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Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑3 (1701)  >

Paris, 1701, pages 61‑90 [1]


1.

V. note [29], lettre 477, pour le véritable Sébastien ier, roi du Portugal et pour son règne tourmenté (de 1569 à 1578). Mort au Maroc lors de la bataille des Trois Rois, son cadavre ne fut pas certainement identifié. Son oncle, le cardinal Henri, lui succéda, mais son règne fut bref (1578-1580) et calamiteux, aboutissant à la prise du pouvoir par l’Espagne. Cette période fort troublée fit surgir quatre imposteurs qui prétendirent l’un après l’autre à la succession en se disant être Sébastien.

En 1598, Philippe iii (1578-1621) prit la succession de son père, Philippe ii, sur le trône espagnol. Née en 1601, Anne d’Autriche, future reine de France par son mariage avec Louis xiii (v. note [8], lettre 38), était fille de Philippe iii.

Au tout début du règne de Philippe iii, l’usurpateur calabrais dénommé Marco Tulio Catizone fit son apparition à Venise, d’où il fut rapidement chassé, pour être un peu plus tard arrêté à Florence et livré aux Espagnols. Le Patiniana renvoyait aux récits de deux historiens.

Cet article du Patiniana figure à la page 53 du manuscrit de Vienne (v. note [12] de l’Introduction aux ana de Guy Patin).

2.

L’Arrêt mémorable du parlement de Toulouse. Contenant une histoire prodigieuse d’un supposé mari, advenue de notre temps, enrichie de cent et onze belles et doctes annotations. Par M. Jean de Coras, {a} conseiller en la Cour et rapporteur du procès. Prononcé ès arrêts généraux le xii. septembre, 1560 {b} a relaté en grand détail la célèbre affaire d’Arnault du Tilh, soi-disant Martin Guerre, ainsi présentée dans l’Argument et sommaire du fait :

« Martin Guerre, du lieu d’Artigat en Gascogne, ayant une belle jeune femme, appelée Bertrande de Rols, s’en va à la guerre et demeure huit ans absent ; passés lesquels, Arnault du Tilh, soi-disant Martin Guerre, se présente aux sœurs, oncle et parents du dit Martin, ensemble à {c} ladite de Rols, femme ; qui tous, pour la raison de la grande similitude qui était entre lui et ledit Martin absent, et pour les véritables enseignes {d} qu’il donnait à chacun de toutes choses, facilement se persuadèrent qu’il est Martin Guerre, et pour tel le reçoivent ; et est reconnu de tous les habitants du dit Artigat, mêmement de ladite de Rols, avec laquelle il cohabite trois ans comme mari, et de ses œuvres a deux enfants. Après l’imposture quelque peu découverte, il est fait prisonnier par autorité du juge de Rieux {e} et enfin condamné à perdre la tête ; de quoi appelle au parlement de Toulouse, où il est amené et ouï, soutenant toujours qu’il était Martin Guerre, comme aussi faisaient faire les quatre sœurs et leurs maris, beaux-frères du dit Martin, ensemble trente ou quarante témoins ; mais parce que plusieurs autres au contraire l’assuraient être Arnault du Tilh, ou bien en doutaient, n’osaient affirmer ni l’un ni l’autre pour la ressemblance grande du prisonnier avec ledit Martin et du Tilh, la Cour était en merveilleuse perplexité. Et comme {f} on voulait juger le procès, Martin Guerre arrive ; lequel, néanmoins, confronté au dit du Tilh, demeure presque vaincu, tant mieux savait l’imposteur farder ses mensonges que l’autre, s’aider de la vérité. Dont les juges, encore plus incertains, font venir les sœurs et certains autres témoins, par lesquels le nouveau venu est remarqué et reconnu pour Martin Guerre, et l’imposture faite évidente. D’ores {g} s’en ensuit arrêt que ledit du Tilh sera pendu et son corps brûlé ; les enfants néanmoins procréés de ses œuvres et de ladite de Rols déclarés légitimes. À l’exécution duquel, ledit du Tilh, condamné, confesse au long l’imposture. » {h}


  1. Outre ses commentaires sur l’affaire Martin Guerre, qui a fait son renom, Jean de Coras (Réalmont, Tarn 1515-Toulouse 1572), a publié plusieurs ouvrages de droit.

  2. Paris, Galliot du Pré, 1572, in‑8o de 160 pages.

  3. Ainsi qu’à.

  4. Marques évidentes, preuves.

  5. Ancien évêché suffragant de Toulouse, aujourd’hui Rieux-Volvestre (Haute-Garonne).

  6. Au moment où.

  7. Présentement.

  8. Montaigne a évoqué l’affaire dans ses Essais (livre iii, chapitre 11).

3.

V. notes [9], lettre 40, pour Zaga-Christ, et [11], lettre 41, pour une légère variante de son épitaphe.

L’imposteur éthiopien a séjourné à Rome en 1634-1635, mais les biographies du carme Louis Jacob de Saint-Charles (né en 1608, v. note [5], lettre 108) datent son voyage en Italie de 1639.

4.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne : il copie mot pour mot de ce que Guy Patin a écrit à Charles Spon dans sa lettre du 8 janvier 1650 (v. ses notes [29], [30] et [31]).

5.

V. note [8], lettre 224, pour le jésuite Jean Adam et son prêche du 17 mars 1650 contre saint Augustin et les jansénistes. L’article suivant du Patiniana explique le bon mot sur les préadamites, que rapporte aussi le Menagiana (tome 3, page 69‑70) :

« Dans le temps qu’on parlait encore de cette ridicule opinion des préadamites, le Père Adam, jésuite, prêcha la Passion à Saint-Germain de l’Auxerrois. {a} Il fit dans son discours une comparaison fort odieuse des Parisiens avec les juifs qui avaient crucifié Notre Seigneur. Il compara la reine à la Vierge, et le cardinal Mazarin à saint Jean l’Évangéliste. {b} Ce sermon fut très mal reçu à la ville et à la cour. La reine en parla à M. le prince de Guéméné, et lui demanda ce qu’il en pensait : “ Madame, je suis préadamite ”, lui répondit ce prince. La reine lui demanda ce que cela voulait dire. “ C’est que je ne crois pas, Madame, lui répliqua-t-il, que le Père Adam soit le premier des hommes. ” » {c}


  1. Divergence avec le Patiniana sur la chaire ; mais Saint-Germain-l’Auxerrois est plus probable que Saint-Paul parce que cette église était la paroisse du Louvre et de la cour royale.

  2. Paris était alors dans l’émoi causé par l’arrestation des princes (Condé, Conti et Longueville), en janvier 1650, sur l’ordre de la reine et de Mazarin.

  3. Sans faire preuve de beaucoup d’esprit, Louis de Rohan (v. note [7], lettre 900), prince de Guéméné, se considérait d’un rang plus élevé que celui du P. Adam.

Cet article ne figure pas dans le manuscrit de Vienne, contrairement au suivant, qui s’y lit (pages 55‑56) et que j’ai déplacé, de la page 67 à la page 63 du Patiniana imprimé, parce qu’il traite aussi des préadamites.

6.

« Son livre a paru en 1655 à Amsterdam, in‑4o… Il déclarait appartenir à la secte calviniste. »

V. notes [1] et [3], lettre 93, pour Isaac de La Peyrère et ses anonymes Præadamitæ [Préadamites] (Amsterdam, 1655), dont Guy Patin a parlé à Charles Spon dès sa lettre du 14 septembre 1643.

Le manuscrit de Vienne (pages 55‑56, « Des préadamites ») introduit ainsi cet article :

« Saint Augustin ne veut pas croire qu’il y ait des antipodes {a} à cause que personne n’a passé de ce monde-ci par navigation in alium orbem veteribus incognitum, {b} ou bien que si par delà ce grand trajet de mers il y avait un monde, il faudrait que cet autre monde fût d’une autre création que celle d’Adam, et c’est l’opinion de M. Morisot, quam nihilominus chimericam esse puto ; {c} et néanmoins plusieurs choses pouvaient être dites sur cette nouvelle et curieuse opinion. »


  1. V. note [51] du Naudæana 2.

  2. « dans un autre monde inconnu des Anciens ».

    Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre xvi, chapitre 9 :

    Quod vero et antipodas esse fabulantur, id est homines a contraria parte terrae, ubi sol oritur, quando occidit nobis, adversa pedibus nostris calcare vestigia: nulla ratione credendum est. Neque hoc ulla historica cognitione didicisse se affirmant, sed quasi ratiocinando coniectant, eo quod intra convexa caeli terra suspensa sit, eumdemque locum mundus habeat et infimum et medium; et ex hoc opinantur alteram terrae partem, quae infra est, habitatione hominum carere non posse. Nec attendunt, etiamsi figura conglobata et rutunda mundus esse credatur sive aliqua ratione monstretur, non tamen esse consequens, ut etiam ex illa parte ab aquarum congerie nuda sit terra; deinde etiamsi nuda sit, neque hoc statim necesse esse, ut homines habeat. Quoniam nullo modo Scriptura ista mentitur, quae narratis praeteritis facit fidem eo, quod eius praedicta complentur, nimisque absurdum est, ut dicatur aliquos homines ex hac in illam partem, Oceani immensitate traiecta, navigare ac pervenire potuisse, ut etiam illic ex uno illo primo homine genus institueretur humanum. Quapropter inter illos tunc hominum populos, qui per septuaginta duas gentes et totidem linguas colliguntur fuisse divisi, quaeramus, si possumus invenire, illam in terris peregrinantem civitatem Dei, quae usque ad diluvium arcamque perducta est atque in filiis Noe per eorum benedictiones perseverasse monstratur, maxime in maximo, qui est appellatus Sem, quando quidem Iapheth ita benedictus est, ut in eius, fratris sui, domibus habitaret.

    Traduction de Jean-Joseph-François Poujoulat et de l’abbé Rault (1864-1872) :

    « Quant à leur fabuleuse opinion qu’il y a des antipodes, c’est-à-dire des hommes dont les pieds sont opposés aux nôtres et qui habitent cette partie de la terre où le Soleil se lève quand il se couche pour nous, il n’y a aucune raison d’y croire. Aussi ne l’avancent-ils sur le rapport d’aucun témoignage historique, mais sur des conjectures et des raisonnements, parce que, disent-ils, la terre étant ronde, est suspendue entre les deux côtés de la voûte céleste, la partie qui est sous nos pieds, placée dans les mêmes conditions de température, ne peut pas être sans habitants. Mais quand on montrerait que la terre est ronde, il ne s’ensuivrait pas que la partie qui nous est opposée ne fût point couverte d’eau. D’ailleurs, ne le serait-elle pas, quelle nécessité qu’elle fût habitée, puisque, d’un côté, l’Écriture ne peut mentir, et que, de l’autre, il y a trop d’absurdité à dire que les hommes aient traversé une si vaste étendue de mer pour aller peupler cette autre partie du monde ? Voyons donc si nous pourrons trouver la Cité de Dieu parmi ces hommes qui, selon la Genèse, furent divisés en soixante-douze nations et autant de langues. Il est évident qu’elle a persévéré dans les enfants de Noé, surtout dans l’aîné, qui est Sem, puisque la bénédiction de Japhet enferme en quelque sorte celle de Sem, {i} et qu’il doit habiter dans les demeures de ses frères. »

    1. V. notue {e}, note [13] du Traité de la Conservation de santé, chapitre iii.
  3. « que je tiens néanmoins pour chimérique. » V. note [19], lettre 80, pour Claude-Barthélemy Morisot et son Orbis maritimus [Monde maritime] (Dijon, 1643).

7.

En 1623, les prêtres de l’Oratoire de Jésus (oratoriens, v. note [1], lettre 29) avaient installé une de leurs communautés en l’église Notre-Dame-des-Vertus à Aubervilliers (dans la banlieue nord de Paris).

Isaac de La Peyrère avait suivi le Grand Condé à Bruxelles avant la parution de ses Préadamites ; sous la contrainte, il se convertit au catholicisme en 1656, mais « sans changer d’habit », c’est-à-dire sans renier sincèrement les thèses qu’il y avait défendues (v. notes [4], lettre 454 et [21], lettre 523).

Menagiana (tome 3, pages 67‑68) :

« Isaac de La Peyrère, de Bordeaux, est l’auteur d’un livre intitulé les Préadamites, où il prétend faire voir qu’Adam n’est pas le premier de tous les hommes. Ce bon homme demeurait en pension à Notre-Dame-des-Vertus chez les pères de l’Oratoire. Il était toujours entêté des préadamites, et apparemment qu’il est mort dans cette fantaisie. Il aurait été bien aise s’il avait su qu’il y a un rabbin qui a fait mention du nom du précepteur d’Adam ; {a} mais ce rabbin était un rabbin, et c’est tout dire. »


  1. Gilb. Genebrardi… Chronographiæ Libri Quatuor… [Quatre livres de Chronographie… de Gilbert Génébrard {i}…] (Paris, veuve de Martinus la Jeune, 1585, in‑fo), livre premier, page 5 :

    Adam humani generis Sator, parens arque origo. Unde de nomine speciei appellatus est. Nam Adam Hebraice hominem sonat. Cum prophani hunc primum esse hominem ignorarent, alii ut Aegyptii, se tredecim millium annorum historiam literis comprehensam habere finxerunt (Mela) et barbara quædam hominum nomina excogitarunt. Alii, ut Indii, ut ex ipsorum chronicis profert Hebræus Cozras, Adami patrem et præceptorem etiam nominarunt. Alii mundi æternitaem introduxerunt et rerum in illa æternitate gestarum memoriam obliteratam asseruerunt certis eluvionibus et exustionibus. Nos, quibus sacra historia innotuit, non solum primum hominem assignamus, sed ab illo etiam certam, rectam et perennem lineam, successionemque relictis cæteris ramis, deducimus.

    [Adam est le fondateur, le père et l’origine du genre humain, {ii} lequel a été nommé à son image car Adam, en hébreu, signifie l’homme. Puisque les profanes ignorent qu’il est le premier homme, d’autres que nous, comme les Égyptiens, ont imaginé dans leurs écrits que l’histoire couvre une période de treize mille années (Mela), {iii} et inventé certains noms barbares d’hommes. D’autres, comme les Indiens ainsi que l’Hébreu Cozras {iv} dit l’avoir tiré de leurs chroniques, ont même donné le nom d’un père et d’un précepteur d’Adam. D’autres encore ont énoncé l’éternité du monde et conclu que les inondations et les incendies ont effacé souvenir de ce qui s’est passé durant cette éternité. Quant à nous, instruits par l’histoire sacrée, nous reconnaissons non seulement Adam comme le premier homme, mais faisons partir de lui une lignée avérée, droite et perpétuelle, de laquelle sont issues les autres branches de l’humanité].

