Parmi plusieurs éditions, françaises puis latines, de « Toutes les Œuvres » et des Opera omnia d’André i Du Laurens, [1][1] la plus remarquable pour nous est celle que Guy Patin a produite au cours de ses études de médecine et publiée à Paris en 1628. [2][2] La seule date que contienne cet ouvrage est celle du Privilège du roi, signé Lepec, à Étampes, le 28 septembre 1627, sachant que Patin a été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris le 16 décembre suivant en présidant la thèse quodlibétaire du bachelier Georges Joudouin. [3][3]
Les pièces liminaires disséminées dans ce livre contiennent notamment deux épîtres de Patin, en tête de sa quatrième partie, [4]. Si on met à part les deux thèses qu’il a rédigées pendant ses études et un très douteux recueil de cantiques, [5][4][5] ce sont les premiers écrits à émaner de sa plume, antérieurs de deux ans à la plus ancienne lettre qu’on ait de lui (datée du 20 avril 1630). Ils présentent donc un double intérêt, littéraire et scientifique, pour un aperçu de son premier style latin et de ses idées médicales à l’aube d’une brillante carrière académique parisienne, avant les compromis auxquels elle l’a contraint.
Épître dédicatoire [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page aaa ij ro| LAT | IMG]
« Guy Patin, docteur en médecine de Paris, natif du Beauvaisis, adresse ses plus profondes salutations au très noble et très distingué Monsieur André Du Laurens, sieur de Ferrières, [6] fils unique de M. André Du Laurens, archiatre.Très distingué Monsieur, la singulière et éminente doctrine de feu Maître André Du Laurens, votre père, a tant alimenté l’admiration des hommes que sa renommée et sa gloire peu communes s’étendent jusqu’aux confins du monde habité, et que les nations étrangères envient à la France d’avoir été le lieu de sa naissance. Elles admirent et lisent les merveilles d’heureuse science dont il a empli ses livres et en tirent grand profit. À l’instar du moly d’Homère, [7] que Mercure [8] a donné à Ulysse, [9] ou de son bienfaisant népenthès envoyé par les dieux, [6][10][11] elles croient que ses brillants ouvrages contribuent au salut et au soulagement général du genre humain, et surtout de ceux qui souffrent. [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa ij} vo| LAT | IMG] Par leur richesse, il s’élève à ce degré de gloire, à ce faîte et sommet absolu en l’art de rémédier, auquel
.…………….pauci quos æquus amavit
Iuppiter, aut ardens evexit ad æthera virtus,
Diis geniti potuere. [7][12]Je dis cela en sachant bien que toutes ne les ont pas encore entièrement vues : soit parce que l’auteur en a écrit certaines parties en français ; soit parce qu’il ne les avait encore jamais publiées, ni même montrées aux siens qui, néanmoins, avec tendresse et douceur, recueillent, carressent et couvrent de baisers ce qu’il leur a été permis d’en voir. Il est toutefois légitime que le monde se plaigne de ne pas avoir la pleine disposition et jouissance des ouvrages d’un si grand homme, quand la France seule, pour l’honneur de l’avoir couvé en son sein, profite à l’envi de sa salutaire doctrine. Pour le bénéfice des nations étrangères, pour la gloire et l’embellissement personnels de l’auteur, et pour le prestige de notre pays, il m’a semblé ne pas avoir démérité en prenant la peine d’exposer à tous les regards, sous la forme d’un recueil unique, ses œuvres complètes dont les éditions avaient jusqu’ici été scindées et éparpillées. [8] J’ai aussi traduit de français en latin certains de ses opuscules, pour les rendre plus facilement accessibles à qui voudra. En outre, j’ai pris soin de mettre en lumière et de faire imprimer ceux de ses textes qui languissaient indignement dans les ténèbres. Puisque tout cela, très distingué Monsieur, est comme un héritage qui vous revient de plein droit, je vous dédie les œuvres de votre père, ou plutôt je vous les rends, et souhaite qu’elles voient le jour sous les auspices de votre très éminent nom. Il me semblait parfaitement juste de vous en prier avec insistance. Ma traduction latine des œuvres que votre père, le très brillant archiatre André Du Laurens, a écrites en français [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iij} ro| LAT | IMG] respectent leur argumentaire, leur sens, leur raisonnement et leur plan, elles n’en diffèrent que par la diversité de langue ; tout comme sont le sang, le génie, l’ardeur et la propension aux vertus héroïques qu’un très célèbre père transmet à son très noble fils, au point presque que seuls l’âge et le métier [9] permettent de les distinguer l’un de l’autre. Nul ne peut émettre le moindre doute sur vos admirables talents s’il sait que vous êtes né d’un tel et si grand père. C’est pourquoi, afin de ne pas paraître ici pécher par excès, je cargue mes voiles et me tourne à nouveau vers vous, très distingué Monsieur, pour vous offrir de bon cœur ces opuscules. Que d’autres aient, comme on dit, l’usufruit de ce remarquable ouvrage, car la nature du savoir est telle qu’il profite à beaucoup de gens, sans ôter à celui qui en est le maître. Tirez gloire des splendides richesses dont vous êtes le seigneur et propriétaire légitime, et trouvez juste et bon le travail et les soins de celui qui, entièrement dévoué à votre famille, a déployés pour les colliger et les mettre en bon ordre.
Avis au lecteur [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iij} vo| LAT | IMG]
« Guy Patin, docteur en médecine de Paris natif du Beauvaisis, salue le bienvellant lecteur.Aussi loin que remonte la mémoire des hommes, ils ont toujours tenu pour juste que chacun doive consacrer toute sa force à faire partager à sa communauté tout fruit qui peut lui procurer profit et utilité. Je ne me suis donc ménagé aucun effort pour promouvoir l’édition de l’ouvrage que voici, en vue de rendre service aux philiatres qui étudient jour et nuit. Je me suis ainsi rendu compte que les précédentes parutions des œuvres médicales de M. André Du Laurens, jadis premier médecin du roi très-chrétien, et désormais très célèbre par toute l’Europe, sont devenues rares chez nous, et qu’une partie en est restée inédite. J’appris aussi que tous les amoureux de la médecine désiraient ardemment étudier son Anatomie et ses livres sur les Crises, [13] mais qu’en dépit de multiples impressions et réimpressions, à Lyon, Paris, Rouen, Francfort et plusieurs autres lieux, [11] ils étaient presque incapables d’en trouver des exemplaires à vendre en notre ville. Voilà pourquoi j’ai poussé nos libraires parisiens à se soucier de les remettre sous la presse et de les donner au public. En outre, son Anatomie, parue pour la première fois voilà trente-cinq ans, devait être revue et purgée des fautes qu’y avaient répandues l’ignorance et la négligence de ceux qui y avaient travaillé. [12][14][15] Pour honorer la mémoire d’un si grand homme et rendre service aux philiatres, j’ai donc voulu mettre à la disposition du public les œuvres complètes de notre très savant archiatre, après avoir pris soin de les éditer et de les regrouper, car elles sont admirables et fécondes par le sérieux de leur contenu, ce qui les rend ardemment recherchées par quantité de gens.
Plan complet de l’ouvrage [13]
J’ai attribué la première place à l’Historia Anatomica ; la deuxième au traité de Crisibus ; la troisième, au livre de Strumis ; [16] aux quatre traités, que notre auteur avait précédemment édités en français et que j’ai traduits en latin, 1. de Visus nobilitate, et eum conservandi modo, 2. de morbis Melancholicis, [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iv} ro| LAT | IMG] eorumque curatione, [17] 3. de Catarrhorum generatione, eosque curandi ratione, [18] 4. de Senectute, eiusque salubriter tansigendæ modo, j’ai assigné la quatrième place ; puis mis à la cinquième des opuscules inédits de M. A. Du Laurens, tirés des leçons qu’il a dictées en 1587 et 1588, quand il enseignait aux chirurgiens, en la très célèbre Université de Montpellier, [19] que j’ai colligés et traduits en latin ; ces opuscules contiennent aussi trois traités, 1. de Arthritide, [20] 2. de Lepra seu Elephantiasi, [21] 3. de Lue venerea ; [22] j’y ai ajouté, en sixième lieu un court commentaire sur le livre de Galien qu’on appelle Ars parva, [23] touchant surtout à la partie sémiologique [24] de la médecine et tiré par M. Jean Aubery, [25] de Moulins, [26] disciple d’André Du Laurens, des leçons qu’il a dictées à Montpellier en 1589 et 1590 ; ce commentaire est écrit de la propre main de M. Aubery et j’y ai eu accès grâce à M. Gabriel Naudé, [27] très savant jeune Parisien qui est fort versé dans la lecture des bons auteurs, tant philosophes que médecins, et cette faveur doit lui valoir les remerciements de tous les philiatres ; [14] enfin, en septième lieu, se trouve un choix de 14 consultations médicales, [28] portant sur diverses affections et questions incertaines qui se rencontrent fréquemment en exerçant la médecine ; elles ont été recueillies par les soins zélés de M. Antoine Du Laurens, [29] avocat au Conseil privé du roi [30] et frère hautement méritant de notre très brillant auteur ; M. Aubery, [31] fils de Jean, qui est lui aussi natif de Moulins, me les avait remises afin qu’elles fussent imprimées. [15] À ces opuscules posthumes d’André Du Laurens, j’ai seulement ajouté de brèves notules pour illustrer et éclairer le sujet dont elles traitent, ainsi qu’un double index des chapitres et des faits mémorables pour te faciliter la consultation de chacun des traités. [16] Accepte sereinement, ami lecteur, le fruit de mon labeur, et puisse ta bienveillance à mon égard le défendre contre Zoïle [32] et son engeance de jaloux, ainsi que contre les morsures d’autres braillards impies et malveillants qui pourraient furieusement attaquer les mânes de notre incomparable auteur parce que sa fidèle plume a mal recopié quantité de choses parfaitement exactes et justes qui avaient été écrites avant lui ; [17] ou plus encore, parce qu’on peut trouver plus de deux mille erreurs flagrantes qui pullulent dans tous les chapitres de son Anatomie, dont la raison n’est pas seulement qu’il a divagué en écrivant, mais qu’il n’a même jamais vraiment disséqué un cadavre de ses propres mains ; ou enfin, ceux qui lui reprochent à tort et futilement de n’être pas bon grammairien, [18] et plus encore bon orateur ou bon philosophe, voire même bon médecin et bon anatomiste. Toutes ces inepties méritent à peine une réponse, tant elles sont absurdes et mensongères, comme je le démontrerai ailleurs le moment venu, si Dieu tout-puissant m’en donne occasion, Lui qui donne tout ; mais en attendant, je répliquerai à ces chicaneurs et calomniateurs [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iv} vo| LAT | IMG] par les paroles de saint Paul au deuxième chapitre de sonÉpître aux Romains : “ Qui que tu sois, homme ! tu es inexcusable quand tu juges, car en jugeant autrui, tu te condamnes toi-même, car tu agis de même que lui en jugeant. ” [19][33] Je souhaite aussi que ces sombres et chagrins censeurs, ou plutôt ces iniques arbitres des ouvrages d’autrui, s’inspirent à l’occasion de Jules-César Scaliger, [34] ce très sage et grave prince des philosophes, quand il dit : Suam cuique laudem, laborum præmium, et relinquimus libenter, et concedimus cumulate, et deferimus liberaliter. Non ut quidam ignavi atque ingrati audent facere, ut alienis laboribus titulos imponant suos : tum gratiam quam debent, dissimulant superciliosi, aut eius abolent memoriam maleficiis, ne sui nominis propriæque fortunæ auctoribus quidpiam debuisse videantur. Ceterum novi isti homines, novi causarum iudices, conscientiam pro accusatore, pro iudice habituri sunt posteritatem, etc. ; [20] ce que notre Du Laurens peut dire avec vérité à son propre sujet. Nostrorum monimentorum vita, illorum nominis mors futura est. Studio atque magnanimite parandum, servandumque est regnum literarum, cuius anima Virtus, et Veritas est : non ambitionibus atque factionibus exercendæ coniurationes, etc. [20] Pareillement, je voudrais m’acquitter de ces Zoïle en citant ce propos de Sénèque : Non est quod tardiores faciat ad bene merendum turba ingratorum. Quam multi in-
digni luce sunt ? et tamen dies oritur ? [21][35] Peut-être aboieront-ils aussi après moi, pour n’avoir pas toujours été aussi fidèle que je devais, ou pour paraître avoir mis en latin quantité de phrases avec moins d’élégance et d’ornement qu’il y fallait ; mais je voudrais que ces Zoïle sachent de moi que :Ornari res ipsa negat, contenta doceri. [22][36]Je m’y suis pris sciemment et sagement ; j’y aurais mis plus d’élégance et emprunté un vocabulaire plus riche si j’avais préféré ma réputation à l’intérêt public et à la traduction fidèle des propos de Du Laurens. Que se récrient et se déchaînent donc ceux que je vois être nés pour blâmer le travail des autres, plutôt que pour exceller dans le leur, et pour qui
…………………….non Siculæ dapes
Dulcem elaborabunt saporem ! [23][37]De fait, ils méprisent tout, et prétendent avoir sous la main du bien meilleur ouvrage s’ils voulaient se donner la peine de le publier : qu’ils le publient donc avec ma permission, ou
…………………..rabie iecur incendente ferantur
Præcipites. [24][38]Je n’ai cure de leurs sarcasmes, je ne crains pas leurs railleries, [Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa v} ro| LAT | IMG] je serais bien plus marri de n’avoir pas été utile à une seule personne bienveillante et désireuse de s’instruire, que d’avoir vainement mis ce bienfait, dont ont accouché mon labeur et mes veilles, entre les mains de mille individus jaloux et orgueilleux. Je te prie donc, bienveillant lecteur, de trouver bon tout ce que j’ai fait et de le recevoir avec amitié, pour que cela te procure agrément et utilité. Quemadmodum enim nullum est tam plenum beneficium, quod non vellicare malignitas possit, ita etiam plenum angustum, quod non bonus interpres extendat. [25] Je ne doute pas que d’honnêtes gens n’accordent si peu que ce soit leurs faveurs à notre labeur, et que ceux à qui il pourra paraître moins estimable lui pardonnent d’eux-mêmes ses imperfections, car plaire à tout le monde a-t-il jamais été accordé à quiconque sous notre Soleil ? Je ne voudrais pas non plus que tu penses que j’aie œuvré par vaine ostentation, comme tant d’auteurs en ont coutume : je l’ai fait pour l’avantage du public et j’ai mis ce livre au jour dans l’idée que, si tu as le bonheur de comprendre son contenu et s’il reçoit ton approbation, j’accepterai désormais de toujours me consacrer à de plus grandes tâches qui seront utiles au public. Vale, ami lecteur et ne cesse pas d’aimer ton cher Patin. »
Épigrammes
Quatre poèmes latins, parsemés dans l’ouvrage, ont Guy Patin pour auteur ou pour dédicataire.
