Annexe
Le point d’honneur médical de Hugues ii de Salins (1697)

En avril 2015, le Pr Bo Laestadius, ancien professeur agrégé à la clinique neurologique universitaire de Stockholm et historien médical, nous a communiqué la copie d’une lettre que conserve la Bibliothèque de l’Institut Karolinska (cote Ms 655:1) : Hugues ii de Salins [1] (alors âgé de 64 ans) y sollicite l’aide de l’abbé Bourdelot (84 ans). [2]

« À Dijon, le 22 septembre 1697.

Monsieur,

Quoique je n’aie pas l’honneur d’être connu de vous ; cependant, ayant celui de vous connaître par l’estime générale que vous vous êtes acquise et par les belles lettres que vous écrivez de temps en temps à M. l’abbé Nicaise, [1][3] mon bon ami, qui me les montre toutes, j’ai cru que je pourrais prendre la liberté de vous faire celle-ci pour vous marquer le respect que j’ai pour vous et l’estime que j’ai toujours conçue de votre très grande capacité ; et j’ai même tâché d’en persuader tout le monde de cette ville par cet écrit que je vous envoie, où je vous fais juge de mon procédé dans le traitement que je fis à une dame sur la fin du mois de mai dernier, qui était dans le huitième jour de son accouchement, qui avait une grande fièvre continue [4] avec oppression de poitrine, et une toux sèche, et que je jugeai d’abord être dans une disposition prochaine à une [2] inflammation de poumon, [5] qui en effet survint incontinent. Elle avait eu suffisamment ses vidanges [3] pendant les quatre premiers jours de sa couche, après quoi elle ne rendit plus aucun sang. Cette fièvre lui était venue le 5e de son accouchement, et deux jours après, le chirurgien qui l’avait accouchée lui fit une saignée au pied la veille que je fus appelé. [6] Comme je ne la vis le premier jour qu’à huit heures du soir et qu’elle était dans un très grand redoublement de fièvre, je ne la pus faire saigner que le lendemain, 4e de la fièvre et 9e de l’accouchement ; après quoi elle le fut encore deux fois, et ces saignées furent faites au bras de la façon, Monsieur, que vous la verrez par mon écrit ; et comme elle n’en recevait pas le soulagement qu’on aurait souhaité, M. son époux appela encore deux médecins pour la voir avec moi, qui aussitôt blâmèrent à mon insu les saignées du bras et dirent que cette dame, étant en couche, n’aurait dû être saignée qu’au pied ; et cela m’ayant été rapporté, je leur fis présenter un cartel de défi, [4] qu’ils n’acceptèrent pas ; et étant morte 4 jours après, ils firent entendre à ceux de sa maison que les saignées du bras l’avaient fait mourir ; ce qui me fit prendre la pensée d’écrire pour me justifier. Vous verrez, s’il vous plaît, Monsieur, si je m’en suis bien acquitté, et je me promets que vous me ferez l’honneur de me mander votre sentiment sur mon écrit, aussi bien que celui de Monsieur Fagon, [5][7][8] à qui je vous prie de le communiquer, ayant aussi ma très grande estime pour lui, et vous assurant que je suis, avec tout le respect que je dois,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
De Salins, médecin agrégé à Dijon, [9] proche de la Magdeleine. [6]

Vous ne serez pas surpris, Monsieur, de voir par mon écrit la grande estime que je fais de la Faculté de médecine de Paris et de ceux qui la composent quand vous saurez que, pendant plus de trois ans que j’y ai passés, [7] j’y ai connu particulièrement M. Moreau le père, [10] qui enseignait comme professeur du roi au Collège de Cambrai[11] M. Patin qui faisait ses conférences aux Écoles, [12] que je voyais fort souvent chez lui, avec ses fils Robert et Charles, [13][14] qui est mort depuis deux ans, professeur à Padoue, M. Mentel, [15] M. Blondel, [16] M. Le Vasseur, [17] M. Thévart, [18] etc.