    1. V. note [7], lettre 308.

    2. Génébrard date très précisément la création du monde : 4 121 années, 6 mois et 16 jours avant la mort de Jésus Christ (vers l’an 30 de notre ère).

    3. Pomponius Mela, v. note [32], lettre 527.

    4. Chronographe hébreu auquel seul Génébrard semble s’être référé (sous ce nom du moins).

8.

« Parmi les ouvrages qui circulent sous le nom de Paracelse… des Hommes non adamiques ». Guy Patin a fait la même remarque sur ce traité, attribué à Paracelse, dans sa lettre du 14 septembre 1643 à Charles Spon (v. sa note [4]).

9.

« il y a deux animaux suprêmement menteurs, les herboristes et les chimistes. »

V. note [5] de la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 4 novembre 1650 pour une première mention de cet adage, auquel il a ajouté Iesuita [les jésuites] dans ses lettres du 4 août 1654 à Charles Spon (v. sa note [18]) et du 8 octobre 1655 à Claude ii Belin (v. sa note [5]). Il figure en bonne place dans les triades du Borboniana manuscrit (v. leur note [2]), mais ne vient pas du manuscrit de Vienne.

10.

« Je vais chanter les blêmes royaumes qui sont aux confins du monde éphémère. »

Tel serait le seul vers subsistant de la première ébauche latine de La Divine Comédie, mais je ne l’ai pas retrouvé dans la version de la Commedia : long poème en trois livres (L’Enfer, le Purgatoire, et Le Paradis), écrit entre 1300 et 1320, et rebaptisé Divina Commedia par Boccace (v. note [11] du Naudæana 3) qui a valu une immortelle célébrité à Dante Alighieri (Florence 1265-Ravenne 1321), surnommé « le père de la langue italienne ».

Dante eut une vie politique très active : membre du parti des guelfes blancs (v. notule {a}, note [31] du Naudæana 4), opposés à la papauté, il fut mis en procès pour prévarication et définitivement exilé de Florence en 1302. Après avoir séjourné dans diverses villes du nord de l’Italie et à Paris, il s’installa à Ravenne où il finit ses jours.

Draper (Furetière) :

« critiquer, censurer quelqu’un. Quand les auteurs écrivent les uns contre les autres, ils sont sujets à se draper. En ce sens, il vient d’un vieux mot français, drapier, qui signifiait pinceur, railleur, parce qu’on pinçait les draps en les préparant : de là vient qu’on a dit draper pour dire tourmenter quelqu’un par des railleries (Borel). {a} D’autres croient que ce mot vient de la Farce de Pathelin, {b} où l’avocat dupe un drapier en l’amusant de paroles. »


  1. V. note [35], lettre 387.

  2. V. note [19], lettre 203.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 54).

11.

Le tome ii des Elogia [Éloges] de Jean-Papire Masson (Paris, 1638, v. note [11], lettre 35) contient (pages 11‑222) les Vitæ Trium Hetruriæ Procerum, Dantis, Petrachæ, Boccacii [Vies des trois maîtres de Toscane, Dante, Pétraque, Boccace], dédiées ad Paschalem Serenissimum Venetorum Ducem [à Pascal Cicogna sérénissime doge de Venise (de 1585 à 1595)]. Celle de Dante Alighieri est la plus courte des trois (page 15‑30) et ne contient rien de très remarquable. Un paragraphe intitulé Quos libros exul scripserit [Les livres qu’il a écrits pendant son exil] énumère ses œuvres mineures, italiennes et latines : poèmes, lettres, cantiques, traités d’éloquence.

12.

« Quand il fait bien, personne ne fait mieux, quand il fait mal, personne ne fait pire » : v. note [16] du Patiniana I‑2 pour ce jugement de Cassiodore sur Origène.

Les « postures de l’Arétin » (v. note [26], lettre 405) sont ses Sonetti lussuriosi [Sonnets luxurieux], recueil de poèmes très crus, écrits en 1526 pour illustrer une série de gravures obscènes. Cet ouvrage rigoureusement interdit ne circulait que sous le manteau. Gallica en propose une édition bilingue (italien, français), non illustrée, parue à Paris en 1882.

Ouvrage d’un genre radicalement différent, Il Genesi di M. Pietro Aretino con la visione di Noe ne la quale vede i misterii del Tesatemento Vecchio et del Nuovo, diviso in tre libri (Venise, Francesco Marolini, 1538, in‑8o de 240 pages) a paru en français : Le Genèse [sic] de M. Pierre Arétin. Avec la vision de Noë, en laquelle il vit les mystères du Vieil et Nouveau Testament, divisé en trois livres. Nouvellement traduit de toscan en français (Lyon, Sébastien Gryphe, 1542, in‑8o de 253 pages).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 57).

13.

V. note [60] du Patiniana I‑1, pour Nicolas Franco.

Barberousse (Baba-Oruç, surnom turc de Hayreddin Pasha, Lesbos vers 1478-Istamboul 1546), d’abord corsaire au service des Turcs (qualifié de pirate par ses ennemis chrétiens), devint bey d’Alger (1518-1533), puis grand amiral (pacha) de la flotte ottomane, sous Soliman ier le Magnifique (Grand Seigneur de 1520 à 1556, v. note [35], lettre 547).

14.

« Si Lyra n’avait pincé sa lyre, personne n’aurait dansé contre la Bible » ; avec variantes du second vers de ce distique : Lutherus non saltasset [Luther n’aurait pas dansé], Totus mundus delirasset [Le monde entier aurait déliré].

Nicolas de Lyre (Nicolaus de Lyra, La Vieille-Lyre, Normandie 1270-Paris 1349), moine franciscain savant en hébreu (ce qui l’a fait dire juif), a laissé de volumineux commentaires latins, littéraux et moraux, de la Bible, connus sous le nom de Postillæ ou Postilles, « vieux mot qui se disait autrefois de ce qu’on écrivait à la marge, d’où est venu notre mot apostiller ; on s’est servi ordinairement de ce mot en parlant des notes marginales de la Bible, et ensuite des autres livres qu’on écrivait postérieurement [postilla ou postea en latin] au texte, où il y avait quelques omissions, corrections, ou quelques explications à faire » (Furetière).

Gallica présente deux éditions françaises des Postilles et expositions des épîtres et évangiles dominicales avec celles des fêtes solennelles, ensemble aussi des cinq fêtes de la glorieuse et très sacrée Vierge Marie. Et aussi la Passion de notre sauveur et rédempteur Jésus-Christ. Translatées de latin en français, à la vérité du texte des quatre Évangélistes, et selon les concordances des gloses et expositions de tous les saints et excellents docteurs de notre Mère sainte Église (Paris, Jehan Mourand, 1497, in‑fo et, avec un titre un peu différent, ibid. veuve de J. Trepperel et J. Jehannot, 1511-1519, in‑4o).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 55).

15.

Éphémérides ou Journal chronologique et historique, contenant succinctement les choses plus remarquables qui sont advenues de jour en jour, de mois en mois, et d’an en an, depuis le commencement des siècles jusqu’à l’année 1661 de celui-ci. Le tout extrait des Fastes tant sacrées que profanes les mieux dressées, et des Histoires et Chronologies des auteurs les plus approuvés, et divisé en deux parties, l’une d’hiver et l’autre d’été. {a} Par le R.P. Dom Pierre de S. Romuald, {b} religieux feuillant. {c}


  1. Semestres de janvier à juin et de juillet à décembre.

  2. Pierre Guillebaud de Saint-Romuald (1585-1667), entré chez les feuillants du monastère de Saint-Bernard à Paris, a publié plusieurs ouvrages d’histoire et de chronologie, dont un Hortus epitaphiorum selectorum, ou Jardin d’épitaphes choisies. Où se voient les fleurs de plusieurs vers funèbres, tant anciens que nouveaux, tirés des plus fleurissantes villes de l’Europe (Paris, Gaspard Meturas, 1666, in‑12, première édition en 1647 ; dédié à Gabriel Naudé), où ne figure pas celle de Nicolas de Lyre.

    La note [7] de la lettre 23 donne piètre idée de ses talents d’historien.

  3. Paris, François Clousier, 1662, in‑8o en 2 volumes.

Dans cette édition, la référence citée par le Patiniana est à la page 383 de la Partie d’été , pour la date du 23 octobre (imprimée 25) :

« L’an 1349, Nicolas de Lyra, glossateur de la Bible, cordelier, mourut à Paris au couvent de ceux de son Ordre, et fut inhumé dans le chapitre, où son tombeau se voir encore. »

16.

Par la protection du pape Paul iii (Alexandre Farnèse, v. note [45], lettre Naudæana 3), Giovanni Della Casa (Johannes Casa ou Jean de La Case ; Borgo San Lorenzo, près de Florence 1503-Montepulciano 1556) fut nommé archevêque de Bénévent en 1544 et, la même année, nonce apostolique à Venise. Il y vécut fastueusement, s’adonnant à l’écriture de traités laïques et de poèmes, tout en instaurant l’Inquisition et la censure des livres impies dans la République sérénissime. Son ouvrage le plus célèbre est le Galateo, publié en français sous le titre de :

Le Galatée, premièrement composé en italien par I. de la Case, {a} et depuis mis en français, latin, allemand et espagnol. Traité très utile et très nécessaire pour bien dresser une jeunesse en toutes manières et façons de faire louables, bien reçues, et approuvées par toutes gens d’honneur et de vertu ; et propre pour ceux qui, non seulement, prennent plaisir en la langue latine, mais aussi aux vulgaires, qui, pour le jourd’hui sont les plus prisées. {b}


  1. Traité que Casa a écrit en italien en 1551, mais qui a paru en 1558, après sa mort.

  2. Sans lieu, Jean de Tournes, 1609, in‑8o de 619 pages, dans le cinq langues annoncées par le titre.

Dans son article sur Casa, Prosper Marchand (Dictionnaire historique, La Haye, 1758, v. note [47] du Patiniana I‑2) le décrit comme « auteur italien du xvie siècle, assez et même trop connu du public, par tout ce qui a été dit de lui à l’occasion d’un ouvrage chimérique qui lui a été mal à propos attribué par une infinité d’écrivains indiscrets. »

Dans sa note A, Marchand intitule ce traité de Laudibus Sodomiæ seu Pederastiæ [des Louanges de la sodomie ou pédérastie] (prétendument imprimé à Venise, 1548 ou 1550) et affirme qu’il est purement fictif. Toutefois, il existe bel et bien un ouvrage intitulé Le terze Rime de Messer Giovanni Dalla Casa di Messer Bino et d’altri [Le triple Poème de Messire Giovanni Della Casa, de Messire Bino et d’un autre] (Venise, Curtio Navo et frères, 1538, in‑8o de 71 pages), composé de 12 Capitoli [Chapitres]. Le premier est intitulé Capitolo di Messer Giovanni Della Casa sopra il Forno [Chapitre de Messire Giovanni Della Casa sur le Four] ; c’est une pièce de 166 vers, où le bon archevêque de Bénévent, empruntant une métaphore boulangère, dit préférer le fornellino [petit four] des garçons au forno delle donne [four des femmes]. Marchand se voit donc contraint de conclure que :

« les défenseurs les plus zélés du Casa se sont vus réduits à la fâcheuse et mortifiante nécessité de ne pouvoir le justifier d’une accusation si odieuse qu’en reconnaissant, de bonne foi, qu’il n’en était pas absolument innocent ; que, bien qu’il ait osé le nier, il parlait pourtant dans son Capitolo del Forno de l’amour masculin avec quelque sorte de louange ; et que, quoiqu’il s’y déclarât préférablement pour le commerce des femmes, il y avouait néanmoins fort naturellement qu’il s’adonnait quelquefois, mais rarement pourtant, à celui des garçons. »

17.

Le manuscrit de Vienne (page 56) ne recourt pas à la litote pour parler de Giovanni della Casa :

« Il était grand sodomite. Voici ce qui est dit de lui in Confutatione fabulæ Burdonum, pag. 360 : Ioannes Casa Archiepiscopus Beneventanus Etrusco carmine pæderastiam celebravit, et cum hoc nomine male audiret, id Jambo Iabis frigido et illepido ad Germanos excusam conatus est, sed frustra. »

V. note [10], lettre 104, pour la Burdonum fabulæ Confutatio [Réfutation de la fable des Burdon] de Joseph Scaliger (sous le pseudonyme de Iohannes Rutgersius), pour défendre son nom, qui est à la fin des Satiræ duæ [Deux satires] attribuées à Daniel Heinsius (v. note [4], lettre 53). Dans la réédition de Leyde (Isaac Elsevier, 1617, in‑12), la page 360 contient ce propos :

Iosephus olim juvenis vertit Iambum Tibulli duobus aut tribus locis obscœnum. Et hoc quoque magnum flagitium est, alienos potius versus licentiores vertere, quam proprios edere, quod fecerunt Iohannes Casa, et Petrus Bembus, ambo Ecclesiastici ordinis, quorum alter Archiepiscopus Beneventanus, alter cardinalis. Hic Etrusco carmine pederastiam celebravit, et quum hoc nomine male audiret, id Iambo satis frigido et illepido ad Germanos excusare conatus est, frustra. Petrus autem Bembus elegiaco eam partem corporis humani celebravit, sine qua nulla obscœnitas foret. Legatur eius Elegia, cujus initium :

Ante alias omnes, meus hic quas educat hortus
Una puellares allicit herba manus.

Quod poema merito vocare possis obscenissimam elegantiam, aut elegantissimam obscenitatem. Unius et quadraginta distichorum est. Ut mirum sit, si Bembum tot sui versus non damnant, quare Iosephum tam pauci alieni non absolvant.