[Laurentii Opera omnia, 1re partie, page {ĩ ij} vo| IMG] Dans les pièces liminaires de l’Anatomie : [26]
In D. Andreæ Laurentii,
Archiatrorum Comitis, et Anatomicorum
omnium quotquot sint et fuerint,
Pimicerij et Antistitis com-
mendationem
epigramma.
Fallopium Patavina colit ; Romana Columbum ;
Germana Albertum ; Flandria Vesalium ;
Bauhinum Basilea ; suum Veneti Parisanum ;
Bœtica Valverdam tollit ad astra suum :
Pauuium haben Batavi ; stat Sylvius in Parisina ;
At te, Laurenti, Gallia tota tenet.Guido Patinus, Bellovacus,
Doctor medicus Parisiensis.
[En recommandation de Me André Du Laurens, comte des archiatres, chef et champion de tous les anatomistes présents et à venir.
Padoue honore Fallope ; [39] Rome, Colombo ; [40] l’Allemagne, Alberti ; [41] la Flandre, Vésale ; [42] Bâle, Bauhin ; [43] Venise, son cher Parisano ; [44] l’Espagne porte son Valverda [45] aux nues ; les Bataves ont Pavius ; [46] Sylvius [47] trône à Paris ; mais c’est toi, Du Laurens, que la France tout entière reconnaît pour sien. [27]Guy Patin natif du Beauvaisis,
docteur de médecine de Paris].
In
Clariss. Celeberrimique Viri
D. Andr. Laurentii Archiatri
Tractatum de Strumis.
Dum Christianus et potens Rex Galliæ
Tangente Strumas sanat acres dexterâ,
Summus Dynastes audit, et Asclepius :
Miranda sed dum Regis hæc Laurentius
Sermone docto prodit, et ortam polis
Aperire cunctis nititur potentiam,
Dubium relinquit, sitne Rex illustrior
Isto libello, sit vel ipse illustrior.Guido Patin, Bellovacus,
Medicus Parisiensis.
[Sur le Traité des Écrouelles du très brillant et célèbre archiatre, M. André Du Laurens.
Quand le puissant et chrétien roi de France guérit les âcres écrouelles en les touchant de sa main salutaire, le Très-Haut l’exauce, comme le fait Esculape ; [48] mais quand un savant discours de Du Laurens expose ces miracles et s’efforce de révéler à la Terre entière le pouvoir inné du roi, il reste à se demander si le roi est plus illustre ou s’il est plus savant que ce petit livre.
In Clariss. Viri
D. Patini Commendationem,
quod hæc D. Andreæ Laurentii
Opuscula Latinitate donaverit.
Plurima Laurenti, ibi se debere fatetur
At quod in extremas celebris perveneris oras,
Quod peregrina tuam natio sensit opem.
Hoc assertori debes, mihi crede Patino,
Hoc velut auctori gens fere tota refert.I.D.N. Philosophiæ Professor
in Academia Parisiensi.
[Recommandation en faveur du très distingué M. Patin, pour avoir traduit en latin ces opuscules de M. André Du Laurens.
La France, ô Du Laurens, reconnaît te devoir beaucoup car elle a la pleine jouissance de tes livres ; mais ta célébrité doit atteindre les contrées les plus lointaines, et toute nation étrangère comprendre tes œuvres. Crois-moi, tu dois cela à Patin, ton défenseur, dont presque tout le monde dit qu’il en est comme ton recréateur.I.D.N. professeur de philosophie en l’Université de Paris]. [31][50]
V.C.D. Dom. Patino,
in Parisiensi Facultate
Doctori Medico, quod hæc
D. Laurentii Opuscula primus
omnium Latinitate donaverit.
Morborum solitos cohibere medendo furorem,
Et Phlegethontæo naulos subducere Nautæ
Latonâ genitum, Téque, ô Caducifer Hermes,
Numina fecerunt veteres, cælóque locarunt.
Quod debet, Patine, tibi gens Gallica nomen,
Qui tristi revocas mandata cadavera busto ?
Nam dum Laurenti<i> voces facis esse Latinas,
Dans operi lucem, dans vitam luminis orbo,
Sola voce facis quod Dij potuêre medendo.Hoc veriss. virtutis encomium de se bene merito,
in primaria Galliarum civitate canebat,
Iul. Pilet Mesnard.,
Nannetensis 1627.
[Au très distingué Maître Patin, docteur de la Faculté de médecine de Paris, pour avoir été le premier de tous à traduire en latin ces Opuscules de Du Laurens.
[Ô Hermès, porteur du caducée, [33][51] les antiques divinités t’ont façonné et placé au ciel, avec le fils de Latone, [34][52][53] qui dérobe ses cargaisons au Nautonier du Phlégéthon, [35][54][55] et avec ceux qui ont pour métier de contenir la fureur des maladie. À toi, Patin, le peuple de France ne doit-il pas une part de son renom quand tu ranimes des cadavres qu’a réclamés le triste tombeau ? En tournant en latin les mots de Du Laurens, tu éclaires un ouvrage orphelin, tu lui donnes la vie de la lumière, et par ta seule voix, tu égales le pouvoir des dieux à remédier.Jules Pilet de La Mesnardière, natif du Pays nantais, a composé cet éloge que mérite bien la plus authentique vertu, en la capitale de France l’an 1627]. [36][56]
Scolies de Patin sur les traités de Du Laurens
Patin a enrichi ses versions latines de huit scolies [scholiæ, commentaires]. Celle qui m’a le plus intéressé suit le chapitre ii du traité de Lue Venerea. [37]
[Laurentii Opera omnia, 5e partie, page 63| LAT | IMG]
« Dénomination variable du mal vénérien en diverses nations. Je voudrais que les médecins parlassent du mal vénérien et de son traitement sans faire injure à tel ou tel pays. Beaucoup d’entre eux ont pourtant agi de la sorte dès l’éclosion de cette épidémie, en s’en prenant à ceux qu’ils pensaient à tort ou à raison les en avoir offensés, mais sans connaître son origine, sa cause et sa nature : de là vient que les uns l’appellent mal espagnol, d’autres italien et d’autres encore français, comme font les Italiens. [57] Outre ce nom de mal français que les Italiens lui ont donné, on a qualifié son remède d’italien ou de napolitain, comme l’unguentum Neapolitanum et l’opiata Neapolitana, et souvent d’indien, comme le lignum Indicum, [38][58][59][60] car la maladie a primitivement été amenée des Indes en Italie par les Espagnols ; et de là, en revenant chez eux après avoir pris Naples, les Français ont rapporté ce fruit napolitain ; mais que cela soit plutôt dit pour rire que pour mordre ! [39]Une épidémie indienne apportée par les Italiens. [13][61]
Nul n’ignore que le mal vénérien est une maladie nouvelle : jamais on ne l’avait vue en Europe avant l’an 1453 < sic > ; [40] mais elle y a été apportée pour la première fois par Christophe Colomb et ses associés ou serviteurs italiens à leur retour d’Inde, [41][62][63] et elle a été transmise aux femmes italiennes ; lesquelles, durant le siège de Naples, [42] en faisant leurs affaires avec les soldats français, leur ont à la fois cédé leurs parties honteuses et leur maladie honteuse. Une fois la ville prise, les Français revenant de guerre, ont donné la vérole à grand nombre d’autres Italiennes qu’ils ont rencontrées en chemin. Leurs maris, en remplissant avec elles leur devoir conjugal, ont reçu de leurs épouses ce qu’elle avaient reçu des Français, comme les Français l’avaient reçu d’autres Italiennes, qui l’avaient elles-mêmes reçu des compagnons d’armes de Christophe Colomb.De là vient que les Italiens, outrés et irrités contre les Français, pour les punir, donnent à leur propre maladie le nom de mal français. Ils disent que nos livres font étalage de ridicule vengeance quand on y blâme la naïveté des maris et la prostitution de leurs femmes : ceux-ci pour avoir ignoré l’origine de la vérole, et celles-là pour avoir désiré être culbutées par les Français.
