[Ms BIU Santé no 2007, fo 198 vo | LAT | IMG]
Au très distingué M. Marten Schoock, à Groningue.
Très distingué Monsieur, [a][1]
Votre lettre m’a inondé d’une grande joie. Je l’ai reçue des propres mains de votre très noble ami, M. le baron von Schwerin. [2] Veuille Dieu bénir ses desseins et être favorable à sa jeunesse autant qu’il le méritera lui-même, ainsi qu’à l’insigne vertu de son remarquable et excellent père, [3] à qui je souhaite les années de Nestor, [4] car il a le mérite de faire grand cas de vous et des doctes personnages tels que vous. [1] Je procurerai mon aide à son fils autant qu’il voudra et du mieux que je pourrai, me mettant à sa disposition pour lui faire rencontrer d’éminents savants de notre ville ; ce que je ferai dès le mois prochain après la Saint-Martin, quand, les vacances du Parlement étant finies, nombre d’hommes érudits et de remarquable mérite seront revenus à Paris. Je loue votre prince, le sérénissime électeur, [5] de vous avoir choisi pour son historiographe ; puissent les dieux vous accorder le temps nécessaire et la santé requise quam Spartam ut ornes [2][6] que vous avez bien méritée. Quant aux Anglais, j’espère que leur guerre s’éteindra rapidement ; [7] sinon, que les Hollandais la gagnent et que les Anglais la perdent, car je ne puis leur être favorable, en raison de la violence innée de ce peuple sauvage. [8] Sitôt que vous en aurez trouvé le loisir, souvenez-vous, je vous prie, de publier une nouvelle édition de votre livre de Cervisia, que je vous serai éternellement redevable de m’avoir dédié. [3][9] Puisse tout bien aller pour vous et pour les vôtres, très distingué Monsieur. Continuez de m’aimer comme vous faites, moi qui, aussi longtemps qu’il plaira à Dieu, vous serai entièrement attaché et dévoué,
Guy Patin.
De Paris, le 29e d’octobre 1665.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Marten Schoock, ms BIU Santé no 2007, fos 198 vo.
Celle-ci est la dernière de ses huit lettres à Schoock que contient notre édition. Il avait alors définitivement quitté Groningue pour s’exiler en Allemagne (v. note [6], lettre latine 318).
Guy Patin a omis de biffer præsto dans sa phrase latine : Illi filio quantum voluerit præsto adero, et quantum in me erit, præstabo…
Les deux nobles brandebourgeois (prussiens) répondant au nom de von Schwerin étaient l’un et l’autre prénommés Otto :
Il voyageait alors en Hollande et en France, ce qui ne permet pas d’exclure entièrement que Marten Schoock lui ait remis sa lettre à Groningue, et non à Berlin, où il allait bientôt s’installer définitivement, ou l’était même déjà (Guy Patin était au courant de son projet depuis un an (v. note [6] de sa lettre latine datée du 4 octobre 1664).
« pour faire resplendir le prestige de cette Sparte [cette charge] » (v. note [2], lettre latine 265).
V. note [1], lettre 719, pour le livre de Marten Schoock « sur la Bière » (Groningue, 1661, avec dédicace à Guy Patin), qui n’a jamais été réédité.
Ms BIU Santé no 2007, fo 198 vo.
Cl. Viro D. Martino Schoockio, Groningam.
Magna lætitia me perfudit Epistola tua, Vir Cl. quam accepi propria
manu nobilissimi vestri Adolescentis, D. Baronis de Schwerin, cujus consilijs
Deus benedicat, et ejus ætati faveat quantum ipse meretur, ut
et summa virtus eximij atque præstantissimi Parentis, cui, quod Te,
Tuiq. similes viros eruditos magnifaciat, Nestoreos annos exopto.
Illi Filio quantum voluerit præsto adero, et quantum in me erit,
præstabo, ut magnis ac eruditis urbis nostræ viris innotescat : quod faciam
mense proximo, quum post ferias forenses, post Martinalia, tot viri
eruditi ac spectatæ virtutis Urbem revertentur. Laudo tuum
Principem, serenissimum Electorem, quod Te in suæ historiæ Elecscriptorem
valde prudenter delegerit : quod ut perficias quam Spartam ut ornes, pro merito, utinam Tibi concedant Superi
tempus idoneum et valetudinem sufficientem. Quod spectat ad Anglos,
utinam bellum istud citò extinguatur ; sin minùs, vincant Hollandi, et
Angli debellentur, utpote quib. favere non possum, propter innatam ferinæ
genti ferociam. Postquam otium aliquod nactus fueris, memento sodes,
promovendæ novæ editionis libri tui de Cerevisia, pro cujus nomini meo
inscriptione, æternùm Tibi debedo. Tibi Tuisque bene sit, Vir Cl.
méq. quod facis amare perge, qui quamdiu Deo placuerit, futurus
sum Tibi addictissimus atque deditissimus, Guido Patin.
Parisijs, 29. Oct. 1665.