[Joseph, {a} dans sa jeunesse, a traduit les Ïambes de Tibulle {b} qui étaient obscènes en deux ou trois endroits ; mais y a-t-il plus grande infamie à traduire les vers fort licencieux d’un autre qu’à publier les siens propres, comme ont fait Johannes Casa et Petrus Bembus ? {c} Tous deux sont ecclésiastiques, l’un étant archevêque de Bénévent, et l’autre cardinal. Le premier a célébré la pédérastie dans un poème italien et, comme cela lui valait mauvaise réputation, il a vainement entrepris de s’en disculper dans d’assez froids et disgracieux Ïambes aux Germains. {d} Quant à Petrus Bembus, il a célébré dans une élégie cette partie du corps humain sans laquelle nulle obscénité n’aurait lieu d’être ; en voici le début :

Devant toutes les autres plantes qui poussent en mon jardin,
ce légume est le seul à attirer les mains innocentes
.

Voilà bien ce que tu peux appeler la plus obscène des élégances, ou la plus élégante des obscénités. C’est le quarante et unième de ses distiques. Étonne-toi donc que, si tant de ses vers ne condamnent pas Bembus, si peu de ceux d’un autre n’absolvent pas Joseph].


  1. Joseph Scaliger, fils de Jules-César (v. note [5], lettre 34).

  2. V. note [12], lettre 605, pour Tibulle et ses Élégies, que Joseph Scaliger (né en 1540) n’a pas traduites, mais corrigées (châtiées) dans l’édition latine qu’il en a donnée (Paris, 1577, v. notule {b}, note [35], lettre 97). On appelle ïambes une pièce de vers satiriques.

  3. V. remarque 1, note [67] du Naudæana 1, pour Pietro Bembo, qui fut célèbre pour son érudition et ses débauches avant de devenir cardinal en 1538.

  4. V. la notule 9, note A, de l’article que Prosper Marchand a consacré à Casa (v. supra note [16]).

18.

Laonicus Chalcondyles (Laonikos Chalconcondyles, Athènes 1423-en Italie vers 1490) a rédigé en grec une histoire de la chute de Constantinople {a} en dix livres, couvrant la période 1298-1463. Elle a été traduite et enrichie en français :

V. notes [43] et [45] du Borboniana 7 manuscrit pour l’édition de Philostrate sur la Vie d’Apollonius de Tyane par Artus et Vigenère (Paris, 1611). Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 56).

19.

« Les Épîtres de Pierre Martyr ont été imprimées en Hollande en 1670. »

protonotaire apostolique (Furetière) :

« officier de cour de Rome qui a un degré de prééminence sur les autres notaires. Il y a un Collège de douze protonotaires qu’on appelle participants, parce qu’ils participent aux droits des expéditions de la chancellerie. Ils sont mis au rang des prélats. Ils portent le violet, le rochet, et le chapeau avec le cordon et bord violets. Ils précèdent tous les prélats non consacrés. Ils assistent aux grandes cérémonies, et ont rang et séance en la chapelle du pape. Leur charge est d’expédier dans les grandes causes les actes que les simples notaires apostoliques expédient dans les petites, comme les procès-verbaux de prise de possession du pape. Ils assistent à quelques consistoires et à la canonisation des saints. Ils peuvent créer des docteurs et des notaires apostoliques pour exercer hors la ville. {a} Ceux qui sont hors ce Corps ne jouissent pas de ces privilèges, si ce n’est de l’habit. En France, c’est une simple qualité sans fonction qu’on obtient par un récrit du pape à fort bon compte. Les protonotaires ont été établis à Rome par le pape Clément ier {b} pour écrire la vie des martyrs. Ils servent aussi à rédiger par écrit ce qui se fait dans les consistoires publics. Les protonotaires participants ont séance devant les abbés et les autres, après. »


  1. Ailleurs qu’à Rome et sans les attributions et honneurs des « participants ».

  2. Quatrième pontife, à la toute fin du ier s.

Petrus (Pierre) Martyr est le nom latin de Pietro Martire d’Anghiera (Arona, Piémont 1457-Grenade 1526), écrivain et diplomate espagnol natif d’Italie (sa famille était originaire d’Anghiera dans le Milanais). Nommé protonotaire, il avait quitté Rome en 1487 pour se rendre en Espagne. Il y mena d’abord une carrière de précepteur à la cour royale, puis assura diverses missions diplomatiques et finit par être nommé, en 1518, dans la commission chargée de l’administration des Indes Occidentales espagnoles. Il est distinct du théologien protestant Pietro Martire Vermigli (v. note [3], lettre 659).

Anghiera a laissé trois décades de lettres de Orbe Novo [sur le Nouveau Monde] de grand intérêt sur la découverte (1492), l’établissement et la géographie du Nouveau Monde. Il en existe de nombreuses éditions latines, espagnoles ou françaises, isolées ou insérées dans des compilations sur le sujet. La première date de 1511. De manière quelque peu anachronique, le compilateur du Patiniana signalait leur intrigante réédition :

Opus epistolarum Petri Martyris Anglerii Mediolanensis, Protonorarii Apostolici, Prioris Archiepiscopus Granatensis, atque a Consiliis Rerum Indicarum Hispanicis, tanta cura excusum, ut præter styli venustatem quoque fingi possit vice Luminis Historiæ superiorum temporum. Cui accesserunt Epistolæ Ferdinandi de Pulgar Coætanei Latinæ pariter atque Hispanicæ cum Tractatu Hispanico de Viris Castellæ Illustribus. Editio postrema,

[Recueil des Lettres de Pierre Martyr d’Anghiera, {a} natif de Milan, protonotaire apostolique, premier < secrétaire > de l’archevêché de Grenade, et membre du Conseil espagnol des affaires indiennes. Il a été imprimé avec si grand soin que, outre la beauté du style, rien ne peut mettre mieux en lumière l’histoire des temps passés. On y a adjoint les Lettres de son contemporain Ferdinandus de Pulgar, présentées en latin et en espagnol, avec son Traité en espagnol des hommes illustres de Castille. {b} Ultime édition]. {c}


  1. Le volume contient 813 lettres en latin, datées de 1488 à 1525, distribuées en 38 livres ; il est dédié par Daniel Elsevier à Guillaume de Lamoignon ; {i} les catalogues attribuent l’édition scientifique de ce livre à Charles Patin, {ii} mais il ne l’a pas inclus dans sa liste bibliographique dressée en 1682. {iii}

    1. V. note [43], lettre 488.

    2. V. note [32], lettre 146, pour Charles Patin. Les Bibliothèques françaises de La Croix du Maine et de Du Verdier sieur de Vauprivas… (Paris, 1773) sont catégoriques sur ce point (tome cinquième, page 294) :

      « Les lettres de Pierre Martyr, fort curieuses pour l’histoire de son temps, et publiées en 1530 à Alcala, étaient devenues très rares ; elles furent réimprimées en 1670 par les soins de Charles Patin, à qui M. le premier président de Lamoignon avait fait présent de son exemplaire. »

      Sachant cela, en lisant l’Epistola à Lamoignon entre les lignes, on peut en effet se demander si Carolus (alors en exil sous le coup d’une condamnation aux galères perpétuelles) ne s’y est pas caché derrière la plume d’Elsevier.

    3. V. note [59] de son Autobiographie.
  2. Ces 31 lettres (traduites en latin par Julianus Magon, docteur en théologie et chanoine de Dole) et ces 26 courtes biographies en espagnol forment les œuvres complètes de Hernando del Pulgar (1436-1493), diplomate au service des souverains catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon.

  3. Amsterdam, Daniel Elsevier, 1670, in‑4o en trois parties de 486 pages (lettres de Martyr), et de 32 (lettres latines de Pulgar) et 62 pages (traité et lettres de Pulgar en espagnol).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 57).

20.

V. notes [3], lettre 929, pour la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, et [49] du Naudæana 2 pour l’influence de cet événement sur le « rétablissement » (la renaissance) des belles-lettres en Europe.

Dans la liturgie byzantine, une seconde Pentecôte était célébrée le dimanche suivant la Pentecôte. Je ne suis pas parvenu à réconcilier ce calendrier avec la prise de Constantinople qui eut lieu le mardi 29 mai 1453 (mais 27 pour Chalcondyles, page 173, v. supra note [18]). En 1643, la Pentecôte catholique fut célébrée le 24 mai, date à laquelle cet article du Patiniana a été apparemment dicté.

Dernier empereur byzantin, Constantin xi Paléologue Dragasés, né en 1405, couronné en 1448, périt lors de la prise de Constantinople, dans des circonstances qui n’ont pas été entièrement éclaircies.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 57).

21.

« d’un esprit de plomb, d’un cœur de fer, sans aucun jugement, ou alors fort obtus. »

La légende dorée est le titre français de la Legenda aurea, chronique latine qui raconte la vie des saints catholiques, et qui fixe le calendrier liturgique suivant les vies de Jésus et de la Vierge Marie. Légende n’est à prendre dans son sens de récit fabuleux, mais dans celui, étymologique, de « ce qui se doit lire. Les Vies des saints et des martyrs ont été appelées des Légendes, parce qu’on les devait lire dans les leçons de matines et dans les réfectoires des communautés » (Furetière). La Légende dorée a été rédigée dans les années 1260 par Jacques de Voragine (Jacobus a Varagine, Jacopo ou Giacomo da Varezze, ville de Ligurie où il était né vers 1228), archevêque de Gênes (où il mourut en 1298), qui a lui-même été béatifié en 1816.

Son recueil a été imprimé pour la première fois en 1480 (Venise et Cologne) sous le titre de sa phrase introductive, Incipit liber perclarissimi religiosi fratris Jacobi de Voragine ordinis precatorum de vitis sanctorum [Ici commence le livre du très illustre religieux de l’Ordre des prêcheurs, frère Jacques de Voragine, sur les vies des saints], puis réédité à profusion depuis, traduit dans toutes les langues de la chrétienté.

Melchior ou Melchor Cano (Canus ; 1509-1560) est un théologien dominicain espagnol, évêque des Canaries. Son principal ouvrage est intitulé De locis Theologicis Libri duodecim [Douze livres des Lieux (citations) théologiques] (Louvain, Servatius Sassenus, 1564, in‑8o de 902 pages, pour l’une des premières éditions) ; le passage cité (et altéré) par le Patiniana s’y trouve dans le livre xi (pages 657‑658) :

Nam homines graves atque severi non solent inanem vulgi sermonem aucupari. Quanquam negare non possumus, viros aliquando gravissimos in divorum præsertim prodigijs describendis, sparsos rumores et excepisse, et scriptis etiam ad posteros retulisse. Qua in re, ut mihi quidem videtur, aut nimium illi sibi, aut fidelium certe vulgo indulserunt : quod vulgus sentiebant non tantum ea facile miracula credere, sed impense etiam flagitare. Itaque signa nonnulla et prodigia sancti quoque memoriæ prodiderunt, non quo ea libenter credidissent, sed ne deesse fidelium votis viderentur. Id vero eo magis sibi licere existimarunt, quam intellexerunt, auctoribus nobilissimis placuisse, veram historiæ legem esse, ea scribere quæ vulgo vera haberentur. Nec ego hic libri illius auctorem excuso, qui Speculum exemplorum inscribitur : nec historiæ etiam eius, quæ Legenda aurea nominatur. In illo etiam miraculorum monstra sæpius quam vera miracula legas : hanc homo scripsit ferrei oris, plumbei cordis, animi certe parum severi et prudentis.

[Le fait est que les hommes sérieux et austères n’ont pas coutume de se laisser duper par ce que raconte le peuple ; mais nous ne pouvons nier que, surtout quand ils ont dépeint les miracles des saints, les auteurs les plus rigoureux ont parfois colligé des rumeurs éparses, et que leurs écrits les ont même transmis à la postérité. Il me semble certes qu’en cela ils ont été sans doute trop crédules envers eux-mêmes et envers la foule des fidèles : ils pensaient que le peuple, non content de croire facilement en ces miracles, les sollicitait avec empressement. Ils ont donc ainsi transmis le souvenir des oracles et prodiges accomplis par tous les saints, non tant pour y avoir cru les yeux fermés que pour ne pas paraître décevoir les vœux des fidèles. En vérité, se fiant plus à leur sentiment qu’à leur entendement, les auteurs les plus fameux se sont plu à croire que la véritable règle de l’histoire consiste à écrire ce que le peuple tient pour des vérités. Je n’excuse ici ni l’auteur de ce livre intitulé Speculum exemplorum, {a} ni celui de cette histoire qu’on appelle La Légende dorée : dans celle-là vous lirez plus souvent de miraculeuses monstruosités que de véritables miracles ; l’homme qui l’a écrite avait une bouche en fer, un cœur en plomb, et un esprit certainement peu pourvu en sérieux et en sagesse]. {b}


  1. Le « Miroir des cas exemplaires » est une compilation d’écrits médiévaux sur les miracles chrétiens ; sans auteur bien identifié, il en existe de très nombreuses éditions.

  2. J’ai mis en exergue la phrase que le Patiniana a reprise.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 58). Le Faux Patiniana II‑2 est revenu sur ce sujet (v. sa note [27]) en empruntant subrepticement au Traité des Superstitions de Jean-Baptiste Thiers (Paris, 1697).

22.

« Pierre de la badinerie » ; v. note [20], lettre 79, pour Louis Servin.

Pedro de Ribadeneira (ou Ribadeneyra) est le nom religieux de Pedro Ortiz de Cisneros (Tolède 1526-Madrid 1611), entré dans la Compagnie de Jésus dès 1539, qui a été l’un des premiers collaborateurs d’Ignace de Loyola. {a} Il a publié un grand nombre d’ouvrages, dont une célèbre Vie de son maître (parue en 1572) et la Flos sanctorum [Fleur des saints] (1599-1601), dont il existe quantité d’éditions, de traductions et d’augmentations, avec variantes du titre, dont :

Les Fleurs des vies des saints et fêtes de toute l’année ; suivant l’usage du calendrier romain réformé, recueillies par le R.P. Ribadeneira, religieux de la Compagnie de Jésus. Auxquelles ont été joutées les Vies de plusieurs saints de France par M. André Du Val, {b} docteur et professeur du roi en théologie ; comme aussi les vies des saints de la Compagnie de Jésus, de sainte Thérèse, sain Isidore, et autres nouvellement canonisés, et béatises. Traduites d’espagnol en français par M. René Gautier, conseiller du roi en ses Conseils d’État et privé ; et augmentées en cette dernière édition de plus de six-vingts vies, et d’un abrégé de trois cent soixante et cinq autres, distribuées par chaque jour de l’année, par F. Triard. Revues, corrigées et mises dans la pureté de notre langue par Jean Baudoin, {c} historiographe du roi, et enrichies en cette dernière édition de treize grandes figures en taille-douce. De plus, outre la table des mois et des jours, y en a été ajoutée une pour les prédicateurs. {d}


  1. V. note [1], lettre 46.

  2. André Duval, v. infra note [23].

  3. V. note [33], lettre 469.

  4. Paris, Augustin Courbé, 1652 in‑fo de 696 pages pour le premier tome ; ibid. Siméon Piget, 1652, in‑fo de 686 pages, pour le second.