Ridicule erreur de Brasavola. [13]
Brasavola, [64] se souvenant peut-être de cette insulte proférée contre ses ancêtres, a écrit un opuscule sur le mal de son pays, qu’il appelle français, [Laurentii Opera omnia, 5e partie, page 64| LAT | IMG] et dont il distingue 234 variétés différentes. [43] Si ce bonhomme n’a pas semblé perdre la tête en cet endroit, je tiens pour certain que, quand le mal a fait sa première apparition en Italie, les soldats français ont violé tant de ses parentes ou voisines que, pour perpétuer la trace de ces accouplements, il a laissé ces hiéroglyphes à la postérité ; [44] mais que cela soit dit en passant, sans faire injure à cette nation qui nourrit de très éminents personnages. ” Jean de Renou, médecin de Paris, a écrit tout cela en divers endroits de son antidotaire. [45][65] On y trouve aussi un élégant et plaisant, mais énigmatique hexastique composé par de Serres, [66] médecin de Lyon, sur la douteuse origine du mal vénérien :India me novit ;
iucunda Neapolis ornat ;
Bœtica concelebrat ;
Gallia ; mundus alit.
Indi, Itali, Hispani, Galli, vosque orbis alumni,
Deprecor ergo, mihi dicite quæ patria ? [46]Qui voudra en savoir plus sur l’origine de ce mal, lira Forestus, au 32e livre de ses Observationes et curationes medicinales, dans ses scolies sur l’observation i, [47][67] et Fallope, au chapitre 2 du traité qu’il y a spécialement consacré. » [48][68][69]
Aplomb d’un docteur régent frais émoulu de la Faculté de médecine de Paris
Âgé de 27 ans et tout juste coiffé du bonnet doctoral, Patin mettait au jour cet épais volume de doctrine médicale, principalement consacrée à l’anatomie, avec l’ambition d’en faire le premer recueil latin complet des œuvres de Du Laurens, gloire de l’Université de Montpellier.
Quant à la forme, son travail n’incite guère à s’ébahir :
Quant au fond, hormis ses vers sur les anatomistes de renom, [27] notre jeune docteur régent ne montrait aucune audace en éditant un auteur didactique qui respectait les canons du dogmatisme hippocratico-galénique : [71] je n’y ai lu ni découverte anatomique renversante, ni référence périlleuse aux remèdes chimiques, à l’exception du mercure dans la vérole, que nul ne contestait plus alors, mais sans mention de l’antimoine. [72] Mise à part la biographie contestée de Du Laurens que Patin a relatée, [53] il l’a toujours tenu pour le plus brillant des docteurs de de Montpellier, en dépit des ouragans que la rivalité de cette Université avec la Faculté de Paris a plus tard soulevés.
Rien, à ma connaissance, ne permet de dire sûrement pourquoi Patin s’est précipité dans cette édition dont les mérites ne furent guère reconnus, si on en juge sur l’absence de toute réimpression de son ouvrage. [54] Elle ne fut pas accompagnée de patronages bien solides :
Patin semble donc bien avoir agi de sa propre initiative, sans soutien académique, dans le vain espoir de briller et de marquer avec éclat son entrée dans la prestigieuse Compagnie des docteurs de Paris, après les rudes années de chétive existence que la brouille avec ses parents lui avait values. L’auteur qu’il avait choisi, très fameux premier médecin de Henri iv, et la dédicace à son fils, Antoine ii Du Laurens, pourraient trahir des ambitions médicales à la cour. [56][79] Ce ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau dont Patin lui-même n’a tiré aucune gloire dans la copieuse suite de ses écrits. Un prudent oubli fut la seule conséquence avérée de sa témérité, sans doute mêlée de rancœur et d’ingratitude. Patin sut néanmoins se faire pardonner ce pas de clerc et parvint à retrouver les bonnes grâces de Riolan ; [57] et en dépit de ce premier essai peu concluant, il a sa vie durant contribué à mettre au jour les ouvrages d’auteurs qu’il admirait. [58]
V. note [3], lettre 13 pour André i Du Laurens et les éditions de ses Opera Anatomica [Œuvres anatomiques], son principal ouvrage, publié pour la première fois à Lyon en 1593 et probablement écrit avec l’aide de son frère Richard.
Andreæ Laurentii, regis Galliarum consilarii, medicique ordinarii, et in Monspeliensi Academia cancellarii, Opera omnia, partim iam antea excusa, partim nondum edita, nunc simul collecta, et ab infinitis mendis repurgata. Studio et opera Guidonis Patini, Bellovaci, doctoris medici Parisiensis.
[Œuvres complètes d’André Du Laurens, conseiller et médecin ordinaire du roi de France, et chancelier en l’Université de Montpellier, pour partie déjà imprimées auparavant, pour partie inédites, maintenant réunies, et purgées d’une infinité de fautes. Par le travail et les soins de Guy Patin, natif de Beauvaisis, docteur en médecine de Paris]. {a}
Dans sa bibliographie de Guy Patin (1879), Achille Chéreau a donné le titre inexact de Traduction du français en latin de toutes les œuvres d’André Du Laurens, en se méprenant sérieusement sur les Opera :
« [Du Laurens] mourut le 16 août 1609. Ses ouvrages sont nombreux et presque tous écrits en français. On doit savoir gré à Guy Patin d’avoir entrepris et mené à bonne fin une entreprise qui était considérable, et qui consistait à mettre en latin non seulement tous ceux de ces ouvrages qui avaient vu le jour, mais encore d’enrichir l’œuvre de plusieurs leçons {b} données par le célèbre archiatre de Henri iv, du haut de sa chaire professionnelle {c} de Montpellier. »
- Paris, I. Petit-Pas, I. Foüet, A. Taupinart, M. Durand, 1628, deux tomes de 730 et 242 pages en un volume in‑4o, avec deux beaux portraits, l’un du roi Henri iv et l’autre de Du Laurens, mais sans aucune planche anatomique.
- Le sommaire est détaillé dans la note [13] infra, en distinguant les parties initialement publiées en latin et les françaises, que Patin a traduites.
- Sic pour « professorale ».
Intitulée : Tractatus de Visus Conservatione ; de Morbis melancholicis ; Catharris, et Senectute [Traités sur la Conservation de la vision, les Maladies mélancoliques, les Catarrhes et la Vieillesse].
V. notes [4], lettre 3, pour ses deux thèses quodlibétaires du 19 décembre 1624 et du 27 novembre 1625, et [21], lettre 106, pour le Cabinet des cantiques spirituels, signé G.P.B., qu’Achille Chéreau lui a attribué (Paris, 1623).
V. note [31] de la Thèse sur la Sobriété (1647) pour le moly donné par Mercure (Hermès) à Ulysse, qu’Homère a chanté dans L’Odyssée. La même source a célébré le népenthès, qui est une autre plante mythique (chant iv, vers 219‑226) :
« Hélène {a} mêle au vin où puisaient leurs coupes le suc merveilleux du népenthès, {b} plante qui bannissait du cœur la tristesse, la colère, et amenait l’oubli de tous les maux. Celui qui s’abreuvait de cette liqueur ainsi préparée, eût-il à regretter la mort d’un père ou d’une mère, eût-il vu son fils immolé par le fer, il perdait le souvenir de son deuil ; durant tout ce jour ne coulait de ses yeux aucune larme. Tel était le charme souverain de ce baume. » {c}
- V. notule {a}, note [4] du Mémorandum 5.
- Forme substantive de l’adjectif νηπενθες qui signifie « qui soulage le chagrin, etc. ».
- Célébré par maints auteurs, le népenthès a généralement été assimilé à l’opium : v. l’analyse très détaillée de Loiseleur, Deslongchamps et Marquis dans Panckoucke, 1819, vol. 35, pages 444‑451.
V. note [35], lettre 337, pour André ii Du Laurens, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi et fils unique d’André i.
Virgile, Énéide (v. note [27] des Préceptes particuliers d’un médecin à son fils) :
« n’ont pu accéder que les rares hommes qu’a aimés l’impartial Jupiter, ou les fils d’un dieu que leur ardeur vaillante a fait monter aux cieux. »
L’édition parisienne de Guy Patin, dont le privilège est daté du 4 novembre 1647, était contemporaine des deux tomes qui paraissaient alors en Allemagne :
Andreæ Laurentii, Ferrerii Domini, Gall. Regis Christian. Consilarii ac Medici primarii, et Academiæ Monspeliensis Cancelarii Opera omnia Anatomica et Medica. Ex postrema recognitione, accessione quorundam librorum, qui lucem antea non viderant, locupletata…[Œuvres anatomiques et médicales complètes d’André Du laurens, sieur de Ferières, conseiller et premier médecin du roi très-chrétien de France, et chancelier de l’Université de Montpellier. Tirées de leur dernière révision, enrichies par l’addition de certains livres qui n’avaient jamais été publiés…]
- Tom. i. Historia Anatomica humani corporis, et singularum eius partium, multis observationibus illustrata.
[Tome i : Description anatomique du corps humain et de chacune de ses parties, illustrée de nombreuses observations]. {a}
- Tom. ii, Scripta therapeutica x. i. De Crisibus libri iii. ii. De Strumis. iii. De visus nobilitate. iv. Tractatus de Melancholia et Catarrho. v. De Senectute. vi. De Podagra. vii. De Lepra. viii. De Lue Venerea. ix. Annotationes in Artem parvam Galeni. x. Consilia medica.
[Tome ii, Scripta therapeutica x : i. Trois livres sur les Crises ; ii. les Écrouelles ; iii. l’Excellence de la vision ; iv. traités de Mélancolie et du Catarrhe ; v. la Vieillesse ; vi. la Podagre ; vii. la Lèpre ; viii. Le Mal vénérien ; ix. Annotations sur le Petit art de Galien ; x. Consultations médicales]. {b}
- Francfort, Wilhelmus Fitzerus, 1627, in‑4o illustré de 442 pages, sans précision de date ni d’éditeur médical.
- Ibid. et id. 1628, in‑4o en 6 parties totalisant 298 pages.
L’épître du libraire Wilhelm Fitzer, datée de Francfort le 1er mars 1628, reproche amèrement à la toute récente édition parisienne de ne pas avoir illustré l’anatomie, ce qui est à juste titre considéré comme une aberration.
Parmi les éditions antérieures, la plus remarquable avait été :
Toutes les Œuvres de M. André Du Laurens, sieur de Ferrières, conseiller et premier médecin du très-chrétien roi de France et de Navarre, Henri le Grand, et son chancelier en l’Université de Montepellier, rétrécies et traduites en français par M. Théophile Gelée, {a} médecin ordinaire de la ville de Dieppe. {b}
- V. notule {a}, note [1], lettre latine 341.
- Rouen, Raphael du Petit Val, 1613, in‑fo illustré divisé en quatre parties, contenant : l’Anatomie (705 pages) ; les trois livres des Crises (106 pages) ; les discours des Écrouelles (86 pages), de la Préservation de la vue, des Maladies mélancoliques, des Catarrhes et de la Vieillesse (61 pages).
V. note [8], lettre 1033, pour la réédition augmentée par Guillaume Sauvageon (Paris, 1639).
André ii Du Laurens, le fils, n’était pas médecin, mais gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi (v. note [35], lettre 337).
« Vivez et portez-vous bien, “ jouissez d’une heureuse destinée ” [Virgile, Énéide, chant vi, vers 546]. »
L’Historia Anatomica humani corporis et singularum ejus partium [Histoire anatomique du corps humain et de chacune de ses parties] d’André i Du Laurens (dont j’ai abrégé le titre en Anatomie) avait paru en latin à Francfort (1595, 1600, 1602, 1616 et 1627), à Paris (1600), Hanau (1601) et à Lyon (1605) ; et ses De Crisibus libri tres [Trois livres sur les Crises], à Franfort (1695, 1606) et à Lyon (1613).
Souvent revenue sous la plume de Guy Patin par la suite, cette plainte sur l’incurie des imprimeurs a dû s’ancrer très tôt dans son esprit, car il est réputé avoir été correcteur d’épreuves pour gagner son pain durant ses années d’études à Paris (v. la fin de la note [9], lettre 96).
Sous-titre imprimé dans la marge.
