médecine accumule les connaissances, jusqu’au jour où elle ne laissera plus rien à désirer].

3.

Le « 2e Commentaire du livre v » des Enarrationum medicinalium libri sex [Six livres de Commentaires médicaux] de Franciscus Valleriola (Lyon, 1554, v. note [4], lettre 9) est intitulé In quibus Hippocrates à Galeno arguatur [Où Galien met en doute Hippocrate] (pages 304‑308) ; la fin (page 308, lignes 12‑21) illustre ce qu’en disait ici Guy Patin :

Hæc sunt, in quibus Hippocratem a Galeno veritatis tuendæ aut proferendæ causa, lacessitum esse diutina lectione observare potuimus. Quæ in id a me de industria collecta sunt, ut uni tantum veritati philosophos studere : eique naviter incumbere debere, vel hoc uno Galeni exemplo monstrarem. Nec profecto mirum Hippocratem summum medicinæ magistrum, eximiumque veritatis cultorem, interdum à recti via veritatisque scopo deflexisse : quod vel Mercuij Trismegisti vetustissimi philosophi testimonio, nusquam sit inter homines veritatem invenire : quod illa in solis æternis corporibus, non in caducis et materia constantibus perstare possit.

[Voilà donc comment une longue étude nous a permis d’observer des passages où Galien a éreinté Hippocrate, tout en voulant propager ou préserver la justesse de ses avis. Je les ai recueilli de propos délibéré, seulement pour attirer l’attention des philosophes sur ce qu’est la vérité ; et ils doivent se pencher avec le plus grand soin sur cette question, même si je ne l’ai abordée que sous l’angle de ce qu’en a écrit Galien. Il n’est assurément pas étonnant qu’Hippocrate, le plus grand maître de la médecine et l’insigne adorateur de l’authenticité, se soit parfois écarté du droit chemin et de la vérité objective. Le fait est que, selon le témoignage d’Hermès Trismégiste, {a} le plus ancien des philosophes, la vérité ne se trouve nulle part chez les hommes ; elle ne peut persister que dans les seuls corps éternels, et non dans ceux qui sont périssables et qui reposent sur la matière].


  1. V. note [9], lettre de Thomas Bartholin, datée du 18 octobre 1662.

4.

Guy Patin avait mentionné ce catalogue des ouvrages d’Alfonsus Lupeius (Alonso Lopez) dans sa précédente lettre à Georg Friedrich Lorenz (v. sa note [8]).

Sur le sujet dont Patin débattait ici, Lupeius avait publié des In omnia opera Galeni Annotationes, quibus obscura, et difficilia, atque quæ in hoc autore videntur pugnantia breviter et dilucide explicantur… [Annotations sur les œuvres complètes de Galien, où en sont brièvement et clairement expliqués les obscurités et difficultés, et ce qui doit être contesté chez cet auteur…] (Saragosse, Pedro Bernuz, 1565, in‑fo).

5.

Les bibliographies de Cecilio Folli (v. note [6], lettre latine 109) ne répertorient pas d’ouvrage « sur les Histoires épidémiques d’Hippocrate » ; mais Thomas Bartholin y a fait allusion dans une lettre qu’il lui a adressée, datée de Padoue, le 25 octobre 1644 (Centuria i [vBibliographie], Epistola lxi, De sceleto cum ligamentis propriis [Du squelette avec ses ligaments], page 250) :

Ingenti vero desiderio teneor videndi Hippocraticam tuam Historiarum correctionem, de qua in coram faciebas mentionem, ut appareat, quomodo illos curare Hippocrates potuisset , quos mortuos scribit.

[Mais l’immense désir m’habite de voir votre correction hippocratique des Histoires, {a} dont vous me faisiez personnellement mention, montrant de quelle manière Hippocrate a pu guérir ceux qu’il décrit comme morts].


  1. V. note [6], lettre 73, pour les Épidémies d’Hippocrate. Les commentaires de Folli sur ce livre ont probablement existé, mais n’ont pas été imprimés.

