Autres écrits
Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701)  >

Paris, 1701, pages 30‑60 [1]


1.

« Celui-ci » renvoie au début de la phrase, c’est-à-dire à Jacques iii Vallée, sieur des Barreaux (v. note [13], lettre 868), conseiller au Parlement de Paris et poète libertin, célèbre pour s’être scandaleusement débauché en compagnie de Théophile de Viau (v. note [7], lettre de Charles Spon, datée du 28 décembre 1657).

Alain Mothu (v. notre Journal de bord, en date du 22 juin 2019) a mis en lumière la généalogie des Vallée dans son précieux article intitulé Quelques mots sur Geoffroy Vallée et ses proches, mis en ligne le 1er octobre 2007 dans Les Dossiers du Grihl (Groupe de recherches interdisciplinaires sur l’histoire du littéraire), « Les dossiers de Jean-Pierre Cavaillé, Libertinage, athéisme, irréligion. Essais et bibliographie » (consulté le 22 juin 2019). Originaire de l’Orléanais, cette opulente famille calviniste d’officiers et de magistrats s’est signalée par plusieurs membres qui figurent en bonne place dans le catalogue français des libertins athées.

Cet article du Patiniana imprimé ne vient pas du manuscrit de Vienne (v. note [12] de l’Introduction aux ana de Guy Patin).

2.

Tallemant des Réaux a conté la même historiette (tome ii, Des Barreaux, pages 29‑30) :

« On l’avait fait conseiller, mais ce métier ne lui plaisait guère, et il mit au feu l’unique procès qui lui fut distribué ; car, comme il vit qu’il y avait tant de griffonnages à déchiffrer, il prit tous les sacs et les brûla tous l’un après l’autre. Les parties étant venues pour savoir s’il les expédierait bientôt : “ Cela est fait, leur dit-il ; ne pouvant lire votre procès, je l’ai brûlé. – Ah ! nous sommes ruinées, dirent-elles. – Ne vous affligez pas tant, il ne s’agissait que de cent écus. Les voilà, et je crois être quitte à bon marché. ” Depuis, il n’en voulut plus ouïr parler, et disait plaisamment que le roi allait plus souvent que lui au Palais. {a} Il ne garda pas sa charge longtemps, car il fit tant de dettes qu’il la fallut vendre. »


  1. La venue du roi au Parlement (lit de justice) était un événement rare, voire exceptionnel.

Plus loin (page 32), Tallemant décrit le naufrage de l’impie (mort en 1673) :

« Il y a plus de douze ans qu’il est si déchu que, la plupart du temps, il ne dit plus que du galimatias ; il criaille, mais c’est tout, et c’est rarement qu’il fait quelque impromptu supportable. Il joue, il ivrogne, mange si salement qu’on l’a vu cracher dans un plat afin qu’on lui laissât manger tout seul ce qu’il y avait ; se fait vomir pour manger tout de nouveau, et est plus libertin que jamais. Il dit qu’il ne fit le bigot en sa maladie {a} que pour ne pas perdre quatre mille livres de rente qu’il espérait de sa mère. Cette femme étant morte, les beaux-frères de des Barreaux furent contraints de retenir ce bien et de lui donner seulement une pension, afin qu’il ne se pût ruiner entièrement. »


  1. Ce fut au début de 1640, avec cette ironie de Tallemant (page 30) :

    « Des Barreaux a toujours été impie ou libertin car, bien souvent, ce n’est que pour faire le bon compagnon. Il le fit bien voir en une grande maladie qu’il eut : car il fit fort le sot et baisa bien des reliques. Quelques mois après, ayant ouï un sermon de l’abbé de Bouzez, il lui fit dire par Mme Saintot qu’il voulait faire assaut de religion contre lui. “ Je le veux bien, répondit l’abbé, à la première maladie qu’il aura. ” »

3.

Guy Patin n’a prononcé un tel anathème contre Giulio Cesare Vanini, l’un des libertins athées qui fut le plus lourdement châtié en France au xviie s., {a} que dans sa lettre latine du 26 décembre 1653 à Adamus Stevartus. {b}

Dans sa lettre française du 16 novembre 1643 à Charles Spon, Patin avait, au contraire, trouvé « de fort bonnes choses » dans les quatre livres « sur les secrets de la Nature ». {c} Vanini y commentait avec complaisance les auteurs sceptiques (dont Pomponace et Cardan) et l’un des interlocuteurs de ses dialogues portait le nom de Julius Cæsar (avatar probable de Jules-César Scaliger).

V. notes :

4.

« Je l’ai entendu dire d’un Hollandais vers ce temps-là. »

Pour s’acharner contre le livre déjà mentionné quelques lignes plus haut (v. supra note [3]), voire pour inciter à le lire, le Patiniana en donnait la référence presque complète (il n’y manque que les qualités de l’auteur, Neapolitani, theologi, philosophi, et iuris utriusque doctoris [natif de Naples, théologien, philosophe, et docteur en l’un et l’autre droits (civil et canonique)] : « Quatre livres de Giulio Cesare Vanini sur les admirables secrets de la Nature, reine et déesse des mortels, Paris, Adrien Périer, 1616, in‑8o de 130 feuilles. »

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 27), mais il s’y termine à « Il est mort martyr de l’athéisme », sans donner ni commenter cette référence, qui pourrait être une addition de Guy Patin au propos de Gabriel Naudé.

Hadrien (ou Adrien) Périer, libraire-imprimeur, a travaillé à Paris (1584-1586 et 1597-1629), avec un intervalle lyonnais (1587-1596). Renouard ne lui a pas établi de parenté avec Nicolas Périer (v. note [31], lettre 337).

L’Approbatio [Approbation] de l’ouvrage surprend en effet par sa bienveillance :

Nos subsignati Doctores in alma Facultate Theologica Parisiensis fidem facimus vidisse et legisse Dialogos Iulij Cæsaris Vanini Philosophi præstantissimi, in quibus nihil Religioni Catholicæ Apostolicæ et Romanæ repugnans au contrarium reperimus, imo ut Subtilissimos, Dignissimos qui typis demandentur. Die 20. Mensis Maij 1616.

F. Edmundus Corradin Guard.
Conventus F. Min. Paris.

F. Claudius le Petit
Doctor Regens.

[Nous soussignés, docteurs en la vénérable Faculté de théologie de Paris, certifions avoir vu et lu les Dialogues de Giulio Cesare Vanini, très éminent philosophe, où nous n’avons rien trouvé qui soit opposé ou contraire à la religion catholique, apostolique et romaine, les jugeant extrêmement subtils et parfaitement dignes d’être imprimés. Le 20e de mai 1616.

Frère Edmond Corradin, gardien
du couvent des frères minimes 
{a} de Paris

Frère Claude le Petit,
docteur régent
]. {b}


  1. Cordeliers.

  2. Remarques critiques sur le Dictionnaire de Bayle, {i} article sur Xenophanes, {ii} seconde partie, G‑Z, page 797 (à la fin d’un long développement sur Vanini) :

    « J’ai lu dans les Mémoires manuscrits de M. de la Mare, conseiller au parlement de Dijon, une autre particularité touchant le livre de Vanini De Admirandis […] < disant qu’il > “ avait été approuvé par deux théologiens cordeliers ; et après qu’on eut reconnu l’impiété de ce livre, M. le Chancelier {iii} les manda pour rendre raison de l’approbation qu’ils avaient donnée. Ils avouèrent ingénument qu’ils l’avaient donné à lire à un jeune bachelier de leur ordre, nommé Fr. Martin Meurisse, depuis évêque de Madaure {iv} et suffragant de Metz, lequel ne l’ayant pas trouvé trop mauvais à son goût, leur avait dit qu’il n’y avait rien qui fût contraire à la doctrine de l’Église et contre les bonnes mœurs. ” »

    1. Paris, Hippolyte-Louis Guérin, 1748, in‑fo de 819 pages, rédigé par l’abbé Philippe-Louis Joly (1712-1782).

    2. Philosophe présocratique grec du ve s. av. J.‑C.

    3. Nicolas Bruslart de Sillery, v. note [8], lettre 49.

    4. Le diocèse de Madaure est un évêché in partibus infidelium (v. note [1], lettre 473), qui correspond à l’actuelle ville de M’daourouch dans le Sud algérien (Madauros pendant l’ère romaine, et Montesquieu pendant la colonisation française). Meurisse en a été titulaire de 1628 à 1644.

    La note [41] du Naudæna 4 transcrit, traduit et commente un des passages qui a pu faire monter Vanini sur le bûcher de Toulouse, après qu’on lui eut arraché la langue, puis qu’on l’eut étranglé (v. note [3], lettre latine 27).


V. note [5], lettre 25, pour Paul v (Camillo Borgese, pape de 1605 à 1621).

En matière d’athéisme, les censeurs hollandais eurent bien pire adversaire à affronter à la fin du xviie s. avec la parution des livres de Bento (Baruch) Spinoza.

5.

Le titre complet de cette édition expose le propos de l’ouvrage :

Aureus (de utraque potestate) libellus (temporali scilicet ac spirituali) ad hunc usque diem non visus. Somnium viridarii vulgariter nuncupatus : formam tenens dyalogi : ac iamdiu Carolo quinto francorum regi dum viveret dedicatus. In quo quidem libello miles et clericus (de utraque iurisditione<)> latissime disserentes tamquam advocati introducuntur :: et alternatim partes opponentis et respondentis assumentes iucundissime ac fructuosissime de ambarum iurisditionum disputant potestate rationes et motiua pro sua quisque parte : tam ex iure pontificio et ciuili quam etiam ex sacra pagina copiosissime in medium deducentes : quibus confutare et extirpare desiderant multiplices interpresias (ut sic loquar) et abusus in utraque iurisditione quotidie usantes. Cui repertorium annectit alphabeticum precipuas totius libri materias clarissime indicans.
Venundant
parisius apud Galliotum dupre supra pontem beatæ mariæ sub intersignio Classis aurei et in Palatio in secundo pilari. {a}

[Petit livre qui vaut de l’or (sur les deux pouvoirs, temporel et spirituel) et qu’on n’avait pas vu jusqu’à ce jour. Vulgairement appelé le Songe du verger, {b} il a été dédié voici déjà longtemps à Charles v, roi de France, quand il était en vie. {c} Ce petit livre a la forme d’un dialogue où un soldat et un ecclésiastique (représentant chacun des deux états) interviennent en tant qu’avocats, et dissertent très amplement ; et en assumant tour à tour les rôles de demandeur et de défendeur, chacun pour sa partie, ils discutent fort aimablement et fructueusement les raisons et arguments touchant au pouvoir de leurs juridictions respectives, en partageant les déductions qu’ils tirent en très grande abondance tant du droit pontifical et civil que de la Sainte Écriture ; par lesquelles ils désirent réfuter et éliminer les multiples entreprises (selon le terme consacré) {d} et abus qu’on commet tous les jours dans chacune des deux juridictions. Un répertoire alphabétique indique avec la plus grande clarté les principales matières contenues dans tout le livre. {e}
Se vend à Paris chez Galliot Dupré sur le pont Notre-Dame sous l’enseigne de la Galère dorée, {f} et au Palais, au pied du deuxième pilier]. {g}


  1. Imprimé en lettres gothiques rouges (transcrites en romain) et noires (en italique) ; j’ai respecté l’orthographe, et l’emploi capricieux des majuscules et minuscules.

  2. Vergier en vieux français.

  3. Charles v, dit le Sage, a régné de 1364 à 1380.

  4. Entreprises : « attentats [abus] que font les juges sur la juridiction les uns des autres, et sur l’autorité de leurs charges. Il y a tous les jours des procès en règlement pour les entreprises des juges les uns sur les autres » (Furetière).

  5. Une vignette sépare le titre de la signature, représentant une galère naviguant paisiblement à rames et à voile, avec une devise, vogue la guallee (v. note [9], lettre 426) et le nom de galliot du pre.

    Galliot ou Galiot Dupré ou du Pré (région de Calais vers 1491-Paris 1561), libraire-imprimeur parisien, a été actif de 1511 à sa mort.

  6. Le mot latin classis a le double sens d’armée navale et de vaisseau qui la compose. La vignette et le prénom de l’imprimeur imposent ici la traduction « galère » (galera ou gallera en italien et en espagnol, mais galea en latin).

  7. In‑8o de 264 pages, sans date sur la page de titre, mais le privilège (Extrait des registres de Parlement) est daté du « xxvii. jour de May l’an mil cinq cens. xvi. » (27 mai 1516).

    Une précédente (et sans doute première) édition en français, Le songe du vergier qui parle de la disputation du clerc et du chevalier, a paru à Lyon, sans nom, 1491, in‑fo de 259 pages. Les critiques estiment que la traduction française est supérieure à l’original latin.


Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 28).

6.

7.

Le Patiniana fondait sur deux sources cette attribution du Songe du verger (v. supra note [5]) à Charles de Louviers, hypothétique conseiller au Parlement de Paris au xive s.

Charles de Louviers figure dans la liste des auteurs présumés du Songe du Verger, aux côtés de Raoul de Presle, Philippe de Mézières, ou Évrard de Trémaugnon, le plus probable selon l’érudite édition que Marion Schnerb-Lièvre en a donnée (Paris, C.N.R.S., 1982).

8.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 28), qui rectifie fort opportunément le texte tronqué du Patiniana de 1701 :

« Il est mort âgé de 47 ans. {a} On a imprimé de lui Formula remediorum < et > de Medicina pauperum. {b} Il y en a encore un autre intitulé Definitiones morborum qui n’est pas encore imprimé. {c} Ceux de Padoue le transcrivent à l’envi l’un de l’autre. » {d}


  1. V. note [11], lettre 81, pour Johann Prevost (Prævotius), né près de Bâle en 1585 et mort de la peste à Padoue en 1631.

  2. V. la même note [11], pour la « Médecine des pauvres » (Lyon, 1643), qui était sûrement celui des ouvrages de Prevost auquel Guy Patin devait s’intéresser le plus, tant pour sa matière que pour la dédicace que lui en avait adressée le libraire Pierre Ravaud.

    Sa « Formule des médicaments » peut correspondre à deux titres :

    • De remediorum tum simplicium, tum compositorum Materia [La Matière des médicaments, tant simples que composés] (Venise, 1611, in‑12) ;

    • De Compositione medicamentorum libellus [Petit livre sur la Composition des médicaments] (Rinteln, 1649, in‑12).