À Monsieur
Monsieur Bourdelot
médecin ordinaire
perpétuel du roi. »

L’écrit que de Salins envoyait à l’abbé Bourdelot était son Récit fidèle de tout ce qui s’est passé dans la maladie de Madame Cœurderoy Vallot, pour justifier que le blâme dont les ennemis du Sieur de Salins, médecin agrégé à Dijon, l’ont prétendu charger au sujet du traitement qu’il a fait à cette dame depuis le huitième jour de son accouchement, qu’il fut appelé, jusqu’au treizième, qu’il commença de la voir avec les Sieurs Dupré et Guibaudet, aussi médecins agrégés à Dijon, est un effet de la plus grande ignorance, ou de la malice la plus noire qu’on pût imaginer (sans lieu, ni nom, ni date, in‑fo ; sans doute imprimé à Dijon en août 1697) ; avec ce sous-titre : Habe curam de bono nomine. Eccli. [sic] C. 41[8][19]

Ce factum de 24 pages n’est que le grandiloquent et laborieux développement de l’observation malheureuse que de Salins a résumée dans sa lettre à Bourdelot. Le dépit et la colère transpirent dès l’introduction (page 2) :

« Érasme [20] […] se voyant, dans le temps qu’il avait l’approbation de tous les plus savants hommes du monde, attaqué par ses envieux, et particulièrement par certains prêcheurs ignorants d’Allemagne qui dans leurs sermons s’efforçaient de déchirer sa réputation, leur fit savoir en répondant par écrit à leurs calomnies qu’il n’était pas homme à se servir de sa langue pour se défendre en public et dans les chaires contre leurs impostures, et les injures qu’ils vomissaient contre lui ; ce grand homme leur disant qu’il n’avait point de langue, mais qu’il avait une plume, linguam non habemus, stylum habemus ; [9] et moi, qui à peine ai des termes pour exprimer les sentiments de vénération que j’ai pour la mémoire et pour les écrits de cet homme incomparable, je me trouve cependant en état de dire quelque chose de plus fort à mes ennemis, qui ont tâché de ruiner ma réputation en blâmant publiquement ma conduite dans le traitement d’une maladie des plus extraordinaires que l’on ait vue depuis longtemps, en leur faisant savoir que j’ai une langue et une plume pour me défendre : et linguam habemus et stylum ; et que m’ayant attaqué comme ils ont fait, je leur ferai le même traitement qu’Horace promettait à celui qui lui ferait quelque insulte : que leur témérité ne demeurera pas impunie, qu’ils auront sujet à s’en repentir, et que je les produirai en public comme le jouet et la fable de toute la ville.

Qui me commorit, melius non tangere clamo,
Flebit, et insignis tota cantabitur urbe
.
Horat. lib. 2, Sat. 1. [10][21]

Mais comme cela suppose que j’aie affaire à des gens qui se déclarent et qui soutiennent ce qu’ils ont avancé, et que je puisse réfuter et confondre devant le monde par ma langue et par ma plume, et qu’au contraire je suis obligé de me défendre contre des ennemis qui se cachent soigneusement, je me vois réduit à me servir seulement de ma plume pour faire connaître que ce n’est que par un pur motif d’envie qu’ils ont si malicieusement attenté à ma réputation.
Pour en convaincre pleinement tous ceux dans l’esprit desquels ils ont tâché de me décrier, et pour satisfaire ce que j’ai promis par le titre de cet écrit, je me crois obligé de prendre la chose dès son commencement, et de dire ici ce que je ne sais que par le rapport d’autrui, n’ayant été appelé qu’au huitième jour de l’accouchement de Madame Cœurderoy, [11] qui se fit le mercredi 15e de mai de la présente année 1697, à deux heures de l’après-midi. »

Ayant reçu une lettre anonyme qui accusait Hugues ii de Salins de prescrire des saignées inappropriées et dangereuses, le mari de la malade décida d’organiser en sa présence, vers le 28 mai, une consultation de trois médecins avec le médecin ordinaire de la famille (pages 6‑7) :

