L. latine 385.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 17 décembre 1665

[Ms BIU Santé no 2007, fo 201 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je loue votre sagesse et j’approuve votre avis sur la lettre de M. Rolfinck que je vous ai copiée. [1][2] Je me réjouis que M. Dinckel, [3] excellent homme qui est fort mon ami, vous ait fait parvenir l’Hortus regius Parisiensis[4][5] avec ce que vous m’aviez demandé d’autre. [2] Envoyez tout ce que vous aurez à m’adresser par la voie que vous voudrez, peu m’importe, pourvu que vous choisissiez la plus sûre. Empruntez celle de Strasbourg si elle vous agrée ; sinon, joignez votre envoi aux marchandises de M. Nicolas Picques, [6] qui a coutume de les mettre dans un très grand tonneau. Je pense que vous a maintenant été remis tout ce que je vous avais expédié, ainsi qu’à MM. Richter [7] et Rolfinck, car M. Spon m’en a assuré dans sa dernière. [3][8] Les écrits de tous les chimistes, [9] tels Paracelse [10] et Crollius, [11] fourmillent d’erreurs, de mensonges, de calomnies et d’impostures, dont rougiraient leurs sectateurs, souffleurs infâmes et ignorants, s’ils pouvaient être plus sages ou s’ils avaient une once de dignité. Je salue tous nos très distingués amis, mais en premier MM. Richter et Dilherr, [12] et ce M. Bürlin, [13] dont je peine à me souvenir : n’est-il pas médecin ? [4] Je me réjouis que l’Hortus regius Parisiensis vous plaise, je vous en enverrai deux autres exemplaires par la voie de M. Dinckel. Pour Gaffarel, [14] sachez bien qu’il n’est pas parisien, mais [Ms BIU Santé no 2007, fo 202 ro | LAT | IMG] Provincialis, un Provençal, peut-être de Marseille ou d’Avignon ; mais c’est un homme au flair subtil et très affairé à gagner de l’argent. J’ignore absolument où il vit et même s’il est encore en vie, mais je me rappelle qu’il m’a jadis parlé de certaines annotations du très distingué Hofmann sur Galien, [15][16] qu’il racontait avoir rachetées à quelque moine italien de Padoue. Je vous enverrai bientôt la feuille qu’il a imprimée là-dessus, avec les deux exemplaires de l’Hortus regius[5] Je salue le très distingué M. Rolfinck en le remerciant de ce qu’il a promis de m’envoyer. Si vous trouvez à vendre, en votre Allemagne, quelque paquet de thèses médicales ou philosophiques, ou de discours académiques, surtout anciens, tel celui que vous m’avez naguère obtenu, achetez-les-moi, je vous prie ; je vous en rembourserai de très bon cœur la dépense. Si quelque professeur d’Université qui amassait de tels écrits s’en est allé dans l’au-delà, achetez-les, s’il vous plaît, à ses héritiers. Je vous envoie la page de Gaffarel que vous recherchez, utilisez-la et tirez-en du fruit ; si vous en désirez d’autres exemplaires, je peux vous les avoir et vous les expédierai sans peine. Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites.

De Paris, le 17e de décembre 1665.

Vôtre de tout cœur, G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fos 201 vo‑202 ro.

1.

Propos elliptique de Guy Patin, auquel la suite de la lettre et la suivante, adressée à Werner Rolfinck, n’apportent pas d’explication limpide. Cette lettre de Rolfinck à Patin ne figure pas dans notre édition.

2.

V. note [2], lettre latine 379, pour cet envoi du « Jardin royal de Paris » (Denis Joncquet, Paris, 1665) à Johann Georg Volckamer, à Iéna, par l’intermédiaire de Johann Rudolf Dinckel, à Strasbourg.

3.

Mention qui mène à déplorer que ne subsiste qu’une seule lettre (1er janvier 1665) de la correspondance de Guy Patin avec Charles Spon, entre celles du 1er août 1664 et du 21 septembre 1666.

4.

V. note [1], lettre latine 184, pour Jakob Bürlein (Jacobus Burlinus), qui avait rendu visite à Guy Patin en 1662, de la part de Johann Georg Volckamer.

5.

V. note [1] et [2], lettre 707, pour Jacques Gaffarel, natif de Mane, près de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), mort en 1681, et pour la feuille (aujourd’hui introuvable) qu’il avait fait imprimer afin de vanter son Galien grec (Venise, 1525), annoté par Caspar Hofmann, mais que Guy Patin avait refusé d’acheter en 1661. Il en avait avisé Charles Spon qui avait dû en faire part à Johann Georg Volckamer (et l’affaire semblait l’intéresser).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 201 vo.

Clar. Viro D. Io. Georgio Volcamero, Noribergam.

Sapientiam tuam laudo, Vir Cl. probóq. consilium tuum de transcripta
Epistola D. Rolfinckij. Gaudeo quod acceperis Hortum regium Paris. cum alijs
contentis, per D. Dinquel, virum optimum et amicissimum. Quidquid habue-
ris ad me mittendum, mitte per quam viam volueris, mea parum refert, modò
tutiorem eligas : si Tibi arrideat per Argentinam, ea ipsa utere : sin minus,
mitte cum mercibus D. Nic. Picques, quæ solent maximo dolio includi. Nunc puto
Tibi reddita fuisse qæcumq. ad Te miseram, ut et D. Richtero atque Rol-
finckio :
hoc enim postrema sua mihi persuasit D. Sponius. Omnium Chymistarum
scripta, ut et Paracelsi atque Crollij, scatent erroribus, mendacijs, calum-
nijs, fraudibus ac imposturis : ex quib. erubescerent eorum sectarij, impuri
et ignari ciniflones, si sapere possent, aut aliquid frontis haberent. Cl. viros
Amicos nostros omnes saluto, imprimis v. D.D. Richterum, Dilherum, et D.
illum Bürlinum, cujus vix memini : estne Medicus ? Gaudeo quod gratum habeas
Hortum regium Paris. alia duo Exemplaria mittam ad Te, per D. Dinquel. Quod
spectat ad Gaffarellum, monitum Te velim, illum non esse Parisiensem, sed

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 202 ro.

Provincialem, un Provençal, fortè Massiliensem aut Avenionensem ; sed virum emunctæ
naris, et rei faciendæ studiosissimum : ubi nunc vivat, imò an vivat, planè ignosco :
sed memini ipsum olim apud me egisse de quibusdam Cl. Hofmanni Notis in Gal. quas se ab
Italo quodam Monacho redemisse narrabat Patavij. Folium istud typis mandatum ad
Te proximè mittam cum duobus Exemplaribus Horti regij. Cl. virum D. Rolfinckium saluto,
cum debita gratiarum actione eorum quæ se missurum pollicetur. Si quis Tibi occurrat
vænalis fasciculus Theseώn Medicarum aut Philosophicarum, aut Orationum Academica-
rum præsertim veterum, de vestra Germania, qualem hîc per Te habeo, eas eme mihi quæso, totum pretium libentissimè refundam,
si quis Professor Academicus ad plures penetret qui eas habeat, eme si placet ab
heredibus. Quam requiris schedam Gaffarelli, ecce Tibi mitto ; ea utere et
fruere : si alia requiras exemplaria, possum mittere, et facilè mittam. Vale, Vir Cl.
et me quod facis, amare perge. Parisijs, 17. Dec. 1665. Tuus ex animo, G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 17 décembre 1665

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(Consulté le 29/03/2024)

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