  3. Ce livre sur les « Définitions des maladies » n’a pas laissé de trace imprimée.

  4. Autrement dit, « copient à qui mieux mieux l’un sur l’autre ». Il me semble que Patin n’a pu savoir cela que de Gabriel Naudé.

9.

En renvoyant à la page 188 des Vitæ illustrium medicorum [Vies des médecins illustres] de Pierre du Châtel (Castellanus), {a} le manuscrit de Vienne (page 29) m’a permis de rétablir la ligne omise dans le Patiniana imprimé de 1701. Je l’ai placée entre crochets dans notre édition, et j’ai ci-dessous mis en exergue la citation latine complète dans le paragraphe de Castellanus d’où elle est extraite :

Bassianus Landus Placentinus, Montani discipulus, et in Professione successor, Præceptoris vestigia secutus, ad absolutam medendi scientiam, non mediocris litteraturæ cultum attulit, eoque doctrinam reddidit illustriorem. Sed in ipso studiorum cursu miserabilis fati casu oppressit. Quippe noctu a sicarijs confossus, ingenti cum luctu discipulis desiderium sui reliquit.

[Bassianus Landus, natif de Plaisance, {b} disciple de Montanus, lui a succédé dans sa chaire. {c} Il a suivi les traces de son maître en contribuant de manière non négligeable à embellir l’art de remédier par les ouvrages qu’il y a consacrés. Un malheureux coup du sort l’a frappé tandis qu’il menait ses travaux : une nuit des assassins l’ont poignardé ; {d} son souvenir a plongé ses élèves dans un immense chagrin].


  1. Anvers, 1617, v. note [6], lettre 92.

  2. Piacenza, dans le duché de Parme, v. note [7], lettre 29.

  3. V. note [4], lettre 359, pour Giovanni Battista da Monte, mort en 1551.

    Sans préciser sa date de naissance, les biographies de Bassiano Landi disent qu’il a été reçu docteur en philosophie et en médecine à Padoue, et qu’il y a successivement enseigné ces deux disciplines jusqu’à sa mort, survenue le 31 octobre 1562, tandis qu’il était titulaire de la chaire de médecine théorique.

  4. Cet attentat inexpliqué avait été commis le 24 octobre 1562.

10.

Le Patiniana imprimé et le manuscrit de Vienne (page 29) donnent le nom fantaisiste de Vincentius Naibandus à Valentinus Naiboda, comme en atteste le précieux Gymnasium Patavinum [Lycée de Padoue] de Giacomo Filippo Tomasini (Udine, 1654, v. note [8], lettre 406), livre iv, page 432, à l’année 1593 :

In diem 3 Martii incidit Valentini Naibodæ Mathematici interitus ; qui sexagenarius, inventus in suo Museo vulneribus sex confossus.

[Le 3 mars mourut, sexagénaire, le mathématicien Valentinus Naiboda : on l’a trouvé dans son étude, percé de six coups de poignard].

Valentin Naboth (Valentinus Naiboda ou Naboda ; Calu, Brandebourg 1523-Padoue 1593) avait d’abord enseigné les mathématiques (alors étroitement liées à l’astrologie et à l’astronomie) de 1557 et 1564 ; puis il s’était rendu en Italie, où Padoue lui attribua une chaire.

Le Wikipedia anglais lui consacre une longue notice, qui renvoie aux :

R.P. Campanellæ Ordin. Prædic. Astrologicorum Libri vii. In quibus Astrologia, omni superstitione Arabum, et Iudæorum eliminata, physiologice tractatur, secundum S. Scripturas, et doctrinam S. Thomæ, et Alberti, et summorum Theologorum ; ita ut absque suspicione mala in Ecclesia Dei multa cum utilitate legi possint.

[Les sept livres des Astrologiques du R.P. Campanella, de l’Ordre des prêcheurs, {a} qui traitent physiologiquement (selon les règles de la nature) de l’astrologie, débarrassée de toute la superstition des Arabes et des Juifs, suivant les Saintes Écritures et la doctrine de saint Thomas et de saint Albert, {b} et des plus éminents théologiens ; en sorte qu’ils peuvent être lus avec profit, sans mauvais soupçon contre l’Église de Dieu]. {c}

Le chapitre viii, Cur prædicta remedia non omnibus profuere [Pourquoi les remèdes (secrets) susdits ne profitent pas à tous] du livre vii, De siderali fato vitando [La manière de se soustraire à la prédiction sidérale], contient ce paragraphe sur la curieuse fin de Naboth (pages 23) :

Et Valentin. Vaiuodæ, qui scripsit commentarios in Alcabitij astrologiam. Is Patauij degens cum gladium ex directione timeret, sese abdidit domi, undique clausis ortis, fenestrisque : prius tamen quæ ad victum pertinebant adscitis per mensem rebus. Latrones abiisse peregre rati, fenestrasque nummorum custodiæ obserasse, rupto ostiolo per vim intrantes pecunias rapuerunt, et astrologum clamores aut accusationem formidantes, interemerunt.

[Quant à lui, Valentinus Vaivoda, {d} qui a écrit des commentaires sur l’astrologie d’Alchabitius, {e}, résidait à Padoue quand son horoscope le mena à redouter un coup d’épée. Il se retira donc en sa maison, dont il obtura portes et fenêtres, après s’être fait livrer assez de victuailles pour subsister un mois. Des voleurs qui passaient par là pensèrent que les volets avaient été clos pour protéger des richesses ; après avoir forcé une petite porte de la maison, ils y pénétrèrent, s’emparèrent de l’argent et tuèrent l’astrologue, redoutant ses clameurs ou les poursuites dont il les menaçait].


  1. Le dominicain Tommaso Campanella, v. note [12], lettre 467.

  2. Saint Thomas d’Aquin (v. note [24], lettre 345) et saint Albert le Grand (v. note [8], lettre 133).

  3. Francfort, sans nom, 1630, in‑4o en deux parties de 232 (livre ivi) et de 24 pages (livre vii).

  4. Sic : le Patiniana n’a pas été le seul ouvrage à écorcher le nom de Naiboda.

  5. Al-Qabisi, astrologue d’Alep au xe s.

11.

« Aulu-Gelle […] dans les Nuits attiques, et qu’a aussi cité Philostrate dans les Sophistes ».

V. notes [40] et [41] de la lettre que Guy Patin a écrite à Charles Spon le 18 janvier 1644, pour un passage presque identique sur :

Patin avait mentionné tous ces personnages en parlant de sa fameuse thèse L’homme n’est que maladie (1643), où il tirait gloire d’être parvenu à citer Favorinus (article v, à propos de la bile noire comme source de fièvre chez les vieillards, v. sa note [63]).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 158).

12.

V. note [18], lettre 172, pour Jean Tarin. Professeur d’éloquence latine au Collège de France, il n’a rien publié sur Favorin et Plutarque : ce que pouvait en dire Guy Patin venait sans doute de conversations qu’il avait eues avec lui.

Pierre Matthieu {a} a publié une :

Histoire de Louis xi, roi de France, et des choses mémorables advenues en l’Europe durant vingt et deux années de son règne. Enrichie de plusieurs observations qui tiennent lieu de commentaires. Divisée en onze livres. {b}

Le passage de l’Addition de Gabriel Naudé auquel renvoyait le Patiniana se trouve dans le livre onzième, pages 681‑682, {c} Vanité de l’Astrologie judiciaire :

« La France avait d’autres sortes de gens qui méritaient mieux que les astrologues les faveurs et les libéralités du roi. {d} Dieu est offensé en la témérité de cette science qui entreprend sur la connaissance de l’avenir, qui est seule réservée à son éternelle providence, et qui, pour les hommes, est toute ceinte de nuits et de ténèbres impénétrables. Les curieux y sont trompés car on leur dit ou des choses vraies ou des choses fausses. Ils se rendent misérables en l’attente et la longueur des prospérités qui n’arrivent jamais. Misérables encore en l’appréhension des adversités qu’ils craignent incessamment et n’arrivent que lorsqu’ils n’y pensent plus, croyant les avoir échappées ; en tout cas le mensonge trompe l’espérance et augmente la crainte. L’Église, qui a pour étoile verticale de son établissement l’éternelle vérité, qui regarde toujours le soleil de justice et de confiance, ne se réglant comme la synagogue sur les inconstances de la Lune, a saintement et justement détesté la pratique de l’astrologie judiciaire, qui remplit les oreilles de vanité et de curiosité, < et > les consciences, de tremblement. »


  1. V. note [10] du Patiniana I‑1.

  2. Paris, P. Mettayer et la veuve de M. Guillemot, 1610, in‑fo, avec splendide frontispice). C’est le livre qui a incité Gabriel Naudé à écrire son Addition à l’histoire de Louis xi (Paris, 1630, ouvrage cité dans la note [7] supra).

  3. Réédition de Paris, veuve de Matthieu Guillemot et Matthieu Guillemot, 1628, in‑4o de 751 pages.

  4. Note de Mathieu :

    « Avec ce dilemme, Favorinus se moque de l’astrologie judiciaire. Aut adversa dicunt, aut prospera. Si dicunt prospera et fallunt, miser fies, frustra expectando. Si adversa dicunt et mentiuntur, miser fies frustra timendo. » {i}

    1. « Ils prédisent le malheur ou le bonheur. Si c’est le bonheur et s’ils se trompent, tu seras malheureux de l’avoir attendu en vain. Si c’est le malheur et s’ils mentent, tu seras malheureux de l’avoir attendu en vain. »

Dans ses Recherches de la France, Étienne Pasquier, {a} chapitre premier, Que la Gaule depuis appelée France, de toute ancienneté, a été studieuse des bonnes lettres, du livre neuvième (pages 791‑792), La France littéraire, l’Université, les études, fait une brève allusion à Favorin :

« Puisque j’ai voué ce livre aux universités de la France, selon l’ordre de leurs créations, j’estime qu’il ne me sera mal séant, premier que de passer outre, {b} de discourir en peu de paroles combien nos anciens Gaulois se trouvèrent zélateurs des bonnes lettres par leur usage commun, ainsi que nous apprenons de diverses pièces d’uns et autres, lesquelles je vous représenterai ici pêle-mêle, non selon les ordres des temps, mais ainsi qu’il a plu à ma plume et à ma souvenance. […]

Je vous laisse un Favorin provençal qui osa faire tête en matière de lettres à un Hadrien, depuis empereur, auquel cette hardiesse ne déplut, ores qu’entre {c} ses ambitions, il fît état particulier d’être estimé très savant. » {d}


  1. Édition de Paris, 1621, v. note [16], lettre 151.

  2. « avant d’entrer dans le vif du sujet ».

  3. « bien qu’entre ».

  4. Probable allusion à ce passage de la « Vie d’Hadrien » dans l’Histoire Auguste (chapitre xv, § 12‑13, page 39) :

    Et Favorinus quidem, cum verbum eius quondam ab Hadriano Reprehensum esset atque ille cessisset, arguentibus amicis, quod male cederet Hadriano de verbo, quod idonei auctores usurpassent, risum iocundissimum movit ; ait enim : Non recte suadetis, familiares, qui non patimini me ilum doctiorem omnibus credere, qui habet triginta legiones.

    [Un jour, Hadrien critiqua Favorinus pour une expression qu’il avait employée et celui-ci accepta la remontrance ; les amis de Favorinus lui reprochèrent d’avoir cédé à tort à Hadrien sur l’usage de ce terme qu’avaient fréquemment utilisé des auteurs confirmés ; mais il suscita une grande hilarité quand il leur rétorqua : Vous n’êtes vraiment pas de bon conseil, mes amis, vous qui n’admettez pas que je considère comme le plus savant des hommes celui qui dispose de trente légions].


13.

Cet article ne figure pas dans le manuscrit de Vienne ; il se lit mot pour mot dans la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 25 décembre 1663 (v. sa note [13], pour les frati, frères moines), mais sans la référence au Satyricon de Pétrone (chapitre xvii) :

Utique nostra regio tam præsentibus plena est numinibus, ut facilius possis deum quam hominem invenire.

[Notre contrée est partout si débordante de divinités que tu pourras plus facilement y trouver un dieu qu’un homme].

Néanmoins, le développement qui suit cette réminiscence est en partie différent.

14.

Le signe Ꝝ, variante graphique de ℞, abréviation de Recipe, « Prenez », s’écrivait en tête de toutes les ordonnances médicales : le confondre avec « 21  (dragmes) » était une marque de profonde ignorance pour un homme de l’art.

Guy Patin s’en prenait aux doctores bullati [docteurs bullés], ou « docteurs à la petite mode », c’est-à-dire titulaires de diplômes délivrés par des facultés peu regardantes sur les connaissances de ceux qu’elles graduaient (v. note [52] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot contre la Faculté de Paris pour son attaque contre l’Université de Montpellier à ce sujet).

15.

« droit de vie et de mort ! », mieux figuré par le Vade et occide caim [Va-t’en tuer caim (cordeliers, augustins, jacobins, frères mineurs)] dont on accablait l’Université de Montpellier (v. note [53] de L’ultime procès de Théophraste Renaudot contre la Faculté de Paris).

16.

Théologien du iiie s., natif d’Alexandrie, Origène a été le premier exégète chrétien de la Bible. Ses œuvres, écrites en grec, auraient compté deux milliers d’ouvrages, dont une bonne partie a été perdue. Père de l’Église, il n’a pas été canonisé car certaines de ses interprétations sont allées à l’encontre des dogmes romains, jusqu’à être tenues pour hérétiques.

Le jugement que Cassiodore {a} a porté sur Origène se trouve dans le premier de ses deux livres de Institutione divinarum Scripturarum [sur l’Institution des divines Écritures], chapitre i, De Octateucho [L’Octateuque], à la page 227 ro de ses Opera : {b}

Sed quemadmodum legi debeat, in Epistola quam scripsit ad Tranquillum sanctus Hieronymus probabiliter indicavit, ut nec studiosos ab eius necessaria lectione removeat, nec iterum incautos præcipitet ad ruinam. Quem quidam non immerito more aneti habendum esse dixerunt ; qui dum sacrarum condiat pulmentaria litterarum ; ipse tamen decoctus exsuccatusque proiicitur. De quo conclusive dictum est : Ubi bene, nemo melius : ubi male, nemo peius. {c} Et ideo caute sapienterque legendus est, ut sic inde succos saluberrimos assumamus, ne pariter eius venena perfidiæ, vitæ nostræ contraria sorbeamus.