23.

24.

Étant donné la proximité des thèmes, j’ai transféré ici cet article et le suivant, qui sont imprimés deux pages plus loin dans le Patiniana (page 73).

V. notes [31], lettre 6, pour Éraste (Thomas Lieber), médecin suisse qui professait à Heidelberg et servait l’électeur palatin, et [6], lettre 71, pour son ouvrage en quatre parties contre son compatriote Paracelse (Bâle, 1572-1573), qui lui valait la profonde admiration de Guy Patin.

Cet article du Patiniana développe la phrase qui conclut l’article précédent dans le manuscrit de Vienne (page 58) :

« Je ne vois point que personne ait approché du dessein de ce grand personnage {a} pour la médecine, si ce n’est peut-être Fernel en sa Pathologie {b} et Thomas Erastus en ce qu’il a fait contre Paracelse en 4 tomes. »


  1. Melchior Canus (v. supra note [21]).

  2. V. note [2], lettre 36.

25.

L’Histoire d’Adrienne du Fresne, qui passe pour possédée (Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou, livre cxxxii, règne de Henri iv, année 1604, Thou fr, volume 14, pages 326‑329) est le récit d’un savoureux scandale impliquant un jésuite, qui a connu un grand succès chez les ennemis de la Société :

« Je me dispenserais volontiers de rapporter ici une chose qui ne paraît qu’une farce ridicule ; je ne crois pas néanmoins la devoir passer sous silence parce qu’elle donna pour lors matière à bien des discours. Une pauvre fille nommée Adrienne du Fresne, native du village de Guerbigny, à deux lieues d’Amiens, {a} était venue à Paris, le rendez-vous des spectacles de toute espèce. Elle était logée dans la rue des Bernardins et on l’y faisait voir comme une fille possédée du démon. On la menait souvent à Saint-Victor, abbaye célèbre dans le faubourg qui est proche de ce quartier. {b} Elle ne faisait pas moins de bruit qu’en avait fait Marthe Brossier : {c} pendant deux mois, la malice de cette fille, ou du démon, exerça la curiosité de toutes sortes de gens qui la venaient voir.

Un de ceux-là fut Pierre Cotton, jésuite, qui ne se flatta de rien moins que de faire désemparer l’esprit immonde ; {d} mais il voulut en tirer parti auparavant : et comme il avait un esprit curieux et étendu, qui embrassait tout, il prétendit s’éclaircir, par Adrienne ou par le démon, de bien des articles qu’il désespérait de pouvoir savoir d’ailleurs. Pour cet effet, il avait emprunté d’un de ses amis, homme savant et pieux, {e} le livre des exorcismes ; et pour soulager sa mémoire, il y avait ajouté en latin, de sa propre main, une table des questions qu’il voulait faire. Après l’exorcisme, il rendit le livre à son ami sans songer à en ôter la table. Celui-ci, qui ne connaissait pas l’écriture de Cotton et qui ne le croyait pas auteur de cette liste ridicule, la donna à un autre ami. Après avoir passé par bien des mains, elle tomba enfin dans celles du marquis de Rosny, {f} qui en fit part au roi. En voici le contenu.

Questions que le P. Cotton devait faire à la possédée.

Cotton conjurait Adrienne, ou l’esprit malin, de lui dire ce que Dieu voulait bien qu’il sût sur le R.R. ; {g} sur le séjour que lui, père Cotton, faisait à la cour ; sur ses remontrances publiques et particulières ; sur son voyage ; sur sa demeure chez les jésuites ; sur la confession générale du R.R. ; sur le comte de Laval ; {h} sur les vœux, le sacrifice, les cas de conscience ; sur la conversion des âmes ; sur la canonisation de…, {i} s’il devait la presser ; sur la guerre contre les Espagnols et les hérétiques ; sur la mission dans la Nouvelle-France {j} et le long de toute la côte de l’Amérique ; sur la route qu’il devait tenir pour persuader efficacement ; sur ce qu’il devait faire pour s’abstenir de pécher.

Il y avait aussi des questions de science et d’érudition : si Dieu est l’auteur des langues ? quel est le passage de l’Écriture le plus clair pour prouver le purgatoire et l’invocation des saints ? comment tous les animaux ont pu tenir dans l’arche de Noë ? ce que c’est que ces enfants de Dieu, que l’Écriture dit avoir conçus de l’amour pour les filles des hommes et avoir eu commerce avec elles ? {k} si le serpent avait des pieds avant le péché d’Adam ? combien de temps les anges rebelles sont restés dans le ciel, et nos premiers parents, dans le Paradis terrestre ? quels sont ces sept esprits qui sont sans cesse devant le trône de Dieu ? {l} si les archanges ont un roi ? par quelle voie les hommes et les animaux sont passés dans les îles depuis Adam ? où était le Paradis terrestre ? quelle partie des anges a prévariqué ? comment Dieu est adoré des chérubins ? quel est le plus grand péril par rapport à nous ? quelle restitution le roi est obligé de faire ? s’il est avantageux que la mère Pasithée vienne ? {m} qu’est-ce qu’on pouvait espérer de la conversion de D.R. ? {n} quels étaient les hérétiques de la cour les plus disposés à recevoir la foi ? quels dangers les démons causaient à la Société et à lui-même ? quel était le meilleur expédient pour la conversion de tous les hérétiques ? quelles étaient la personne et la chose qui mettaient le plus grand obstacle à la fondation du collège de Poitiers ? comment s’y prendre pour avoir une paix durable avec les Espagnols ? si Dieu veut qu’il sache dans quel temps l’hérésie de Calvin sera éteinte ? ce qu’il pouvait savoir de l’Esprit, au sujet du receleur de Genève ? {o} sur le voyage du père général en Espagne ? {p} sur le moyen le plus sûr et le plus facile pour ramener le roi, la reine et le royaume d’Angleterre au sein de l’Église, pour chasser le Turc et pour convertir les infidèles ? sur la santé du roi ? sur la réconciliation du roi et des grands seigneurs ? sur les places fortes ? sur Lesdiguières et sa conversion ? {q} qu’est-ce qui empêchait l’établissement du collège d’Amiens et de celui de Troyes ? {r} combien durerait l’hérésie ? Il demandait encore comment on pourrait seconder les vues de M. de Verdun, qui aspirait dès lors à la dignité ecclésiastique où il est parvenu depuis. {s}

Réflexions du public au sujet de cette liste ridicule.

Chacun raisonnait à sa manière sur ces interrogations du bon père. C’était pour les uns un sujet de railleries, et de reproches amers et piquants ; car, disaient-ils, < si > c’est l’amour de la vérité qui le conduit, pourquoi s’adresse-t-il au père du mensonge ? {t} Demander au démon des passages de l’Écriture pour prouver des articles reconnus par l’Église, n’est-ce pas douter de ces mêmes articles, ou méconnaître le démon, qui se plaît à pervertir le sens de l’Écriture Sainte ? D’autres le condamnaient sérieusement : Dieu n’a-t-il pas défendu, disaient ceux-ci, de consulter les magiciens, d’observer les augures, de croire aux songes, de faire des maléfices et des enchantements, de s’adresser aux devins, d’évoquer les ombres des morts pour chercher la vérité ? Le Seigneur, ajoutaient-ils, n’a que de l’horreur pour toutes ces choses ; en punition de ces crimes, il détruira les nations. De plus, à quoi bon toutes ces interrogations curieuses sur la vie du prince, à moins qu’on n’ait formé quelque dessein contre lui, ou qu’on ait fondé des espérances sur sa mort ? {u} C’est une curiosité dangereuse et criminelle que de vouloir pénétrer dans l’avenir les secrets de l’État : tous ceux qui interrogent les astrologues, les magiciens, les aruspices, les devins, sur le salut du prince ou de l’État méritent la mort aussi bien que leurs oracles. Saint Thomas d’Aquin, poursuivaient-ils, a très sagement décidé qu’il n’est pas permis de conjurer les démons par forme de prière, parce que la prière suppose amitié et que Dieu nous défend d’être amis des démons ; mais qu’il est seulement permis de les chasser en les conjurant par la vertu du nom de Dieu, pour les empêcher de nuire, et non pas pour en tirer quelque connaissance ou quelque avantage. D’autres enfin, et c’était le plus petit nombre, excusaient ce jésuite et prétendaient qu’il fallait étouffer cette indiscrétion, qui n’était, après tout, que l’effet d’un zèle mal entendu.

Le roi, qui n’en paraissait pas fort content dans le particulier et qui avait fort recommandé à Rosny de garder l’original, sans le communiquer à personne, fut très fâché qu’on en eût répandu des copies ; car il était persuadé que cet éclat allait décréditer le P. Cotton dans l’esprit des gens de bien, ce qui affaiblirait l’effet des services qu’il croyait tirer en bien des choses de l’activité de ce jésuite adroit. Ainsi, pour fermer la bouche aux courtisans, il affectait de traiter la chose de bagatelle, et en témoignait au dehors de tout autres sentiments que ceux qu’il en avait en particulier. »


  1. Je n’ai rien trouvé de plus sur la biographie d’Adrienne du Fresne.

    Guerbigny est un village de Picardie (Somme), au sud-est d’Amiens, à mi-chemin entre Montdidier et Roye.

  2. La rue des Bernardins existe toujours dans ve arrondissement de Paris. V. note [2], lettre 877, pour l’abbaye Saint-Victor.

  3. V. note [10], lettre 37, pour Marthe Brossier dont la supercherie démoniaque avait été condamnée en 1599.

  4. Désemparer, sortir ; v. note [9], lettre 128, pour le P. Pierre Cotton.

  5. Les Mémoires de Sully (publiés pour la première fois en 1632, soit 12 ans après l’Histoire universelle de de Thou ; v. note [4], lettre 208) racontent la même histoire (Paris, 1837, pages 158‑159) et donnent ici le nom de Jacques Gillot (v. note [22] du Borboniana 3 manuscrit).

  6. Sully, baron de Rosny et ministre de Henri iv, écrit dans ses Mémoires (v. supra notule {e}), que c’est à lui, et non à son fils, le marquis de Rosny, que le mémoire du P. Cotton fut transmis : « Il [Gillot] me l’apporta, et m’ayant fait promettre que je ne le nommerais en rien dans cette affaire, il me le remit pour en faire tel usage que je jugerais à propos. »

  7. « Le roi régnant [Henri iv] » (note de l’éditeur).

  8. V. note [31] du Borboniana 7 manuscrit.

  9. Les Mémoires de Sully donnent une traduction des Questions du père Cotton, par lui faites à une possédée, mais il n’y est pas question d’une personne à canoniser ; dans l’édition latine de Genève, 1630 (tome v, page 1136) : quidquid circa canonizationem, utrum urgere se velit ? [tout sur la canonisation, s’il devait la presser].

  10. Au Canada (Acadie), v. note [8], lettre 380.

  11. Passage de la Genèse (6:4) qui a donné lieu à d’inépuisables gloses :

    « Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants : ce sont ces héros qui furent fameux dans l’Antiquité. »

  12. Apocalypse (4:5) :

    « Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres ; et sept lampes ardentes brûlent devant le trône : ce sont les sept esprits de Dieu. »

  13. Obscure allusion à une religieuse inspirée portant ce curieux nom, qui est celui d’une des Charites de la mythologie grecque (équivalant aux Grâces romaines, v. note [27] du Faux Patiniana II‑7). Les Mémoires de Sully parlent aussi en cet endroit de ce que Dieu « veut qu’on dise à la dame Acarie » (v. supra note [23]).

  14. « Monsieur de Rosny » (Domini Rosnii en latin) dans les Mémoires de Sully.

  15. Genevæ plagiarium dans l’édition latine (v. supra notule {i}, page 1137, 8e ligne) : « usurpateur » serait une meilleure traduction ; il ne s’agissait pas de Calvin (mort en 1564), mais des prétentions du duc Charles-Emmanuel ier de Savoie sur Genève ; après l’échec de son « escalade », en 1602 (v. note [1], lettre 387), il ne renonça définitivement à ses ambitions qu’en 1610.

  16. Claudio Acquaviva, supérieur général des jésuites de 1581 à 1615.

  17. François de Bonne, maréchal-duc de Lesdiguières (mort en 1626, v. note [26] du Naudæana 1), chef de guerre protestant, fut nommé connétable de France après sa conversion au catholicisme en 1622.

  18. Les jésuites peinaient à établir leurs collèges d’enseignement dans de nombreuses villes : v. note [2], lettre 37, pour leurs échecs répétés à Troyes.

  19. Éric de Lorraine-Chaligny (1576-1623), nommé évêque de Verdun en 1593, avait désiré devenir jésuite en 1597, mais n’en reçut pas l’autorisation papale. Il y parvint d’une manière curieuse : secrètement marié à la dame dont il était amoureux, il allait être suspendu en décembre 1605 et condamné par l’Inquisition à être relégué chez les jésuites de Pont-à-Mousson, pour retrouver son siège épiscopal en 1608. Deux ans plus tard, il démissionna et se fit capucin.

  20. Expression reprise par le Patiniana : pater mendacii (édition latine, v. supra notule {i}, page 1137, 19e ligne).

  21. V. note [25], lettre 478, pour les doutes qui ont plané sur l’implication du P. Cotton dans l’assassinat de Henri iv en 1610.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 66).

26.

« 1. s’exprimer dans des langues nouvelles ; 2. révéler des secrets enfouis dans le fond des cœurs ; 3. effectuer des mouvements que le corps ne peut naturellement accomplir. »

Étant donné la proximité des thèmes, j’ai transféré ici cet article, qui est imprimé dix pages plus loin dans le Patiniana (pages 80‑81). Il figure dans le manuscrit de Vienne (page 68).