« De ces Messieurs, l’un était M. Monin, correcteur à la Chambre des comptes de Dijon, qui avait vu, deux ou trois fois dans les premiers jours, la malade avec le Sieur médecin traitant sans improuver aucunement sa conduite ; et les deux autres étaient les Sieurs Dupré et Guibaudet. [12][22][23] Ceux qui assistèrent à cette consultation furent M. Cœurderoy, maître des comptes, époux de la malade, M. Manin, trésorier curé de Saint-Étienne, M. Tribolet, lieutenant général à la table de marbre, [13] et M. Briffault, chirurgien. »

Page 9, vient l’explication du « cartel de défi » [4] refusé par les adversaires de Salins :

« Après la consultation, voyant que ce que le Sr Dupré venait de dire touchant la saignée aux femmes accouchées et < que > ce qu’il avait pu dire quatre heures auparavant à M. Cœurderoy l’avait troublé et avait rendu suspect le traitement que j’avais fait, < je > le priai, pour sa satisfaction et pour la mienne, si quelques médecins blâmaient ma conduite et les saignées que j’avais fait faire, de les inviter fortement et de les engager à donner leur avis par écrit sur la manière du traitement qu’ils auraient fait à la malade s’ils avaient été appelés au temps que je le fus ; et je lui dis que, de ma part, j’en ferais autant, rendant raison de tout mon procédé ; que ces rescrits [14] seraient faits sur un cas posé qui ne serait ni de leur façon ni de la mienne, mais qui serait dressé par M. Briffault, chirurgien de la malade, très capable de le faire pour avoir bien observé toutes choses dès le jour de son accouchement jusqu’à l’heure que je lui parlais ; que ces écrits ne seraient point signés de nos noms et seraient faits d’autres mains, de peur qu’ils ne fussent reconnus ; qu’ils seraient remis entre ses mains et qu’il les enverrait à M. Fagon, premier médecin du roi, et à M. Bourdelot, son médecin ordinaire perpétuel, qui en décideraient et qui enverraient aussitôt leur jugement ; et j’ajoutai qu’en ce cas, j’étais sûr que MM. les médecins du roi approuveraient généralement tout ce que j’avais ordonné et qu’ils blâmeraient le sentiment des autres.
Il aurait été à souhaiter pour le Sr de Salins que ce dessein eût été exécuté, il n’y aurait point eu de plus forte justification de son procédé que l’approbation que lui auraient donnée MM. les médecins du roi, et rien n’aurait mieux persuadé le public du tort que ses ennemis avaient de le blâmer. »

Dans sa conclusion (pages 22-23), le médecin calomnié déchaîne sa fureur contre ses détracteurs :

« Il est temps que je m’acquitte de la promesse que j’ai faite dans le titre de ce discours, de faire savoir que le blâme dont mes ennemis m’ont voulu charger, au sujet du traitement de la maladie de Mad. Cœurderoy Vallot, est un effet de la plus grande ignorance ou de la malice la plus noire qu’on puisse imaginer.
Pour cela, je ne trouve rien de plus juste et de plus convaincant que ce dilemme : ou mes ennemis ont su, avant que de décrier mon procédé, tout ce que je viens de rapporter des saignées au bras et au pied au sujet des fièvres continues qui arrivent aux femmes en général, et tout ce que j’ai dit de la manière de traiter les fièvres continues aux femmes accouchées par la saignée, suivant le sentiment de Messieurs les médecins de Paris ; ou ils ne l’ont pas su. S’ils ne l’ont pas su, on peut dire avec vérité qu’ils ont été jusqu’ici, pour le regard des femmes accouchées, dans une ignorance aussi crasse et aussi grossière que celle des femmes du plus commun et du plus petit peuple de Dijon, qui croient qu’aux femmes accouchées, c’est un crime de faire d’autres saignées que celles du pied ; et en ce cas, il ne fallait attendre d’eux que du blâme en cette occasion, puisqu’il est ordinaire de blâmer ce qu’on ne sait pas, et particulièrement quand on pratique le contraire. Homine imperito, dit Térence, nunquam quicquam injustius, qui nisi quod ipse facit nihil rectum putat[15][24] Et s’ils ont su toutes ces grandes vérités et ces belles maximes de médecine, ils sont coupables de la malice la plus noire qu’on puisse concevoir, pour avoir mis toutes choses en œuvre pour ruiner la réputation d’un homme en blâmant, contre leur propre connaissance, sa conduite dans le traitement d’une maladie où il avait employé tous les remèdes qu’ils savaient eux-mêmes, dans la supposition qu’on vient de faire, être les seuls capables de guérir Mad. Cœurderoy si sa maladie n’avait pas été incurable.
Au reste, pour épargner à mes ennemis la confusion que je prévoyais leur devoir arriver dans la suite, je les aurais volontiers avertis, dans le temps qu’ils me décriaient le plus dans l’esprit de toute la ville, de ne pas continuer un si vilain procédé, me servant de ces paroles du prologue de l’Andrienne de Térence : Dehinc ut quiescant porro moneo et desinant maledicere, malefacta ne noscant sua[16] Mais les croyant incorrigibles sur ce chapitre, je pris le parti d’écouter avec mépris tout ce qu’on me rapportait d’eux, en attendant que, pour désabuser le monde de leurs fausses impressions, je les fisse connaître tels qu’ils sont. Et en effet, c’est le sort de tous les accusateurs et agresseurs d’entendre ce qu’ils ne voudraient pas, rien n’étant plus ordinaire à ceux qui veulent ruiner la réputation des autres que de se détruire et de se diffamer eux-mêmes ; et quand ils se plaignent qu’on les a trop mal traités, on leur répond à peu près ce que le même Térence fait dire à l’acteur du prologue de son Eunuque :

