L. 1035.  >
À Ismaël Boulliau (Bouillaud),
le 4 septembre 1659

À Monsieur, Monsieur Boulliau, secrétaire de Monsieur le président de Thou. [1] À Paris.

Monsieur, [a][2]

Je prends la hardiesse de vous prier pour ce jeune Hollandais qui a eu déjà l’honneur de vous voir ; mais il a si peur de vous importuner qu’il n’a osé retourner à vous sans ce petit mot de ma recommandation. Il est beau-frère de M. Gronovius ; [1][3][4] il n’a besoin que d’un petit mot de votre crédit pour voir la Bibliothèque du roi, [5] et quelque petit sujet là-dedans, qui lui est recommandé de M. Gronovius. [2] Je vous prie de m’excuser de la hardiesse que je prends, et de croire que je suis de toute mon affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin, docteur en médecine et professeur du roi.

De Paris, ce 4e de septembre 1659.


a.

Lettre que Guy Patin a écrite à Ismaël Boulliau (ou Bouillau) dont la copie se trouve dans le journal (Aantekenboek) manuscrit du philologue hollandais Samuel Tennulius (Samuel ten Nuyl, 1635-1688), futur professeur d’histoire et d’éloquence à l’Université de Nimègue, que conserve la Bibliothèque royale (Koninklijke Bibliotheek) des Pays-Bas à La Haye (cote 132 F 32, fo 2 ro). Elle est précédée par cette note de Tennulius :

4. Sept. Vidi D. Patinum Medicum, qui me humanissime excepit, et has commendationes dedit ad D. Bul<l>ialdum.

[4 septembre. Ai vu M. Patin, médecin, qui m’a très aimablement reçu et m’a donné ces recommandations à l’intention de M. Boulliau].

Notre édition doit la découverte de ce rare document à la quête que M. Guy Cobolet, directeur de la BIU Santé, a menée auprès de ses collègues du monde entier en juin 2016. Elle nous a été communiquée par M. Théo de Nooij, conservateur à la Bibliothèque royale de La Haye. Qu’ils en soient tous deux très sincèrement remerciés.

Marie-France Claerebout y a ajouté ce billet que Guy Patin a rédigé dans l’Albuminscriptie [Album de dédicaces] du même Tennulius, conservé par la même Bibliothèque royale :

Felix qui potuit rerum cognoscere causas.
Felix quem faciunt aliena pericula cautum.
Beatus qui intelligit super pauperem et egenum.

Scripsi in gratiam eruditi et ingenui
adolescentis Hollandi, Samuelis Tennulij,
Guido Patin Bellovacus, Doctor
Medicus Parisiensis, et Professor regius.

Lutetiæ Paris. die 16. Novembris, 1659.

[Heureux qui a pu connaître les causes des choses. {a}
Heureux celui que les mauvaises expériences des autres rendent prudent. {b}
Béni celui qui pense au pauvre et au faible. {c}

J’ai écrit cela en faveur de Samuel Tennulius, savant et intelligent jeune homme hollandais, Guy Patin, natif du Beauvaisis, docteur en médecine de Paris et professeur royal.

À Paris, le 16e de novembre 1659].


  1. Vers de Virgile (Bucoliques) que Patin avait abrégé (Felix qui potuit) pour en faire sa devise (v. note [6], lettre 438).

  2. Adage tiré du droit romain, v. note [5], lettre latine 326.

  3. Psaumes, v. note [1], lettre latine 448.

1.

V. note [5], lettre 97, pour Johann Friedrich Gronovius, érudit écrivain germano-hollandais, bibliothécaire de l’Université de Leyde où il professait le grec. Guy Patin lui vouait une très profonde admiration (v. sa lettre à Johannes Antonides Vander Linden, datée du 22 novembre 1658).

En 1643, Gronovius avait épousé une dénommée Aleida Dix Nuyl (Tennulius) ; le jeune Hollandais que recommandait Guy Patin à Ismaël Boulliau était donc bien Samuel Tennulius en personne (v. supra note [a]), comme le confirme (à une invraisemblance près) sa notice dans le Biographisch Woordenboek den Neerlanden [Dictionnaire biographique des Pays-Bas] d’A.J. van der Aa (1852) : Hij was de schoonvader [sic pour schoonbroer] van Joh. Fredericus Gronovius [Il était le beau-père (sic pour beau-frère) de Johann Friedrich Gronovius].

2.

Johann Friedrich Gronovius souhaitait probablement obtenir des renseignements sur un rare ouvrage, imprimé ou manuscrit, conservé par la Bibliothèque royale de Paris.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Ismaël Boulliau (Bouillaud), le 4 septembre 1659

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1510

(Consulté le 26/04/2024)

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