27.

« bien que ce soient les preuves équivoques d’un démon caché. »

28.

V. note [16], lettre 54, pour le roi de Portugal, Jean iv, restaurateur de cette couronne en décembre 1640, et pour l’ambassade qu’il envoya aussitôt en France.

L’« Espagnol » était le roi Philippe iii. La réponse de Richelieu ne se savoure que si on se rappelle les impostures qui avaient suivi la disparition du roi Sébastien ier de Portugal (v. supra note [8]).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 67).

29.

V. note [9], lettre 58, pour François Sanchez et ses Opera [Œuvres] (Toulouse, 1636). « Ce qu’on connaît n’est rien », est son traité philosophique le plus connu, paru (entre autres) à Lyon, chez Antoine Gryphe, 1581 (in‑4o de 100 pages). Dans certaines éditions, ce beau titre est précédé de De multum nobili et prima universali Scientia… [De la première Science universelle, et de beaucoup la plus noble…] ; ce qui ressemble au traité « de la Méthode universelle des sciences », en espagnol, que je n’ai pas su trouver.

Le traité de Sanchez De Divinatione per somnum, ad Aristotelem [De la Divination par le sommeil, contre Aristote] occupe les pages 43‑76 de la seconde partie (philosophique) de ses Opera Medica, his iuncti sunt Tractatus quidam philosophici non insubtiles [Œuvres médicales, auxquelles on a joint certainbs traités philosophiques qui ne manquent pas de subtilité] (Toulouse, Petrus Bosc, 1636, in‑4o en deux parties de 943 et 134 pages). Le Patiniana l’a ici curieusement rebaptisé « de la Divination par l’insomnie ».

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 59).

30.

V. note [31] du Naudæana 3, pour la transcription du privilège attribué aux livres de Charles Labbé de Montéron (v. note [5], lettre 487) voulant prouver que Jean Gerson (v. note [5], lettre 304) est le véritable auteur de l’Imitation de Jésus-Christ (v. note [35], lettre 242), mais qui n’ont malheureusement jamais été imprimés. Gabriel Naudé avait très vigoureusement défendu les arguments attribuant cet ouvrage au moine augustin Thomas a Kempis (v. note [32] du Naudæana 3).

Cet article du Patiniana imprimé et celui qui le précède (sur le « pieux sexe des femmes) » ne figurent pas dans le manuscrit de Vienne.

31.

« Un immense défenseur des rois, combattant de la volonté, est enterré sous ce petit tombeau. Saumaise a achevé sa vie en son voyage à Spa, Maastricht en garde tristement les cendres et les os. Il a péri parce qu’il était mortel, son autre partie a été rendue aux cieux. Qu’elle y devienne la plus grande, il ne peut en exister de plus savante. »

Claude i de Saumaise (v. note [11], lettre 51) était mort à Spa le 3 septembre 1653. Guy Patin a transcrit ces vers, « extraits d’une lettre, laquelle vient de Flandres », dans la sienne à Charles Spon du 6 janvier suivant (v. sa note [4]).

Saumaise avait défendu avec acharnement la mémoire du roi Charles  ier d’Angleterre (v. note [52], lettre 176). Il s’était converti au calvinisme en 1623, quand il avait épousé Anne Mercier, fille du pasteur Josias Mercerus (v. note [5], lettre 95). V. note [2], lettre 119, pour Bénigne Saumaise, le père de Claude.

La Defensio regia de Saumaise a paru à la fin de 1649. Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

32.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne : Guy Patin a relaté ce même bon mot dans le premier paragraphe de sa lettre du 2 juin 1657 à Charles Spon. Il cessa de faire rire après la guérison inespérée de Louis xiv, en 1658 (v. note [6], lettre 532), qu’on attribua à une prise de vin émétique d’antimoine et qui permit, en 1666, au médicament de triompher définitivement sur ses adversaires (antistibiaux).

33.

« L’oracle n’avait pas menti en disant que tu mourrais dans un trou : ce fut celui de ton épouse. »

Dans sa lettre à Charles Spon du 13 août 1658, Guy Patin a appliqué ce distique au président de Champrond (v. sa note [3], pour sa source et son commentaire par Bayle). Il s’agissait ici du remariage tardif (en 1664, à l’âge de 76 ans) du philosophe sceptique François i de La Mothe Le Vayer (v. note [14], lettre 172) avec Élisabeth de Harlay (v. note [5], lettre 805).

Cet article du Patiniana applique à La Mothe Le Vayer ce qu’on lit dans le manuscrit de Vienne (pages 169‑170, « Sottise de vieillards qui épousent de jeunes femmes ») à propos d’un autre remariage :

« Le président de Mesmes, {a} âgé de 55 ans, se marie à une jeune veuve de 22. Il se jette dans la fosse et le fossé (car c’est la fille de feu M. de Fossez), {b} aussi bien que le bonhomme Joannes Manardus Medicus Ferrariensis duquel Paul Jove dit en son Éloge : […]. » {c}


  1. Henri ii de Mesmes (né en 1586, v. note [12], lettre 49).

  2. V. première notule {a}, note [3], lettre 562, pour Marie de La Vallée de Fossés, seconde épouse du président de Mesmes.

  3. Suit la citation de Paul Jove (reprise par Pierre Bayle) que Patin appliquait au président de Champrond dans la lettre susdite.

34.

V. note [16], lettre 80, pour la disgrâce de François Sublet des Noyers (v. note [19], lettre 55) en avril 1643, un mois avant la mort de Louis xiii (le 14 mai). Le récit d’Olivier Le Fèvre d’Ormesson qu’on lit dans cette note (v. sa notule {b}) insiste aussi sur les conséquences que cette répudiation eut pour les jésuites : leur requête pour être intégrés dans le Corps de l’Université de Paris était sur le point d’être acceptée (v. notes [6], lettre 82, [12], lettre 79, et [28], lettre 97).

Dans le manuscrit de Vienne, cet article sur « la disgrâce de M. de Noyers » (page 63) est accompagné de cette note marginale du scribe qui a transcrit les cahiers de Guy Patin :

« Par la date de cet article il paraît que ceci n’est pas une suite de ce que M. Naudé lui dit à son retour d’Italie en 1642, comme il a dit au commencement de ce manuscrit. Ce qui se peut encore remarquer dans la suite en beaucoup d’endroits tant par les dates que par le style. Ceci soit dit une fois pour toutes à l’égard de tout ce manuscript qui est une rhapsodie, comme je crois, tant de ses propres pensées que de ce qu’il a ouï dire à plusieurs personnes qu’il enchevêtre et brouille ensemble selon que cela lui vient en l’esprit, sans ordre et sans suite. »

En outre, le manuscrit de Vienne prolonge d’imprécations antiloyolitiques le prudent « etc. » du Patiniana imprimé (sans toutefois le supprimer) :

« […]. S’il n’eût été disgracié, les jésuites eussent le lendemain obtenu au privé Conseil l’arrêt d’association à l’Université, à la ruine de l’Université et de la Sorbonne. Pour moi, quand je considère ces choses, et la perte qu’a faite cette Société de gens qui sont de l’humeur de la maison d’Autriche (du bien d’autrui riche) {a} et qui aiment extrêmement à faire fortune et à entrer en possession du bien d’autrui, Sollicitor nullos esse putare Deos. {b} De cette troupe, il me prend envie de croire que le P. Ignace n’est guère saint, {c} ou s’il l’est, qu’il n’a encore guère de crédit en paradis, vu qu’il n’a pu empêcher cette disgrâce qui est venue si à contrecoup de leurs desseins et de leurs affaires. Si cela eût réussi ces sotériques {d} étaient les maîtres des bonnes lettres en France à ce coup. Scaliger disait que les jésuites avaient autant d’obligation au P. Cotton qu’au P. Ignace : que ce dernier les avait faits que cet autre les avait ressuscités, en tant qu’il les avait révoqués d’exil et rétablis en France. {e} Et moi je dis que si M. des Noyers les eût mis en exécution de cet arrêt prétendu, il les eût ennoblis et enrichis, etc. »


  1. Jeu de mots que Guy Patin a cité dans sa lettre du 13 avril 1657 à Charles Spon (5e paragraphe daté du 11 avril).

  2. « Je suis enclin à penser que nul dieu n’existe » (Ovide, v. note [21], lettre 292.

  3. Ignace de Loyola, fondateur des jésuites en 1540, canonisé en 1622 (v. note [1], lettre 46).

  4. Surnom dont Patin a affublé les jésuites dans deux de ses lettres : v. note [5], lettre 82.

  5. Patin, Naudé et leurs amis ont connu le Secunda Scaligerana bien avant sa première édition (Genève, 1666, v. note [6], lettre 888), où on lit (édition de 1740, page 279) sur le R.P. Pierre Cotton (v. note [9], lettre 128) :

    Cotto plus præstat quam Loyola. Loyola genuit Jesuitas, Cotto resuscitat.

    [Cotton surpasse Loyola : Loyola a engendré les jésuites, Cotton les rescuscite].


35.

V. notes :

Dans ses lettres, Guy Patin n’a jamais parlé du pamphlet qui alluma le scandale et incita les jésuites et Pierre de Marca à publier plusieurs répliques :

Optati Galli de Cavendo schismate ad illustrissimos ac reverendissimos Ecclesiæ Gallicanæ primates, archiepiscopos, episcopos, liber paræneticus.

[Livre d’Optatus Gallus {a} avertissant du schisme à redouter, adressé aux très illustres et vénérables chefs, archevêques et évêques de l’Église gallicane]. {b}


  1. Ce pseudonyme de « Désiré le Français » est celui de Charles Hersent (Paris vers 1590-1660 ou 1662), prêtre de l’Oratoire (qu’il quitta en 1624) et virulent polémiste aux convictions oscillantes : défenseur des ultramontains contre les gallicans, il fut aussi ennemi des jésuites et partisan mitigé de la cause janséniste.

  2. Sans lieu ni nom, 1640, in‑8o de 39 pages. La même année a paru un :

    Arrêt de la Cour de Parlement, par lequel il est ordonné que le libelle intitulé Optati Galli de cavendo Schismate, etc. sera lacéré et brûlé ; et défenses à toutes personnes d’en avoir et retenir, sur les peines portées par ledit arrêt. {i}

    1. Paris, Sébastien Cramoisy, 1640, in‑4o de 12 pages.

Cet article du Patiniana imprimé figure dans le manuscrit de Vienne (page 64).

36.

Au cours des dix années qu’il a passées à Paris, Dominicus Baudius (v. note [30], lettre 195) s’est adonné avec plus ou moins de succès à la profession d’avocat : il a été reçu au barreau du Parlement en 1592, mais ses débauches et la maigreur de sa bourse l’ont mené plusieurs fois en prison (Bayle, note C). Guy Patin ne pouvait pas avoir personnellement connu Baudius, mort à Leyde en 1613.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 64). Les trois pièces latines qui y sont citées font partie du Farrago variorum poematum [Fatras de poèmes divers] qui forment la dernière partie de la Domenici Baudii Poematum nova editio [Nouvelle édition des Poèmes de Dominicus Baudius] (Leyde, Thomas Basson, 1607, in‑8o de 611 pages).

37.

Rei non fictæ narratio [Récit d’une affaire que je n’ai pas inventée] (pages 588‑589 des Poemata de Dominicus Baudius, v. supra note [36]) :

Pullipremonis culcitella Satrapæ
Cubabat æger in gravi morbo puer,
Arator arvo dum suo cladem timet
Medicum vadari mandat, ille præs adest,
Momenta venæ tractat, urinam inspicit
Non febrientis, ast herilis filiæ,
Quæ forte casu, seu suo ludibrio
Periclitari gestiens artis fidem,
Vesicæ onus deplerat ægroti vicem.
Fucum retexit Æsculapius sagax,
Nec sic abire passus irrisum sui
Profatur, ecquid me (malum) frustramini,
Ludosque facitis dona divum ? fraus nilhil
Nos fallit, hæc urina, non dicam dolo,
Monstrat futuræ signa partitudinis.
Porro puella, merx pudica scilicet,
Nec a paternis degener virtutibus,
Dum se saburrat Venere surreptitia,
Celocem onustam gestitabat, ac suos
Gentile probrum sedulo celaverat.
Simplex cinædus, et nocenter innocens
Se denotari credit, atque herum increpans
Hoc est quod, inquit, præscio metu miser
Præsagiebam, quodque prædixi frequens,
Futurum ut ex te gravidus olim evaderem.
Petulant e risu verba ephœbi suscipit
Auditor insons, at rubore conscio,
Velut minuta navis in magno mari,
Salax subactor horret, æstuat, tremit :
Ut fortuita voce proditum videt
Suumque crimen, dedecusque virginis.
Nempe omnis ordo exercet histrionam,
Venalium grex, Rex, Sacerdos, Plebs, Eques :
Sed furta, fraudes, ac scelus mortalium
Cogente vero lingua aberrans indicat,
Muti eloquuntur, Inscientes edocent
.

[Un enfant gravement malade gisait sur la couche d’un satrape amateur de chérubins. {a} Tel le laboureur redoutant un désastre pour son champ, il demande à un médecin de venir à son aide ; ce sauveur se présente, {b} il tâte le pouls, il mire l’urine ; ce n’est pas celle du fébricitant, mais celle de la fille de la maison qui, par hasard ou par dérision, mue par le désir d’éprouver la compétence de l’art, s’était vidé la vessie à la place du malade. Le sagace Esculape découvrit la tromperie et ne souffrit pas de se laisser ainsi ridiculiser, disant : « Pourquoi vous moquer (malicieusement) de moi, et vous jouer de mes dons divins ? Nulle fraude ne nous trompe, et cette urine, vous dirai-je sans fard, montre les signes d’un accouchement prochain. » La jeune fille, qui n’avait de chaste que l’apparence, et qui n’était pas l’indigne héritière des vertus de son père, se débauchait en des amours subreptices, et avait bel et bien le ventre garni, ce que l’honnête enfant avait soigneusement caché aux siens. L’ingénu giton, feignant l’innocence, crut se trouver confondu et fustigea son maître : « Voilà ce que j’avais présagé, morfondu par la crainte qui me hantait, ayant souvent pressenti que ton étreinte me rendrait un jour gros d’enfant. » À ces mots de l’éphèbe, {c} son interlocuteur feignit l’innocence et éclata de rire, sans pourtant s’empêcher de rougir : tel un frêle esquif sur une grosse mer, ce lubrique sodomite se hérisse, s’agite, tremble ; il voit que ce discours imprévu dénonce et son propre crime, et le déshonneur de sa vestale de fille. {d} De fait, chaque état joue sa comédie, troupeau d’esclaves, roi, clergé, peuple, noblesse ; {e} mais qu’une langue s’égare et, poussée à dire le vrai, la voilà qui dénonce les larcins, les fraudes, les crimes des mortels ; les muets parlent, les ignorants instruisent].