6.

V. note [21], lettre 7, pour Prospero Marziano et son livre intitulé Magnus Hippocrates notationibus explicatus… [Le grand Hippocrate de Cos expliqué par des annotations de…]. Son introduction aux Aphorismes se trouve pages 425‑426 de la première édition (Rome, 1626), avec ces pertinentes remarques :

Verum etiamsi hæc sit summi Hipp. doctrina, eius tamen industria in hoc compendium redactam fuisse, affirmare non audeo, cum tanti auctoris gravitati convenire non videatur, selectiores sententias hinc inde colligere, quæ (si totum opus repicias) nec methodum, nec doctrinæ perfectionem continent. Certum est enim, de omni fere medica materia in hoc libro tractari, sed nihil persecte, ac continuata serie absolvi. Præterquam quod manifeste apparet, quamplures sententias ex aliis Hippoc. libris in præsens opus translatas longe perfectiores in proprio fonte reperiri, quam hoc in libro, non paucasque esse ; quæ aphoritice descriptæ, mendacio non carent, quæ iuxta proprii loci descriptionem, indubitatam veritatem continent. Qui enim eas collegit, ut brevem sententiam redderet, in multis veram Auctoris mentem minime assecutus, voculas quasdam adimi posse ratus, orationem defectuosam, falsamque sententiam reddidit, ex quo factum est, ut omnium Aphorismorum lectionem tueri, sit impossibile, unde Galenus etiam aliquos tanquam spurios rejicere coactus est.

[Bien qu’y soit la science de l’immense Hippocrate, je n’ose pourtant affirmer que ce recueil a été rédigé avec tout son zèle coutumier, car on y trouve çà et là des maximes particulières qui (si vous considérez l’ensemble de son œuvre) ne recèlent ni sa méthode ni la perfection de sa doctrine. Il est certain que ce livre embrasse presque toute la matière médicale et, sans rien y retrancher, je me suis acquitté de la série complète. Toutefois, il apparaît manifestement que de nombreuses sentences y ont été empruntées à d’autres traités d’Hippocrate et que, dans bien des cas, elles sont bien mieux exposées dans leur lieu d’origine que dans ce livre-ci. Ce qu’on réduit en aphorisme n’est pas dénué d’erreur, tandis que ce qu’on puise à la source contient l’indiscutable vérité. En bien des endroits, celui qui a colligé ce qui se lit ici, pour en faire de courtes sentences, a médiocrement suivi l’authentique esprit de l’auteur ; et croyant pouvoir ôter certaines nuances, il a rendu le discours défectueux et en a faussé le sens. Il en résulte que tous les aphorismes ne résistent pas à une lecture critique. Voilà ce qui a contraint Galien à en rejeter quelques-uns, qu’il a tenus pour spécieux].

7.

Réédition du :

Novæ Methodi pro explicandis Hippocrate et Aristotele Specimen… Marinus Curæus de La Chambre…

[Modèle d’une nouvelle Méthode pour expliquer Hippocrate et Aristote… de Marin Cureau de La Chambre…] {a}


  1. Paris, Jacobus d’Allin, 1662, in‑4o en trois parties, dont la première (pages 1‑158) est intitulée Nova ratio explanandi Aphorismos Hippocratis, per quam usus Aphorismorum ab Hippocrate intenti, nec tamen conscripti aperiuntur [Nouvelle manière d’expliquer les Aphorismes d’Hippocrate, qui révèle ce que voulait dire Hippocrate en usant d’aphorismes, mais qu’il n’a pourtant pas écrit] ; v. note [7], lettre 385, pour la première édition, Paris, 1655.

8.

Les Annotationes in Aphorismos Hippocratis [Annotations sur les Aphorismes d’Hippocrate] de Matteo Naldi (v. note [10], lettre 406) n’ont paru que plus tard (Rome, 1667, in‑4o).

9.