Dans cette phrase, l’adjectif verbal habendas est orphelin : j’ai traduit en considérant que le substantif gratias [remerciements] avait été sous-entendu ou omis.
V. notes [10‑1] du Traité de la Conservation de santé, chapitre iii, pour Jean i Aubery, et [9], lettre 3, pour Gabriel Naudé, grand ami de Guy Patin depuis leurs années communes au collège.
V. note [6], lettre 196, pour Antoine-Richard Du Laurens, sieur de Chevry, frère cadet d’André i.
Selon les recherches menées par Claude Lamboley (v. notes [10‑1] citée dans la note [14] supra), Jean ii Aubery était le seul fils de Jean i, futur lieutenant général et conseiller au présidial de Moulins, avait été baptisé le 6 mai 1613, et n’aurait donc eu que 14 ans en 1627 (année probablement postérieure à la mort de son père).
Comme annoncé plus haut dans le texte de Guy Patin (v. supra note [13]), son édition contient dans l’ordre :
V. infra note [37] pour un échantillon des traductions de Patin. Ses commentaires sont de courtes notes imprimées dans les marges et quelques scolies, dont l’une est transcrite et analysée plus bas dans la présente annexe. Il a aussi dressé les index de chaque partie.
V. notes [5], lettre latine 221, et [51] infra, pour Zoïle, modèle antique du critique acerbe et envieux. L’allusion de Patin et la suite de son propos s’inspiraient de la conclusion que Du Laurens avait donnée à l’épitre de son Anatomie parue à Paris en 1600, dédiée au roi Henri iv :
Tua interest a virulentis lividisque calumniatorum morsibus illud defendere. Hoc si feceris, Zoilus ilia rumpet, nobisque ad graviora et altiora capessenda animos addes.[Il vous importe de défendre ce livre contre les venimeuses et jalouses morsures des calomniateurs. Ce faisant, Zoïle s’y rompra les reins, et vous augmenterez notre courage à entreprendre de plus lourdes et hautes tâches].
En éditant les écrits d’André Du Laurens, Guy Patin en avait perçu les faiblesses et voulait se protéger contre les attaques que son travail ne manquerait pas d’engendrer. Au jugement d’Éloy (1778, tome 2, page 108) :
« Les ouvrages anatomiques de Du Laurens sont plus remarquables par la beauté du style que par l’exactitude des choses. On remarque dans le premier livre toutes les inepties qu’il était possible de débiter sur l’excellence et la nature de l’homme ; mais comme ce défaut lui est commun avec les auteurs qui l’ont suivi de près, on se borne à faire remarquer qu’il est justement accusé de plusieurs fautes dans l’exposition de la structure du corps humain, et qu’on est encore en droit de lui reprocher de s’être attribué beaucoup de découvertes qu’on avait mises au jour avant lui. Ses erreurs, dit Riolan, viennent de ce qu’il s’en est rapporté au témoignage des autres, au lieu d’examiner lui-même les parties dont il fait la description. {a} Cependant, les ouvrages et les figures anatomiques de Du Laurens ont été longtemps estimés ; {b} ils ont même passé pour être fort utiles tandis qu’on a rien eu de mieux. »
- Éloy résumait bien l’avis que Jean ii Riolan a exprimé dans ses Animadversiones in Opus anatomicum Andreæ Laurentii [Remarques sur l’Anatomie d’André Du Laurens], pages 623‑684 des Opera anatomica vetera (Paris, 1649, v. note [25], lettre 146).
- Du Laurens a néanmoins tiré la plupart de ses figures anatomiques à la Fabrica d’André Vésale (v. note [18], lettre 153).
Jean ii Riolan a réfuté cette critique dans sa dernière remarque sur l’Anatomie d’André Du Laurens (v. supra notule {a} note [17]), page 684 :
Congrua tamen dictio et eloquutio magis placet quam incongrua. Propterea, si in libris Laurentii, qui eleganti stylo sunt scripti, sermonis improprietates, aut solæcismi reperiantur, id tibruendum Typothetis, vel eorum correctoribus, nequaquam enim ab eruditione summa viri præstantissimi proficiscuntur, cum ei per aulicas occupationes non licuerit correctioni sui libri assidue vacare.[La manière de dire et de s’exprimer est beaucoup plus plaisante quand elle est conforme à la grammaire que quand elle ne l’est pas. S’il se touve des écarts de langage dans les ouvrages de Du Laurens, dont la plume est élégante, on doit les attribuer aux imprimeurs ou à leurs correcteurs, {a} mais ils ne viennent en aucune façon de l’extrême érudition de ce très éminent homme, car ses devoirs à la cour ne lui donnaient pas le temps de relire son livre avec tout le soin requis].
- Quand il publiait cela, en 1649, Riolan avait sûrement vu l’édition de Guy Patin (1628), et ses blâmes pouvaient bien le viser obliquement (v. infra note [27]).
Chapitre 2, verset 1, de l’unique Épître de Paul aux Romains : j’ai corrigé le texte, D. Pauli ad Romanos, Epist. i., qui renvoyait au chapitre 1 de cette source, et non à une première épître aux Romain, qui n’a pas lieu d’être.
Guy Patin n’a pas consacré d’autre ouvrage à la défense des écrits d’André i Du Laurens, mais il disait en nourrir alors le dessein.
Ces deux fragments latins sont tirés du Iulii Cæsaris Scaligeri exoticarum Exercitationum liber quindecimus, de Subtilitate, ad Hieronymum Cardanum [Quinzième livre des essais publics de Jules-César Scaliger sur la Subtilité, contre Jérôme Cardan], {a} Essai clx, digression finale fin du § 3 De Aloes amaritudine, deque eius vi [L’amertume de l’aloès et son pouvoir] {b} (pages 223 ro‑vo), dont voici la transcription complète : {c}
Nos neque Arabes, neque Græci sumus : quin ne Latini quidem futuri, si forté pater, ac Deus eloquentiæ Cicero minus rectè sapere videatur. Suam cuique laudem, laborum præmium et relinquimus libenter, et concedimus cumulate, et deferimus liberaliter. Non ut quidam ignavi atque ingrati audent facere, ut alienis laboribus titulos imponant suos. Tum gratiam, quam debent, dissimulant superciliosi : aut eius abolent memoriam maleficiis, ne sui nominis autoribus quippiam debuisse videantur. Cæterùm isti novi homines, novi caussarum iudices, conscientiam pro accusatore, pro iudice habituri sunt posteritatem. Nostrorum monumentorum vita, illorum nominis mors futura est. Studio, atque magnanimite parandum, servandumque est regnum literarum, cuius anima Virtus, et Veritas est : non ambitionibus, atque factionibus exercendæ coniurationes : quibus aliorsum aliis distrahentibus Sapientia ipsa, quæ in medio erat, lacerata est.[Nous ne sommes ni des Arabes ni des Grecs. Si d’aventure Cicéron, le père et le dieu de l’éloquence, y semblait moins inimitable, pourquoi donc ne pas devenir Latins ? {d} Nous laissons plus que volontiers à chacun la gloire qui lui revient, la récompense de son labeur, nous les lui concédons pleinement et les proclamons généreusement, sans imiter certains mauvais poltrons qui osent mettrent leurs titres sur les travaux d’autres qu’eux. Alors, ces arrogants soit ignorent la reconnaissance qu’ils devraient aux auteurs de leur renom, {e} soit ruinent leur mémoire de leurs médisances pour sembler ne rien leur avoir dû. Ces nouveaux hommes, nouveaux censeurs des causes, auront d’ailleurs leur conscience pour accusateur, et la postérité pour juge. {f} La survie de nos ouvrages sera le trépas de leur célébrité. Le royaume des lettres doit être ménagé et conservé avec zèle et magnanimité, son âme est Vertu et Vérité : les ambitions ne doivent pas les harceler de conjurations et de factions ; la sagesse même, qui tient au juste milieu, est déchirée par ceux qui se disputent les uns les autres]. {g}
- Paris, 1557, v. note [5], lettre 9.
- V. note [8], lettre 169, pour l’aloès.
- J’ai mis en exergue les deux passage empruntés par Guy Patin, mais respecté l’orthographe et la ponctuation de la source.
- Dans la vive querelle qui l’a opposé à Érasme sur ce sujet, Scaliger s’est montré le défenseur intransigeant du style cicéronien, qu’il cherchait à imiter : v. note [8], lettre 584.
- Patin a ici ajouté propriæque fortunæ, « et de leur propre fortune ».
- Ici se situe la césure entre les deux fragments cités par Patin.
- Il existe un saisissant contraste entre les périodes de Scaliger et celles de Patin, très brèves chez l’un, et d’une affligeante longueur chez l’autre (mais le jeune homme a bien allégé son style par la suite) ; pour les traduire, j’ai dû souder les unes, mais scinder les autres.
« La foule des ingrats ne doit pourtant pas ralentir notre bonne volonté. […] Que de gens ne sont-ils pas indignes de voir le jour ? et le Soleil ne se lève-t-il pas malgré tout ? » : adaptation interogative de Sénèque le Jeune (des Bienfaits, livre i, chapitre 1).
« La matière dont je traite refuse d’être embellie, elle se contente d’être enseignée » : Manilius, Astronomiques, livre iii, vers 39
« même les mets de Sicile ne distilleront pas une saveur agréable » : Horace, Odes (livre iii, 1, vers 18‑19), parlant de celui qu’un glaive va décapiter, mais avec elaboratum au lieu d’elaborabunt (justifié par le contexte).
« que la rage leur incendie le foie et qu’un élan furieux les entraîne » : Juvénal, Satire vi, vers 648‑649, sur les effroyables meurtres dont les femmes son capables.
Sénèque le Jeune, des Bienfaits (livre ii, chapitre xxviii), avec addition contextuelle de Quemadamodum enim et ita etiam :
« Tout comme nul service n’est si complet que la malice ne le puisse dénigrer, il n’en est pas non plus de si modeste qu’une interprétation bienveillante ne le puisse accroître. »
V. supra note [16‑1], pour cette partie latine des Opera que Guy Patin a seulement revue et corrigée.
V. notes :
Juan Valverde (Valverda), anatomiste espagnol du xvie s., élève de Colombo, a publié plusieurs ouvrages, dont une Anatomie, en espagnol (1556), en italien (1560), puis en latin (1589).
L’absence de Jean ii Riolan, le mentor de Guy Patin est sidérante, et sans doute volontaire. Au dire de Pierre de Mersenne (sous le pseudonyme d’Hyginus Thalassius, en 1654, v. secondes notules {d} et {e} de la note [5], lettre 390) ; Parisano a jeté cette épigramme à la figure de Riolan, qui a répondu :
Qui versibus commendavit librum Parisani : revera tot alapas meruit, quot versus scripsit.[À vrai dire, celui qui a recommandé le livre de Parisano a mérité autant de soufflets qu’il a écrit de vers].
Il semble donc certain que ce n’est pas Riolan qui a incité Patin à éditer les Opera d’André Du Laurens en 1628.
V. supra note [16‑3] ; Jean i Du Laurens avait rédigé cette partie de ses Opera en français et Guy Patin l’avait traduite en latin.
Plus tard dans sa vie, Guy Patin a exprimé avec véhémence et constance son refus de croire aux miracles. Le scepticisme discret qui imprègne la fin de son poème laisse penser qu’il était déjà dans cet état d’esprit. Le roi de Grande-Bretagne procédait aussi au toucher des écrouelles (v. note [10], lettre 405) car, depuis la Guerre de Cent Ans, il tenait la France comme un pays de sa souveraineté.
V. supra note [16‑4] pour cette partie des Opera que Guy Patin avait traduite en latin.
Notre édition contient une lettre de Jean de Nully (I.D.N), un des amis d’école de Guy Patin à Beauvais.