  1. Un « despote pédophile » en français moderne. Dans son sens obscène, pulli premo (de pullus, poussin, et premere, planter) est un pédéraste (au sens étymologique de « celui qui aime les jeunes garçons »).

    Au dire du Patiniana, toutes ces turpitudes étaient censées avoir eu lieu dans la maison de François i d’Escoubleau, marquis de Sourdis et d’Alluye (mort en 1602), gouverneur de Chartres et premier écuyer de la grande Écurie (v. note [29] des Deux Vies latines de Jean Héroard). Il était le père du cardinal de Sourdis (François ii, v. notes [27] du Borboniana 2 manuscrit), de Charles, marquis de Sourdis (v. note [11], lettre 61), et de Henri, le belliqueux archevêque de Bordeaux, surnommé l’« archevêque marin » (v. note [5], lettre 29). Le Borboniana 4 manuscrit conte d’autres débauches auxquelles on se livrait de bon cœur dans cette famille de la haute noblesse (v. ses notes [70] et [71]).

  2. Il s’agissait ici, toujours selon le Patiniana, de Jean Haultin, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris mort en 1615 (v. note [19], lettre 181).

  3. Le garçon que le Patiniana appelait le « petit page qui pensait être gros ».

  4. Libre embellissement de ma part visant à traduire la savoureuse ironie du poème (v. note [8], lettre latine 103, pour l’honneur des vestales).

  5. Distique que Guy Patin a repris huit fois dans ses lettres, avec même une citation intégrale des cinq derniers vers dans sa lettre du 6 mars 1663 à André Falconet (v. sa note [12]).

Nicolas Rapin (Fontenay-le-Comte, Poitou 1535-Poitiers 1608), avocat et écrivain satirique français, a été l’ami des grands esprits de son temps et l’ennemi des jésuites, et a été pourvu d’importants offices royaux. Outre sa collaboration à la Satire Ménippée, {a} il a écrit épîtres, poèmes et discours qui ont été recueillis dans :

Les Œuvres latines et françaises de Nicolas Rapin, Poitevin, grand prévôt de la connétablie de France. Tombeau de l’auteur avec plusieurs éloges. {b}

La page 222 de la première partie appartient à un long poème français intitulé L’Amour philosophe. {c} Je n’y ai rien lu qui s’apparente au récit de Baudius, {d} mais un autre genre d’allusions gentiment scabreuses sur la nonne convoitée par le narrateur :

« Volontiers son habit blanc,
Son scapulaire et son rang
Qu’elle tient dedans son cloître,
La font méconnaître :
Volontiers que pour avoir
Aux livres quelque savoir,
Elle pense outrecuidée, {e}
Que je ne suis qu’une Idée,
Et que les auteurs romains
la sauveront de mes mains,
Voulant égaler sa gloire
Aux neuf filles de mémoire, {f}
Qui en vers et en chansons
Me fournissent leurs rançons ;
Si est-ce que {g} Calliope
la première de la trope, {h}
A pratiqué l’art d’aimer :
Quand d’un tourment doux amer
Dessous Œagre échauffée
Elle conçut son Orphée, {i}
Et Diane {j} plusieurs fois
Dessous la fraîcheur des bois
A senti la chaleur forte
De ce flambeau que je porte :
Quand un berger elle aimait,
Qu’elle-même endormait,
Pour tirer à longue haleine
Plus de plaisir de sa peine.
Qui ne sait les vers heureux,
Et les nombres amoureux
de la Nymphe lesbienne,
Savante musicienne ?
Qui d’un désir non puceau
Poursuivit un jouvenceau
Par les monts et les campagnes,
Abandonnant ses compagnes,
Et pour n’en pouvoir jouir,
Le voyant toujours fuir,
S’élança, folle, à la rade
Des montaignes de Leucade. » {k}


  1. V. note [18], lettre 310.

    V. note [23] du Borboniana 4 manuscrit pour une illustration des talents de Rapin comme traducteur poétique.

  2. Paris, Pierre Chevalier, 1610, in‑4o en trois parties : Poésies françaises (268 pages) ; Vers mesurés (55 pages) ; pièces diverses en prose et vers latins et français (12 feuilles).

  3. Contant la ruse d’un galant qui se déguise en philosophe pour approcher la nonne dont il est amoureux, ce poème est introduit par ce quatrain :

    « Pour habiller en philosophe
    Ce jeune et folâtre garçon,
    Sainte a fourni toute l’étoffe,
    mais j’y ai donné la façon. »

    Sainte est probablement Scévole ii de Sainte-Marthe, ami de Rapin.

  4. Bien au contraire, quatre vers de la 18e épître du premer livre (page 106) mettent en garde contre ce genre de dépravation :

    « Jamais en la maison d’un ami qui t’est cher
    Et re reçoit chez lui, ne songe à débaucher
    Une fille de chambre, un laquais, ou un page,
    De peur de l’offenser par un petit dommage […]. »

  5. Téméraire, insolente.

  6. Les neuf Muses.

  7. S’il est bien vrai que.

  8. Sic pour « troupe » et le respect de la rime : Calliope, l’aînée des Muses, préside à la poésie épique.

  9. Le mythe dit du héros Orphée qu’il était le fruit des amours de Calliope et d’Œagre, roi de Thrace.

  10. V. notule {a}, note [16] du Borboniana 5 manuscrit pour Diane (Artémis) et ses nymphes.

  11. Dans la légende colportée par Ménandre (v. notule {a}, note [46‑86] des Triades du Bornoniana manuscrit), Sappho, « la Nymphe lesbienne, savante musicienne » (v. première notule {d}, note [35], lettre latine 154), impuissante à séduire Phaon, est réputée s’être donné la mort en se jetant dans la mer du haut d’une falaise de l’île de Leucade.

38.

Empruntée au manuscrit de Vienne (v. note [12] de l’Introduction aux ana de Guy Patin), l’addition mise entre crochets rend compréhensible ce passage tronqué du Patiniana imprimé.

In Typhœum [Contre Typhœus] est un quatrième poème de Dominicus Baudius, tiré du livre iv de ses Iambicorum [Ïambes (v. notule {a}, note [5], lettre 47)] (Poemata, Amsterdam, 1640, pages 184‑187). Typhœus est l’anagramme transparent de Pithœus, nom latin des frères Pithou, Pierre i (v. note [4], lettre 45) et François (v. note [2], lettre 50). Les premiers vers donnent le ton de cette pièce dirigée contre la cupidité et la méchanceté de François :

Typhœus iste, qui jubatus ut draco
Nec ipse mala gustat aurea, et procul
Cispellit alios pestilente sibilo,
Nullum quidem livoris experte sinit,
Passimque in omnes virus evomit suum
.

[Ce Typhœus, qui porte crête comme un dragon, qui non seulement se régale du mauvais argent, mais repousse les autres de son sifflement pestilentiel, ne permet rien qui ne soit exempt de jalousie, et vomit son venin partout et contre tous].

Dans la mythologie, Typhoée ou Typhée (Tuphôê en grec, Typhœus en latin) était, dit Fr. Noël :

« fils de la Terre et de Titon, un des géants qui voulurent détrôner Jupiter, avait cent têtes et fut élevé dans un natre en Cilicie. {a} On le confond avec Typhon. On dit qu’il se sauva seul dans la défaite des autres géants, et qu’ensuite il recommença la guerre contre Jupiter ; mais enfin, il fut vaincu, et accablé sous les rochers de l’île d’Inarime, aujourd’hui Ischia, vis-à-vis de Cumes. {b} Avant sa défaite, épris de Vénus, il la poursuivait jusque sur les bords de l’Euphrate. Elle ne lui échappa que parce que deux poissons la passèrent avec son fils à l’autre bord. Ces deux poissons furent mis depuis au nombre des signes du zodiaque. »


  1. Actuelle berge méditerranéenne de l’Anatolie turque.

  2. Près de Naples (v. notule {b‑i‑1}, note [23] du Naudæana 3).

39.

Is. Casauboni Corona Regia. Id est Panegyrici cuiusdam vere aurei, quem Iacobo i Magnæ Britanniæ etc. Regi, Fidei defensori delinearat, Fragmenta, ab Euphormione inter schedas του Μακαριτου inventa, collecta, et in lucem edita.

[La Couronne royale d’Is. Casaubon : Fragments d’un certain panégyrique doré qu’il avait ébauché pour Jacques ier, roi de Grande-Bretagne, etc., et défenseur de la foi. {a} Euphormion {b} les a trouvés parmi les papiers du défunt auteur, et les a édités et mis au jour]. {c}


  1. Ce pamphlet scandaleux est un anonyme faussement attribué à Isaac Casaubon : {i} virulent et ordurier, il accable le roi de Grande-Bretagne, Jacques ier, {ii} de tous les vices contre les bonnes mœurs, la religion et l’honneur de la Couronne britannique. Je n’y ai pas trouvé d’attaque directe contre la reine, Anne de Danemark ; {iii} elle était fille du roi Frédéric ii de Danemark, qui avait régné de 1559 à 1588.

    1. Mort à Londres en 1614, v. note [7], lettre 36.

    2. Ci-devant Jacques vi en Écosse, v. note [17], lettre 287.

    3. V. note [8], lettre 292.
  2. Une autre curiosité de la Corona regia est le pseudonyme choisi par son éditeur et auteur de l’épître Lectori [au lecteur] : Euphormio est le héros éponyme du plus célèbre roman satirique de Jean Barclay (dont les deux livres avaient paru à Paris en 1605 et 1607, v. note [20], lettre 80).

  3. Londres, John Bill, 1615, in‑8o de 129 pages ; Dana F. Sutton en a donné une édition hypertexte bilingue, latin et anglais, mise en ligne par The University of California, Irvine, 2011).

Le manuscrit de Vienne (pages 64‑65) est ici plus crû, mais sans doute plus exact :

« Jacques vi, roi d’Angleterre et d’Écosse, était un homme pacifique, mais débauché, ivrogne et pédant. Erycius Puteanus {a} a fait un livret contre lui intitulé Corona regia, in‑32, dans lequel il l’accuse de sodomie, et je pense qu’il avait raison ; et c’est une des causes pour lesquelles sa femme, qui était fille du roi de Dannemark, devint putain et le fit bien cocu. »


  1. Casaubon est donc mis hors de cause ; v. note [19], lettre 605, pour le plus probable Erycius Puteanus, littérateur catholique flamand qui fut historiographe du roi d’Espagne, et donc promoteur stipendié de ses intérêts politiques et religieux.

40.

« tu m’as donné l’honneur de vivre et de comprendre » (Martial, Épigrammes, livre i, ii, s’adressant au lecteur en parlant de lui-même).

Jason Mainus (Giasone Del Maino, Pesaro ou Milan 1435-Pavie 1519) est un jurisconsulte qui a enseigné le droit à Padoue puis à Pavie et joué un rôle politique éminent dans la politique du duché de Milan, notamment pendant son occupation au cours du règne de Louis xii, roi de France (1499-1515).

41.

Bayle a commenté cette anecdote dans sa note E sur Mainus. Elle est contée dans le livre 2, chapitre cxxvii (page 283), des :

Guidi Panziroli Regiensis I.U.C. Præstantissimi, et in celeberrimo Patavino Gymnasio Iuris interpretis primarii. De Claris Legum Interpretibus. Libri quatuor. Octavii Panziroli auctoris ex fratre nepotis, Cathedralis Ecclesiæ Regii Canonici Opera, ac summa diligentia in Lucem Editi… Cum duplici Indice, uno Capitum, altero rerum præcipuarum copiosissimo.

[Quatre livres de Guidus Panzirolus, très éminent gradué en l’un et l’autre droits, {a} et premier professeur de droit en la fort célèbre Université de Padoue, sur les brillants Interprètes des lois. Publiés par l’œuvre et extrême diligence d’Ottavio Panciroli, neveu de l’auteur et chanoine de Reggio {b}… Avec deux index, l’un des chapitres et l’autre, très copieux, des principales matières]. {b}

Die dicta, Iason aurea veste indutus Regem ad gymnasium deduxit. Ubi eo ventum est, Rex eum, velut Præceptorem, præire iussit, quod eo in loco profitentibus Regiam potestatem inferiorem esse diceret. Comitati Ludovicum fuerant quinque cardinales, et centum proceres, qui cum alijs Subsellia implevere, Iason equestrem dignitatem ob spectatam in prælio virtutem a Principe collatam adversus aliorum sententiam ad liberos transire sustinuit ; descendentem e cathedra Rex amplexus Piopera castello Regia liberalitate donatum dimisit ; in domestico vero colloquio ab eodem interrogatus Iason, cur nunquam uxorem duxisset, Ut tua, inquit, amplissime Rex, opera Iulius Pontifex me ad pupureum Galerum promovere possit. Hoc responso animi quidem secretum ostendit, sed nunquam voti compos factus est.

[Un certain jour, Jason, revêtu d’une robe d’or, mena le roi aux Écoles. Quand ils y furent arrivés, le souverain lui ordonna d’entrer le premier, comme professeur, disant qu’en ce lieu le roi est moins puissant que ceux qui enseignent. {d} Louis était accompagné de cinq cardinaux et de cent seigneurs qui, avec diverses gens, remplirent les bancs. Contre l’avis d’autres juristes, Jason soutint que le titre de noblesse est transmissible aux enfants, parce que conféré par le prince en récompense du courage montré au combat. Quand il descendit de la chaire, le roi l’embrassa et lui donna congé en lui faisant généreusement don du château de Regia. Dans un entretien privé, le roi demanda à Jason pourquoi il n’était pas marié : « C’est, répondit-il, pour que, par l’entremise de Votre Majesté, le pape Jules {e} me puisse coiffer du bonnet pourpre. » Cette réponse dévoilait certes son secret espoir, mais ce vœu ne s’est jamais réalisé].