Si quis est, qui dictum in se inclementius,
Existimat esse, sic existimet : sciat
Responsum, non dictum esse, quia læsit prius
[17][25]

En un mot, on leur dit que c’est une réponse qu’ils se sont attirée, et à laquelle ils devaient s’attendre suivant la maxime si généralement reçue :

Maledictis qui certat, audiet male[18][26]

De Salins Père, médecin agrégé de Dijon. »

Son factum s’achève sur ce post-scriptum (pages 23-24) :

« J’aurais pu rendre cet écrit public dès le 15e de juin que je l’achevai, si l’on ne m’avait pas conseillé d’y joindre les certificats qui suivent, que je n’avais pas pour lors.

Certificats des sieurs Briffault et Begin qui font connaître la maladie et la cause de la mort de Mad. Cœurderoy Vallot, contre ceux qui ont faussement dit, après l’ouverture de son corps, qu’on lui avait trouvé toutes les parties fort saines[27]

Je soussigné certifie avoir ouvert le corps de Madame la maîtresse des comptes Cœurderoy et y avoir trouvé ce qui s’ensuit, savoir : environ une chopine [19] d’eau dans le bas-ventre, toutes les autres parties de cette cavité étant dans leurs constitutions naturelles ; il y avait aussi une pareille quantité d’eau dans la poitrine, et les poumons étaient extraordinairement tuméfiés et altérés, particulièrement dans leurs parties supérieures ; [28] desquels endroits, après y avoir fait une incision, il sortit plus de deux palettes [20] de pus blanc tirant néanmoins un peu sur le jaune, et particulièrement du poumon gauche sur lequel il y avait trois taches blanches, dont la plus grande était de la largeur d’une pièce de trente sols ; [21] les autres parties, aussi bien que celles de la tête, étant parfaitement bien constituées. Fait à Dijon, le 15e juillet 1697. Briffault.