V. supra note [16‑5] pour cette partie des Opera que Guy Patin avait traduite en latin..
.Latonâ genitum, Téque, ô Caducifer Hermes : le respect de la prosodie ne le permet pas, mais dans ce vers, il faut remplacer Hermes par Æsculapius, car comme bien d’autres, le jeune poète (v. infra note [36]) confondait malencontreusement le caducée (verge ou bâton) d’Hermès (Mercure), dieu du commerce (avec deux serpents entrelacés), et celui d’Esculape, dieu de la médecine (qui n’en a qu’un seul, v. notule {g}, note [5], lettre 551).
Dans le mythe, Apollon (Phébus), dieu qui donne la vie à tous les êtres, {a} est né Latone {b} (Fr. Noël) :
« fille du Titan Cœus et de Phœbé, sa sœur, fut aimée de Jupiter. {c} Junon, {d} par jalousie, fit naître le serpent Python {e} pour tourmenter sa rivale. Elle avait fait promettre à la terre de ne lui donner aucune retraite ; mais Neptune, {f} touché de compassion, fit sorti du fond de la mer l’île de Délos, {g} où Latone, changée en caille par Jupiter, se réfugia, et où, à l’ombre d’un olivier, elle accoucha de Diane et d’Apollon. On la mit au rang des déesses après sa mort. Les femmes en couches lui adressaient des vœux. »
- V. note [8], lettre 997.
- Léto des Grecs.
- Zeus, v. note [5], lettre 134.
- V. note [3], lettre 286
- V. seconde notule {a}, note [5], lettre 608.
- V. note [6] du Faux Patiniana II‑7.
- V. notule {a}, note [16] du Borboniana 5 manuscrit.
Dans sa barque, Charon (v. note [3], lettre 975) menait les âmes des morts sur les fleuves des enfers, dont l’un était le Phlégéton, qui (Fr. Noël) :
« roulait des torrents de flammes {a} et environnait de toutes parts la prison des méchants. […] Ce fleuve ne voyait croître aucun arbre, aucune plante, sur ses bords ; et après un cours assez long, en sens contraire du Cocyte, {b} il se jetait comme lui dans l’Achéron. »
V. note [8] du Naudæana 1 pour Hippolyte-Jules Pilet de La Mesnardière, poète et futur médecin natif du Loroux-Bottereau, à 20 kilomères au sud-est de Nantes. Il n’était alors âgé que de 17 ans et pouvait s’être lié d’amitié avec Guy Patin, et peut-être Gabriel Naudé.
« sur la Syphilis » : cinquième partie du sommaire donné dans la note [16] supra ; dans l’original français (édition française de Paris, 1639, pages 379‑380), ce chapitre est intitulé De l’origine de la vérole, et qu’elle a été apportée des Indes [Occidentales]. André i Du Laurens y défendait la nouveauté de la maladie en Europe, mais avec ces curieuses remarques : {a}
« Opinion des astrologues touchant l’origine de la vérole. {b} Les astrologues rapportent son origine aux astres, à savoir à une certaine constellation et conjonction de Mars, Jupiter et Saturne, qui apparut l’an 1482, laquelle ils disent avoir été comme le présage et l’avant-coureur de la vérole future.Autres opinions. {b} Les autres veulent qu’elle ait été engendrée par le vice particulier de l’air ; et les autres, qu’elle ait commencé d’elle-même {c} et se soit engendrée par l’infection et corruption des humeurs. Un certain médecin voyageant par l’Italie et passant par Naples, s’étant diligemment enquis de cette maladie, témoigne avoir entendu de son hôte, âgé de 80 ans, que la famine s’étant mise aux armées, {d} les vivandiers qui fournissaient de<s> vivres aux gens de guerre, faisaient secrètement manger aux soldats de la chair d’hommes, et que tout aussitôt, la maladie se mit parmi le camp : de sorte que ce médecin croit la vérole être venue aux hommes pour avoir mangé de la chair de leurs semblables. Et pour confirmer son opinion, il dit avoir nourri plusieurs animaux, comme chiens et pourceaux, de la chair d’autres chiens et pourceaux leurs semblables, et que tout aussitôt, le poil leur tombait, {e} qu’il leur venait des ulcères par tout le corps, et qu’ils demeuraient tout transis. Il dit outre-plus {f} que cette maladie est familière et ordinaire aux Indiens, parce que ces barbares se nourrissent de chair humaine et mangent les hommes, qui est la raison que les anciens les ont nommés Anthropophages, c’est-à-dire vivant de chair humaine. » {g}
- Par curiosité, voici la traduction latine de cet extrait par Guy Patin (avec mise en gras des trois passages commentés dans les notules qui suivent) :
Astrologorum opinio de Luis Venereæ origine. Astrologi novas syderum conversiones, concursus aspectúque primam huiusce morbi originem extitisse tradiderunt. Incusant scilicet illi insolentem quandam syderum constitutionem, et Maris ac Iovis cum Saturno coniunctionem, quæ anno 1482. apparuit, quámque tanquam certissimum indicem et futuræ Luis Venereæ prodromum fuisse asserunt.Opiniones aliæ. Alii peculiari quodam aeris vitio genitam volunt ; Alii nullum aliud habuisse principium quàm humorum corporis infectionem et corruptionem autumant. Medicus quidam Italiam perlustrans, cùm ad Neapolim appulisset, et de juius morbi causa diligentissimè inquisivisset, ab hospite suo viro octogenario rescivisse testatur, extremam famem morbum hunc in Italiam intulisse, hoc modo. Cùm enim, inquit, extrema illa fames exercitum utrumque invasisset, qui cibos nutriendis militibus suppeditare debebant, humanas carnes clàm et latenter ijs ingerebant ; indéque novus ille morbus in utroque exercitu statim vigere cœpit ; ita ut Luem hanc Veneream hominibus accidisse, quod humanas carnes comederint, Medicus ille censeat. In cuius suæ sententiæ confirmationem, se plura animantia ut carnes et porcos, canina et porcina carne aluisse testatur, unde statim pilorum defluvio, multis per totum corpus, ulceribus, et horrore quodam correpta illa animantia se deprehendisse affirmat. Addit insuper, morbum hunc Indis vernaculum esse et familiarem, quod barbaræ eiusmodi gentes carnibus humanis vescantur ; qua de causa ab antiquis Anthropophagi dicti sunt.
- Sous-titre original de Du Laurens.
- Assertion omise par Patin, qui l’a remplacée par nullum aliud habuisse principium quàm, « n’a pas eu d’orignine autre que ».
- Patin a ajouté inquit, « dit-il », devant savoir que Du Laurens empruntait son conte aux :
Secreti Médicinali di M. Leonardo Fioravanti Medico Bolognese, divisi in tre libri… [Secrets médicaux de M. Leonardo Fioravanti, médecin natif de Bologne, {i} divisés en trois livres…]. {iii}Le livre i, pages 42 ro‑vo, situe ces événements durant la guerra quello Giovanni figliulo de Rinato duce d’Angoi, contra il Re Alfonso di Napoli, nel regno, circa l’anno 1456 [que mena Jean, {iii} fils de René d’Anjou, {iv} contre le roi Alphonse, {v} dans ce royaume {vi} vers l’an 1456].
- Médecin, chirurgien et alchimiste (1517-1588).
- Venise, Lodovico Avanzo, 1591, in‑8o de 366 pages.
- Jean ii de Lorraine (1437-1470).
- Le roi René (1409-1480), roi de Naples, d’Aragon et de Jérusalem, duc de Lorraine, d’Anjou, etc.
- Alphonse v d’Aragon (mort en 1458, v. note [56] des Deux Vies latines de Jean Héroard.
- Le royaume de Naples que les Angevins disputaient aux Aragonais.
- Une chute de cheveux par plaques, dite en clairière, peut survenir lors de la syphilis, au stade secondaire de son évolution.
- « En outre » : pléonasme archaïque que Patin a fidèlement traduit par Addit insuper, « Il ajoute en plus ».
- V. notule {e}, note [12] du Faux Patiniana II‑6 pour les anthropophages de Java.
Si elle n’est pas d’une élégance renversante, la traduction de Patin est donc exacte (hormis ma remarque de la notule {c} supra) ; la notule {d} supra laisse même penser qu’il a poussé le scrupule jusqu’à trouver la source de cette fable étiologique.
Rédigées dans un latin fort impur, ces deux premières phrases contiennent des ambiguïtés. Ma traduction a cherché à les résoudre, mais sans certitude d’avoir parfaitement compris ce que Guy Patin voulait dire ; en revanche, les trois remèdes qu’il citait sont bien attestés :
Pour faire le fin esprit, Guy Patin jonglait doublement avec le latin : en recourant à un impératif passif fort peu courant (dicta sunto), {a} et en jouant sur les verbes ridere (rire) et rodere (mordre) ; mais sans point d’exclamation et en laissant au lecteur le soin de débrouiller son exacte pensée car il ne riait guère, étant donné que la suite cherche à démontrer que sa version des faits {b} est la bonne.
- La notule {a} de la note [45] infra explique la servilité de cette facétie.
- Ou plus exactement celle de Jean de Renou, v. la susdite note [45] infra.
Sic pour 1493, date qui est correctement imprimée dans la source où Guy Patin a puisé ce long passage que j’ai traduit entre guillemets anglais (v. infra note [45]).
Tout ce que l’histoire épidémiologique rend nécessaire de rappeler ici sur le célébrissime Christophe Colomb (Cristoforo Colombo, Cristobal Colon ; République de Gênes 1451-Valladolid 1506) est qu’il a accompli son premier périple transatlantique (août 1492-mars 1493), qui le mena d’Andalousie aux Antilles pour revenir à Lisbonne, avec trois navires et un équipage de 90 hommes, Génois et Espagnols ; et que son deuxième voyage, de même itinéraire, eut lieu de septembre 1493 à juin 1496, avec 17 navires et 1 500 hommes.
La traduction littérale de servis Italis est « esclaves italiens » ; en choisissant « serviteurs italiens », j’ai pu gommer une intention méprisante de l’auteur.
Première guerre menée par le roi de France, Charles viii, en Italie (1494-1497, v. note [1], lettre latine 158), au cours de laquelle Naples a été occupée par les Français de février à mai 1495.
Antonii Musæ Brassavoli, Medici Ferrariensis, Examen omnium Loch, id est, Linctuum, Suffuf, id est, Pulverum, Aquarum, Decoctionum, Oleorum, quorum apud Ferrarienses pharmacopolas usus est. His accessit de morbo Gallico lepidissimus eiusdem Authoris Tractatus.
[Examen de tous les lochs, ou éclegmes, {a} des suffuf, {b} ou poudres, des eaux, des décoctions, des huiles qu’utilisent les apothicaires de Ferrare, par Antonio Musa Brasavola, médecin de Ferrare. {c} Avec le très plaisant traité du même auteur sur le mal français]. {c}
- Médicaments pectoraux à sucer sur un bâton.
- Nom arabe d’une poudre odorante.
- Mort en 1555, v. note [15], lettre 409.
- Lyon, Ioannes Temporales, 1555, in‑8o de 750 pages. L’origine française de la syphilis y est expliquée aux pages 454‑455. Je ne les ai pas comptées, mais une liste de ses formes ou expressions occupe les pages 459‑476.
Les hiéroglyphes sont des propos incompréhensibles, ici malicieusement mis en relation avec la supposition qu’Antonio Musa Brassavola, né en 1500 à Ferrare, aurait pu être syphilitique (infection dont il existe une forme congénitale).
