L. française reçue 32.  >
De Charles Spon,
le 20 mars 1657

De Lyon, ce 20e de mars 1657.

Monsieur, [a][1][2]

Je vous suis parfaitement obligé de tant et tant de bontés que vous avez pour moi, entre autres de trois lettres que j’ai reçues de votre part en peu de jours : l’une en date du 1er du courant, que m’a rendue céans M. Le Roy [3] de Poitiers, [1] l’autre du 6e et enfin, la dernière du 13e du dit. Pour auxquelles répondre, je vous dirai que j’ai été ravi de voir ledit sieur Le Roy qui m’assura de votre bonne disposition et partit d’ici par eau pour continuer son voyage du côté de Montpellier, le 13e de ce mois, en fort bonne compagnie. Je lui baillai un mot de lettre de recommandation, pour M. Courtaud, [4] le doyen. Je n’ai point encore pu apprendre de personne ce que vous me mandez de la mort de M. de Belleval, [5] et ne la crois pas véritable ; mais c’est chose assurée que l’Université de Montpellier [6] est fort malade et à la veille de perdre ce reste d’antique splendeur qu’elle avait tâché de conserver jusqu’ici. Nous commençons d’en voir sortir d’aussi chétifs médecins que des autres universités. Hier encore, il s’en présenta un à notre Collège pour s’y faire agréger[7] lequel se trouve si mal ferré qu’il fut renvoyé pour six mois à refaire son premier acte, qui est l’explication d’un aphorisme d’Hippocrate [8] tel qu’il se rencontre à la fortuite ouverture du livre. Cependant, ledit aspirant, plein de bonne opinion de sa suffisance, menace de se pourvoir en justice contre notre Collège. Nous le verrons venir et sommes résolus de ne point souffrir, à quelque prix que ce soit, que de tels ignorants s’introduisent parmi nous. [2][9] J’espérais de voir à notre assemblée M. Sauvageon [10] pour lui présenter vos baisemains, mais il n’y fut pas et l’on m’a dit du depuis qu’il était malade ; et même, l’on vient de m’apporter céans une épreuve du Varandæus [11] pour la lire à son défaut. [3] Je le veux aller voir pour savoir ce qui lui manque et ne faudrai à lui faire rapport de ce dont vous m’avez donné charge. M. Guillemin, [12] auquel j’ai fait vos baisemains, m’a prié de vous faire ses excuses sur ce qu’il ne vous a pas encore fait réponse sur celle que vous lui avez ci-devant adressée sous le pli de M. Rousselet, [13] laquelle il avoue avoir bien reçue, mais la disette de sujet (à ce qu’il m’a dit) l’a retenu de s’acquitter si longtemps de son devoir ; ce qu’il fera pourtant de près, à ce qu’il espère.

Je vous supplie de m’apprendre, si vous le savez (mais que ne sauriez-vous pas ?), qui est un certain Joannes Franciscus Grandis, [14] duquel on m’a fait voir ici depuis peu un livre in‑4o intitulé Dissertationes philosophicæ et criticæ[4] J’en ai lu quelque chose qui me semble d’assez bon goût ; surtout sa dissertation in Epicuream Philosophiam[15] par laquelle il témoigne d’avoir eu des habitudes particulières avec M. Gassendi ; [16] cependant, le sieur de La Poterie [17] m’a assuré qu’il ne le connaissait nullement, de quoi je suis étonné. [5] Serait-ce quelqu’un qui se voulût donner de la vanité par là, pour se relever par l’éclat d’un si excellent homme en se qualifiant de ses intimes amis ? J’écrivis dimanche dernier au sieur Jean Daniel Horstius à Darmstadt par la voie de Francfort et lui donnai avis du décès de M. Riolan. [18][19][20] Si je lui réécris par ci-après, je ne faudrai à lui faire vos baisemains comme vous m’en donnez charge par votre dernière. Je me suis informé des Mémoires de M. de Tavannes [21] et ai su qu’ils étaient imprimés en cette ville in‑fo chez Champion [22] et Fourmy, [23] mais vous ne direz pas, s’il vous plaît, à personne leurs noms parce qu’ils attendent encore l’expédition du privilège pour le susdit livre, dans lequel (à ce que m’a dit M. l’avocat Huguetan) [24] il y a des choses un peu hardies et des vérités que même M. de Thou [25] n’a pas sues, ou n’a pas osé écrire dans son Histoire, principalement sur le fait des massacres. [6][26] À propos de M. de Thou, l’on vient de me dire que le roi a enfin fait donner de l’argent à M. le président de Thou [27] pour son ambassade vers les États de Hollande et qu’il doit partir au premier jour pour ce pays-là, où il est bien nécessaire qu’on envoie quelque habile homme pour les intérêts de cette couronne. Les Suisses protestants [28] sont mal satisfaits de M. de La Barde, [29] notre ambassadeur en leur pays, et ont dépêché en cour pour savoir s’il a eu ordre de leur parler aigrement comme il a fait dans leur dernière assemblée d’Aarau. [7][30] Il est vrai que l’impératrice s’est délivrée d’un fils, comme vous me le mandez. [8][31] .Nous avons < su > d’Allemagne qu’il a été baptisé et nommé Ferdinand-Joseph-Aloysius, [32] ce que vous ne saviez peut-être pas. Dieu lui fasse la grâce (s’il a à vivre) d’être plus humain que ses pères, et moins esclave des passions de la famille ignacienne, [9][33] qui ont failli à perdre de fond en comble la pauvre Allemagne et qui ne cessent encore à présent à la troubler tant qu’ils peuvent.