  1. Guido Panciroli (1523-1599), docteur en droit civil et canonique.

  2. En Lombardie.

  3. Venise, Marcus Antonius Brogiollus, 1637, in‑4o de 509 pages.

  4. Cette déférence de Louis xii envers le Corps académique devait compter dans l’admiration que Guy Patin vouait à ce roi (v. note [17], lettre 117).

  5. Le pape Jules ii a régné de 1503 à 1513.

Cet article du Patiniana imprimé raccourcit beaucoup celui du manuscrit de Vienne (pages 141‑142) :

« Jason Mainus, Milanais, était un grand jurisconsulte cui, ut ipse in gentilitiis insignibus præscribere solebat, virtuti Fortuna comes non defuit. {a} Il était bâtard. Il fut misérable et fort débauché en sa jeunesse. Enfin, s’étant remis dans le bon chemin, il étudia si bien qu’il enseigna le droit à Padoue et à Pavie. Consultoribus precio gravis videri poterat, nisi pecuniam [acceptam], si causa decidissent, liberali pactione se continuo redditurum profiteretur. Me audiente interrogatus a Ludovico xii. Gallorum rege, cur nunquam duxisset uxorem : Ut te commendante, inquit, Julius pontifex ad purpureum galerum gestandum me habilem sciat, etc. Vide P. Jovium in Elogiis doctorum virorum. {b} Louis xii le fut entendre faire sa leçon de droit. Jason pour flatter le roi voulut prouver que omnia sunt principis non solum imperio, sed etiam dominio. {c} D’autres flatteurs en entretenaient le roi à son dîner, mais le roi leur ferma la bouche à tous en disant : Jason en a menti, omnia sunt principis imperio sed non dominio. {d}

“ Je hais ces mots de puissance absolue,
De plein pouvoir, de propre mouvement, etc. ” {e}

Jason Mainus mourut à Pavie fort vieux et fort riche l’an 1519. Et ejus tumulo sic inscriptum : Jason Mainus Mediolanensis comes et Eques talis qualis ille fuit, hic iacet. » {f}


  1. « pour qui la Fortune ne manqua pas d’être compagne de la vertu, comme il avait lui-même coutume de l’écrire dans les emblèmes de sa famille » (Paul Jove, v. notule {b} infra).

  2. « “ Ses honoraires pouvaient sembler élevés à ceux qui le consultaient, mais il s’engageait, par généreuse convention, à leur rendre incontinent l’argent qu’il avait reçu {i} d’eux s’ils perdaient leur procès. Moi présent, Louis xii, roi de France, lui demanda pourquoi il ne s’était jamais marié : Afin que sur votre recommandation, dit-il, le pape Jules me sache apte à recevoir le bonnet rouge. ” Voyez Paul Jove dans les “ Éloges des savants hommes ” » {ii}

    1. J’ai rétabli le mot acceptam que le manuscrit de Vienne a omis.

    2. Édition de Bâle, 1577 (v. note [27], lettre 925), pages 125‑126, avec portrait de Mainus.

  3. « tout appartient non seulement au pouvoir du prince, mais aussi à son domaine. »

  4. « tout appartient au pouvoir du prince, mais non pas à son domaine. »

  5. Deux premiers vers du quatrain lxxxxiii de Guy Du Faur de Pibrac (v. note [2], lettre 434), page B iii ro (édition de Paris, Léon Cavellat, 1583, in‑8o), dont les deux derniers sont :

  6. « Aux saints décrets ils ont premièrement,
    Puis à nos lois, la puissance tollue [ôtée]. »

  7. « Et on a mis cette inscription sur son tombeau : “ Ci-gît, tel qu’il fut, Jason Mainus, comte et chevalier milanais. ” »

42.

Avec « sûrement et rapidement », les antimoniaux étaient accusés d’avoir amputé le précepte qu’on attribue à Asclépiade de Pruse (v. note [25], lettre 294) : « sûrement, rapidement et heureusement ».

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

43.

« au 4e jour de la maladie ».

V. note [7], lettre 147, pour Georges Scharpe. En me fondant sur sa biographie et sur le manuscrit de Vienne (v. note [12] de l’Introduction aux ana de Guy Patin), j’ai comblé (entre crochets) la lacune du Patiniana concernant le lieu de sa dernière installation académique et de sa mort, Bologne.

44.

« Il était docteur logicien en médecine » : du haut de sa chaire (cathedra en latin), il enseignait la médecine théorique, mais n’en aurait guère connu la pratique.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 69).

45.

« avec une âpre mais heureuse liberté » : v. note [4], lettre 13, pour Jacques-Auguste i de Thou (1553-1617), président au mortier du Parlement de Paris, et les 138 livres des Historiarum sui temporis [Histoires de son temps], qui couvrent la période allant de 1543 à 1607.

46.

« qu’il a employé à couvrir parfaitement vingt années entières » : v. note [11], lettre 152, pour le jésuite italien Famiano Strada (1572-1649) et ses deux décades (1555-1578 et 1578-1590) de Bello Belgico [sur la Guerre de Flandre], qui n’ont pas eu de suite.

Le manuscrit de Vienne (page 70) est plus disert sur l’infortune familiale de Jacques-Auguste i de Thou, en reprenant une des plaintes favorites de Guy Patin :

« C’est ce qui l’a fait aimer de tous les honnêtes gens qui sont hors d’intérêt ; mais néanmoins, j’ai peur que cette grande liberté ne lui ait enfin fait un signalé tort et n’ait causé la mort à son pauvre fils aîné {a} à Lyon pour ce qu’il a écrit en la vie de Francois ii d’un certain scélérat, moine renié nommé Antoine du Plessis de Richelieu {b} qui était oncle du père du tyran qui enfin, Dieu merci, mourut l’an 1642 après avoir causé beaucoup de maux à toute l’Europe. Bonum ei, melius nobis fuisset si natus non fuisset : optimum vero Francisco Augusto Thuano et aliis bonis viris quos infernalis ille tyrannus iugulavit. » {c}


  1. François-Auguste de Thou, décapité à Lyon en 1642 sur ordre du cardinal de Richelieu, comme complice de Cinq-Mars (v. note [12], lettre 65).

  2. V. note [2], lettre 961, pour le passage de l’Histoire universelle de de Thou sur le grand-oncle du cardinal de Richelieu.

  3. « Il eût été bon pour lui de n’être pas né ; et c’eût été meilleur pour nous, mais bien préférable encore pour François-Auguste de Thou et d’autres honnêtes gens que ce tyran infernal a assassinés. »

47.

V. note [11], lettre 152, pour le titre complet de l’« Infamie de Famiani » (Sorø, 1658) que Caspar Scioppius (mort en 1649, v. note [14], lettre 79) a écrit contre Famiano Strada.

Ce jugement sur les historiens du xvie s. est conforme aux avis que Guy Patin a donnés dans ses lettres. La confidence de Strada venait cependant d’entretiens qu’il avait eus à Rome avec Gabriel Naudé (v. notes [6] du Naudæana 4 et [8] du Patniana 4) ; cet article trouverait donc mieux sa place dans le Naudæana.

48.

Au sens figuré, empaumer signifie « se rendre maître de quelqu’un » (Furetière).

V. note [5], lettre 9, pour Jules-César Scaliger et ses Exercitationes de Subitlitate, ad Hieronymum Cardanum [Essais sur la Subtilité, contre Jérôme Cardan] (Paris, 1557). Érudit de grand talent, mais excessivement imbu de sa personne, Scaliger se créa de nombreux et coriaces ennemis. Ses extravagantes prétentions aristocratiques, amplifiées par son fils Joseph-Juste, ont rendu sa biographie à peu près inextricable (v. note [10], lettre 104).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 69‑70).

49.

« Je suis damné par la juste sentence de Dieu », v. infra notes [50] et [51] pour les détails de ce conte sur l’origine de l’Ordre monastique des chartreux au xie s.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 70‑71).

50.

Le Cæsarius que le Patiniana disait flamand était le moine cistercien (v. note [23], lettre 992) allemand Césaire de Heistersbach (Cæsarius Heisterbachensis) qui rédigea vers 1220 le Dialogus miraculorum [Dialogue des miracles], épais recueil, composé de 12 Distinctiones [Sections] dont le texte numérique est intégralement disponible sur le site du Groupe d’anthropologie historique de l’Occident médiéval (Gahom). Chaque récit est suivi d’un commentaire, sous la forme d’un dialogue entre un moine et un novice. Le chapitre xv de la Distinctio ii est intitulé De canonico Parisiensi, qui sacramentis in fine participans, et post mortem cuidam apparens, dixit se ob non veram contritionem damnatum esse [Du chanoine parisien qui, ayant reçu les derniers sacrements, apparut à quelqu’un après sa mort et lui dit qu’il avait été damné parce que sa contrition n’était pas sincère] :

Parisiis in ecclesia sanctæ Dei genitricis Mariæ canonicus quidam nuper obiit, qui multa habens stipendia, delicatissime vixerat. Et quia ex deliciis, maxime ex his quæ ad gulam pertinent, libido nascitur, nata nutritur, et quotidianis eius incitamentis augmentatur : idem iuvenis valde tunicam carnis suæ maculavit, et tam illo quam aliis suis peccatis iram Dei in se provocavit. Tandem per infirmitatem tactus, timore mortis confessionem fecit, peccata deflevit, emendationem promisit, viaticum accepit, inunctus est, hominem deposuit. Cuius corpus, utpote viri nobilis divitisque, cum magna pompa sæcularis gloriæ tumulatum est. Et erat in illa die tanta serenitas, ut ipse aer eius exsequiis famulari videretur. Dixeruntque homines ad invicem : Multa bona praestitit Deus homini isti. Nihil, ei defuit horum quæ homo Christianus habere debuit. Dominicis sacramentis munitus est, aer in eius morte serenatus est, cum multa gloria sepultus est. Sed homo videt in facie, Deus autem intuetur cor. Post paucos dies cuidam sibi valde familiari apparens, dicebat se esse damnatum. Cumque miraretur ille et expavesceret, pœnitentiam eius atque confessionem, sacram etiam communionem et inunctionem commemorans, respondit defunctus : Unum bonum mihi defuit, sine quo nullum horum, quæ enumerata sunt, mihi prodesse potuit. Quod est illud ? inquit. Respondit mortuus : Vera contritio. Licet enim Deo promiserim consilio confessoris mei continentiam, sive alia quæ salutis sunt, tamen dicebat mihi conscientia, quia si convalueris, observare non poteris. Et quia cor magis declinabat ad transgressionem, quam ad voti observationem, nullius peccati merui remissionem. Deus requirit fixum propositum poenitendi. Ecce hominis huius pœnitentia sera fuit et ficta ; nec tamen fuisset sera, si fuisset vera.

Novicius : Non mirabor amodo poenitentiam seram vix esse veram.

Monachus : Plures sunt in sæculo, quos ego bene novi, qui tempore infirmitatis, cum timerent mori, se inter manus Abbatis reddiderunt, et cum convaluissent, transgressores voti facti sunt. Anno præterito apud Bonnam vicum Dioecesis Coloniensis, vagus quidam clericus, Nicolaus nomine, quem vocant Archipoetam, in acutis graviter laboravit, et cum mori timeret, tam per se ipsum quam per canonicos eiusdem ecclesiæ, ut in ordinem susciperetur, apud Abbatem nostrum obtinuit. Quid plura ? Cum multa, ut nobis videbatur, contritione tunicam induit, quam facta crisi celerius exuit, et cum quadam irrisione proiiciens, aufugit.

Novicius : Multi sunt peccatores, qui contritionem habere non possunt, et de hoc ipso dolent. Quid ergo sentiendum est de tali dolore ?

Monachus : Talis dolor meritorius non est, quia sine caritate ; præparat tamen aliquando viam caritati. Caritas et peccandi voluntas simul inesse non possunt. Quid de tali dolore sanctus Bernardus senserit, verbis et exemplo illius doceberis
.

[À Paris, en l’église de sainte Marie mère de Dieu, {a} venait de mourir un chanoine qui, jouissant de nombreux bénéfices, avait vécu fort somptueusement. Des délices, surtout ceux qui touchent à la gourmandise, lui était née la luxure : il avait entretenu une fille dont les aiguillons augmentaient jour après jour ses débauches ; la même jeune femme avait aussi lourdement souillé sa tunique charnelle. Pour celui-là et pour ses autres péchés, il s’était attiré l’ire de Dieu. À la fin, frappé d’infirmité, dans la crainte de la mort, il se confessa, il pleura ses péchés, promit de s’amender, reçut le saint viatique et l’onction, {b} puis rendit l’âme. S’agissant d’un homme connu et puissant, son corps fut inhumé avec toute la plus belle pompe des fastes temporels ; et ce jour fut si serein que même l’air sembla vouloir embellir les funérailles. Les gens se disaient entre eux : « Dieu a procuré quantité de biens à cet homme. Rien de ce qu’un chrétien doit posséder ne lui a manqué. Il a reçu les saints sacrements, l’air était serein quand il est mort, il a été enterré en grande gloire. » Mais l’homme ne voit que l’apparence, tandis que Dieu sonde le cœur. Quelques jours plus tard, il apparut à une personne qui le connaissait intimement {c} et lui dit qu’il avait été damné. Celle-ci s’en étonna et s’en effraya, se souvenant de la pénitence et de la confession, {d} tout comme de la communion et de l’onction. Le défunt lui répondit alors : « Il ne m’a manqué qu’un bienfait, sans lequel aucun de ceux que tu énumères n’a pu m’être utile. » « Quel est-il ? » dit l’ami. Le mort répondit : « La véritable contrition, car, bien que, sur le conseil de mon confesseur, j’aie promis la continence et tout ce qui procure le salut, ma conscience me disait que, si je guérissais, je serais incapable de m’y soumettre. Et puisque mon cœur me poussait plus à la transgression qu’à l’observation de ces vœux, je ne méritais en rien la rémission de mes péchés. Dieu exige un inébranlable engagement à faire pénitence. » La contrition de cet homme a donc été tardive et feinte ; elle n’aurait pas été tardive si elle avait été sincère.