[Dans une lettre qu’il a écrite à Tranquillus, saint Jérôme {d} a bien indiqué la manière dont il {e} doit être lu, de façon à ne pas l’ôter des mains des gens avisés, car sa lecture est nécessaire, mais à ne pas non plus laisser les imprudents se précipiter dessus pour s’y perdre. Certains n’ont pas eu tort de dire qu’il fallait le considérer comme de l’aneth : il assaisonne agréablement les Écritures Saintes, mais on le jette quand il a cuit et donné tout son jus. En somme, on peut dire de lui : quand il fait bien, personne ne fait mieux, quand il fait mal, personne ne fait pire. {c} Nous devons donc le lire avec sagesse et prudence pour en extraire les sucs les plus salubres, sans devoir avaler en même temps le venin de sa perfidie qui met notre vie en péril].


  1. Cassiodore (Magnus Aurelius Cassiodorus Senator) est un philosophe et historien chrétien latin du vie s.

  2. Magni Aur. Cassiodori Senatoris V.C. Opera. Quorum nonnulla nunc primum reliqua emendatiora eduntur. Cum notis et indicibus copioissimis. Catalogum sequens pagina continet.

    [Œuvres du très illusttre Cassiodore, dont quelques-unes paraissent pour la première fois, et les autres ont été entièrement corrigées. Avec de très riches notes et index. Le catalogue {i} en est présenté sur la page suivante]. {ii}

    1. Sommaire complet de l’ouvrage.

    2. Paris, Marcus Orry, 1588, in‑4o en deux parties de 768 et 162 pages.
  3. Mise en exergue du passage cité par le Patiniana.

  4. V. note [16], lettre 81, pour saint Jérôme ; sa lettre à Tranquillus a dû être perdue car elle ne se trouve pas dans le corpus moderne de sa correspondance.

  5. Origène.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

17.

« Fort sur tout » : par-dessus tout.

V. note [63], lettre 211, pour Alexandre More (Morus), pasteur calviniste aux mœurs fort libres, mort sans s’être marié en 1670. L’emploi de l’adjectif « féminin » est une facétie langagière dont l’effet n’est pas des plus heureux.

18.

Térence, L’Eunuque, paroles de Parménon, esclave de Phædria, à la courtisane Thaïs (acte i, scène 2, vers 102‑106) :

Verum heus tu, hac lege tibi meam adstringo fidem :
quae vera audivi taceo et contineo optume ;
sin falsum aut vanum aut finctum est, continuo palam est :
plenus rimarum sum, hac atque illac perfluo.
Proin tu, taceri si vis, vera dicito
.

[Mais fais bien attention, si j’engage ma parole, c’est à une condition : si ce que j’entends est vrai, je sais le taire et le garde à merveille ; mais si c’est faux, stupide ou inventé, c’est aussitôt divulgué. Je suis plein de fentes et je fuis de partout. Par conséquent si tu veux le secret, ne me dis rien que de vrai].

Le vers 105 a été cité par de grands auteurs français, comme Montaigne (Essais, livre ii, chapitre xvii, De la présomption), sur la distraction et la perte de mémoire, ou Victor Hugo, sur les pièges de la traduction (William Shakespeare, Les Traducteurs, Œuvres complètes, Philosophie ii, Paris, Albin Michel, 1937, page 349) :

« L’idée, traduite par les mots rigoureusement correspondants, devient autre. Traduisez en français littéral le Plenus rimarum sum hac atque illac perfluo, l’idée se métamorphose au passage ; en latin, c’est, à votre choix, l’indiscrétion comique ou l’inspiration lyrique ; en français, c’est le suintement purulent d’un lépreux couvert d’ulcères. »

19.

Dans la même veine que l’Utopie de Thomas More {a} ou l’Eudemia de Janus Nicius Erythræus, {b} de nombreux auteurs ont publié des fictions allégoriques mettant au jour des mondes nouveaux. Trois de ces textes ont été réunis dans le :

Mundus alter et idem, sive Terra Australis antehac semper incognita ; longis itineribus peregrini Academici nuperrime lustrata. Authore Mercurio Britannico. Accessit propter affinitatem materiæ Thomæ Campanellæ, Civitas Solis, et Nova Atlantis, Bar. de Verulamio.

[Un Monde autre mais pourtant semblable au nôtre ou la Terre australe, {c} toujours restée inconnue jusqu’à ce jour, qu’un pèlerin de l’Université a tout récemment visitée lors de très lointains voyages, par Mercurius Britannicus. {d} En raison de la proximité du sujet, on y a ajouté la Cité du Soleil de Tommaso Campanella {e} et la Nouvelle Atlantide {f} du baron de Verulam]. {g}


  1. 1516, v. note [4], lettre latine 435.

  2. Giovanni Vittorio Rossi, 1645, v. notule {b}, note [23] du Naudæana 1.

  3. V. note [49] du Grotiana 2 pour la réalité géographique de la Terre Australe inconnue (Terra Australia incognita), qui préoccupait alors les savants et les rêveurs.

  4. Surnom de l’évêque anglais Joseph Hall (v. note [23], lettre 332) : si on regarde la carte qu’il en a dessinée, sa Terra Australis est plutôt une préfiguration de l’Antarctique que de l’Australie ; il s’agit d’une satire de Londres et de la religion catholique.

  5. Déjà cité dans la note [10] supra, Campanella avait écrit La Citta del Sole en 1602, pendant son séjour en prison. Son titre latin complet (langue dans laquelle elle a été publiée pour la première fois à Francfort en 1623) est Civitas Solis Poetica. Idea Reipublicæ Philosophicæ [La Cité du Soleil. Idée d’une république philosophique]. Elle a été traduite en français en 1840 et n’a paru en italien qu’en 1904. Les « Solariens » de Campanella vivent dans un monde inversé : altruistes, leur sodomie les a condamnés à marcher sur la tête et à porter leurs souliers autour du cou.

  6. Écrite vers 1621, la New Atlantis, ouvrage inachevé de Francis Bacon, baron de Verulam (mort en 1626, v. note [21], lettre 352), décrit une île de l’océan Pacifique appelée Bensalem et peuplée par de savants chrétiens. Le livre a paru en anglais en 1628, avec traduction française en 1702.

  7. Utrecht, Joannes a Waesberge, 1643, in‑12 en trois parties de 213, 106 et 96 pages.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 71).

20.

« extrêmement savants » : tous les auteurs cités dans ce paragraphe écrivaient un excellent latin, souvent même admirable, mais pouvaient peiner à tenir une conversation dans cette langue (contrairement à Guy Patin, qui était réputé la parler avec une remarquable aisance).

21.

« Ils cherchaient de Thou [l’écrivain] dans de Thou [le personnage] ».

V. note [4], lettre 13, pour Jacques-Auguste i de Thou et ses monumentales Historiæ sui temporis [Histoires de son temps], que Guy Patin estimait hautement et citait plus que volontiers.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 32).

22.

« dont nul n’ignore qu’ils sont extrêmement savants, et comme les phénix de leur siècle ».

V. notes [11], lettre 51, pour l’illustre Claude i de Saumaise, et [13], lettre 86, pour le plus obscur Nicolas Rigault (dont le principal mérite a été de continuer l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou).

23.

« tout enflé d’orgueil » ; le manuscrit de Vienne est ici plus conforme à l’aversion coutumière de Guy Patin pour les jésuites : superbia quadam tumens loyolotica, « tout enflé de cet orgueil loyolitique ».

Le P. Denis Petau (v. note [6], lettre 54) détestait le calviniste Claude Saumaise, qui lui rendait bien la pareille : v. notre note [1], lettre 119, pour un de leurs nombreux duels de plumes, et la longue note A de Bayle sur Petau.

24.

V. note [2], lettre 196, pour le R.P. Cornelius à Lapide (Cornelis Cornelissen van den Steen), et ses copieux commentaires de la Bible, dont ceux des Épîtres de saint Paul (Anvers, 1614).

Pourtant fidèle au manuscrit de Vienne (page 33), la référence biblique fournie par le Patiniana (que j’ai transcrite telle que) est erronée, car cette citation tronquée ne vient pas de L’Ecclésiaste, mais de L’Ecclésiastique (33:20) :

Filio et mulieri fratri et amico non des potestatem super te in vita tua non dederis alio possessionem tuam ne forte pæniteat te et depreceris pro illis.

[À ton fils, à ta femme, à ton frère, à ton ami, ne donne pas pouvoir sur toi pendant ta vie. Ne donne pas à un autre tes biens, tu pourrais le regretter et devrais les redemander].

L’exégèse de ce verset se trouve à la pages 714 des :

Commentaria in Ecclesiasticum Auctore R.P. Cornelio Cornelii a Lapide, e Societate Iesu, olim in Lovanensi, nunc in Romano Collegio Sacrarum Litterarum Professore. Editio secunda ab Auctore aucta et correcta.

[Commentaires de L’Ecclésiastique, par le R.P. Cornelis Cornelissen a Lapide, de la Compagnie de Jésus, jadis professeur d’Écriture Sainte à Louvain, maintenant au Collège de Rome. Seconde édition augmentée et corrigée par l’auteur]. {a}

Dans la marges, les deux derniers paragraphes sont intitulés :

Le second est celui qui avait retenu l’attention du Patiniana :

Ita Alfonsus Aragonum rex, regum gloria et sapientiæ exemplar, perabsurdum sibi videri dicebat, reges ab alijs regi, et duces ab alijs duci. Notabatque principes et magnates, qui cum imperij et principatus titulos sibi vendicent, alieno tamen consilio reguntur, etiam nolentes : quo sit, ut sæpe cum magno reipub. incommodo alienis oculis videant, alienis auribus audiant, alienis linguis loquantur. Et sic mihi minus sunt quam Imperatores, qui a consiliarorum arbitrio ita pendent, ut plane horum sint mancipia, ita refert Panormit. lib. 2. de Gestis Alfonsi.

[Alphonse, roi d’Aragon, {b} gloire des rois et exemple de sagesse, disait ainsi trouver parfaitement absurde que les rois fussent régis par d’autres, et que les meneurs fussent menés par d’autres. Il remarquait aussi que les princes et les gouvernants, bien qu’ils revendiquent pour eux-mêmes les titres de gouvernement et de principauté, sont soumis au conseil d’un autre, même sans le vouloir ; si bien qu’au profond détriment de la chose publique, ils voient avec les yeux d’un autre, ils entendent avec les oreilles d’un autre, ils parlent avec la bouche d’un autre. Et ainsi ceux qui dépendent du jugement des conseillers au point de se soumettre à eux sont-ils à mes yeux moins que des gouvernants. Voilà ce que rapporte Panormita en son 2e livre sur les Faits d’Alphonse]. {c}


  1. Anvers, Ioannes Meursius, 1643, in‑fo de 1 040 pages ; première édition ibid. 1634.

  2. Alphonse v d’Aragon (mort en 1458, v. notule {b‑iii}, note [23] du Naudæana 3).

  3. Antonii Panormitæ de Dictis et factis Alphonsi Regis Aragonum libri quatuor… [Quatre livres d’Antonius Panormita (Antonio Beccadelli, Palerme 1394-Naples 1471) sur les Dits et faits du roi Alphonse d’Aragon] (Bâle, Ioannes Hervagius et Ioannes Erasmius Frobenius, 1538, in‑4o) ; je n’y ai retrouvé qu’une partie des propos que Cornelius a Lapide prêtait à Panormita (dits 50 et 51, page 55).

L’intérêt de Guy Patin pour le Livre de Job (que n’a pas commenté Cornelius a Lapide) tenait probablement au fait qu’il pouvait y être question de la vérole (v. notes [18] et [20], lettre 211, et [1], lettre 834).

25.

Voilà à peu près tout ce qui est connu de Matthieu Bossulus, moine fort éloquent mais qui n’a laissé aucun ouvrage imprimé, si on y ajoute ce que deux source ont dit de lui.

Don Carlos, Charles d’Autriche (Valladolid 1545-Madrid 1568), prince des Asturies, premier fils du roi d’Espagne Philippe ii (v. note [13], lettre 152), se rebella contre son père qui le jugeait physiquement et mentalement incapable de lui succéder. Par dépit, le prince complota avec les révoltés des Pays-Bas, fut arrêté et mourut en prison dans des circonstances qui n’ont pas été élucidées. Il est le héros éponyme d’un opéra de Giuseppe Verdi (1867). V. notes [63], [64] et [65] du Borboniana 5 manuscrit pour les infortunes et la mort de cet infant.

V. note [55], lettre 97, pour le médecin pontifical Andrea Cesalpino, à qui est consacré le bref article précédent du Patiniana. Ces deux articles figurent dans le manuscrit de Vienne (page 33).

26.

« Je ne suis pas parti, Bossulus, parce que ton enseignement est savant,
mais je suis parti, Bossulus, parce que tu me soûles de mots. »

« Je reconnais vous avoir soûlés de mots, et toi, tu nous as tourné le dos ; mais soit, à chacun son métier : le tien, de me tourner le dos, le mien, de te soûler de mots. »

Seul un sous-entendu sodomite permet de trouver du sel à cet échange : Bossulus était réputé « de méchante vie », selon Brantôme (v. note [3], lettre 820), cité par Bayle (note B).

L’Histoire généalogique de la Maison des Chasteigner, seigneurs de La Chasteigneraie, de La Roche-Pozay, de Saint-Georges de Rexe, de Lyndoys, de la Rochefaton, et autres lieux. Justifiée par chartes de diverses églises, arrêts de la Cour de Parlement, titres domestiques, et autres preuves. Par André du Chesne, géographe du roi {a} fournit cette identification de l’insolent écolier de Bossulus (livre iii, page 212) :

« Jean de la Forest, baron de Grisse, chevalier de l’Ordre du roi, fut conjoint avec Françoise Coëffier de la Maison d’Effiat, dont il procréa un fils et cinq filles. Le fils, appelé Louis de la Forest, baron de Grisse, {b} fut tué aux guerres de la Ligue {c} en un combat où il prit prisonnier Monsieur d’Andelot. » {d}


  1. Paris, Sébastien Cramoisy, 1634, in‑4o.

  2. J’ai corrigé la faute (Grice pour Grisse) qui est imprimée dans le Patiniana. La baronie de Grisse était située dans les alentours de Poitiers.

  3. Huitième et dernière période (1585-1598) des guerres de Religion, la guerre de la Ligue a opposé les Guise à la Couronne ; le roi Henri iii fut chassé de Paris en 1588, un an avant son assassinat (le 2 août 1589, tandis qu’il assiégeait la capitale, v. note [2], lettre 48).