Il court ici un bruit sourd de la mort de M. le duc de Guise, [34] de deux charbons pestilentiels que l’on dit qu’il a eus ; [35] mais je ne le puis croire si légèrement. [10] Je regrette fort, avec beaucoup d’autres, la perte de M. le premier président de Bellièvre, [36] en ayant ouï dire beaucoup de bien par ci-devant, et surtout iustissimus unus quod fuit in Francis et servantissimus æqui[11] qui est une très rare qualité en ce misérable siècle. L’on m’a assuré que leur race est sortie d’un village de notre voisinage nommé Givors, [37] et que le premier qui fit fortune fut Pomponne de Bellièvre, [38] qui fut fait chancelier de France. [12] Je pense que celui-ci sera le dernier de la race. Voilà comment va le monde, ο βιος τροχος, ασταλος ολβος. [13][39]

Au reste, Monsieur, je ne vous saurais assez remercier du bon accueil que vous avez fait à M. Breton [40] qui vous a présenté ma lettre écrite en faveur de Messre Najat, [41] et des bons offices que vous lui avez rendus, et à ces Messieurs, en ce rencontre. Il en a ici écrit merveilles et j’en ai été remercié comme il faut. Je sais bien que j’abuse de votre bonté en ces sortes de commissions et de corvées, mais je n’ai pas assez d’adresse pour m’en défendre. M. Jugeact [42] le prieur a été cause de cette dernière pratique car ayant hautement vanté à Messre Najat la part que vous me donniez en l’honneur de vos bonnes grâces, ils se sont voulu servir de ma recommandation envers vous, ce que je n’ai pu leur refuser pour l’ancienne affection que j’ai à leur maison, de laquelle je suis le médecin. [14] L’on m’a fait voir ici un factum imprimé pour M. de Chenailles, [43] auquel il tâche de faire paraître son innocence, répondant à tous les chefs d’accusation qu’on lui objecte ; [15] mais je ne vois pas qu’il se justifie bien nettement et crois avec vous que, s’il n’y a pas eu beaucoup de mauvaise intention en son fait, il y a du moins bien eu de cette graine infortunée de Libo Drusus, [44][45] que les Latins nomment vecordiam[16] Il a fait des pas de clerc dans ses réponses, qui sans doute lui seront fort désavantageux. Je suis bien fâché que le fils de M. Moreau [46] ait tenu si peu de compte de conserver les écrits de feu Monsieur son père. [47] J’ai véritablement quelques lettres de lui pleines d’érudition, mais qui ne sont pas propres à être publiées. Il faudrait avoir les additions qu’il avait dessein de faire à ses Commentaires de l’École de Salerne [48] et faire réimprimer ce livre qui est fort demandé. [17]

