À Claude II Belin, le 13 mai 1636

Note [10]

Mineralogia, sive naturalis philosophiæ thesauri, in quibus metallicæ concretionis medicatorumque fossilium miracula, terrarum pretium, colorum et pigmentorum apparatus, concretorum succorum virtus, lapidum atque gemmarum dignitas continentur. Hos publici iuris fecit R.P. Bernadus Cæsius Mutinensis, e Societate Iesu. Proderit hæc pretiosa supellex non Philosophiæ modo, ac Medicinæ, verum etiam sacræ et humanioris literaturæ studiosis.

[Minéralogie ou trésors de l’histoire naturelle, qui embrassent les miracles de la matière métallique et des remèdes qu’on extrait de la terre, la valeur des sols, l’apparat des couleurs et des pigments, la vertu des sucs solidifiés, la majestueuse beauté des pierres précieuses et des gemmes. Le R.P. Bernardus Cæsius, jésuite natif de Modène, {a} les a mis au jour. Ce précieux bagage sera utile à ceux qui étudient non seulement la philosophie et la médecine, mais aussi la littérature sacrée et profane]. {b}


  1. Bernardo Cesi (1581-1630) a enseigné à Modène et à Parme.

  2. Lyon, Jacques et Pierre Prost, 1636, in‑fo.

La section xi du livre ii, chapitre iv (pages 219‑228), est intitulée An, et quos medicos usus præstet stibium ? [L’antimoine a-t-il des emplois médicaus, et lesquels ?]. C’est une analyse fort documenté, méticuleuse et prudente de la question, avec cette conclusion :

Medico, utramque partem probabilem existimanti, stibium scilicet esse medicamentum, et lethale, et salubre, roganti autem quid sibi tuto in conscientiæ foro liceat, quid consilii det peritus Theologus ? Saryus lib. i. Clavis regiæ, cap. 10. generatim disserens de opinione, quam sequi debeant Medici in præscribendis medicamentis, optime ait, si alia adsint remedia et faciliora, et citra opinionem salutifera, esse illa, incertis omissis, præeligenda ; porro Medicum, si secus faciat, et reum homicidii futurum, et charitatis legis satis minus facturum ; si autem omnia sint incerta, cum hoc peccaturum, sequendo opinionem, quam probabiliter duxerit salutarem.

[Que conseillerait un théologien aguerri à un médecin qui, ayant pesé le pour et le contre quant à l’effet à la fois léthal et salutaire de l’antimoine, lui demanderait ce qu’il lui est permis de décider sûrement en toute conscience ? Dissertant de manière générale sur l’opinion que les médecins doivent suivre dans la prescription des médicaments, Sayrus, au livre i, chapitre 10, de sa Clavis regiæ, {a} dit excellemment que s’il existe d’autres remèdes à la fois plus anodins et indiscutablement plus salutaires, ce sont eux qu’il doit choisir en premier, en délaissant ceux dont il doute ; il ajoute qu’en agissant autrement, ils s’exposeront à l’accusation d’homicide, et auront du moins enfreint la loi de bienfaisance ; mais si tous les médicaments sont douteux, à défaut de pouvoir suivre cet avis est en défaut, ils doivent suivre celle qui est probablement salvatrice]. {b}


  1. Gregorius Sayrus (Gregory Sayer, 1560-1602), théologien bénédictin anglais, est auteur d’un épais traité de casuistique intitulé Clavis regia [La Clé royale] (4e édition à Venise, 1615). Cesi citait un chapitre de la première partie de son Compendium (Venise, Io. Baptista Ciottus, 1621, in‑8o), intitulé De Medicis, quam opinionem sequi teneantur in præscribendis medicamentis [Quelle opinion les médecins doivent-ils suivre dans la prescription des médicaments ?] (pages 14‑15).

  2. Cette critique jésuitique de l’antimoine ne dut pas exagérément chauffer la bile de Guy Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 13 mai 1636, note 10.

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(Consulté le 24/04/2024)

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