  4. Gentilhomme protestant, Charles de Coligny, marquis d’Andelot (1564-1632), était le fils cadet de l’amiral de Coligny (Gaspard ii de Châtillon, premier mort du massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, v. note [156], lettre 166), et le frère puîné de François de Châtillon (1557-1591). Charles fut fait prisonnier en juillet 1590 par les ligueurs de Paris, qu’assiégeait Henri iv, ainsi que l’a relaté Jacques-Auguste i de Thou (Histoire universelle, livre xcix, année 1590, Thou fr, volume 11, page 167) :

    « Au mois de juillet suivant, les assiégés firent une sortie où fut pris Charles de Coligny d’Andelot, frère de Châtillon. On ne peut exprimer avec quelle joie il fut reçu des Parisiens, qui mirent tout en œuvre pour le gagner par leurs caresses. Châtillon, qui était alors dans l’armée du roi fit à son frère les reproches les plus amers de ce qu’il abandonnait la défense de son prince pour embrasser le parti des ennemis mortels de leur Maison, et de ces Parisiens qu’on avait vus traîner ignominieusement par les rues le corps de leur père, après avoir souffert qu’on l’assassinât par la plus insigne de toutes les trahisons. Les reproches furent inutiles : d’Andelot se laissa aveugler par l’espérance des honneurs qu’il crut trouver parmi les factieux ; il signa l’Union et se mit au service du duc de Nemours. »

    Ces faits rangent le baron de Grisse aux côtés de la Ligue antiprotestante et non du roi, comme laisse entendre la suite du Patiniana.


27.

« Joseph Scaliger a écrit à son cher Grissæus… ». La correspondance de Scaliger contient en effet cette seule lettre écrite au baron de Grisse, datée du château d’Abain (en Poitou, v. note [8], lettre 266) le 12 avril (julien, 22 avril romain) 1586 (Ep. latclxxxii, pages 380‑381) :

Putabam nos tibi animo penitus excidisse. Nihil enim a te literarum, quo primum hinc extulisti pedem. Quum hanc iniuriam tecum expostulare vellem, ecce iram meam placavit epistola tua, et animum meum tibi reddidit. Omnis ira mea vertit indolorem ; ex repentino cladis fratrum Lavalliorum nuntio. Hem quid audio ? tantum luctus et funerum tantillo tempore ? Vix in iusta pugna timendum esset quod tumultuario experti sumus prælio. Nam clades æstimandæ, non numerandæ sunt : neque interest quot homines, sed quos amiseris. Centum nebulones cæsi sunt, et duo heroes desiderantur. I ergo, et iacturæ huic illos oppone quos inferias missos horum duorum manibus ais. Deteriores animæ pro melioribus datæ sunt. Quidam nobis spem te videndi faciunt. Ego sane te et longissime et diutissime abesse puto, postquam mihi de tuo reditu non constat. Si cito ad nos redit, expectationem nostram, non desiderium falles. Vale. Pridie Eid. April.

[Je te pensais bel et bien mort, car je n’ai eu aucune lettre de toi depuis que tu as mis le pied hors d’ici. Comme je voulais te faire reproche de cette injustice, voilà ta lettre qui a apaisé ma colère et rétabli mon affection pour toi. L’annonce du désastre qui a soudain emporté les frères de Laval {a} a transformé tout mon courroux en chagrin. Ho ! qu’est-ce donc que j’apprends ? Tant de désolation et de deuil en si peu de temps ? Dans une bataille en ligne, nous aurions eu du mal à redouter ce qui est arrivé dans un combat improvisé. Le fait est qu’il faut juger les catastrophes sur leurs effets, et non sur le nombre de vies qu’elles coûtent : ce qui importe n’est pas combien d’hommes en tout, mais ceux que tu as perdus, toi ; cent vauriens ont été tués, mais deux héros sont à déplorer. Va donc, et fais payer ce sacrifice à ceux qui, dis-tu, ont béni les mânes de ces deux-là. {b} De pires âmes ont été offertes en échange de meilleures. Certains nous font espérer ta visite. Je te croirai parti très loin et pour très longtemps tant que je ne t’aurai pas vu de retour. Si tu nous reviens vite, tu ne failliras pas à notre attente, à notre désir. Porte-toi bien. Le 12 avril]. {c}


  1. Paul de Coligny (autrement nommé Guy de Laval) et son frère Benjamin de Coligny d’Andelot, gentilshommes protestants, étaient tous deux morts au cours ou dans les suites immédiates du combat qui avait eu lieu à Saintes le 7 avril (nouveau style romain, 29 mars ancien style julien, calendrier auquel se référait Saumaise).

    Grisse avait dû participer à cette bataille (du côté catholique), mais avait sans doute écrit à Scaliger avant le décès du frère aîné des Andelot, Guy, comte de Laval (né en 1555), mort de chagrin le 15 avril suivant ; Jacques-Auguste i de Thou, Histoire universelle a célébré sa mémoire (Thou fr, volume 14, livre cxxxiv, pages 415‑416)

  2. Sans certitude d’avoir ici exactement traduit la pensée de Scaliger.

  3. Sans indication d’année, mais les faits relatés permettent de conclure à 1586.

28.

« Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde » : citation de l’Évangile de Jean, v. note [50] de la lettre du 2 août 1652 à Charles Spon, qui donne aussi une brève biographie du pape Clément vii.

« Brèches » est à prendre dans le sens de défaillances.

V. note [39] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii (1632), pour le médecin Matteo Curzio et pour son pontifical patient qui aimait trop les melons et les champignons.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 37).

29.

« Il a écrit sur la chaleur innée » :

De Calido innato Libri Tres. In quibus non solum eius natura explicatur, sed solida etiam Medicorum in hoc argumentuo doctrina ostenditur, et Galenica præcipue a Neotericorum objectionibus vindicatur. Auctore Pompeio Caimo Utinensis Equite, et in Patavino Gymnasio Theoricæ Ordinariæ Professore Primario.

[Trois livres sur la Chaleur innée, {a} dans lesquels non seulement est expliquée sa nature, mais est aussi exposée une solide doctrine sur cette discussion entre les médecins, où celle de Galien est surtout défendue contre les objections des auteurs modernes. Par Pompeo Caimo, {b} natif d’Udine, cavalier et premier professeur de < médecine > théorique ordinaire en l’Université de Padoue]. {c}


  1. V. première notule {a}, note [14], lettre 150.

  2. V. note [37], du Naudæana 4.

  3. Venise, Hieronymus Piutus, 1626, in‑4o de 455 pages.

    Cesare Cremonini (v. note [28], lettre 291) attaqua cet ouvrage en 1634 : v. notule {a}, note [29] du Naudæana 2.


V. note [6], lettre latine 194, pour Giulio Cesare La Galla. Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 37).

30.

« Sobre, il fuit le vin et n’aime que l’eau pure » : dans sa lettre du 27 août 1648 à André Falconet (v. sa note [3]), Guy Patin a déjà appliqué ce vers des Métamorphoses à Pierre Gassendi (tout comme à leur commun ami Gabriel Naudé).

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

31.

« Gassendi est mort, les Sciences pleurent, le monde entier gémit, Spon est en deuil, seul l’Olympe pousse des cris de joie. »

Pierre Gassendi mourut certes « en philosophe », le 24 octobre 1655, mais on reprocha à Guy Patin d’avoir trop copieusement saigné son ami et d’avoir ainsi hâté son trépas (v. note [20], lettre 528).

32.

Dans sa lettre du 14 mai 1649 (v. sa note [15]), Guy Patin avait déjà écrit à Charles Spon que Jean Tarin (v. supra note [12]) fut précepteur de l’infortuné François-Auguste de Thou (fils aîné de l’historien Jacques-Auguste i), décapité pour avoir été complice de Cinq-Mars dans leur complot contre la Couronne (v. note [12], lettre 65). Guy Patin a souvent amèrement déploré l’injustice de ce drame.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

33.

« un animal qui fait bien les parties et qui gagne merveilleusement de l’argent. »

À la fin de sa lettre du 6 octobre 1671 à André Falconet (v. sa note [3]), Guy Patin a attribué cette saillie à Jean Haultin, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris (v. note [19], lettre 181). Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

34.

« Giovanni Imperiali a dressé un catalogue de toutes ses œuvres, tant imprimées qu’inédites et manuscrites, dans son Musæum, avec un portrait et un éloge de l’auteur » :

Musæum Historicum et Physicum Ioannis Imperialis Phil. et Med. Vicentini. In primo Illustrium literis virorum imagines ad vivum expressæ continentur, additis Elogiis eorundem vitas, et mores notantibus. In secundo animorum imagines, sive Ingeniorum naturæ, differentiæ, causæ, ac signa physice perpenduntur. Adeo ut artis exactissime loco possit esse, dignoscendi ad quam quisque artem, ac scientiam sit habilis.

[Musée historique et physique de Ioannes Imperialus, philosophe et médecin natif de Vicence. {a} Le premier contient les portraits pris sur le vif des hommes qui se sont illustrés dans les lettres, avec leurs éloges décrivant leurs vies et leurs mœurs. Le second évalue physiquement les évocations des esprits, ou les natures, différences, causes et expressions des intelligences]. {b}


  1. Giovanni Imperiali, mort vers 1654 à l’âge de 50 ans.

  2. Venise, Junte, 1640, in‑4o de 219 pages ; avec, pages 144‑151, le portrait gravé d’Ulisse Aldrovandi, suivi de son éloge et de la longue liste de ses œuvres.

Guy Patin a lui-même écrit à Claude ii Belin, le 12 janvier 1632 (v. note [9], lettre 9) qu’Aldrovandi était mort dans le dénûment (en 1605).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 34).

35.

Cette note serait restée vide sans la précieuse indication fournie par le manuscrit (page 34) :

Vid. Delrio in Disquisit. Magicis in‑fo pag. 36.

[Voyez les Disquisitiones Magicæ, in‑fo, de Delrio, page 36].

Cette référence correspond à la page 61 (édition de Mayence, 1603) des six livres des « Recherches sur la magie » de Martin Anton Delrio. {a} Antonio Bragadin (Bragadino) y sort de l’ombre dans le livre i, De Magia in genere, et de Naturali ac Artificiosa in specie [La Magie en général, et en particulier de la naturelle et de l’artificielle], chapitre v, Ars aurifactoria, quam Alchimiam nuncupant, ad quam magiæ speciem sit referanda ? [À quelle espèce de magie doit-on référer l’art de fabriquer l’or, qu’on appelle alchimie ?], question i, An Chrysopœia habenda ex numero artium ingenuarum, an mechanicis annumeranda ? [La fabrication de l’or doit-elle être sortie des arts libéraux, pour être rangée parmi les arts mécaniques ?], section iiii An aliqua narratione constet aurum hac arte factum ? [Existe-t-il une relation prouvant que cet art a effectivement fabriqué de l’or ?] (passage omis dans la traduction française abrégée de 1611) :

Nullum adversarii fortius telum intorquent, quam ab experientia, inquiunt, nullus hactenus effectum consecutus ? cur omnes oleum et operam perdidere ? nonne moraliter hinc colligimus id esse impossibilibus annumerandum ? 1. {b} quia, quæcumque adferuntur experientiæ, nituntur testimoniis ipsorum chymicorum, quibus minime credendum : tum quod in causa propria, tum quod mendicitas et paupertas fidem detrahat, tum quod spe fascinati et imaginationis vehementi apprehensione, putant esse aurum, quod non est, ut ait pontifex Ioannes 22. 2. quia possunt esse operationes, vel fraudulenti et deceptoriæ, ut fuit Bragadini Veneti Alchimi : qui in Bavaria supplicio affectus anno 1501. {c} coram omnibus imposturam suam confessus fuit : se ex auri ramentis pulveribusque quos mixtos carbonario pulveri habebat, aurum suum liquasse. Quare cavendum ne lectorem decipiat deceptus ipse Villamontius, pertinaciter defendens, veram fuisse et sinceream Anton. Bragadini Chrysopeiam : cum enim illa scriberet, nondum dies fraudem huius Kyprii plane aperuerat. Vide quæ de illo Villamontius intinerarii lib. 3. cap. 28. vel possunt esse prodigiosæ, dæmone faciente. 3. quia hanc artem nemo unquam calluit : quod patet, eo quod nemo se unquam dixit ultimum eius effectum consecutum : nemo etiam verbis vel scriptis eam alios docere potuit.

[Les ennemis {d} ne brandissent aucune arme fort puissante en demandant : < 1 > une expérience a-t-elle jamais été suivie d’effet ? < 2 > pourquoi ont-ils tous perdu leur temps et leur huile ? {e} < 3 > en toute bonne morale, ne devons-nous donc pas compter cela parmi les faits impossibles ? 1. Quoi que rapportent les expériences, elles s’appuient sur les propres témoignages des chimistes, mais ils sont peu crédibles parce que : d’une part, leur partialité en faveur de leur cause, liée à leur indigence et à leur pauvreté, leur ôte toute solidité ; d’autre part, comme a dit le pape Jean xxii, {f} leur espérance de détenir un pouvoir surnaturel et la puissante emprise de leur imagination les conduisent à prendre pour de l’or ce qui n’en est pas. 2. Ils peuvent opérer pour tromper et duper, comme fit Bragadin, alchimiste de Venise : soumis à la torture, en Bavière, l’an 1591, {g} il a publiquement avoué son imposture ; il avait fondu son or en mêlant des paillettes à de la poudre de charbon. Là-dessus, le lecteur doit prendre garde de se laisser abuser par Villamont, qui s’y est lui-même laissé attraper quand il a défendu avec obstination que la chrysopée {h} d’Ant. Bragadin était authentique et sincère ; quand il écrivait, la fraude du Chypriote n’avait pourtant pas encore été pleinement mise au jour. Voyez ce qu’en dit Villamont dans ses Voyages, livre 3, chapitre 28, {i} mais quand intervient le démon, des prodiges peuvent survenir. 3. Nul n’ayant jamais entièrement maîtrisé cet art, puisque nul n’a jamais clairement dit être parvenu à son ultime accomplissement, personne ne peut l’enseigner aux autres, que ce soit par écrit ou par oral].


  1. V. note [54], lettre 97.

  2. J’ai numéroté les arguments de Delrio pour les ajuster sur les trois questions posées au début de l’extrait.

  3. Sic pour 1591 (édition de 1604, page 62)

  4. Les contradicteurs de l’alchimie.

  5. Perdre son huile, c’est travailler inutilement le soir à la lueur de la lampe.

  6. Le dominicain français Jacques Duèze (1244-1334), élu pape en 1316 sous le nom de Jean xxii, a émis en 1326 une bulle condamnant la sorcellerie.