« qui ne pensent à rien d’autre qu’à faire fortune, honnêtement, ou sinon par quelque moyen que ce soit » (Horace, v. note [20], lettre 181).

10.

V. note [32], lettre 433, pour le livre de François Pidoux « sur la fièvre pourpre » (Poitiers, 1656).

11.

Dans les Opera omnia [Œuvres complètes] d’Hippocrate, colligées, traduites et commentées par Anuce Foës (Francfort, 1595, v. note [6], lettre 68), le livre intitulé Μοχλικος [Mochlikos, Mochlique dans Littré Hip] est placé dans la Section vi (pages 114‑144), avec ce commentaire dans la préface, datée de Metz, le 7 juillet 1594 (page 4) :

Libros de fract. et art. suo velut loco sequitur Mochlicus aut Vectiarius, de ossium per molitionem impellendorum ratione dictus, quod eorum librorum compendiosam quandam doctrinam contineat, et quem certe a reliquis non sine fraude et scelere separari oportuit. Adeo ut mihi tanquam capite diminutam ac mancam Hippocratis Chirurgiam populo venditasse videantur, qui eum vel taciti præterierunt, vel certa animi persuasione neglexerunt.

[Le Mochlique ou l’Effet de levier, autrement dit la manière de replacer les os en les mobilisant, {a} semble avoir bien sa place derrière les livres des fractures et des articulations, parce qu’il résume, en quelque sorte, leur contenu. Ne pas le détacher des deux autres m’a certainement évité de frauder ou de fauter. Je vais jusqu’à penser que ceux qui soit l’ont omis sans rien dire, soit l’ont délibérément laissé de côté, ont vendu aux gens une Chirurgie d’Hippocrate comme diminuée et amputée d’un chapitre].


  1. Soit ce qu’on appelle aujourd’hui la réduction orthopédique (non sanglante, sans abord chirurgical) des fractures osseuses et des luxations articulaires.

V. supra note [2], pour l’Hippocrate de Girolamo Mercuriali.

12.

Comme plusieurs autres bibliographes, Johannes Antonides Vander Linden a mentionné dans ses deux livres de Scriptis Medicis [des Écrits médicaux] (Amsterdam, 1662, v. note [3], lettre latine 26), page 320, un traité De Erroribus veterum Medicorum [Les Erreurs des anciens médecins] (Florence, 1553, Torentinus, in‑fo) de Jean Argentier (v. note [3], lettre 9) ; mais il ne figure pas dans ses Opera omnia [Œuvres complètes] (Venise, 1607).

Si cette édition « a existé réellement, ce qui n’est guère probable, Argentier aurait composé cet ouvrage avant d’avoir atteint sa vingtième année » (Panckoucke).

13.

V. notes :

Le 4e ouvrage cité est intitulé :

Erreurs populaires touchant la médecine et régime de santé : par M. Gaspard Bachot, {a} Bourbonnais, conseiller et médecin du roi. Œuvre nouvelle, désirée de plusieurs, et promise par feu M. Laurent Joubert. {b}


  1. Médecin à Moulins dans le Bourbonnais (Allier), Gaspard Bachot avait été reçu docteur en 1592, probablement à l’Université de Montpellier. Les copieuses pièces liminaires de ce livre contiennent tout ce qu’on sait de lui. On y apprend entre autres qu’il était cousin de Gilbert Gaulmin (v. note [15], lettre 282), et de Jean Delorme (v. note [5], lettre 829), alors premier médecin de Marie de Médicis, et de son fils Charles (v. note [12], lettre 528) ; tous trois lui ont écrit des dédicaces en vers.

  2. Lyon, Barthélemy Vincent, 1626, in‑8o qui est une continuation du livre phare de Joubert ; dédié en premier à Henri ii de Bourbon, prince de Condé.

14.

« un songe issu de la porte d’ivoire », c’est-à-dire du monde souterrain (Virgile, v. note [5], lettre latine 232).