Le soussigné, docteur en médecine et professeur en chirurgie, certifie qu’ayant été appelé pour assister à l’ouverture du corps de Madame Cœurderoy, la maîtresse des comptes, le 1er juin 1697, je remarquai qu’en faisant l’ouverture du ventre inférieur, il en sortit d’abord quelques eaux, quoiqu’il ne s’en trouvât que deux ou trois verrées dans sa capacité ; toutes ses parties cependant parurent saines, l’estomac, les intestins et la vessie sans aucune inflammation, le foie et la rate point altérés, les reins assez beaux, la matrice très appetissée et dans sa couleur naturelle ; laquelle ayant été coupée en deux, on y trouva quelque matière glaireuse et mucilagineuse telle qu’elle se trouve ordinairement après l’accouchement, avec de petits mamelons charnus dans son fond, sans odeur, qui n’étaient autre chose que des cotylédons qui paraissent encore dans la matrice après les premiers jours de l’accouchement. L’on passa ensuite à la poitrine où on trouva environ une chopine d’eau ; les poumons se trouvèrent fort altérés et gonflés, de manière qu’ils remplissaient exactement toute la capacité de la poitrine ; il y avait sur le lobe supérieur du poumon gauche trois taches blanches considérables ; leur substance était pleine d’une matière purulente que l’on voyait couler en abondance à chaque coup de scalpel qu’on donnait ; tellement qu’on peut dire en un sens que c’était un abcès de tout le poumon causé par l’inflammation de toutes les vésicules qui le composent ; le cœur se trouva sans défaut, la plèvre un peu enflammée. Voilà la description sincère et brève des choses que j’ai remarquées dans l’ouverture du dit corps ; en foi de quoi, j’ai donné le présent certificat, à Dijon, ce 12e d’août 1697. Begin. »

Le Récit fidèle… a eu trois suites imprimées :

Dans le petit mot qui accompagnait son aimable communication, Bo Læstadius se contentait d’écrire :

« Je crois que M. Salins était dans un état déséquilibré après la mort de Madame Cœurderoy. Il me semble qu’elle est morte de tuberculosis miliaris. » [22]


1.

L’abbé Claude Nicaise (Dijon 1623-Villey-sur-Tille 1701), chanoine de la Sainte-Chapelle de Dijon, a laissé une œuvre érudite où l’amateur de Guy Patin remarque :

2.

Annonciatrice d’une.

3.

Lochies, v. note [62], lettre 219.

4.

Un cartel de défi est l’« écrit qu’on envoie à quelqu’un pour le défier à un combat singulier, soit pour des tournois, soit pour un duel formé. Les cartels ne sont plus en usage depuis que le roi a si sévèrement défendu les duels, si ce n’est figurément et en raillerie, quand on veut défier quelqu’un à la dispute, et faire un assaut de réputation » (Furetière). Comme on verra, il s’agissait ici seulement de cette dernière acception : en appeler à l’arbitrage des médecins de Paris, Bourdelot et Fagon.

V. note [3], lettre latine 102, pour l’idée saugrenue que la saignée du pied pendant la grossesse puisse favoriser l’avortement.

5.

Guy-Crescent Fagon (Paris 1638-ibid. 1718), docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1665, premier médecin de Louis xiv de 1693 à sa mort en 1715 (v. note [2], lettre 1005). Par sa mère, Louise de La Brosse, il était petit-neveu de Guy de La Brosse (v. note [3], lettre 60).

6.

Détruite à la Révolution pour être transformée en immeuble d’habitation, l’église de la Madeleine, inaugurée en 1514, était située au centre de Dijon (actuelle rue de l’Amiral Roussin).

7.

La première lettre qu’on ait de Guy Patin à Hugues ii de Salins, son ancien élève, date du 16 juillet 1654. En donnant à Hugues ii une année pour obtenir son diplôme de docteur à Angers, on peut retenir les années 1650 à 1653 comme période plausible de ses études médicales parisiennes. Hugues ii avait donc pu être compagnon de Charles Patin sur les bancs de la Faculté.

8.

« Prends soin de ta bonne réputation » (Ecclésiastique, 41:15).

9.

« nous n’avons pas de langue, nous avons une plume » ; allusion probable à une lettre qu’Érasme a écrite à Thomas More, de Louvain en 1520, où il met ces mots dans la bouche de ses adversaires : Tu stylum habes, nos linguam habemus [Toi, tu as une plume ; nous, nous avons une langue].

10.

« À celui qui m’aura provoqué, je proclame qu’il ferait mieux de ne pas me toucher, car il pleurera, on le montrera du doigt par toute la ville » (Horace, Satires, livre ii, satire i, vers 45-46).

11.

Les Cœurderoy étaient une riche et puissante famille de Dijon.

Jean (1627-1709), d’abord trésorier aux bureaux des finances, avait été nommé président aux requêtes du parlement de Bourgogne en 1655. Il habitait un bel hôtel particulier, toujours debout dans le centre de Dijon. Dans sa Cabale des dévots (page 242), Raoul Allier a parlé de lui comme l’un des plus ardents et plus fermes confrères de la Compagnie dijonnaise du Saint-Sacrement (qui avait été dissoute dans les années 1660, comme toutes autres filiales de la Compagnie).