Je pensais vous avoir donné avis par ci-devant du livre de Gabriel Fontanus, [49] médecin de Marseille, [50] intitulé Antihermetica medicina[18] dans lequel il combat les dogmes de Van Helmont. [51] C’est un livre in‑4o imprimé depuis peu chez MM. Borde [52] et Arnaud, [53] et qui n’est pas mauvais à mon goût. Vous me rendez tout glorieux de vouloir placer mon tableau entre tant d’illustres personnages. [54] Prenez garde que ceux qui le remarqueront n’aient sujet de s’écrier que c’est Saul inter prophetas ou anser inter olores ! [19][55][56] Mais enfin, vous le tenez, vous en êtes le maître, disposez-en comme il vous plaira et tenez pour certain que vous possédez bien mieux l’esprit et le cœur de l’original qu’il représente. Je vous félicite de tout mon cœur de la première administration anatomique que vous célébrez aux Écoles en qualité de successeur de feu M. Riolan, [20][57] priant Dieu que ce soit pour longues années, et pour le bien des auditeurs qui aiment la bonne et pure science de médecine. J’ai porté parole à M. Huguetan [58] le libraire de vous envoyer un Sennertus [59] de la seconde impression, [21] comme vous le désirez ; ce qu’il m’a promis de faire et m’a dit que M. Ravaud [60] ne lui en avait rien écrit, dont il était étonné. Le sieur Cellier [61] qui a imprimé en cette ville les Institutions de Rivière [62] est bien en colère de ce qu’on lui a contrefait [63] à Genève ledit livre et dit qu’il en a vu un dans Avignon où il ne l’a pu saisir. [22] Si l’on a encore imprimé ledit livre à Leipzig, [64] comme vous dites, il en sera bien plus fâché, mais il n’y a remède. Les marchands libraires n’ont plus aujourd’hui de déférence les uns pour les autres, c’est à qui pourra supplanter son compagnon, ut faciam rem[23] Un médecin de Bâle [65] nommé Bernhardus Verzascha [66] m’a mandé qu’il était après à faire un compendium de la Pratique du dit Rivière. [24] Je m’assure que ce sera un plaisant scelet, [25] il le faut laisser faire pour en rire un jour si Dieu nous fait la grâce de le voir. Je ne pense pas que M. Le Gagneur me connaisse plus. [67] S’il vient en ce pays, nous verrons peut-être sa contenance, mais j’ai bien peur, s’il passe les monts avec M. le Prince son patron, [26][68] qu’il n’y laisse les os, n’étant pas des plus robustes à ce que j’ai pu connaître. Je souhaite de voir un jour l’Avicenne de la traduction du sieur Plempius. [69][70] Je pense vous avoir mandé ci-devant comme l’Hippocrate de Foesius [71][72] était achevé d’imprimer à Genève et qu’il y en avait déjà en cette ville à vendre pour le prix de 14 livres, reliés en veau. [27] J’en ai acheté un pour un beau-frère que j’ai à Orange [73] et le lui ai envoyé. Je suis au bout de ma page qui me sert de tâche, [28] et n’ai plus à ajouter autre chose que les assurances de ma dévotion perpétuelle à vous être, comme j’ai toujours été, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Spon, D.M.

De Lyon, ce mardi au soir 20e de mars 1657.


a.

Lettre autographe de Charles Spon à Guy Patin : ms BIU Santé no 2007, fos 276 ro‑277 vo ; Pic no 3 (209‑216).

1.

Étienne Le Roy, originaire de Poitiers (où il mourut en 1686), fut reçu docteur en médecine l’Université de Montpellier le 22 avril 1658. La même année, il fut nommé professeur à la Faculté de médecine de sa ville natale, dont il fut aussi échevin (Dulieu).

2.

Il s’agissait de la grande querelle qui s’engageait entre le Collège des médecins de Lyon et Bonaventure Basset, v. note [27], lettre 477.

3.

V. note [10], lettre 485, pour les Opera omnia [Œuvres complètes] de Jean Varanda, en cours d’impression à Lyon sous la direction de Henri Gras, qui parurent en 1658. Guillaume Sauvageon, agrégé du Collège des médecins de Lyon, participait à la correction des épreuves.

4.