  7. Guillaume v von Wittelsbach (1548-1626), dit le Pieux, a été duc électeur de Bavière de 1579 à 1597.

  8. Fabrication d’or à l’aide de la pierre philosophale.

  9. Les curieux peuvent lire en entier le chapitre xviii (et non 28), Histoire notable d’Antonio Bragadino qui a trouvé la pierre philosophale dans le 3e livre des Voyages du Seigneur de Villamont, {i} chevalier de l’Ordre de Jérusalem, gentilhomme du pays de Bretagne. Divisés en trois livres {ii}, dont cet extrait décrit notre alchimste (pages 290 vo‑294 vo) :

    « Celui duquel je parle est un gentilhomme, natif du royaume de Chypre, nommé Antonio Bragadino, vulgairement dit Bragadin, âgé d’environ quarante ou quarante-cinq ans, homme noir et de basse stature, vaillant et prompt en toutes ses actions, et qui a bien étudié ès {iii} langues grecque, arabesque, latine et italienne. C’estuy {iv} étant au royaume de Chypre en l’an mil cinq cent septante, lorsque le Grand Turc, avec une armée de trois cent mille hommes, le conquit sur les Vénitiens, {v} se montra si vaillant et courageux à la défense de sa patrie que les Vénitiens, après la perte de leur royaume, le menèrent à Venise, où ils lui départirent quelque office de la chose publique afin de lui donner moyen de vivre. Mais peu de temps après, advint qu’étant atteint et convaincu d’un homicide, fut par la Seigneurie banni perpétuellement de leur État. Lui, se voyant ainsi confiné en exil, se retira en un lieu fort solitaire, où il passa quelques années à étudier la philosophie ; puis, sortant de ce pays, passa en France, retourna en Italie, suivit les cours de divers princes. Finalement, se vint retirer entre les terres du duc de Mantoue, et celles des Vénitiens ; où étant, passa encore un an à chercher la pierre philosophale. Quelques-uns m’ont dit, étant à Venise et à Mantoue, qu’il s’était accosté d’une manière d’ermite qui se tenait au dit lieu, lequel avait la réputation de souffler comme les autres, mais non d’avoir atteint la perfection que tant de milliers d’hommes ont désiré avoir ; toutefois, on croit maintenant qu’il l’avait acquise et qu’à sa mort, il déclara son secret tant caché à ce gentilhomme chyprien qui était jà parvenu à quelque haut degré de cette admirable science. » {vi}

    1. Jacques de Villamont (1558-1628 ?).

    2. Paris, Claude de Monstr’œil et Jean Richer, 1595, in‑8o de 623 pages.

    3. « dans les ».

    4. « Celui-ci ».

    5. V. note [37] du Naudæana 3, pour le siège et la prise de Chypre en 1571, défendue par le général Marcantonio Bragadin, auquel Antonio Bragadin pouvait être apparenté (à moins qu’il ne s’agît d’un imposteur).

    6. Le récit de Villamont détaille ensuite les aventures de Bragadin, sans mettre en doute ses talents et en s’arrêtant avant son séjour fatal en Bavière.

36.

« elles tombent en un délire mélancolique, sentant l’aiguillon de la chair et, à dire le vrai, c’est d’un remède charnel qu’elles ont besoin pour en guérir entièrement ».

V. notes :

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 34‑35).

37.
« Les membres charnus font l’agrément du devoir de la chair. »

Gaius (ou Cnæus) Cornelius Gallus (69-26 s. av. J.‑C.), premier préfet d’Égypte, favori de l’empereur Auguste et ami de Virgile, a aussi composé des vers dont il ne subsiste rien. Ce qu’on appelle son Elegiarum libellus [Petit livre d’élégies] (v. note [10], lettre de Samuel Sorbière, datée du 15 octobre 1646) a été composé par Maximianus (Maximian) poète érotique latin du vie s., dont on ne sait à peu près rien.

Ce vers isolé, tiré de la première élégie, intitulée Senectutis descriptio [Description de la vieillesse], devient moins licencieux qu’il n’y paraît quand on le replace dans son contexte, où le poète se rappelle les goûts de sa jeunesse amoureuse :

Sic cunctis formosus ego, gratusque videbar
Omnibus, et sponsus sic generalis eram.
Sed tantum sponsus : nam me natura pudicum
Fecerat, et casto pectore durus eram.
Nam dum præcupuæ cupio me jungere formæ,
Permansi viduo frigidus usque toro.
Omnis fœda mihi, atque omnis mihi rustica visa est,
Nullaque conjugio digna puella meo.
Horrebam tenueis, horrebam corpore pingueis :
Nec mihi grata brevis, nec mihi longa fuit.
Cum media tantum dilexi ludere forma :
Major enim mediis gratia rebus inest.
Corporis has nostri mollis lascivia partes
Incolit : has sedes mater amoris habet.
Quærebam gracilem, sed non quæ macra fuisset :
Carnis ad officium carnea membra placent.
Sic quod in amplexu delectat stringere corpus,
Ne lædant pressum quælibet ossa latus
.

[Voilà comme j’étais : toutes me trouvaient beau, me chérissaient et m’auraient voulu pour époux ; mais pas question de cela, car la nature m’avait fait chaste et j’étais un homme âpre au cœur pur. Ne désirant alors m’unir qu’à une beauté parfaite, je demeurais si froid que ma couche restait vide. Toutes les jeunes filles me semblaient laides, toutes grossières, et aucune digne de s’unir à moi. J’avais en horreur les corps maigres, comme les gras ; pour la taille, je ne prisais ni les petites ni les grandes. Je me régalais seulement de la beauté intermédiaire : la plus grande grâce appartient à ce qui est moyen. Une molle lascivité habite ces parties de notre corps : c’est là que réside la mère de l’amour. Je cherchais une femme svelte, mais qui ne fût pas maigre : les membres charnus font l’agrément du devoir de la chair. Voilà ce qu’un corps prend plaisir à serrer dans l’étreinte et un corps que l’on presse avec délices dans ses bras, sans que quelque os ne le moleste en lui comprimant le flanc].

38.

V. note [7], lettre 26, pour le maréchal-duc François-Annibal d’Estrées, ambassadeur de France à Rome de 1636 à 1642.

Menagiana (Paris, 1715), tome 3, pages 232‑233 :

« La Callipédie de M. Quillet, déguisé sous le nom de Calvidius Lætus, {a} est un très beau poème latin. Quelque mécontentement qu’il eut fit qu’il y inséra quelques vers contre M. le cardinal Mazarin et sa famille. Il fit imprimer ce livre en Hollande. Le cardinal l’ayant su, fit avertir M. Quillet de lui venir parler ; mais au lieu de lui témoigner du ressentiment, il se plaignit seulement avec douceur de ce qu’il l’avait si peu ménagé dans ce poème. “ Vous savez, ajouta-t-il, qu’il y a longtemps que je vous estime et si je ne vous ai pas fait du bien, c’est que des importuns m’obsèdent et m’arrachent les grâces ; mais je vous promets que la première abbaye qui vaquera sera pour vous. ” M. Quillet, touché de tant de bonté, se jeta aux genoux du cardinal, lui demanda pardon et promit de corriger son poème de telle manière qu’il en serait content ; le suppliant dès lors de vouloir bien souffrir qu’il le lui dédiât ; ce que le cardinal lui permit. En effet, il fit imprimer cette seconde édition corrigée in‑8o à Paris en 1656 et la dédia à M. le cardinal qui, peu de temps auparavant, lui avait donné une abbaye considérable, dont la mort l’empêcha de jouir longtemps. La première édition de ce livre, qui est la plus rare, est imprimée in‑4o à Leyde en 1655. Celle de Paris est plus ample. Voici, touchant le cardinal Mazarin,les principaux endroits retranchés dans l’édition de Paris.

Livre 4, parlant des Italiens :

Quid quod adulatrix formas se vertit in omnes,
Natio servitio repens, magnatibus astans,
Subdola, lucro inhians, si jusseris ibit in orcum,
Italus efuriens, crimen nec respuet ullum
. {b}

Et parlant des Français :

Quid loquar ut blande Galla excipiatur in aula,
Advena, Trinacriis etiam devectus ab oris ?
Gallia in externos nimia bonitate redundat.
Imo alienigenis prava ratione regendam,
Se tradit plerumque, suumque in gloria robus
Subjicit hospitibus longinquo e littore fusis
. {c}

Et encore dans le même livre :

Scilicet indoctos animos, ignavaque Regum
Corda fovent prava sontes ratione Ministri,
Utque suum fervent regnum, regna omnia perdunt.
Fors erit ut nostri pulcherrima gloria sæcli,
Celtarumque insigne decus, Rex munere Divum
Editus, et fati Lodoicus cura potentis,
Discussis quondam nebulis, diffundat ubique
Ingenitum jubar, et proprio se lumine promat :
Sic sæpe obscuræ denso velamine nubis
Obsitus et tetra pressus caligine Titan
Nativo demum radiantis acumine lucis ;
Nubila perrumpit Victor, seque asserit orbi.
Spledidus et toto rutilans spatiatur Olympo
. {d}

Cette prophétie par laquelle finit la Callipédie dans l’édition de Leyde, et qui est retranchée dans celle de Paris, s’est accomplie à la lettre après la mort du cardinal Mazarin. » {e}


  1. V. note [6], lettre 433 pour la Callipædia Læti Calvidii (Leyde, 1655 et Paris, 1656), seul ouvrage qu’ait publié Claude Quillet.

  2. « Que dire d’une complaisante Nation qui adopte toutes les formes ? Elle rampe dans la servitude, elle résiste aux princes, elle convoite avec avidité les fourberies lucratives, elle ira en enfer si tu le lui ordonnes. L’Italien est affamé, et il ne rejette aucun crime. »

  3. « Que dirai-je de l’étranger que la cour de France accueille agréablement, même venu des confins de la Sicile ? La France déborde de bonté envers ceux qui arrivent du dehors. Pour de méchantes raisons, elle va jusqu’à se laisser gouverner par eux, et elle tire gloire de soumettre sa puissance à des pèlerins qui ont été chassés de leur lointain rivage. »

  4. « Sans doute advient-il que, pour de méchantes raisons, de fâcheux ministres secondent les esprits incultes et les cœurs indolents de rois qui, pour préserver leur royaume, l’aliènent tout entier. Peut-être que la plus belle gloire de notre siècle et l’insigne ornement des Celtes, {i} ce roi que nous a donné la faveur des dieux, Louis par la bienveillance du sort tout-puissant, une fois qu’il aura dispersé les brumes, répandra partout son éclat inné et brillera de sa propre lumière. Titan, {ii} ainsi couvert de l’épais voile d’une obscure nuée, oppressé par sa hideuse noirceur, dardera enfin son lumineux rayon : victorieux, il déchirera les nuages, splendide, il conquerra le monde, et brillant de tous ses feux, il étendra son pouvoir sur l’Olympe entier. »

    1. Métaphore des Français.

    2. Nom poétique du Soleil.

  5. V. notes [6] et [7], lettre 683, pour la prise du pouvoir par Louis xiv en mars 1661, immédiatement après la mort de Mazarin.

39.

Bayle a consacré un article de quatre pages et demie à Daniel L’Ermite (Eremita ; Anvers 1584-Livourne {a} 1613). En voici l’essentiel du corps, sans les longues et nombreuses notes qui détaillent les turpitudes de son existence débauchée :

« Secrétaire du duc de Florence, {b} était une assez bonne plume ; mais ses mœurs et sa conduite ne répondaient point à la profession des belles-lettres à laquelle il s’était voué. Scaliger avait conçu assez d’estime pour lui, et l’avait fort recommandé à Casaubon ; de quoi il se repentit peu après, ayant vu que ce jeune homme s’était fait catholique. Casaubon a parlé assez amplement de cette aventure. Ce changement de religion n’empêcha pas que L’Ermite ne conservât de bons sentiments pour Scaliger. {c} Il le témoigna publiquement après même que Scaliger fut mort, car il écrivit pour lui contre le terrible Scioppius. {d} Il s’en trouva mal : Scioppius le réfuta à sa manière, c’est-à-dire en publiant mille contes diffamatoires concernant la vie de Daniel L’Ermite. Celui-ci mourut de la vérole à Livourne l’an 1613. Quelques-uns aiment mieux dire qu’on l’empoisonna. Il avait du penchant à la médisance, et il le fit connaître par ses relations d’Allemagne. {e} […] On imprime à Utrecht quelques opuscules de Daniel L’Ermite, entre autres le traité de aulica et civili Vita. Ils étaient manuscrits dans la bibliothèque du duc de Florence, et l’on y doit renvoyer l’original après que l’édition sera faite. M. Grævius réfutera dans la préface les médisances de Scioppius. » {f}


  1. Livourne (Livorno), sur la mer de Ligurie, est le plus important port de Toscane.

  2. V. note [9] du Borboniana 9 manuscrit pour Ferdinand ier de Médicis, grand-duc de Toscane de 1587 à 1609. L’Ermite servit aussi sous Cosme ii (v. 4e référence, note [5] du Naudæana 2), fils aîné et successeur de Ferdinand.

  3. Les notes B et C de Bayle détaillent les lettres de Joseph Scaliger et d’Isaac Casaubon sur ces sujets. Il ne subsiste rien des correspondances que ces deux savants ont échangées avec L’Ermite.

  4. V. notes [14], lettre 79, pour Scioppius (Caspar Schoppe), et [10], lettre 104, et ses invectives contre Scaliger.

  5. L’Iter Germanicum, sive Epistola ad Equitem Camillum Guidum, scripta de Legatione ad Rodolphum Cæsarem Aug. et aliquot Germaniæ Principes [Voyage d’Allemagne, ou Lettre écrite au chevalier Camillus Guidus sur l’ambassade auprès de l’auguste empereur Rodolphe et de quelques princes allemands] est l’un des opuscules du livre cité dans la notule {f} qui suit.

  6. Dan. Eremitæ aulicæ vitæ ac civilis libri iv. Ejusdem Opuscula varia : quorum syllabus exhibetur post Præfationem Joannis Georgii Grævii.

    [Quatre livres de Daniel L’Ermite sur la vie aulique et civile, {i} avec ses divers opuscules, {ii} dont Joannes Georgius {iii} Grævius présente la liste est dans sa préface]. {iv}

    1. À la cour des princes et à la ville.

    2. Au nombre de cinq.

    3. Johann Georg Grævius (1632-1703), philologue allemand.

    4. Utrecht, Guilielmus Broedelet, 1701, in‑8o de 427 pages.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

40.