Depuis Novum esse morbum luem veneream nullus insiciatur… [Nul n’ignore que le mal vénérien est une maladie nouvelle] jusqu’à sed hæc obiter dicta sunto, {a} et citra nationis, quæ viros percelebres alit, iniuriam [mais que cela soit dit en passant, sans faire injure à cette nation qui nourrit de très éminents personnages], y compris le titre et les deux intertitres, Guy Patin a tiré la plus grande partie de son commentaire, mot pour mot, du Dispensatorium [Dispensaire ou Antidotaire] de Jean de Renou, pages 177‑178. {b}
Pour me remettre de ce surprenant constat de larcin avoué, j’ai bien ri en lisant ce qu’en a fait Louis i de Serres dans sa traduction française des Œuvres pharmaceutiques de Renou, {c} au paragraphe intitulé Depuis quel temps le mal de Naples, autrement appelé vérole, a été connu en Europe (page 602) ; voici sa version de la fin :
« […] les Italiens, courroucés à outrance contre la Nation française, ont, comme par dépit et pour se venger d’un tel affront, appelé le mal de Naples, mal français, si {d} que les titres des livres qu’ils ont fait depuis sur ce sujet, portent la vengeance de leur cocuage et de la vie débordée de leurs femmes. Qui {e} me fait croire aussi que Brassavole se sentant piqué, comme par traditive {f} de l’injure de ses prédécesseurs prétendus (je dis prétendus, d’autant que peut-être il est sorti médiatement ou immédiatement {g} de la brayette {h} de quelque Français), il a composé un certain petit livre qu’il intitule Livre du mal français, dans lequel il en établit 234 différences ; mais je crois que ce bon homme rêvait lorsqu’il composait ce livre, ou bien qu’il a voulu que la postérité sût qu’à la première secousse que nos Français donnèrent à ses parentes et voisines, il y en eut 234 d’enfilées, et d’autant {i} qu’elles ne se trouvèrent jamais en telles noces, il a cru être de son devoir de nous laisser ces éternels mémoriaux pour faire reprendre l’appétit à nos Français d’y retourner et, y étant, faire la même courtoisie à toutes celles qu’ils rencontreront. Que toutefois, ceci soit dit en passant et sans taxer aucunement la Nation italienne en général, depuis qu’elle {j} produit tous les jours une infinité de beaux et rares esprits. »
- Voilà donc éclaircie la source du dicta sunto qui m’avait précédemment intrigué (v. supra note [39]).
- Édition de Paris, 1623, v. note [16], lettre 15 (première édition en 1608).
- Lyon, 1624, réédition en 1637, v. notes [37], lettre 104, et [13] de la Leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium.
- Tant et si bien.
- Ce qui.
- Tradition héritée des ancêtres.
- Indirectement ou directement.
- Braguette.
- Étant donné.
- Puisqu’elle.
Ces quatre vers (épigramme tétrastiche et non hexastique) sont de Louis i de Serres, qui les a insérés en note marginale de sa traduction des Œuvres pharmaceutiques de Jean de Renou (v. supra note [45]), réédition de Lyon, 1637, pages 727‑728, avec cette introduction :
« Voici un gentil épigramme {a} que j’ai fait autrefois, étant écolier, sur l’incertitude de l’origine de la vérole : la vérole même parole. » {b}
Ledit épigramme est plutôt interrogatif qu’« énigmatique » :
« L’Amérique m’a fait connaître ; la charmante Naples m’embellit ; la Béotienne {c} m’honore ; la France, le monde entier me nourrit. Je vous supplie donc, Indiens, Italiens, Espagnols, Français, et vous, enfants de toute la planète, de me dire quelle est ma patrie ? »
- Masculin admis au xviie s.
- Parle.
- La courtisane Phryné : v. secondes notules {a} et {b}, note [21], lettre 312.
Les 28 livres d’« observations et de guérisons médicales » du Hollandais Forestus (Peter Van Foreest), parus à Franfort en 1602 (v. notule {c}, note [27], lettre latine 4) ont été augmentés de 4 autres parus ibid. en 1604 et 1607. Le xxxiie traite entièrement de Lue venerea [du Mal vénérien] et a été réimprimé dans le 3e tome de ses Opera omnia [Œuvres complètes] (Rouen, Jean. et David Berthelin, 1653, in‑fo de 583 pages).
L’Observatio i (pages 519‑523), De iuvene Traiectensi, ex doloribus iuncturarum et capitis, decumbente a lue Venerea [Douleurs des jointures et de la tête au décours d’un mal vénérien chez un jeune homme d’Utrecht], est accompagnée de 3 pages de commentaires (scolies) : en s’appuyant sur sa riche pratique et sur les ouvrages de ses prédécesseurs, Forestus ne met pas en doute l’origine américaine de la maladie, et en décrit la transmission et les stades évolutifs, en insistant sur l’idée fausse que le foie en est le premier organe atteint.Gabrielis Falloppii Mutinensis Physici, et Chirurgici nostrorum temporum eximii De Morbo Gallico Liber absolutissimus a Petro Angelo Agatho Materate (eo legente) scriptus ; iam in gratiam hominum editus, e scholiis marginalibus illustratus. A quo etiam additæ sunt exercitationes quædam nobiles passim insertæ, passim hac nota [ ] a reliquo orationis contextu secretæ. Additus etiam est in calce de Morbo Gallico tractatus, Antonii Francanciani Bononiæ in loco eminentis scientiæ fœliciter legentis. Editio prima.
[Livre absolument complet de Gabriel Fallope, natif de Modène, remarquable médecin et chirurgien de notre temps, sur le Mal français, écrit (sous sa dictée) par Petrus Angelus Agathus natif de Matera, {b} qui l’a publié pour le bien des hommes et illustré de scoles marginales ; il a aussi partout ajouté de généreux commentaires qu’il a insérés dans le texte, ou qui les en a séparés en les mettant entre crochets. En outre, a été ajouté à la fin le traité sur le Mal français d’Antonius Fracancianus {c} de Bologne, qui procure un supplément de savoir, qu’on lira avec bonheur.Première édition]. {d}
- Ouvrage posthume d’un auteur que Guy Patin a rangé parmi les grands anatomistes dans son épigramme latine que j’ai précédemment transcrite et traduite : v. supra note [27].
- Giovanni Bonacci, dit Pietro Angelo Agato, médecin italien du xvie s. ; Matera est la capitale de la province de même nom dans la Basilicate.
- Fragments des leçons données à Bologne en 1563 par le médecin Antonio Fracanzani (mort en 1567).
- Padoue, Lucas Bertellus et associés, 1564, in‑4o en deux parties de 128 et 32 pages.
Ce traité est composé de 102 courts chapitres, dont le fort instructif iie (première partie, pages 2 vo‑3 ro) est intitulé De Nominibus variis morbi Gallici [Des diverses dénominations du mal français] :
In materia morbi Gallici proposita sunt capita discutienda, inter quæ primum locum habent nomina eius, quæ sunt principium, fons et origo omnis nostræ cognitionis ; et hæc non simplicia sunt, sed sicut morbus univesæ Europæ communis, ita varias sortitus est appellationes. Unde Itali Gallicum vocant, et variolam Gallicam ratione dicta, quia in Gallis primum apparuit. Galli scabiem, vel morbum Italicum vocant, quia revera in Italia primum infecti sunt, hincque tanquam præmium victoriæ partæ hanc preciosam mercem in Regiones suas detulerunt : vocant quin etiam Hispanicam scabiem, quoniam affectus ab Hispanis communicatus est Germani et ipsi habent proprias voces ; nam apud aliquos mevium reperietis, et ita ergo legi apud aliquos scriptores Germanos, appellationis causa non ita constat, nisi dicamus, quod mevium significet partes obscenas invasas morbo. Mevium enim obscenus est. Hispanicam etiam scabiem nominant. In Hispania morbum Neapolitanum, et huius audistis causam, quia primum in obsidione Neapolis floruit morbus. Vocant etiam Patursa. Fortasse est nomen hoc proprium in India, a quibusdam interpretatur morbus magnus, fœdus, et violentus. Aliqui ad imitationem antiquorum scriptorum, (qui solebant lichenem Mentagram appellare eo quod agresti modo mentum primum invaderet postea faciem quidem collum, pectus, manusque fœdo quoddam furfure occupat) Pudendagram vocant ; quia primum inficit pudenda et fœminea, et virilia. Hieronymus Fracast. Philosophus, Medicus, Mathematicus, et Poeta excellentissimus (quæ species laudis non ita multis conveniunt) dum iuniori esset in ætate scripsit Poema de morbo Gallico ita iucundum, ita venustum, ut plurimi cum antiquis conferant. Hinc vocavit siphila morbum istum, quia ex amore, et coiunctione Veneris inter hominem, et fœminam ut plurimum suboritur. Et ita siphilis quasi concordiæ et amicitiæ Venereæ partus appellatur ; sed quicquid sit non refert dummodo sciamus his nominibus talem spetiem morbi significari.[En matière de mal français, parmi les principaux chapitres à discuter, viennent en premier ses dénominations, qui sont le principe, la source et l’origine de tout notre savoir ; et la question n’est pas aisée, tant on en a choisi de diverses, car il s’agit d’une maladie qui s’est répandue dans l’Europe entière. Les Italiens la disent française et l’appellent vérole française, parce qu’elle est premièrement apparue en France. Les Français lui donnent le nom de gale ou mal italien, par ce qu’en vérité ils en ont d’abord été infectés en Italie, et qu’ensuite ils ont rapporté cette précieuse marchandise dans leurs provinces, comme un butin de la victoire qu’ils ont remportée là-bas. {a} Bien plus, les Allemands l’appellent gale espagnole, parce qu’elle a été transmise par les Espagnols, mais ils usent aussi de mots qui leur sont propres : ainsi trouverez-vous mevium de-ci de-là, comme je l’ai lu chez certains auteurs allemands, mais la raison n’en est pas évidente si nous n’apprenons que mevium désigne les parties honteuses envahies par une maladie ; {b} mais mevium étant un mot obscène, il emploient aussi celui de gale espagnole. En Espagne, on parle de mal napolitain, ce qui vous en indique la cause, parce qu’elle s’est d’abord épanouie lors du siège de Naples. Ils l’appellent aussi Patursa, qui est peut-être son nom indien d’origine, que certains interprètent comme signifiant grande maladie, répugnante et impétueuse. {c} À l’instar des auteurs antiques (qui donnaient au lichen le nom de mentagra, {d} parce qu’à la manière de cette plante, elle occupe d’abord le menton, puis s’étend à la face, au cou, au poitrail et aux mains sous la forme d’un son {e} hideux), certains l’appellent pudendagra, parce qu’elle affecte d’abord les parties génitales, {f} des femmes comme des hommes. Dans sa jeunesse, l’incomparable philosophe, médecin, mathématicien et poète Jérôme Fracastor (à qui nulles louanges ne suffisent, si nombreuses soient-elles) a écrit un poème sur le mal français, qui est si heureux et si beau que beaucoup le comparent à ceux de l’Antiquité. {g} Il y a appelé cette maladie siphila, parce qu’elle naît le plus souvent de l’amour et de la copulation d’un homme avec une femme ; et ainsi a-t-on donné le nom de siphilis à ce qui est engendré par l’union et l’intimité vénérienne ; {h} mais quoi qu’il en soit, ces dénominations n’ont pas d’importance pouvu que nous sachions le genre de maladie qu’elles désignent].
- Les succès militaires de la première guerre d’Italie (1497-1497) ne se sont pas assortis de profit politique pour le roi de France (Charles viii).
- Ulrich de Hutten, de Morbo Gallico, chapitre i, pages [a iiii] ro‑vo : {i}
De morbi Gallici ortu et nomine.Pervicit tamen gentium consensus, et nos hoc opusculo Gallicum dicemus, non invidia quidem gentis clarissimæ, et qua vix alia hoc tempore civilior aut hospitalior, sed veriti ne non satis intelligant omnes, si quolibet alio nomine rem signemus. Mira eum statim supestitio excepit, quibusdam divi nescio cuius a nomine Mevium vocantibus.