Ioannis Franciscis Grandis Dissertationes Philosophicæ et Criticæ.

[Ioannes Franciscus Grandis, {a} Dissertations philosophiques et critiques]. {b}


  1. Jean-François Le Grand : voir la réponse très circonstanciée que Guy Patin a fournie à Charles Spon, avec une biographie fort critique de cet avocat parisien, dans sa lettre du 27 mars (v. ses note [23], lettre 472[26], lettre 472).

  2. Paris, Pierre Ménard, 1657, in‑4o de 181 pages ; dédié au président François-Théodore de Nesmond (v. note [15], lettre 180), et composé de quatre discours adressés à quatre lampadaires du « libertinage érudit », dont Le Grand critique le scepticisme athée :

    • Pierre Gassendi (v. infra note [5]),

    • Thomas Campanella (v. note [12], lettre 467),

    • Gabriel Naudé (v. note [9], lettre 3),

    • Jean-Louis Guez de Balzac (v. note [7], lettre 25).

5.

La première des quatre dissertations (pages 1‑64) de François Le Grand (v. supra note [4]) est intitulée Dissertatio in Epicuream philosophiam, ad Petrum Gassendum [Dissertation contre la philosophie d’Épicure, adressée à Pierre Gassendi]. Le début en donne le ton général, qui a « étonné » Guy Patin :

Cum Hesterna die, coram Illustrissimis Viris nec-non sibi invicem charissimis Fratribus Errico Memmio et Comite Avauxiano, sermones tecum de germana Epicuri Philosophia conseruissem, Mi Gassende, in solitum Musarum nostrarum Secessum me recepi ; et memoria recolens, has omnes quibus communem Epicuri mentem impugnaveram, Demonstrationes, taleis enim innueras, ut quæ tuum præcipue affecerint animum, mittendas ad te, qui eas privato expendas, paucis hisce Scriptis perstringere duxi necessarium. Non es interim nescius subseciviis istis operibus, incumbere me veritatis dumtaxat studio, exercendique Genii gratia. Quin etiam minime dubius haud diffidis omnis omnino Epicurei Horti ruinæ Vadem me ac sponsorem præstare ; utquum maxime, quod te huiusmodi negotii gnarum non fugit, de trito ac vulgato Lucretii Dogmate προ γυμνασματικως, per modum Tentativæ agetur. Videlicet potis tibi fuit Infinitionis, quam Απειριαν Græci vocant, vacuitatis, et plane Atomorum Scientiam, iuxta Lucretium dico, (Atomos enim Materiei Peripateticæ vicibus functas quis απλως ibit inficias,) præsenti hacce Dissertatione, nedum fractam quadantenus, verum a fundamentis penitus excussam advertere.

[Après m’être trouvé hier à discuter avec vous, mon cher Gassendi, de la véritable philosophie d’Épicure, en compagnie des très illustres MM. Henri de Mesmes et son très affectionné frère le comte d’Avaux, {a} je me suis retiré dans la retraite ordinaire de nos Muses. {b} Me sont alors revenus en mémoire tous ces arguments dont j’avais assailli la pensée qu’on attribue communément à Épicure, selon la manière dont vous l’avez charpentée. Puisqu’ils vous ont incommodé l’esprit, j’ai jugé nésessaire de les résumer dans ce court écrit, et de vous l’envoyer pour les soumettre à votre jugement particulier. Vous n’ignorez pas qu’à mes heures perdues, et surtout pour m’aiguiser l’intelligence, il m’arrive de m’appliquer à l’étude de la vérité. Vous ne suspectez guère, en revanche, ni ne redoutez que j’aille me porter garant de la ruine pleine et entière du Jardin d’Épicure ; {c} étant donné assurément, et cela ne vous a point échappé, qu’il s’agit ici pour moi d’un pur exercice gymnique sur le dogme de Lucrèce {d} qu’on a tant rebattu et divulgué : vous pouvez comprendre que ma réflexion porte sur l’infinité, soit ce que les Grecs appellent l’immensité du vide, qui n’est autre que la science des atomes, ce que je dis suivant Lucrèce {e} (car chacun refusera tout bonnement de croire que les atomes ont pris la place de la matière péripatéticienne) ; {f} bien loin de parvenir à briser cette science, ma présente dissertation cherche à savoir si les fondements n’en sont pas profondément branlants]. {g}


  1. V. notes [12], lettre 49, pour Henti ii de Mesmes, président au Parlement de Paris mort en décembre 1650, et [33], lettre 79, pour son frère puîné, Claude de Mesmes, comte d’Avaux, surintendant des finances mort en novembre de la même année.

