L. latine 427.  >
À Johann Caspar Fausius,
le 31 mars 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 215 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Caspar Fausius, docteur en médecine, à Heidelberg. [a][1]

Je n’ai pas encore vu ce que vous appelez un échantillon de badineries académiques, que vous m’avez fait parvenir par votre excellent M. Spinceus, dont je n’ai eu aucune nouvelle ; mais M. Torellus de Francfort m’a remis sept de ces opuscules. Je vous remercie particulièrement pour ce second envoi, ainsi que pour le premier, bien que je ne l’aie pas encore reçu. [1][2] Je tiendrai toujours votre Torellus pour hautement recommandé et, à cause de vous, je lui rendrai toute sorte de services. Je me réjouis fort de la paix que vous avez retrouvée grâce à notre roi et à celui de Suède : [2][3][4] je chéris fort toute l’Allemagne car elle nourrit quantité d’excellents et très savants hommes ; néanmoins, si durable que semble devoir être cette paix que de tout-puissants monarques ont ratifiée et conclue, je crains qu’elle ne finisse par se montrer peu sûre, en raison des diverses ardeurs des parties contraires, soit sur les affaires de religion, soit pour les différends qui opposent tant de princes ; [5] il me semble même que vous devez redouter les furies du Turc[6] autant que les fourberies {des loyolites} de certaines gens ; ceux-là se voilent sous les apparences de la piété, mais perturbent souvent principautés et royaumes, et même les ébranlent et les culbutent. [3][7] Puisse Dieu détourner mon oracle ! Je souhaite qu’en sa toute-puissance, il prenne en pitié la Pologne, frappée qu’elle est par tant d’adversités, et tant d’adversaires si vigoureux et si cruels. [8] Mais où donc sur terre M. Anglis, [9] ce meilleur des hommes et ce si fidèle ami, vit-il ? Indiquez-moi, s’il vous plaît, le prix des opuscules que vous avez achetés pour moi ; si vous voulez, je le rembourserai à M. Torellus, ; ou alors, écrivez-moi quels livres vous désirez, ou quoi que ce soit d’autre venant de cette ville. Je ne sais guère et ignore même complètement si vous avez reçu ma lettre écrite le 10e de novembre 1666 : mon fils, Charles Patin, [10] l’avait mise dans un paquet envoyé à M. Spanheim, [11] secrétaire de votre prince ; [12] réclamez-la-lui donc, s’il vous plaît, de ma part. [4] Vive et vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, le 31e de mars 1667.

Vôtre jusqu’à la mort, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Caspar Fausius, ms BIU Santé no 2007, fo 215 ro.

1.

V. note [1], lettre latine 413, pour les thèses et discours académiques envoyés d’Heidelberg par Johann Caspar Fausius à Guy Patin : il les attendait depuis plus d’un an et il venait d’en recevoir une partie. Je n’ai pas trouvé trace des deux Allemands nommés Spinceus et Torellus qui apparaissent ici pour la seule fois dans la Correspondance.

2.

V. note [4], lettre latine 413, pour la paix de Heilbronn (7 février 1667) qui avait mis fin au rude conflit entre l’électeur palatin et les princes de son voisinage (dont le duc de Lorraine).

3.

Guy Patin a barré le mot loyolites (ici mis entre accolades) qui désignait plus précisément la cible de sa saillie.

4.

Guy Patin n’avait à peu près rien dit de plus à Johann Caspar Fausius dans celle-ci que dans sa lettre latine 413 : n’y ayant pas eu de réponse autre qu’un envoi de thèses, il doutait qu’elle lui fût jamais arrivée.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 215 ro.

Cl. viro, D. Casparo Fausio, Med. Doctori, Heidelbergam.

Nugarum quod vocas Academicarum specimen à Te transmissum per virum egregium,
tuum illum D. Spinœum, nondum vidi, nec de eo quidquam audivi : sed alterum accepi septem
libellorum à D. Torello, Francofurtensi : pro quo singulares ago gratias, imò et pro altero,
quamvis nondum accepto. Torellus tuus erit mihi commendatissimus, eiq. propter Te, omni modo
inserviam. De pace Vobis reddita per Regem nostrum et Suecum, seriò lætor : est enim mihi
carissima tota Germania, utpote quæ tot alit viros optimos ac eruditissimos : nihilominus tamen
quantumcumque futura videatur esse pax vestra, per duos illos Reges potentissimos
sancita et constituta, metuo tamen ne tandem parum tuta evadat, per tot varia contrariarum
partium studia, sive pro religionis negotio, sive tot Principum dissidijs : imò et timendum
vobis videtur vel à Turcæ furoribus, vel à Loyolitarum quorumdam fraudibus, pietatis velo fuca-
tis, à quib. sæpe principatus et regna perturbantur, imò et percelluntur atque
subvertuntur : quod omen Deus avertat. Utinam Poloniæ tot adversitatibus, imò et tot
adversarijs percussæ tam potentibus, tam atrocibus, Deus omnipotens misereatur. Sed
ubinam terrarum hodie vivit optimus ille mortalium et tam fidus amicus, D. Anglis ? De
libellis pro me emptis indica si placet pretium, quod refundam si volueris D. Torello :
aut scribe quid ex hac Urbe librorum, vel quid aliud cupias. ^ Vive, vale, et me ama,
Vir Cl. Parisijs, 31. Martij, 1667. Tuus usque ad aras Guido Patin.

^ An meam acceperis x. Nov. 1666. scriptam, vix scio, imò nescio : filius meus
Carolus P. eam suo fasciculo inclusit, misitq. ad D. Spanheim, Principis vestri
Secretarium, à quo si placet, repetas velim.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Caspar Fausius, le 31 mars 1667

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(Consulté le 19/04/2024)

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