Charles (ou Charles-François) Talon (mort en 1651), docteur en théologie, était prieur de Bonny et Onzoir-sur-Loire, curé de Saint-Gervais (en 1620) et grand vicaire de l’archevêque de Paris (Jean-François de Gondi, oncle du coadjuteur, le futur cardinal de Retz).

V. notes :

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 36).

41.

« Voyez cette déclaration d’Edmond Richer, obtenue de force par le cardinal, qu’il a signée le 7 décembre 1629, devant les notaires parisiens Coustart et Jutet, en présence de Charles Talon et du P. Joseph, capucin : elle est dans l’appendice du testament du dit Richer, publié à Paris en 1630, pages 3‑4, avec d’autres traités que l’auteur avait précédemment publiés en 1622, in‑4o, contre André Du Val, son collègue de Sorbonne. »

42.

Jacques Du Breul (Paris 1528-ibid. 1614), moine bénédictin reçu au noviciat en 1549, officia dans diverses abbayes françaises, mais principalement à Saint-Germain-des-Prés. Le Patiniana citait son édition des :

Sancti Isidori Hispalensis Episcopi, Opera omnia quæ extant : Partim aliquando virorum doctissimorum laboribus edita, partim nunc primum exscripta, et ad venustissima Pauli Petavij, Papiri Massoni, et alior. exemplaria, accuratius quam antea emendata : per Fratrem Iacobum Du Breul monachum sancti Germani a Pratis. Editio postrema auctior et correctior. Indices Auctoritatum sacræ Scripturæ, Rerumque ac verborum, ad calcem totius Operis habentur.

[Toutes les Œuvres connues de saint Isidore, évêque de Séville : {a} en partie déjà mises au jour par les travaux de très savants hommes ; en partie transcrites pour la première fois et corrigées plus soigneusement qu’auparavant d’après les exemplaires de Paul Petau, {b} de Papire Masson {c} et d’autres. Par le frère Jacques Du Breul, moine de Saint-Germain-des-Prés. Dernière édition revue et augmentée. Les index des passages de l’Écriture sainte, des matières et des mots se trouvent à la fin de l’ouvrage]. {d}


  1. V. note [22], lettre 101.

  2. V. note [13], lettre 238.

  3. V. note [7], lettre 16.

  4. Cologne, Antonius Hierat, 1617, in‑fo de 631 pages.

L’Epistola [Épître dédicatoire] à son mécène, le R.P. Marian de Martimbos, abbé de Saint-Michel-en-l’Herm (Poitou) contient en effet cette assertion (page † 3 vo) :

Sicque per eum floruit alma fides. Quam eius successor longe dissimilis, corrumpere nisus est : ut his verbis declarat Tudensis. Successit (inquit) beatissimo Isidoro Theodiscus, natione Græcus, varietate linguarum doctus, exterius locutione nitidus, verius autem (ut exitus demonstravit) sub ovina pelle lupus voracissimus. Nam libros quosdam Isidori de naturis rerum, et arte medicina, necnon de arte notoria, antequam in publicum venirent, corrupit, resecans vera, et inserens falsa : atque per quendam Arabem, nomine Avicennam, de Latino in Arabem transtulit.

[Une féconde foi s’est épanouie grâce à lui ; {a} mais son successeur, fort différent de lui, s’est efforcé de la corrompre, comme Tudense le déclare par ces mots : « Au bienheureux Isidore (dit-il), succéda {b} Theodiscus, Grec de nation, instruit en diverses langues et s’exprimant avec élégance, mais en vérité (comme la suite de l’histoire l’a démontré) un loup extrêmement vorace sous une peau de brebis. » Avant qu’ils ne soient publiés, il gâta en effet certains livres d’Isidore qui traitaient d’histoire naturelle, de médecine et aussi d’art notoire, {c} en en ôtant des vérités et en y ajoutant des faussetés ; et il les fit traduire du latin en arabe par un Arabe du nom d’Avicenne]. {d}


  1. Grâce à Isidore.

  2. En 636.

    V. notule {b}, note [10], lettre latine 56, pour Lucas Tudense (Luc de Tuy), évêque et historien espagnol du xiiie s., qui a inventé le malfaisant personnage de Theodiscus (Teodisclo).

  3. « Moyen superstitieux par lequel on promet l’acquisition des sciences, par infusion et sans peine, en pratiquant quelques jeûnes et en faisant certaines cérémonies inventées à ce dessein » (L’Encyclopédie).

  4. V. notes [10] et [11], lettre latine 56, pour d’autres remarques sur l’attribution douteuse de l’opus medicum Avicennæ [œuvre médicale d’Avicenne (v. note [7], lettre 6)] à saint Isidore et sur la fable des deux Avicenne.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 39‑40).

43.

« Voyez là-dessus l’apologie de René Moreau au sujet de Brissot, page 13, et Pierre du Châtel dans ses Vies de médecins, page 136. »

44.

« Il a laissé quantité d’écrits, tant publiés qu’inédits. »

V. note [2], lettre 593, pour Lucas Holstenius.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 41).

45.

« Affligé de la maladie qui est fatale aux gens d’étude, un énorme amas de calculs, semblable à un rocher, s’était formé dans les reins et lui avait ruiné l’estomac en en obstruant les orifices » : transcription mot pour mot de l’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou (Thuanus, livre cix, règne de Henri iv, année 1594). Trouvant sans doute l’explication médicale aussi improbable qu’incompréhensible, l’édition française (Thou fr, volume 12, pages 198‑199) l’a abrégée en :

« Il mourut le 1er de décembre de la maladie ordinaire aux gens de lettres, je veux dire de la pierre. »

V. note [5], lettre 181, pour Claude Dupuy (Puteanus) et ses deux fils, Pierre et Jacques, fondateurs de l’académie putéane, où se réunissaient la plupart de ceux qu’on a depuis appelés les libertins érudits de Paris.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 41).

46.

Curieux propos sur les balayeurs de Saint-Pierre de Rome ; n’ayant jamais voyagé aussi loin, Guy Patin (si c’est bien lui qui s’exprime ici) ne pouvait le tenir que d’un autre (sans doute Gabriel Naudé).

47.

Le Dictionnaire historique, ou mémoires critiques et littéraires, concernant la vie et les ouvrages de divers personnages distingués particulièrement dans la république des lettres de Prosper Marchand (1678-1756), qui est une suite du Dictionnaire de Bayle, a consacré un long article à Picatrix Hispanus (La Haye, Pierre de Hondt, 1759, in‑4o, tome second, pages 142‑145), dont voici le corps du texte, sans ses notes (où les curieux du sujet pourront puiser quantité de renseignements critiques complémentaires) :

« Auteur d’un recueil de superstitions ridicules et criminelles, que les uns regardent simplement comme un traité de magie naturelle, et les autres, comme un ouvrage de magie proprement dite. {a} La plupart de ceux qui en ont parlé le font espagnol, mais ils se trompent : c’était un Arabe et, si l’on peut faire quelque fonds sur les qualités qu’on lui attribue dans le titre de son ouvrage, c’était un philosophe fort célèbre et fort distingué, et un homme de beaucoup de lecture. Il a dû vivre au plus tard avant le milieu du xiiie s. puisque, vers ce temps-là, Alphonse x, roi de Castille, {b} à qui quelques auteurs ont attribué le recueil de Picatrix, fit traduire ce recueil d’arabe en espagnol. Divers auteurs en ont parlé, les uns sérieusement, les autres par manière de plaisanterie ; mais ce qu’ils en ont dit ne nous apprend guère à le connaître, et se réduit à bien peu de choses. Rien ne nous instruit mieux à cet égard que ce qu’en a dit l’auteur des Remarques sur les lettres de M. Bayle. » {c}


  1. Heinrich Cornelius Agrippa en a parlé dans deux de ses ouvrages : ses De occulta Philosophia libri tres [Trois livres sur la Philosophie occulte] (Lyon, Godefridus et Marcellus Beringus, 1550, in‑8o, pour l’une des nombreuses éditions), et son traité De Incertitudine Vanitate scientiarum et artium [Sur l’Incertitude et le mensonge des sciences] (Cologne, 1527, v. notes [13], lettre 126, et [44] du Naudæana 2).

    La magie naturelle traite « des secrets pour faire des choses qui sont produites extraordinairement par des causes naturelles, par l’invocation des bons anges » (Furetière). La magie proprement dite est la magie noire, qui « emploie l’invocation des démons, et se sert de leur ministère pour faire des choses au-dessus des forces de la nature » (ibid.).

  2. Alphonse x, dit le Sage, roi de Castille et de Léon, a régné de 1252 à 1284.

    Les biographies modernes identifient Picatrix à Malasma al-Mayriti, érudit andalou du xie s. Le titre arabe de son livre est Ghâyat al-hakîm [le But du sage].

  3. V. la note (B) de Marchand.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 42).

48.

De Orbis terræ concordia Libri Quatuor, multiiuga eruditione ac pietate referti, quibus nihil hoc tam perturbato rerum statu vel utilius, vel accommodatius potuisse in publicum edi, quivis æquus lector iudicabit. Gulielmo Postello Barentonio Mathematum in Academia Lutetiana professore regio, authore. Adiectæ sunt quoque Annotationes in margien a pio atque erudito quodam viro, ne delicatioris palati, aut iniquioris etiam iudicii aliquis, ut sunt fere hodie quamplurimi, offenderetur. Proinde ut pectore candido accipere, quæ in Eclesiæ misère adeo afflictæ utilitatem scribuntur, Lector velis, per Christum et animæ tuæ salutem obtestatum te volumus. Singulorum librorum argumenta sequenti mox pagina, capitum vero ac rerum catalogum ad libri calcem reperies.

[Quatre livres sur la Concorde de la terre entière, emplis d’érudition variée et de piété : tout lecteur impartial jugera que, dans l’état fort troublé où sont les affaires, rien de plus utile ou de plus opportun ne peut être publié. Par Guillaume Postel, natif de Barenton, {a} professeur royal de mathématiques en l’Université de Paris. On y a ajouté dans la marge les annotations d’un pieux et savant homme, afin qu’aucun de ceux qui ont le palais fort délicat ou le jugement fort injuste, comme il y en a beaucoup aujourd’hui, ne s’en offense. Ainsi donc désirons-nous, cher lecteur, au nom du Christ et du salut de ton âme, te convaincre de bien vouloir accepter d’un cœur candide ce qui est ici écrit contre l’utilité d’une Église qui est si malencontreusement affligée. Tu trouveras sur la page qui suit immédiatement les arguments de chaque livre, {c} et à la fin, la liste des chapitres et des matières]. {d}


  1. V. note [45] du Naudæana 4.

  2. Ce sommaire annonce quatre livres dont le deuxième :

    vita, educatio, moresque Muhamedis legislatoris Arabum, eiusque sectarorum traditur ; demum Alcoranum a capite ad calcem ex Arabico excutitur et refutatur.

    [relate la vie, l’éducation et les mœurs de Mohamed, législateur des Arabes et de ses autres sectateurs ; ensuite, il épluche le Coran de son début à sa fin et le réfute].

  3. Sans indication de lieu, d’imprimeur et de date, in‑fo de 427 pages, avec privilège de cinq ans accordé par l’empereur germanique et le roi très-chrétien.

Postel a aussi publié au moins trois autres curieux livres sur l’Islam :

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 43).

49.

« “ Un juge qui a la bouche tordue sera blâmé. ” Verdun avait joui d’une immense réputation à Toulouse, mais son renom fut bien moindre à Paris, ce qui est surprenant ! Sur accord unanime, il avait bien mérité cet honneur avant de l’obtenir, après qu’il l’eut obtenu, il en a tiré moindre gloire. Gramond, Historiæ Galliæ, page 19. »

V. note [11], lettre 84, pour Gabriel Barthélemy de Gramond et les 18 livres de ses « Histoires de France » (Toulouse, 1643) ; la citation du Patiniana abrège celle du livre i (pages 19‑20) :

Harleo senatus Parisiensis principatu gloriose, diuque functo, senectute tum gravi et invalido, substitutur Verdunus, Tolosani senatus princeps, cui apud Tolosates fama ingens, minus Lutetiæ nomen fuit, per maius officium, quod obstupescas. Lubrica est via per honores, et plerumque fallax ; adeo ut quandoque referre gradum dici possit qui progreditur. Omnium calculis meruerat eam dignitatem Verdunus ante quam obtineret ; postquam obtinuit, minus valuit fama.

[À Harlay, {a} devenu impotent et croulant sous le poids des ans, après avoir glorieusement et longtemps rempli la charge de premier président du Parlement de Paris, succéda Verdun, {b} premier président du parlement de Languedoc. Il avait joui d’une immense réputation à Toulouse ; mais son renom fut bien moindre à Paris, en cette très haute charge, et cela te surprend-il ? Le chemin qui conduit à la gloire est si glissant et parsemé de tant d’embûches qu’on peut dire que celui qui le parcourt rétrograde parfois. Aux suffrages de tous, Verdun avait bien mérité cet honneur avant de l’obtenir ; après qu’il l’eut obtenu, il en a tiré moindre gloire].


  1. V. note [19], lettre 469, pour Achille i de Harlay, premier président du Parlement de 1582 à 1616, année de sa mort, à l’âge de 80 ans. Le récit de Gramond est inséré dans l’année 1610 de ses Histoires.

  2. Nicolas de Verdun avait été reçu conseiller au parlement de Toulouse en 1553 ; après en être devenu premier président, il était monté au Parlement de Paris pour succéder à Harlay le 3 avril 1616 et devenir le plus haut magistrat de France. Il mourut le 16 mars 1627 sans descendance, en dépit de deux mariages (Popoff, no 49).

    Il avait la bouche « faite en paragraphe », c’est-à-dire tordue en forme de §, soit la probable séquelle d’une paralysie faciale périphérique (par atteinte du nerf crânien aujourd’hui numéroté vii, v. note [3] de l’Observation 20).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 33‑34).

50.

V. notes :

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 44).

51.

V. note [10], lettre 274, pour les écrouelles et leur heureuse propension à pouvoir guérir spontanément.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 51).

52.

Phlégon de Tralles (Trallianus), « qui fut un affranchi de l’empereur Hadrien », {a} a laissé plusieurs ouvrages en grecs. Le tout est contenu dans un recueil intitulé :

Antonini Liberalis Transformationum congeries. Phlegontis Tralliani de Mirabilibus et longævis Libellus. Eiusdem De Olympiis fragmentum. Apollonii Historiæ mirabiles. Antigoni Mirabil. narrationum congeries. M. Antonini Philosophi Imp. Romani, de vita sua libri xii. ab innumeris quibus antea scatebant mendis repurgati, et nunc demum vere editi. Græce Latineque omnia Guil. Xylandro August. interprete : cum Annotationibus et Indice.