  2. Pompeuse manière de dire « dans mon cabinet » (étude ou bureau).

  3. V. seconde notule {a}, note [17] du Naudæana 4, pour le surnom de « philosophe du Jardin » qu’on donnait à Épicure en raison de l’endroit où il dispensait son enseignement à Athènes.

  4. V. note [131], lettre 166 pour Lucrèce qui, dans son poème De Natura rerum [La Nature des choses], a transmis les préceptes d’Épicure, dont les écrits ont été perdus depuis.

  5. Lucrèce n’a pas parlé des atomes (mot grec que n’a pas adopté le latin classique) ; il les a appelés primordia rerum [principes des choses] ou corpuscula materiæ [petits corps de la matière], comme dans les fameux vers du livre ii (522‑531) :

    Quod quoniam docui, pergam conectere rem quæ
    ex hoc apta fidem ducat, primordia rerum,
    inter se simili quæ sunt perfecta figura,
    infinita cluere. Enim distantia cum sit
    formarum finita, necesse est, quæ similes sint,
    esse infinitas aut summam materiai
    finitam constare, id quod non esse probavi.
    Versibus ostendam corpuscula materiai
    ex infinito summam rerum usque tenere
    undique protelo plagarum continuato
    .

    Traduction de Michel de Marolles : {i}

    « Je joindrai encore à ce que je viens d’enseigner une chose qui en sera commodément déduite, pour faire connaître que les principes qui sont figurés entre eux d’une même sorte, {ii} se montrent dans une multitude infinie ; {iii} et de fait, comme la différence des formes est finie, il faut aussi de nécessité que les formes qui sont semblables soient infinies, ou bien la masse de la matière serait finie, ce que j’ai prouvé qui n’est point du tout. {iv} Et puisque je l’ai enseigné de sorte qu’il serait malaisé d’en douter, à cette heure je ferai voir {v} en peu de paroles, qui peut-être ne seront pas dénuées de toutes les douceurs de l’éloquence, que les petits corps de la matière {vi} sont semés par tout l’univers de toute éternité, en continuant de toutes parts les atteintes de leurs impressions. » {vii}

    1. Paris, 1659 (v. note [50], lettre 549), pages 69‑70 : pour être dans l’esprit du temps.

    2. Configurés de même manière.

    3. De formes.

    4. Être entièrement faux.

    5. Je ferai voir maintenant.

    6. Les atomes.

    7. Sans cesser de s’entrechoquer en permanence.
  6. « Les péripatéticiens disent que toutes choses sont composées de matière et de forme, que la forme est tirée de la puissance de la matière » (Furetière).

    Je n’ai pas su traduire cette parenthèse sans y tenir Atomos pour un substantif féminin, qui s’accorde avec functas (functos m’aurait semblé plus correct).

  7. La dissertation de Le Grand se divise en trois parties : De Infinito Epicureo [L’infini épicurien], De Inani Epicureo [Le vide épicurien], De Atomis Epicureis [Les atomes épicuriens].

    La correspondance de Pierre Gassendi (tome vi de ses Opera omnia, Lyon, 1658, v. note [19], lettre 442) ne contient aucune lettre échangée avec Le Grand.


6.

V. note [5], lettre 467, pour les Mémoires du maréchal Gaspard de Tavannes, que Charles Spon comparait ici à l’Histoire de mon temps de Jacques-Auguste i de Thou.

7.

Aarau, en Suisse alémanique, sur la rive droite de l’Aar, est aujourd’hui la capitale du canton d’Argovie (Aargau) ; mais il était alors rattaché à celui de Berne.