Le novice : « Dorénavant, je ne m’étonnerai plus qu’une contrition tardive ne soit guère sincère. »

Le moine : « Je suis bien placé pour savoir que, de nos jours, quantité de gens, au moment où ils sont malades et craignent de mourir, se confient aux mains d’un abbé ; puis, quand ils ont guéri, ils renient les vœux qu’ils ont prononcés. L’an passé, à Bonn, dans le diocèse de Cologne, un prêtre errant, dénommé Nicolas, qu’on appelle l’Archipoète, {e} tomba soudainement en une grave maladie ; et comme il avait peur de mourir, sur sa prière et sur celle des chanoines de son église, il obtint de notre abbé qu’il l’admît en notre Ordre. Qu’advint-il ensuite ? Avec profond repentir, nous sembla-t-il, il revêtit la bure ; mais il la quitta aussitôt sa crise passée, et la jetant aux orties avec quelque moquerie, il se sauva. »

Le novice : « Quantité de pécheurs ne peuvent obtenir la contrition, mais ils en sont profondément peinés. Que faut-il donc penser de leur souffrance ? »

Le moine : « Une telle souffrance ne procure aucun gain, parce qu’elle est dénuée d’amour ; néanmoins, elle ouvre parfois la route à l’amour. L’amour et la volonté de pécher sont incompatibles. Les paroles et l’exemple de saint Bernard {f} t’apprendront ce qu’il faut penser d’une telle souffrance. »]


  1. La cathédrale primitive Notre-Dame de Paris, édifice roman qui a précédé, au même endroit, l’actuelle cathédrale, bâtie entre les xiie et xive s.

  2. V. note [15], lettre 251.

  3. D’aucuns ont prétendu que cet ami du défunt chanoine était le futur saint Bruno (v. infra note [51], notule {e}).

  4. V. seconde notule {c}, note [54] du Borboniana 5 manuscrit.

  5. L’Archipoète (Archipoeta) est le pseudonyme adopté par un poète errant du xiie s., qui se plaça sous la protection de Rainald von Dassel, archevêque de Cologne. Il a laissé dix textes en vers latins, dont le dernier et le plus connu est sa confession, qui commence par ces mots : Æstuans intrinsecus ira vehementi [Bouillant intérieurement d’une violente colère].

  6. Saint Bernard de Clairvaux (mort en 1153, v. note [36], lettre 524).

51.

« Voyez Papire Masson, livre iii, page 233 » :

Papirii Massoni Annalium libri quatuor : Quibus res gestæ Francorum explicantur. Ad Henricum Tertium Regem Franciæ et Poloniæ. Editio secunda.

[Quatre livres des Annales de Papire Masson, {a} où sont expliquées les affaires des Français. Dédié à Henri iii, roi de France et de Pologne. Deuxième édition]. {b}

Livre iii, page 217 du chapitre intitulé Philippus Rex [Le Roi Philippe], {c} :

Anno insequenti ordo Chartusianorum in Gallia ortus est. Chartusianorum appellantur a Chartusia monte iuxta Gratianopolim Allobrogum, ubi Bruno tranquillam sedem sibi delegit : Bruno inquam non ignobilis Theologus, ut monimenta ostendunt. Ex Chronico Sigeberti, patria Coloniensem illum fuisse scimus ex Canonico Rhemensi ac Scholarum magistro princeps Monachorum factus est, Landuino Italo et aliquot præterea sociis. Petrus Cluniacensis cognomine Mauriacenus, qui Crasso et Ludovico Regibus vixit, ordinis hujus autores Brunonem et Landuinum nominat, cumque originem, institutum, ac mores Chartusianorum accuratissime describat, nullam Canonici Parisiensis mentionem facit, qui inter solennes inferias dicitur respondisse mortuus.

[L’Ordre des chartreux fut fondé en France l’année suivante. {d} Il est dit des chartreux à cause du massif de la Chartreuse, près de Grenoble, où Bruno se choisit une retraite tranquille : Bruno dont je dirai qu’il ne fut pas un théologien obscur, comme le prouvent ses ouvrages. La Chronique de Sigebert {e} nous apprend qu’il était natif de Cologne et que, de chanoine de Reims et maître des Écoles, il a été désigné chef des moines par Landuin l’Italien et quelques autres de ses compagnons. Pierre de Cluny, surnommé Maurice, {f} qui vécut sous le règne de Louis le Gros, {g} désigne Bruno et Landuin comme auteurs de cet Ordre ; et quand il décrit très soigneusement l’origine, l’institution et la règle des chartreux, il ne fait aucune mention du chanoine parisien que des annales plus récentes ont dit avoir parlé après sa mort]. {h}


  1. V. note [7], lettre 16.

  2. Paris, Nicolas Chesneau, 1578, in‑8o de 503 pages.

  3. Philippe ier, roi capétien qui a régné sur la France de 1060 à 1108.

  4. 1086 : l’année 1084 est ordinairement retenue pour la fondation des chartreux par saint Bruno (v. note [10], lettre 580).

  5. Sigebert de Gembloux (province de Namur), son lieu de naissance vers 1030, est un chroniqueur et moine bénédictin qui mourut en 1112.

  6. Pierre le Vénérable, v. note [92] du Faux Patiniana II‑7.

  7. Louis vi, roi de France de 1108 à 1137, surnommé le Gros, Crassus en latin, ce qui explique la bourde de Masson (ou de son éditeur) dont le texte latin dit « des rois Louis et le Gros » : Crasso et Ludovico Regibus pour Ludovico Crasso Rege.

  8. Réfutation du conte qui ferait du futur saint Bruno celui à qui le chanoine parisien dépravé aurait parlé après sa mort (v. supra note [50]), et que cette mésaventure aurait déterminé à se retirer du monde pour fonder l’Ordre des chartreux…

Dans sa lettre du 7 octobre 1659 à André Falconet, {a} Guy Patin a critiqué cette fable inepte de Bruno revenant, en renvoyant au théologien Jean de Launoy {b} qui l’a dénoncée, en épluchant scrupuleusement tous les écrits sur la vie de Bruno, dans son livre intitulé :

Defensa Romani Breviarii Correctio circa historiam Sancti Brunonis, seu de vera causa secessus S. Brunonis in eremum Dissertatio…

[Correction revendiquée du Bréviaire romain {c} sur l’histoire de saint Bruno, ou Essai sur la véritable cause de son retrait dans la solitude…]. {d}

Les attaques de Launoy visaient tout particulièrement les livres de deux de ses antagonistes :

52.

V. note [1], lettre 18, pour l’affaire de Loudun (1630-1634), la plus célèbre diablerie du xviie s., que Guy Patin et bien d’autres ont tenu pour une cruelle vengeance de Richelieu (dont le Patiniana a ici caché le nom) contre Urbain Grandier, curé libertin de la ville.

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.

53.

Jurançon était alors une petite localité du Béarn, située au sud de Pau, sur la rive opposée du Gave ; elle est aujourd’hui intégrée à l’agglomération paloise. On y produit toujours du vin blanc, sec ou moelleux. À en croire le Patiniana, seul ce second type de cru, naturellement liquoreux, régalait les Parisiens.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 71).

54.

« par sécheresse excessive. »

Phtisie et consomption étaient deux des sept noms (v. notes [3], lettre 66, et [6], lettre 463) qu’on donnait à l’épuisement général du corps et de toutes ses fonctions, correspondant au stade terminal de diverses maladies : principalement la tuberculose, mais aussi les cancers, les carences alimentaires (comme la famine ou le rachitisme) ou les désordres endocrines (diabète dit maigre, hyperthyroïdie). Faute de savoir en discerner les diverses causes, les références hippocratiques aux influences de l’air et des lieux fondaient les spéculations des médecins sur la nature de cette « maladie desséchante » et irrémédiable.

55.

V. note [36] du Naudæana 2 pour Hadrianus Finus (qui n’était pas prêtre), son fils Daniel et leur livre de spécieuse exégèse biblique « contre les Hébreux, ou le Fouet des juifs » (Venise, 1538).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (page 37).

56.

Le Patiniana imprimé ayant rendu cet article inintelligible, je lui ai substitué celui du manuscrit de Vienne (page 71).

Daniel Tilenus (Goldberg, Silésie 1563-Paris 1633), dont le patronyme allemand était Tieleners, figure dans trois autres articles du manuscrit de Vienne.

57.

En 1599, Marie Bruneau de Rechignevoisin (Sedan 1584-Oradour-sur-Glane 1641), fille d’un riche intendant originaire de Troyes, avait épousé Charles de Rechignevoisin, seigneur Des Loges, dans le Poitou, qui était gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi et apparenté aux Guron de Rechignevoisin (v. note [75], lettre 219). Tallemant des Réaux lui a fait les honneurs d’une historiette, opportunément intitulée Madame Des Loges et Borstel (tome i, pages 606‑608) :

« Comme ç’a été la première personne de son sexe qui ait écrit des lettres raisonnables et que, d’ailleurs, elle avait une conversation enjouée, et un esprit vif et accort, elle fit grand bruit à la cour. {a} […]

Celui qui a eu le plus d’attachement avec Mme Des Loges, ç’a été un Allemand, nommé Borstel. {b} Étant résident des princes d’Anhalt, il fit connaissance avec elle, et apprit tellement bien à parler et à écrire qu’il y a peu de Français qui s’en soient mieux acquittés que lui. Il la suivit en Limousin. Le prétexte fut qu’ils avaient acheté ensemble de certains greffes {c} en ce pays-là. Il avait transporté tout son bien en France. Comme il se vit en un pays de démêlés, il ne voulut point se mettre parmi la noblesse ; et comme il n’avait pas une santé trop robuste, il se feignit encore plus infirme qu’il n’était afin de rompre tout commerce avec ces gens-là. Il fut même quelques années sans sortir de la chambre. Cela fit dire qu’il avait été dix-huit ans sans voir le jour qu’à travers des châssis, {d} et qu’il fut longtemps sans pouvoir décider s’ils étaient moins sains de verre que de papier.

Mme Des Loges morte, Borstel eut soin de ses affaires et de ses enfants. Borstel vint à Paris et on parla de le marier avec une fille de bon lieu, assez âgée, nommée Mademoiselle du Metz ; mais l’affaire ne put s’achever car il avait appris quelque chose qui ne lui avait pas plu, mais il ne le voulut jamais dire. […]

Borstel, quelque temps après, en cherchant une terre, trouva une femme ; car il épousa une jeune fille bien faite qui était sa voisine à la campagne, et il en a eu des enfants ; mais il ne s’en porta pas mieux. Il envoya ici, en 1655, un mémoire pour consulter sa maladie ; {e} il avait mis ainsi : “ Un gentilhomme de cinquante-neuf ans, etc. ” Feret, son ami, secrétaire du duc de Weimar, porta ce mémoire à un nommé Lesmonon, médecin huguenot, qui est à M. de Longueville, qui consulta avec d’autres et rédigea après la consultation par écrit. Il commençait ainsi : “ Un gentilhomme âgé de soixante-neuf ans, et qui s’est marié depuis quatre ou cinq ans à une jeune fille, etc. ” Feret, voyant cela, lui dit qu’il ne l’avait pas prié de tuer M. Borstel, mais bien de le guérir s’il y avait moyen ; et que de lui parler de son âge et de son mariage, c’était lui mettre le poignard dans le sein. On changea ce commencement. Il avait soixante ans et plus quand il se maria, et était si incommodé qu’il ne pouvait dormir qu’en son séant. {f} Il mourut de cette maladie pour laquelle on avait fait la consultation. »


  1. Aucun écrit de Marie Des Loges n’a été publié. Son renom est lié aux gens de lettres qu’elle réunissait chez elle.

  2. Dans une note, Antoine Adam, l’éditeur des Historiettes, le nomme Adolphe de (Adolf von) Borstel :

    « Il était fils de Conrad de Borstel, premier ministre d’État des princes d’Anhalt [v. note [3], lettre latine 19], gouverneur général de cette principauté. Adolphe de Borstel fut envoyé en France en 1620 par Frédéric v, électeur palatin, pour le représenter auprès de Louis xiii. Il se fit naturaliser et devint gentilhomme ordinaire de la Chambre. »

  3. Charges de greffier.

  4. Fenêtres.

  5. Le Patiniana laisse imaginer que Guy Patin fut l’un des médecins qui se penchèrent sur le cas de cet hypocondriaque.

  6. Ne pouvoir dormir qu’assis (orthopnée, v. note [35], lettre 216) est un signe fidèle d’insuffisance cardiaque.

V. note [4], lettre 125, pour Iohannes Tilemannus (Johann Tilemann) Stella, Bipontinus [natif de Deux-Ponts (Zweibrücken en Rhénanie-Palatinat)].

58.

V. notes [67‑1] du Naudæana 1 pour le cardinal Pietro Bembo, et [7], lettre 205, pour le pape Léon x, Jean de Médicis.

Un « froissement de jambe » est un écrasement, avec plaie des parties molles (chairs) et fracture (ouverte) des os. Une gangrène secondaire dut causer le décès de Bembo, le 19 janvier 1547, deux mois et demi avant le roi François ier (le 31 mars).

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 71‑72).

59.

Cet article figure dans le manuscrit de Vienne (page 50) et répète ce qui a déjà été dit dans le Patiniana I‑2 sur Redemptus Baranzanus, {a} en y ajoutant les titres de deux de ses ouvrages :

60.

Cet article du Patiniana figure dans le manuscrit de Vienne (pages 72‑73). V. notes :

Dans sa correspondance et ses autres écrits, Guy Patin n’a pas mentionné les deux autres jésuites que citait ici le Patiniana :

61.

Giorgio (Georges ou Georg) Basta (comte von Basta ; Rocca [Roccaforzata, province de Tarente, dans les Pouilles 1544-Prague 1607) appartenait à une famille originaire d’Albanie (ancienne Épire grecque). Général au service du Saint-Empire, il combattit contre les Ottomans avec ardeur et succès, mais se signala par son inflexibilité, que ses ennemis ont dépeinte comme une cruauté mêlée de fourberie. En 1604, durant son occupation malheureuse de la Transylvanie, il fut contraint à l’exil et se retira à Vienne et à Prague, où il rédigea trois traités consacrés à l’art militaire. Le Patiniana en citait deux :

Cet article du Patiniana imprimé ne figure pas dans le manuscrit de Vienne.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits. Ana de Guy Patin : Patiniana I-3 (1701)

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(Consulté le 25/04/2024)

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