[Ms BIU Santé no 2007, fo 210 ro | LAT | IMG]
Au très distingué M. Werner Rolfinck, docteur en médecine et professeur à Iéna. [a][1]
Par votre dernière, vous m’avez recommandé deux jeunes hommes de Hambourg ; [2] ils me le seront toujours, tant à cause de vous que de leurs propres personnes, et des études que nous menons en commun. Vous vantez ma gentillesse à l’égard de tous les Allemands et, de fait, je leur en dois beaucoup, pour la loyauté et la sincérité de leur esprit, car tous me semblent fort honnêtes, cordiaux et bien élevés. Mais dites-moi, s’il vous plaît, où donc sur terre vit M. Joachim Elsner, natif de Breslau, [3] pure fleur de votre Germanie : est-il à présent en Italie ? Où qu’il soit, puisse Dieu tout-puissant le conserver, tout comme vous, très distingué Rolfinck. Je salue de tout cœur votre collègue, le très savant M. Johann Theodor Schenck ; [4] j’attends depuis longtemps son opuscule de Plantis, venant soit de lui, soit de vous (vide pudorem meum, Epistola non erubescit ! ), [1][5]sinon de notre ami M. Volckamer. [6] Nous n’avons ici aucune nouveauté en médecine. Nos politiques espèrent une paix, ou du moins une trêve, l’hiver prochain, avec les Anglais et les Hollandais ; [7] et moi, je vous souhaite un favorable et tranquillee santé, avec du succès et du loisir pour vos travaux littéraires. [2] Vale, très éminent Monsieur, et aimez-moi.
De Paris, le 4e de novembre 1666.
Vôtre de tout cœur, G.P.
Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Werner Rolfinck, ms BIU Santé no 2007, fo 210 ro.
« voyez ma timidité, une lettre ne rougit pas ! » (Cicéron, v. note [6], lettre 19).
V. note [4], lettre latine 295, pour l’Historia plantarum generalis [Histoire générale des plantes] de Johann Theodor Schenck (Iéna, 1656) que Guy Patin attendait depuis plus de deux ans.
Il est surprenant que Guy Patin n’ait pas dit mot du projet qu’avait un libraire lyonnais de procurer un recueil des œuvres que Werner Rolfinck avait publiées jusqu’alors (v. note [4], lettre latine 407).
Ms BIU Santé no 2007, fo 210 ro.
Cl. viro D. Guernero Rolfincio, Med. Doct. et Prof. Ienam.
Ultimis tuis duos mihi commendasti juvenes Hamburgenses, qui tuo suóq. nomine, et
propter communia studia, mihi semper erunt commendatissimi. Humanitatem meam prædicas,
in omnes Germanos : et revera majorem illis debeo, propter ingenuitatem et sinceritatem
animorum : omnes enim mihi videntur valdè boni, candidi et bene morati. Sed dic sodes,
ubinam terrarum hodie vivit Germaniæ vestræ flos illibatus, D. Ioach. Elsner,
Vratisl. an in Italia ? ubicumq. terrarum sit, servet eum Deus Opt. Max. ut
et Teimpsum, Cl. Rolfinci. Collegam tuum, D. Io. Theod. Schenkium, virum
doctissimum, ex animo saluto : cujus opusculum de Plantis jamdudum expecto,
vel ab ipso, vel à Te ipso, (vide pudorem meum, Epistola non erubescit :) vel saltem
à D. Volcamero, Amico nostro. Nihil hîc habemus novi, in re Medica. Politici
nostri sperant pacem, vel saltem inducias hyeme proxima, cum Anglis
et Batavis : Ego v. Tibi opto facilem et tranquillam valetudinem, cum
dignitate et otio literato. Bene vale, vir præstantissime, et me ama.
Parisijs, 4. Nov. 1666.
Tuus ex animo, G.P.