L. latine 471.  >
À Johann Georg Volckamer,
le 28 février 1669

[Ms BIU Santé no 2007, fo 229 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Johann Georg Volckamer, docteur en médecine, à Nuremberg. [a][1]

Ce beau tissu de sornettes, [1][2][3] brodé par des gens oiseux sur la transfusion du sang, s’est entièrement évanoui : il est parti en fumée, et non sans bonheur, hormis pour les quelques personnes à qui cette fiction n’a pas réussi. [2][4][5][6] M. Nicolas Picques [7] m’a hier remis vos deux paquets, dont je vous remercie autant qu’il m’est possible. Le premier et le plus grand venait de vous ; le second, de M. Rolfinck, [8] contenait seulement quatre de ses disputations. Vous m’indiquerez quand vous voudrez le montant des dépenses que vous avez faites en mon nom. Je salue tous vos savants hommes, mais en tout premier MM. Richter [9] et Jacobus Pankratius Bruno, [10] à qui je vais de suite répondre. Vale, très distingué Monsieur, et continuez de m’aimer comme vous faites.

De Paris, le 28e de février 1669.

Vôtre de tout cœur, G.P.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Johann Georg Volckamer, ms BIU Santé no 2007, fo 229 vo.

1.

Speciosum illud nugamentum : l’expression n’est guère banale et mérite la curiosité du lecteur.

2.

V. note [5], lettre latine 452, pour les premiers pas chancelants de la transfusion sanguine à Paris, belle idée, mais fort prématurée. Le Journal des Sçavans ne disait pas que les deux sujets chez qui on s’y était essayé avaient eu à en pâtir.

Son article du 28 juin 1667 (no xi, page 136) se concluait sur ce paragraphe :

« Ainsi les Français ont eu l’honneur d’avoir pratiqué les premiers la transfusion sur les hommes, comme ils avaient la gloire de l’avoir les premiers inventée. Car quoique les Anglais, avant tous les autres, l’aient mise en pratique sur les bêtes, il est certain que ce sont les Français qui leur en ont donné la première pensée. On sait, et il y a plusieurs personnes d’honneur qui le peuvent témoigner, qu’il y a plus de dix ans que Dom Robert des Gabets, religieux bénédictin, fit un discours de la Transfusion dans l’assemblée qui se tenait chez M. de Montmor, et il s’en trouve encore plusieurs copies. {a} Il est vrai que la plupart se moquèrent pour lors de cette proposition, et qu’on crut qu’elle était impossible. Les Anglais voyant qu’on ne faisait aucun état en France de cette invention, s’en sont voulu emparer comme d’une chose abandonnée, et l’ont pratiquée sur les bêtes ; mais nous l’avons enfin réclamée, et nous avons trouvé le moyen de rentrer en possession de ce qui nous appartenait, en la pratiquant les premiers sur les hommes. »


  1. L’Extrait d’une Lettre de Dom Robert des Gabets écrite à Jean Denis le 28 juillet 1667 et le Discours de la communication ou Transfusion du sang prononcé à Paris chez Monsieur de Montmor par Dom Robert des Gabets en juillet 1658 sont imprimés dans la Lettre écrite à Monsieur Sorbière, docteur en médecine, par Jean Denis, aussi docteur en médecine, touchant l’origine de la transfusion du sang, et la manière de la pratiquer sur les hommes. Avec le récit d’une cure faite depuis peu sur une personne paralytique (Paris, J. Cusson, 1668, in‑4o).

    Dom Robert des Gabets, natif de Dugny, près de Verdun, avait été reçu dans la congrégation bénédictine de Saint-Vanne à Verdun en 1636. Moine célèbre pour sa vaste érudition philosophique, théologique et scientifique, il est mort à Breuil, près de Commercy, en 1678.

    Jean ou Jean-Baptiste Denis ou Denys (Paris vers 1635-ibid. 1704), célèbre pour ses travaux sur la transfusion, menés notamment en Angleterre (1673), avait été reçu docteur en médecine de Montpellier en 1667 (Dulieu).

    Samuel Sorbière a correspondu avec Patin ; v. note [13], lettre 337, pour Henri-Louis Habert de Montmor et son académie savante.

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 229 vo.

Cl. viro D. Io. G. Volcamero, Med. Doctori, Noribergam.

Speciosum illud nugamentum, ab otiosis hominibus excogitatum, de transfusione
sanguinis,
planè evanuit, ac in fumos abijt, nec infeliciter, præter paucos, in quib.
tale figmentum non successit. Heri accepi per D. Nic. Picques, duos illos fasciculos tuos, pro
quib. quam possum ingentes habeo gratias : unus erat tuus, et major : alter D. Rolfin-
cij, longè minor, 4. dumtaxat habebat Disput. D. Rolfincij : impensarum à Te factarum
pretium, indicabis quum volueris. Vestros omnes viros eruditos saluto, imprimis v. D.D.
Richterum, et Iac. Pancratium Brunonem, cui posthac respondebo. Vale, Vir Cl. méq.
quod facis amare perge. Parisijs, 28. Febr. 1669. Tuus ex animo, G.P.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 28 février 1669

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1503

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.