Il s’agissait ici d’un de ses fils. La suite du Récit fidèle… précise qu’il était maître des comptes de Dijon et que son épouse, « fort jeune et mariée à l’âge seulement de 17 ans, devenue enceinte peu de temps après son mariage, accoucha le mercredi 15e de mai dernier, 1697, après un travail fort douloureux, d’un fort gros enfant qui est un fils » (page 12) ; la malheureuse mourut le 1er juin.

12.

Ces deux agrégés au Collège des médecins de Dijon étaient les deux calomniateurs que de Salins avait nommément dénoncés dans le titre de son Récit fidèle… :

Ces détails viennent de l’abbé Papillon (tome premier, pages 191 et  280). De Salins ajoute (page 9 de son Récit fidèle…) que Guibaudet et Dupré étaient beaux-frères.

13.

« Au Palais on appelle, la table de marbre, la juridiction souveraine des Eaux et Forêts, et aussi celle de la Connétablie, parce qu’autrefois ces justices se tenaient auprès d’une grande table de marbre qui occupait la largeur de la salle du Palais, qui servait aussi aux festins royaux » (Furetière).

14.

Rescrit : « réponse du pape ou des empereurs sur quelque question ou difficulté de droit, sur laquelle ils ont été consultés, qui sert de décision et de loi pour l’avenir » (Furetière). Cette acception semblant assez étrangère au contexte, il convient probablement de donner ici à rescrits le simple sens d’écrits.

15.

« Je ne trouve rien de si injuste qu’un homme sans expérience : il s’imagine toujours qu’il n’y a rien de bien fait que ce qu’il fait lui-même » (Térence, Les Adelphes, acte i, scène 2, vers 19‑20).

16.

« Je les invite donc à se calmer désormais et à cesser de médire, s’ils ne veulent pas que leurs médisances n’aillent les importuner eux-mêmes » (vers 22 et 23 dudit prologue, contre les critiques de théâtre).

17.

Le texte exact de Térence sur la liberté de critiquer est (vers 4-6 du prologue de L’Eunuque) :

Tum si quis est qui dictum in se inclementius
existimavit esse, sic existimet
responsum, non dictum esse, quia læsit prior
.

[Si quelqu’un pense alors qu’on l’a traité trop rudement, qu’il se dise bien que ce n’est pas une attaque, mais une riposte, puisqu’il a été le premier offenseur].

18.

Iosephi Scaligeri, Iul. Cæs. A Burden F. Iambi Gnomici [Ïambes (v. notule {a}, note [5], lettre 47) moraux de Joseph Scaliger, fils de Jules-César de Burden] (1607, iambe lxi) :

Maledictis qui certat, audiat male.
Quam quis non præstat, ne exigat modestiam
.

[Qui combat par injures sera décrié. Nul n’y gagne sans se déshonorer].

19.

Le volume d’une chopine était d’une demi-pinte, soit un peu moins d’un demi-litre.

20.

Ou poêlette, v. note [5], lettre 70.

21.

Dans les années 1680, la pièce en argent de trente sols (soit une livre tournois et demi) avait un diamètre de 36 millimètres.

22.

Forme aiguë et foudroyante de la tuberculose, la miliaire est ainsi nommée en raison de ses multiples petits abcès, ayant à la radiographie pulmonaire la taille et l’apparence d’un grain de millet, disséminés dans toute la substance d’un organe : les poumons, mais aussi le foie ou la rate. L’infection se répand par voie sanguine et emportait promptement le malade. Les constatations anatomiques des deux chirurgiens peuvent en effet suggérer ce diagnostic ; il surpassait alors de très loin toutes les ressources des médecins, et rendait parfaitement vaines leurs disputes, aussi futiles qu’acerbes, sur la manière de saigner en un tel cas, au bras ou au pied.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe. Le point d’honneur médical de Hugues ii de Salins (1697)

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(Consulté le 18/04/2024)

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