[Collection des Transformations d’Antoninus Liberalis. {b} Le petit livre de Phlégon de Tralles sur les Merveilles et les longues vies. {c} Le fragment du même sur les Olympiades. Les Histoires merveilleuses d’Apollonius. {d} La collection des Narrations merveilleuses d’Antigone. {e} Les 12 livres de Marcus Antoninus, philosophe et empereur romain, sur sa propre vie, {f} purgés des innombrables fautes qui y pullulaient auparavant, et désormais publiés dans toute leur vérité. En grec et latin, entièrement traduits par Guilielmus Xylander, natif d’Augsbourg, {g} avec des annotations et un index]. {h}


  1. Au iie s., v. note [40], lettre 99.

  2. Antonius Liberalis, est un grammairien et mythographe d’expression grecque, qui a probablement vécu au iieiiie s. de notre ère ; cet ouvrage, intitulé Μεταμορφωσεον Συναγωγη (Métamorphôseôn Sunagôgê), est tout ce qu’on connaît de lui.

  3. Le texte latin de cet opuscule, qui irritait fort Guy Patin (mais tout de même pas au point de ne pas en parler), occupe les pages 69‑105. Ce passage (emprunté à d’autres faiseurs de mythes) sur Tirésias, devin aveugle de Thèbes (en Béotie), dans les Monstra sexuum [Monstruosités des sexes], donne une distrayante idée de ce que sont les futiles « Merveilles » de Phlégon (pages 85‑86) :

    Tiresiam Eumaris F. in Arcadia cum esset mas in monte Cyllene, serpentum, quos coire videbat, alterum vulnerasse : ilicoque mutato sexu, in feminam mutatum esse, ac cum viro concubuisse. Monitum autem oraculo Apollinis, ut cum coëuntes serpentes iterum depræhendisset, alterum itidem sauciaret, ita enim in pristinum sexum rediturum observata opportunitate, consilium Dei fuisse exsecutum, itaque recuperasse pristinam naturam.

    Porro Iove cum Iunone altercante, illoque contendente plus voluptatis e re venerea feminas percipere quam viros, Iunone contrarium asserente : placuisse, ut accitus ea de re pronunciaret Tiresias, utpote utrunque sexum expertus. Hunc interrogatum respondisse : decem in partes voluptate ista divisa, una viro, novem mulieri obtingere. Iunonem iratam, eum oculis confossis excæcasse : Iovem ei vaticinandi artem dono dedisse, et vitam vii seculorum
    .

    [En Arcadie sur le mont Cyllène, Tirésias, fils d’Eumaris, au temps où il était de sexe mâle, frappa deux serpents qu’il voyait s’accoupler. Il changea sur-le-champ de sexe ; transformé en femme, il coucha avec un homme. Cependant, un oracle d’Apollon l’avisa que s’il surprenait de nouveau des serpents en train de copuler, en les blessant tous deux de la même façon, il retrouverait son sexe d’origine. Quand l’occasion s’en présenta, il suivit le conseil du dieu et revint à son ancienne nature.

    Plus tard, il advint que Jupiter se querella avec Junon : le dieu prétendait que les femmes ressentent plus de plaisir que les hommes lors de l’acte vénérien, tandis que Junon soutenait le contraire. Ils eurent alors l’idée de faire venir Teresias pour recueillir son avis sur la question, puisqu’il avait eu l’expérience des deux sexes. Interrogé, il répondit que si on divisait cette jouissance en dix parts, l’homme en obtiendrait une, quand la femme en prendrait neuf. Irritée, Junon lui creva les yeux ; Jupiter lui conféra le don de prophétiser et de vivre pendant sept siècles].

    La partie sur les longues vies (pages 100‑105) est sous-titrée Qui ab annis c et iv usque ad cx protraxisse vitam annotati sunt [Ceux qui se sont signalés pour avoir vécu entre 100 à 104 ans et 110 ans].

  4. V. note [9], lettre 986, pour Apollonius de Tyane.

  5. Antigone de Caryste, écrivain grec du iiie s. av. J.‑C.

  6. V. note [1], lettre 671, pour l’empereur Marc-Aurèle (Marcus Aurelius Antonius) et ses 12 livres autobiographiques.

  7. Guilielmus ou Guillaume Xylander (Wilhelm Holtzman, Augsbourg 1532-Heidelberg 1576), humaniste et philologue allemand.

  8. Bâle, Thomas Guarinus, 1568, in‑8o de 344 pages.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 45).

53.

V. notes :

54.

« pour cette raison ».

Mû par son gallicanisme, et par sa haine des moines et des jésuites, Guy Patin a volontiers adhéré à certaines thèses protestantes, notamment dans ses lettres au calviniste Charles Spon, son meilleur ami (v. note [15], lettre 97) ; mais il n’a jamais laissé croire qu’il était disposé à abandonner le catholicisme.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 45‑46).

55.

« il a ébranlé le monde presque entier. »

56.

V. notes [49] du Procès opposant Jean Chartier à Guy Patin en 1653, et [2], [3] et [4] du Patiniana I‑4, pour Michel Servet, médecin visionnaire et hérétique chrétien, que Jean Calvin avait fait monter sur le bûcher à Genève en 1553.

57.

Le Patiniana donnait son nom espagnol, El Draque (surnommé El Dragon [Le Dragon]), à sir Francis Drake (Tavistock, Devon vers 1540-Portobello, Panama 1596), illustre corsaire, vice-amiral explorateur et politique anglais. Il repoussa l’invincible Armada en 1588 (v. note [8] du Borboniana 10 manuscrit), mais son exploit le plus célèbre fut d’accomplir la première circumnavigation dont le capitaine fût revenu vivant : parti de Plymouth pour y revenir aux deux dates ici indiquées par le Patiniana (à quelques jours près selon les historiens modernes).

Le Portugais Fernand de Magellan, parti de Séville le 10 ao*ut 1519, avait précédé Drake, mais il était mort en 1521 aux Philippines, laissant à son second le soin de continuer le voyage : Juan Sebastian del Cano (ou Elcano) n’était pas vénitien, mais espagnol, natif de Getaria (Pays basque), en 1476 ; de retour en Espagne le 6 septembre 1522, il périt en 1526 dans l’océan Pacifique lors d’un voyage ultérieur.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 46‑47).

58.

« Ô Drake, tu fais écrire “ Plus oultre ” sur les colonnes d’Hercule [v. note [19], lettre 901], et tu proclames “ Je serai plus grand que le grand Hercule ” !  Tu as parcouru le monde et ses bornes te connaissent : les deux pôles t’ont vu. Si les hommes taisaient ton renom, les étoiles le feraient connaître. Le Soleil ne saurait oublier celui qui est son émule. »

Ces vers figurent dans les Annales rerum Anglicarum et Hibernicarum regnante Elizabetha [Annales des affaires anglaises et irlandaises sous le règne d’Élisabeth] de William Camden (Londres, 1615, v. note [18], lettre 642), avec ce distique supplémentaire (première partie, année 1580, pages 308‑309) :

Digna ratis quæ stet radiantibus inclyta stellis ;
Supremo cœli vertice digna ratis
.

[Navire digne d’être à jamais illuminé par les astres rayonnants, de se tenir à jamais au plus haut du firmament].

Le poème est encadré par la narration du retour de Drake :

Regina benigne excepit, opes ut præsto essent, si Hispanus repeteret sequestrando seposuit, navem in monumentum orbis tam fœliciter circumnavigati, subduci iuxta Depsordiam ad Tamisum jussit (ubi ejus cadaver adhuc cernitur) et in ea insigni ceremonia memoriæ sacrata, epulata, Dracum equestri dignitate ornavit. Quo tempore pons contabulatus, quo in navem ascendebatur multitudini cessit, et simul cum c. hominibus cecidit, qui omnes tamen illæsi, ut vanis illa salutari syderum conspiratione constructa videatur. In Draci vero laudem hi die illo inter alios affixi erant malo versiculi, à Wintoniensis Scholæ alumnis conscripti […].

Sed hæc puerilia et ex vano hausta videantur, nec pro Historiæ gravitate. Nihil vero Dracum iam reversum magis solicitum habuit, quam quod primarij aliquot in Aula vri oblatum ab eo aurum respuerint quasi scelere piratico quæsitum. Vulgus hominum nihilominus admiratione et laudibus celebrarunt, qui non minus gloriosum existimarunt Anglicæ laudis terminos, quam Imperij promovisse.

Traduction de Paul de Bellegent (Paris, 1627, 2e partie, pages 463‑465) :

« La reine le reçut bénignement, fit requêter ces richesses pour les tenir prêtes si le roi d’Espagne les réclamait ; {a} commanda que, pour mémorial d’avoir heureusement contourné la terre, son navire fût tiré et mis à part près de Deptford sur la Tamise, où l’on en voit encore le corps. {b} Et après y avoir elle-même pris son repas et fait bonne chère, le consacra à la mémoire avec une grande et magnifique cérémonie, et honora Drac de la dignité de chevalier. Comme cela se faisait, un pont de planches, par lequel on montait dans le navire, fut écrasé par la multitude et tomba avec cent hommes qui, néanmoins, ne reçurent aucun mal, tellement qu’il semble avoir été bâti par une salutaire conspiration des astres. On afficha ce jour-là, contre le mât, entre autres vers faits à la louange de Drac, ceux-ci, qui furent écrits par les nourrissons de l’École de Winchester. {c} […]

Mais ces choses puériles semblent être puisées de la vanité, et indignes de la gravité de l’histoire. Au reste, rien ne travailla tant Drac que le refus, qui lui fut fait par les principaux de la cour, de prendre l’or et l’argent qu’il leur présenta, comme étant acquis de piraterie. Le vulgaire néanmoins le célébra avec admiration et louange, estimant qu’il n’y avait pas moins de gloire d’avoir avancé les bornes de la louange des Anglais, que ceux {d} de leur Empire. »


  1. La reine Élisabeth ire d’Angleterre et le roi Philippe ii d’Espagne.

  2. Golden Hind [La Biche dorée] était le nom du vaisseau de Drake. Il resta ancré pendant une centaine d’années à Deptford, arsenal militaire royal implanté sur la rive droite de la Tamise, qui fait aujourd’hui partie de Londres (district de Lewisham).

  3. Le toujours prestigieux Winchester College, fondé en 1382 par l’évêque de Winchester (dans le comté d’Hampshire), n’avait pas eu l’honneur de compter Drake parmi ses écoliers (« nourrissons »). Suit une traduction fort enjolivée des huit glorieux vers qu’ils avaient composés.

  4. Sic pour « celles ».

59.

« Cette histoire secrète contient quantité de choses contre Justinien ».

Nicolaus Alemannus (Niccolo Alamanni, Ancône 1583-Rome 1626), prêtre italien érudit en grec et en latin, bibliothécaire adjoint de la Vaticane, {a} a publié quelques ouvrages d’histoire religieuse, et a donné une édition des Histoires secrètes de Procope : {b}

Procopii Cæsariensis V.I. Ανεκδοτα. Arcana Historia, qui est liber nonus Historiarum. Ex Bibliotheca Vaticana Nicolaus Alemannus protulit, Latine reddidit. Notis illustravit. Nunc primum in lucem prodit triplici Indice locupletata.

[Anekdota du très illustre Procope de Césarée. Histoire secrète, qui est un neuvième livre de ses Histoires. {c} Nicolaus Alemannus l’a sorti de la Bibliothèque vaticane et l’a traduit en latin. Il l’a illustré de notes. Il paraît pour la première fois, enrichi d’un triple index]. {d}


  1. V. note [22], lettre 318.

  2. V. note [29], lettre 401.

  3. Elles comptent huit livres (v. note [1], lettre 536) ; le neuvième est posthume.

  4. Lyon, Andreas Brugiottus, libraire de Rome, 1623, in‑4o de 142 pages, grec et latin.

L’Index rerum [Index des matières] contient plus d’une page de renvois à Justinien le Grand, Justinianus Imperator Illyrice Vprauda [Justinien empereur, Uprauda en illyrien (albanais)], empereur byzantin et très illustre compilateur du droit romain au vie s. (v. note [22], lettre 224).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 47).

60.

V. supra note [44], pour Lucas Hostenius.

Contrairement à ce que le Patiniana laisse entendre, la seule réédition des parue au xviie s. a été purgée des multiples turpitudes dont la princeps romaine de Lyon {a} accablait l’épouse de Justinien : {b}

ανεκδοτα seu Historia Arcana Procopii Cæsariensis Nicolao Alemanno Defensore primum ex Biblioth. Vaticana prolata nunc plerisque in locis συγχρονων testimoniis falsitatis convicta a Ioanne Eichelio Franco Prof. Helmst. gemino indice locupletata.

[Anecdota ou Histoire secrète de Procope de Césarée, que Nicolaus Alemannus a publiée pour la première fois, tirée de la Bibliothèque Vaticane, mais que Ioannes Eichelius, professeur associé à Helmstedt, {c} a maintenant convaincue de fausseté en de très nombreux endroits, sur les témoignages de contemporains, enrichie de deux index]. {d}


  1. 1623, v. supra note [59].

  2. L’impératrice Theodora (Chypre vers 500-Constantinople 548) avait épousé Justinien en 525. Débauchée par sa mère dès le plus jeune âge, elle devint actrice de théâtre et se prostitua ; plus tard elle pratiqua la magie, commandita plusieurs homicides, encouragea les femmes à l’adultère, etc.

    Le lecteur curieux d’en savoir beaucoup plus peut consulter l’érudite édition bilingue (Paris, Firmin Didot frères et Friedrich Klincksieck, 1856, in‑8o de 967 pages) établie par François-André Isambert (1792-1857), en partant des pages de la Table des noms consacrées à Justinien et à Theodora.

  3. Johann Eichel von Rautenkron (1621-1688), professeur associé de deroit à Helmsted en 1653, puis titulaire de la chaire de Wolfenbüttel en 1656.

  4. Helmstedt, Henningus Mullerus, 1654, in‑4o de 171 pages (texte grec et latin) ; suivies d’une Imperatoris Justiniani Defensio adversus Alemannum… [Défense de l’empereur Justinien contre Alemannus…] de Thomas Rivius (111 pages, v. infra note [61]) et des Animadversiones [Remarques] d’Eichel (300 pages).