V. supra note [12], pour les profondes incertitudes sur l’existence d’un livre de Jean Argentier sur les erreurs de médecins.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 191 vo.

Clariss. viro D. Georgio Frid. Laurentio, Lubecam.

Gratias ago, Vir Cl. pro tua Defensione venæ sectionis in febre maligna, etc.
quam primo quod occuret otio perlegam, et de ea quid sentiam postea ad Te
scribam : ut et de tuis Exercitationibus in aphorismos Hipp. Utinam et alteram par-
tem typis mandari cures. Hactenus mihi persuasum habui omnes illos qui sub Hipp.
nomine circumferuntur aphorismos, non omnes esse ejudem Hipp. idq. auctoritate Gal.
permotus, ut et aliorum qui censuras ediderunt, ut Mercurialis, Lemosij, etc. Neque
semper vera sunt quæ leguntur apud Hipp. quod et agnovit Galenus, imò ignovit. ^ Vide Franc. Valerio-/lam, libro v. Enarratione 2. Lupeij
catalogum numquam vidi : ut nec Cæc. Folium in Hipp. Historias Epidemicas.
Martianus
quosdam aphorismos omisit, quos non probavit, sequutus Galenum. Theses
illas Medicas, et Disputationes Physicas, Orationésq. Academicas, magno pretio redi-
merem, rogóq. ut illas mihi cures emi, quotquot occurrent ; pretium quale
volueris refundam vel Helmstadij, per D. Henr. Meibomium, Amicum
meum singularem, vel Brunsvigæ, per D. Bec, quem hîc habemus Serenissimi
Principis Augusti Scribam et Agentem. Quidquid mihi emeris accipiam, de ijs quæ
apud vos prostant : et si quid occurrat, de Theriaca, adjunge quæso : definitum à Te
pretium lubens persolvam, vel hîc, vel ubicumque volueris : nec Te insumptæ operæ
pœnitebit : ejusmodi enim scriptis Disputationibus valde delector. Librum Mar. Curæi D de la
Chambre
in Hipp. aphorismos mittam quando volueris ; indica solum mihi per quam viam.
Naldium illum in aphorismos Hipp. numquam vidi : rarò ad nos adferuntur libri Medici
ex Italia, ubi hodie plurimùm regnat barbaries, propter inscitiam tot Monachorum,
qui nihil aliud cogitant quàm ut faciant rem, si non rem, at quocumque modo rem.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 192 ro.

Francisci Pidoux librum de febre purpurea, habebis, eum enim 2 mox 1 mihi ex
Pictavio 2 deferi curabo, 1 ubi fuit editus, et ad Te mittam cum alijs. Nullum unquam
memini me vidisse commentatorem in librum Hipp. dictum Mochlicum, præter eos
paucos, Foësium, Mercurialem, etc. Argenterij librum de erroribus veterum Medicorum numquam
vidi : neq. exstare puto in rerum natura : nemo quod sciam vidit ; et qui putat se vidisse, meo
judicio fallitur. Primerosius, Anglus, tale quid edidit, quod est optimum, de vulgi in Medicina
erroribus :
ut et Ioubertus noster, quidam Bachotus, et alter Fuchsius. Si acerrimus ille
Galeni censor Argenterius, tale quid edidisset, haud dubiè, numquam perijsset : itaque
relationem istam fabulosam esse puto, et somnium de porta eburnea. Quum ad Te
mittam libros aliquot, ijs includam calculum album argenteum, in quo videbis effigiem
meam, ante annos 14. sculptam, dum essem Decanus Medicæ nostræ Facultatis. Interea
v. rogo Te ut me ames, indicesque mihi quid requiras ex Gallia : ut me Tibi fideliss.
amicissimum atque addictissimum experiaris. Vale, Vir Cl. et me, quod facis, amare
perge. Parisijs, 4. Iunij, 1665.

Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Georg Friedrich Lorenz, le 4 juin 1665

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(Consulté le 29/03/2024)

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