L. française reçue 18.  >
De Claude II Belin,
le 3 janvier 1657

De Troyes, ce 3e janvier 1657.

Monsieur, [a][1][2]

Je ne saurais bien commencer cette année si ce n’est par le bon jour et souhait de toute prospérité et santé que notre amitié veut que je vous souhaite. Je prie Dieu que les autres années qui suivront me baillent le moyen d’un pareil souhait. Vos dernières de l’an passé, [1] qui voulaient une réponse plus prompte, me permettront bien que je vous dise que le déplaisir que j’ai de n’avoir pas la facilité d’écrire me cause cette disgrâce. [2] Le plaisir et la joie d’avoir pu jusqu’à aujourd’hui conserver un ami m’est si grande que je ne la puis exprimer par ces lignes, le déplaisir me restant de ne le pas mériter. Les nouvelles de la mort de MM. Moreau [3] et Guillemeau [4] me sont si sensibles que l’honneur de leur affection ne m’a pas été plus agréable. Je crois que ce qu’ils auront laissé à la postérité causera que ne tomberont jamais dans l’oubli. Quelques libraires de Paris achetant les livres de feu M. Le Febvre ont dit qu’ils donnaient de grandes sommes de la bibliothèque du dit sieur Moreau. [5] Ils ont acheté quelques livres du dit sieur Le Febvre en chemin faisant, desquels il faisait grand cas pour être une partie d’impression d’Italie, de quoi je me suis oublié de vous donner avis. [3][6] M. Blampignon [7] qui a un sien parent en Hollande vous supplie de lui donner quelque avis des livres de médecine qu’il pourrait désirer de ce lieu pour moi, je me contente et me tiendrai toujours assez heureux de posséder l’honneur de vos bonnes grâces, et de me dire, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur,

Belin

Mes humbles baisemains, s’il vous plaît, à tous ceux de votre maison.


a.

Lettre de Claude ii Belin « À Monsieur/ Monsieur Patin/ docteur en médecine et/ professeur du Roy en la/ place du Chevallier du guet/ À Paris » : ms BIU Santé no 2007, fo 366 ro (signature autographe tremblée, manuscrit d’écriture malhabile et fautive, sous la dictée de Claude ii Belin) ; Finot no i, page 302.

1.

La dernière lettre de Guy Patin aux Belin qui ait été conservée datait du 20 juillet 1656 ; quelques-unes nous manquent certainement.

2.

De son attaque cérébrale survenue en 1649 (v. note [1], lettre 212), Claude ii Belin avait conservé l’incapacité d’écrire, probablement à cause d’une paralysie de la moitié droite du corps (hémiplégie). Les cinq lettres que nous avons de lui ont été dictées, à l’exception de la signature qui est tracée d’une main malhabile. Leur style laborieux et leur syntaxe hésitante font penser à une difficulté de langage, séquelle d’une aphasie.

3.

Denis Febvre ou Le Febvre était libraire-imprimeur à Troyes. Son fils Jacques, né en 1648 devint gendre de Nicolas Pepingué et s’installa à Paris.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Claude II Belin, le 3 janvier 1657

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9006

(Consulté le 20/04/2024)

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