61.

Tous les juristes admirent à juste titre la contribution majeure de Justinien à la connaissance du droit romain (Digeste ou Pandectes, et Institutes). Outre Johann Eichel (Helmstedt, 1654, v. supra note [60]), plusieurs d’entre eux ont contesté l’édition des Anekdota de Procope donnée par Nicolaus Alemannus (Lyon, 1623, v. supra note [59]) ; le Patiniana en citait deux.

  1. Thomas Rivius (Ryves, Blandford, Dorset vers 1583-Londres 1652), J.C., Regis in Anglia Advocato [jurisconsulte, avocat du roi en Angleterre], est auteur de l’Imperatoris Justiniani Defensio adversus Alemannum [Défense de l’empereur Justinien contre Alemannus], parue pour la première fois à Francfort en 1628 et rééditée par Johann Eichel. {a} François i de La Mothe Le Vayer en a parlé dans la conclusion de son jugement sur Procope : {b}

    « Il était de Césarée en Palestine, d’où il vint à Constantinople dès le temps de l’empereur Anastase, de qui il se fit estimer, aussi bien que de Justin premier et de Justinien. […] Il est diffus, mais avec une abondance qui est plus asiatique qu’athénienne, ou qui a souvent plus de superfluité que de vrai ornement. Photius {a} n’a mis dans sa Bibliothèque, au chapitre soixante-troisième, que l’abrégé des deux livres de la guerre contre les Perses, quoiqu’il se soit souvenu des autres. Il le distingue ailleurs d’avec un autre Procope surnommé Gazeus, qui vivait au même temps de Justinien et qui était aussi rhéteur de profession. Que si j’osais suivre le jugement d’un des hommes de ce siècle qui a le plus de connaissance de la langue grecque, {b} je croirais volontiers avec lui que le livre des Anecdotes est un ouvrage supposé, et qu’on attribue faussement à l’historien Procope. Ce qui est véritablement de lui se voit écrit d’un style beaucoup différent de celui de cette satire, et qui a bien plus de l’air de l’ancienne Grèce. Mais parce que ceux-mêmes qui ont travaillé contre les Anecdotes, semblent demeurer d’accord qu’elles sont de celui à qui on les donne, j’ai été contraint d’y faire les réflexions précédentes, et de traiter Procope sur ce fondement plus désavantageusement que je n’eusse fait sans cela. Il est vrai qu’au même temps que j’achève cette section, une épître de Balthasar Boniface au clarissime Molini, dont je viens de faire lecture, m’empêche de me repentir d’en avoir usé de la sorte. Elle est imprimée à la fin de ses jugements sur ceux qui ont écrit l’histoire romaine. {c} Et parce qu’ils n’avaient point parlé des Anecdotes au chapitre de Procope, il prend sujet d’en déclarer son sentiment à ce seigneur vénitien dans la lettre que je dis. Certes, il n’a pas été moins touché que moi par une si insolente invective. Et il s’étonne, comme je viens de faire, que Rivius et ceux qui ont entrepris d’y répondre ne se soient point avisés de la considérer comme une pièce supposée, bien qu’il ne détermine rien pour ce regard, se contentant de déclarer combien elle est suspecte. »


    1. V. supra notule {d}, note [60].

    2. Jugement sur les anciens et principaux historiens grecs et latins, dont il nous reste quelques ouvrages (Paris, Augustin Courbé, 1646, in‑4o de 359 pages), pages 189‑191.

    3. Photios ier, patriarche de Constantinople au ixe s.

    4. Une note marginale indique François Guyet (v. note [3], lettre 997).

    5. Baldassare Bonifacio (Crema, Lombardie 1585-Koper 1659) : De Romanæ historiæ scriptoribus… [Les auteurs de l’histoire romaine…] (Venise, Ant. Pinellus, 1627, in‑4o).

  2. Le titre complet du second ouvrage est :

    Gabrielis Trivorii I.U. Doctoris et Historiographi Regii Observatio apologetica ad inscriptionem Orationis ad Antecessores Digestis Iustinini præpositæ. Adversus quosdam I.C. et Procopii Anecdota. Ubi etiam agitur de vera Francorum Origine a Gallis deducta, primis gestis, Monarchiæ fundamentis in Gallijs, atque interitu Imperij Occidentalis.

    [Observation apologétique de Gabriel Trivorius, docteur en l’un et l’autre droits, et historiographe du roi, {a} contre l’inscription placée en tête du Discours introductif au Digeste justinien. Contre certains jurisconsultes et contre les Anecdotes de Procope ; où il est aussi question de l’origine véritable des Français depuis les Gaulois, de leurs premiers accomplissements, des fondements de la monarchie en France, et de la chute de l’Empire d’Occident].


    1. Gabriel Trivoire (Trivoyre), docteur en droit civil et canonique, mort après 1646.

    2. Paris, Sébastien Cramoisy, 1631, in‑4o de 202 pages, orné d’un opulent frontispice représentant l’auteur, à genoux, le bras enchaîné à la Justice, qui remet à Louis xiii un exemplaire des Anecdotes ; v. note [5], lettre Borboniana 2 pour un extrait de ce livre qui condamne le livre de Procope contre Justinien.

62.

V. note [4], lettre 109, pour le triste destin de Giovanni Battista Cardan, fils de Jérôme (v. supra note [3]), qui composa, pour s’en consoler, les quatre livres « sur le Profit à tirer des malheurs » (Bâle, 1561), où il dit, dans sa préface, que le misérable fut décapité à Rome le 13 avril 1560.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 48).

63.

« Mademoiselle de G** » était Marguerite du Régnier, demoiselle de Guerchy, dont Guy Patin a conté la funeste relation avec le duc de Vitry (v. note [3], lettre 728) dans sa lettre à André Falconet du 25 juin 1660 (v. sa note [18]). L’affaire avait fait très grand bruit dans Paris ; convaincue d’être l’avorteuse, la sage-femme Marie Constantin fut pendue en août 1660 (v. note [2], lettre à Falconet du  629). En 1854, cette affaire fit l’objet d’un roman (v. note [7], lettre 621).

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

Dans la collection « Le Libertinage érudit au xviie siècle (Disciples et successeurs de Théophile de Viau) », Frédéric Lachèvre a donné une édition complète des Œuvres de Jean Dehénault [ou de Hesnault], Parisien (1611 ?-1682, le maître de Madame des Houlières), avec une riche notice biographique (Paris, Honoré Champion, 1922, in‑8o de 135 pages). Son poème de l’Avorton est transcrit pages xiiixiv, avec sa traduction latine (page 97). On y lit aussi (page xiv) la réplique anonyme qui suivit :

« Réponse de l’avorton à sa mère

Mère, qui veux cesser de l’être,
Qui détruis ton ouvrage, après l’avoir formé,
Et fais un sépulcre animé
du ventre où je devais naître,
Laisse-moi déplorer mon sort.

L’honneur, pour se venger, me fait sonner la mort.
Je m’ouvris, malgré lui, dans ton sein le passage.
Cet honneur offensé m’en punit à son tour,
Et me rend maintenant outrage pour outrage.
Et moi, qui l’ai détruit, me détruis à mon tour. »

L’immoralité de l’âme chez les « libertins érudits » est décidément une notion bien complexe !

64.

L’addition entre crochets est tirée du manuscrit de Vienne (page 50), pour combler le blanc laissé dans l’édition imprimée.

Redemptus (Racheté) Baranzanus est le nom latin de Giovanni Antonio (dit Redento en religion) Baranzano (Serravalle Scrivia, Piémont 1590-Montargis 23 décembre 1622), religieux barnabite (v. note [22], lettre 198) et philosophe péripatéticien, qui enseigna principalement à Annecy. Un « diable en procès » est un grand chicaneur.

Bayle a consacré un bref article à Baranzan, principalement fondé sur ce que François i de La Mothe Le Vayer {a} a dit de lui dans le passage de son Petit discours chrétien de l’Immortalité de l’âme. Avec le Corollaire, et un Discours sceptique sur la Musique. Seconde édition {b} sur la communication des morts avec les vivants (pages 94‑96) :

« À la vérité, ce Canius Iulius, que Sénèque nous représente pour l’un des plus grands courages qu’ait vu l’Empire romain, et qui philosophait même sur le dernier moment de sa vie, s’était engagé de venir instruire ses amis de ce qu’il aurait reconnu au-delà, et de l’état des âmes après leur séparation du corps ; {c} sans aucun effet néanmoins, ne s’étant trouvé personne qui ait donné depuis le moindre témoignage de son retour. Et pour parler de ce qui est de ma connaissance, le Père Baranzan, barnabite, que je puis mettre entre les premiers esprits de notre siècle, quand les ouvrages de sa jeunesse ne suffiraient pas pour cela, m’avait beaucoup de fois assuré, et toujours sous le bon plaisir de Dieu, que je le reverrais s’il partait le premier de ce monde, bien qu’il n’y ait pas satisfait, la providence en ayant autrement ordonné. Est-ce à dire pour cela qu’il ne soit rien resté d’eux que leurs cendres, et qu’il faille conclure là-dessus la mortalité de leurs âmes ? Il ne s’est point vu de plus vicieuse argumentation, ni de conséquence plus mal tirée. Et quant à moi, je n’ai jamais douté de la félicité de ce mien ami sur la connaissance que j’avais de ces bonnes œuvres ; je n’ai non plus jamais formé le moindre scrupule sur ce mauvais fondement de ne l’avoir point revu, ni mal pensé de l’immortalité de son âme pource qu’elle n’a pas exécuté une promesse conditionnée et faite comme en riant. »


  1. 1588-1672, v. note [14], lettre 172.

  2. Paris, veuve de Jean Camusat, 1640, in‑8o de 251 pages.

  3. Sénèque le Jeune, De la Tranquillité de l’âme, chapitre 14.

V. note [59] du Patiniana I‑3 pour un complément bibliographique sur Baranzanus.

65.

Célèbre volcan qui domine la baie de Naples, le Vésuve est entré en éruption du 16 décembre 1631 au 31 janvier 1632, égalant en destruction et en nombre de morts celle de l’an 69, qui avait coûté la vie à Pline l’Ancien (v. note [5], lettre 64), et emporté les villes d’Herculanum et Pompéi.

Cet article du Patiniana, qui figure dans le manuscrit de Vienne (page 50), cite trois ouvrages parus en 1632 sur ce sujet :

  1. Vesuvius ardens, sive Exercitatio Medico-Physica ad Ριγοπυρετον, Id est, Motum et Incendium Vesuvij montis in Campania, xvj. Mensis Decembris, Anni mdcxxxi. Libris ii. comprehensa. Vincentii Alsarii Crucii Genuen. In Romana Sapientia Medicinæ Practicæ Professoris, olim Gregorij xv. Medici et Cubicularij Secreti ; nunc Urbani Papæ viii Cubicularij ab Honore,

    [Le Vésuve ardent, ou Essai médico-physique sur la Fièvre frissonnante, c’est-à-dire le séisme et l’incendie du mont Vésuve en Campanie, le 16e de décembre 1631. Composé en deux livres par Vincentius Alsarius Crucius, natif de Gênes, {a} professeur de médecine pratique en La Sapienza de Rome, {b} naguère médecin et camérier particulier de Grégoire xv, {c} aujourd’hui camérier d’honneur du pape Urbain viii] ; {d}

  2. Discorsi della natura, accidenti, et pronostici dell’incendio del monte di Somma dell’anno 1631. del Dottor Antonio Santorelli, Primo Lettore di Medicina, e Filosofia nella Scola di Napoli…

    [Discours sur la nature, la survenue et le pronostic de l’incendie du mont Somma {e} en 1631, par le Docteur Antonio Santorelli, {f} premier lecteur de médecine et philosophie en la Faculté de Naples…] ; {g}

  3. Discours sur les divers incendies du Mont Vésuve et particulièrement sur le dernier qui commença le 16 décembre 1631. {h}


    1. Vincenzo Alsario Della Croce (vers 1576-après 1632).

    2. V. note [16] du Naudæana 2.

    3. V. note [3] du Naudæana 1.

    4. Rome, Guilelmi Facciotti, in‑4o de 327 pages ; v. note [19], lettre 34, pour Urbain viii.

    5. Autre nom du Vésuve.

    6. Antonio Santorelli (Nole, Piémont 1583-Naples 1653).

    7. Naples, Egidio Longo, 1632, in‑4o de 58 pages.

    8. Sans lieu ni nom, 1632, in‑8o de 37 pages, par Gabriel Naudé.

66.

« Les Opuscula moralia d’Augustinus Niphus ont été publiés à Paris chez Rolet Le Duc en 1645, in‑4o. »

V. note [7], lettre 108, pour les « Opuscules moraux » (Paris, 1645) d’Agostino Nifo (mort en 1538). Il était natif de Sessa Aurunca, ville de province de Caserte en Campanie. Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 50).

67.

« en Grande Grèce » : nom que les Grecs donnaient dans l’Antiquité aux côtes méridionales de la péninsule italienne, incluant la Campanie, la Calabre ou Lucanie, le Basilicate, les Pouilles et, officieusement, la Sicile.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 50).

68.

Ocelli Lucani de Universi Natura Libellus, Ludovico Nogarola Com. Veronensis interprete : xii. januarii m d lviii. Ejusdem Nogarolæ epistola de Viris illustribus genere Italis, qui Græce scripserunt.

[Le petit livre d’Ocellus de Lucanie sur la nature de l’Univers, {a} traduit par Lodovico Nogarola, comte de Vérone ; {b} lettre du même Nogarola, le 12 janvier 1558, sur les illustres Italiens,qui ont écrit en grec] {c}


  1. V. note [55], lettre 166, pour Ocellus de Lucanie, philosophe grec du vie s. av. J.‑C., et d’autres éditions de son traité (Paris, 1539, et Bologne, 1646).

  2. Lodovico (Ludovicus) Nogarola (1509-1559) se donnait le titre de comes [comte] de Vérone, sa ville natale. Il a aussi publié un Dialogus, qui inscribitur Timotheus, sive de Nilo [Dialogue intitulé Timotheus, ou sur le Nil] (première parution à Venise, 1552), et édité les œuvres complètes de Jérôme Fracastor (v. supra note [3]), parues pour la première fois à Venise en 1555.

  3. Venise Ioan. Gryphius, 1559, in‑4o de 61 pages, grec et latin ; nombreuses rééditions, dont certaines in‑8o.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits. Ana de Guy Patin : Patiniana I-2 (1701)

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(Consulté le 25/04/2024)

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