Jean de La Barde, baron de Marolles, fut ambassadeur ordinaire (1648-1660) puis extraordinaire (1661-1663) de France en Suisse (résidant à Soleure, v. note [1], lettre 1020). Il assura d’importantes médiations dans les querelles intestines des cantons (Dictionnaire historique de la Suisse). Il devint ensuite conseiller d’État et publia dix livres de Rebus Gallicis historiarum [d’histoires sur les Affaires françaises] (Paris, 1671, v. note [26], lettre 997).

8.

V. note [1], lettre 469.

9.

Les jésuites.

10.

La nouvelle était fausse en effet : Henri ii de Lorraine, duc de Guise, mourut en 1664 ; mais la peste n’était pas constamment létale.

11.

« parce qu’il a été le plus juste de tous les Français et le plus strict observateur de l’équité [entre catholiques et protestants] ».

12.

Givors (Rhône) se situe au confluent du Gier et du Rhône, à 25 kilomètres au sud de Lyon.

V. note [32], lettre 236, pour le Chancelier Pomponne i de Bellièvre, natif de Lyon et mort en 1607, grand-père de Pomponne ii qui venait de décéder.

13.

« la vie est une roue, la félicité est instable » (sentence que le Pseudo-Phocylide, écrivain grec du ier s., a attribuée à Phocylide de Milet, poète grec du vie s. av. J.‑C.).

14.

Tout ce paragraphe, empli de déférence et de gratitude, a trait à la recommandation que Charles Spon avait faite à Guy Patin, dans sa lettre du 20 février précédent, pour un procès que sons ami, dénommé M. Najat, plaidait devant le Parlement de Paris. Patin en avait donné des nouvelles à Spon à la fin de sa lettre du 6 mars 1657.

V. note [5], lettre 454, pour l’énigmatique prieur Jugeact. Je suis tout aussi perplexe devant les « Messieurs » de Lyon et leur « maison ». Le mot « pratique » est ici sans ambiguïté, mais Spon étant un calviniste convaincu, j’imagine mal qu’il ait été choisi pour médecin de la communauté catholique que décrit un petit livre, dont le titre résume les missions :

Instruction familière, en faveur des Confrères de l’un et l’autre sexe, de la Congrégation de la Propagation de la Foi, établie à Lyon. Avec quelques Prières ; l’Extrait de la Bulle des Indulgences, accordées par N.S.P. le Pape Alexandre vii. à ladite Confrérie. Et la forme d’absoudre et recevoir les Hérétiques à l’Église.


  1. Dans sa relation d’avril 1663 sur la mort du P. Théophile Raynaud (octobre 1663), Balthazar de Monconys a mentionné la « Congrégation de Messieurs de Lyon », qui pourrait correspondre : v. l’extrait transcrit dans la note [3], lettre 757 (notule {f}).

  2. Lyon, Ant. Valençol, 1661, in‑4o de 120 pages. Une Approbation signée Deville et datée de Lyon le 1er décembre 1661 désigne « Monsieur Mabire, chanoine de Saint-Just » comme auteur du livre.

La Bulle des Indulgences concédées à la Confrérie de la propagation de la Foi, établie en l’église du royal monastère de Saont-Pierre de Lyon est signée par le pape Alexandre vii et datée de Rome, le 26 novembre 1659. Le chapitre i commence en déclarant que « la Compagnie fut instituée canoniquement au commencement de l’année 1659 ». Il serait donc incongru et anachronique d’affirmer que Spon ait pu, en dépit de sa religion, être médecin ordinaire de la Congrégation en 1657 ; mais il reste concevable qu’elle ait pu précédemment exister de manière officieuse, et même être liée à la très confidentielle Compagnie du Saint-Sacrement (v. note [7], lettre 640), dont elle partageait les desseins.

15.

Pour M. Me Claude Vallée [seigneur de Chenailles, v. note [4], lettre 457], conseiller en la Cour, appelant et demandeur en lettres en forme de requête civile (sans lieu, ni nom, ni date [mars 1657], in‑4o de 12 pages).

16.