Traduction française de François-Ferdinand-Ariste Potton, chapitre premier, pages 3‑4, De la naissance du mal français ; de son nom : {ii}
« Cependant, suivant l’usage qui a généralement prévalu, moi-même, dans cet opuscule, je l’appellerai le mal français : non certes par haine contre une nation célèbre qui est peut-être aujourd’hui la plus civilisée et la plus hospitalière qui existe, mais par la seule crainte de n’être pas compris par la plupart de mes lecteurs, si je donnais ici un nom différent à cette maladie. Son apparition fit naître une superstition singulière : certaines personnes l’appelaient mevium, du nom de je ne sais quel saint. »Note de Potton :
« Le saint dont il est ici parlé porte des noms différents suivant les contrées : appelé saint Mevius ou Menius en Allemagne, saint Ment ou Sement en Catalogne, en Aragon, il est le saint Méen ou Mein, Mevenus, Melanius des Français. Il avait été abbé de Saint-Jean-B. de Gaël en Bretagne {iii} au milieu du vie siècle. La dévotion populaire du Moyen Âge l’invoquait de préférence pour obtenir la guérison des dartres, des maladies de la peau […]. Un auteur, Joubert, a prétendu que ce nom de mevium, donné par les Allemands, vient d’un mot obscène, {iv} minnen, indiquant les parties qui sont les premières atteintes. »
- Mayence, 1519, v. note [14], lettre 532.
- Lyon, Louis Perrin, 1865, in‑8o de 216 pages.
- Abbaye bénédictine de Saint-Jean-Baptiste, aujourd’hui Saint-Jean-de-Gaël à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine).
- Laurent Joubert : De Variola magna [La grande Vérole], livre i, chapitre i, page 225, Operum Latinorum Tomus secundus [Tome second des Œuvres latines] (Lyon, 1582, v. note [8], lettre 137), dans une explication étymologique qui semble clairement inspirée de celle de Fallope.
- Patursa serait en fait un acrostiche de passio turpis saturnina [honteuse maladie saturnienne (sinistre)].
- V. note [2], lettre 449.
- Balle de céréale.
- Pudenda [honteuses] en latin ; Zacutus Lusitanus a plus tard expliqué le mot pudendagra : v. note [17], lettre 211.
- Syphilis, sive Morbus Gallicus (Vérone, 1530, v. note [2], lettre 6).
- Avec siphila et siphilis (sans étymon grec identifié), Fallope semblait curieusement s’égarer en ignorant l’éponyme berger Syphilis imaginé par Fracastor.
V. supra première notule {b} de la note [8] pour les protestations de l’imprimeur de Francfort, Wilhelm Fitzer, contre le Laurentius de Guy Patin, qui concurrençait le sien (dont l’Anatomie était illustrée).
Le frontispice gravé de l’édition patinienne, signé « L. Gaultier, 1628 », montre une scène de dissection centrée sur la figure de d’André i Du Laurens, tenant le cœur du cadavre dans sa main gauche. Parmi les 14 personnages qui suivent sa leçon, je me suis demandé si Patin n’était pas celui qui, légèrement penché en avant et muni d’un long nez, se tient à la droite immédiate du maître.
Bien qu’aguerri au latin de Guy Patin, j’ai peiné par endroits à le traduire (v. supra notes [14] et [38]), tout en étant fort loin d’avoir relevé toutes les bizarreries que j’y ai remarquées.
Zoïle (v. supra note [17]) apparaît trois fois. Guy Patin y a recouru avec plus de modération dans ses autres écrits ; il en a notamment fait le destinataire symbolique de l’épigramme qui figure dans les pièces liminaires du Traité de la Conservation de santé (1632).
Guy Patin m’a très souvent fait rire de bon cœur, mais seule la traduction de Jean de Renou par Louis i de Serres (v. supra note [45]) est parvenue à me dérider au cours de mon travail sur la présente annexe.
Le récit de Guy Patin visait (en 1649) à attribuer les talents médicaux d’André i Du Laurens à la formation qu’il avait reçue du grand maître parisien Louis Duret : v. notes [5]‑[6], lettre 196.
Lazare Meyssonnier, docteur de Montpellier exerçant à Lyon, que Guy Patin a constamment tenu pour un esprit mal timbré, a donné une édition critique et corrigée de l’Historia Anatomica d’André i Du Laurens (Lyon, 1650), que Patin a qualifié de « petit livret » (v. note [12], lettre 250).
Les Comment. F.M.P. ne mentionnent pas non plus la parution des Opera d’André i Du Laurens. J’y ai seulement vu, en passant, M. Guido Patin placé en dernière position sur le tableau des 88 docteurs régents établi le 18 novembre 1627 (tome xii, fo 181 ro).
Guy Patin n’exerça aucune charge effective de médecin à la cour. Il ne se targua à aucun moment d’être conseiller médecin ordinaire du roi, et je ne suis pas absolument certain qu’il s’acheta jamais ce titre honorifique (qui s’assortissait de quelques exonérations fiscales). En revanche, il s’acharna souvent à brocarder les médecins auliques.
Jean ii Riolan, qui a longuement, mais plutôt aimablement critiqué l’Anatomie d’André i Du Laurens (v. supra notule {a} note [17]), a été le plus insigne oublié dans la liste des gloires anatomiques que les vers de Guy Patin ont louées. Celui qui se considérait comme le « prince des anatomistes » y répliqua par des gifles symboliques (v. supra note [18]), mais eut pourtant l’intelligence d’exploiter les talents de son élève pour servir les éditions de ses ouvrages anatomiques, et ses attaques contre les antimoniaux de Paris ou les docteurs de Montpellier. Il eut à mon avis la main nettement moins heureuse en lui transmettant sa charge de professeur royal (v. note [18] de Thomas Diafoirus et sa thèse).
En médecine, les plus notables éditions ouvertement mises au jour par Guy Patin, outre l’aide qu’il a procurée à Jean ii Riolan, sont celles des œuvres complètes de Daniel Sennert (Paris, 1641, v. note [12], lettre 44) et de nombreux traités de Caspar Hofmann.
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page aaa ij ro.
Nobilissimo
Clarissimoque
Viro D.D. Andreæ
Laurentio, D. de Ferrieres,
D. Andreæ Laurentii, Archiatri,
filio unico, Guido Patin, Bellovacus,
Doctor Medicus Parisiensis,
S.P.D.Singularis et eximia D. An-
dreæ Laurentii, Patris tui,
piæ memoriæ, doctrina, (V. Cl.)
ita profluxit ad hominum æstimatio-
nem, ut eius fama lausque non vul-
garis, iisdem quibus orbis terrarum
finibus circumscribatur ; et exteræ nationes vel ipsi Gal-
liæ nativitatem eius invident, cuius libros mira doctrinæ
suavitate refertos tanta cum utilitate legunt et admi-
rantur ; ut quod Ulyssi datum a Mercurio Moly Ho-
mericum, aut a Diis immissum salutare Nepenthes, id
ad communem humani generis, laborantium præsertim
salutem et levamen conferre credant præclara eius
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa ij} vo.
opera, quorum ope ad eum honoris gradum, ad hoc
summum artis Iatricæ fastigium et culmen conscendit,
ad quod.…………….pauci quos æquus amavit
Iuppiter, aut ardens evexit ad æthera virtus,
Diis geniti potuêre.Quæ, inquam, licèt integra nondum hactenus vi-
derint, vel quod pars aliqua Gallico idiomate fuerit ab
Auctore conscripta ; pars etiam quæ nondum excusa,
in præsentem usque diem deliverat, ne quidem suis il-
luxerit ; concessa tamen blandè suavitérque excipiunt,
fovent, deosculantur. Ne tamen Orbis iuremerito que-
reretur, quod tanti viri operum plenam non haberet fa-
cultatem ac usumftuctum, soláque Gallia, quæ tan-
topere Virum hunc sinu suo fovisse gloriatur, illius salu-
taris docrinæ usu vel ad invidiam frueretur ; Ad ex-
terarum nationum utilitatem, ipsius Authoris decus et
ornamentum, nostræque Galliæ commendationem non
parum fecisse mihi sum visus, si omnia eius opera, quæ
sparsim ac divisa fuerant hactenus edita, sub unum
corpus omnium oculis subijcienda curarem ; quædam etiam
eius Opuscula, è Gallico in Latinum sermonem trans-
ferrem, quò faciliùs eorum usus cuilibet concedere-
tur ; ea præterea quæ tenebras indignè patitebantur,
sub lucem venire, typisque mandari studerem : Quic-
quid id est (Vir Clariss.) velut hereditario quodam iure
Tibi debitum, paternum opus consecro, vel potius reddo ;
et sub amplissimi nominis tui auspicio, in lucem exire
opto ; quod et æquitas postulare videbatur. Quemad-
modum enim utriusque operis, Gallici nimirum a Cla-
rissimo parente tuo, Andrea Laurentio, Archiatro,
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iij} ro.
et Latini à me facti, idem est argumentum, idem sen-
sus, eadem ratio, idem stylus, et eadem dispositio ; nec
aliter quam diverso idiomate inter se differunt : ita Cla-
rissimi Parentis, et Nobilissimi Filii eadem est prosapia ;
idem genius ; idem ad heroïcas virtutes ardor ac propen-
sio ; nec aliter fere quam ætate et arte, alter ab altero
discerni potest. Nec ullum quidem de tua optima indole
cuiquam dubium esse potest, qui te tali tantoque patre
natum noverit : quocirca ne hîc in excessu peccare vi-
dear, vela contraho, et ad te V. Cl. me iterum con-
verto, Tibique opuscula hæc lubens offero. Usumfructum,
quod aiunt, eximii istius operis habeant alii ; quoniam ea
scientiarum est natura, ut sine detrimento domini, ea-
rum usu multi gaudeant ; Tu Domini ac possessoris iure
tam præclaris opibus in æternum gloriare, eiusque qui ve-
stro generi devinctissimus est qualecumque studium ope-
ramque in iis colligendis ac digerendis, æqui bonique con-
sule.Vive, vale, felicibus utere fatis.
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iij} vo.
Guido Patinus,
Bellovacus, Doctor
Medicus Parisiensis,
Lectori benevolo
salutemCum omni hominum ætate et memoria, semper æquum
apud omnes habitum fuerit, unumquemque maxime
eniti debere, ut in communem hominum fructum, quid-
quid potest commodi atque utilitatis conferat, nihil me
magis in huiusce operis editionem promovendam com-
pulit, quam ut quantum in me erat, Philiatrorum studiis
et lucubrationibus prodessem. Cùm itaque animadverterem D. An-
dreæ Laurentii, Regis Christianissimi quondam protomedi-
ci, nunc totâ Europâ celeberrimi, Medica opera partim iam antea excu-
sa, apud nos rara esse ; partim nondum excusa, delitescere ; eumque tan-
to studio, tantaque cupiditate eius Historiæ Anatomicæ, et librorum de
Crisibus, Philiatros omnes incensos cognoscerem ; ut quamvis Lugdu-
ni, Lutetiæ, Rothomagi, Francofurti aliisque plurimis in locis ite-
rum atque iterum excusa et recusa fuissent, nulla fere eiuscemodi ope-
rum in hac nostra Lutetia, venalia exempla reperiri possent ; Bibliopolis
nostris Parisiensibus auctor fui, ut ea typis iterum mandari curarent, et
in publicum emitterent. Quia verò Historia eius Anatomica, triginta
quinque abhinc annis evulgata, denuo recudenda, et ab adspersa ope-
rarum inscitia et spurcitie repurganda erat ; idcirco in tanti viri memo-
riam, et in Philiatrorum gratiam, universa doctissimi Archiatri opera,
mira rerum gravitate fœcunda, et ob id à plurimis vehementer iamdu-
dum expetita, cura mea digesta et simul collecta publicè exstare volui.Operis totius distributio.
