L. latine 420.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 4 février 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 213 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, à Nuremberg.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous remercie tant que je peux pour votre lettre datée du 14e de décembre, ainsi que pour les deux autres qu’elle contenait, venant de MM. Rolfinck [2] et Schenck. [3] De ce dernier, j’attends le paquet qu’il a envoyé pour moi à Francfort, en espérant bientôt l’avoir en mains. Parmi ce que vous m’écrivez devoir m’envoyer, vous avez omis le liber de Plantis de ce même Schenck, car je souhaite vivement l’obtenir. [1] Pour les instruments chirurgicaux que vous demandez, [4] j’ai confié à l’excellent M. Nicolas Picques [5] un petit paquet où se trouvent deux rasoirs et trois lancettes pour inciser les veines ; [2][6][7] il l’expédiera à Strasbourg chez un ami marchand qui aura soin de vous le faire sûrement porter dès qu’il l’aura reçu. S’ils vous conviennent et si vous en désirez d’autres, il vous appartiendra de m’indiquer ce que vous voudrez. Vous n’aurez pas à vous soucier du prix, tant il est modeste : je vous dois encore force argent, mais loué soit Dieu tout-puissant ! vous avez un débiteur qui n’oublie pas la faveur qu’il a reçue et qui ne sera jamais ingrat. On fait ici grand apprêt de soldats, d’armes, de chevaux et de chariots pour la guerre du printemps prochain ; mais on ignore encore où ce sera, ni contre qui. Plusieurs spéculent sur les Pays-Bas espagnols, si l’empereur [8] les revendique au nom de sa nouvelle épouse. [3][9][10]

[Ms BIU Santé no 2007, fo 213 vo | LAT | IMG] Ici se répand la rumeur, encore douteuse, de la mort de reine de Grande-Bretagne, [11] qui était la sœur du roi de Portugal ; [12] elle n’a pas laissé d’enfant. [4] Il est certes question d’une paix entre l’Anglais [13] et notre roi, [14] mais elle n’a pas encore été ratifiée ; le Danois [15] et les Hollandais sont nos alliés, et quelques-uns suspectent même que les Suédois ont adhéré à cette union. [16] Je salue de tout cœur nos très distingués amis, vos compatriotes MM. Richter, [17] Dilherr, [18] Felwinger, [19] Fabricius, [20] etc. Vive et vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, ce 4e de février 1667.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 213 ro et vo.

1.

V. note [4], lettre latine 295, pour le « livre sur les Plantes » de Johann Theodor Schenck (Historia plantarum generalis [Histoire générale des plantes], Iéna, 1656), que Guy Patin espérait depuis plus de deux ans (v. note [2], lettre latine 412).

2.

L’italique est en français dans le manuscrit.

Imprimés et manuscrits n’avaient pas la complète exclusivité de ce qu’échangeait Guy Patin avec ses correspondants : instruments et appareillages médicaux de petite taille, mais aussi graines de plantes ou médailles pouvaient parfois en faire partie.

3.

V. note [5], lettre latine 379, pour le mariage (avril 1666) de l’empereur Léopold avec l’infante Marguerite d’Autriche, demi-sœur de la reine Marie-Thérèse de France. On en était aux prémices de la guerre de Dévolution : Louis xiv allait déclencher les hostilités en mai 1667 (v. note [3], lettre 883).

4.

Samuel Pepys n’a pas consigné cette fausse nouvelle dans son journal : la reine d’Angleterre, Catherine de Bragance, épouse de Charles ii en 1662, mourut en 1705 (v. note [10], lettre 659) sans avoir eu aucun enfant. Elle était fille du roi Jean iv de Portugal et sœur aînée de son successeur Alphonse vi, qui allait bientôt (novembre 1667) être déchu de sa couronne pour incompétence (v. note [8], lettre 457).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 213 ro.

Cl. viro D. Io. Georgio Volcamero, Noribergam.

Pro tua 14. Dec. data, Vir Cl. gratias ago quam maximas, ut et pro duab.
inclusis, DD. Rolfincij et Schenkij : ab hoc postremo expecto aliquid quod
pro me misit Francofurtum, idque spero in manus meas brevi deventurum.
Inter ea quæ scribis ad me missurum Te, non meministi Liber de Plantis,
cujus est Author ipse Schenkius, quem admodum opto. Quod spectat ad
ea quæ postulas de instrumentis chirurgicis, tradidi D. Nic. Picques, viro
optimo, exiguum quendam fasciculum, in quo habentur deux rasoirs, et
trois lancettes,
duæ novaculæ, et tria scalpra ad incidendam venam :
mittet ipsum Argentinam ad amicum mercatorem, qui eundem acceptum
ad Te tutò perferendum curabit : quæ singula si Tibi placeant, ut et si
alia optaveris, tuum erit mihi indicare quid volueris : de pretio non est
quod cures, adeo exiguum est : tam multa Tibi debeo, sed laus Deo sit Opt. Max.
debitorem habes non immemorem accepti beneficij, nec unquam ingratum futurum.
Magnus hîc fit apparatus militum, armorum, equorum et currum pro bello
vere proximo : sed ubinam terrarum, et adversus quem, nondum constat :
plures suspicantur de Belgio Hispanico, si Cæsar illud sibi vindicet, novæ uxoris nomine.

t.

Ms BIU Santé no 2007, fo 213 vo.

Hîc vagatur rumor, sed adhuc incertus, de obitu Reginæ Majoris Britanniæ,
erat soror Regis Lusitaniæ : nullam relinquit prolem. Agitur quidem de Pace
sed nondum sancita, inter Anglum et Regem nostrum : nobis adhærent Danus et
Batavi, imò et Suecos in eandem Societatem venisse multi nonnulli suspicantur.
Cl. illos viros, Amicos nostros, et populares tuos, D.D. Richterum, Dilherum,
Felwingerum, Fabricium, etc. ex animo saluto. Vive, vale, Vir Cl. et me ama.
Parisijs, die 4. Febr. 1667.

Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 4 février 1667

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(Consulté le 28/03/2024)

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