« extravagance. »

En l’an 16 de notre ère, Marcus Scribonius Libo Drusus, petit-fils de Pompée, avait insensément comploté contre Tibère et Germanicus. Drusus se suicida après avoir sollicité la clémence de Tibère, qui l’avait déféré devant le Sénat. Un passage des Annales de Tacite (livre ii, chapitre 30) montre en effet certaines analogies entre les procès de Libo et de Chenailles :

« Enfin Vibius, {a} voyant que personne ne voulait céder et que Libo était sans défenseur, déclare qu’il se bornerait à exposer l’un après l’autre les chefs d’accusation. Il produisit des pièces vraiment extravagantes : {b} ainsi Libo s’était enquis des devins “ s’il aurait un jour assez d’argent pour en couvrir la voie Appienne jusqu’à Brindes ”. Les autres griefs étaient aussi absurdes, aussi frivoles et à le bien prendre, aussi dignes de pitié. Cependant une des pièces contenait les noms des Césars et des sénateurs, avec des notes, les unes hostiles, les autres mystérieuses, écrites, selon l’accusateur, de la main de Libo. Celui-ci les désavouant, on proposa d’appliquer à la question {c} ceux de ses esclaves qui connaissaient son écriture ; mais comme un ancien sénatus-consulte défendait qu’un esclave fût interrogé à la charge de son maître, le rusé Tibère, inventeur d’une nouvelle jurisprudence, les fit vendre à un agent du fisc afin qu’on pût, sans enfreindre la loi, les forcer à déposer contre Libo. Alors l’accusé demanda un jour de délai et de retour chez lui, il chargea son parent, P. Quirinus, de porter à l’empereur ses dernières prières. »


  1. Un des accusateurs de Libo.

  2. væcordes.

  3. V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.

17.

V. note [2], lettre 441, pour la réimpression des commentaires de René Moreau sur la Schola Salernitana [L’École de Salerne] qui ne parut qu’en 1672.

18.

V. note [9], lettre 467, pour la Médecine antihermétique de Gabriel Fontaine (Lyon, 1657).

19.

« Saül au nombre des prophètes [ou] l’oie parmi les cygnes » ; réunion de deux sources :

20.

« Administration anatomique » est un curieux terme pour désigner la première dissection de Guy Patin en qualité de professeur royal (v. note [16], lettre 467). Charles Spon semblait ici confondre le Collège de France et les Écoles de médecine.

21.

V. note [33], lettre 285, pour les Opera de Daniel Sennert (édition de Lyon, 1656).

22.

V. note [5], lettre 429, pour les Institutions de Lazare Rivière (Lyon, Antoine Cellier, 1656).

23.

« pourvu [disent-ils] que j’y fasse mes affaires. »

24.

Annonce fort anticipée de la :

Viri summi Lazari Riverii Medici et Consilarii Regii in celeberrima Monspeliensium Academia olim Professoris ac Decanis amplissimi Medicina practica in succinctum Compendium redacta. Studio et sumptibus Bernhardi Verzaschæ.

[Médecine pratique de l’éminent Lazare Rivière, {a} conseiller médecin du roi, jadis professeur et doyen de la très célèbre Université de Montpellier : rédigée sous la forme d’un court abrégé, par les soins et aux frais de Bernhard Verzascha]. {b}


  1. Mort en 1655, v. note [24], lettre 180.

  2. Bâle, Jacob Werenfels, 1663, in‑8o de 582 pages ; réimprimé à Lyon, Laurent Anisson, 1664).

    V. note [4], lettre latine 268, pour un extrait de sa préface où Verzascha (qui a correspondu avec Guy Patin) défendait ardemment la mémoire de Jean ii Riolan dans ses disputes anatomiques avec Thomas Bartholin.


25.

Peut-être un germanisme venu de Skelet (squelette en allemand) pour dire que le Compendium de Bernhard Verzascha ne présenterait que les os assemblés de la Pratique de Lazare Rivière.

26.

Le prince de Conti était le « patron » d’Étienne Le Gagneur, son médecin.

27.

V. notes [39], lettre 469, pour l’Avicenne de Vopiscus Fortunatus Plempius (Louvain, 1658), et [41], lettre 396, pour l’Hippocrate d’Anuce Foës (Genève, 1657-1672).

28.

Tâche est ici à rapprocher de son sens premier, « ce qu’un ouvrier peut faire en un jour en ne chômant point » (Furetière).


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Charles Spon, le 20 mars 1657

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(Consulté le 19/04/2024)

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