Primum igitur Historiæ Anatomicæ locum tribuimus ; tractatui de Cri-
sibus secundum ; tertium operi de Strumis ; quadruplici tractatui ab Au-
thore nostro antea Gallicè edito, nunc a me Latinitate donato, 1. de
Visus nobilitate, et eum conservandi modo. 2. De morbis Melancholicis,
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iv} ro.
eorumque curatione. 3. de Catarrhorum generatione, eosque curandi ratione.
4. de Senectute, eiusque salubriter tansigendæ modo, quartum locum
assignavimus. Quinto loco Opuscula quædam D. A. Laurentiis,
ex illius prælectionibus, dum in celeberrima Monspeliensium Acade-
mia, annis 1587. et 1588. Chirurgis legeret, collecta, et nondum in lu-
cem edita, Gallicè dictata, et à me in Latinum conversa, apposuimus ;
Continent autem hæc opuscula tractatus tres, quorum primus est de
Arthritide. Secundus de Lepra seu Elephantiasi. Tertius de Lue vene-
rea. His etiam addidimus, sexto nempe loco, eiusdem Authoris, bre-
vem quemdam commentarium, in librum Galeni, qui Ars parva dici-
tur, præsertim in ea quæ spectant ad Simioticam Medicinæ partem ; ex-
cerptum ex eius prælectionibus Monspelii dicatis annis 1589. et 1590.
a D. Ioanne Auberio Molinensi, Andreæ Laurentii disci-
pulo ; cuius quidem commentarii, propria D. Auberii manu exarati co-
piam mihi fecit D. G. Naudæus, Parisinus, iuvenis eruditissimus, et
in bonorum auctorum, tum Philosophorum, tum Medicorum lectio-
ne versatissimus ; cui propterea beneficium acceptum ab omnibus Phi-
liatris habendas esse par est. Septimo tandem loco, D. Antonii Lau-
rentii, in privato regis Consilio patroni, clarissimique Authoris no-
stri, fratris meritissimi, curâ et studio, a D. Auberio, Medico quoque
Molinensis, Ioannis filio, mihi commissa sunt ut excuderentur Consilia
quædam Medica selecta xiv. de variis affectibus et dubiis quæstioni-
bus, quæ in facienda Medicina frequenter occurrunt. Hisce demum
posthumis Andreæ Lurentii opusculis, breves quasdam an-
notatiunculas, ad materiæ de qua agebatur illustrationem, ac elucida-
tionem ; et unicuique Tractatui, duplicem Indicem, unum Capitum ;
alterum Rerum memorabilium, maioris tui commodi gratiâ, attexui-
mus. Quidquid hoc est laboris mei, Amice Lector, fronte serena exci-
pe ; et tua in me benevolentia, contra Zoilum, Invidiæ prolem defen-
de ; ut et adversus alios mordaces et obstrepentes, qui malo fortè
quodam animo, impios Clariss. Authoris nostri manes, furentes et de-
bacchantes, eum multa penitus integra et inalterata, bene prius scri-
pta, fideli calamo male transcripsisse ; vel etiam eius historiam Anato-
micam fere totam mendis refertam, et in omnibus illius capitibus su-
pra bis mille notabiles errores posse reperiri ; nec eum in scribendo tan-
tum fuisse graviter hallucinatum : sed nequidem unquam propriis ma-
nibus, aut saltem leviter, humana cadavera dissecuisse ; eum denique
bonum non esse Grammaticum, multò minùs Oratorem, aut Philo-
sophum, imo nec Physicum et Anatomicum, futiliter et falsò obij-
ciunt ; quæ tamen omnia vix responsionem merentur, tanquam inepta
et absurda, ac manifestæ falsitatis plena, ut aliàs suo loco luculenter
demonstrabo, si det Ille qui solus dat omnia, Deus Opt. Maximus.
Interim autem habeant pro responso isti vitilitigatores et calumniatores
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa iv} vo.
illud D. Pauli ad Romanos, Epist. i. Inexcusabilis es, ô homo omnis
qui iudicas, in quo enim iudicas alterum, teipsum condemnas, ea-
dem enim agis quæ iudicas. Et utinam morosi illi ac tetrici alieno-
rum operum censores, imò potiùs iniqui iudices, ex sapientissimo il-
lo et gravissimo Philosophorum principe, Iul. Cæsare Scaligero,
aliquando saperent. Suam, inquit, cuique laudem, laborum præ-
mium, et relinquimus libenter, et concedimus cumulate, et deferi-
mus liberaliter. Non ut quidam ignavi atque ingrati audent facere,
ut alienis laboribus titulos imponant suos : tum gratiam quam de-
bent, dissimulant superciliosi, aut eius abolent memoriam malefi-
ciis, ne sui nominis propriæque fortunæ auctoribus quidpiam debuis-
se videantur. Ceterùm novi isti homines, novi causarum iudices,
conscientiam pro accusatore, pro iudice habituri sunt posteritatem,
etc. vere enim de seipso potest noster Laurentius ; No-
strorum monimentorum vita, illorum nominis mors futura est. Stu-
dio atque magnanimite parandum, servandumque est regnum lite-
rarum, cuius anima Virtus, et Veritas est : non ambitionibus atque
factionibus exercendæ coniurationes, etc. Iis pariter Zoïlis, sequen-
tibus Senecæ verbis satisfactum velim ; Non est, inquit, quod tar-
diores faciat ad bene merendum turba ingratorum. Quàm multi in-
digni luce sunt ? et tamen dies oritur ? Mihi quoque forsan allatra-
bunt, quod non æque fideliter ut debui ; vel minus eleganter et or-
nate quam decere videbatur, multas periodes Latine reddiderim ; ve-
rum hoc a me sciant, velim, isti Zoïli ;Ornari res ipsa negat, contenta doceri.Sciens et prudens illud feci ; elegantiora et variis concinnata verbis
usurpaturus, si voluissem meæ potius famæ, quam publicæ utilitati,
et fideli Laurentianæ dictionis interpretationi consulere. Oblatrent
ergo et detrahant, quos non tam ad aliquid præstandum, quam ad
aliorum opera vitupetanda natos esse video ; et quibus……………non Siculæ dapes
Dulcem elaborabunt saporem.Nempe contemnunt omnia ; multòque maiora se intus habere simu-
lant si vellent promere ; quæ promant per me licèt, vel……………rabie iecur incendente ferantur
Præcipites.Eorum dicteria non curo ; eorum scommata non moror, magis me
Laurentii Opera omnia, 4e partie, page {aaa v} ro.
pœniteret uni benevolo ac discere cupienti non profuisse, quàm mil-
le lividis et superbis, hoc laboribus et vigiliis partum beneficium fru-
stra contulisse. Omnia igitur, precor, boni consule, (Benigne Le-
ctor) et amice excipe, ut inde tibi iucunda reddantur et utilia. Quem-
admodum enim nullum est tam plenum beneficium, quod non vellicare
malignitas possit, ita etiam plenum angustum, quod non bonus inter-
pres extendat. Non dubito quin boni, quantuliscumque iis labori-
bus nostris faveant, et iis quæ fortè ipsis minùs probata videbuntur,
sua sponte veniam daturi sint, cùm omnibus placere, nulli hactenus
sub Sole concessum fuerit ? Neque tamen velim hæc, à me ad va-
nam aliquam, ut plerique solent, ostentationem, sed in publicum
commodum facta esse existimes, eóque animo exposita, ut si fel-
citer recepta deprehendantur, tuóque calculo comprobentur, animum
ad maiora sumam utilitati publicæ perpetuo consecranda. Vale Amice
Lector, et Patinum tuum amare perge.
Laurentii Opera omnia, 5e partie, page 63.
De varia Luis venereæ apud varias gentes denominatione.Vellem citra nationis alicuius iniuriam de morbo Venereo et eius
curatione Medici loquerentur ; sed cùm multi istius luis originem,
causam et naturam primo sui adventu ignorarent, in eos à quibus vel iu-
stè, vel iniustè se læsos putarent, retulerunt ; hinc alij Hispanicum, alij
Italicum, alij Gallicum, ut Itali nuncupant. Gallici morbi nomine, ab Italis
imposito, non modò morbum, sed etiam remedium Italicum aut Nea-
politanum, ut unguentum Neapolitanum, Opiatam Neapolitanam, et sæ-
pe Indicum, ut lignum Indicum nominant. Ex India enim primùm ab
Hispanis delatus est in Italiam, unde Galli post captam Neapolim do-
mum redeuntes, hunc fructum Neapolitanum detulerunt. Sed hæc ri-
dendi quàm rodendi gratiâ, potius dicta sunto.Lues Indica
ab Italis ad-
vecta.
Novum esse morbum luem veneream nullus insiciatur : ante si-quidem annum 1453. in Europa nunquam visa est ; sed primùm a Chri-
stophoro Columbo, eiusque sociis vel servis Italis, ex India redeun-
tibus advecta, et Italis communicata mulieribus : Quæ cùm in obsi-
dione Neapolitana militibus Gallis copiam sui fecissent, sua simul
et pudenda et pudendum morbum communicarunt. Quem postea
ipsi Galli ab exercitu, urbe scilicet cpata, redeuntes, aliis mulieri-
bus Italis, quas subierant innumeras, dedere : Ad quas postea ma-
riti accedentes, ac debitum amatrimonij persolventes, à proprijs uxo-
rinus acceperunt, quæ ipsæ à Gallis, ut Gallis ab aliis mulieribus Ita-
lis, et hæ à commilitonibus Christophori Columbi.Cur Itali Iu-
dicam Luem
Gallicam vo-
cant.
Hinc Itali in Gallos turgidi, et irati, suum morbum, in vindi-
ctam, Gallicum vocant : atque ridiculam eorum libri præ se ferunt
ultionem, cùm maritos ignorantiæ, et uxores meretricij notent : il-
los, quod Luis Venereæ originem nescierint ; has, quod à Gallis
iniri cupierint.Ridiculus
Brasavoli
error.
Forsan huius iniuriæ in parentes illatæ memor Brasavolus, libel-
lum quendam de suo morbo, quem Gallicum vocat, conscripsit ; in
Laurentii Opera omnia, 5e partie, page 64.
quo eiusdem 234. differentias assignavit. Certè si eo loci ineptire non
visus est bonus vir, credo tot eius affines aut vicinas, primo Italici
morbi adventu à militibus Gallis compressas ; Atque ut harum nu-
ptiarum signum aliquod in æternam memoriam relinqueret, eiusmo-
di hieroglyphica posteritati reliquit. Sed hæc obiter dicta sunto, et
citra nationis, quæ viros percelebres alit, iniuriam. Hæc omnia J.
Renodæus Medicus Parisiensis, varijs Antidotarij sui locis. In quo
etiam exstat lepidum quoddam ac elegans ænigmaticum Hexastichon,
à Serrano Medico Lugdunensi propositum, de dubia Luis Venereæ
origine.India me novit ; iucunda Neapolis ornat ;
Bœtica concelebrat ; Gallia ; mundus alit.
Indi, Itali, Hispani, Galli, vósque orbis alumni,
Deprecor ego, mihi dicite quæ patria ?Qui plura voluerit de Luis huius origine, videat Forestum, observat
et curationum medicinal. lib. 32. qui est de Lue Veneræa ; scholis in observat.
i. et Fallopium proprio tractatu, cap. 2.