L. latine 450.  >
À Christiaen Utenbogard,
le 6 juin 1668

[Ms BIU Santé no 2007, fo 223 ro | LAT | IMG]

Au très distingué Christiaen Utenbogard, docteur en médecine à Utrecht.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je vous dois d’immenses remerciements, de toutes les forces de mon âme, pour votre amour à notre égard, dont je vous serai toujours le très reconnaissant débiteur. Par la singulière grâce de Dieu tout-puissant je suis toujours en vie et me porte bien, tout comme mon Carolus qui est encore en Allemagne. [2] Je me réjouis que vous ayez reçu ma dernière. [1] Je n’ai presque rien à vous écrire sur nos affaires, sinon qu’elles ne sont pas en pire état qu’auparavant et à peine meilleures, mais plus calmes. Pourtant, le dormeur ne dort plus guère, mais passe ses nuits dans un sommeil plus profond et beaucoup plus agité. La paix a ici été promulguée dans toute la France, je souhaite que tous l’observent pendant de nombreuses années et qu’ils n’y mettent pas de pièges. [3] Mais vous, Dieu fasse que vous veniez à Paris, pour que je vous revoie et vous remercie avant que je ne parte dans l’au-delà. Mon fils Robert [4] et vos nobles amis français vous saluent, [5][6] tout comme je fais, aussi obligeamment que je puis. [2] Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites.

De Paris, le 6e de juin 1668.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a envoyée à Christiaen Utenbogard, ms BIU Santé no 2007, fo 223 ro ; imprimée dans Brant, Epistola lxxxviii (pages 269‑270), datée du 5 juin.

1.

Dans notre édition, la dernière lettre de Guy Patin à Christiaen Utenbogard est datée du 14 mars 1667.

2.

Les deux nobles français dont Guy Patin transmettait les compliments à Christiaen Utenbogard étaient très probablement Christophe Leschassier et son fils Robert (v. note [5], lettre 871).

La pétulance cordiale ordinaire de Patin à l’égard de son bon ami Utenbogard s’était envolée : sa lettre (comme la dernière dont on ait la trace, écrite le 6 février 1669) est tout imprégnée du profond chagrin et des cruelles désillusions que ses deux fils lui causaient : exil de Charles (v. les Déboires de Carolus) et impitoyables exigences financières de Robert (vComment le mariage et la mort de Robert Patin ont causé la ruine de Guy).

La note [1] de la lettre 1032 laisse à penser que Patin n’a envoyé la présente qu’avec celle du 24 octobre 1668.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 223 ro.

Clarissimo Viro Christiano Utenbogardo, Doct. Med. Ultrajectum.

Immensas et quàm possum maximas ago Tibi gratias, Vir Cl. pro tuo illo
in nos amore, quo me Tibi semper habebis gratissimum debitorem. Singulari Dei
Opt. Max. gratia et beneficio, hactenus vixi, et valeo : ut et Carolus meus qui ad-
huc est in Germania : quod novissimas meas acceperis, gaudeo : de rebus nostris vix
habeo quod scribam, neq. enim sunt in pejore statu quàm antehac, et vix meliore, sed
tamen quietiore : Somniator tamen non amplius somniat, sed profundiore nimísque
turbatiore somno noctes transigit. Hîc habemus pacem in tota Gallia promulgatam,
quæ utinam per multos annos ab omnibus servetur, et nihil habent insidiarum. Tu v.
utinam venias Parisios, ut iterum Te videam, Tibiq. gratias agam, antequam ad
plures abeam. Filius meus R. et nobiles Galli Te salutant, ut et ego quàm officio-
sissimè. Vale, Vir Cl. meq. quod facis, amare perge. Parisijs, 6. Iunij, 1668.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 6 juin 1668

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1482

(Consulté le 23/04/2024)

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